JEAN II - Les métamorphoses (Cana / marchands du temple). (11/04/2024)

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Gérard David, Les Noces de Cana (1500)

 

Pour la fête / contre le marché.

Pour la réjouissance collective / contre le consumérisme.

Pour l'homme et la femme / contre les idoles.

 

CANA – Premier miracle, dionysiaque, festif, social. Et avec cette recommandation toute œnologique, gustative, esthétique, éthique qu'on doit toujours servir le meilleur vin avant. Sachez-le, amis buveurs, une bonne bouteille se déguste en début de repas – pas à la fin quand tout le monde est bourré.

 

MARCHANDS DU TEMPLE – Dieu n'est ni un commerce, ni un calcul, ni un mérite, ni une récompense ou un châtiment, ni même une paix à bon compte (la colombe ou le pigeon que les marchands vendent.) Dieu n'a rien à voir avec l'échange, la rétribution, les oeuvres et cette idée bassement humaine qu'il faudrait « payer » pour être sauvé. Dieu n'a rien à voir avec le donnant-donnant. Dieu n'est ni indulgent ni juge. Dieu ne se donne qu'à l'amour, comme dira Bernanos un jour. Dieu n'est pas fait pour non plus pour ses « zélés » ou ses « jaloux ». Devant Ieschoua chassant les marchands, ses disciples se rappellent ce mot de l'Écriture : « l'amour jaloux pour ta maison me dévorera » [ou mieux  « le zèle de ta maison me dévorera », traduction Osty et Trinquet] – parole étrange, subversive, qu'il faut à appliquer à soi, à sa maison, son église, son identité. Tout le mal que l'on fera à Dieu en son nom et au nôtre. 

Et difficile de ne pas voir dans ces Marchands du temples – ces rétributeurs – L' Église catholique. Je dis ça, je dis rien. 

Non, ce qui retient l'attention (littéraire et donc théologique) dans ce chapitre II est que dans les deux cas, il y a métamorphose :

– réelle (l'eau en vin),

– et symbolique (le temple en corps).

Dieu change les choses, les substances, les êtres. Dieu exhorte aussi à penser symboliquement, poétiquement, analogiquement. 

Quand lui parle de relever le temple en trois jours, les Juifs sont stupéfaits mais Jean précise : 

 

« Mais lui parlait du temple de son corps. »

 

Ce qui rappelle encore le psaume 62-12 : « Dieu dit une parole, j'en entends deux », parole capitale s'il en est.

Encore une fois, l'Un en Deux, le Deux en dix, le dix en mille, etc.

Dieu, infini des choses.

TOUT EST POSSIBLE CAR TOUT EST PENSABLE, comme disait Stéphane Zagdanski à propos de la pensée juive.

Dieu métamorphose.

Dieu Ovide.

« Duke fleed ».

Protée.

Multivers.

 

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Jacob Joardens, Jésus chassant les marchands du temple (vers 1650)

 

 

À SUIVRE –  JEAN III Nicodème, le nigaud de Dieu (+ le Christ serpent, par Louis Pernot.) 

À REPRENDRE – JEAN I (2)  Nathanaël ou l'effet figuier.

10:27 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : noces de cana, marchands du temple, le zèle de ta maison me dévorera | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer