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marcia cross

  • Eclats d'icônes

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    Nos vingt actrices fétiches ? Celles dont Miguelito, un personnage de Mafalda, disait que les charmes étaient incompatibles avec l'enfance et qui ont pourtant enchanté les nôtres ? Celles qui ont fait de nous des adolescents ? Celles qui nous consolent de notre solitude (que l'on soit en couple ou non, d'ailleurs) ? Celles qui nous en imposent et nous en exposent ? Celles qui reviennent toujours ? Celles que l'on n'oubliera jamais (alors qu'il n'y en a de réelles qu'on a oubliées jusqu'au prénom et au visage...) ? Celles qui confirment ce que disait Sade, à savoir que tout le plaisir n'est qu'en imagination ? Celles qui polluent nos nuits et à qui nous rendons pourtant un culte quasi marial ? Après d'autres, l'ami Ludovic l'a fait. C'est à mon tour et c'est parfait pour finir l'année.

    Mais comment choisir ? Telle nous a impressionné dans tous ses films. Telle dans un seul. Telle se confond d'ailleurs avec son personnage, si bien que l'on ne sait plus si l'on aime celui-ci ou celle-ci. Quelle importance puisqu'a la pellicule comme à la ville il y a toujours des yeux, des mains, des seins, des sourcils, une chevelure, une voix, un tempérament, un instinct sexuel, et par dessus-tout le défaut qui rend encore plus désirable ? Car comme le dit Féodor Atkine à propos d'Arielle Dombasle, dans Pauline à la plage, "la perfection est oppressante". Il a raison. C'est l'imperfection qui est bandante - et je vous rassure, Arielle ne fait pas partie de mes vingt. On dit la beauté convulsive,  on pourrait autant la dire perversive, abusive, excessive.  A vrai dire, la beauté est bien souvent le contraire de l'amour.  La beauté est l'ennemi intime de l'amour. Vous aimez celle-ci, si profonde et si charnelle, mais vous êtes attiré par celle-là, si clinquante et si sèche. Quand on aime trop le beau, ou la belle en l'occurrence, on n'aime plus personne. Encore que chaque fille qu'on aime devient une actrice, prétendait Amélie Nothomb que je continue invraisemblablement à "sniffer" comme certains disent. L'amour monstre, quoi ? Mais je m'égare...

    Donc, des femmes et des monstres...

     

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    Vivien Leigh

    L'icône absolue - et la plus belle femme de la galaxie pour le rôle le plus hystériquement féminin de l'histoire du cinéma. La première fois que je vis Autant en emporte en vent, j'avais quinze ans, et il me fallut un mois pour m'en remettre physiquement. A peine si je ne suis pas devenu spasmophile ! Pas de doute, cette scorpionne totale m'avait cruellement piqué pour le reste de ma vie. Encore aujourd'hui, il suffit que je tombe sur un extrait du film, une photo, ou que l'on cite son nom près de moi, pour que je risque la crise de schizophrénie orgasmique. Evidemment, il était hors de question à l'époque que je sois un avatar d'Ashley Wilkes ou de Rhett Butler. Entre l'impuissant niais et le violeur abandonneur, j'inventais mon propre modèle - soit une sorte de petit frère de sang, ou de neveu incestueux, ou même de siamois arraché, qui serait à la fois le plus proche et le plus loin de Scarlett. Complice de la femme aimée quoiqu'étranger à elle, ce fut tout de suite mon truc d'impuissant abandonné. Cela me plaisait comme tout de me dire que parmi tous ses prétendants, j'étais celui qui la connaissait le mieux, qui la conseillait, qui la consolait, qui couchait avec elle, mais qui la laissait à ses amants sans jalousie ni complexes. Car moi, je dépendais de sa chair comme elle dépendait de mon âme. J'étais moins Mars foutant Vénus que Cupidon se promenant sur ses genoux. Et bien sûr,  j'avais le pouvoir de tout arranger quand tout était perdu. Lui faisant retrouver Tara, l'aidant à accoucher Mélanie, sauvant Bonie de sa chute de cheval, la réconciliant avec Rhett, et même, lui redonnant la grâce de féconder. Et à la fin mourir, et lui apparaître comme un adolescent d'outre-monde, un ange désirant et désiré, vu seulement d'elle. A moins que cela ne soit elle qui meurt et m'apparaisse de temps en temps comme une dame du lac, ou une succube, cela dépend de mon humeur ou de la sienne...

     

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    Paulette Goddard

    Elle faillit être Scarlett. Elle sera "la gamine" dans Les temps modernes de Charlie Chaplin. Rappelez-vous le premier plan où elle apparaît - en train de couper un quignon de pain avec une énergie étourdissante et un sourire éclatant. Elle bouge, elle parle, elle court, elle vole, elle "vole", elle rit. On dirait qu'elle va plus vite que les vingt-quatre image-seconde. D'ailleurs, l'éclat semble être un mot inventé pour elle. Eclat des yeux, des gestes, éclat de sa chair gironde. Eclat des sentiments puisqu'elle fit du plus grand film social le plus grand film sur le couple - la complicité du couple. L'énergie que l'on se rend mutuellement. L'humour qu'on y met. La force d'être un à deux. Et la route que l'on reprend, bras dessus, bras dessous.


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    Lillian Gish

    Le sud américain ? La plus monstrueuse des utopies et le rêve le plus tabou de l'histoire contemporaine. De la cité outrageusement marxiste de Métropolis à la Sicile médiévale du Guépard, en passant par l'Algérie française ou les Indes de Vivien Leigh, tous les âges d'or de l'humanité semblent fondés sur des iniquités sociales - comme si la vie la plus belle ne pouvait naître que sur la vie la plus injuste, comme si le paradis dépendait de l'enfer. De ce sud fantasmé, esclavagiste et bienheureux, nous reste le péché originel de l'histoire du cinéma - cette Naissance d'une nation qui inventa l'art cinématographique en même temps que la propagande contemporaine du racisme. Et si David Wark Griffith fut l'Adam du cinéma, on peut dire qu'elle en fut l'Eve. Lillian Gish - la première reine de l'écran. Lillian Gish - l'icône primitive qui ferait passer Greta Garbo ou Marlène Dietrich pour des starlettes de Cannes. Lillian Gish - l'héroïne justinienne et matricielle, effervescente et vulnérable, adorable et tragique, qui vous noyait dans son regard et vous donnait envie d'être bon rien qu'en souriant. Lillian Gish qui tint le choc du parlant et tourna quasiment jusqu'à cent ans. Lillian Gish enfin, reine-mère dans Duel au soleil et nounou au fusil dans La nuit du chasseur, plus forte que tous les hommes et protectrice de tous les enfants que les hommes veulent tuer. Lillian Gish qu'on ne peut citer sans sa soeur Dorothy Gish avec qui elle tourna le meilleur film sur la révolution française à ce jour - Les deux orphelines du maître Griffith.

     

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    C'est la petite soeur de sang de la précédente et l'actrice la plus époustoufflante du gynécée griffithien (dont on n'oubliera ni Miriam Cooper ni surtout Constance Talmadge - l’éblouissante « fille de la montagne » dans l’épisode babylonien d’Intolérance), la sainte Blandine de toutes les situations qui porte jusqu'à l'incandescence la féminité martyrisée telle que ce sadique de David Wark devait la concevoir. Moins équilibrée que Lillian, mais d'une jeunesse étincelante et d'un enthousiasme qui allait jusqu'à la fureur, Mae Marsh fut cette exaltée débordante de pureté et qui tint les rôles les plus casse-gueule du muet. Jeune fille risquant toujours de se faire violer, fille-mère chaplinesque sans cesse arrachée à son enfant par d'inévitables dames patronesses, femme à la force décuplée faisant tout pour sauver son homme de la pendaison, chacune de ses apparitions agit comme un vibrato sur l'écran et fait battre notre coeur plus vite. Elle est le système nerveux du cinéma muet à elle toute seule. Pour en avoir la preuve, cliquez sur cet extrait d'Intolérance, avancez de 5 mn 40, et vous pourrez la voir surgir, entre deux canetons qui se becquètent. Pucelle toujours en transe, vierge toujours folle, elle a inventé un type de jeu que peu d'actrices suivront, par crainte de se consumer ou d'être ridicule, sauf celle qui est précisément la Mae Marsh de notre époque et qui lui ressemble physiquement :

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    Emily Watson

    D'aucuns ont dit que le plus grand mélo de notre génération, ce Breaking the waves fait par le metteur en scène le plus barge de tous les temps, allait mal vieillir. Moi, je ne crois pas. Car ce qu'y fait Emily Watson, nulle ne l'a jamais fait avant ou après. C'est elle qui rend probante cette aberration amoureuse et pleine de grâce cette épopée pornographique. C'est elle surtout qui rend supportable ce film freak où perversité et pureté s'excitent mutuellement. Des canetons de la "little dear one" au  lapin de Bess McNeil, c'est toute une histoire de l'âme humaine qui s'exprime par ces deux femmes. Après ça, elle devint une actrice sous-employée, ce qui est inexplicable et scandaleux - même si elle était très bien dans Broadway 39e rue, un beau film oublié de Tim Robbins. Plastiquement parlant, on la trouvera moins belle que d'autres - et pourtant, c'est peut-être de toute la liste, celle qui m'inspire le plus. Voilà avec qui j'aimerais être. Elle est "mon genre", comme on dit. Une femme fantasque, pénétrante, comique, accoucheuse, très doué pour l'inavouable, et surtout, jamais ennuyeuse.

     

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    Maggie Gyllenhaal

    Sans le faire exprès, je fonctionne par association ou par doublet. Après les deux Scarlett et les deux muettes, voici les deux fantasques - en attendant la troisième. Maggie Gyllenhaal n'a certes pas le génie d'Emily Watson, mais dans son visage un peu bovin, son corps un peu difforme, son jeu lunaire, elle a quelque chose qui me convient immédiatement. Inutile de lui expliquer ce que l'on est, elle sait, elle sent déjà tout. C'est une femme pour moi, une femme sonar. Qui me comprend, m'aime et nous laisse faire. Et c'est bien sûr La secrétaire, le meilleur film jamais fait sur le sujet. C'est quoi le SM ? C'est une façon de se faire mal pour ne plus avoir mal dans la vie, c'est jouer les coups et les douleurs pour cicatriser ses vraies blessures. C'est faire semblant d'être battu et humilié pour prévenir la saloperie des autres qui, eux, ne jouent pas. Elle fut hallucinante dans le rôle. Autant que son James Spader de révélateur, cet acteur que l'on ne voit pas si souvent et qui, comme par hasard, était le héros blessé et magnifique de Sexe, mensonge et vidéo, le seul grand film que l'on ait fait sur l'intimité réelle des hommes. Quant à moi, là-dedans, je suis elle et lui, elle à lui, lui en elle, lui et elle. L'autre hasard objectif est qu'il a fallu que je me retrouve dans le seul avatar qui s'en soit pris récemment à ma belle Maggie. C'est elle, en effet, que le Joker assassine dans The Dark Knight.

     

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    Diane Keaton

    Cette jument magnifique avait commencé dans Le Parrain, mais s'incarna peu après si parfaitement dans l'univers de Woody Allen que lorsqu'elle réapparut dans les Parrains 2 et 3, on aurait dit Annie Hall chez les Corleone. En tous cas, voilà encore une femme qui me comprend, m'apaise, m'allège, et me fait rire. J'ajoute que son élégance, son côté mi-godiche mi-gavroche, sa regard aquatique, n'ont jamais cessé de me faire fondre - même à son âge d'aujourd'hui. J'aime la longueur de ses membres, son sourire qui n'en finit pas, ses longs cheveux qui tombent, son aspect de pantin désarticulé mais qui en rien n'est en bois. Il paraît qu'elle est Scorpion alors qu'elle aurait tout du Poissons. Extraordinairement attachante, elle sait comme personne apaiser les timides (elle-même timide comme pas deux), gérer les instables, embaumer les tordus, et réconcilier les adolescents avec eux-mêmes comme dans cet extrait étonnant de Simples secrets (Marvin's Room), sirupeux mélo de Jerry Zaks avec Leonardo Di Caprio. Je n'oublie pas non plus sa prestation désarmante de naturel dans Shoot the moon, un film injustement oublié d'Alan Parker sur les affres du divorce. Et voilà mes trois fantasques.

     

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    Julia Ormond

    Une barge divine. Elle n'est pas toujours belle mais c'est ça qui la rend si troublante. Ses rides qui égayent son nez. Sa coquetterie dans l'oeil qui lui donne un air de serpent perçant. La comédienne la plus brillante de Hollywod est aussi la plus sous-employée. Trois cent fois violée dans The baby of Macon de mon ami Greenaway, honteusement secondarisée par David Lynch dans son INLAND EMPIRE (quoique les dix ou quinze minutes où elle apparait soient les seules regardables de ce navet génial : c'est elle et non pas l'insupportable Laura Dern qui aurait dû tenir le premier rôle), elle a inventé son personnage de femme vénéneuse et avenante dans Surveillance (2008), une curiosité déjantée pas désagréable de Jennifer Lynch, la fille du précédent. Actrice sadienne s'il en est, elle tue, massacre, trucide, mais sans qu'on lui en veuille jamais (comme on en voudrait à mort à Glenn Close si elle faisait la même chose) tant il n'y a pas de rage méchante en elle. Julia Ormond, c'est la fille saine et sympa qui se révèle sainement cruelle et sympathiquement vicieuse. C'est la toute douce qui vous met un rasoir sous le sexe au moment de l'éjaculation. C'est la fellatrice qui vous suce jusqu'au sang. On l'imagine dans une adaptation bunuelienne du Jardin des supplices d'Octave Mirbeau, ou lynchéenne du  Bleu du ciel de George Bataille (Dirty, bien sûr), ou kusturicienne de la Juliette de Sade, ou même dans un film sur Alina Reyes... En attendant, on va la voir dans les prochains Soderbergh (Che) et Fincher (L'étrange histoire de Benjamin Button).

     

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    Jennifer Connelly / Elizabeth McGovern

    Deux actrices pour un personnage. Toutes les deux superbes, ironiques, blessantes. La première se moque des vêtements miteux de son amoureux sans espoir, ("un pantalon si crasseux qu'il pourrait tenir debout"), ce "Noodles" qui m'occupera longtemps et qui sera ma première signature "d'auteur", il y a bien des années, au minitel. Ils ont quinze alors, ils vivent dans le quartier juif de New York, elle veut devenir actrice, il ne peut devenir que gangster. La seconde accepte de se faire inviter par celui qui est devenu un homme, a fait de la prison, et l'attend, elle, comme au premier jour. Elle se moquera encore de lui, "va-t'en vite, ta maman t'appelle". Il l'embrassera sur la joue comme seul Robert de Niro peut le faire. Et un jour, il la violera dans un taxi dans une scène à la limite du soutenable. Mais ils se retrouveront encore des années plus tard. Ils seront vieux. Elle aura atteint le firmament et lui touché le fond. Et elle lui expliquera toute la vie qu'elle et son meilleur ami lui ont volé dans "la plus belle scène jamais faite", comme ils disent. Il était une fois en Amérique - une saga maffieuse conçue comme une recherche du temps perdu. Un monument de rêve et de mort. Pour moi, le plus beau film du monde.

     

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    Marcia Cross

    Encore une sur laquelle règne un sacré malentendu ! Lorsque vous demandez à vos amis, fille ou garçon, quelle est leur desperate housewive préférée, une fois sur deux, la réponse est "Bree". Tout le monde adore Bree Van De Kamp, cette femme (apparemment) si parfaite qu'elle en deviendrait cybernétique, une Wonder Woman de la vie conjugale, une Eve Future de la famille dérecomposée. Rare qu'elle ne soit pas à l'honneur sur les blogs féminins. Les femmes veulent l'imiter, les hommes l'aimer (ou le contraire), et vu le mari qu'elle avait dans la première saison (qui est bien la seule qui tienne le coup, il faut le dire), elle génère un certain nombre de fantasmes dont l'approche toute pédagogique a pu rendre de louables services à la cause. Et pourtant, personne ne pourrait supporter dans la vie une Bree comme d'ailleurs personne de sa famille ne la supporte. Psychorigide, psychopathe, maniaque intégriste, handicapée émotionnelle, mauvaise épouse, mauvaise mère, bête comme ses pieds, se trompant sur tout, elle aurait tenu à une autre époque le rôle du repoussoir de la série. Mais notre époque qui a donné congé au réel et qui ne jouit plus que dans le simulacre s'est pris d'adoration pour une freak de son genre. Et moi le premier. Bree, c'est le fantasme de la femme totalitaire de tous les hommes qui n'ont plus envie de se prendre en charge et de toutes les femmes qui veulent que la vie ne soit plus que propre, nette, sans tâche et sans pleurs.


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    Nicole Kidman

    D'une rousse l'autre.... Star incontestée des années 90, et peut-être des années 2000 si elle arrête avec les navets, beauté incomparable quoique relevant un peu de cette "perfection oppressante" dont parlait Rohmer, vedette du chef-d'oeuvre le plus mystérieux et, à mon avis, encore le plus incompris de son auteur, j'en viens parfois à me torturer en me demandant si elle réussit réellement la scène du rêve racontée du dit-chef-d'oeuvre, si elle ne pleure pas trop ou pas assez - à moins que la scène ne soit impossible en elle-même. Car, vous le savez, il n'y a pas plus chiant que les rêves que l'on raconte. Tant pis, l'Avventura kubrickienne l'emporte dans son flux et "la" Kidman envahit nos rêves. Géniale dans le joint, l'ivresse, la danse, le sommeil et l'invitation à l'amour physique dans le magasin de jouets, elle est la femme qui sauve le cinéma de Kubrick du nihilisme et lui redonne son humanité perdue. Là, elle gifle son con de scientologue de mari. Fuck !

     

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    Helena Bonham Carter

    En premier lieu, elle est rousse, en second lieu, elle ressemble à Amélie Nothomb (portant même des mitaines), en troisième lieu, c'est elle qui incarne Bellatrix Lestrange dans les Harry Potter. Ca me suffit pour lui embrasser les pieds.  Actrice intéressante mais qui n'a peut-être pas encore donné la mesure de son talent (celle d'une autre barge divine à mon avis), son meilleur rôle reste incontestablement celui de la guenon de La planète des singes, réalisé par son conjoint Tim Burton, et grâce auquel l'auteur de ses lignes a pu enrichir son imaginaire érotique.

     

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    Annette Bening

    Celle-là fut la grande compagne de ma vie estudiantine à Nice. Deux films que je connaissais par coeur à l'époque me l'avaient inventée : Les arnaqueurs, fabuleux film noir et incestueux de Stephen Frears, et le pétillant Valmont de Milos Forman que j'ai toujours préféré aux  Liaisons dangereuses, en fait trop respectueuses du dit-Frears. Depuis, elle n'a plus fait grand-chose de tactile, sauf peut-être une apparition éclair dans Les Soprano d'où est tirée la photo ci-dessous et sur laquelle elle tient un air sérieux qui me ravit - même s'il contraste étrangement avec le sourire, sinon le rire, affriolant qui la caractérisa toujours, et qui, moi, ne ne me quitta pas entre 88 et 93. J'adorais cette farceuse qui faisait semblant d'être méchante. Cette Merteuil plus espiègle que sadienne. A la fin, y en a marre des sadiennes !  En matière de femme, les gentilles qui font semblant d'être méchantes sont les plus érogènes de toutes. Et moi, ce que j'aime, c'est l'inversion des sentiments, des situations, des caractères, des idées. Annette Bening, c'est la femme qui menace de vous tuer et qui ne va faire que vous chatouiller. C'est la main qui fait semblant d'arracher alors qu'elle ne fait que caresser - le contraire de Julia Ormond. C'est le "comme si", le "faire semblant" qui m'a toujours convenu en tout et pour tout - la seule alternative à la vie d'ailleurs. Car dès que l'on ne triche plus, on est mort, c'est clair.

     

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    Ingrid Bergman

    Retour aux fondamentaux. On se dit d'abord que ses trois plus grands rôles sont ceux qu'elle tient dans Casablanca, Les enchaînés et Voyage en Italie. Mais l'on se rappelle immédiatement L'adieu aux armes, Les amants du capricorne, Europe 51, Stromboli, Elena et les hommes, Anastasia, Aimez-vous Brahms ?, et même les films de la vieillesse, Le crime de l'Orient-Express, Golda Meir, et bien entendu  Sonate d'automne, le film qui a brisé le coeur des filles en confortant celui des mères. Dans tous, elle est intense, impériale, souveraine, et de cette sensualité si singulière qui chez elle passe par les sourcils. On passera sur sa grande bouche et ses grandes mains qui me feraient dire des bêtises. On osera quand même dire que parmi toutes ces femmes d'éclat, c'est elle avec que l'on se coucha tous les soirs en rêve le plus souvent et surtout le plus tôt - vers neuf ou dix ans, je suppose. D'ailleurs le rôle qui m'a peut-être le plus marqué, c'est celle de cette bonne soeur un peu rigide mais finalement généreuse, qu'elle interprète dans Les cloches de Sainte-Marie, un vieux Léo McCarey de 1945. Dans une scène quasi comique (ce qui n'est pas évident avec elle), elle apprend à un garçonnet à se battre pour qu'il puisse l'emporter sur des camarades qui le brutalisent. Mettez-vous à ma place au lieu de ricaner. J'avais 13 ans et je voyais cette femme que j'adulais donner des leçons de boxe à l'adolescent que j'étais en train, et très douloureusement, de devenir. Si ce n'était pas de l'érotisme torride, ça...!

     

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    Deborah Kerr

    Ma mère aurait préféré que je préfère Ava Gardner. Mon père aurait aimé que je tombe amoureux de Sue Lyon (la future Lolita de Kubrick). La première incarnait la sexualité faite femme, la seconde l'érotisme faite fille. Mais moi, quand je vis pour la première fois La nuit de l'iguane de John Huston, je préférais aimer Deborah Kerr. Ava ne pouvait que me mépriser, Sue que se moquer de moi. Deborah seule m'ouvrait son âme, son coeur et ses bras. Et puis, à propos d'histoires salaces que lui racontait Richard Burton, elle avait prononcé la phrase la plus aimante qui soit, et pour moi la plus rassurante : "rien de ce qui est humain ne m'est étranger". Une femme qui vous dit ça est forcément érogène et supérieure. Comme je les envoyais balader les gros seins de la brune et le joli minois de la blonde ! C'était encore une rousse qui me désarmait - en fait me réarmait. D'autant que question plastique, elle pouvait tenir la dragée haute à ses rivales, avec sa beauté aristocratique, son regard diaphane, son port altier (mon dieu, délivrez-moi de ces expressions si je deviens un jour écrivain !). Vivien Leigh, Emily Watson, Julia Ormond, Deborah Kerr - décidément, j'ai le goût anglais. Deborah Kerr, Emily Watson, Marcia Cross, Annette Bening, Nicole Kidman - et le goût de la rousse. Ma chère Zora, voilà qui me donne l'occasion de te citer... Toi aussi, tu auras beaucoup compté.

     

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    Setsuko Hara

    La plus grande actrice nippone du siècle dernier. Elle est l'immaculée des samouraïs. La Marianne du Japon traditionnel. Et pourtant, la "Vierge éternelle", comme on l'appelait, a cessé sa carrière en 1963, après la mort d'Ozu, son metteur en scène fétiche, et refusa dès lors toute apparition publique, toute interview et photographie, à la manière d'une Greta Garbo. Pour Kurosawa, Naruse, et surtout Ozu elle joua les épouses sacrificielles, les mères pleine de sagesse, les filles perdues, les femmes fatales, les amantes crucifiées au moins symboliquement.  Et pourtant, c'est en femme fatale qu'elle aura son plus beau rôle, cette Nastassia Philoppovna rebaptisée Taeko Nasu pour les besoins de l'adaptation que fit Kurosawa de L'idiot de Dostoïevski - un film presque plus dostoïevskien que l'original. Dans son châle noir, elle irradie chaque plan. Son visage vibre et l'écran tremble. La première fois qu'on la voit, on peut même être gêné par ce sourire trop radieux et ses deux grands yeux tant ils happent l'espace et vous avec. Je vous le jure - il faut la voir pour le croire. Et pour ceux qui veulent en savoir plus, ces deux extrait (en français !) de "Setsuko Hara, la disparue", première partie et seconde partie.

     

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    Françoise Fabian

    Une Pied Noir chez Eric Rohmer, vous y croyez, vous ? L'inoubliable Maud de Ma nuit chez elle, c'est elle. Françoise Fabian ou la femme qui faisait l'amour avec ses cheveux. Même si elle est Taureau, tout en elle relève de la lionne, mais de la lionne gentille, douce, qui pourrait être extraordinairement cruelle si elle le voulait mais qui préfère être indulgente. Débonnaire plutôt que vindicative. Maternelle plutôt que fatale. Une fauve tranquille. Qui évoque la santé, la plénitude et la force. Ou le luxe, le calme et la volupté. Ou l'équilibre, la sensualité et l'amoralité. C'est d'ailleurs cela, Maud, cette femme libre et amorale qui effraie tant ce catho coincé incarné avec tant de charme par  Jean-Louis Trintignant. Ah la façon qu'elle a de lui dire un moment :  "Vous êtes un peu bête, parfois, vous, non ?" ! On a oublié qu'elle fut aussi la "Charlotte" de  Belle de jour, la prostituée désignée pour clients à manie. Enfin, oublié, c'est relatif...

     

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    Florence Delay

    Imbaisée, peut-être, imbaisable, sûrement pas. C'est drôle comme on peut aimer des femmes qui a priori n'inspireraient aucun homme, et symétriquement, comme des femmes peuvent aimer des hommes d'ordinaire moqués par les femmes. Le voilà le miracle de l'amour. Là où la beauté exclut, l'amour inclut - et tout le monde est content. Et Forence Delay (académicienne depuis des lustres) en sainte pucelle, m'a toujours semblé d'une féminité incroyable bien plus que n'importe putain fellinienne (que j'adore par ailleurs). Elle me fascine par sa voix, son austérité, son animalité figée - car comme un animal pris au piège, elle ne remue plus un poil, elle est aux aguets, elle répond du tac au tac au cochon qui est devant elle. A la fois toute survie et toute grâce. Et dans ce gris blanc de Bresson, elle finit par être lumineuse, ardente. Elle nous fait brûler de l'intérieur bien avant de l'être elle-même. Le prototype de l'icône. Et la plus saisissante Jeanne de l'écran. Oui, plus que Falconetti.

     

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    Anne Consigny

    Pourquoi cette greluche au milieu de ces stars ? Parce que je suis fait de telle façon que les femmes qui m'agacent m'attrapent. Plus je les trouve déplaisantes (sauf cas extrêmes : Bardot, Moreau), plus je veux leur plaire. La femme inaccessible, pour moi, c'est la sale conne. Et qui me donne envie de la changer. Qui me fait dire qu'elle pourrait être autre chose que cette sale conne. Dans le genre cathare odieuse, soeur trop digne qui ne supporte pas l'indignité de son frère et qui insulte son sang en banissant ce dernier, gourde saturée de passions tristes, pleurnicheuse à toute heure, et le tout avec ce minois plein d'affectation qui voudrait se faire passer pour de l'affection, on ne fait pas mieux qu'Anne Consigny, ou plutôt que son personnage d'Elizabeth dans Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin, ce Claude Lelouch de la rive gauche. Comme j'ai aimé détester ce film puis détesté l'aimer ! Vu trois fois en salle, puis quatre fois en DVD depuis sa sortie, je le connais par coeur. Et si je ne comprends toujours pas pourquoi la soeur déteste autant son frère (en fait si, pour des raisons métaphysiques), je trouve de plus en plus admirable ce personnage d'Antigone dégénérée qui tente, d'où le dégoût qu'elle inspire, de donner un sens sérieux à la vie. De penser que la vie et la mort sont des choses importantes - alors que le frère, lui, les joue à pile ou face. De faire tout pour exclure le péché du monde au nom d'un monde parfait, c'est-à-dire un monde qui n'existe pas. Mais finalement, et heureusement, d'admettre, dans le dernier plan du film, l'illusion du réel et la réalité du songe. Elle se croyait Ariel, elle finira par parler comme Puck, et sera transfigurée. Et c'est à cet instant qu'on remarque en Anne Consigny une sacrée belle femme, une merveilleuse actrice, et en Elizabeth une Saturne qui est redevenue humaine, qui va se réconcilier avec son frère, donc avec le monde, et avec qui elle pourra fonder, peut-être, un nouvel âge d'or.

     

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    LA VINGT-ET-UNIEME : En bonus et en hommage à une icône de la culture "underground" autant qu'à l'une des femmes les plus fantasmées au monde, Vénus du bizarre, papesse de ce que l'on appelait alors le sexe "exotic", décédée le 11 décembre dernier, et grâce au Chateau de sable qui ne m'en voudra pas de lui emprunter cette photo sublime :

    BETTY PAGE (1923 - 2008)

     

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    Voilà, le rêve s'achève. Ou plutôt recommence. Rendez-vous en 2009.

     

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