Coeur blanc, de Richard Millet : Eloge des femmes mûres. (02/10/2012)

 

Et si toute cette affaire Millet nous avait donner envie de relire ou de découvrir Millet, ce géant ?

 

richard millet,coeur blancHistoires de masturbation et de pureté, de voyeurisme et de mort, d'adolescent et de miroir. Histoires de pisse et d’innocence, d'homme enfant et de mama putana, de descendance et de visitation. Histoires de prof et d'élève, d'ainées que l'on aime et de mamies avec qui l'on couche pour leur faire une dernière fois plaisir. Histoires de sans nom qui meurent. Si l'on voulait découvrir les chemins de Siom, de Villevaleix ou de Helles, c'est par ce recueil que l'on devrait commencer. L'auteur y est tout en fragments impudiques, obscènes, amoureux. Qu'il pleure ou qu'il jouisse, ce sont toujours les femmes qui le font, le défont et le refont. Les femmes dont la force réside dans ce mélange de douceur et de cruauté et dont le salut peut se transformer en abime. Les femmes qui suscitent le désir immense et la crainte éternelle d'être abandonné.

A moins qu'elles ne meurent accidentellement telle l'adolescente de Coeur blanc, la nouvelle qui ouvre le recueil et lui donne son titre, cette Nadine qui, toutes les fins d'après-midi, monte sur un tilleul et vient observer par la fenêtre le narrateur qui se caresse. Mais la femme n'est pas voyeuse, elle est simplement épieuse et veut participer à la délivrance de l'homme. Un jour, en enjambant la croisée pour le rejoindre, elle glissera sur une branche moussue et se tuera.

Au contraire, dans L'offrande méridienne, c'est un soldat allemand qui se soulage dans une grange sous les yeux d'une fillette cachée sous les foins et cela juste avant que ses supérieurs le retrouvent et le fusillent à bout portant devant elle. Comme si la grande mort suivait automatiquement la petite. Et comme si les enfants étaient obligés de regarder le sexe et la mort comme dans un roman de Faulkner.

Dans L'autre miroir, c'est un adolescent qui observe par un jeu de reflets le narrateur tout à ses pollutions nocturnes et à ses prières et qui finira par se suicider pour une raison inconnue. Et pourtant cette confusion des sentiments s’effectuait encore dans l’innocence. Et le sourire du mort était encore pur. Il faut alors pleurer de chagrin après avoir pleuré de joie.

Dans quels livres pleure-t-on plus que dans les livres de Richard Millet ?


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LA SUITE DANS LE SALON LITTERAIRE.



10:48 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : richard millet, coeur blanc, gwyneth jones, le salon littéraire, joseph vebret, loïc di stefano | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer