PHÉDON – La reprise de Socrate (17/10/2025)

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David, La mort de Socrate

 

 

1  « Car il me semblait heureux (…) Il y allait avec la faveur des dieux » (58d).
 
La mort heureuse, sereine, presque désirable de Socrate  au contraire de celle du Christ. Pourquoi être chrétien après tout puisqu'on peut être grec et mourir « sans fouet ni larmes » ?
 
La mort comme atteinte de la pensée pure. Et aussi comme équilibre dialectique à la vie, va-et-vient adéquat, harmonie cosmique, métempsychose, réminiscence, savoir  feux sacrés, comme dirait Cécile Guilbert.
 
La mort comme ce qui redonne le savoir.
 
Le savoir comme ce qui permet le salut.
 
La mort comme science.
 
La mort comme reprise (coucou Sören).
 
La reprise de Socrate.
 
Le platonisme est une mystique et le Phédon son Evangile.
 
Peu de gens en enfer (et contrairement à la "massa damnata" de saint Augustin, on les connaît : Sisyphe, Ixion, Tantale).
 
Et encore et toujours les prémisses de ma chère apocatastase.
 
« Quelle chose étrange, mes amis, paraît être ce qu'on appelle le plaisir ! Et quel singulier rapport il a naturellement avec ce qui passe pour son contraire, la douleur ! Ils refusent de se rencontrer ensemble chez l'homme ; mais qu'on poursuive l'un et qu'on l'attrape, on est presque toujours contraint d’attraper l'autre aussi, comme si en dépit de leur dualité, il était attaché à une seule tête. Je crois, poursuivit-il, que si Ésope avait remarqué cela, il en aurait composé une fable, où il aurait dit que Dieu, voulant réconcilier ces deux ennemis et n’y pouvant réussir, leur attacha la tête au même point, et que c'est la raison pour laquelle, là où l'un se présente, l'autre y vient à sa suite. » (59e)
 
Prendre l'un et l'autre. Sauver l'un par l'autre. Réconcilier toujours les choses entre elles.
 
La dialectique comme apocatastase.
 
Au diable l'enfer !
 
Au diable la mauvaise liberté du mauvais sujet méritocrate !
 
L'essentiel est, comme dans le Criton, d' « OBEIR AU SONGE » (60d).
 
Attendre que Dieu nous permette la mort.
 
Le suicide peut être permis mais à certaines conditions. « Il ne faut pas se tuer avant que Dieu nous en impose la nécessité » (62b) en voilà une proposition sublime !
 
Comme on respire bien dans le Phédon ! Alors que la Passion est irrespirable !
 
[C'est drôle comme je ne peux m'empêcher de dire à tout bout de champ du mal du christianisme - sans pour autant le renier !].
 

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Le Christ de Grünewald, détail.

 

2  « Quoi donc, Socrate, dit Simnias, as-tu en tête de partir en gardant cette pensée pour toi seul ? Ne veux-tu pas nous en faire part ? Il me semble que c’est un bien commun qui nous est commun à nous » (63a).

On répond d’abord qu’il ne faut pas échauffer le patient avant qu’il ne boive la ciguë, auquel cas il faudrait lui en donner deux ou trois autres portions. Eh bien qu’on me prépare ce qu’il faut, rétorque, imperturbable, Socrate, et avant de reprendre la discussion, car en effet, ce qui va se dire une dernière fois est important. Non pas la question de l'être et du non-être qui parcourt toute l'histoire de la philosophie (et qui en est peut-être l'origine) mais bien celle de la vie et de la mort.
 
Avant la dialectique de l'être et du non-être, la mystique de la vie et de la mort.
 
L’ultime pensée de Socrate, donc, et qui fait bien commun, c’est « la pensée toute seule et toute pure » (65c). La pensée coupée du corps. L'âme enfin libéré du corps. Avant le corps sans organes, l’âme sans organes (coucou Anne Putiphar !)

C'est que seule la mort permet à l’âme d'être totalement. Seule la mort fait accéder à la vérité. La mort, c’est la vérité ; la vérité, c’est la mort. Ce que dira un jour aussi Simone Weil : « la vérité est du côté de la mort » [Mais alors, le mensonge est du côté de la vie ? Le mensonge, ou si l'on préfère, l'illusion, est ce dont nous avons besoin pour vivre ? Ca a l’air tout bête et ado mais l’alternative est vraiment là. La vérité est dans l'illusion vitale.]
 
Évidemment, la plupart d’entre nous tentons de nous arranger avec ça, pratiquant la stratégie de l’incontinence, c'est-à-dire de la passion qui chasse l’autre. Lorsqu’on renonce à un excès, c’est que soit on a commencé à avoir peur de lui, soit un autre excès nous intéresse plus que lui.
 
« C'est parce qu'ils ont peur d'être privés d'autres plaisirs dont ils ont envie qu'ils s'abstiennent de certains plaisirs pour d'autres qui les maîtrisent (….) C'est parce qu'ils sont vaincus par certains plaisirs qu'ils en dominent d'autres » (68d).
 
Surtout, nous avons beaucoup de mal à considérer la mort comme une mystique, c’est-à-dire comme ce qui (re)donne l’unité à la vie totale dont la mort fait partie – tout comme du reste nous avons eu du mal à accepter qu’il y ait du non-être pour percevoir l’être. Mais c’est ainsi : avant (ou après, comme on veut) la dialectique de l’être et du non-être, la mystique de la vie et de la mort. Logique ontologique des contraires. Vie des morts. « Les vivants ne naissent que des morts » (70b). Et à peine plus loin : « Aucune chose ne saurait être naître que de son contraire, quand elle a un contraire, comme par exemple le beau qui a pour contraire le laid, le juste, l’injuste, et ainsi de mille autres choses » (70b). [Mais alors pourquoi punir ce qui sans quoi le beau et le vrai ne seraient pas ? Et quelle injustice que de sanctionner ce qui permet la justice ! Mais quelle serait la justice qui ne sanctionne pas justement l'injustice ? On est là dans une belle aporie morale et dont on ne sort que par le purgatoire et l’apocatastase.]
 
Place à la génération des contraires, donc.
 
« Quelle est cette génération ? – C’est revivre » (71d). Voilà. REVIVRE. REVENIR. Renaître. Reprendre. Recommencer. Tout a toujours été dans le « re ». Dans mon livre sur Aurora Cornu, je parle un moment de mon père et dis qu’il a toujours été l’homme des grands horizons, de la mer, du partir alors que j’ai toujours été celui du feu de cheminée et de l'armagnac, de la terre, du revenir  du rester. À lui, l’océan, à moi la piscine. A lui, Le Voyage de Baudelaire, à moi Heureux qui comme Ulysse de Du Bellay qui comme on sait tient à « vivre entre ses parents le reste de son âge », comme le premier Tanguy venu. Tu m’étonnes qu’on ne se soit jamais entendu, l'amiral et moi.
 
 

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L'homme à la barre, de  Théo Van Rysselberghe

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Claude Monet, Un coin d'appartement

 

3  La mort rend la vie réelle (et intéressante) comme le non-être rend l'être visible  comme le sommeil révèle la veille, etc.
 
« Il n'est pas du tout difficile de comprendre ce que je dis. Si par exemple l’assoupissement existait seul, sans avoir pour lui faire équilibre le réveil né du sommeil, tu te rends compte qu’à la fin Endymion passerait inaperçu dans le monde endormi et ne ferait plus figure nulle part, puisque tout le reste serait dans le même état que lui et dormirait comme lui. » (72b)
 
Et à peine plus loin :
 
« Il est certain qu'il y a un retour à la vie, que les vivants naissent des morts, que les âmes des morts existent » (72b)
 
Vie et renaissance. Savoir et réminiscence. Alternative et succession. Retour et reprise.
 
L’âme existait donc avant notre naissance – en quoi elle est plus immortelle que l’âme chrétienne qui ne préexistait pas avant qu’on arrive. L'âme flirte donc avec l'invisible du même comme le corps baise avec le visible de l'autre.
 
Plus l’âme est visible, plus elle est lourde et n’arrive pas à s’envoler. Ainsi des fantômes, âmes lourdes par excellence. Et de tous ceux qui faute de sagesse aérienne se sont métamorphosés en bêtes – les faibles en ânes, les méchants en loups et en faucons, les justes en abeilles et en fourmis [quelque chose me dit qu'on rêverait tous d'être méchants dans la métempsychose platonicienne.]
 
Mais le plus sage des animaux, c'est le cygne qui connaît plus que quiconque la joie de mourir.
 
« Quand ils sentent approcher l'heure de la mort, les cygnes chantent ce jour-là plus souvent et plus mélodieusement qu'ils ne l'ont jamais fait, parce qu'ils sont joyeux de s'en aller chez le dieu dont ils sont les serviteurs » (84e).
 
Et c'est bien « UNE REVELATION DIVINE » (85d) qui aide l'homme à mourir comme un cygne. Tant pis pour les misologues qui ne comprendront jamais et qui souffriront toujours. Socrate, lui, se tient à ce credo dont il avoue qu'il s'agit pour lui moins d'en convaincre les autres que lui-même :
 
« Me le faire croire autant que possible à moi-même » (91c),
 
aveu bouleversant et qui le rapproche un instant de Jésus à Gethsémani. Il faut bien se persuader que Dieu est avec nous pour supporter la mort.
 

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4 - « Car je n'arrive même pas à reconnaître, quand à un on a ajouté un, si c’est l’un auquel on a ajouté qui est devenu deux, ou si c'est celui qui a été ajouté et celui auquel on l'a ajouté qui sont devenus deux par l'addition de l'un à l'autre. Car c’est pour moi un sujet d’étonnement de voir que, lorsque chacun d’eux était à part de l’autre, chacun était naturellement un et n’était pas deux alors, et que, quand ils se sont rapprochés l’un de l’autre, ils sont devenus deux pour cette raison que la réunion les a mis l’un près de l’autre. Je ne peux pas davantage me persuader que, si l’on coupe l’unité en deux, ce fait de la division ait été aussi la cause qu’elle est devenue deux ; car voilà une cause contraire à celle qui tout à l’heure nous donnait deux ; tout à l’heure, c’est parce qu’ils étaient réunis l’un près de l’autre et ajoutés l’un à l’autre, et maintenant c’est parce que l’un est ôté et séparé de l’autre. » (96 e)
 
Texte qui peut paraître un rien impossible mais qui n'en constitue pas moins un problème platonicien typique : LE « UN + UN = DEUX » EST-IL UNE ADDITION, UNE SOUSTRACTION OU UNE DIVISION ? Sans doute les trois à la fois du point de vue de l'opération de laquelle on procède mais qui dans les trois cas est strictement numérique, calculable, quantitatif, matériel. Equivalence des opérations et des chiffres  mais en est-il de même avec les êtres ? Y a-t-il pour chaque être, voire chaque chose, une meilleure façon d'exister ?
 
Oui, répond sans hésiter Socrate.
 
« Si donc on veut découvrir la cause qui fait que chaque chose naît, périt ou existe, il faut trouver quelle est pour elle LA MEILLEURE MANIERE D'EXISTER ou de supporter ou de faire quoi que ce soit » (97c).
 
Voilà quelque chose qui m'intéresse fort. S'il y a une meilleure façon d'exister en chacun de nous, notre devoir est de chercher laquelle. Et la méthode est plutôt simple : il s'agit de bien se connaître soi-même. Connais-toi toi-même et tu trouveras ce qui te convient le mieux. Connais-toi toi-même et tu comprendras ce qui t'est nécessaire. Connais-toi toi-même et tu sauras quelles sont tes forces, tes faiblesses, tes limites  et par dessus tout de quel bien tu es capable. Et ceci vaut pour toi comme pour la terre, c'est Anaxagore qui l'a dit.
 
« Je pensais qu'il [Anaxagore] me dirait d'abord si la terre est plate où ronde et après cela qu'il m'expliquerait la cause et la nécessité de cette forme, en partant du PRINCIPE DU MIEUX, et en prouvant que le mieux pour elle, c'est d'avoir cette forme (…) En quoi il est meilleur que chacun fasse ce qu'il fait et souffre ce qu'il souffre » (97c).
 
Certes, Anaxagore va plus parler des éléments, air, terre, éther, que de l'âme proprement dite. Il n'empêche que ce qui est vrai pour le matériel est vrai pour le spirituel et qu'à la fin, 
 
« C’EST LE BIEN ET LA NÉCESSITE QUI LIENT ET MAINTIENNENT LES CHOSES » (99d)
 
Tel est le principe du mieux dont relève la cause des êtres.
 
Connaître la nécessité, c'est connaître le bien, et connaître le bien, c'est le faire. La pratique suit la théorie comme la sagesse suit le savoir. Plus on se connaît, plus on est susceptible de tirer de bonnes choses de soi. Plus on se connaît, meilleur on est. La justice est produit de la science. La vertu est contenue dans le fruit. Bien sûr, mille doctrines, la chrétienne en tête, vont se ruer en faux contre cette philosophie scandaleusement « positive »  où le bien vient de la nécessité et la nécessité de la connaissance de soi. Tout cela est trop beau pour être honnête, trop platonicien pour être vrai et l'on trouvera toujours mille et mille objections (le mal, le libre-arbitre, l'inconscient) pour contrer cet idéalisme proprement déterministe. Il n'empêche que... L'idée que chaque être (même le dinosaure de Tree of life) est virtuellement bon est une idée divine. L'idée qu'en nous règne une nécessité du bien (qu'il suffit de trouver) est la plus régénérante qui soit. Idée d'ailleurs reprise dans l'Evangile avec son « royaume des cieux qui est en vous ». Sauf que les cieux, ici, c'est la nécessité et c'est ce que ne peuvent supporter les catholiques pour qui la nécessité est une super grâce, une grâce irréelle et scandaleuse qui tue leur propre notion de grâce et plus que ça leur notion de libre arbitre (je reviens toujours à ça, je sais) alors que les protestants, c'est autre chose. Platon protestant, à creuser.
 
 
 

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Tree of life (Terrence Malick, 2021)

 
5 – « C’est le bien et la nécessité qui lient et maintiennent les choses » (99d) et « c’est par le beau que toutes belles choses deviennent belles » (100c.) Essence et participation, donc. Une chose est belle grâce au beau qui la subsume. Mais comment lier cette proposition « essentialiste » à la proposition précédente, à savoir que chaque chose naît de son contraire ? Quelle est donc cette chose qui naît de son contraire (le beau du laid, par exemple) mais qui, « en même temps », comme dit l’autre, ne fait que développer son essence (la belle chose naît du beau) ? D’un côté, on affirme un devenir contradictoire des formes, de l’autre une irréductibilité formelle. Il y a là une contradiction insoluble.
 
En vérité, cette contradiction apparente provient d’une confusion entre les noms et les choses.
 
Chaque chose naît de son contraire, c’est vrai, sauf les contraires en soi qui ne sont en fait que les noms des choses. Ce sont les choses, et non les noms, qui naissent de leurs contraires et ce sont les noms qui désignent les contraires. Or, la définition (ou la nomination) des contraires, elle, ne change pas. Les choses changent ; les noms, c’est-à-dire les formes, restent les mêmes. Le réel évolue mais l’idéel qui le définit reste stable. Le réel peut être chaotique et hasardeux mais les mots « chaos » et « hasard », eux, ne changent pas de sens. Un chiffre peut être pair ou impair mais la définition du pair ou de l’impair reste la même. « Il faut que l’impair garde toujours ce nom qui sert à le désigner à présent, n’est-ce pas ? » (104a).
 
Là, on touche quelque chose, je crois. Il ne s’agit rien moins que de SAUVER LES DÉFINITIONS. Les choses ont mille sens mais les mots n’en ont qu’un. La mer peut être de mille bleus différents, foncé, clair, gris, vert, malouin, niçois mais à un certain moment, bleu veut dire bleu, vert veut dire vert, et rien d'autre. Un homme peut être dit féminin et une femme masculine mais féminin et masculin renvoient.... aux éternels féminin et masculin.
 
Ainsi, l’on passe de la dialectique à la tautologie. Une chose naît de son contraire mais une chose est ce qu’elle est, par définition, désignation ou nomination. « Trois » est impair mais « trois » et « impair » ne sont pas identiques, car sinon cela voudrait dire que « trois » égale « cinq » qui égale « sept », etc. « Trois » égale « trois », « cinq » égale « cinq », même si « trois » et « cinq » sont dits chiffres impairs. « Trois » et « cinq » sont impairs mais ne se confondront jamais avec l’idée de l’impair en soi ni avec eux-mêmes. De même Pierre et Paul font partie de l’humanité mais ne se confondent pas avec l’idée de l’humanité en soi pas plus qu’ils sont l’un l’autre. Pierre et Paul appartiennent irréductiblement à l’humanité mais sont irréductiblement eux-mêmes. Et c’est bien parce que Pierre n’est pas Paul qu’il ne meurt pas si Paul meurt. La mort de Paul peut affecter Pierre mais n’entraîne pas celui-ci dans celle-là. De même la vie face à la mort. C’est parce que la vie est contraire à la mort qu’elle n’est pas atteinte par celle-ci. Ici, Socrate, comme souvent, force la démonstration ou, plus exactement, la définition. Si l’âme apporte la vie au corps, alors elle ne meurt pas quand la mort surgit dans celui-ci. Le corps meurt mais la forme « corps » qui l’a animé, non – car sinon, ce serait une contradiction logique. L’âme ne mourra jamais, pas plus que l’impair ne sera jamais pair. L’immortalité de l'âme, plus qu’une croyance, est une logique.
 
« Si ce qui est immortel est aussi impérissable, il est impossible que l’âme, quand la mort vient à elle, puisse périr ; car d’après ce que nous avons dit, elle ne recevra pas la mort et ne sera jamais morte, pas plus que le trois ni l’impair ne seront pairs ou que le feu ne sera froid » (106d).
 
Bref, tout va au mieux, et même tout va bien, dans le meilleur des mondes nécessaires.
 
Mais alors, pourquoi un enfer ? Pourquoi un récit de Socrate en enfer – deux mille ans avant celui de Dante, tiens, tiens… ? Par pure nécessité morale, répond-on. Une nécessité qui relève, pour le coup, d’une contradiction logique car, enfin, si tout est dialectique et tautologique, alors pourquoi encore et toujours ce putain d’enfer ? Pour forcer le rééquilibrage des choses et le salut des âmes à la toute fin des fins ? Pour moraliser le citoyen ? Pour faire peur aux enfants ? Peut-être. Une apocatastase pure, sans filtre, immédiate, immanente, ferait sans doute désordre. Donc, va pour l'enfer.
 
Un enfer, reprécisons-le, qui contient fort peu de monde : Sisyphe, Ixion, Tantale, des gens qui ont défié les dieux, ce qui n'est pas donné, bienheureusement, à tout le monde, la plupart des êtres s'en étant remis aux dieux. Il y a même des damnés qui s'en sont sortis comme Prométhée. Comme dans l'orthodoxie, les méchants peuvent espérer qu’un jour les gentils leur pardonnent et que les dieux les écoutent. 
 
« Quand le courant les a portés au bord du marais Achérousiade, ils appellent à grands cris, les uns ceux qu’ils ont tués, les autres ceux qu’ils ont violentés, puis ils les supplient et les conjurent de leur permettre de déboucher dans le marias et de les recevoir. S’ils les fléchissent, ils y entrent et y voient la fin de leurs maux, sinon, ils sont de nouveau emportés dans le Tartare, et de là dans les fleuves, et leur punition continue jusqu’à ce qu'ils aient fléchi ceux qu’ils ont maltraités » (114b).
 
Au bout du compte, l’enfer n’est là que pour susciter la piété, le pardon, le salut.... et le coq.
 
« Nous devons un coq à Asclépios » (118a), dit Socrate. Sa dernière parole. 
 
La sagesse sera sociale ou ne sera pas.
 
 

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09:06 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : platon, phédon, mort de socrate, réminiscence, passion du christ | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer