FW I – Les parents (24/06/2011)
« Celui qui parle une langue inconnue ne parle pas aux hommes mais à Dieu. », Saint Paul, Corinthiens I, 14
« La fiction féminine, plus étrange que les faits… », Joyce, FW, I – 5, p 174
Ecrire en Aleph
Après le premier chapitre, la première partie. Suivra une troisième étude sur l’ensemble des trois parties cet été ou l’année prochaine.
N’ayons pas peur de nous répéter. HCE, c’est Humphrey Chimpden Earwicker, le héros du roman, le tenancier de bar qui, un soir, errant dans un parc, aurait violé sa femme Anna Livia et sa fille Isabel (dit Issy ou Izzy) sous le regard de ses deux fils, Shem et Shaun (qui étaient trois soldats, car, on le sait, chez Joyce, un + un = trois). Mais HCE, c'est aussi le nom dont les initiales forment tous les autres noms de personnages et d’entités qui apparaissent en pléthore à chaque page du roman. C’est le monogramme sur lequel s’inscrit, s’écrit, tout l’univers. Here Comes Everybody. C’est, comme le dit Anthony Burgess dans son essai que nous reprenons, Au sujet de James Joyce, une introduction pour le lecteur ordinaire : « un guide secret pour réinscrire n’importe quel chaos donné dans un cosmos », et qui rappelle immédiatement Humpty Dumpty, « le maître des mots » d’Alice au Pays des Merveilles, « qui fait que les mots signifient ce qu’il veut ». L’obscurité inévitable qui en découlera ne devra pourtant pas être mise au compte du hasard. Rien de hasardeux dans le cycle des vies et des morts, des désirs et des noms, des mots et des choses. Si Earwicker rêve d’insecte, ce n’est pas simplement parce que son nom, Earwicker, ou Earwing, signifie « perce-oreilles », c’est parce qu’il ne veut pas cauchermarder son inceste. On le sait depuis Freud, le cauchemar EST le désir (ou le souvenir) à l’état presque pur, c’est-à-dire effrayant, inacceptable, alors que le rêve est ce désir ou ce souvenir à l’état médiatisé, donc consciemment acceptable. HCE rêve d'insecte pour ne pas rêver d'inceste.
Si le langage est onirique, c’est que chaque mot, le plus compliqué comme le plus courant, renvoie toujours à un autre mot, c’est que chaque mot contient sa scène originelle, cène malsaine en l’occurrence. Scène, Cène, Saine, Seine, Haine, Aine, N, Napoléon. Vous voyez le truc ?
Mais pourquoi Finnegan ? Pourquoi ce maçon alcoolique qui tombe de son échelle, s’évanouit, est cru mort, est veillé toute la nuit par douze notables qui trinquent autour de lui, et se réveille le matin tout pimpant, demandant avec autorité de trinquer avec les autres ? Pourquoi faire ensuite de cet homme humble un géant mythologique dont la chute originelle précipite le monde ? Mais parce que dans Joyce les hommes sont des dieux, les dieux sont des hommes, et que tout fait divers est scène originelle, tout chien écrasé blessure ontologique de l’humanité, toute vie minuscule destin mythique. De Joyce à Michon, la littérature fut toujours ce qui rendit leur dignité aux faible ce qui sauva les humbles, ce qui témoigna pour l’homme devant Dieu. En ce sens, pas de littérature athée. Prière, ivresse, privresse, ivrière. Pourquoi ne pas s'amuser à notre tour ?
Peu importe qu’il faille toute une vie pour comprendre le détail de FW – et d’ailleurs toute une vie n’y suffirait pas ! Non, l’important est de se couler dans la rêverie ou la rivière ou l’erre-vie joycienne et de saisir ce que nous pouvons, et de jouir ce que nous savons, sans couler. Le but est moins de « communiquer » que de communier dans le Logos, chacun à notre niveau. Un Logos qui abolit le temps, dilate l’espace, et rend la plasticité infinie du monde. Informe ? Peut-être à première vue. Mais à la seconde écoute (car FW est un livre qui se lit autant qu’il s’entend - "quand vous ne comprenez plus rien, lisez à haute voix", recommandait Joyce), c’est déjà plus clair. Les métamorphoses se font palpables, les ellipses cernables, les ténèbres moins obscures grâce aux interstices de sens qui accomplissent leur mission : rendre compte de tout, rendre compte surtout des Snarks et des Boujeums, des Snarks qui deviennent des Boujeums, des Boujeums qui reviennent en Snarks, autant de personnages qui se télescopent les uns dans les autres, de situations qui se connectent entre elles, de mots qui se meuvent, de sons qui se signent, de signes qui s’honorent. Borges écrivait l’Aleph, Joyce écrit en Aleph. A la fin, les contraires se concilient. Car tout cela vise à la réconciliation (goethéenne, s’il en est) du tout avec lui-même. La Nuit, peut-être, mais la Grande Harmonie. La Culture Mondiale. Le Jeu des Langues et des Identités. Plus de frontières, plus de distinctions. Que du transversal, du transindividuel, du transsexuel. Finnegans wake, premier roman « queer » ? Absolument !
Résumé
La première partie pourrait s’appeler « les parents ». La seconde sera dite « les enfants ». La troisième, on verra.
Donc, les parents.
I - Le premier chapitre est abordable. Normal, on a tellement entendu que ce livre était impossible à lire qu’on y a mis toute son attention. Et on fier et ébloui de comprendre ce que l’on comprend. La chute du géant, sa veillée. Le mélange des dieux, des géants et des hommes. Les rives et les rêves. Le retour éternel de Vico. La première phrase du roman qui suit en fait la dernière :
« Au large vire et tiens-bon lof pour lof la barque de l’onde de l’ erre-revie, pass’Evant notre Adame, d’erre rive en rêvière, nous recourante via Vico par chaise percée de recirculation vers Howth Castle et Environs. »
Howth Castle Environs, Humphrey Chimpden Earwicker, Here Comes Everybody, HCE, comme on l’a dit, par lequel, en lequel, va arriver tout le monde. HCE, ce « violeur d’amour et de mœurs ». Sa femme rivière. Sa fille qu’il prend pour sa femme. Ses fils, jumeaux rivaux mimétiques (Girard, bienvenue !), et à travers eux toutes les rivalités du monde, dont celle, emblématique de Napoléon et Wellington, tous les combats des Mêmes et des Autres. Enfin, le premier coup de tonnerre qui accompagne la chute du géant – et qui exprime autant le Big Bang originel que le crash de 29 à la bourse de New York :
« bababadalghara-ghtakammina-rronnkonnbronn-tonnerroonntuonnthunn -
trovarrhounawnskawn-toohoohoordene-
nthurnuk ! »
Chute et mixtocide. Argilivre et biblouverte. Et toujours du Cul et du Logos. Du Caca et des Elfes. On a fini le premier chapitre. On est conquis et fier. Car tout de même, Finnegans wake !
II - Le second chapitre est presque facile. Suite de la présentation générale. Entrée véritable de HCE et sa foule de personnages, sa forêt de symboles, son sens surnuméraire. Ses ancêtres légendaires. Son arrivée messianique à Dublin. L’installation de son bar. Avec lui, arrières-mondes et outre-portes s’ouvrent. L’Aleph se fait cabaret ; l’infini, l’anniversaire de chacun ; la métempsychose, l’ ordinaire de tous.
« Tels sont les faits de sa nominigentilisation telle qu’on l’a enregistrée et accolée dans l’un et l’autre des deux récits collatéraux andropeau-morphiques. »
Mais HCE a beau être le dieu de l’endroit, il n’en reste pas moins victime des contingences de sa propre histoire honteuse. Ainsi l’a-t-on surpris à traverser un parc la nuit, on a cru qu’il aimait les garçons, on lui a demandé l’heure, il avait l’air bizarre, une bagarre a failli avoir lieu. Iout porte à croire qu'il aurait commis un forfait mystérieux. Trois soldats auraient été témoins. On l’accuse. D’autant qu’avant d’être un délinquant, il est avant tout un étranger. Un juif symbolique, comme Bloom était un juif réel dans Ulysse. L’affaire du parc serait un prétexte pour le prendre à partie et l’exclure de la cité. Juif, pédé et violeur, ça fait beaucoup pour un seul homme – et un homme qui ne se sent pas « désireux d’être projeté dans l’éternité » comme ça. HCE ou le Roi Pécheur.
Tout cela éclate dans le troisième mot-tonnerre (on a zappé le deuxième, on ne peut tout dire) de cent lettres exprimant la culpabilité et la chute :
« Klikkaklakkaskaklo-patzklatschabatta-creppycrottygra-ddaghsemmih-sammihnouithap-pluddyppladdypkonpkot ! »
III - « Inéluctable modalité du visible : ça, du moins, sinon plus, pensé par mes yeux », lisait-on dans Ulysse, au début de son troisième chapitre, « Protée ». « Mystification du visible dans une lubie de grenouille », lit-on en début de ce troisième chapitre de FW et avant que les medias n’entrent en scène et que le procès ne commence. La société du spectacle, déjà :
« La télévision terrasse la téléphonie, dans une querelle intestine. Nos yeux exigent leur tour. Donnez-leur à voir ! Mais les feux de joie efflacent la mince flamme et ne font que décimuler la forêt dans le corps de Mary Néant ».
Reconnaissons-le, c’est à ce chapitre trois que commence la difficulté. Le procès de HCE a lieu et le langage se fait juridique. Ce ne sont plus que délires administratifs, atermoiements judiciaires (tiens, comme chez Kafka), et aussi témoignages accablants comme celui qui a vu l’accusé « faire des mamours » à ces deux femmes qui passaient et dont l’une tétait sa fille. Racontars, rumeurs, commérages, tout accable HCE, étranger parmi les étrangers, « juif » donc « coupable ». On pense à Joseph K, à Peter Grimmes, et au Christ, évidemment, l’avatar suprême d’HCE.
Entre temps, passe « Vercingistorique, le grand perdant qui alésia les missives pour gergovier les enveloppes ». La question du bordel de la ville et son occurrence, le devenir vénal des femmes, sont évoquées, et HCE (qui dès qu’on le cite fait que le texte devient plus clair) peut s’expliquer. Il finit par l’emporter, d’autant que « les non-faits, tels que nous les possédons, sont trop minces d’imprécisions pour étayer notre incertitude », mais le peuple, que les non-preuves n’ont jamais impressionné, continue de l’insulter. Et ce sera le clou du chapitre – soit la liste de tous les noms injurieux dont la meute l’affuble, entre autres :
« Prince des ténèbres, indic, fruit pourri, foie blanc, ouais on a goûté de sa banane, tata tampon, graisse au beurre, roseau pantojoyce, infirmité de Wilde, son père était con comme la lune et sa mère l’a fait dans un pot de chagrin, hymen avant l’hymne, grouillot qui lâche des perles devant les vamps pour laisser croire qu’il est lunatique, dort-en-chiant, dans le Baba et les quarante erreurs, venu au monde les pieds devant, pire-laine, Phalluscope aiscyathique ». Ah les listes de Joyce ! Depuis Rabelais, on n'avait plus vu ça.
IV – Toute la troupe se rend au cimetière où l’on enterre HCE (vivant ? mort ? exécuté ? C’est ce qu’on ne saura pas) – mais son corps continue d’être une source d’énergie pour la communauté, voire une « prothèse totémique funéraire » - à l’instar de Finnegan sur lequel on veille de l’autre côté de la ville. HCE // Finnegan, deux destins qui semblent parallès. En fait, cet enterrement était un rêve, et nous retrouvons HCE endormi dans son lit (mais Finnegan n’était pas mort non plus) et qui se réveille au son du « Tiptiptip », tandis que Kate, la serveuse, joue en bas à la veuve éplorée. Nous nous retrouvons alors au théâtre où les deux fils de HCE, Shem et Shaun rejouent le procès de leur père.
Nouvelle déflagration :
« Bladyughfoulmoecklen-burgwhurawhorascorta-strumpapornanneykock-
sapastippatappa-tupper-strippuckputtanach ! »
Avec les jumeaux, apparition des conflits, mimes et doubles - encore que l'un plaît aux femmes plus que l'autre, ce qui constitue évidemment la source de toutes les haines :
« C’était le divertissement des dames allié à la fleur du travesti, un peu de Shaun ajouté au brillant de Shem, un peu de Shem versé dans Shaun. Una et Ita cumulent sécheresse et famine de l’Agrippa du Propasteur, raconte les tripulations de son trône. Ah, redoute la crainte, timeo Danaos ! Ena milo melomon, sur la mer qui chante, qu’il est doux, joue à joue, ce thé pour deux, quand deux font trois, ana mal’hélas ! Une paire de sycopantes aux yeux d’amygdaleine, un vieux chef rond comme une citrouille et trois indésirables qui se cachent. Et c’est ainsi cahin-chaos de Fils en Faute, que de la ville s’élève comme une flèche la risée du rire. Allons dis-moi, parle-moi de ce temps-là. »
Dis-moi les femmes, dis-nous les femmes.
D’ailleurs, les femmes. L’Eternel Féminin. Le secret de la littérature comme d’habitude. C’est pourquoi les féministes, les gays, et tout ce que l’on compte de progressistes, ne peuvent être que CONTRE LA LITTERATURE. Il n’y a pas de littérature progressiste, féministe, gay – ou seule la mauvaise, peut-être, celle d’Homais, de monsieur Prudhomme et de Philaminte. Il n'y a qu'une littérature biblique. Pléonasme. Le vrai couple n'a jamais été Adam et Eve, mais Eve et Caïn.
Caïn - l'enfant qui aime sa mère. Qui se rappelle de ce qu’elle lui disait :
« Je me parfume de prairie sauvage, qu’elle disait (en parlant de moi), tout en étreignant la lumière, mais j’aurais meilleur temps de happer à petits coups la rosée pure de la montagne que d’enrichir ma connaissance à la pratique de ce roteur de bière. »
Quelle belle phrase, vous ne trouvez pas ? Et qu’aurait pu énoncer une Emma Bovary.
- Comment ? Mais vous disiez à l'instant qu’il n’y a pas de roman féministe... Et voilà que vous citez une phrase et faites une référence,qui iraient tout à fait dans le sens féministe ?
- Je n’ai pas dit non plus que la littérature était anti-féministe, ou anti-gay, ou même réactionnaire.
- Alors, donc ?
- J’ai dit que la littérature s’intéresse au monde dans sa conception évadamique - nulle idéologie là-dedans.
- Ben si justement ! La Bible, c’est de l’idéologie, et la pire.
- Et vous pensez qu’on peut en sortir ?
- Ben, il faut savoir évoluer, c’est tout.
- L’évolution racialiste, vous voulez dire ?
- Mais non !!!!
- Mais si.
- Arrêtez ! Ce n’est pas parce qu’on est pour l’évolution qu’on est pour Hitler !!!
- Ah non ?
Donc, le secret. De la littérature et de la vie. La Femme. « Etait-elle chaude ? » Pour le savoir, l'avoir. La prendre. La penser. La science, l’autre nom du sexe. La science, synonyme de sexe – le sexe qui meut le soleil et les autres étoiles, cela va de soi.
« Dis-nous tout. Car nous voulons tout entendre. Dis-nous donc tout sur elle, le pourquoi et le si elle nous ressemblait beaucoup et s’il habitait une maison close aux volets muets. Notes et questions, renseignements et réponses l’ouvert et le clos, les hauts et les bas. Entr’écoutons-nous les uns les autres, lisons nos pensées et étalons-les sur un tapis de feuilles de rose. La guerre est finie. Wimwimwimwim ! »
Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui ! Oui !
V – C’est le chapitre des commentaires, celui par lequel Philippe Lavergne disait qu’il fallait commencer la lecture de FW. Le chapitre référentiel qui explique le livre que l’on est en train de lire – l’étude de texte en direct, la mise en abîme « ultimate », et bizarrement le chapitre le plus lisible de cette première partie et qui fait voler en éclats les doutes qui nous restaient. Car il faut bien l’avouer, parfois, on en a marre de FW. Cette narration qui dit tout et ne raconte rien, ces métamorphoses perpétuelles de mots en d’autres mots, ces phrases qui n’en finissent pas, cette infernale complication qui ne laisse pas un instant de répit (mais qu’est-ce qu’il se passe exactement, putain ? pourquoi ces changements de nom ? pourquoi ces deux personnages qui sont soudain trois ? Qu’est-ce que tout ça veut dire, nom de nom ?), tout cela finit par bien faire, et l’on aurait envie de jeter ce livre par la fenêtre. Tant pis pour notre snobisme ! Revenons à l’authentique, au naturel, au lisible, à la tribu !
Non, le cinquième chapitre nous explique un peu, et ce faisant, nous apaise, nous amuse et attise notre curiosité scientifique, sexuelle, comme je le disais. Car l’exégèse va de pair avec la première apparition d’ALP, Anna Livia Plurabelle, la femme d’HCE, et qui va s’imposer comme la grande figure féminine du roman et la femme la plus désirable de la littérature du XX ème siècle. Après quatre chapitres consacrés à l’homme-colline, voici quatre chapitres qui s’occuperont de la femme-rivière. Enfin, le « manifeste », voire le « mamafeste », de FW !
« Au nom d’Annah, miséricordieuse, éternelle, Dispensatrice de Plurabilités, bénie soit son heure, chantée son histoire, coulé son fleuve, sans fin, sans égal. »
ALP est génératrice de vies et de sens, d’hommes et de femmes, tde vous, de moi, tous enfants d’elle-même. On la dira Nouvelle Eve, ou Nouvelle Marie, ou Nouvelle Béatrice, ou Nouvelle Norma (la femme de James), tout ce qu’on voudra. On se coulera en elle comme on se coulera dans le texte. A texte abscons, matrice pas si absconse que ça. Personne ne doute en son cœur que
« les faits du revêtement féminin sont présents tout le temps ou que la fiction féminine, plus étrange que les faits, est présente aussi en même temps, seulement un peu décalée vers l’arrière ? »
L’auteur le sait et se moque de nous.
« Tu te sens un peu perdu dans les buissons mon gars ? Tu te dis : c’est comme de tirer une anguille d’une meule de paille. Tu t’écries presque :’fant de garde, que je sois changé en buisson si j’ai moindre foutue idée de ce qu’il veut dire dans toute cette forêt ! Debout ma petite ! Un quarteron d’évangélistes peut être en possession d’un Targum mais tout chercheur d’oué d’un esprit un peu tzigane peut cependant piquer ça et là avec profit quelque bribes du sac de cette bonne vieille gallinacée gaélique »
Alors « conduis-nous, volaille éclairée ! », éclaire nous ce satané texte. Fais ta Béatrice !
Mais, quand même, dis-moi, pourquoi encore un troisième coup de tonnerre ?
Pourquoi :
« Thingcrooklyexinevery-pasturesixdixlikencehima-rondhersthemaggerby-kinkinkankanwithdown-
mindlookingated » ?
Parce qu’il faut montrer le chaos, les cris, l’informe ? Parce que toute forme vient de l’informe ? Parce que tout sens est un chevalet de torture ? Parce qu’il faut comprendre littéralement et dans tous les sens ? Parce que tout est fumée blanche et épine noire ? Calligraphie d’antéchrist et chute de cheveux flaminaires ? Damier infernal et tissu de femme ? Labyrinthe et vagin ? Déluge de feu et chasse d’eau ?
« Mais en écrivant de bout en bout de bric et de broc, en tournant et tournant sans cesse autour du pot du début à la fin, dans un labyrinthe d’écriture composée de rangées de lettres dont les unes s’élèvent comme des cris et les autres se couchent dans l’effacement du silence, l’ancien Shemiterre et le jeune Japheter renaissent de lettre à l’être, ou ne pas lettre comme un parfum d’Hamlettre exhumé des limbes ? »
Hamlettre, âme-lettre ou âme-l’être - Hamlet, le fils à sa maman, le Fils total, qui remonte des limbes faire l’amour et la mort, ok, ok. C’est de la Création dont on cause, l’ancien monde, la première ovulation :
« pendant un millénium de millénium la genèse mélangée de notre race n’a produit que de le fruit de deux huées et trois petits gaussements d’épaules de notre vigne et notre houblon »
Peut-être faut-il penser autrement le paradigme. Changer de sens et de génération. Rompre avec les turqueries de la distinction. Après tout, ici :
« chaque personne, lieu, et chose appartenant au Tout de ce Chaosmos et relié en quelque façon à cette turquerie picaresque se meut et change à chaque instant du temps ; la plume vagabonde, (peut-être l’encrier aussi), le papier et la plume jouent au lièvre et à la tortue, au coq à l’âne, comme autant d’anticollaborateurs à l’esprit plus ou moins continuellement entremécompris, tandis que la constante de temps sera infléchie de façon variable afin de produire vocables et scryptosignes au sens changeant, prononcés différemment, orthographiés différemment. »
Aller au-delà de l’ordre, du père, de la loi, des mots de la tribu. Difficile, mais pas insurmontable. C’est comme l’apprentissage d’une nouvelle langue, et avec elle, d’une nouvelle terre, d’un nouveau monde, d’un nouvel Adam. Tout change ! Tout s'unit ! Tout Un !
« …c’est à prendre ou à laisser, (et nous en sommes tout remplis de fierté comme le pécheur d’âmes menant boire ses ouailles) qu’après tout ce que nous en avons perdu et pillé même dans les recoins et morts forgés les plus cachés de la terre, et tout ce par où ils sont passés par tous les moyens, après avoir embrasé le sol de Terracussa et pour gagner la chance aux combats rejeté les pôles gauches sur la droite de l’homoplate, nous y cramponnant avec des mains de noyé, espérant contre espoir, que pendant tout ce temps, à la lumière de la philosophie, (puisse-t-elle jamais nous faire défaut !) les choses vont s’éclaircir un peu d’une façon ou d’une autre dans le quart d’heure suivant et cesseront de jouer à dix contre un, faisant la paix comme elles le devraient d’autant plus catégoriquement, soit dit, strictement entre nous, qu’il existe une limite à toutes choses et que celle-ci n’en aura pas. »
C’est moi qui souligne, c’est moi qui répète : il existe une limite à toutes choses et celle-ci, le livre-monde, l’Adame en Eve, n’en aura pas. C’est donc l’Adam qu’il faut chambouler, l’Adam et Eve, le Logos. Lui assigner d’autres infinis, d’autres possibilités, d’autres iambes. Ouvrir toutes les portes et les fenêtres des monades. Risquer l’explosion des substances entre elles pour en construire de nouvelles plus belles et plus puissantes. Aller des Etrusques aux Martiens, des grenouilles aux aigles, des tétramètres aux pyramides. Apprendre à lire autrement, comprendre que
« les mots qui suivent peuvent être pris selon l’ordre désiré, trou d’Aran qui parle par le chapeau de l’homme (c’est par là que Finnagain recommence à prendre sens et perd son sens pour redevenir Finn sans fin) ».
Alors ? Sortir de la langue de la tribu et entrer dans la langue du monde ? Forger la langue du nouveau monde ? FW aurait-il pu devenir la Bible du New Age s’il avait été vraiment lu ? Eh non, trop littéraire quand même. C’est-à-dire trop dévoilant ce qu’il révèle, trop dénonçant ce qu’il révère (ou semble révérer). On est autant dans le queer que dans le rire que suscite le queer. Générique du génétique. Gynécée de l’origine. Mise à bas et à plat de l’occulte. Merci Muray - et comprenne qui pourra.
VI – Quizz.
Le chapitre six pourrait être le pendant de l’avant dernier d’Ulysse, cet « Ithaque » composé comme un catéchisme de questions-réponses, et qui, dans FW, commence par une gigantesque question de treize pages dont l’objet est de découvrir l’identité principal de Finnegan, et à travers elle, des identités de tous les autres personnages, avatars de celui-ci. La totalité de l’humanité à travers un corps, un homme, un nom, une lettre. Et un gougnafier qui décidément ne pense qu’à ça et sur lequel, pour le punir, plusieurs centaines de définitions bien senties vont s’abattre, dont :
- "offrit chaque nuit le choix hideux entre trois hier et deux mains de Marie"
- "est trop drôle pour un poisson et a trop de surface pour un insecte"
- "comme le cristal heptagone contient l’envrai et l’indroit de votre nature"
- "menace de foudre les malfaiteurs et adresse des murmures aux froufrous des dames"
- "commande à dîner et dit que c’est pour plaisanter"
"joue le conseiller privé lorsqu’il est à jeun mais fait l’important lorsqu’il est en Joyce"
- "avec sa toux on tricote des chaussettes pour les garçons et avec son pet des bais de soie pour les filles"
- "fait une entrée délictueuse et finit le plat entre les sucreries et les condiments"
- "flaire le fond des verres en quête d’une plaisanterie"
- "écarta 365 jours pour bâtir un thalassal harem dans l’espoir d’avoir des mâles"
- "souffle puissant, pour celui qui entend, lampe du feu pascal"
- "habité d’un complexe d’épieuvres et d’un goût morbide à boire les dépôts"
- "peut être terre à terre ou mère à mère"
- "Cattermole Hill, ex-montagne de chair, fut érigée par l’effort et coulée dans l’effet"
- "quand son sommet est debout, le reste s’écroule"
- "fut éclos à Cellbridge mais éjoculé à l’étranger"
- "à moitié émilien par le marais mais véritable baron Housman qui aurait bâti sa ville en cul-de-sac par alef"
- "Handy Dandy des légendes et l’endroit le plus alléchant pour y déposer ses ordures"
- "remet son acte de sécession aux nouveaux patriciens mais soude la plèbe des anciens temps"
- "mange la porte ouverte, rote à grille fermée"
- "prend son bain à Szombathely le week-end et dort à Varsovie pour se rafraîchir"
- "croit que chacun est son propre gardien et que l’Afrique est un pays où l’on est tout le temps noir"
- "bien que son cœur, son âme et son esprit soient tournés vers les temps pharaoniques, son amour, sa foi, son espérance sont entachées de futurisme"
- "possède assez de semence pour une sémination mais fait en douce dans son pantalon"
- "aime la cornemuse mais l’idée de tout le souffle qu’il faut pour fumer le bagpipe, l’épuise"
- "est un dieu en haut de l’escalier, une charogne sur le tapis brosse"
- "nous entrons en lui comme des enfants endormis et en ressortons armés pour la lutte de la vie"
- "de chien se fait gibier, de chasseur devient renard"
- "pour les uns, tarte à la crème, pour les autres soupe pleine de fureur"
- "a recours au grand tout quand le Rien l’ignore"
- "étala son linge sale à la poursuite des ancêtres de sa famille puis plaida quitte ou double pour éviter de remuer l’eau trouble en écopant"
- "les rats d’égout bénissent ses tripes mais les oiseaux du parc maudissent ses lumières"
- "a une dispute échevelée avec les trolls puis se fait justice"
- "s’il s’en va nous sommes trompés, s’il revient nous sommes des revenants ibscènes"
- "à jeun, peut à peine se décider, mais, grossi, après un bon repas, pèse tout le poids d’une ville"
- "a l’aspect d’un verrou montagneux mais se prononce comme un mot d’insulte"
- "veut donner un signe aux sons pour les emplir de sens et cependant sa chair met les filles et les mots au plus grand pluriel commun plausible". C’est encore moi qui souligne.
Au tour des autres de suivre. Gens de Dublin. Citoyens. Puis les « maggies », les jeunes filles du parc qui se sont fondues en une seule – suivie de Issy (Yseult), la tentatrice originelle. Tous au « plus grand pluriel commun plausible » ! Pages exaltantes, vous ne pouvez pas savoir. Tout commence à couler de source, en fait. On commence à la parler, cette langue ! Quel plaisir ! Enfin, dans l’avant dernière question (et qui entraîne une réponse de vingt pages), ressurgit Shaun, rebaptisé Jones, et avec lui le thème de la grande antipathie des doubles, et de toutes les guerres que se sont menées les frères et les sœurs (les sexes changent, les relations restent).
Mais qui sont exactement Shem et Shaun ? L’un, poète glandeur, l’autre, gentleman farmer ; l’un, fils prodigue, l’autre, fils prodige ; l’un, fils à maman, comme Caïn, l’autre, fils à papa, comme Abel. Caïn et Abel , donc. Mais aussi Cassius et Brutus. Stephane Dedalus et Buck Mulligan – et même le fromage (cheese) et le beurre (butter), et aussi le raisin et le renard. Ce qui est sûr, c’est que dès qu’ils sont tous les deux, un troisième personnage apparaît, une sorte de tiers que leur conflit aurait créé. Une synthèse de leur thèse et antithèse ? Chez Joyce, un plus un, ou plutôt, un contre un font trois. Je l'ai déjà dit, mais il faut que ça rentre.
Pour autant, comme le dit Lavergne dans une note, « Dieu est chez les deux belligérants ». Le conflit mimétique est aussi « le conflit de dieu avec l’aide de Dieu », chacun devant d’ailleurs rendre à Dieu ce qu’il lui doit. Donc, « soyons tolérants dans nos antipathies », et si « tout est duel », tout est amené à se retrouver, et dans un sens qui n’est pas seulement littéraire. Le New Age veut la réconciliation des contraires, le salut du diable à Dieu, la réception du diable par Dieu. Goethe a dit ce genre de chose. La grande eschatologie amoureuse où tout le monde se retrouvera et fera une longue fête - l'enfer, oui, mais paradisiaque ! Car l’un contre l’autre, c’est toujours l’un dans l’autre, l’un et l’autre, l’un est l’autre. La théorie des conflictuels se résout par la gémellité, comme la distinction sexuelle pourra se résoudre par l’androgynie. Pour l’heure, c’est plutôt la haine qui règne.
VII – Le Chapitre de Shem
Il s’agit de décrire la bassesse de Shem dans les moindres détails, mais à travers elle, sa singularité, celle de l’auteur bien sûr, à la fois maudit et béni des Dieux. Shem, celui qui n’aime pas la nourriture saine, Shem l’impur, Shem le pervers, Shem, le fils préféré de la mère comme l’a été Caïn – au contraire de Shaun. Shaun, le fils préféré du père, Shaun, le représentant du père et de la loi, le « rapporteur » – tel qu’était Abel, Shaun le pur, le saint homme, le juge, et donc le salaud. Shem l’artiste maudit. Shaun, la sainteté répressive, Shem, le pécheur miséricordieux. Shaun, le pharisien sans pitié. Shem, Mercius plein de « remords de l’inextimé » pour « sa faute, sa faute, une royauté des fautes », Shaun, Justius qui ne sait que ricaner et menacer : « je prulerai cet oiseau-là où le trouduc de Brown Bess qui bancale. Je suis celui brusque et roue. » Shem, Joyce himself, évidemment. Shaun, tout ce qui au monde n’est pas Joyce.
L’humilité de Shem : « Shem était un Feint Homme et si humble que son humilité ressortait d’abord en rampant par ses excréments. »
La langue de Shem « expliquant inconsciemment, par exemple, avec une méticulosité frisant la folie, les significations variées de toutes les différentes parties étrangères du langage qu’il mésutilisait et cultivant chaque mensonge impensable sur tous les autres gens de l’histoire, omettant, évidemment, bien en conscience le simple mot poison qu’on lui avait inacculé – et et jusque vers l’heure où il n’y avait plus de sommeil parmi eux mais rien qu’un tout détrompé sur le tas du réel par son récital de galimatias. »
La sexualité (très jésuitique) de Shem : « O perte de fortuné ! Sa gauche prend le pain du chérubin mais sa dextre fourche son pied. Les ténèbres n’ont jamais chié notre raton à la lumière pour qu’il joue à des jeux chair et sang, non-excrétoires, anti-sexueux, misoxénétiques, quasi purs, écrits, composés, chantés et dancés par Ignare de Nomloya… »
L’écriture de Shem. Son apprentissage dans le plagiat et le palimpseste. Son égotisme, son masochisme : « on n’avait jamais oisé sheksprimer d’une telle plume sur un parchemin. (…) il pointillait d’inartistiques portraits sans fin de lui-même (…) il était puancreur à seiche, toute putoison jusque dans son écrichiure.»
Le bazar de Shem. Les crottes de Shem. La tristesse de Shem. Les virées chez les putes de Shem, etc. Ce qu'il est attashem ce chant. Plus que son frère, Shaun.
Le grand discours de Shaun à Shem. Shaun le moralisateur, l’envieux, le désap-
-prouvateur de Shem. Shaun, le sérieux, le normatif, l’antilittéraire :
« …tu as contrarié le pieux vœu de tes parents co-divin, Soph, entre innombrables occasions de chute (car, tu l’as dit, je fais réfuter), ajoutant à la malice de ta transgression, oui, et changeant sa nature, (tu vois, j’ai lu la théologie pour toi) alternant la morosité de mes délectations – amour philtré, Tristan de fureurs, petits morceaux de Marc –avec sensibilité, responsabilité, passivité et prostabilité, ton alterégal balourd en plaisirs d’une vie mercenaire, repoussant même ton apologie strabistique, quand tu esgribouilles lisiblement déprimé, sur le papier sans défense et par ce moyen ajoutant au malheur déjà régnant sur notre ci-présent monde globuleux… »
Shem, coupable de rajouter à la misère du monde sa littérature (ce à quoi on reconnaît un antilittéraire comme Shaun ? A ce qu’il ne comprend jamais pourquoi Cervantès, pourquoi Balzac, pourquoi Céline ont décrit l’horreur du monde au lieu de l’embellir, de le « rendre plus beau et meilleur ». ) Non, Shem est un salaud qui adore la pourriture du monde, pourriture qui rime avec la littérature, la sienne comme toutes les autres :
« Renifleur de carcasse, nécrophage prématuré, chercheur du nid du mal dans le cœur d’un bon mot, toi, qui dors à notre veille et jeûne à notre fête, toi et ta raison disloquée, qui as si malinement prédit, prophète en ta propre absence, observant en aveugle tes nombreuses teignes, brûlures et ampoules, tes maux et pustules enflammés sous les auspices de ce nuage de corbeau, toi ton ombre, sous les augures de ta tour en échec au parlement, toi la mort et son cortège de désastres, la dynamitisation des collègues, le réducteur en cendres des vestiges, le nivellement par le feu de toutes les coutumes, le retour à la po,nussière de canon d’une quantité d’exploits de poudre…. »
Shem accusé. De sa différence. De son écriture. De son génie. De sa saloperie sensible. De sa sensibilité salope. De son ingratitude. De sa cupidité. De son égoïsme. De ses privilèges autoproclamés. Shem, l'artiste maudit ou béni, c'est selon. En tous cas, le plus beau chapitre de cette première partie.
VIII – A moins que ce ne soit celui-là, le huitième, le dernier, celui d’Anna Livia, enfin !
« O
Tellus, dis-moi tout sur
Anna Livia ! Je veux tout savoir d’Anna Livia !
Mais connais-tu Anna Livia ? Oui, bien sûr, nous connaissons tous, Anna Livia. Dis-moi tout. »
Deux lavandières qui parlent de la femme rivière – Anna-Livia Plurabelle. Et de son Perce Oreilles de mari. ALP - la femme fleuve, la femme totale, la femme source, qui aurait eu, symboliquement ou réellement, cent onze enfants ! et qui sont cités dans l’une de ses listes rabelaisiennes dont Joyce raffole, même si seuls Shem et Shaun persistent. Shem et Shaun, désormais « stem » et « stone », arbre et pierre, et qui vont bientôt s'affronter. Pour l'heure, on est avec Anna-Livia. Tut est eaux, ondes, écoulements, vagues, flux de bonté et de bonheur, lumière en attendant « La Nuit ! »
Voilà. La partie des parents est terminée. Place à celle des enfants. Et si nous hésitons à continuer, rappelons-nous que tout cela est plaisir pur.
Comme le dit Burgess :
« Lorsque nous doutons de la valeur de FW – et des doutes nous assaillent parfois face à ses difficultés, au machiavélisme insensé des expérimentations qu’il pratique sur le langage et le temps, à la montagne impossible à gravir du mythe multiple -, nous n’avons qu’à penser à ce splendide chapitre qui clôt le livre I pour dissiper cette impression. Il demeure l’une des plus étourdissantes démonstrations d’audace de toute la littérature mondiale. Le langage est cosmique, pourtant c’est le parler grossier de gens ordinaires. » Et c’est à ce moment que « le cœur s’incline. »
23:32 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : james joyce, finnegans wake, mati klarwein, aleph, william degouve de nunque, anna livia plurabelle, hce, shem et shaun | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer
Commentaires
L'incipit était brillant.
Votre étude, encore inachevée, est excellente - clarté du propos et citations à l'appui.
Pourriez-vous ajouter une légende aux illustrations ? J'ai bien reconnu Winsor McCay, une page de 1908 ? Pour d'autres, je ne suis pas sûr ou bien je ne sais pas du tout. Maintenant, si c'est un choix éditorial (c'est l'image qui compte et non la référence), on le comprend.
Les images pourraient être plus grandes. Il me semble que sur Hautetfort on peut mettre un lien vers une image de plus grande taille.
Merci de la citation du brave (comme Finnegan) alcoolique (comme Finnegan) Archibald - une manière de renvoyer à Libellus.
Courrier suit...
Écrit par : lou | 04/06/2010
Cher Lou,
Pour les images :
Si elles étaient trop grandes, le texte ne pourrait pas passer à côté, il serait soit en haut, soit en bas, et j'aime que texte et images collent l'un à l'autre.
Pour ce qui est des références, effectivement, je préfère que l'on ne voit que l'image seule, même si la référence de celle-ci est retrouvable dans mes tags : ainsi, MATI KLARWEIN qui a fait l'ensemble des peintures post-surréalistes (et que j'ai d'ailleurs trouvé sur google en tapant "aleph" - images), ainsi que Degouve de Nunque, auteur du "parc- nocturne."
D'ailleurs en tapant sur les images, normalement la référence apparaît. C'est donc bien Little Nemo dans la planche la plus célèbre de McCay. Quant à l'ange qui menace de chier, c'est une image tirée du dessin animé de Des idiots et des anges du génial Bill Plympton.
Bien à vous.
Écrit par : montalte | 07/06/2010
Cette littérature est à la fois brillante et divagante. Je ne comprends pas bien cette démarche littéraire, si tant est qu'il faille la comprendre - l'obsession névrotique peut avantageusement remplacer toute explication - qui consiste à tracer dans la modernité un nouveau chemin de gnose, fut-il délicatement ironique. La torah ne suffit-elle pas à soutenir, depuis des millénaires, l'effort ou bien le délire, d'appréhender la langue, le langage, un système etc...
Écrit par : raimbault | 08/06/2010
merci pour ce beau moment de détente que je viens de vivre en lisant cet article
Écrit par : poker gratuit | 20/09/2010