Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La blogmania par Anthony Palou

Voici donc l'article paru dans Le Figaro-Magazine du 05 mai dernier de mon ami Anthony Palou qui était venu me voir dix jours avant pour que je lui dévoile notre Atlantide. Une humilité imbécile mêlée d'une pudeur incohérente (à moins qu'il ne s'agisse de honte mal placée, on ne sait jamais avec moi) me lui fit dire de ne pas citer mon blog dans son texte, mais qu'en revanche il pouvait citer mon nom - et c'est pourquoi La Page de Pierre Cormary n'apparaît pas dans celui-ci alors que moi si. Pour le reste, et d'après ce qu'il m'a dit, il semble que cet article ait pu succinctement éclairer les lecteurs sur ce qui de l'extérieur peut apparaître comme un monde parallèle, autarcique, plutôt fielleux, et qui fonctionne comme une secte, sinon comme un salon virtuel des Verdurin. A nous de voir.

 

medium_Blog_-_André_de_Chastenet..jpg

Actualité | Le Figaro Magazine

La blogmania

PAR ANTHONY PALOU.
Publié le 04 mai 2007
Actualisé le 05 mai 2007 : 15h45

En moins de cinq ans, près de 13 millions de Français ont créé leur blog. Parmi eux, de nombreux écrivains et artistes. D'où vient cette nouvelle mode de l'écriture en ligne ? Débroussaillage.

 

C'est un drôle de monde qui, vu de loin et même de près, reste bien mystérieux aux yeux des néophytes. Une gigantesque jungle dans laquelle l'amateur pourrait bien se perdre. Le monde des blogueurs est un monde où les inconnus se mêlent de tout, de ce qui les regarde et surtout de ce qui ne les regarde pas. Le côté flou, sans contours bien définis, de cette sphère a de quoi fasciner.
Ici, des anonymes fréquentent des personnalités, engagent la conversation, débattent, s'échauffent, piaffent. C'est un lieu démocratique où chacun a le droit de vote. Ainsi, au lendemain du premier tour, les adeptes de la toile pouvaient-ils lire sur le blog de Michel Onfray l'avis du philosophe altermondialiste normand crypto-nietzschéen, énervé par les 31% du candidat Sarkozy : «Le bal des faux culs. Dimanche soir, 22 h 45/00 h 45. Voilà, les résultats du premier tour sont désormais connus. Sarkozy a pompé le Front national jusqu'à la moelle, la preuve, on n'a pas entendu le Duce du Front national débiter ce soir ses philippiques à la télévision sur quelque chaîne que ce soit. Or, habituellement, ses saillies coupent brutalement la parole à celui qui débite ses sornettes pour laisser passer les siennes en priorité. Leçon essentielle, majeure, prioritaire : le bipartisme triomphe, les affidés de la télévision d'Etat retrouvent leurs marques, les professeurs à Sciences-Po respirent, les chroniqueurs appointés par le système peuvent dormir tranquilles...» (michelonfray.blogs.nouvelobs.com). Son texte a suscité plus de 1 000 commentaires dans la semaine de sa publication. Il paraît que la blogosphère, ce nouveau café du commerce ouvert 7jours/7, 24 heures/24, eut une importance non négligeable lors de la campagne présidentielle. Notons au passage qu'une de ses stars est un sympathisant de Nicolas Sarkozy : Loïc Le Meur (loiclemeur.com ainsi que loiquejemeur.blogspot.com). Ce précurseur de la chose virtuelle est à l'origine de plusieurs podcasts politiques, ces vidéos diffusées sur le net. Sa campagne à lui fut d'inciter les militants UMP à créer leurs propres blogs.
Comme on pourra le constater, l'univers du blog est plutôt querelleur. Une cour d'école où l'on se met pour un oui pour un non des coups de pied dans les mollets. C'est un ring où tous les coups verbaux sont permis. Les noms d'oiseau volent parfois si bas entre blogueurs que la justice s'en est mêlée. C'est dire. Un des plus célèbres blogueurs anonymes se nomme le «Stalker» (stalker.hautetfort.com). Le «Stalker» est le pseudonyme (inspiré par le célèbre film éponyme de Tarkovski) de Juan Ascencio, dont le nom figure dans les remerciements du dernier livre de Maurice G. Dantec. Le «Stalker» est aussi un fervent supporter dudit écrivain sulfureux et un admirateur de Georges Bernanos, Charles Péguy, Pierre Boutang... Son blog contient des charges violentes contre ses ennemis en ligne. Pierre Cormary est un de ceux-là, une des cibles du «Stalker». Son crime ? S'être engagé pour le «oui» lors du référendum sur l'Europe et l'avoir revendiqué sur son blog. Il est des choses avec lesquelles on ne plaisante pas sur le web. «C'est un milieu très violent, précise ce dernier, fier d'être un blogueur controversé. Il faut aimer ça.» La joute est souvent le carburant des blogueurs.
Dans ce laboratoire d'idées, ou plutôt d'opinions, bouillonnent des esprits graphomanes ravis de pouvoir s'exprimer. D'où le côté «poubelle» de la blogosphère, hébergement idéal des extrêmes de toutes espèces. Ici, on aime les marges et les «maudits», les recalés de la vie sociale. Les geeks (passionnés de la toile), comme on dit, ont bonne presse. Il y a parfois des remontées d'égout peu amènes. En se promenant dans cette forêt interlope, on s'aperçoit sans être un expert que 99% des blogueurs sont, disons-le, de piètres prosateurs. Alors doit-on jeter le bébé avec l'eau du bain ?
Souvenons-nous plutôt de ces fameux fanzines des années 60-70, torchons mythiques d'où émergeait parfois un formidable talent. Il y a trois ans, Catherine Sanderson, une jeune Anglaise vivant en France, créa son blog (petiteanglaise.com) où elle consigna un journal pas intime - «extime», dirait Michel Tournier - puisque lu par des milliers d'internautes. Secrétaire dans un cabinet d'experts-comptables, elle livrait en pâture ses états d'âme, ce qui lui valut d'être licenciée sous prétexte que son blog entachait l'image de sa société. Mais sa triste histoire ne tardera pas à remonter aux oreilles de la célèbre maison d'édition Penguin - tout se sait sur le net ! -, qui lui proposera 700 000 euros d'à-valoir ! Le blog, nouvelle passerelle de l'édition ? Et pourquoi pas.
Selon un récent recensement, la France compterait près de 13 millions de blogueurs - donc d'apprentis écrivains. On ouvre son blog comme on ouvre un restaurant et tout le monde vient goûter les plats. Depuis la naissance de ce phénomène de société, chaque citoyen peut se croire Nothomb, se rêver Houellebecq. J'écris donc je suis. Un jour, Philippe Sollers, répondant à quelques critiques féroces, eut cette phrase lourde de sens : «En France, tout le monde est écrivain sauf moi.» La boutade n'était pas sans saveur. A ce propos, il est amusant de visiter le blog de Raphaël Juldé (megalo-monjournal.chez-alice.fr). Cet étudiant, écrivain amateur, publie depuis 2001 un journal intime original intitulé Moi et autres sujets de moindre importance sans sauter une seule journée. Sa particularité ? Il ne lui arrive absolument rien à part les quelques lectures qui ponctuent ses longues journées. «Inapte à l'action», pour reprendre une expression de Gabriel Matzneff, grand amateur du journal intime, mais pas blogueur. Ah, cette manie bien française de raconter sa vie, de donner son avis. D'être entendu. Le monde comme un divan. En toile.
Lien permanent Catégories : Dasein Pin it! Imprimer

Commentaires

  • Ridicule fantasme ! Lis Léon Daudet, les cafés 1900 et salons littéraires étaient tout autant animés que le Web sans parler des salles de rédaction ... pour ta gouverne nous n'avons pas inventé le crépage de chignons entre gens de lettres !

  • C'est la gloire !

  • Parce que nous sommes des gens de lettres ?


    (Merci cousin. Gloire très relative tout de même)

  • Pierre, je conseille à votre ami de se relire avant d'envoyer son prochain
    papier : "anonyme se nomme..." : il faut l'oser.

  • Idem pour "Le «Stalker» est le pseudonyme (inspiré par le célèbre film éponyme de Tarkovski) de Juan Ascencio..." qui ne veut strictement rien dire.

  • Gens de lettres ou gens de paille, c'est la même chose non ? words, words, words ...

  • Si un jour je vous censure, Driout, ce n'est pas parce que vous aurez été désagréable mais c'est parce que vous aurez été ennuyeux. Vos petites phrases idiotes, vos citations à la con, votre ironie de Prisunic, tout cela commence à me fatiguer menu. Alors comme je suis bonne poire et que j'ai la faiblesse de croire en l'humanité, je me dis toujours à votre propos "quelque chose de tonique, de drôle, de piquant va sortir un jour de ce gars-là qui n'a pas l'air ni plus bête ni plus méchant qu'un autre". Mais non rien. Et même si j'aime avoir des commentaires, les vôtres commencent à user ma vanité.

  • Ne censure surtout pas ta vanité cela ferait de la peine à tout le monde !

  • iPidiblue m'amuse, beaucoup plus que votre Anthony Palou dont l'article est nullissime .
    Si Montalte ne veut plus de vous, iPidiblue, nous irons vous lire ailleurs, par exemple chez le Stalker ou Transhumain .

  • Nullissime ou vexant ?

    (Driout chez Juan ou le transhumain ?? J'aimerais bien voir ça...)

  • Pardon, Montalte, mais je croyais que nous étions entrés dans l'ère du : "Ensemble, tout est possible" !

  • Hauteclaire,
    je crois qu'effectivement que le garçon est "tricard" (mais il n'est pas le seul à avoir ce privilège) dans la zone et ses dépendances.

  • Hélas vous pouvez le voir dès aujourd'hui.

  • Tiens, pour une fois je suis d'accord avec Tlön : c'est tout de même assez mal écrit, truffé de fautes (factuelles, de grammaire, d'orthographe...) pour le moins comiques et in fine ce n'est pas très profond.
    En fait, ce Palou ne fait que répéter les discours convenus sur les blogs... Il n'a même fait qu'un papier en dessous de celui que l'une de ses propres collègues, la très charmante Astrid de Larminat, avait écrit sur les blogs littéraires, il y a au moins deux ans, pour le Figaro littéraire (je crois), qui mentionnait Stalker.
    Par exemple sur la violence de mes charges : d'accord, je m'en prends à quelques blogueurs, mais franchement est-ce tout ? 500 notes sur plusieurs dizaines d'auteurs, écrites par moi ou une bonne trentaine d'autres auteurs, pour ne retenir que quelques étripades entre blogueurs ?...
    Tiens, cela me donne d'ailleurs l'idée d'écrire quelques lignes sur l'anniversaire (3 ans !) de la Zone. On verra, j'ai peut-être une idée qui surprendra...
    Pourquoi n'a-t-il pas dit que j'avais plutôt concentré mes tirs contre quelques gloires médiatico-littéraires : Sollers, Nabe, Onfray, même Steiner ? Pourquoi ne pas avoir précisé que mon admiration pour Dantec était absolument tout sauf béate, disons celle du frontiste mononeuronal amateur de fan club hyper-stratosphériquement consensuel ?
    Pfff...
    Bon sang Montalte, tu sais parfaitement qu'il y a bien d'autres choses à dire ou écrire, même dans le cadre imposé d'un papier limité à tant de signes... Les réflexions d'un Dominique Autié, par exemple, sur l'acte d'écrire par blog sont tout de même à quelques années-lumière de ce texte, où même différents de mes papiers, par exemple contre la revue Netizen ou répondant justement aux textes d'Autié !
    Même Driout dit pas mal de choses justes sur la petite gloire virtuelle derrière laquelle courent 99% des blogueurs (Versac, Le Meur, etc.).
    Driout encore (non mon chéri, ce n'est pas une déclaration, ne vous emballez pas, je suis hétéro à 1000%) a parfaitement raison d'évoquer Daudet fils : la presse du début du siècle passé était d'une violence (très souvent ad hominem) qui aujourd'hui terroriserait les chaumières.
    De ce fait, oui, la violence, la polémique, parfois talentueuses, sont effectivement passées sur la Toile, ayant déserté les salles de rédaction où l'on ne pense pas ou alors ou l'on pense comme 1) son rédac'chef ou 2) comme son confrère et ennemi du canard d'en face, ce qui veut dire que l'on ne pense pas...

    PS : Montalte, tu as bien raison de penser que tu as eu bien tort d'être trop modeste. Voilà quelque chose, je commence à l'apprendre, qu'il ne faut jamais donner l'impression d'exsuder face à un journaliste... Au contraire puisque, de toute façon, il ne ressortira de l'article qu'une moyenne, autant lui en coller plein la vue...
    Ainsi, en tant que lecteur lambda, je ne retiens que deux seuls exemples du vague papier de Palou, Stalker et Bartleby (je dis cela en toute objectivité, qu'on ne m'accuse pas encore de je ne sais quel népotisme...), ce qui me fait penser que Juldé, ENFIN, va pouvoir emballer la caissière de son Prisunic et finir par lui rouler une simple pelle, ce qui se traduira par 3272 pages de texte !
    Une véritable révolution copernicienne que cela !

  • Le journaliste cherche la facilité, la banalité et la rapidité. Il trouve la médiocrité, la frilosité, l'imbécilité, la docilité. Le résultat est affligeant. La médiacratie bruyante car n'ayant rien à dire elle doit bavarder sans cesse pour masquer son néant.

  • Personnellement, je ne trouve rien à redire de cet article - sauf peut-être l'orthographe d'Asensio, et je trouve un peu ridicules les mauvaises humeurs des blogueurs qui réagissent comme si on ne leur avait pas consacré tout le magazine ! Franchement Juan, Palou n'allait pas présenter le Stalker en long en large et en travers, et force est de constater que lorsqu'on fait "Cormary" (puisqu'il est parti de là) on tombe en effet sur nos débats sur l'Europe et les gentillesses que tu me fis à l'époque - beauf constipé ou collabo diabétique je ne sais plus... Et puis tout de même ! Tu es d'abord connu pour tes coups de gueule et ta verve bloyenne ! Ton style avant ta substance, comme chacun d'entre nous me semble-t-il. Cela dit, dans ce papier, et comme tu l'as dit toi-même, tu t'en sors bien, comme Raphaël d'ailleurs, ce n'est donc pas si mal que ça, si ? Par ailleurs, je trouve vos critique de la médiacratie aux uns et aux autres, Samuel par exemle, bien trop systématique pour être crédible. Sur ce point, Onfray avait raison, ce n'est vraiment pas la peine de critiquer TF1 si l'on réagit comme TF1. Et la minorité n'est pas un gage de qualité. On peut être l'inverse d'un grand média et être aussi sectaire que lui. Et avouons franchement que nous brillons pas par notre sens de la nuance ! Non, cet article n'est certes pas le grand dossier sur la blogosphère que peut-être certains d'entre vous attendent, mais il présente de manière claire et critique notre bouillante voie lactée. Et il est en tous cas mille fois plus favorable que celui de Raphaël Enthoven paru il y a quelque temps dans Philosophie magazine où l'on nous présentait tous comme des petites bites rêvant d'érections - ce qui n'est pas si faux que cela non plus. Désolé, je vous adore tous, mais au musée comme sur le net, je n'ai vraiment pas l'esprit de corporation.

  • Non, bien sûr, Pierre, il était forcé de choisir son angle d'attaque et puis je ne me plains pas d'avoir eu ces quelques lignes même si, à ce jour, je puis en mesurer, à la connexion près, la notable influence : 150 connexions... !
    Reste que c'est absolument toujours le même, cet angle : la polémique, pas même, la diatribe, et en plus avec toi (diabétique ne me resemble guère, ce n'était pas plutôt diarrhéique ?). Donc ce papier, il est réducteur, accrocheur, vendeur bref, journalistique et tu sais comme moi comment cela fonctionne : Loïc le Meur ? Il en parle parce que tout le monde en parle, idem pour Onfray (qui va faire un livre de son blog, il ne perd pas le Nord celui-là). Stalker et Juldé ? Uniquement parce que tu connais Palou et que c'est TOI qui lui a parlé de ces deux blogs, je me trompe ? Je le sais parce qu'Astrid de Larminat avait fait de même, me demandant d'autres blogs qui me paraissaient intéressants et je crois bien que j'avais cité celui d'Olivier Noël à l'époque...
    Donc ce n'est pas franchement un bien grand boulot d'enquête tout de même.
    Ceci dit, encore une fois, je ne me plains pas, non non non, je m'en sors effectivement assez bien.
    En fait je m'en fiche, de tous ces journalistes qui se pâment devant le "phénomène" des blogs et qui n'en font guère une brillante analyse mais répètent ce qu'ils ont lu dans d'autres papiers tout aussi peu documentés et inventifs ou peu s'en faut.
    Dans le même nombre de signes, on pouvait dire, j'en suis certain (d'ailleurs, tout le monde l'est sauf toi, Pierre; de même que tous ont raison de moquer cet anonyme éponyme qui finalement porte un nom... mal orthographié...!) dire 2-3 petites choses bien senties, par exemple que le blog de Soupline est, que celui d'Onfray est...

  • "Stalker et Juldé ? Uniquement parce que tu connais Palou et que c'est TOI qui lui a parlé de ces deux blogs, je me trompe ?"

    Ben évidemment que c'est moi ! J'ai cité d'ailleurs d'autres blogs que j'ai en lien (notamment les cinéphiles) mais Palou n'a retenu que les vôtres et pour la bonne raison qu'ils sont à la fois très différents et très caractéristiques des blogs littéraires : le journal intime et la polémique. Quant à Le Meur et Onfray, ils sont inévitables quand on s'intéresse à ce phénomène. Sans oublier la petite anglaise qui est l'exemple même de la blogueuse remarquée par les éditeurs. Maintenant, traitant de manière générale de la blogosphère, il était difficile de rentrer précisément dans les conflits particuliers et encore moins de prendre parti pour l'un et contre l'autre. Encore qu'il ironise largement quand il cite celui d'Onfray - "philosophe altermondialiste normand crypto-nietzschéen énervé par les 31% du candidat Sarkozy".
    Cela dit, moi-même, je ne me plains pas du tout puisque ma "parole" y est citée et que je suis très content d'être "le blogueur controversé" de service. Comme quoi, toutes les vanités ont été respectées.

  • "l'acte d'écrire par blog"... sic.
    Et pourquoi pas l'Essence du s'Inscrire-Sur-Meetic ?
    Et toute cette enflure de "blogosphère" (mon...globe oculaire) de se prendre pour la planète littéraire !

    Patrice, tout ça pour un copinage...

    PS : et pendant ce temps sur les ondes hertziennes, un vieux Lion...

    PS 2 sans rapport quoique : alors, elle est contente la pousse-à-la guerre ?

  • Mais oui, je n'ai pas de gêne : l'acte d'écrire par blog.
    Que l'on vienne me dire si les textes d'un Slothorp, ceux d'un Transhumain, d'un Autié, d'un Systar ou, quand il s'applique, d'un Montalte ne sont pas écrits ?
    C'est tout de même marrant les couillons qui découvrent perpétuellement l'eau chaude : nous sommes plusieurs à railler les prétentions de la blogosphère, je me suis fendu la gueule en taillant un costard à l'inepte Netizen, je moque tous les adeptes du pseudo-philosophico-érudit-je-te-copie-colle du vieux finois dans le texte et il y a toujours un lémure d'arrière-mare pour venir nous faire la leçon, mauvais jeux de mots inclus (façon, tout en critiquant les autres, de montrer, hein, que l'on sait sa langue...).
    Donc l'ami, allez faire un tour sur Meetic si vous n'y êtes pas déjà inscrit : vous verrez peut-être, même si j'en doute, certaines petites différences entre le SMS prêt-à-être-baisé et nos différents blogs...

  • Je confime, Juan : ton blog n'est vraiment pas du prêt-à-être-baisé :-))

    A part ça, il ne s'agit pas de savoir si tes textes et ceux des autres blogueurs sont "écrits" ou non : il s'agissait juste de trouver le fait d'avoir des "réflexions sur l'acte d'écrire par blog" légèrement ridicule. En revanche (et pour me fâcher avec tout le monde de façon équitable), je trouve effectivement l'article plan-plan, et doute qu'il éclaire les lecteurs, même "succintement". Il continue plutôt de vous faire passer comme "un monde parallèle, autarcique, plutôt fielleux"... j'ai médit : cet article est donc bien éclairant ;-)

  • Encore une fois, il me semble que l'on confond divers niveau d'analyse. Essayons donc de débrousailler la sente.
    1) "L'acte d'écrire par blog" : A ma connaissance, je ne connais pas de blog dans lequel serait mise en jeu une spécificité de l'écriture par blog, je veux dire par là une utilisation littéraire des spécificités du blog (utilisation des liens, jeux avec les commentaires etc...). Je ne sais d'ailleurs pas si une telle mise en jeu est possible et/ou féconde...
    2) Un espace dans lequel des sensibilités peuvent s'exprimer, avec plus ou moins de talent, sous une forme qui reste classique. "Les papiers" d'Asensio ou de Montalte ou de... peuvent trés bien faire l'objet d'une parution en revue sans qu'on y change grand chose, le support ne change rien à l'affaire. Le blog est alors ce lieu où certains, parcequ'ils ne peuvent le faire ailleurs pour des raisons que l'on n'analysera pas ici, où certains donc peuvent "célébrer, voir et pontifier" (pour reprendre les termes de D. Autié). N'en déplaise à Asensio, il n' y a pas véritablement de différence de fond, pour le style c'est bien entendu toute autre chose, entre ces blogs et les blogs dits politiques. Il s'agit au bout du compte d'exercer une activité critique ou éditoriale dans un espace de diffusion à l'accès "démocratique" (on peut me semble-t-il dire la même chose pour les blogs "poétiques" ou photographiques par ex). Je précise encore une fois qu'il n'est pas question ici de juger de la qualité de tel ou tel.
    3) Reste, selon moi, une troisième option qui est celle de la mise en avant d'une subjectivité qui apparenterait le blog à une forme du journal intime et/ou littéraire qui se donnerait à lire, et c'est là que résiderait une certaine forme de modernité, au fur et à mesure de sa confection. On comprendra que c'est cette option que j'essaye de privilégier. Prendre acte du "caractère démocratique" du blog, le considérer comme une forme mineure de ce fait-même, pour n'en garder que le caractère purement subjectif, l'émanation d'une personnalité. En espérant que cette personalité trouve un écho chez un éventuel lecteur. Il ne s'agit plus tant de convaincre, que d'essayer d'établir des correspondances. Précisons que forme mineure n'induit pas qu'il ne faille pas établir des hiérarchies (je renvoie au texte de Baudelaire sur la question à propos de E. Sue).
    Bien entendu, il va sans dire qu'aucunes des formes n'excluent les autres, et qu'à l'intérieur d'un même blog elles peuvent coexister.
    Voilà, j'en ai fini de ma modeste contribution, et si on pouvait éviter les injures ce serait pas plus mal.

  • Une contribution bien moins modeste que vous ne le pensez, cher Tlön. Car c'est exactement cela :

    - L'écriture du blog reste relativement classique et c'est quand elle se "bloguise" un peu trop qu'elle tombe dans une autarcie quasi-consanguine, absolument illisible pour les non-blogueurs. De toutes façons, et comme je l'écrivais un jour dans un post qui est précisément devenu un article, "Dostoïevski se fait de plus en plus rare sur la toile" pour la bonne et simple raison que s'il y en avait un, il partirait tout de suite se faire éditer - ce qu'au fond nous cherchons tous à faire. En ce sens, le blog n'est qu'un passage initiatique, un brouillon de nos futurs chefs-d'oeuvres, une mise à plat de notre génie. Et qu'entre ceux qui dans dix ans seront réellement publiés et ceux qui en seront restés au blog, il y aura comme un "malaise".

    - Tel que je le pratique (avec passion), le blog est pour moi un laboratoire littéraire, "métaphysique" (oh les mots plus gros que moi !) et surtout idiosyncrasique. Je tente de mettre mes idées en place (si tenté que j'en ai, ce qui reste à prouver), de choisir les mots qu'il faut, et de me rendre compte que ce sont les mots qui me donnent des idées et non l'inverse, parfois d'essayer les uns et les autres pour voir comment ça marche, le tout en n'oubliant jamais ce souci, sinon cette sculpture de soi, qui me caractérise. Et c'est pourquoi lorsque quelqu'un me dit que je dis des conneries mais que je les dis bien, cela suffit amplement à mon orgueil. Car je ne suis ni critique ni professeur et que tout mon effort, ma peine et ma joie sont dans la plus juste formulation. Etant dénué de lyrisme et d'érudition, pour moi, bien écrire, c'est bien dire, et bien dire, c'est bien être. Comme dit l'autre, écrire, c'est vivre (au moins survivre !).

    - Alors en effet, le blog est bien une forme mineure d'expression mais qui a sa valeur propre et sa légitimité à exister et qui, comme vous le dites, cherche moins à convaincre qu'à établir des correspondances, des résonances.... et de la séduction.

    -Celeborn, t'es rien qu'un Jean-Rémi ! et comme d'habitude, tu as tristement raison. A demain peut-être ?

  • Pierre, vous êtes un logocrate qui s'ignore !
    Par votre exigeance vous vous situez déjà très au-dessus de 99% des blogs existants.
    Par contre je suis en désaccord avec vous lorsque vous dites que si un Dostoïevski surgissait aujourd'hui (pure grâce divine) il irait se faire éditer immédiatement. Un tel écrivain ne trouverait pas d'éditeur en France.

    Cher Juan, c'est précisément le travail de cette époque merdeuse de rendre impossible toute distinction entre Shakespeare et Barbara Cartland puisque le XIXème sicle est devant nous.

  • Tlön, Montalte : tout de même, attention, tous les papiers que j'écris pour Stalker ne sont pas publiables tels quels.
    Certains mêmes, réécrits, ne le seraient toujours pas parce qu'il a y a une spécificité de l'écriture virtuelle. Ceci dit, j'ai fait paraître en recueil (La Critique meurt jeune) certains de mes textes publiés dans la Zone (ceux sur Dantec). Pourquoi ? Effectivement parce que je les avais écrits non pas en vue d'une publication future (on n'est jamais vraiment certain de cette possibilité qui ne reste trop souvent que cela, une possibilité : voir mon éternel manuscrit sur Judas...) mais comme s'ils pouvaient être publiés sur papier.
    Vous allez un peu vite tout de même : un écrivain comme Autié esaie, toutes les fois qu'il le peut, de réfléchir à ce que suppose l'acte d'écrire sur, dans ou un blog et ses réflexions sont souvent passionnantes même s'il surestime à mon sens cet outil (formidable, génial, mais... : outil) qu'est le Ouaibe.
    Enfin, sur la finalité de tout cela.
    Montalte nous parle de parution imprimée : en effet, il faudra bien, un jour ou l'autre, que tu perdes ton pucelage mon coco parce que, pour être un peu cinglant, c'est d'ores et déjà que nous ne sommes pas, les uns et les autres, à égalité.
    Tu verras : c'est un enfantement (ses affres, ses peines, ses joies) que de publier un livre, puis de le défendre, puis de s'en détacher.
    Tlön, lui, évoque les correspondances. Encore d'accord même si, c'est là un autre débat, il confond à mon sens correspondances et simples rapprochements, par paresse, le copié-collé ne donnant que de vagues résultats, n'ayant d'ailleurs donné que de vagues résultats lorsqu'il fut systématisé par les surréalistes.
    Un copié/collé, aussi surprenant soit-il, JAMAIS, je dis bien : JAMAIS ne remplacera une écriture, fût-elle la plus médiocre de la galaxie.
    Je tente de faire autre chose avec la Zone et c'est ma foi parfaitement immodeste, donc immoral aux yeux des pucelles : enseigner, de façon paradoxale bien sûr mais enseigner, id est : provoquer un accouchement. Parfois même, pour aller dans le sens, effectivement, de Tlön : convaincre, ce qui suppose bien sûr une relation de force/séduction, bien visible je crois dans Stalker sauf (encore que...) lorsque je me dépouille et apparaîs nu comme un ver. Si je puis ramener quelques belles Sabines dans la Zone, je ne vais tout de même pas m'en priver, n'étant pas, je crois comme beaucoup d'entre nous (je reste prudent avec le ou les Consanguins) asexué, mon écriture exsudant même, selon certains jaloux et quelques femelles se pâmant (sans compter le cas des gouines et pédés, que j'indispose à loisir, tant mieux), la virilité. Je revendique tous ces traits, qu'on les appelle qualités, défauts ou mélanges des deux.
    Il s'agit de réveiller les consciences car voyez-vous, je crois que, au final, c'est l'urgence qui me force à écrire.
    Ma colère.
    L'urgence de ma colère diront les mauvais poètes.
    Plusieurs méthodes, en vrac : le recours à l'hermétisme, le refus des commentaires (ces derniers temps, je me laisse aller) qui est pourtant à mes yeux respect souverain de mes lecteurs, le recours à des auteurs réputés infréquentables, des textes polémiques, une contestation des autorités en place, surtout politico-médiatiques et médiatico-littéraires, une mise en danger personnelle, avec certains textes pas franchement universitaires (j'en écris aussi, je n'ai pas de mépris lorsque l'université nous permet... d'en sortir), etc.
    En fait, pour le dire simplement : une écriture non obvie, férocement littéraire (ce qui emmerde au plus haut point les apprentis philosophes) mais pourtant chargée de références philosophiques (ce qui emmerde au plus haut point les apprentis littéraires) qui choquera, forcera, férocera, étrillera, posera des questions, me fera recevoir des paquets de courriels plus ou moins choqués/agacés/colériques/insultants/fascinés/admiratifs/amoureux (parfois le tout dans un seul mail : cocktail explosif !) tout ce que vous voudrez mais surtout, ne point laisser indifférent, ce qui est finalement l'objetif non déclaré de 99% des blogs qui, en nous entretenant de leur précieux nombril, se réfugient volontairement dans l'insignifiant absolu.
    En parlant de lui, en grattant ses plaies pulvérulentes, son manque de foi, ses appétits charnels, sa misère de pécheur, sa nuque raide d'intellectuel impénitent, Montalte prétend intéresser la terre entière (de langue française, cela réduit ses ambitions) et il a parfaitement raison. La différence ? Lui assume d'être ce paquet de chair et d'humeurs capable pourtant d'exultation(s) tandis que tant d'autres crèvent de se savoir chair, eux qui ne sont même pas esprit.
    Finalement, la démarche de Montalte, ayant systématiquement recours à la première personne du singulier et nous exposant sa misère insigne (il est une sorte de croisement monstrueux entre Jean-Baptiste Clamence et le nain de Lagerkvist, soit un méchant épris d'idéal et condamnant soi-même donc tous les autres), misère pascalienne bien sûr qu est donc quête d'idéal, finalement cette démarche est assez comparable à la mienne.
    Je continuerai peut-être, il ne s'agissait là, je l'ai dit, que de quelques remarques venant au fil du clavier, donc sans doute désordonnées.

  • Moi l'article m'amuse plutôt (comme les commentaires de Driout, d'ailleurs, mais il faut croire que tout m'amuse plutôt, en général...). Etre reconnu à cause de mon inaptitude à l'action et du vide de mon existence, je trouve ça hilarant.
    Pour le reste, évidemment, c'est très facile : à mon propos, il s'est contenté de répéter ce que j'écris moi-même à longueur de temps, ce qui sous sa plume pourrait paraître bizarrement malveillant : "Sa particularité ? Il ne lui arrive absolument rien à part les quelques lectures qui ponctuent ses longues journées". C'est exact, je suis pion dans un lycée, j'écris un roman, un journal sur Internet, un blog sur le punk, je travaille avec des amis à une future exposition consacrée à un personnage fictif, mais à part ça il ne m'arrive absolument rien. 'Inapte à l'action', c'est vite dit : c'est mon propre jugement, évidemment sans aucune indulgence, puisque si je m'aimais un tant soit peu, je n'aurais pas besoin d'écrire. Ce que je veux dire, c'est qu'un journal intime donne généralement une image négative de son auteur. J'écris parce que, pour des raisons physiques, il m'est difficile de me cracher moi-même au visage, vous en conviendrez. Le lecteur qui survole vite fait le journal en question pourra penser : "Tiens, ce type là écrit qu'il a une vie de merde, donc il a une vie de merde...", alors qu'un autre, qui lit le même journal régulièrement, pensera peut-être : "Il écrit qu'il a vie de merde, mais moi je la trouve intéressante, sa vie : d'ailleurs je le lis tous les jours..."

    On peut tous espérer l'avis du lecteur idéal, celui qui nous comprendra mieux que nous-même, mais comment attendre plus de cet article, qui ne fait que résumer brièvement ce qui se trouve dans une poignée de blogs ? On va faire la fine bouche parce qu'Anthony Palou nous règle trop vite notre compte ?... Bof ! Soit on juge cet article à sa propre valeur et c'est déjà bien d'avoir été évoqué dans un magazine daté du 5 mai 2007 (et qui sera donc vite oublié), soit on considère que ce qu'a écrit Palou est "nullissime" et convenu, et on donne à son article bien plus d'importance qu'il n'en a... On parle de nous, c'est déjà ça, on ne va pas en plus exiger d'être compris !

  • "A ma connaissance, je ne connais pas de blog dans lequel serait mise en jeu une spécificité de l'écriture par blog, je veux dire par là une utilisation littéraire des spécificités du blog (utilisation des liens, jeux avec les commentaires etc...). "
    Ce genre-là en plus oulipien ? http://la.cote.free.fr/canclaux/blog.html

    Raphaël Enthoven a vraiment parlé de ma bite dans Philosophie Magazine ?

  • Raphaël
    Je vais y jetez un coup d'oeil, mais là ça me semble plus une sorte d'annuaire...la forme à laquelle je pense reste me semble-t-il à inventer mais comme je l'ai déjà dit, je ne sais pas si elle peut-être féconde.

  • "On parle de nous, c'est déjà ça, on ne va pas en plus exiger d'être compris !"

    OUI, CENT FOIS OUI Raphaël !!!! Et puis être compris, c'est être pris ! Rien de mieux que de semer l'équivoque. Et comme tu le dis, on ne peut retourner décemment contre quelqu'un le propre jugement qu'il a de lui. Si j'écris que je suis un sale connard, le vrai lecteur pensera "allons donc ! toujours à se détester le pauvre Talte !" et même "eh bien, toujours à nous faire croire qu'il se déteste !" et encore "bon, Talte se branle encore !" mais celui qui dit "ce Talte est un sale connard" en est un plus que moi. C'est le fameux pacte autobiographique et qui est, quand on y pense, toujours à l'avantage de l'auteur, ce qui paraîtra obscène et impensable pour le non-lecteur, j'entends le lecteur non littéraire, et qui peut être autant l'homme du droit ou du bon sens que la mère de famille. Par exemple, un non lecteur trouvera vraiment répugnantes les Confessions de Rousseau. Et la vie de Raphaël pourra apparaître au vrai lecteur amusante, infinie dans son "néant", profonde, douloureuse et universalisable, voire pascalienne. Car lui aussi cherche en gémissant...

    Un point pour vous, Samuel. Le nouveau Dostoïevski aurait en effet du mal à trouver un éditeur français... Encore qu'il y ait des lueurs d'espoir. Voyez Littell.

    Un Jean-Baptise Clamence ? Ah mais ça me va comme un gant, Juan, avec qui j'ai "la même démarche pascalienne" en plus ? Menou-Segrais et Donissan, diable ! Depuis toujours, j'adore ce personnage et ce livre, le meilleur de Camus à mon avis. Et je lirai Le nain de Lagerkvist. Pour l'heure, je sors d'Armance, et je crois que le personnage d'Octave va rejoindre mon guignol's band intime avec Philinte, Adolphe, Des Esseintes, Charlus, Menou-Segrais, et Jean-Baptiste Clémence donc... Mes ultra-virils à moi !

  • Ornytho, pour ne pas tout mélanger je me suis permis de mettre votre commentaire sur la vidéo de Nabe parlant de Sarkozy dans le fred de "Sarkozy urbi et orbi" où la discussion peut d'ailleurs continuer pour les plus enragés...

  • Si c'est une guerre, Patrice, Dieu ! Qu'elle est jolie ! Oui, je suis contente .

  • Hautepastrèsclaire, l'égocentrismoparanoïa, ça doit se soigner, enfin j'espère...
    ... à moins que ce soit de l'érotomanie, si j'en crois votre discours courant.

    Patrice, "le mur murant Paris..."

    PS : au fait vous êtes qui ? quoi ?

    PS bis : ... parce que l'intéressée (je n'ai pas dit "intéressante") se sera reconnue, toute nue.

    PS ter : salut à Cele une fois de plus (pas 1000% hétéro lui, ni "viril" comme un tacle vicieux sur le pré - ce qui lui permet de recevoir des mails privés, ET sensés). Et comme Cormary, de "s'appliquer" pour d'autres que la galerie.

  • Raphael vous attendiez désespérement d'avoir la vedette sur le blog de Montalte. Voilà qui est fait, vous êtes enfin célèbre, et vos efforts récompensés !

  • Etre célèbre sur le blog de Montalte ? Vous êtes sûr que je le suis plus ici que sur mon propre site ? Faudra que je vérifie mes stats...

  • "Il a y a une spécificité de l'écriture virtuelle" (dixit Asensio) et, à mon avis, elle participe de l'écriture parlée et de l'écrit littéraire. Cette bonne parole bien nourrie que l'on voudrait tous pouvoir extraire de nos profondeurs - escamotant les expressions creuses, composant les élégantes allitérations, exprimant la finesse ou la grossièreté de nos sentiments, de nos pensées. On voudrait parler comme on écrit et écrire comme on parle. Et être entendu (ou pris et compris). Par ce "lecteur idéal, celui qui nous comprendra mieux que nous-mêmes", celui en qui résonne notre parole, avec laquelle il se reconnaît en sympathie. Parce que le silence, la solitude ou l'indifférence, on la vit chaque jour, à plus ou moindre degré. Alors, le blog comme panacée? Pourquoi pas! ("Tout ce que vous voudrez mais surtout, ne point laisser indifférent" - Asensio, encore.) Ça me semble d'ailleurs évident que la reconnaissance de l'individualité (notre "précieux nombril") soit le but premier de tous ceux qui tiennent un blog, qu'il soit littéraire, politique, commercial, intime, etc., etc.
    Avec un certain amusement, je constate des commentaires que l'article de Palou donne dans le nanananère: on s'appuie dessus pour déterminer qui pisse le plus, le mieux et le plus loin.

  • Kate, j'ai dû mal m'exprimer ou alors vous m'avez bel et bien compris de travers.
    Il est pourtant clair à mes yeux que je me contrefous d'entretenir mon lecteur de mes errances, vie privée et même vie publique : je veux choquer pour la simple et bonne raison que je veux, en choquant, attirer l'attention de ces lecteurs sur les auteurs que j'aime. Certes, je ne m'interdis pas des billets au ton plus personnel mais il y a toujours, je crois ou du moins je l'espère, quelque parabole littéraire alors...
    Ma démarche est risquée et, je le sais bien, n'a pas manqué d'être critiquée : mais pour rien au monde je ne voudrais écrire comme notre sympathique Bartleby le fait, afin d'affirmer une vérité littéraire du style : "Aujourd'hui, promenade, avec Sacàpuces, dans le Prisunic de la rue de la Disette. Croisé une nouvelle fois Nathalie, la belle caissière aux joues roses qui ne m'a pas regardé bien sûr. Je dois me résoudre à cette triste vérité : les filles ne rougissent jamais lorsqu'elles me regardent..." ou un truc dans le genre...
    On pourra me rétorquer que Juldé évoque ses lectures, parfois même (il ne le fait plus) écrit des articles pour de vraies revues.
    Certes mais, si j'écris, c'est en somme pour m'effacer derrière les auteurs que je veux servir, lui se nourrit de lui-même, c'est d'ailleurs terrifiant les ressources qu'il semble avoir...
    Ces putains de blogs crèvent justement le plafond de l'insignifiance si je puis dire parce qu'ils sont centrés sur un nombril ou un trou de balle pris pour le centre de la galaxie, ce qu'ils ne sont pas.
    L'égotisme n'est génial que lorsque celui qui écrit l'est, c'est assez rare tout de même : Baudelaire, Kafka, Joubert, Amiel, Kierkegaard, sans cela, c'est à crever d'ennui...
    Ou alors il faut être méchant comme Montalte-Clamence, mais Bartleby est désespérément bon, donc emmerdant. Lol ;) comme disent les jeunes que Juldé surveille...

  • Pourtant, Juan, Raphaël me semble être du côté d'Amiel. La vie velléitaire, les projets qui n'avancent pas, le regard sur soi aussi insistant que stérile, des hommes et des femmes qui passent, une passivité toute déprimante mais bien littéraire, c'est tout l'art de Juldé non ? Et son journal a en ce sens un véritable intérêt narratif, drolatique et avec de beaux portraits et un vrai sens des non-situations.
    Tenant moi-même un journal intime depuis vingt ans, j'ai souvent été tenté de le continuer sur internet. Mais étant en même temps moins pudique et bcp plus sauvage que Raphaël, je me suis dis qu'il était plus sage de faire autre chose. Encore que je me suis promis de le tenir une fois tout un mois entier sur le blog.
    A propos d'égotisme, bizarre que tu ne cites pas Stendhal que je suis comme par hasard en train de relire... et qui est génial.

  • Stendhal bien sûr, et quelques autres tout de même, comme le peu connu Herling ou encore Klemperer, celui de la LTI.
    Oui Pierre, j'ai été un peu dur, rigolant moi aussi bien souvent en lisant notre Bartleby, pour lequel j'ai une certaine affection (comme tous ceux qui le lisent je crois).
    J'ai beau rire, je ne l'en plains pas moins car il est tout de même étrange de ne vouloir ou de ne pouvoir écrire que sur la Toile (hormis saon bref passage dans le journa de Vebret).
    C'est un support finalement très fragile, la Toile, beaucoup plus, paradoxalement, que l'imprimé.
    Et puis, la neurasthénie érigée en art de vivre : oui, cela a son charme, c'est même la pente facile et dangereuse de tous ceux qui écrivent je crois mais, je le répète, il faut alors être d'une prodigieuse méchanceté, lorsque l'on croupit dans son sous-sol dostoïevskien, en vouloir à la terre entière, gueuler sa rage, obliger à faire paraître Dieu sur le bord du ciel, en face de sa créature comme l'écrivait à peu près Ribemont-Dessaignes dans Smeterling. Juldé est gentil, terriblement gentil, un vrai chiot de trois semaines et ne boit, le pauvre, que du Banga lorsqu'on lui propose un bon Gin.
    C'est à crever d'ennui. S'il baisait encore : au moins, nous pourrions lui envier ses maîtresses (nous envions celles de Nabe, réelles ou supposées) mais non, aussi plat que l'épée de Charlemagne dans ce registre également.
    Pfff, c'est donc à désespérer.
    Ah tiens, voilà qui m'intéresse a priori, ton journal mis en ligne sur ton blog. Je ne comprends pas bien l'intérêt d'écrire au jour le jour ses non-aventures (Amiel, oui, mais comme cela a été fait, pourquoi refaire strictement la même chose ?) chez la boulangère du coin mais, ma foi, il faut de tout pour faire un monde participatif non?
    Fais attention de ne pas devenir aussi mal baisé que Nabe tout de même, l'écriture finit par sentir, comme chez lui de plus en plus, le vieux slip...

  • Non, mais je t'en prie, petit mal élevé qui n'a jamais de mouchoir quand il se mouche... Et mes caleçons sont très propres d'abord.

    Quant à Raphaël, c'est précisément son abstinence forcée qui fait la matrice de son être et sa blessure ontologique (allons-y !) et sans doute aussi l'arché de son écriture. D'ailleurs, des écrivains en bonne santé sexuelle, c'est assez rare non ?

  • Alors là, Montalte ! La santé sexuelle des écrivains ! Je ris gaiement de ce beau mot, parce qu'on aurait sans doute beaucoup à dire et redire sur la sexualité des écrivains, des peintres, bref de tous les grands de ce monde: (aux dires des petits) Sade le dégénéré, Baudelaire le paumé, Rimbaud l'ambivalent, Yourcenar chèvre brouteuse, Lautréamont l'abstinent, Houellebecq l'hystérique. On peut continuer ad eternam. Stekel était d'avis que tous les artistes étaient des névrosés à la sexualité déviante. Et fort heureusement, ça divertit des missionnaires du samedi soir ! Et puis, comme c'est la pulsion sexuelle qui a le plus souvent le dessus de nos bonnes intentions, on a de quoi se divertir pendant des années !
    Juan, je vous ai bien lu mais vous interprétez mon commentaire comme une critique du vôtre. Chacun a ses raisons de tenir un blog (ou d'écrire un livre, de peindre une toile, de créer une oeuvre - peu importe sa qualité!), les vôtres sont de faire partager la littérature - que vous aimez ou détestez - dans des mots tantôt vitrioliques tantôt exaltés. Chacun pour soi aime ou pas vos sorties et réparties épéistes selon sa lecture, sa compréhension, son jugement. Et vous aurez beau traîter de crétins tous ceux qui lisent Nothomb ou Skyblog, il y aura toujours des crétins liseurs de Nothomb et de Skyblog. La qualification de l'écrit, de la littérature, c'est affaire d'entendement et donc de préférence, de goût. Enfermez Gracq, Breton, Malraux, Proust et Dantec dans un salon et lâchez-leur la balle littéraire. Il y aura d'exquis cadavres à disséquer.

  • Juan, j'ai l'impression que comme la plupart de mes lecteurs, tu prends pour de la gentillesse ce qui chez moi n'est bien souvent que du cynisme : comment en vouloir à des gens qui vont mourir ?
    Tu dois avoir un orgueil bien contrarié pour nous rebalancer sans cesse tes deux ou trois publications sur papier, qui ne sont pour la plupart que des resucées de ton blog ou des textes qui sont passés tellement inaperçu que tu as dû les réintégrer à ton blog... Mon Dieu, comme tu dois souffrir sur Hautetfort !

    Pour le reste, je t'emmerde. Gros bisous.

  • Tiens, Raphaël, il ne me semblait pas que mes interventions appelaient ce genre de réponse mais enfin.
    Du cynisme ? Oui, celui du raté (c'est toi qui a créé ta propre image, je reprends l'image) qui en jouit, du cynisme, et de rien d'autre apparemment. Cela ne va pas loin et puis le cynisme a quelque allure quand on est bien portant, pas perclus, à ton pourtant jeune âge. Le cynisme ? Non : du ressentiment, de la frustration. C'est très drôle pendant quelques lignes et puis, ensuite, on s'avise tout d'un coup que tes journées sont TOUTES de la même eau tiède et là, on souffre pour toi, vraiment.
    Laisse donc mes livres où ils sont (ton "cynisme" te fait d'ailleurs écrire quelques grosses conneries, passons), forts loin de ta petite place de village où tu joues au n°6 sans la présence de la moindre caméra et surtout sans celle du moindre Gardien qui te retiendrait, et, plutôt que de nous entretenir de la taille de ta queue qui ne s'est apparemment jamais, une bonne fois, dépliée, ce qui nous vaut 1,8 térabits de texte, tâche donc de passer à l'imprimé.
    Tu verras, alors, que tu feras beaucoup moins le petit malin. Je crois même que tu nous bassineras, durant mille pages, sur le fait que ton roman trône dans la principale librairie d'Angers. Allez, tu as droit aussi, après tout, à ta minute de gloire angevine, non ?
    C'est bête à la fin : Vebret t'avait pourtant mis un pied à l'étrier. Bon, tes articles étaient rien de moins qu'anodins (une bonne façon de boucher les trous, cela sert toujours dans une revue), pas cyniques mais gentils, mais tu aurais dû creuser cette voie (si je puis dire) parce que celle que tu as choisie, apparemment à ton corps (?) défendant, ne te mènera à rien de plus qu'à être un Bartleby bientôt cinquantenaire et... toujours virtuel...
    Belle ambition.
    By the way mon chéri, n'oublie pas que tu es mortel. Toi aussi.
    Allez, je trinque à ta santé : du Banga avec une paille.

  • C'est pas beau, ça, un diariste qui fait souffrir ses lecteurs pour lui ?
    Quant à la taille de ma queue, que veux-tu ? il en fallait bien un qui pisse plus loin que les autres : je te laisse volontiers cette place - et j'écarte les pieds.

  • Ce n'est pas beau c'est triste.


    Pierre vous citez le nom de Littell. Il relève plus pour le moment du coup éditorial type Dan Brown du riche que de l'héritage de Dostoïevski.

  • "Tenant moi-même un journal intime depuis vingt ans, j'ai souvent été tenté de le continuer sur internet.[..] Je me suis promis de le tenir une fois tout un mois entier sur le blog."

    Pour "tenir", faut bien choisir son mois... ou un pneu beau coup mentir.

    Patrice, connaissance (de cause)

    PS : et bien sûr tout le monde oublie le Renard. Moins tape-à-l'oeil, mieux vise-au-coeur ?

  • Samuel, je vous renvoie à mon article sur Littell.

    http://pierrecormary.blogspirit.com/archive/2007/03/17/les-bienveillantes-–-le-détail-et-la-distance.html

    Patrice, le pb du journal, c'est en effet son actualité et c'est vrai qu'écrire le soir ou plutôt publier le soir ce qu'on a vécu le matin serait non seulement obscène pour les autres mais aussi pour soi-même. Car cela signifierait que l'on ne vit plus que pour écrire sa vie (et qui n'a rien à voir avec le fait d' "écrire") car si c'est la vie qui nourrit l'écriture, c'est l'écriture immanente de sa vie qui peut galvauder et la vie et l'écriture. Même si l'on veut ensuite le publier, il faut que le journal intime... le soit au moins quelque temps (Nabe attendait dix ou quinze ans avant de publier ses tomes). Et c'est vrai que le problème du journal immanent de Raphaël est bien celui-ci : tant qu'il ne lui arrive rien d'indicible, il peut en effet tout dire. Mais s'il lui arrivait cet indicible, c'est là qu'il serait peut-être ontologiquement bloqué. Non d'écrire son journal mais de le mettre en ligne. Paradoxalement, il est plus aisé de raconter ses branlettes que son histoire d'amour. Et que par exemple l'on n'irait pas gâcher une histoire d'amour naissante en la faisant lire au jour le jour à des lecteurs-voyeurs. En revanche, en publier les notes intimes après est autre chose.
    C'est d'ailleurs toute la différence entre la représentation des choses (qui passe par le temps, la distance et qui est ce qui définit réellement l'art) et la présentation de ces choses (qui relève de l'immanence et de la réalité pures et non de l'art.) A creuser.

  • "Patrice, le pb du journal, c'est en effet son actualité..."

    Pas du tout - du moins pas à mes yeux : il n'y a pas de "problème" du journal (et surtout pas celui-là).
    S'il est intime, on y ment à loisir à soi-même... on se reprend, on se corrige (ou se fait corriger), on se contredit ; peu importe, ce n'est qu'un cahier de brouillon(s).
    S'il est extime... ça devient n'importe quoi et le débloguage est à deux pas.

    Patrice, au fait c'est qui ce Raphaël ?

    PS : merci pour l'appel à "creuser", mais je ne suis plus mineur.

  • Ce "creuser" ne vous était pas spécifiquement destiné, vous savez.

    Sinon, oui, "intime", cela veut dire contradictoire plus que secret, de l'ordre du brouillon plus que de la confession. Et dans son journal, se confier n'est pas se confesser. On peut y mentir consciemment et inconsciemment mais aussi on peut dire la vérité, ce que ceux qui se mentent tout le temps et qui un beau jour s'y retrouvent ne vont pas accepter bien entendu. Car il y a toujours ce point, cette pointe même ou la subjectivité devient vérité ou l'inverse. Par exemple, une rupture peut être vécue comme un soulagement pour l'un (ou l'une) et une catastrophe pour l'autre. Sauf que le second (ou la seconde) n'est pas forcément prêt(e) à accepter que cela soit "soulageant" pour le premier (ou la première). De même la contradiction qui est souvent le point de vue de celui qui ne (vous) comprend pas.

  • Un an après mes premières excursions dans votre blogosphère, cher Pierre, je fais le tour de ces lieux, étrangement apaisés et sirupeux, et ne peux m'empêcher d'y remettre un peu de fiel.
    Dans ce milieu, vous avez l'air d'être le seul à bien percevoir le rôle des mots, dans la production littéraire. Tous sont persuadés d'avoir "quelque chose à dire", d'être "débordés d'idées" qui ne font que chercher le "mot juste", d'éprouver des "frissons uniques" à faire partager d'urgence. Et vous, vous entamez, désarmé et vide, un dialogue imprévisible, avec une langue qui vous parle en même temps que vous lui confiez votre étonnement et votre émotion. Un jeu de reflets, d'assonances, de tropes inattendus débouche sur un tableau où vous êtes plus spectateur qu'acteur ; on sent votre plaisir d'assister, le premier surpris, à l'éclosion de vos pensées ou images. Dans un premier temps ça doit faire naître l'humilité, ensuite l'ironie et enfin la pitié, pitié pour une vie intraduisible, pour un talent inutile, pour une grandeur tout artificielle.
    Vous êtes aussi le seul ici, peut-être, à voir dans l'ennui le premier obstacle au plaisir de la lecture. Ni le savoir ni l'exaltation ni l'ampleur ne protègent un édifice littéraire du spectre d'ennui qui le hantera si le talent y fait défaut. "The most essential gift for a good writer is a built-in shock-proof shit-detector" - Hemingway.
    Présentée sans talent, la litanie vociférante a autant de chances de nous faire bâiller que la litanie de comptable.
    Vous n'êtes pas très sensible, non plus, il me semble, à la notion philistine de réussite, et vous ne vous acharnez pas contre des "ratés". Montrez-moi le plus parfait triomphe, je vous dirais où se cache sa défaite.
    Je souhaite que vous continuiez à bénéficier de la complicité de la langue pour vivre l'étonnement et la joie de la (co-)naissance d'un verbe, plus vivant que notre pitoyable savoir ou notre docte ignorance.

  • Scythe, je vous embrasse.

Les commentaires sont fermés.