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philippe sollers

  • JEAN I - Au commencement, le Verbe.

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    Paradise (studio Smack, 2016)  cliquer sur l'image.

     

    PARDÈS

    parc 

    jardin

    paradis

    P – « pé » / PSHAT  sens littéral, naturel, obvie----------> MIQRA (lecture.)

    R – « resh » / REMÈZE sens allusif et même insinueux, courbé (ou « clin d'œil »)----------> MISHNA (méditation et, par là-même, répétition, reprise de la lecture.)

    D – « delet » / DRASH  sens interprétatif, recherché, « arraché » ----------> TALMUD (étude ou contemplation).

    S – « sameck » / SOD  sens secret, ésotérique, mystique ----------> KABBALE (révélation).

    (Les quatre « Existenzialen » selon Karl Barth : émerveillement, émotion, engagement, foi.)

     

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    Saint Jean l'évangéliste (Le Greco, 1609, Prado)

     

     Et d'abord, un drôle de gus, ce Jean ! 

    Plus grec que juif, dit Jean-Yves Leloup qui inspire ce post comme il va inspirer les suivants.

    Celui qu'on appelle « l'apôtre bien aimé ».

    Celui qui dort auprès de Ieschoua.

    Celui qui recueille la Mère chez lui. 

    Celui qui donne le premier une « définition » de Dieu : Lumière et parole. 

    Celui qui ose dire que Dieu est venu sauver le monde et non pas le juger (la morale rétributive - catholique - des hommes positifs en prend un coup !).

    Celui qui ne dit d'ailleurs que des choses insensées comme « nul n'a vu Dieu », donc ne le connaît (coucou Maître Eckhart, Nicolas de Cues et autres apophatiques !) ou comme « si ton coeur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur »  et c'est bien ce qu'on attend d'un Dieu d'amour, qu'il soit plus grand et plus fort que moi, qu'il me sauve malgré moi.

    Celui qui est l'auteur de l'Apocalypse.

    Celui qu'on représente par un dragon ou un aigle.

    Celui qui apparaît comme le sorcier du groupe (l'épisode de la coupe empoisonnée qu'il déjoue et de laquelle il fait sortir un dragon  voir les représentations du Greco et de Rubens.)

    Le premier gnostique en ce sens.

    Et qu'on a souvent comparé à Janus (car il a plusieurs faces), Poséidon (plusieurs formes) et même Déméter (car il est l'apôtre des mystères, donc Éleusis etc.)

    Celui qui appelle au mystère, donc à l'interprétation. 

    Et même l'inter-être-prétation. 

    La Bonne Nouvelle comme herméneutique. 

    Ça rappelle Nietzsche, tiens ! « Il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations ».

    Jean nietzschéen ? Comme Matthieu kantien, Marc cartésien, Luc hegelien ? Pourquoi pas ?

    Donc, au commencement était le Verbe.

    On trouve ça très beau sans vraiment vouloir comprendre.

    Le Verbe, le Verbe... C'est un peu trop intello comme théologie. Un peu trop juif aussi. Et un peu trop hamlétien : words, words, words. Ou paroles, paroles, paroles, comme le chantait Dalida.

    Un esprit positif et moral aurait d'abord pensé : 

    Au commencement était l'action, le contrat, l'éthique, le droit, la morale, la cité, le commun, l'égalité.

    Mais non, le Verbe !

    Autant dire, au commencement était la littérature.

    Au commencement était le poème - avant le monde.

    Au commencement était la lettre - avant l'Être.

    Cela ne va pas de soi.

    Rien ne va de soi.

    Ni cette confrontation de l'Être grec et de l'Autre juif.

    Ni ce mélange de temps grec (chronos/Aïon) et de temps juif (accompli/inaccompli).

    Cela vaut la peine de s'y pencher. 

    Et c'est ce que je vous propose en ces Pâques 2024.

    Entrons dans la logophanie johannique.

    En suivant les commentaires de Jean-Yves Leloup et sa traduction gréco-hébraïque qui peut surprendre mais sur laquelle il s'explique dès la première page de son introduction

     

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    Saint-Jean l'évangéliste (Rubens, vers 1611, Prado)

     

    « LE SOUFFLE ET LA BRAISE » 

    « Rabbi Natan de Beit Grovin disait : 

    " il sied à l'humanité de parler quatre langues : le grec pour la poésie, le perse – d'autres disent l'araméen –  pour les élégies, l'hébreu pour le dialogue, et le latin - romi (la langue occidentale) pour la guerre..." 

    Dans l'Evangile de Jean, il y a du grec et il y a de l'hébreu, c'est dire que l'espace de la lettre y est ouvert pour la poésie et le dialogue, espace pour une pensée de l'Être sans oubli de l'Autre. Sauf découverte de nouveaux manuscrits, pour le moment, on ne peut le lire qu'en grec et ainsi il nous donne à voir et à contempler “le Verbe de Vie“.

    Mais les nombreux sémitismes du texte nous invitent aussi à l'écouter, le discuter, le dialoguer. 

    Y aurait-il dans l'Evangile de Jean une rencontre possible du penser grec et du penser sémite capable de renouveler le champ de l'herméneutique contemporaine ? 

    Paul Ricœur, note à propos de Heidegger “qu’il lui est parfois arrivé de penser à partir de l'Évangile et de la théologie chrétienne ; mais toujours en évitant le massif hébraïque qui est l'étranger absolu par rapport au discours grec, il évite la pensée éthique avec ses dimensions de relation à l'autre et à la justice (…) et ne reconnaît pas sa différence radicale avec la pensée ontologique. Cette méconnaissance me semble parallèle à l'incapacité de Heidegger de faire le “pas en arrière“ d'une manière qui pourrait permettre de penser adéquatement toutes les dimensions de la tradition occidentale.

     La tâche de penser la tradition chrétienne par “un pas en arrière“ n'exige elle pas qu'on reconnaisse la dimension radicalement hébraïque du christianisme qui est d'abord enraciné dans le Judaïsme et seulement après dans la tradition grecque ?“

    “Pas en arrière“ ne veut pas dire nécessairement rétroversion du grec en hébreu, comme le proposent certains, mais il s'agit de donner une traduction du texte qui respecte au moins la saveur sémite du grec johannique. Cela n'est pas fait pour en faciliter la lecture, c'est une invitation au lecteur pour qu'il approche son souffle de ses braises obscures et que dans cet effort d'écoute qui est le premier pas du dialogue, elle lui révèle le poids de clarté et de chaleur. »

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