Portrait de VIB : Pierre Cormary
Qui êtes-vous ?
Pierre Cormary, dit Montalte, né aux forceps le 30 juillet 1970. Lion ascendant Cancer. Lecteur passionné de Thomas Mann, Shakespeare, Molière, Chesterton, Stendhal, Dostoïevski, Powys, Sade. Lecteur amoureux d’Amélie Nothomb depuis dix ans. Ancien élève de la maison Serpentard à Poudlard. Connaît par cœur le cinéma de Richard Wagner et les opéras de Stanley Kubrick. Rédacteur dans La Presse littéraire, Les carnets de la philosophie et Le magazine des livres – autant de revues dirigées par Joseph Vebret. Blogueur impénitent depuis mai 2005. Polémiste malgré lui (pas tout à fait malgré lui, mais les internautes partent au quart de tour). Espère être un passeur, sinon un éveilleur. Mais a du mal à se considérer autrement que comme un dilettante ne serait-ce que parce que « dilettante » est un mot très beau à prononcer. Citation qui lui convient : "Car, mis à part le fait que je suis un décadent, j'en suis aussi le contraire" (Nietzsche). Couleur préférée : le vert bouteille.
Présentez-nous votre blog
Blog de critique littéraire, cinématographique, musicale, philosophique et parfois politique – quoique je préfère parler de critique impressionniste, sinon de critique égotiste. Mon seul et beau souci est de faire partager ce que j’aime et ce que je n’aime pas, d’énerver ceux qui n’aiment pas ce que j’aime, de faire plaisir aux autres, et le tout dans la langue la plus claire et la plus vivifiante possible. Dans l’univers sinistre et si souvent « ironique » de la blogosphère, je crois que mon blog est mené avec un enthousiasme drolatique et débonnaire. Je n’en déteste pas pour autant les duels intellectuels ni l’esprit de contradiction appliqué parfois à moi-même. Etre un chat avec un rat et un rat avec un chat, comme aurait dit Stendhal.
Quelques chiffres (audience, etc...)
223 notes (à raison d’à peu près quatre par mois) à ce jour. 4 400 commentaires dans quelques jours. Pour vous donner une idée, j'ai eu, ce mois de novembre 2008, 6 922 visiteurs uniques, 23 630 pages lues, 10 783 visites (dont entre 359 et 518 par jour) - ce qui est relativement peu mais assez satisfaisant pour un blog qui, comme le mien, pratique les affinités électives et parfois les débordements intimes. Même si je me demande parfois à quoi peuvent bien s’intéresser ceux qui ne s’intéressent pas à mon blog. Ne pas être « montaltien », quelle faute de goût, quelle insuffisance ! Est-ce ma vanité ou mon humilité qui fait défaut ?
Quelles ont été vos premières motivations en commençant votre blog ?
Mettre au point mon univers sensible et intellectuel. Eprouver celui-ci au contact d’autres. Expérimenter publiquement mon écriture. Prendre le risque d’être contesté, et même moqué. Eviter de se protéger comme on se protège dans la vie. Y aller toujours franco malgré les inévitables conflits de sens et de style (l’incompatibilité d’humeur, ça me passionne). Ferrailler avec les nerveux. Bref, établir un petit laboratoire personnel et transparent. Et rencontrer des gens dont certains sont devenus des amis.
Combien de temps consacrez-vous à votre blog par jour ?
Pas plus de dix minutes par jour, car Internet, ce n’est pas la vie, et, comme ont dit, "la vie, c’est quand même autre chose"…. Je plaisante ! Plusieurs heures par jour. Car entre le temps qu'il me faut pour faire un texte potable et celui pour le contempler et en débattre avec les autres, cela demande beaucoup, croyez moi... Il est clair que je vis avec mon blog, et qu’Internet, c’est la vie. Ne me traitez pas de geek pour autant, la plupart de mes amitiés et de mes amours sont nés sur le Net !
Etes-vous satisfait(e) de l'image que vous renvoyez à travers votre blog ?
Parfois, je vous avoue, ça me fait peur. "Et ça, comment ils vont avaler ?", m’arrive-t-il de me demander juste avant de poster un texte. C’est que sur un blog, vous pouvez développer en vous les différentes facettes de votre personnalité, au risque de faire déraper celle-ci. Le narcissisme, l’autosatisfaction, l’autocélébration, ou même l’autoflagellation (c’est la même chose) sont souvent les écueils à éviter – que j’avoue ne pas toujours éviter. Tant pis pour les boursouflures ! Ca vaut le coup, et même souvent, ça épate. Vive les bouffons sans vergogne que sont la plupart d’entre nous ! J’aime beaucoup mes amis et mes « ennemis ». Et puis, les malentendus, les injustices qui nous sont faites parfois (à moi comme à d’autres), c’est le jeu des relations virtuelles – l’essentiel étant, comme dirait Philippe Sollers, de préserver le malentendu le moins pénible avec les autres (dans la vie comme sur le net d’ailleurs).
Vous arrive-t-il d'avoir une " panne de clavier " ? Si oui, comment y remédiez-vous ?
Panique totale. Rage absolue. Envie de tuer quelqu’un. Et si ça ne revient pas par enchantement, comme souvent, je finis toujours par appeler au bord des larmes un agent de vos services – que je harcèle (courtoisement) jusqu’à ce que tout remarche bien.
Quels sont vos blogs préférés ?
Slothorp, Café du commerce, Tlön, Cinématique, Alina Reyes, Jean-Louis Kuffer, Raphaël Juldé, Transhumain, et bien sûr Stalker ! Il y aussi les foyers de mes proches, Améléia, Léthée, Phoebus et Marc Alpozzo. Sans oublier, dans le genre SM chic, "Jeux de dame", le blog formidable et plein d'humour de mon amie Saïda. Comment ne pas citer non plus l'ancien blog érotico-existentialiste de "Circonvolutes", un blog magnifique tenu par notre amie Kate, hélas disparue au début de l'année, et qui maniait l'obscène et l'amour avec une grande beauté. Enfin, on peut toujours aller se marrer sur le Ring de Dantec ou sur celui de Nabe, pour savoir quand est-ce que va avoir lieu la fin du monde ou le début du nouveau, je ne sais plus.
Est-ce " addictif " de tenir un blog, qui plus est un blog à succès ?
Je ne sais si mon blog est vraiment à succès, mais s’il est addictif d’en tenir un, ça oui, et comment ! Ne serait-ce que parce que, comme je le disais, vous pouvez amortir vos différents moi. C’est ce que ne comprennent pas les vrais gens de la vraie vie. Bloguer, c’est se personnaliser au carré, au cube même. C’est découvrir certaines de ses singularités autant que celles des autres. Même des écrivains chevronnés s’y mettent – et ils ont beau jeu, ensuite, de critiquer la blogosphère… de leur blog. Le livre reste certes un objet sacré, mais le blog peut être une façon d’y accéder. La vraie vie, je la laisse à mes esclaves, comme disait Villiers de l’Isle-Adam.
Votre entourage est-il au courant de votre blog ? L'avez-vous déjà caché ?
Non. Tous ceux qui me connaissent savent que je tiens un blog même si tous n’y viennent pas – et franchement, je l’avoue, cela m’arrange. Imaginer que Duchmol pourrait me lire, brrrr…. En fait, ceux qui y participent sont généralement des gens qui sont blogueurs eux-mêmes ou qui ont l’habitude de participer aux forums de discussions. Les autres se méfient un peu de tout ça. La transparence, la contradiction publique, la possibilité d’être mis en lien partout, la peur de passer pour un rigolo exhibitionniste, tout cela peut inquiéter. C’est vrai que dans cette foire aux vanités qu’est la blogosphère, il faut tenir le choc. Mais quand même, ceux qui ne pratiquent pas ne savent pas ce qu’ils manquent…
Avez-vous déjà pensé à vous retirer de la blogosphère et mettre fin à l'aventure ?
Pas encore. Cette année, je fête mes trois ans de Page et j’espère continuer encore longtemps. Si j’arrivais à tenir encore deux ans, cela ne serait pas mal…
Pourquoi avoir choisi HautetFort comme plateforme ? Quelles sont les avantages que vous y trouvez ?
Facilité d’accès et d’organisation. Possibilité d’avoir en ligne les techniciens pour faire des tests informatiques quand quelque chose ne va pas. Phalanstère littéraire et philosophique de haute qualité. Belle couleur rouge foncé.
Qu'est-ce qui vous a séduit dans le club VIB d'HautetFort ?
Une plus grande visibilité et l’occasion de boire du champagne un de ces jours, enfin j’espère. En attendant, j'aime beaucoup nos cartes de visite. Trop classieux !
Voir l'interview sur Hautetfort
Commentaires
Merci pour la citation, mais un détail me turlupine, c'est "bleu paon" ou "vert bouteille" ?
Là bas, le bleu paon, ici, le vert bouteille. On peut changer. Quel montaltologue vous faites, en revanche, mon cher Ludovic !
Merci pour pour la citation mais un détail me turlupine. Quand je clique sur "voir son blog" j'arrive ici même !!! Dédoublement de la personnalité ? ou Serpentard qui se mord la queue ?
Les deux, je suppose...
Marié ? Célibataire ? Des enfants ? Des bâtards ? Combien de fois par semaine ? Le Viagra tout ça tout ça ? Carnet de vaccinations ? Donneur de sperme ?
Trois ans ? beau bébé ...
Par curiosité - par "panne de clavier" n'entends-t-on pas syndrome de la page blanche transposée sur ordi, et pas défaillance technique de la pauvre machine ?
Pourquoi pas ?
Sincères remerciements, d'autant que c'est peut-être, mine de rien, un de vos textes les plus brillants... Je vous promets une critique impitoyable la prochaine fois, en guise d'hommage !
AMG.
Merci, merci à tous, merci à chacun... En fait, je viens de me rappeler ce soir que j'avais à l'origine envoyé deux versions de cette interview à Hautetfort et qu'ils ont publié celle que j'avais, sans doute par pudeur imbécile, plus ou moins corrigé. Donc, entre vous et moi (ha ha), je vous propose la version définitive de ce texte, avec en italique, les passages expurgés. Ne serait-ce que pour saluer notre chère Kate.
Je ne peux pas être aussi vaniteux que toi (pour répondre à la question que tu poses dans le mail annonçant ce billet) : je n'ai pas remis à jour mon blog depuis le 7 août !
Mais.. personne ne peut être aussi vaniteux que Montalte. Tu en fais un art de vivre Pierre !
Je note que, parmi tes blogs pwéférés, tu ne mentionnes pas celui que je n'ai pas. Ca censure sec ici!
("Serpentard qui se mord la queue ?" ===> http://fr.youtube.com/watch?v=HdOWqQbdOR0 )
Merci Pierre. C'est un honneur d'être cité sur ton blog, surtout en qualité de "porno chic". J'essaierai de faire encore mieux une prochaine fois.
Et tant pis pour ceux qui ne m'aiment pas !!
Quand même parce que j'aime décidément, je te file l'interview d'une que j'adore, Marion Aubert (je me rappelle l'avoir lue la première fois un jour de décès de ma propre personne, et le rire m'a désagonisée. Prends en de la graine mon petit.)
« J’écris lorsque je ne vais pas être dérangée. J’essaie de me déranger toute seule. J’écris rarement sous le coup de l’impulsion. D’une brusque envie. La plupart du temps je me traîne jusqu’à ma table d’écriture. J’essaie souvent d’écrire à la tombée du lit comme ça c’est fait. Mais parfois je me traîne trop. Le chemin est parsemé d’embûches. Une grippe. Un ami. Une nouvelle terrible je ne peux pas écrire sous le coup d’une nouvelle si terrible. Midi. Rien n’est fait. Je mange. Parfois rien n’est fait de toute la journée. Alors j’écris le lendemain. J’écris souvent le lendemain. Et le lendemain tout le monde me dérange. (…) J’aimerais bien être une auteur aventurière mais non. Ou même une exploratrice d’un autre temps. Ecrire à la bougie. Jusqu’à ce que la mèche se consume et puis hop après c’est fini. J’aimerais bien être une auteur complètement pauvre. Modeste. Vous dire « une table. Une chaise. Nous sommes peu de chose voyez cela suffit » mais c’est faux. Je me soigne. Je mange toujours des mets exquis. C’est toujours l’opulence autour de ma table. Il y a des noix. Des corbeilles de fruits. Je regarde les fruits pour m’inspirer. (…) Lorsque je serai vieille j’écrirai depuis ma vieillesse. J’aurai une écriture sèche. Minimaliste. J’écrirai des haïkus. Brefs. Alors je pourrai mourir. Partir en paix comme on dit. » (extraits - Entretien réalisé à la suite d’une représentation des Histrions à Valence)
Vous nous alourdissez, Boulard...
Cormary je m'adresse à toi.
Vous me décevez beaucoup.
Les blancs sont définitivement de la merde.
Vive l'exotisme.
Je viens de voir Eva Mendes à la télé.
Je l'adore. Cette fille.
Et pas "les blanches".
Cette fée...
Bon, là, ça va.... Mieux vaut ça qu'insulter ma meilleure amie.
Montalte...il n'y a aucune insulte.
Vous êtes l'être suprême.
Montalte.
L'Etre Suprême.
Nul autre.
Si vous ne comprenez pas : allez vous faire enculer.
Boulard, mon petit Boulard, ne vous suicidez pas chez moi s'il vous plaît... Un petit séjour en cellule dégrisante vous fera un bien fou. Au revoir, l'ami.
"Ne vous suicidez pas chez moi", c'est le conseil que je donne à mes internes, en début d'année...
Raphaël, comment fait-on pour devenir auxiliaire de vie scolaire ? Y-a-t-il un habit de rigueur, noir à brandebourgs verts par exemple ? Est-ce que je pourrais emprunter son uniforme de gardien à Montalte ou à défaut le chapeau d'Amélie pour impressionner les petits ?
Oh non, si vous pouvez tenir au moins une heure avec les mains dans les poches, normalement, c'est bon...
Je suis pareillement ravi, au comble de la joie, empourpré d'émotion, roulé par terre et jeté dans les airs. Presque autant que lorsque je bois des ouiskis avec l'impénitent bavard que tu es.
Merci Raphaël de m'avoir prévenu, on devrait donc s'étonner qu'il n'y ait pas plus de meurtres dans notre douce France et de gens qui finissent pas tomber dans des sectes où il est prohibé d'amener des enfants, genre club anglais !
Je suppose que Montalte n'est pas de notre avis lui qui est en pâmoison devant le collège Poudlard rempli de petits monstres !