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Nabe VS Angot.

nabe, femme au crochet.jpg
Cela a déjà plus d'une semaine, mais ça vaut le coup d'y revenir. Je veux parler bien sûr de la prestation de Marc-Edouard Nabe via Christine Angot dans le Campus du 27 janvier 2006 - et que l'on peut visionner sur le site de Nabe. Que Guillaume Durand ait voulu faire "un coup" médiatique en se faisant affronter les deux jaguars de haine de la littérature française en direct n'est pas douteux, mais l'on aurait tort de ne voir dans cet affrontement idéosexuel qu'une logique de marchand. Nabe et Angot ont trop de points communs à s'annuler l'un chez l'autre pour qu'on ne les prenne pas au sérieux. Et une voix et un corps qui font  toujours leur effet sur un plateau de télévision. Alors, ensemble, pensez !

Nabe est l'écrivain matriciel de notre génération qu'on le veuille ou non, et à laquelle Christine Angot appartient même si elle ne comprend pas ce mot. S'il a raté sa carrière comme il le dit un brin complaisamment partout, il n'a pas raté son oeuvre - contrairement à cette dernière. Peu connu du grand public, il est adulé ou détesté du petit. On pourrait dire de lui ce que l'on disait du Velvet Underground : il ne vend pas beaucoup de livre, mais chaque lecteur qui en achète un a envie de devenir écrivain. On comprend pourquoi il en a marre que tout le monde le pille sans jamais le reconnaître. Alors, il prend les postures de l'écrivain maudit qu'il est certainement mais qui tournent souvent à son désavantage. Car comme tout le monde, il n'est pas très bon dans l'attaque. Avant que Christine Angot n'arrive, il était plutôt désagréable avec sa nouvelle coupe de cheveux de meilleur de la classe qui dénonce ses petits camarades, retournant assez maladroitement ses questions à Guillaume Durand, et ne trouvant comme seule explication à son "échec littéraire" que celle d'en accuser les media. En vérité, Nabe n'est jamais meilleur que lorsqu'on veut lui faire la peau - quand on  le traite en "juif", comme disait Patrick Besson. Plus hitlérienne que jamais, Christine Angot lui a sauvé la mise. En revenant sur "la casserole" de son sacro-saint antisémitisme et en faisant d'une de ses déclarations une lecture tronquée (ce qui devrait la discréditer à vie), elle lui a donné l'occasion  d'être tel qu'en lui-même - cet écrivain génial qui a changé nos vies (et avec lequel on sera bien sûr le plus ingrat possible). Car ce qu'elle a oublié, Christine, c'est que Nabe est le seul antisémite qui nous faisse aimer les juifs, le seul raciste qui nous fasse aimer les nègres, le seul misogyne qui nous fasse aimer les femmes. Personne comme lui pour parler de Soutine ou de Kafka, de Billie Holiday ou de Malcom X, d'Hélène ou de Diane ! Il rend excitant tout ce qu'il touche, adorable tout ce qu'il évoque, érogène n'importe quel visage de turc en pleurs. Son amour est haineux comme ses enthousiasmes sont cruels, voilà tout. Le jazz aura plus fait pour la cause des noirs que notre repentance d'esclavagistes à la con. Et le féminisme a moins fait pour les femmes que tous les nus de la Renaissance. Voilà comment ça marche, l'art, et voilà comment il fonctionne, Nabe. Son génie est le moins idéologique du monde - sauf précisément quand il décide de faire de l'art avec de l'idéologie. C'est dans la lumière et la joie qu'il est au sommet, non dans "la lueur d'espoir" - l'espoir que ce juif de Spinoza définissait comme la plus triste des passions tristes. L'espoir qui a fait écrire à Céline Bagatelle et les Beaux draps (Muray a tout dit là-dessus), l'espoir qui est toujours, comme la pureté, le credo de toutes les infâmies. L'espoir qui est le péché irrémissible dans lequel Nabe est tombé comme n'importe quel connard. C'est là que je ne peux plus le suivre et c'est là, paradoxalement, où elle pourrait le suivre, la mère Angot. Bons émissaires d'extrême gauche qu'ils sont tous les deux !

Passons. Nabe et Angot, ce soir-là, c'est la joute d'un fils qui est devenu père et d'une fille qui a décidé de faire des enfants (et des enfants-filles) sans père. C'est une guerre des sexes entre un classique qui croit encore en Dieu et à la filiation, et qui par conséquent ne peut qu'aimer les femmes et les enfants ("tout ce que j'aime dans la vie" écrivait-il dans Alain Zannini, page 609) et une post-moderne qui nie de toutes ses forces la génération, l'âge, l'époque et qui va jusqu'à dire "qu'elle ne comprend pas ces mots". C'est qu'elle ne veut pas être débitrice de tous ceux qui lui ont préparé son chemin, la Christine (elle serait ruinée sinon !) C'est une bataille à mort entre un styliste qui prend son époque à la gorge et une "chroniqueuse" qui prétend sans rire "qu'il est mille fois plus intéressant quand c'est l'époque qui vous prend" !!! On croit rêver ! L'écrivain selon Christine serait donc non plus le témoin (sans pitié) de son temps mais son pur produit ! L'écrivain serait celui qui est d'accord avec son monde, son milieu, sa presse, sa publicité ! L'écrivain serait une publicité de l'époque ! Une Christine Angot ! Bravo la désaxée ! On comprend mieux  pourquoi après c'est si important pour elle d'annuler ce qui l'a mise au monde - à commencer par cette tradition de l'auto-fiction qu'elle n'a fait que suivre dans le sillon de Nabe (et dans laquelle, cela va sans dire mais cela ira mieux en le disant, elle est allée mille fois moins loin que lui) - et de faire croire à tous prix, en bonne pro-actuelle typique, qu'elle est la première à travailler sur la transparence et l'instantané du présent.  S'accoucher sans père - tel est le credo de l' époque dont notre Christine est la reine.  La voilà qui reprocha à Nabe de ne pas avoir rompu avec le sien : "Votre père trouve merveilleux ce que vous écrivez, cracha-t-elle, or, on ne peut pas commencer à être écrivain, sauf Mazarine Pingeot, quand on est dans les traces de son père." La mort du père ! la seule admise, voulue, légiférée par la modernité ! Et bien sûr, le public d'applaudir ! Tous enfants sans père et ravis de l'être, castrés ou excisées sans le savoir ! Le pire, c'est que Nabe a eu l'air destabilisé et s'est retourné presqu'implorant vers Guillaume Durand, tentant de lui faire dire que pour lui aussi et son amour de la peinture son père avait compté. Que ne rétorqua-t-il pas plutôt à Angot qu'elle était en train de faire, elle l'enfant abusée, une projection de son drame sur la condition de l'écrivain ! Et qu'elle incarnait à merveille la femme post eunuque qui n'en peut plus d'être prisonnière de ses propres ovaires. D'autant que pour Nabe, c'est la mère, et non le père, qui est toujours à l'origine de l'écriture - comme il l'écrit à Houellebecq dans la préface du Régal. De la mauvaise bien entendu. La malfaisante, l'abandonneuse, la fouetteuse, la boulimiqueuse, la ravageuse, la possessive, la jocastienne, la juive... Celle qui tue le père dans le fils et la fille et dont il faudra bien un jour parler.

Non, ce qui s'est passé ce soir-là, c'est la tentative de la femme qui n'aime pas les hommes (même si elle en a) d'annuler l'homme qui aime les femmes (et qui en a), de la castratrice qui ne se rend pas compte qu'elle est excisée, de la femme-sujet qui ne veut plus du tout du Verbe.

 

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Commentaires

  • On se serait attendu à "Nabe versus (ou vs) Angot. Que signifie "Nabe via Angot" ?

  • "Et le féminisme a moins fait pour les femmes que tous les nus de la Renaissance"

    Le problème de ta belle rhétorique du paradoxe, c'est qu'elle a parfois une fâcheuse tendance à oublier le réel, les faits, tous ces trucs qui certes embêtent beaucoup quand on veut conceptualiser, mais qu'on ne peut pas non plus supprimer comme ça d'un coup de baguette magique.

    La grande révolution qui a fait beaucoup pour les femmes, c'est quand on a commencé à remettre en cause son statut d'objet et qu'elles-mêmes ont enfin pu affirmer un statut de sujet, pensant, écrivant, votant, avortant, se destinant par elles-mêmes, si j'ose dire (comme la Nora d'Une Maison de poupée de Ibsen, par exemple). Et ça, tu m'excuseras, mais les nus de la Renaissance n'y sont pas pour grand chose. Tandis que les féministes, quoiqu'ils puissent parfois être insupportables, sont quand même à l'origine de ce qui a vraiment changé pour la femme : le droit au travail, au compte en banque, à la non-dépendance vis-à-vis de son mari, à l'éducation, au vote, à la contraception, à l'avortement, et j'en passe. Et s'il faut chercher des avancées artistiques qui ont pu faire évoluer les mentalités, on les trouvera plutôt chez Jane Austen, chez Molière (misogyne et féministe à la fois, quel homme, quel génie ! :-) ), chez Ibsen, chez Woolf, chez Simone de Beauvoir (pas très artistique, certes...), bref, chez des gens qui faisaient tout sauf des nus :).

    *Celeborn

    NB : à part ça, le coup de l'antisémite qui fait aimer les juifs, il est joli, mais il ferait tout autant aimer les juifs sans être antisémite, le père Nabe, non ? Et il parlerait tout aussi bien de Billie Holiday sans racisme ni misogynie, j'en suis sûr.

  • A propos de Nabe, on aura tout vu et tout entendu ! Il vient d'être dénigré par son propre éditeur. Cela se passait mardi 31 janvier sur la très écoutée Radio-courtoisie. Pierre-Guillaume de Roux, directeur littéraire du Rocher, comme si cela ne lui suffisait pas d'avoir coupé les vivres à son auteur vedette, jugea opportun de le brocarder. Selon lui, Nabe se répandrait en pleurnicheries dans tous les médias, prétendant qu'il n'a plus d'éditeur, alors qu'il est sous contrat chez plusieurs.

    Un autre participant ayant évoqué les somptueuses pages de Nabe sur Bloy, l'éditeur ricana en déclarant qu'on ne l'avait pas attendu pour lire Bloy.

    Mais heureusement la suite permit de ramener à sa juste proportion ce qui sortait de la bouche de ce monsieur : il nous assura sans rire qu'un certain Juan Ascencio, connu des internautes sous le nom de "Stalker", était l'un des meilleurs critiques littéraires actuels. Dominique, reviens, ton fils est devenu fou !

  • Désolée *Montalte : de Nabe et Angot, le grand écrivain, c'est Christine Angot.

    La seule oeuvre d'art est celle qui n'a pas d'époque, qui est intemporelle et universelle, qui continuera d'émouvoir dans mille ans. Les problèmes sont les mêmes depuis Horace : la Vie, l'Amour, la Mort, la Souffrance, le Sens. Point-barre, rien de nouveau sous le soleil. Et les Grecs anciens souffraient certainement autant d'exister que Houellebecq : Son trip Schopenhauer, TOUT LE MONDE (sauf ceux qui n'ont VRAIMENT pas de vie intérieure, qui n'ont pas besoin d'être heureux pour aimer la vie) l'a éprouvé un jour.

    L'EPOQUE N'EXISTE PAS EN ART, et d'ailleurs en rien : corruption de nos hommes politiques du XXIème siècle ? Lisez l"Alcibiade" de Jacqueline de Romilly pour voir que Bernard Tapie n'est pas une création de notre temps.

    Nabe est un écrivain que je respecte, mais il est riquiqui, et personne ne le lit. On le survole, on a vite compris. Sa préface du "Régal", que j'ai lue, bof et archi bof, une lettre à son pote Michel ; quoi de transcendant là-dedans ?

    Angot est pour moi une géante, celle qui me donne précisément le plus envie d'écrire. Ses livres sont ceux d'une écorchée qui se débat avec la vie et avec les Autres tandis que ceux de Nabe sont ceux d'un salaud (ça, ce n'est pas un problème, beaucoup d'artistes le sont) qui ne "souffre" pas vraiment (ça, c'est un problème selon moi), qui provoque pour la provocation. La première est authentique, le second est un trucqueur, un imposteur.

    A suivre... Mais je ne pouvais pas laisser passer ça ce soir, la défense d'une écrivaine - Christine Angot - qui est, parmi les contemporains, l'essentielle pour moi.

    (j'espère que tu ne me censureras pas ce message !!!!!)

  • "Mais heureusement la suite permit de ramener à sa juste proportion ce qui sortait de la bouche de ce monsieur : il nous assura sans rire qu'un certain Juan Ascencio, connu des internautes sous le nom de "Stalker", était l'un des meilleurs critiques littéraires actuels."

    Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!

  • nulle mauvaise entention de la part de Guillaume Durand ce soir là, faire s'affronter deux mauvais écrivains, Ch.Angot travaille pour l'émission, elle est chroniqueuse.

  • "En écrivant cette dernière phrase, je viens d'avoir la sensation d'une grosse émotion qui lâche, comme une partie du coeur qui cède enfin sous l'obstination d'écrire. Une partie du coeur enlevée pour qu'apparaissent mieux les arêtes de la chose à dire. Et je suis en train de pleurer, la littérature me fait souvent pleurer." Christine Angot, Une partie du coeur, 2004

    (sans vouloir démesurément m'avancer, il me semble que *Montalte parle d'un écrivain qu'il n'a pas lu quand il évoque Christine Angot, avec les mots qu'emploient ses ennemis, les anti-littéraires : trop facile)

  • Je viens de regarder la vidéo... "Une époque n'a jamais été là pour aider un écrivain" lance Angot à Nabe, elle qui est là chroniqueuse parce qu'elle est devenue la fille de Savigneau, qui répète qu'elle ne connait pas le sens de "génération" parce qu'elle a entendu Sollers le dire... voilà voilà, il est pas joli le petit milieu incestueux ? Dans le déni des générations bien entendu, et de "l'aide" pour ne pas dire de la mafia qui permet à quelques-uns de subsister grassement tandis que des Nabe et des Houellebecq (qui ne manque pas d'argent sans manger à ces râteliers, ce qui les emmerde bien) écrivent et dénoncent pas seulement avec des mots mais par ce qu'ils sont et vivent.
    La misère elle est là, Ruquier Ardisson Durand ou autre c'est la même chose, la haine de l'écrivain, et des collabos pour apporter leur expertise en cette matière, la haine.

  • "Je ne cherche pas à agresser, personne. Si je dis "merde à ceux qui liront", c'est parce que j'aurais aimé avoir autre chose à raconter. Que ça. Ecrire n'est pas choisir son récit. Mais plutôt le prendre, dans ses bras, et le mettre tranquillement sur la page, le plus tranquillement possible, le plus tel quel possible. Tel qu'il se retourne encore dans sa tombe, si sa tombe, c'est mon corps. S'il se retourne encore, c'est que je ne suis pas morte. Je suis folle mais pas morte. Je ne suis pas npn plus complètement folle. Le prendre dans ses bras tel quel, ça m'aurait plus intéressée de prendre un autre sujet dans mes bras, on ne m'a rien demandé. Ca peut prendre toute une vie à un écrivain de prendre dans ses bras quelque chose qui ne regarde personne. D'où cette mise en garde qu'il ne faut pas prendre mal, c'est un regret, un dernier, de n'avoir pas pu, écrire d'autres livres que ceux-là, sachant comment vous allez réagir et que votre réaction va me faire souffrir" Christine Angot, L'inceste (1999)

    Claude à Christine Angot. (c'est le papa de Léonore, dans "Sujet Angot" (1998) qui a tout compris) : "Ton écriture est tellement incroyable, intelligente, confuse, mais toujours lumineuse, accessible, directe, physique. On n'y comprend rien et on comprend tout. Elle est intime, personnelle, impudique, autobiographique, et universelle. Tu émeus sans les trucs, sans être émotive, tu fais réfléchir avec trois bouts de ficelle, un miracle de désorganisation logique. La liberté sans le chaos, l'ouverture sans la dérive."

  • Je crains Pretty Woman que vous ne vous enfonciez à donner ainsi à lire ces extraits... Il me semble qu'Alina résume assez bien la loi du milieu.

  • Eh bien, moi, je parle de MUSIQUE pour l'écriture d'Angot, de "STYLE" reconnaissable entre mille, d'empreinte, de cadence, de rythme. Tout est musical chez Angot, même les répétitions de paragraphes qui, dans "Normalement" (pour citer son livre où cette caractéristique est la plus flagrante - le plus indigeste pour ceux qui décidément ne la comprendront jamais -) reviennent comme un refrain.

    Faire partie du "milieu" ? Aimer Sollers ? Diable, pourquoi, même si c'était vrai, cela serait-il honteux ? Être underground, rester un artiste maudit et inconnu est-il à l'inverse une garantie de qualité ? Ne pas passer à la télé est-il une gloire suffisante pour faire un grand homme ? Voyons... Je ne comprends pas. Le business, les médias, les confettis, etc n'ont rien à voir avec l'oeuvre, ils sont les MOYENS grâce auxquels une oeuvre peut toucher les personnes à qui elle est destinée. En l'occurence, pour Angot, "son petit public de détraqués", qui est "sa bouée" comme elle l'écrit.

  • Jolie *Pretty, on ne parlait pas de la valeur littéraire d'Angot (dont les deux livres que j'ai essayé de lire, "L'inceste" et "Quitter la ville", me sont tombés des mains et je dois dire que tes extraits sont tout aussi navrants) mais de sa minable agression à l'égard de Nabe, des conneries qu'elle lui a sorties et qui n'étaient franchement pas bienvenues (car il est évident qu'il est allé plus loin qu'elle dans l'autofiction), et que si, en effet, "une époque n'a jamais été là pour aider un écrivain", il est insupportable, indécent même, que cela soit elle, l'écrivain la plus soutenue par l'époque, qui le dise à quelqu'un qu'on peut trouver tout autant insupportable mais qui n'a jamais cessé d'être mis à l'index. Quant à aimer Sollers, le problème n'est pas là, tout le monde l'aime, Angot, Nabe, Houellebecq, Matzneff, même Dantec, c'est dire si le stratège chinois est doué pour se faire aimer des gens qui comptent... C'est loin d'être un reproche. L'homme est sympathique, et tellement attaqué de partout qu'on aurait presqu' envie de le défendre. Une autre fois peut-être...

  • Peut-être "Nabe via Angot" signifie-t-il : portrait déformé de Nabe à travers la rage hystérique d'Angot ?

  • C'est bien ça, Clovis. Nabe en passant par Angot. Nabe selon Angot. Et finalement Nabe déformant Angot plutôt que déformé par elle.

  • Angot, "soutenue par l'époque" ????? Mon cher Pierre, je ne sais pas où tu as vu cela : moi, partout où je dis que je l'aime, on me répond en la traitant comme une pestiférée, une lépreuse, qu'on veut surtout tenir bien loin de soi.

    Je ne comprends pas comment on peut être insensible à sa musique ? Il suffit d'écouter ses cds, ils envoûtent ; quand je lis "L'inceste" à présent, je l'entends. Le timbre de sa voix, sa mélodie, tout ce qui sort d'elle résonne en moi. Il faut vraiment être insensible pour ne pas aimer à la folie Angot.

  • Qu'Angot qui n'a aucune pensée débarque, grassement payée pour sa chronique parce qu'elle est dans les petits papiers d'un certain milieu et notamment de Savigneau qui occupait naguère sa place à Campus et qui lui offrit de pleines pages dans le Monde, débarque pour donner des leçons d'éthique et de littérature à Nabe, c'est tout simplement à gerber.

    Il ne s'agit pas ici en effet de juger l'oeuvre ni même le fait de passer ou non à la télé, mais le fait que ceux qui occupent la place grâce à leurs petits trafics d'influence aient encore l'arrogance de taper sur d'autres qui comme Nabe ont sans doute bien du mal à vivre de leurs livres. Ce système est infect, et d'autant plus infect quand des écrivains collaborent à jeter l'anathème sur d'autres écrivains.

    Le lecteur naïf sans doute n'imagine pas la méchanceté, la duplicité et la "volonté de nuisance" comme dit Zagdanski de ceux-là à l'encontre de qui n'est pas dans leurs combines. Une mafia, oui. Quand Zag et moi avons publié notre livre "La vérité nue", Savigneau a écrit dans le Monde que notre démarche avait été "prends le fric et tire-toi". Pure médisance évidemment, car ce livre de quelque 300 pages nous avait valu de modestes droits d'auteur, alors qu'elle pour cette simple chronique à Campus (et elle nous avait aussi attaqués sur le plateau de l'émission), pour trois minutes de bla-bla donc, gagnait autant que nous en trois ou quatre fois. Le but c'est clairement : éliminer qui n'est pas avec nous, avec des mots qui discréditent et si possible tuent, c'est-à-dire vous font perdre la considération du lecteur et du libraire étourdis ou conformistes, qualités largement distribuées...
    Volonté de nuisance bien humaine, n'est-ce pas, pour ne pas dire inscrite dans nos gènes de primates, puisque certains s'adonnent au même genre du sport sur internet, disqualifier une oeuvre pour des raisons personnelles ou politiques. Comme on le voit, ça marche très bien.

  • Je précise car ce n'était pas très clair : en trois émissions à peine, c'est-à-dire trois fois deux minutes de bla-bla reprenant ce qu'elle avait écrit dans le Monde, elle empochait autant que nous pour des semaines de travail et un gros livre. Qu'elle ait insisté sur l'argent n'est pas anodin : pour couper la parole à un écrivain, il faut lui couper les vivres, l'empêcher de vendre - voilà à quoi s'emploie toute cette clique. Houellebecq a bien raison de les baiser en allant chez l'éditeur qui paie le plus, quand on pense que Beigbeder qui lui aussi est à fond dans le système faisait son effarouché d'avoir été quitté par sa poule aux oeufs d'or.... Ah, s'ils pouvaient l'empêcher de vendre, lui aussi ! Evidemment c'est plus facile de s'attaquer à ceux qui sont en position de faiblesse, et d'essayer de flatter ceux qui sont plus forts...

  • Et si vous nous écriviez, Alina, un pamphlet bien senti, et distancié à votre manière, sur ce petit monde dégoûtant ? Vous feriez des heureux.

  • Ah pourquoi pas Ludovic, alors je vous le dédierais !

  • PG de Roux a vraiment écrit cela sur Stalker ?

  • Lorsque Christine Angot cite Nabe : "- Vous êtes antisémite ? - Ca dépend des Juifs..." et s'arrête là, en annonçant EN PLUS qu'elle ne lira pas la phrase suivante "parce qu'elle est écrivain et non pas journaliste", elle trahit la littérature.
    Elle la trahit doublement en laissant entendre que Nabe a voulu dire "ça dépend de ce que les Juifs ont fait, ou ont subi", alors qu'elle sait très bien qu'il voulait dire "ça dépend de quels Juifs on parle". En arrêtant délibérément sa lecture avant la phrase: "Je me vois mal vivre sans Kafka, Suarès, Proust, Soutine, Eisenstein, les Marx Brothers, Modigliani, Fritz lang, Simone Weil et surtout Jésus-Christ! J'en passe et des vivants...", elle se range explicitement parmi les chroniqueurs et non plus les artistes.
    Elle aurait pourtant pu attaquer Nabe sur cette phrase : alors quoi ? les Juifs ne sont donc estimables que s'ils sont des génies ? Mais non. Elle a raté le coche. Pire, elle s'est décrédibilisée. Elle s'est décrédibilisée en tant que "chroniqueuse payée par Durand" ET en tant qu'écrivain. Parce qu'un écrivain qui en cite un autre en le tronquant aussi délibérément n'est pas un écrivain mais un traître. Alors je suis désolé, *Pretty Woman : tu as le droit d'aimer les livres de Christine Angot, tu as le droit de la considérer comme un très grand écrivain... Mais ce n'était pas cette Christine Angot là qui était sur le plateau de Campus ce vendredi soir. Ce n'était pas un écrivain que Nabe avait en face de lui ce soir-là.

  • "PG de Roux a vraiment écrit cela sur Stalker ?"

    J'ignore s'il l'a écrit quelque part ; j'ai rapporté qu'il avait proféré cette énormité le 31 janvier dernier, sur Radio Courtoisie, où il était venu présenter un livre publié par ses soins, "Amnésie", de Sarah Vajda.

  • Je vois qu'Asensio va publier un bouquin au Rocher (il était d'ailleurs annoncé pour 2005). Tout s'explique !

    http://www.e-torpedo.net/auteur.php3?id_auteur=11

    Il collabore d'ailleurs à la revue Contrelittérature, qui vient de publier un recueil au Rocher (mais sans sa signature) :

    http://talvera.hautetfort.com/archive/2005/08/index.html

  • Le problème avec Angot, c'est que, pour paraphraser Malraux, elle semble confondre ce que l'homme cache, et qu'elle se propose de dévoiler mais qui est le plus souvent pitoyable, avec ce qu'il ignore en lui.

  • Cormary, tu es un con! Mais un bon con! C'est ça qu'est con! C'est ça qu'est bon!

  • Pour le coup, je crois bien que je me retrouve dans le camp de Celeborn et pas du tien.
    "Et le féminisme a moins fait pour les femmes que tous les nus de la Renaissance"
    Si je trouve cette phrase assez belle, je crois qu'elle est également assez fausse.
    Plus généralement, d'une part, si je crois que l'art peut changer les individus, je pense que par contre il ne change guère la société. Et d'autre part, il faut différencier le jugement moral des causes et des résultats. On peut être le pire des crétins, le plus grand des salauds et avoir raison.

  • Sans doute la phrase de Montalte sur le féminisme est-elle plus belle que vraie ; mais cela ne signifie pas qu'elle soit fausse. L'art agit évidemment sur les individus et la société avant tout est une collection d'individus. Faut-il préférer maintenant le moralisme inavoué d'Angot ou l'immoralisme apparent de Nabe ? Angot est profondément antipathique quand Nabe a au moins pour lui le sourire de la provocation. Mais ce sourire ne cache t-il pas la gratuité de la posture ? Surtout quand la contradiction, et non seulement la nuance, annule en quelque sorte la provocation... Derrière le scandale apparent, ou la volonté de scandale plus exactement, nous ne trouvons que des propos convenus sur l'Irak, les juifs et le reste.

  • Littérature de diariste, écriture de bonne femme : dans les deux cas, poubelle.

  • Oups ! mon cher Slothorp, vous risquez de me valoir cent messages sur le sujet : - Y a-t-il une écriture de bonne femme et si oui laquelle ? et : Les termes mêmes d' "écriture de bonne femme" ne relèvent-ils d'une misogynie coupable que des lois bientôt sanctionneront ? (bien sûr, votre point de vue sera précieux).

  • Pas mysogine, mais misanthrope. Et j'ai toujours respecté les lois (enfin celles que je n'ignore pas).
    L'écriture de bonne femme est un genre éditorial (plus que littéraire) qui a connu son heure de gloire à la fin du XXème siècle. Les développements narratifs qu'il propose se réduisent à une litanie rebarbative des petites souffrances morales et physiques de la ménagère contemporaine, le plus souvent une célibataire sexuée qui digère mal les queues qu'elle avale. Dans ses audaces les plus extrêmes, le genre pousse vers l'exercice memoriel, le déterrement du secret enfoui qu'on n'hésitera pas à poser en titre, telle la crotte du caniche nain présentée bravement à la face du monde en particulier et des salauds en général (ex : l'Inceste, bande de pourris qui ne comprenez rien à la littérature!). Le style peut être décrit comme musical de chambrette : répétitions de mots, phrases courtes, emploi du point à la place de la virgule et utilisation ponctuelle de mots cochons pour souligner le caractère insurrectionnel de son génie. La faiblesse lexicale et la pauvreté des idées essaient de se faire oublier derrière la menace permanente d'une sexualité paradoxalement deshinibée en même temps qu'inhibante.
    Le genre a été le plus souvent représenté par un troupeau de bécasses invitées régulièrement sur les plateaux télé et n'ayant strictement rien à dire sur le monde, l'époque, l'ennui. Car elles étaient l'ennui.
    Le pendant masculin est représenté par la littérature de diariste. Non que le journal littéraire soit inintéressant en soi mais sa propension à la fin du XXème siècle à occuper toute la surface de l'oeuvre a fini par le rendre totalement artificiel. Littérature de bidet toute occupée à éructer son dégoût, le genre a permis à des écrivains de perdre en subtilité pour gagner en mollesse, une mollesse déguisée sous les apparats de la vitupération en mode automatique et de l'éréction de son propre martyr. Le littérateur se fait bourreau de lui-même pour tenter d'appeler le signe de Dieu sur sa tête. Mais Dieu a bien autre chose à foutre, car pendant ce temps le monde tourne à des vitesses démesurées.

  • Je suis prié d'écrire correctement "misogyne".

  • Et "desinhibée" par la même occasion.

  • Slothorp, le mauvais diarisme (qu'il faudrait écrire diarrhisme) d'aujourd'hui vous pousse à rejeter, voire à condamner le diarisme en général. Vous y allez un peu fort tout de même. Trois exemples de littérature diaristique qui montrent qu'elle peut égaler la fiction : les journaux d'Amiel, de Kafka et de Pavese. De grâce, ne les jetez pas avec Angot et Nabe ! Amiel vaut bien Freud. Il y a mille fictions esquissées dans le Journal de Kafka, et Le Métier de vivre vaut tous les romans de Pavese.

  • Des trois que vous citez, je n'ai lu que le journal de Kafka, qui est magnifique. Je ne rejette donc pas le diarisme en soi mais cette sorte de jeu littéraire vain qui fait qu'un écrivain va construire son oeuvre autour de son journal, comme si le laboratoire devenait plus important que la découverte scientifique. Or, c'est justement quand on ne découvre rien qu'on met en avant ses pipettes.

  • Et si, Slothorp, Nabe lui-même vous avait donné raison en brûlant - certains contestent la réalité de cet acte - toute la matière de son mythique Journal appelée à la publication, 10 années révolues, comme de coutume, après les faits (Kamikaze, le tome 4 s'arrêtait en septembre 1990)? Cette autoautodafé, comme MEN le disait à Taddéï récemment lors de son passage à la radio, n'a pas encore été vraiment commenté dans toute sa dimension "sacrificielle" pour reprendre son terme exact. Il expliquait clairement qu'outre les lecteurs vivants à travers son Journal une vie par procuration - et l'on ne peut nier qu'un des interêts du Journal repose sur les ragots, la comédie germano-pratine, etc... -, c'était aussi la dimension trop absorbante du Journal qui l'avait décidé à le faire disparaître...Cela-dit pourquoi ne pas publier ce qui était de toute manière déjà écrit? Le vrai virage consistant surtout à ne plus en tenir, de Journal...Il doit donc bien y avoir autre chose...Et il est possible que ce soit, aux yeux mêmes de Nabe, un prestige moindre du genre du Journal...J'ai cru en effet comprendre qu'en dehors des opinions politiques non partagées, c'est également l'idée que chez certains afficionados le Journal était considéré un peu trop comme le grand oeuvre au détriment d'un talent de romancier - qui était ainsi nié -, qui a éloigné Nabe de certains d'entre eux, qualifiés de renégats...Dès les suites du Régal, on sent - cette fois par rapport au pamphlet, le souci d'une reconnaissance par le genre du roman...Toutefois Nabe a écrit des pages vraiment irréfutables sur l'activité du diariste, peut-être pas sur sa valeur littéraire intrinsèque, mais sur sa profondeur ("l'âme dépecée aux 4 vents" à propos de Raphaël Juldé, dont vous parliez, sous votre belle île battue par ceux-ci). Par ailleurs on comprend en le lisant, car tout y est dit, que le Journal n'était pas forcément écrit au départ pour être édité (ils disent tous ça me direz-vous à raison)...Nabe commente les premières réactions à la lecture de certains passages donnés à lire à des proches, des éditeurs : "Personne ne résiste à ce ton là", dit-il...C'est un peu finalement comme s'il découvrait que ce qui fait le plus d'effet à ses lecteurs n'est pas ce qu'il avait délibérément prévu à cet effet...
    Toutefois, ce Journal quelle pièce maîtresse de littérature!!! Certes tous les reproches que vous lui faîtes sont peu ou prou fondés (érection de son propre martyr, etc...), et on peut en faire tant d'autres encore, sauf un : que ce ne soit pas de la littérature. Les exemples donnés par le Uhlan m'évitent de recourir aux daguéréotypes du genre : qu'est-ce que la littérature? Est-ce la régime de la fiction qui la détermine? Mais tout de même, la littérature c'est un style, une musique, un univers, une singularité, ça c'est au moins un tout petit peu sûr...Et là - mais je ne lis que très peu de contemporains - Nabe, particulièrement son Journal, ainsi que ce que j'ai pu lire de A. Zanini (dont la critique suprêmement perfide est d'affirmer que c'est le Tome V du Journal...)-, je dois dire que rien ne m'a autant soufflé que l'oeuvre du Nabi. Il y a vraiment de pures pépites de littérature, woulah Slothorp!

    Cela-dit je suis relativement novice de son oeuvre, et je sais que certains Ludovic s'en sont lassés...Par contre notre hôte les emmenerait sur l'île déserte les 4 tomes du Journal, se faire tourner les 5000 pages aux quatre vents! Ainsi que Raphaël Juldé, je crois...Méfiez-vous du lapin aussi...Tout ça pour dire, attention vous êtes cernés! Allez hop, en exil, à Guernesey!

  • "certains contestent la réalité de cet acte"

    Et non des moindres : Jean-Paul Bertrand et Patrick Besson.

  • En exil, pourquoi pas. Je souffrirais mille maux et j'y écrirais mon journal.
    OrnithOrynque, je vous offre en plus de mon estime, cette petite anecdote:
    un diariste, auteur du "petit crevé", racontait qu'il avait cessé d'écrire son journal quand il s'était rendu compte que cela modifiait sa vie. Il s'obligeait par exemple à se battre dans les bars pour avoir quelque chose à raconter le soir dans son gourbi. A ce compte-là, ses jours étaient comptés. Adieu littérature, bonjour happening, c'est bien ce qui finit par guetter tous ces scribes du quotidien. Mais il est vrai que je professe un goût pour une littérature des voix, des centaines, des milliers de voix, où le monde tonne en son entier, gronde comme un tonnerre symphonique, démultiplié par la somme des phrases que l'écrivain étale sur la page. Bref, une littérature qui fait vivre autre chose que soi, une littérature sans auteur.
    Pourtant je vous l'accorde : style, musique, univers, singularité... Alors?
    Alors, il est bien tard.

  • Merci pour l'anecdote Slothorp! Elle me fait un peu revoir ma position quant à la comparaison que Taddéï avait fait entre TV-réalité et Journal, que j'avais d'abord trouvé tout à fait incongrue...
    En fait je ne faisais que me la jouer FaNabique, mais cela-dit, je vois bien ce que vous dénoncez là : aussi bien du côté omphallique de l'animal, que de celui d'une confusion entre "le laboratoire et les pipettes". Ce dernier point a été d'ailleurs prophétisé, entre autres j'imagine, par Marcel Aymé dans le "Confort intellectuel" où le narrateur constate ce début de substitution de la littérature par la "vie littéraire"...
    Une autre anecdote, pour briser là, personnelle cette fois : alors que je ne comprenais pas le plaisir littéraire que l'on pouvait éprouver à la lecture de l'"hippopotame" Claudel, c'est en feuilletant son journal (bien moins retravaillé que celui de Nabe) que je crois avoir commencé à comprendre un peu...

    Adios.

  • "Voici donc un syllogisme exemplaire. Le chat a quatre pattes. Isidore et Fricot ont chacun quatres pattes. Donc Isidore et Fricot sont des chats.

    Le vieux monsieur, au logicien.

    Mon chien aussi a quatre pattes.

    Le logicien, au vieux monsieur:

    Alors, c'est un chat."

    extrait de "Rhinocéros", Ionesco

  • Je ne sais pas si MEN entendra ma petite voix dans ce boucan ; MEN, si tu m'entends, entends ça : je ris à te lire, en pleine nuit ou dans le métro - un rire d'enfant à qui on vient soudain de donner le monde. Je t'aime, Nabe, parce que tu es somptueusement aimable.

  • Nabe, le plus grand écrivain actuel tout simplement
    "Une page suffit pour en être convaincu" lui répétait son père

    Nabe a édité son 4ème tract le 1er Mars
    http://marc.edouard.nabe.free.fr/Represente_toi_Nabe.pdf
    A lire et à relire

  • Bof ...

    Si on regarde bien, dans une société, les plus influents se situent toujours "au milieu".

    Aux autres l'espérance de ... la reconnaissance posthume.

    Il faut choisir.


    That's life !

  • depuis queques mois, je fais lecteur de nabe à plein temps....il m'a littéralement débauché.

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