Vidéodrome "La paranoïa", par Raphaël Juldé (08 mars 2013) (16/03/2013)

 

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Il y a des années, un nommé Juldé tenait son Journal en ligne.  Depuis, il tient un blog dans lequel il raconte quelques aventures kafkaïennes survenues dans son Laval natal et mortuaire. A l'occasion de ce vidéodrome consacré à "la paranoïa", il a accepté de nous envoyer son compte-rendu et comme un bonheur ne vient jamais seul de nous narrer l'avant et l'après de celui-ci. Juldé à Paris, ça n'a pas de prix.

 

Vendredi 8 mars 2013.

 

            Ce week-end parisien commence bien… Parce que j’ai un peu trop traîné avant de sortir de chez moi ce matin, je vois mon train partir au moment où j’arrive à la gare. Je dois donc commencer par changer mon billet pour prendre le suivant, qui ne part que deux heures plus tard. Je n’ai aucune raison d’arriver tôt à Paris, si ce n’est de profiter pleinement de mon après-midi, mais le plus pénible, c’est que j’avais choisi le trajet le moins cher, et que ma nouvelle réservation me coûte 26 euros de plus.

            Je rentre chez moi en attendant mon prochain train, et je lis le premier tome de L’Île des Téméraires. Il faudra qu’un jour j’écrive un texte sur le manga. Puis je marche une nouvelle fois jusqu’à la gare, et le trajet jusqu’à Paris se fait sous la pluie. Ce n’est pas ce sale temps qui va m’intimider : il y a si longtemps que je ne suis pas allé à Paris que je compte bien en profiter pleinement. Malheureusement, les Parisiennes, elles, n’ont pas mon courage, et sous les averses, elles ont une fâcheuse tendance à se couvrir. Moi qui espérais quelques coups de foudre, j’en serai pour mes frais.

            Je retrouve l’hôtel Villa du Maine, rue Ledion, mais la chambre que l’on me propose, la 21, me déçoit profondément. Alors que la dernière fois, j’avais été séduit par les prestations de l’hôtel pour un prix raisonnable – 60 euros la nuit pour un deux étoiles à Paris, il n’y a pas de quoi se plaindre – je me retrouve aujourd’hui dans une chambre minuscule à la tapisserie rose, et sans endroit pour écrire confortablement. Il y a bien une tablette maigrelette, mais le minibar, vide, a été placé en dessous, de telle façon que je ne pourrai m’asseoir devant cette tablette pour écrire qu’après une amputation au niveau des genoux. Sachant que je risque d’avoir besoin de l’intégralité de mes jambes ce week-end pour flâner dans la ville, j’hésite.

            Retour à Saint-Michel, où les passants se sont laissés pousser des parapluies au bout des bras. En quittant la station, j’ai tout de même fait un arrêt brusque devant une brune magnifique, aux yeux bleus comme des lacs de montagne, et à la poitrine généreuse, semble-t-il, bien qu’il soit difficile de s’en assurer sous les épaisseurs de vêtements. Elle était en grande conversation avec une amie, et j’aurais pu rester à l’admirer un bon moment si je n’avais craint de passer pour un débile profond… Je retrouve mes librairies habituelles, les Gibert du boulevard Saint-Michel d’abord, puis la FNAC des Halles. J’avais prévu de ne pas dépenser trop d’argent en livres et en DVD, mais bien sûr, c’est raté, et j’achète d’ailleurs surtout des mangas (les deux premiers tomes de la série Say hello to Black Jack du génial Syuho Sato), ainsi que la septième saison de la série Esprits criminels. J’apaise ma conscience en achetant essentiellement des livres d’occasion. En ce qui concerne les vrais livres « sans images », je prends Le Croquant indiscret d’Henri Calet et un petit livre sur la procrastination d’un philosophe américain, John Perry.

           

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           Pour la soirée vidéodrome consacrée à la paranoïa, nous jouons les paranos depuis des semaines, par mails, avec Pierre et tous ses invités : Jean-Rémi, Anne, Élise, Julien et son amie Vanessa. Premier vidéodrome sans Cécile et Jacques-Pierre, en ce qui me concerne (en version parano, ça donnerait : « Cécile n’est pas venue parce qu’elle savait que je serais là ! »). À l’interphone, pour me présenter, je dis : « C’est Rouâne Adzendzio, nouvellement reçu au concours de gardien de musée et nommé ces jours-ci au musée d'Orsay ». Pour Pierre, je pense qu’il n’y a pas plus beau résumé de la paranoïa que cette image… Quand j’entre dans l’appartement de Pierre, Anne et les autres disent des trucs du genre : « Ah mince, il est venu… Pierre, tu ne lui avais pas dit que c’était demain, la soirée ? » Ambiance qui déteste qui, et qui est le plus persuadé que les autres conspirent dans son dos. On joue à se faire peur entre le saucisson sec et les pistaches, en commandant des plats japonais, et enfin, en lançant sur le lecteur DVD les premiers extraits choisis. Là, il s’agit de faire admettre aux autres qu’ils n’ont rien compris au thème de la soirée et qu’ils sont hors sujet.    

               Pierre ouvre le bal avec Le Procès, d’Orson Welles (1962). Après une introduction sur la Loi implacable, Joseph K (Anthony Perkins) se réveille dans sa chambre entouré de policiers. Plafond oppressant, la chambre est une boîte où les personnages occupent toute la place, Joseph K sait qu’il est accusé, il ne lui reste plus qu’à comprendre pourquoi – mais jamais il ne posera les bonnes questions. « Hors sujet ! dit Anne. C’est un vidéodrome sur la paranoïa, pas sur la loi ! »

            J’enchaîne avec Psychose, d’Alfred Hitchcock (1960). Janet Leigh ayant dérobé de l’argent, rongée par la culpabilité, se croit observée et suivie. Quand un policier lui demande ses papiers, elle s’empresse d’agir en dépit du bon sens, comme une coupable. Vivement qu’elle se trouve un motel, qu’elle prenne une bonne douche et qu’elle soit enfin tranquille…

            Hitchcock revient avec Jean-Rémi et Fenêtre sur cour (1954). James Stewart observe ses voisins, et les déplacements de l’un d’entre eux déclenchent dans son esprit un raisonnement qui finit par aboutir à un soupçon tenace : et s’il avait tué sa femme ?

            Les plats japonais arrivent à ce moment-là, et un débat est lancé entre Pierre et Jean-Rémi, le premier considérant qu’il n’y a pas à proprement parler de paranoïa dans Fenêtre sur cour, puisque les soupçons de James Stewart s’avèreront fondés, et surtout qu’on est parano pour soi, pas pour les autres. Croire que votre voisin veut votre mort, c’est peut-être de la paranoïa, mais croire qu’il a tué sa femme, ce n’en est pas.

            Pendant la pause repas, les discussions en viennent à nos propres paranos, Pierre raconte sa rencontre récente avec une nymphomane alcoolique cinglée au Falstaff, Julien nous parle de ses angoisses (il serait du genre à faire des réserves en cas de catastrophe mondiale), et Anne raconte une promenade en amoureux qui a tourné au grotesque à Enghien-les-Bains (hors sujet !).

            Réouverture du conflit avec Anne, qui nous propose A history of violence, de Cronenberg (2005). Course poursuite de Viggo Mortensen pour secourir sa famille qui n’est menacée d’aucun danger… pour l’instant. Et le fils hérite de la paranoïa du père.

            Julien a de quoi être parano, lui : le lecteur DVD refuse les disques gravés qu’il lui propose. Heureusement, Pierre possède son extrait : Les Affranchis, de Martin Scorsese (1990). Jamais on n’a parcouru dix mètres aussi lentement que le fait Lorraine Bracco pour aller chercher des robes volées… Crainte d’on ne sait quoi, qui sait de quoi les gangsters sont capables ? Finalement, mourir pour des fringues, ça ne vaut pas le coup…

            Scorsese revient grâce à Anne et à Shutter Island (2010). Leonardo DiCaprio en U.S. Marshal persuadé d’un complot contre les patients d’un hôpital psychiatrique, qui découvre qu’il y est lui-même interné depuis deux ans pour de graves troubles mentaux et que les médecins ont décidé d’entrer dans son jeu. S’il ne guérit pas, c’est la lobotomie qui l’attend. S’il guérit, c’est une réalité atroce. Que choisir ?

            Élise entre en scène avec Lost Highway, de David Lynch (1997). Générique terrifiant et génial, cette route nocturne aux bandes jaunes qui défile à tombeau ouvert. Bill Pullman fume, interphone angoissant, Dick Laurent is dead, rue vide, maison cossue, murs nus, Patricia Arquette en robe rouge, cassette vidéo. La peur comme à la maison.

            Jean-Rémi enchaîne avec Lynch, de nouveau, et Mulholland Drive (2001). Où comment, autour d’un expresso, un cinéaste apprend que son film ne lui appartient plus. Parano, complot et voyeur paraplégique. This is the girl.

            Vanessa débarque avec Répulsion, de Roman Polanski (1962). Catherine Deneuve en angoissée pathologique : insomnies, souffle court et murs tripoteurs.

            En France, l’insomnie se soigne au Lexomil. Je propose La Moustache, d’Emmanuel Carrère (2005). Vincent Lindon a rasé sa moustache, sa femme Emmanuelle Devos ne s’est aperçue de rien. À la recherche du poil perdu.

           

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Pierre présente l’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, d’Elio Petri (1970), merveilleux film de parano-spaghetti. Le Procès à l’envers : le chef de la brigade criminelle a tué sa femme, il clame sa culpabilité à tout va, fournit les preuves les plus accablantes, mais il n’y a rien à faire : c’est l’innocent idéal.

            Vanessa revient avec Meurtre mystérieux à Manhattan, de Woody Allen (1993). Une femme est morte de façon étrange, et la voilà qui réapparaît de façon tout aussi étrange dans un bus. Sa voisine, en tout cas, est persuadée qu’elle l’a vue. Son mari (Woody Allen), est persuadé qu’elle débloque.

            La théorie du complot refait surface quand j’enchaîne avec Docteur Folamour, de Kubrick (1964), parce qu’il fallait bien un Kubrick ce soir… Sterling Hayden en général de l’armée américaine persuadé que les Rouges en veulent à ses précieux fluides corporels – ou ma vie sexuelle à l’heure de la menace soviétique.

            Après le complot, l’invasion : Julien propose le sketch des Inconnus, Les Envahisseurs. Marcel Vincent les a vus, ces êtres étranges venus d’ailleurs en tajine, au majeur démesurément long. « J’ti jure, on va tous les niquer ! »

            Puisque nous voilà partis dans l’humour, Pierre lance Y a-t-il un pilote dans l’avion ? de Jim Abrahams et des frères Zucker (1980). Parodie des films catastrophe, deux répliques suffisent à rendre le cliché de la paranoïa. "Tout est calme, bien trop calme"… Et "non, c'est justement à quoi ils s'attendent."

            Jean-Rémi réplique avec Battle Royale, de Kinji Fukasaku (2001). Durant un jeu mortel sur une île du Pacifique, un groupe de filles s’entretuent après qu’une de leurs copines a été empoisonnée. Psychose, hémoglobine, mitrailleuses M4 et jupes plissées.

            Je montre un exemple de société paranoïaque avec Brazil, de Terry Gilliam (1985). Ou comment un problème de clim peut faire de vous un ennemi du gouvernement. Clim et châtiment ?

            Je croyais qu’on n’y aurait pas droit cette fois, mais si : Pierre ressort Harry Potter et les Reliques de la Mort, première partie (2010). Ron, aux prises avec l’horcruxe, affronte son pire cauchemar : Hermione dans les bras d’Harry Potter.

            Jean-Rémi revient aux choses sérieuses avec Eve, de Mankiewicz (1950). Une actrice quadragénaire (Bette Davis) est peu à peu détrônée par sa doublure de vingt ans plus jeune (Anne Baxter). Mais c’est la peur, infondée, que cette gamine séduise son mari, plus que celle de se faire voler la vedette, qui empoisonne la star. Quand la paranoïa se trompe de menace.

            Vanessa propose The Game, de David Fincher (1997). Ou comment bien pourrir la vie des gens en leur offrant des jeux incompréhensibles qui transforment leur existence en enfer. C’était ça ou une cravate.

            Anne conclut la soirée avec un joyau du cinéma français : À la folie, pas du tout, de Laëtitia Colombani (2002), avec Samuel Le Bihan, Audrey Tautou et Isabelle Carré. Excusez du peu. Un médecin est harcelé par une érotomane qu’il n’a jamais vue, il soupçonne tout le monde. Jeu d’acteurs lamentable, suspense mou, sentimentalisme à pleurer de rire. Anne nous veut du mal, c’est sûr.

            Il est plus d’une heure quand on met un terme à cette soirée. Difficile d’attraper le dernier métro… Élise et moi prenons le dernier de la ligne 8, les autres devront se débrouiller avec les taxis ou les vélibs. Je descends à Boucicaut et rejoins ensuite la rue Ledion à pieds.

 

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Samedi 9 mars 2013.

 

            Je me lève à neuf heures et descends prendre le petit déjeuner. Je note ensuite quelques lignes sur mon journal, mais la femme de chambre étant déjà venue frapper deux fois à ma porte pour savoir si j’y étais encore ou si elle pouvait la nettoyer, je décide de m’en aller vers onze heures. En rejoignant la station Alésia sous le soleil qui ose enfin se montrer, je constate que la ligne 4 est fermée pour travaux sur sa portion Porte d’Orléans – Montparnasse. Je me dis vaguement qu’il faudra que je m’en souvienne ce soir à l’heure où je devrai partir à la gare, et tandis que je rejoins à pieds le boulevard Saint-Germain, je pense à autre chose. Pierre, avec qui je devais déjeuner, me téléphone pour me dire qu’il n’a pas grand-chose à me proposer et qu’il serait préférable qu’on se voie plus tard. Ça me convient parfaitement : le midi, j’ai l’habitude de manger léger. Un café gourmand au Relais-Odéon me suffira. Et tout en lisant Les Détectives sauvages, je pourrai regarder les filles qui montrent enfin leurs jambes, et dont les cheveux attirent tous les rayons du soleil. Je fais du lèche-vitrine.

            Je suis chez Pierre vers deux heures. Je n’ai pas réfléchi à une manière originale de me présenter à l’interphone, et il refuse de m’ouvrir tant que je n’ai rien trouvé. Alors, bon, je me contente d’un : « C’est Rouâne Adzendzio nouvellement installé dans l'immeuble ». Ça ira pour cette fois. Nous voilà partis dans une de nos grandes discussions sur le cinéma, le dernier Brian de Palma, le dernier Paul Thomas Anderson, le prochain Terrence Malick, le prochain Dumont, sur Facebook dont Pierre fait l’apologie, et je suis bien d’accord avec lui. Ah ! Si nous avions eu Facebook à l’époque du lycée, nos adolescences auraient été complètement différentes ! Nous parlons aussi de (....) qui n'en finit pas de décevoir ainsi que de (....) toujours aussi moche et j’avoue mes difficultés à écrire depuis quelques temps. À propos de mon texte sur l’inondation de Laval, qu’il a beaucoup aimé, Pierre me dit : « Tu devrais être à Laval ce que Bruno Deniel-Laurent est à Angers ! » Il me conseille de reprendre sur mon blog une sorte de journal d’où j’évacuerai l’intime pour ne parler que de mes lectures, mes films, mes promenades, mes disques – ce qui me permettrait de redonner à mes publications sur ce blog une régularité qui lui manque cruellement. Étrange qu’il m’en parle alors que j’y avais moi-même songé dernièrement – pas exactement en ces termes, mais depuis un moment je me dis qu’il me faut donner à mon journal un caractère un peu plus « littéraire », que je m’efforce à tirer de l’écrit de tout ce que je vois, ce que je lis, ce que j’écoute… Il me montre son nouveau PC qui fonctionne sous Windows 8, et me fait part de tous les problèmes auxquels il est confronté avec cette bécane. Je ne peux pas vraiment le conseiller sur ce plan-là, alors je lui raconte des anecdotes : le virus « gendarmerie » qui m’a occupé l’été dernier, où cette histoire que m’avait raconté Guillaume H. : une cliente à qui il avait demandé de faire une « copie disquette » de ses fichiers lui avait tendu une photocopie de sa disquette… Il est toujours rassurant de trouver plus nul que soi.

            J’accompagne Pierre qui doit aller acheter des cigares, puis des gourmandises diverses, et tout en faisant le tour de La Motte-Piquet, nous causons amour et sexualité. Vaste programme pour nous : c’est comme si Bouvard et Pécuchet parlaient de la conquête spatiale… On se quitte devant le magasin Nicolas, et je retourne encore une fois à Saint-Germain, où je compte tuer le temps qui me sépare encore du départ de mon train, à 18 h 38. À L’Écume des Pages, j’achète la revue Schnock et le livre de Milan Dargent, Le Tournant de la rigueur, dont Pierre m’a parlé. Je traîne à la librairie, et m’engouffre à 18 h 00 dans la station Saint-Michel, me trompe de quai et pars dans la direction Porte de Clignancourt, m’aperçois de mon erreur et descends à Cité… où il me faut cinq bonnes minutes pour comprendre qu’il n’y aura pas de métro pour Montparnasse, puisque la ligne 4 est coupée sur cette portion ! Et pourtant, le quai de la rame est plein de monde, à croire que personne n’a compris. Pas le temps de convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé : je remonte en courant, mon sac sur les épaules, sors de la station et commence à chercher un taxi. Quand je dis que je cours, il serait plus honnête de dire que je trottine – c’est à peu près tout ce dont je suis capable. Je trouve un taxi dans la rue Saint-André-des-Arts, il me dépose à la demie devant la gare, à 18 h 36 je suis sur le quai… mais l’embarquement des passagers est terminé. Train loupé à l’aller, train loupé au retour. La voilà, la parano : la SNCF et la RATP se seraient-elles liguées contre moi ? Bon, évidemment, c’est plus simple que ça : si je ne m’étais pas bêtement trompé de direction à Saint-Michel, je l’aurais eu, mon train…

            Je suis évidemment en colère, mais je constate que le mécontentement a sur moi un effet curieux : plus je suis contrarié, plus j’éprouve le besoin de redoubler de courtoisie avec les gens que je croise : le chauffeur de taxi, l’employé de la SNCF auprès de qui je vais échanger mon billet après une bonne demi-heure d’attente dans la queue, la dame-pipi de la gare, le serveur de La Grande Assiette qui pose devant moi une Francfort-frites plus coûteuse que consistante… Alors qu’habituellement, je me contenterais d’un simple « bonjour », « au revoir », je m’efforce d’en rajouter : « Au revoir, monsieur, bonne fin de journée… » Je suis si vigilant à ne pas faire subir ma mauvaise humeur à ces gens qui n’y sont pour rien, que j’en deviens exquis. Et ceci, je le précise, sans affectation, sans fausseté – c’est de la politesse au premier degré ! Finalement, les gens qui m’entourent ont tout à gagner à ce que je sois de mauvais poil…

            Le prochain train pour Laval part à 20 h 08, et j’arrive à destination un peu avant 22 heures. Pas de journal ce soir, rien du tout, laissez-moi tranquille.

Raphaël Juldé


 

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08:52 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : vidéodrome, paranoïa, raphaël juldé, cinéma, pourquoi regardez-vous les tags | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer