SOLA GRATIA IV - Car le Snark était un Boujeum (31/12/2024)

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"Il est temps de rallumer les étoiles !", écrivait Guillaume Apollinaire, mon poète préféré.

Et de "déniaiser la foi".

Et de faire passer Dieu chez le barbier. 

Et de rendre le christianisme à son coeur intelligent.

Et de prendre conscience que le salut n'oblige à rien.

Et d'être enfin soi-même. 

Et de ne plus faire de la vérité un jugement.

Et de réconcilier Lumière et Lumières. 

Et d'être confiant dans la foi, insouciant dans l'espérance, chaleureux dans la charité (et non "donnant-donnant" comme chez les cathos.)

Et d'être heureux en Dieu, en soi et avec les autres.

"Le protestantisme libéral, rien de tel pour la santé mentale", disait Agnès Adeline-Schaeffer, de L'Oratoire du Louvre.

Allons-y.

 

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1 - Parler de Dieu, c'est-à-dire de soi.

Tel coeur, tel Dieu, dit Luther quelque part.

Dieu, "conscience de soi". 

Dieu, indice de soi. 

Mais Dieu, aussi, ligne de fuite - qui me fait fuir de moi, me sauve de moi, me libère de moi.

Dieu - qui me propose un manque de lui. 

Dieu, "index d'incomplétude".

Dieu, indice de mon insuffisance.

 

2 - Dieu - Personne en quête d'acteur.  


3 - Dieu - Liberté de ma subjectivité, subjectivité de ma liberté.

"Savoir que notre parole n'est pas la seule possible nous autorise à l'habiter pleinement, à y tenir en toute liberté, à la  dire avec conviction."

 

4 - Le protestantisme comme une foi qui s'autorise

C'est cela, être justifié par la grâce. S'autoriser toutes les audaces, les subversions, les interprétations. Laisser libre cours à sa singularité, son excentricité, son authenticité - "même au risque de l'erreur." 

Personne de plus anticonformiste que le protestant. Pas étonnant qu'un Marc-Édouard Nabe y soit venu.

 

5 - Le droit au blasphème

"Il n'y a que les blasphèmes quoi soient vrais", écrivait Albert Schweitzer à Hélène Bresslau.

L' impénétrable blasphème.

L' irresponsable joie. 

Voltaire, Charlie - et (donc) Jésus lui-même accusé de blasphème par les pharisiens.

Écrasons l'infâme (islamisme, wokisme, cancel culture, puritanisme) et vive les joyeux drilles !

 

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6 - Le danger de Dieu

Attention à ceux qui font de Dieu un non à l'homme.

Dieu est un oui passionné, exalté, érotique à l'homme. 

Dieu est pour les hommes. Pour le monde, même.

Alors, ne fais pas le malin noble misanthrope. "Dans ton combat contre le monde etc." (Kafka)

 

7 - L'inépuisable inachevé

Rien ne s'épuise en Dieu. 

Tout y est infini. 

"Croire en Dieu comme à l'in-fini est une manière de valoriser l'inachevé pour y déceler, ici et maintenant, la trace d'une nouveauté pouvant encore infléchir le cours des choses, enrichir le déjà connu, faire plier nos contingences."

L'inachevé - notre chance.

Simone Weil parlerait de décréation.

 

8 - Pâques ou l'extravagance de Dieu

"Laisse les morts enterrer les morts", le plus terrible commandement.

Vouloir-vivre sanctifié. Schopenhauer sans renoncement. Dionysisme du christianisme authentique. Christ Phoenix - Dumbledore. 

"Dans les évangiles, le surnaturel, la démesure, le merveilleux, tout ce qui bien souvent gêne nos sages sensibilités et nos esprits timorés, sont donc autant de ruses pour dire la vie en excès, la vie malgré tout. Le Dieu du dimanche de Pâques, le Dieu de la pierre roulée du tombeau, n'est pas un Dieu raisonnable, c'est un Dieu extravaguant."

 

9 - Un Dieu sans barbe

Croyons-nous vraiment en Dieu ?

Croyons-nous vraiment en ses dogmes ?

Où en sommes-nous dans notre foi ? 

Quel est exactement notre credo - hors catéchisme ? 

Que pensons-nous vraiment de ça et de ça ? De la virginité mariale et des miracles ? 

Comment comprenons-nous la résurrection ? la transsubstantiation ? la Trinité ?

Sommes-nous si naïfs que nous voulons le paraître à nos propres yeux ? 

Qu'est-ce qu'exactement Dieu pour nous ?

Y croyons-nous vraiment ? 

Mark Rutherford se posait ces questions. 

 

10 - La terre est ronde

Et par conséquent, nous sommes obligés de nous rencontrer, de nous supporter, sinon de nous aimer. Autrement dit, de nous décentrer. Nous sommes contraints à la cohabitation. "Nous sommes prédestinés à faire avec l'autre." Ce n'est pas la chose la plus agréable du monde et cela s'appelle la charité. 

 

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11 - Sens de l'ascension

"L'ascension prêche un Dieu délogé, elle est la grande fête théologique de la liberté et du désir."

L'ascension - preuve de la liberté que Dieu prend par rapport à nous. Dieu qui se révèle puis s'envole, qui va et vient comme ça lui chante. 

Dieu - Mary Poppins.

Dieu libre par rapport à sa propre lettre - ce qui signifie que nous ne pouvons l'enfermer dans aucune. Dès que nous croyons le définir dans tel ou tel dogme, il s'en échappe immédiatement.

DIEU EST UN SNARK QUI ÉTAIT UN BOUJEUM.

Dieu - qui nous rend libres à l'égard de lui-même. On croyait qu'il était là, il ne l'est plus. Dieu est toujours ailleurs - même si jamais loin de nous.

Dès lors, inutile de le fixer comme de nous fixer sur lui.

"Ce qui fonde notre vérité ultime n'est pas ce que nous faisons ou donnons à voir de nous-mêmes, mais ce qui nous saisit, nous traverse et nous précède."

À mettre en parallèle avec cette formule incroyablement scandaleuse du Nuage de l'inconnaissance que j'adore :

"Ce n'est pas celui que tu es que Dieu regarde avec les yeux de sa miséricorde, mais celui que tu as désiré être."

Qu'est-ce que la prédestination sinon qu'une nécessité de nous-mêmes ? 

 

12 - Dieu est un avec.

"Une fois pour toutes, il a été décidé en lui [Jésus-Christ] que Dieu n'existe pas sans l'homme (...) Dans sa liberté, il ne veut pas être sans l'homme mais avec lui, non pas contre lui mais pour lui, sans mérite de sa part."

Karl Barth, L'Humanité de Dieu.

Dieu - réalité relationnelle, non entité abstraite.

Dieu - avec moi, avec toi, avec lui, avec elle. 

 

13 - Dieu enchanteur et réconciliateur

Un Dieu qui déculpabilise, ce n'est pas beau ça ?

Qui dé-punit.

C'est l'abbé Guy Pagès qui va encore gueuler.

 

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14 - Le sublime ordinaire.

Dieu du quotidien, de l'ordinaire, de la bière, de la saucisse rouge.

Dieu du sacré comme du profane. Cantates de Bach. Missa Solemnis de Beethoven. Maîtres-Chanteurs de Nuremberg. Et toute la pop anglo-saxonne (merci James Woody !)

 

15 - Miracle de l'habitude

Que toutes les choses se renouvellent, voilà le miracle de la vie divine. Que le soleil se lève tous les matins, que le coeur continue de battre et que l'eau mouille, c'est cela qui doit nous réjouir. Miracle de la permanence. Permanence du miracle. Propos chestertonien s'il en est.

 

16 - Ruines de la perfection

C'est la foi parfaite qui conduit en enfer, l'espérance plein de certitudes qui conduit aux pire absurdités, le fanatisme au terrorisme. 

La charité extrémiste qui liquide l'humanité au nom d'une meilleure nature humaine. 

C'est Satan, le pieux total, le justicier odieux, le logicien moralisant.

Thanos, bien sûr.

 

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17 - Sola gratia (Dieu interstice)

"Personne ne détient les clefs du bonheur ! Voilà ce que nous ont enseigné les Réformateurs en affirmant : le salut est offert par la seule grâce de Dieu ! Le protestantisme est né de cette conviction. Il nous permet de repenser la relation à Dieu et aux autres, comme tous les éléments de la foi chrétienne, à la lumière de cette vérité : l'amour de Dieu ne récompense aucun mérite, il est donné sans conditions. Affirmer le salut par la grâce seule, c'est redire en termes théologiques cette vérité de sagesse humaine : le bonheur ne nous appartient pas ! Nous pouvons le désirer ardemment, tout faire pour y accéder, défricher ses chemins, il surgira toujours d'ailleurs, à l'improviste, de manière détournée.

Même si toutes les conditions requises étaient réunies pour qu'il soit possible, le bonheur ne serait toujours pas assuré. Il en est de même de l'amour, de la foi ou de la vérité. Nous pouvons tendre vers eux, les définir et y croire ardemment, leur avènement n'est jamais de notre seul ressort. La part de Dieu réside dans cet interstice-là, entre l'attente laborieuse et le don gratuit, le désir et l'assouvissement, le manque et la plénitude."

Dieu rendu au hasard, à l'arbitraire, au tragique. Mais arraché au calcul, à la méritocratie, au jugement.

 

18 - Miettes

Nous devons faire avec la chute - sans nous lamenter.

Au sens propre, le paradis est en miettes. Il faut savoir ramasser ces miettes. Se faire glaneur - glaneuses ! - et rendre grâce. 

 

19 - Pari

Tout est foutu (paradis perdu, chute, péché), mais il y a toujours un "malgré tout" ou un "cependant".

Cependant, Cana.

Cependant, l'eau en vin.

Cependant, le troisième jour.

 

20 - Cependant

Cependant, la rosée.

Cependant, l'amour (même six mois, quinze soirées et trois nuits ! Nadia 2024.)

La rencontre.

Le visage.

La voix.

Janis Joplin (ma découverte 2023).

Amy Winehouse (2024)

Kate Bush (2025 ?) 

 

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21 - La foi contre le non-être.

Voir Paul Tillich. Le Courage d'être.

 

22 - Les deux plus belles des prières.

Celle de Dieu, le septième jour, contemplant sa création : "CELA EST BON" (Genèse 1-4).

La prière comme approbation, remerciement, réjouissance.

L'autre étant : "ME VOICI".

Me voici au monde. Avec vous. Parmi vous.

Élu, d'une certaine façon.

La naissance comme élection.

Et la prière comme anniversaire, bienvenue.

 

 

23 - Cependant... Cache ta prière, c'est le secret de l'âme.

Ou fais-en un livre.

Écris Aurora Cornu (2022).

Écris Trolls (2025)

Écris Mes Aimées (2027).

 

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24 - De grâce, décrochez la croix !

Cette manie si catholique de ne voir en Jésus qu'un crucifié. 

Pire - de voir dans la croix un sacrifice.

"Jésus serait-il mort pour nous ? Mort pour apaiser la colère de Dieu ? Mort sacrificielle ? La voilà, la belle imposture, qui aimerait nous faire croire que le mal est parfois nécessaire pour faire triompher le bien ! Et voilà, aussi, le véritable athéisme : croire que Dieu a besoin de consolation et de réparation. Athéisme, oui, car cette conviction nie le simple fait que Dieu est grâce, qu'il est, en soi, parole et geste de libération qui ne récompensent et ne sanctionnent rien. Tant que Dieu est, la croix ne sera jamais au dernier rendez-vous du monde et de la vie.

Certes, la croix demeure ! Inoubliable, incontournable. Tel un rappel que le Dieu de Jésus-Christ s'incarne dans une histoire faite de chair et de sang. Telle une manière de cheviller la foi au coeur du monde et de nous empêcher de nous voiler la face. Car la croix reste le symbole de nos échecs, de nos compromissions, de nos lâchetés, elle porte aussi en le cauchemar de la mort, de la perte et de la tristesse inconsolable.

Mais Dieu, ce n'est pas cela ! Dieu n'est pas un crucifix ! Dieu est cette force qui, devant la croix, nous conduit ailleurs, vers la pierre roulée du tombeau (...) Dieu est un appel vibrant à décrocher la croix. C'est une lutte héroïque contre la fascination du morbide, contre l'idée selon laquelle nous serions voués à la perte, à la mort, à la désolation. Dieu est un combat contre la croix."

(Exactement ce que disait le père Brune, prêtre catholique converti à l'orthodoxie, dans La Fracture théologique.) 

DIEU EST LÀ POUR NOUS DÉCLOUER. 

DIEU EST LÀ POUR FAIRE ROULER LA PIERRE.

"Roule la pierre", répétait Béatrice Cléro-Mazire dans une prédication mémorable.

 

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25 - "Toute théologie chrétienne est une théologie de la libération".

Sur un plan existentiel, certainement. 

 

26 - La Bible : une affaire d'étrangers

Mais aussi d'exode, de remigration, de patrie retrouvée, de retour à Ithaque, de frontières salvatrices, d'identité à sauver coûte que coûte (Israël).

La Bible n'est pas mondialiste mais universaliste, ce qui n'a rien à voir. 

La Bible est contre Babel et pour les races et les nations. 

Dieu n'est pas de gauche.

Dieu est de droite et nous demande d'être de gauche (formule parfaite de Pierre Boyer que je reprends.)

 

27 - Dieu n'est pas social.

Et le social, c'est la première tentation du diable dans le désert, ne l'oublions jamais. "Transforme les pierres en pains."

 

28 - Dieu, poète du monde, plus qu'architecte. 

Dieu est moins "solution" qu'inspiration ou respiration.

Dieu Hölderlin.

 

29 - Dieu est d'aujourd'hui.

Ou plus exactement, Jésus est notre contemporain.

La contemporanéité est la condition de la foi, écrit Kierkegaard, au début de L'École du christianisme.

"Seigneur Jésus-Christ, puissions-nous ainsi devenir Tes contemporains."

D'où le peu d'importance accordée aux "origines". Les origines du christianisme (et de tas d'autres choses) ne font pas loi pour un protestant. Non pas qu'il s'agisse de nier l'historicité de Jésus mais il ne s'agit pas de la valoriser par rapport à sa foi. On croit au présent, à un Dieu présent - non à une vieille idole bimillénaire. 

 

30 - Dieu nous rend poètes

La foi, ce n'est pas croire en Dieu, c'est croire que Dieu croit en nous.

C'est croire que nous existons pour Dieu. 

La prière, ce n'est pas "Mon Dieu, je crois en toi" mais "Mon Dieu, crois en moi."

 

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31 - Une création en marche

La création est toujours en cours - et même en progrès. Nous y participons à chaque instant. Tout dépend de notre manière de vivre ou d'être. De considérer la nature et les hommes. De donner du sens, ou non, au réel.

Croire au réel, donc. Le désirer. L'accomplir. Le savourer comme Dieu nous savoure. Car oui, Dieu nous distingue, nous identifie, nous privilégie mais surtout nous savoure.

Et ce faisant, nous désabsurdise. 

 

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32 - Une création désacralisée

Dieu nous sanctifie plus qu'il ne nous sacralise. 

N'en déplaise aux catholiques, la sacralité, c'est du folklore.

Le protestantisme - religion de la désacralisation s'il en est. 

Guerre aux idoles, aux origines et aux sacralisations qui sentent toujours le sacrifice.

Guerre au sang. 

À la consanguinité.

À la filiation exclusivement génétique.

Le Christ est un bâtard (comme disait Marion Muller-Colard dans Je me demande pourquoi, son article sur Emmanuel Carrère dans Faire effraction dans le réel, P.O.L, 2018 - et mon premier contact avec le protestantisme.)

Et la véritable création de Dieu n'est pas tant la création en tant que telle que l'habitation. Dieu rend habitable. Dieu nous rend habitables. 

Dieu est condition de possibilité. 

Dieu est kantien. 

 

33 - Les anges de Dieu

Oui, le protestantisme admet les anges. Cela vous la coupe, non ? 

(Comme d'ailleurs, il admet les processions, les cierges et a sa propre vénération mariale, eh oui !)

Alors précisons. Ces anges sont moins des créatures invisibles et ailées que des inconnus, visibles ou invisibles, que nous rencontrons par hasard, et qui nous font du bien sans même le savoir. Le type qui nous rend service sans que nous nous en rendions compte. Et tout comme nous- mêmes pouvons le faire à d'autres sans en être conscients.

Cette anecdote du 02 novembre 2022 que je notais dans mon Journal :

En attendant de retrouver ma soeur dans sa chambre de l'Hôpital des Peupliers, je vais me promener du côté de l'église Sainte-Anne de la Butte aux Cailles. J'y entre, ayant l'envie d' y aller brûler un cierge - incorrigible catho que je suis encore et serai toujours. Un type, au milieu de la nef, est en train de prier un peu fort. Il est visiblement déficient mais en osmose avec le "bon dieu". Je brûle mon cierge, fais mes demandes moi aussi (comme on est, punaise !) tout en ne pouvant m'empêcher d'écouter celle de mon voisin bruyant. Je crois comprendre qu'il vient de trouver un boulot mais craint que ça ne rate. Il finit par se signer et quitte l'église. Soit par coïncidence ou curiosité, je le suis et le retrouve immobile dans la rue. Je l'aborde gentiment comme un "frère d'église". Il s'appelle Pascal, est en effet cotorep, sort d'une longue période de chômage mais vient de se trouver une place de cuistot. Son problème est qu'il n'a pas de quoi s'acheter le pantalon et la paire de baskets qui lui permettraient de se présenter comme il faut à son patron ce soir. C'est pour ça qu'il est venu prier le Père. Je l'écoute, le "réconforte" comme je peux et lui donne un billet de vingt euros. Il me dit que c'est exactement la somme dont il a besoin et que je suis un envoyé du ciel. Il me donne l'adresse de son bistro et jure de m'accueillir comme son sauveur. Bien sûr, j'oublie tout de suite l'adresse. Mais voilà, j'ai été l'ange de Pascal, ce 02 novembre 2022 et parce que j'allais catholiquement brûler un cierge pour ma soeur.

 

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34 - Jésus, c'est le rêve de Dieu

Et l'homme le plus libre du monde. Et que nous sommes appelés à imiter.

Jésus = Je suis. 

"Je suis" plus que "je sais." C'est que Jésus ne sait pas tout. Notamment quand se passera le Jugement Dernier et comment celui-ci se passera. "Nul ne le sait sauf le Père", dit-il - donc, même pas lui, le Fils ! Ignorance qui signifie que Dieu n'est la propriété de personne, pas même de son Fils. Alors, de nous, pensez !

Benoît XVI disait aussi ça quelque part : "je ne peux pas faire du Christ une propriété privée et l'avoir pour moi tout seul". CQFD. 

De toute façon, comme dit l'adage, quiconque revendique la vérité, la vérité l'abandonne.

Le Christ, qu'il soit né de manière miraculeuse ou non, semence divine ou bâtarde, est celui qui annonce Dieu dans et par sa chair.  Et c'est pourquoi, "l'inconfort de sa famille fait partie du Christ" (Benoît XVI, encore ! Voici quel est notre Dieu, page 46).

Sans oublier le magnifique "chaque homme est une pensée de Dieu" (page 53) qui rejoint ce chapitre.

 

35 - Jésus, prophète oublié

Donc à retrouver.

Et en nous, car Jésus est souterrain, clandestin et il arrive comme un voleur - j'allais dire, comme un Alien. 

 

36 - Au début : une absence. 

"Ce non-accès à l'origine libère l'interprétation et aiguise l'imagination."

 

37 - Evangile et liberté.

Être chrétien, c'est être libre.

Et être libre, c'est "se savoir reconnu et autorisé dans l'existence. Tel que je suis, et tel que je suis avec Dieu."

C'est aussi associer l'Évangile à la liberté. C'est libérer l'Évangile de toute orthodoxie pesante. C'est lire librement (pléonasme) l'Évangile. C'est même se donner le droit de le critiquer. Elle m'avait dit ça dès notre première rencontre, Béatrice.

Lire libère.

 

38 - Dieu au-dessus de Dieu

"Il faut croire profondément en la souveraineté de Dieu, croire que Dieu est toujours au-delà de Dieu, pour démasquer les idoles théologiques (l'omnipotence divine, la trinité, le Dieu-Jésus, etc.) et assumer alors la relativité de nos confessions de foi pour en inventer de nouvelles, de plus justes, de plus vraies. Il faut prier Dieu patiemment, pour se laisser saisir par sa présence mobilisatrice, celle qui fait de la foi une aventure humaine où s'invitent la recherche, le doute, et le questionnement."

Il faut réinventer Dieu comme l'autre disait qu'il fallait réinventer l'amour.



39 - Croire, c'est comprendre.

"Et comprendre, c'est jouir" (Claudel)

 

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40 - Évangéliser.

Ce que l'on fait dès que l'on parle de Dieu.

Ce que je fais ici, à ma manière, depuis le premier jour de ce blog, le 05 mai 2005

 

41 - Transmettre pour être libre

Si le geste religieux est naturellement conservateur, c'est qu'il lutte contre l'oubli, l'indifférence, la mort. N'en déplaisent à nos post-modernes, la vie est autant créatrice que conservatrice. Elle se recrée pour se conserver. Elle se veut. Se reprend. La vie est reprise. Se reprendre sans cesse pour être libre. 

 

42 -  Consentement 

Il faut l'admettre : on ne peut consentir à tout - y compris dans l'Evangile. Trop de choses dures (le glaive, la haine père/fils, les morts qui enterrent les morts). Mais ce n'est pas si grave. Personne ne peut être totalement chrétien. Non, il faut reconnaître que "le Christ est d'abord le grand troubleur" (Henri de Lubac) et se détendre dans ce trouble. C'est vrai, Dieu nous fait chier. Mais c'est une bonne chierie. 


43 - Une heure de grâce

Le pasteur japonais qui rendait visite régulièrement à une vieille dame atteinte d'alzheimer qui avait tout oublié. Mais lui ne l'oubliait pas et surtout ne voulait pas oublier son oubli. 

 

44 - L'église, c'est bien mais toi, c'est mieux. 

 

45 - Dieu compatissant, miséricordieux, salvateur mais aussi jovial.

"Être jovial, c'est faire comme si de rien n'était. Car rien en effet, ni le mal ni l'échec, ni la souffrance ni la désolation, ni la laideur ni le médiocre, ne sauraient entamer la valeur que Dieu nous accorde."


46 - Pentecôte

La pentecôte, "enjoiement du monde" (Whitehead)

La fête la plus divinisante de l'année - où Dieu nous respire. 

 

 

47 - Le monde est petit, soit lié.

Dans les années 20, on estimait que chaque personne pouvait être relié à n'importe quelle autre par une chaîne de six personnes. Aujourd'hui, avec les RS, on en est à 4,74. Il n'empêche qu'il y a des contacts fascinants. Que je sois relié en même temps à Guinever Turner (la domina du Preaching to the perverted, 1997) ou à Rupster Webster (le Bobby Philipps de If..., 1968) ne cesse de me ravir. 

Et c'est grâce à Internet que j'ai rencontré Aurora Cornu. 

 

48 - La beauté sauvera le monde

On n'insiste pas assez sur la beauté de Dieu.

Dieu n'est pas simplement vérité et bonté mais aussi beauté. 

 

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49 - Le chrétien ou l'obligé de la bénédiction

"Être chrétien, ce n'est rien d'autre que bénir."

Bénissons-nous les uns les autres. 

 

50 - Protestantisme, christianisme des Lumières

Vin nouveau.

Présent aussi sacré que le passé.

Être résolument moderne. 

Ne pas avoir peur de questionner, de savoir, de donner son sens.

"Sapere aude ! [Ose savoir !] Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières", commande Kant dans Qu'est-ce que les Lumières ?

Prends en compte le présent comme tu prends en compte le passé.

Rappelle-toi cette formule de Béatrice Cléro-Mazire dans sa prédication « une pensée neuve pour un monde nouveau » du 31 janvier 2021 (la deuxième que j'écoutais d'elle et qui me transportait) :

« LA RÉALITÉ EST LÀ ET ELLE N’EST PAS PLUS OU PAS MOINS INTÉRESSANTE QUE NE L’ÉTAIT LA RÉALITÉ DES ÉPOQUES PASSÉES. »

Michel Houellebecq et Arthur Schopenhauer le savaient bien. Il faut lire les faits divers comme on lit les tragédies grecques. 

Le présent est sacré.

Cyril Hanouna est sacré.

Dieu - "lumière dans ma nuit, ma victoire au matin. C'est un Dieu qui change, qui se laisse transformer, affecter, influencer par tout ce qui arrive au monde, un Dieu pour lequel une nouveauté est possible mais c'est aussi un Dieu immuable, qui porte la mémoire du monde et de toute l'humanité."

Dieu - à la fois tremplin et saut, mouvement et figement, métamorphose et stabilité.

"C'est à ce titre que nous le croyons insoumis ! Dieu est insoumis à tout ce qui le fixe et le fige, à tout ce qui prétent se l'aliéner et se l'approprier." Alors que Dieu est toujours ailleurs. 

Encore une fois, le Christ n'est pas réductible à son histoire - ni même à son message. C'est là le sens de la phrase mystérieuse de Dostoïevski : "je préfère le Christ à la vérité". Encore une fois, quiconque revendique la vérité, la vérité l'abandonne. 

Voilà.

Au revoir, 2024.

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Reprendre : Sola gratia III - TEL COEUR, TEL DIEU

 

18:36 Écrit par Pierre CORMARY | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raphaël picon, protestantisme libéral, iggy pop, janis joplin, kate bush, amy winehouse | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer