Genèse 37 – 38
La plus belle histoire de cul jamais contée.
Ca commence par un cafteur.
« Joseph [fils de Jacob] avait dix-sept ans. Il gardait le petit bétail avec ses frères - il était jeune - avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa, femmes de son père, et Joseph rapporta à leur père le mal qu'on disait d'eux. »
Bien entendu, le cafteur est le fils préféré du père.
En plus d'être l'élu.
Encore une histoire d'élu !
Donc, de privilège, de discrimination, d'injustice !
Joseph a des rêves prémonitoires.
Un jour, dit-il, ses frères se prosterneront devant lui.
Et même son père et sa mère seront à ses genoux !
Là, Jacob est un quand même un peu agacé par ce garçon insolent que l'on commence dans la région à appeler « l'homme aux songes ».
Ses frères décident de le tuer.
Mais le grand-frère, Ruben, les exhorte plutôt à le vendre comme esclave à des marchands qui le vendent eux-mêmes à Putiphar, l'eunuque de Pharaon dont on reparlera (enfin, surtout de sa femme.)
Pendant ce temps-là, un autre fils de Jacob, Juda, a eu deux fils d'une Cananéenne, Er et... Onan.
Er épouse Tamar qui devient bientôt veuve (car Er, nous dit-on sans nous donner d'explications, « déplut à Yavhé qui le fit mourir », pas de bol.)
La loi juive exige que le beau-frère prenne en charge sa belle-soeur et la traite comme son épouse.
Voilà Onan obligé d'honorer Tamar, ce qui ne l'amuse pas des masses.
Pour éviter d'avoir des enfants avec elle, à chaque coup, il se retire et éjacule par terre.
Dieu, qui n'a jamais aimé les branleurs, le foudroie - et Onan, comme Sade et Masoch, devient un nom commun.
Juda exhorte alors sa belle-fille à attendre que Shéla, le petit frère, grandisse et l'épouse.
Mais Tamar, qui n'est pas Brigitte Macron, ne veut pas d'un gamin pour mari et qui pourrait en plus encore être sacrifié par le tout puissant (qui visiblement ne tient pas cette famille en toute sympathie.)
Désespérée de n'avoir pas de descendance, elle se déguise en prostituée (en se voilant le visage - le voile, détail croustillant, étant le symbole de la prostitution, on devrait le rappeler aux filles d'Allah) et va séduire son beau-père Juda.
Celui-ci ne résiste pas longtemps et ensemence convenablement la belle, lui donnant deux fils, deux jumeaux, autrement dit deux rivaux potentiels (la "frérocité" règne dans la Genèse depuis le début, on s'en rappelle.)
L'accouchement aurait pu être filmé par Lars von Trier :
« Pendant l'accouchement, l'un d'eux tendit la main et la sage-femme la saisit et y attacha un fil écarlate, en disant "c'est celui-là qui est sorti le premier". Mais il advint qu'il retira sa main et ce fut son frère qui sortit. Alors elle dit "comme tu t'es ouvert une brèche !" Et on l'appela Pérèc (ou Pharès). Ensuite sortit son frère qui avait le fil écarlate et on l'appela Zérah. »
Première occurrence des Premiers qui seront les Derniers ?
Nouvelle preuve que la vie est avant tout hasard, incertitude, contrariété, volte-face, jeu foetal de forces ?
Ce qui est sûr, c'est que ce Pharès « la brèche » est l'ancêtre de David, de Salomon et donc de Jésus lui-même !
Ce qui signifie que Tamar est l'aïeule du Christ.
Et une sacrée bonne femme, même si peu sainte, aimée et protégée de Dieu.
On notera en effet dans cet épisode que si Dieu s'acharne sur les mecs, il n'inquiète jamais la femme dont le comportement n'est pourtant pas celui qu'on apprend au catéchisme.
En Tamar, on verra une féministe avant la lettre, une matriarche avisée, une pute divine qui a mis la ruse au service de la grâce, le cul au service de la transcendance - parce qu'il fallait bien enfanter les ancêtres du Messie.
Les voies de Dieu sont impénétrablement pénétrables !
Et Tamar, une Mata-Hari de la miséricorde que même Juda reconsidèrera après coup :
« Elle est plus juste que moi ».
Et plus intelligente, aussi.
Anna B. - Sans la détermination de Tamar, pas de Christ (si l'on considère qu'il est de la lignée de David). Quand les femmes sont délurées, c'est pour accomplir le dessein de Dieu. :)
Pierre Cormary - Absolument, les femmes servent Dieu bien mieux que les hommes. Et Tamar est en effet la première aïeule du Christ. Si elle n'avait pas trompé son monde, il n'y aurait pas eu de Messie.