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Suite Sollers I - Une Vie divine - Surfer d'argent (mon premier post sur Sollers).

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« Encore une fois, il prend la vague qui vient… Quel merveilleux surfer ! Et d’argent ! D’ailleurs, j’y pense, Sollers a plus d’un point commun avec le superhéros de mon enfance de lecteur de Strange. Jean-Edern s’apparenterait plutôt à Daredevil (pour ne pas dire à la Chose des 4 Fantastiques). Sollers, c’est le Surfer d’Argent !… »
 
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, page 3882

 

Eh bien moi, j'aime bien Sollers ! Ou plutôt, je n'arrive pas à le détester. J'ai beau être d'accord avec tout ce que l'on peut dire de lui et qu'un jour Eric Neuhoff résumait en une formule cruelle ("Philippe Sollers aime la littérature mais je ne crois pas que la littérature aime Philippe Sollers"), je ne peux nier le plaisir que j'ai eu à vingt ans en lisant Portrait du Joueur, Le Coeur absolu, Théorie des exceptions ou plus récemment cette Vie divine, mi-ridicule mi brillante qui résume à merveille ce type qui avait tout pour être le meilleur et qui fut si souvent le pire. Que dire en effet de cet ex-maoiste de droite balladuro-ségolénien-sado-papiste qui à force de brouiller les pistes (une bonne idée en soi) aura fini par produire une image catastrophique de lui, brouillonne et galvaudée à force d'être stratégique - et de cette stratégie maladroite (le comble) qui n'aura jamais trompé personne et l'aura fait hélas passé pour le bouffon médiatique de notre époque alors qu'il aurait tellement voulu en être le témoin (le contraire de Houellebecq) ? De ce dindon de la farce permanent d'un système qu'il a cru dominer et qui a tant perdu dans des duels médiatiques imbéciles, qu'il soit face à Patrick Timsit il y a des années dans une émission de Guillaume Durand ou à face à Michel Onfray dans celle de Frédéric Taddéi ? De ce jongleur émérite qui a raté presque tous ses numéros et pour la seule raison qu'il ne comprenait pas la médiocrité de ses interlocuteurs ? Doge de la déception, marquis de la vanité, Sollers reste pourtant souverain quand il parle du large, de l'abandon, de la volupté, de la tristesse qu'il fuit mieux que quiconque, de la joie qu'il exprime et incarne comme personne. J'avoue, ou plutôt affirme qu'il y a des pages de lui que l'on n'oublie pas et dont peu d'auteurs peuvent se prévaloir, au rythme dansant, à la superficialité profonde, pleines de références jouissives et de force régénérante - ce qui est encore plus étonnant vu les derniers auteurs qu'il a publiés. Oui, quand son intelligence retrouve (si rarement) une humilité dont il n'a même pas l'air de se rendre compte lui-même, quand il redevient enfant allais-je dire, il redevient vraiment cet écrivain que l'on attendait de lui, compagnon de chevet, maître et complice en tout ou presque. Et cette Vie Divine que je chroniquais l'an dernier en est le meilleur exemple.

Article paru dans La Presse littéraire n°5 d'avril 2006, puis sur ce blog le 30 mai 2007 - il y a donc 16 ans.
Relu, corrigé et illustré le 29 septembre 2019.
Et repris encore aujourd'hui, ce 11 mai 2023 - une semaine après la mort de l'aîné qui va de soi.

 

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Vitesse de Sollers. Le vent. L'intervalle. Le large. Le refuge. Les gestes.

« On se lève, on marche, on respire, on parle, mais en réalité, on rampe dedans. Désarroi, fatigue, temps qui ne passe pas, aiguille. »

Passer sur tout, « le passé désenchanté, le présent nul, l’avenir absurde. » Passer sur les souffrances, les lenteurs, l’insomnie, l’impuissance, l’envie de mourir.

« On se couche et on reste éveillés, on mange et on boit trop, on titube, on dort debout. On n’est pas malade, on est la maladie elle-même. Pas de désirs, pas de couleurs, pas de répits, pas de vrais mots. »

Aller de l’avant, continuer, vivre, penser. La vie est fêlure, saignement, supplice de tout sur tout. Tant pis, on vit, coûte que coûte. On marche.

« Un pas après l’autre. Arrêt. Encore un pas, jambe gauche. Equilibre, jambe droite, et encore un pas. J’y suis, je n’y suis pas. Pas besoin de pensée pour être. »

De nouveau le vent, l’oiseau, l’envol, le souffle, l’air, la liberté, puis encore la lourdeur, la retombée, Icare, le galet. Tout Sollers est entre cet idéal d’oiseau et cet état de pierre. Entre grâce et pesanteur, comme dirait Simone.

« … je suis aussi sensible qu’un gros galet sur la plage. Je le ramasse, je le jette, je le reprends. Il est blanc-jaune strié de bleu, combien de milliers d’années de polissage ? Bousculé, roulé, charrié, échoué, repris, retourné… »

La survie est dans le ricochet. Planer, voler, surfer, nager, et finalement se noyer. Malgré le Verbe. Malgré Nietzsche. Jusqu’à quand fonctionne l’Eternel Retour ? La Résurrection ? Le rêve ? L’amour ? Le sexe ? La vie divine ? Tout cela est-il bien sérieux ?

Le titre est magnifique mais c’est un leurre. La vie, c’est Zarathoustra, Dionysos, le vin, les femmes. Le divin, c’est le Christ, la mort (l’autre vie), le pape, Bach – encore que l’actuel pontife préfère Mozart. Il l’a fait remarquer partout, Sollers, que c’était un message politique que Benoît XVI envoyait au monde en disant qu’il jouait tous les soirs des sonates de Mozart. Pensez ! L’ex-panzercardinal plus proche du Cosi que de la Passion selon saint Matthieu, il fallait que cela se sache ! Etonnant ce Ratzinger… Aussi étonnant que Sollers qui à force de brouiller les pistes toute sa vie est trop passé pour un opportuniste alors qu’il n’a jamais fait que courir après le bonheur. C’est un catho-nietzschéen, un capucin sadien, un dionysiaque centriste. Plus proche d’Aramis, de Mosca ou de Charlus que de Jean Valjean, c’est clair. Normal qu’il agace tant. Trop joueur, trop « jésuite », trop dégagé de tout, pas assez douloureux, sincère, con. Nabe le dit quelque part dans son Journal : pour Sollers, la réalité a toujours raison. Allez soutenir ça à un idéaliste pour qui la réalité a toujours tort. Insupportable ! Calamiteux ! Gerbant ! Il est vrai qu’en « politique », Joyaux ne brille guère. Tant pis. Tant mieux. Alors, il se compare à Nietzsche. On le prendrait plutôt pour Leibniz. Comme lui, il a ce côté débonnaire, équivoque, qui sait que les choses vont toujours ensemble et en biais, que si la Vérité est unique, elle est exprimée par tous les points de vue, que le sens est toujours complexe, que la radicalité est toujours le fait des crétins, que le perspectivisme vaut mieux que le criticisme, que rien n’est jamais ni droit ni clair en ce monde, que tout est confus et plié, qu’il n’y a aucune sécante mais que des tangentes et que dans tout ce que l’on dit, l’on dit toujours autre chose. Question de survie. Son intelligence infinie et tolérante passe pour une hypocrisie hautaine, mais comment être intelligent et franc avec les imbéciles ? Non, il faut écrire, jouer, se brûler par le jeu de l’écriture – la seule chose à ne pas trahir.

« La vie est un jeu, avec, au bout des lignes, le feu. »

Avec les femmes, se faire bébé.

« Les femmes n’aiment ni les hommes ni les femmes mais les bébés ; il faut leur offrir ce qu’elles aiment. »

[Et comme il essaya d'en convaincre la chanteuse Lio dans une séquence gênante de Tout le monde en parle le 1er juillet 2006, à revoir ici.]

Etre poupée, lionceau, petit philosophe, nounours dans leurs bras, sur leur genoux, entre leurs cuisses, voilà l’extase réelle. Le reste est virilité débile. Quand on pense qu’il y a des gens qui aiment les rapports primitifs ! Quelle plèbe que les sexués du primaire, les mariés, les fidèles ! Alors qu’il est si doux de jouir sans se poser de question.

« Cela n’empêche pas, des deux côtés, les simulations, les dissimulations, l’harmonisation des mensonges. Je mens, tu mens, je sais que tu mens et tu sais que je mens, nous savons que nous mentons, j’adore ton nez, tes oreilles, ton menton, n’expliquons rien, surtout, glissons, passons. »

Et laissons tous ces malheureux qui ne se passent rien. Qui se pourrissent la vie au nom de la famille, de la patrie ou du travail ! Quelle pitié que de mettre sur écoute ses propres gémissements, de se faire mouche de ses propres merdes !

« J’ignore ces serpents qui sifflent sur ma tête, je ruse, j’use, j’abuse, je fuse, je méduse. »

Mais la ruse suffit-elle ? Fuir la souffrance, est-ce vraiment vivre ? Telle est la question. La seule.

 

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Monsieur Schopenhauer VS monsieur Nietzsche

L’époque. Il faut faire avec. Nous le savons qu’elle est absurde, mauvaise, déchiffrée, bouclée, remisée, moisie, ennuyeuse. Mais elle est aussi libérée, dansante, amusante, excitante, ressuscitante à chaque seconde, planante. Soit vous êtes avec elle (bobo, lili, alter, gay), soit vous êtes contre (réac, catho, hétéro-beauf, chevènementiste - la trinité Houellebecq-Nabe-Dantec), soit, et c’est le mieux, vous êtes au dessus.  «  Choisissez » nous exhorte Sollers. Lui a choisi. Arbres, fleurs, sexes, vagues, infini, paradis.

« Il nous faut un art pétulant, flottant, dansant, moqueur, enfantin, bienheureux. »

L’anti MH en somme – celui-ci omniprésent dans le roman, peut-être trop. Mais c’est naturel : Ph S. vs MH, c’est Nietzsche vs Schopenhauer. Entre l’affirmateur du vouloir vivre et son négateur, qui va l’emporter ? N’empêche. Après Nabe et son Vingt-septième livre, voici Sollers et son soixante-dixième livre (il a 70 ans) et qui se sent le besoin de se recentrer sur la plateforme de la littérature contemporaine. C’est que le suicidaire a tout emporté et obligé les bienheureux à se légitimer. Rien à faire. Le bonheur n’est pas vendeur. Le bonheur sonne faux. Le gai luron fait piteuse mine à côté du dépressif – toujours en pleine forme lui. Ludi, Nelly, des fuites, tout ça. Les femmes finissent par tirer la gueule et le bon vin virer au vinaigre. La réalité finit toujours par s’inviter au festin - la réalité, j’entend le commandeur qui vient faire chier Don Juan pendant son dîner. Courage, révolte, enfer.

Avouons, Une Vie divine vous emporte comme une bouffée d’air pur qui s’essouffle ici et là... à moins que cela ne soit vous qui vous essouffliez. Jusqu’à quand tiendrez-vous sans lourdeur ? M.N. (Monsieur Nietzsche) lui-même en est conscient.

« La méchanceté est larmoyante, la peau ne répond plus, une glu de sentimentalité intéressée occupe l’espace. Tout cela, vision d’enfer, va revenir éternellement. Tu te demandes s’il y aura une sélection et un tri, tu n’y crois plus, le dégoût t’envahit et risque de te faire tomber sur le trottoir. »

Et son lecteur de lâcher le livre. Puis de le reprendre. Tant de morceaux exceptionnels (la page 72 : « Par exemple, un arbre, cet arbre... », les pages 119-120 : « Embryon s’embrouille… », et 161-164 : « Qu’est-ce qu’un nihiliste aujourd’hui ? un imbécile… », et 264-265 : « les saintes s’aiment à mort… », 502 : « On réagit toujours trop, voilà le problème… ») et encore plus, trop, de citations - "les preuves", comme dit Sollers. Pas seulement Nietzsche, mais aussi Baudelaire, Sade, madame Guyon, et même Marx ! La culture est l’ennemi de l’art, surtout dans un roman. Tant pis, personne ne lit jamais la même phrase. Telle citation qui ennuiera l’un égayera l’autre, et au bout du compte, Une Vie divine nous aura fait du bien à tous - il sait tout comment ça marche, Sollers.

Et il aime son fils - ce « Frédéric » qu’il a eu avec Ludi, « mère chinoise voluptueuse et blonde, un comble » et qui écoute La Flûte enchantée pour la centième fois dans sa chambre. Rare que le bordelais en parle (de son fils, pas de Mozart !). Comme de la famille, ce « club » de détente et de sécurité qui trouve sous sa plume une inénarrable légitimité. A condition de ne pas foutre de la morale des autres partout.

« Famille pas vraiment famille. Les avantages : confort, intimité, pardon des défauts, rires, tendresses. Pas les inconvénients : lourdeur, reproches, acrimonies, répétitions usées, abcès. Famille, je ne te hais pas, je t’aime. »

Une famille sans baffes ni larmes, sans problèmes d’argent ni de sexe ? Une famille « club Med », façon « éducation et loisir », « chrétienne  et libre », ou l'on oscille entre « charité et sensualité » ? Tu parles !

 

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Fragonard, La Maîtresse d'école.

 

Semonces et semences.

Est-il possible de vivre sans en vouloir à la vie ? D'y adhérer inconditionnellement ? Sans ressentiment ni arrières-pensées ? C’est la question de Nietzsche. Et l’esquive, la solution de Sollers. Se dérober, fuir, aller voir ailleurs. Ou rester stratégiquement au même endroit mais sous un masque différent. Se faire une collection de masques. Hélas, trop de masques tue le masque. A force de vies cachées, de chinoiseries, de brouillage des pistes, l’auteur de Femmes s’est souvent perdu dans la nature. Et ses livres, aussi jubilatoires soient-ils, laissent souvent cet arrière-goût d’amertume ou de joie forcée. Comme s’il y manquait l’essentiel. La blessure. La tâche. Le problème de Sollers est qu’il est tombé dans le piège de n’en tomber dans aucun. Ni chien, ni loup, renard ! Certes,

« la pensée profonde consiste à savoir choisir le meilleur malentendu possible »

mais cela n’empêche pas de souffrir. Et notre chinois-jésuite-libertin-catho-athée souffre comme tout un chacun. Il reconnaît même que

« vous n’êtes en vie que parce que vous résistez sans arrêt au suicide de votre organisme. »

Très juste, mais on aurait voulu qu’il creuse, triture, touille son organisme à lui. Qu’est-ce que c’est que ce corps qui veut la mort et qui fait semblant de croire à la vie ? Remarquez, parmi tous ces corps qui veulent la vie alors qu’ils font mine de croire à la mort, le sien change un peu. Et finalement, le rend touchant. Au fond, l’échappatoire fait partie intégrante de l’art de Sollers. Comment fait-il ? En faisant des mauvaises humeurs des bonnes. En transformant le dégoût en désir, l’amer en sucré, le rude en doux. Comme Nelly qui rechigne toujours à faire l’amour, mais qui, ce faisant, l’excite au plus haut point. C’est le secret.

« Tout ce qu’elle peut dire ou faire pour m’empêcher de bander provoque le contraire. »

Elle aussi aime ça.

« Ca l’intrigue, ça l’agace, ça l’excite, ça la fait mouiller en secret. Mouiller de détestation, c’est la source. Elle se retrouve ainsi dans le rôle de l’éducatrice qui doit mater un petit vicieux qu’elle a surpris en train de se branler sous sa fenêtre (surpris ? mais non, elle regardait, exaspérée, ulcérée, dégoûtée, derrière le rideau bougé). Eh bien, on va le dresser celui-là, le dompter, l’asservir, le museler, le châtrer. Elle a parfaitement vu, dans son jardin, le foutre gicler sur les roses. »

Ce n’était pas une scène de Portrait du Joueur, ça ? L’enfant qui se branlait en regardant sa tante derrière le feuillage ? Quel enfant ce Philippe ! En tous cas, c’est efficace, la semonce pour la semence. Tout comme sa vision paradoxale (trop ?) de l’église catholique qu’il décrit comme « l’institution la plus amorale à travers les siècles » et dont la morale est tellement absurde qu’elle est la preuve que l’église s’en est toujours foutue et qu’elle a toujours été par delà bien et mal. Syncrétisme alambiqué ou utopie souhaitable ? Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a plus qu’au Vatican qu’on tient encore le bon bout de la raison.

« Seule, au bout du rouleau, persiste la surréaliste Eglise catholique, à contre-courant permanent, refusant tout, niant tout, c’est-à-dire défendant la raison dans la déraison globale. »

Etre catholique aujourd’hui, ce n’est pas seulement croire en Dieu (d’ailleurs, Dieu, Dieu….), c’est résister au délire ambiant, à l’irrationnel en diable qui règne partout. C’est avoir un minimum d’orthodoxie, c’est-à-dire d’intelligence, face au déluge de bêtises, c’est-à-dire d’hérésies qui nous submergent (et qu’un autre Philippe – gloire à son âme d’exorciste – n’a eu de cesse de ridiculiser). C’est surtout s’apercevoir que contrairement à ce que voudrait nous faire croire le mensonge, la vérité n’est pas triste, c’est l’erreur, « légende douloureuse », qui l’est. Allons, encore un peu de Mozart, un chouia de Nietzsche, le tout assaisonné à l’huile christique, et la vie est sauve ! C’est ça Sollers. Très bête d’y résister.

 

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Faire souffrir le diable

 

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Commentaires

  • Bien vu Monsieur... je me sens moins seul concernant le stratège vénitien...

  • Cher Nebo, ton commentaire date de 2008 et mon texte de 2007. Serait-ce notre premier échange intergalactique ? Et sur Sollers en plus ? Merveilleux.
    A bientôt sur Facebook, au Suffren, ou au Litographe, en tous cas.

  • Sollers est très chinois, gnostique, un peu lâche, d'un orgueil sans mesure, superbe écrivain, pas poète. Un genre de Diderot, auquel il ressemble physiquement. Plus poète que Diderot toutefois; mais rien à voir avec Rimbaud, rien compris à Rimbaud... Rien compris à Rimbaud.

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