Ce que nous avons eu de meilleur - sur L'Amateur des parcs, Olivier Maillart (novembre 2025) (03/12/2025)

 

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Parc. Portail. Portique. Paradis. L'amateur des parcs (ou de parcs, ça sonne mieux) est un patient qui se confie, se rappelle – jusqu'à ce que l'on se rende compte qu'il passe aux aveux. « Il a dû y avoir un moment, un événement peut-être, où je me suis rendu compte que les parcs formaient un autre monde, un monde plus beau, plus heureux, plus accompli que celui dans lequel je vivais. » Possibilité d'une île, comme dit l'autre. Stargate. Mais aussi seuil. Grilles. No Trepassing. K. devant la Loi ou devant le château. Sauf que ce qui devrait le frustrer l'égaye. « Le plus beau, comme je vous dis, c'était moins d'y entrer que de s'en approcher ». On pense à la dernière phrase de L'Éducation sentimentale : « c'est là ce que nous avons eu de meilleur », soit, on l’oublie souvent, aller devant le bordel sans y entrer. Pressentir les femmes sans les sentir. Voir le jardin de loin, contempler les feuilles des arbres d’en bas, penser à « tous les oiseaux, les petits insectes qui ont trouvé refuge ici, entre deux brins d'herbe. » Le parc comme thébaïde, refuge, origine du monde mais aussi cimetière (marin ?). Le patient se fait une collection de seuils, de grilles, de murets, d'entrées interdites ou contournées. Le parc est comme une enclave dans la ville et une parenthèse dans la vie. Un peu comme les livres, les films, les tableaux et la musique. À la fin, il y renonce. Car les parcs (comme les livres, les films, les tableaux ou la musique ?) ne tiennent pas leurs promesses. Du temps perdu, fantasmé ou déjà mort – comme dans L'Année dernière à Marienbad. L'amateur se met alors à défoncer les portes. Et finit chez le psy sinon à l'asile. On se demande ce qu'il a fait. On pense à Gogol, Journal d'un fou, à Sollers évidemment (Le Parc), à certaines toiles surréalistes. On est, dans tous les cas, séduit par ce petit livre d' Olivier Maillart, conçu comme une confession théâtrale avec didascalies et qu'illustre à la fin un catalogue de photos plus inquiétantes qu'il n'y paraît.

 
[L’amateur des parcs, une nouvelle d’Olivier Maillart, ouvre la collection intitulée Jardins retrouvés. Celle-ci propose un cheminement en quête du jardin qui n’est jamais tout à fait perdu. Ce nom est inspiré du souvenir d’un parfum de l’enfance et clin d’oeil à l’écrivain Marco Martella, auteur du Jardin perdu (Actes sud, 2011 ) - A DECOUVRIR ICI ]
 

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12:19 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : olivier maillart, tom cruise, i vitelloni, jardins retrouvés, le parc, sollers | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer