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Le scorpion et les phoenix

 

On était aux derniers jours de janvier, il faisait beau et glacial, et j'étais depuis une heure dans la file des coupe-files de l'expo Picasso et les maîtres du Grand Palais, me disant que c’était bien la peine de critiquer la culture de masse, de consommation et de pouvoir, si c’était pour être venu me farcir ce qu’on présentait déjà comme étant l’expo du siècle. Quelle idée, aussi, d’arriver l’avant dernier-jour alors que j’aurais pu organiser ma visite, comme tout parisien cultureux qui se respecte, avec une place réservée à l’avance. Mais ça, je ne sais pas faire. Ne me reste plus qu’à prendre mon mal en patience, à observer la psychologie de cette foule dont je fais partie, et à admirer le professionnalisme des agents de sécurité qui doivent à la fois nous discipliner et nous rassurer. J’écoute les bêtises des gens, en pense d’autres, et me dis que cette petite vieille qui vient d’échapper au contrôle d’un des gardiens, sous prétexte qu’elle est vieille et qu’elle a une carte coupe-file (comme nous tous ici) mériterait de se troncher la gueule dans les escalier. Tout de même ! Cette file n’est pas si longue, et trois petit quart d’heure après l’avoir prise (alors que celle des sans coupe-file fait au moins trois heures d’attente !), je peux entrer dans la plus spectaculaire expo de ces dernières années, me félicitant de ma carte culture-consommation-pouvoir, et me disant que je n'étais venu là que pour l'art, l'amour et la mystique. Je ne fus pas déçu.

Car Picasso est un génie total et totalitaire, Velazquez, Goya, Manet, Le Gréco,  Rembrandt, Ingres et Titien des peintres de rêve, et que pouvoir les admirer les uns à côté des autres est tout de même un privilège de la société du spectacle du XXI ème siècle. Tant pis pour la putasserie culturelle que tout cela représentait, j'allais pouvoir me prosterner devant la Vénus de l'un, pleurer devant la Maja nue de l'autre, rire de joie devant la Pisseuse du troisième. En sortant, je noterais sur le livre d'or : « Prodigieux, bouleversant, bandant. Un art cruel et érogène qui vous redonne le goût de vivre. Une occasion en diamant de lécher l'Olympia, l'Odalisque, la Vénus et les femmes biteuses du fou espagnol. »

Alors, sus à la critique debordienne ! Aux chiottes la culturée de masse ! Place à l'art véritable, scatologique, saisissant, sublime, qui se fout bien du quand dira-t-on ! Place à l’art contre la culture ! Picasso, c'est du sexe en volume, en couleur et en espace. Ce n'est pas de la mise en forme, c'est de la mise en force. C'est génial, aigu et violeur.

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Autoportrait à la palette, 1906

 

1 - Autoportraits. »

Je peins CONTRE les tableaux qui comptent pour moi.. ».

O combien ! Il suffirait de vraiment comprendre cette phrase pour comprendre ce que c’est que le geste artistique pur. Détruire ce que l’on aime, aller contre ce qui compte pour soi, faire table rase de ce devant lequel on se pâmait. Refaire tout. Réinventer tout. Mais ce faisant, n’ignorer rien – au contraire, réintégrer à soi ce que l’on a aimé et détruit. Tuer et ressusciter – créer. Comme le scorpion et le phoenix...

Un portrait de Gaugin sur fond orange et avec des yeux de voyeur, un autre de Goya conscient de sa laideur et de la beauté des femmes, un autre de Delacroix, souverain et certain de sa beauté, lui, et enfin celui de Picasso, l' « Autoportrait à la palette » (1906), chair, blanc, gris, d'une présence surnaturelle, et avec ce regard, si « espagnol », qui crève les yeux des spectateurs qui osent le regarder  en face.  Impossible de résister à son art de chien enragé, fait d'évidence physiologique, de simplicité agressive,  de croyance en la vérité du trait. Picasso ou le chirurgien de l'intensité. On ne peut rien contre ça. Ecce homo. « Yo, Picasso ! »


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Grande baigneuse, 1921

 

2 - Roses

D'abord, ses « études », suffocantes de perfection. Romaines, grecques, italiennes, françaises, espagnoles. Et on a dit que Picasso était un imposteur ! Mais s'il l'avait été, crétins qui pensez ça, il aurait passé sa vie à recopier tous ses prédécesseurs depuis Lascaux et se serait fait une réputation de grand pompier. Un Rubens bis, un Delacroix ter, ou même un « nouvel antique » tellement il est bon dans l'origine, l'élémentaire, le primitif. C’est qu’à vingt ans, il a tout vu, tout digéré, tout recopié, il excelle autant dans l'ensemble que dans le détail, autant dans le geste que dans le volume. La peinture, c’est lui désormais ! Son « Garçon conduisant un cheval » (1905-06), épuré en diable, est la réponse la plus scorpionnesque au splendide « Saint Martin » du Gréco, ses « Trois femmes à la fontaine » (1921), sanguines, monumentales, écrasent celles d'Ingres, et sa "Grande Baigneuse" (1921), atrocement érotique, grandes mains, grands pieds, grandes hanches, grands yeux vides et supérieurs, fait passer celle de Renoir pour une pucelle frigide. Je manque de m'évanouir devant elle, moi. Elle vous broie entre ses hanches, elle vous étouffe en vous faisant l'amour, d'ailleurs si vous faites l'amour avec elle, elle vous aspire jusque dans son ventre. Prodigieux, je vous dis !

A ce propos, il faut se rappeler ce que disait  Philippe Muray de Rubens. Le plus grand hommage qu'on puisse rendre à un tableau, c'est de dire qu'on bande devant lui. Les remarques universitaires sur la perspective, le pigment, sinon sur l’historique du chef-d’œuvre, toutes bienvenues qu’elles soient, ne sont jamais que de la culture, donc de la consommation, donc du pouvoir. Un visiteur qui viendrait poignarder l'une des toiles serait bien plus du côté de l'art que celui qui vient se faire valoir auprès de celle-ci - comme presque tout le monde. D'ailleurs, le fait qu'il n'y ait jamais d'attentats dans les musées prouve bien que l'art n'a plus la côte, sauf financière, dans notre monde. Et c'est normal puisque l'art est toujours, de près ou de loin, une crucifixion du monde - c'est-à-dire à la fois un calvaire et une gloire. Et que notre monde a aboli tout ce qui lui rappelait la croix.

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Le Gréco, La Visitation, 1607 - 1614

 

3 - Bleus

Je passe sur « La famille Soler » (1903), dont l'importance me semble justement plus historique qu'artistique, et je me concentre sur les manteaux bleus aux reflets blancs de la Vierge et de  Gabriel dans « La visitation » (1607-1614) du Gréco. Ah oui, Le Gréco, plus grand que Picasso, là. Qui fait mal à la perception. Qui chavire votre idée des plis. Ingres fera ça aussi, quoique de manière différente. De là viendra en partie la fameuse période « bleue » du héros Picasso. Sauf que sa violence n'égalera pas, pour une fois, l'ultra-violence de son maître – quoiqu’ « ultra violence » n’est pas le mot, on n’est pas dans Orange mécanique (quoi que….). Il faut vous dire que je n'ai pas de connaissance technique ni universitaire de la peinture. En philo, j'ai fait un peu d'esthétique comme tout le monde. Mais je suis incapable d'expliquer professionnellement le truc du drapé, le machin du pli, le bidule du relief. Enfin, quand je vois ça, j'ai l'impression que c'est ma propre peau qui bouge, vous voyez ce que je veux dire ?

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Vélazquez, Francisco Pacheco, 1622 - 1623

 

4 - Noires

Là aussi, c'est plus le « Francisco Pacheco » de Vélazquez (1622-23) qui retient mon attention que le reste. La fulgurance est dans la collerette. La plus belle du monde, je crois. Peinte comme une écume. Même de près, on dirait qu'elle bouge. Un véritable dessin animé sur un portrait du XVII ème siècle. Et je ne parle même pas de ce visage d'homme, profond, pénétrant, sérieux, intellectuel - donc  intelligent (les connards  se rassurent tellement en disant l'inverse !). Celui de Picasso fait un peu rigolo par rapport. Il y a des fois où le contemporain ne vaut pas le classique.  C'est que le contemporain s'est trop éloigné du réel - du réel tel que l'a voulu Dieu, du créé. Le moderne, c'est souvent du réel athée, du réel cubiste où l'on montre l'envers et l'endroit sur une même face, où le corps est moins une question d'âme qu'une question de volume et de rectangles, où l'on ne respecte plus l'harmonie préétablie. Cela donne des défigurations sublimes,  des dissections fabuleuses, Soutine, Bacon, Picasso...  Mais ça ne vous en impose plus d'en haut, comme cette collerette. Elle frémit, je vous dis.


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Le couple, 10 juin 1967

 

 

5 - Tarots.

Rembrand ou Balzac, qu'importe. C'est le « Gentilhomme du Siècle d'Or » qui passionne Picasso à cette époque.  L'important, c'est qu'il commence à saturer ses toiles. A l'élégance de Manet (« Matador saluant », 1866-67), il préfère l'exubérance, le chargé, le « baroque » pour employer un mot qui va avec tout. En fait, c'est à ce moment-là que son cubisme, assez sinistre à l'époque de Braque à mon avis, devient ludique, gai, amoureux. Il n'a plus peur de la profusion, de la vitesse, du rythme. Tout se mélange, joue et jouit ensemble. Voyez ses « Mousquetaire », ou son « Homme au casque d'or », voyez surtout ses « couples », celui du 10 juin 1967. Ca vibre, ça frétille, ça jubile - même si ça fait toujours froid dans le dos. Effroi et jubilation - c'est peut-être ça la définition érogène du cubisme.

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L’enlèvement des Sabines, 09 février 1963

6 - Variations (Sabines / Ménines)

Il faut choisir. Ses variations méniniennes sont géniales, mais ses orgasmes sabiniennes sont sublimes. Alors ? Que prendre ? En fait, on se rend compte que la différence  perpétuelle entre Picasso et ses maîtres, c'est que ces derniers font dans le sensuel mais que lui fait dans le physique. Poussin et David font dans la violence, mais lui fait dans le viol. Désormais, ce n'est plus une question de goût, c'est une question de couilles. Et de glaive. Et de chevaux qui écrasent des bébés ou qui écrabouillent le vagin des femmes. Et de membres qui giclent. Et de bouches qui hurlent. Picasso n'est jamais plus sexuel que quand il peint la guerre, le carnage, « Guernica » évidemment, ou, comme ici, « L'enlèvement des Sabines » du 09 février 1963. Il s'éclate autant avec les corps nus qu'avec les corps décharnés, écrasés, talonnés, écartelés. Et si j'insiste lourdement, c'est parce que je me demande toujours ce que les gens regardent. « C'est intéressant, c'est assez fort, c'est influencé de Poussin ». Eh oui, rigolo, puisque c'est le principe de l'expo ! Au fait, vous qui trouvez ça « assez fort », est-ce que vous saviez que Picasso se branlait sur ses toiles ?


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Melendez, La taverne, 1722

 

7 - Bodegones

Des fruits goûteux, presque trop mûrs, du vin luisant, des récipients qui brillent malgré leur saleté, surtout l'odeur de la cuisine, du garde-manger, avec ce qu'il faut de faisandé, d'humide, de pourri. Amélie Nothomb se jetterait dessus. Tout ça, c'est Chardin. Toujours un peu décomposée, la nourriture chez Chardin - comme dans le Zoo de Greenaway. On le sait, une nature morte, c'est un ensemble d'ustensiles de cuisine, avec fruits, légumes, gibiers, poissons, fruits de mer, fleurs, tous posés au bord d'une table et donnant l'impression que ça va se casser la gueule. Le maître absolu de ces chutes en sursis, c'est Luis Melendez dont je ne retrouve malheureusement pas une image assez grande (même si la peinture n'est pas une image comme on dit chez Sollers-Zagdanski) de la « Nature Morte avec citrons et oranges » (1760) Tant pis, je vous colle celle du saumon de « la Taverne » de ce même Melendez (1722), trouvé sur le net, splendide moisi qui provoque les papilles autant qu'il les dégoûte. J'aurais pu aussi mettre le bouleversant « Agnus Déi » de Zurbaran (1635-1640), ou l'extraordinaire « Chat et homard » de Picasso (1962), mais pas les "têtes de mouton écorchées" où pour le coup notre héros ne tient pas la route dans ce genre face à Francis Bacon. Dans tous les cas, il faut bouffer tout ça. « Aimer les choses et les manger vivantes », disait Picasso le cannibale. Le contraire de Simone Wei pour qui plus on aime, moins on touche…

 

8 - Dames

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Ingres, "Madame Moitessier" (1856) / Picasso, Grand nu au fauteuil rouge, du 5 mai 1929


Alors je ne veux pas faire le type qui est pris de son syndrome de Stendhal toutes les deux minutes mais quand, dans une même salle, on voit Picasso dévorer Degas, triturer Courbet, et obscéniser Ingres, il faut avoir une sacrée dose d'insensibilité pour ne pas s'évanouir. Ingres, surtout, le peintre le plus hystérique de tous les temps. Avant de le découvrir il y a quelques années au Louvres dans une autre expo de masse, je pensais un peu comme vous, qu'il était l'artiste le plus fade et le plus ennuyeux de tous les temps - et j'étais d'accord avec Claudel quand il écrivait que « Le bain turc » est un bordel de vers de terres. Bonnes femmes imbaisables au regard bovin, poses académiques (oui, bon, sauf le cou bizarroïde de l'Odalisque), et toujours du tissu, encore du tissu, rien que du tissu. Et puis, un jour, j'ai vu en vrai et j'ai été vaincu. Vous vous rappelez ce que dit Barthes à propos de la scène de couture du vagin de madame de Mistival par sa fille Eugénie à la fin de La philosophie dans le boudoir ? Que plus que de l'acte de coudre lui-même, on nous parle d'une « grande aiguille où tient un gros fil rouge ciré » et que c’est cette description qui fait vraiment mal ? Et que « si l'on nous avait raconté le grain du fil, cela serait devenu intolérable » ? Eh bien voilà ! Ingres, c'est le grain du fil qu'il peint, et c'est ce grain qui irrite notre perception et nous rend malade de bonheur. Il faut le voir en vrai pour se rendre compte de la présence insupportable qu'il donne au tissu, tissu, tissu, ti-ssu, t-i-s-s-u, TISSU, TII IIIIISSSS SS SSSSS SSSUUUU UUUU. Les plis impeccables, les pliures compliquées et pourtant d'une clarté too much pour l'oeil. Prenez "Madame Moitessier" (1856), ça a l'air gentillet comme ça, en fait, c'est aussi violent que le "Grand nu au fauteuil rouge" du 5 mai 1929. C'est dessiné au rasoir, c'est peint à la gouache et ça donne une présence trop présente. C'est cela l'hystérie - donner trop de réalité à la réalité, rendre les choses trop palpables, trop perceptives, dilater précisément la perception.  Ca relève à la fois du haschisch (Baudelaire) comme d'une manière toute féminine d'être - même si les féministes n'y voient que du feu.

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Olga, 1923



D'ailleurs, les féministes, parlons-en. On se demande ce qu'elles ressentent quand elles voient tout ça - ces corps de femmes sexualisés à mort quoique totalement désensualisés. Car rien de moins sensuel et rien de plus sexuel que Picasso le Taureau, Picasso le Minotaure, et par dessus-tout, Picasso le Scorpion. C'est la grande différence avec Matisse, aussi génial que lui mais tellement plus agréable, plus voluptueux, plus maternel, plus vaginal. Picasso est clitoridien, c'est clair. Là, pendant que je suis devant « Les demoiselles des bords de la Seine d'après Courbet » (1950), dans lequel deux jeunes filles s'enlacent, j'entends derrière moi une donzelle dire à sa copine : « c'est quand même une interprétation toute personnelle des choses ». Et les deux pétasses d'éclater d'un petit rire réprobateur - j'allais dire : d'un petit rire culturel, d'un petit rire permis.  Un peu comme celui que l'on entend de temps en temps à Orsay dans la salle de L'Origine du monde de Courbet après que certaines bonnes femmes savantes aient lu ce titre, « origine du monde », qui, plus que le tableau lui-même (qu'elles tentent de comprendre sous couvert culturel), provoque leur féminisme outré : « Origine ? Nous ne sommes pas des origines quand même !  Ils auraient quand même pu changer ce titre. C’est réducteur et dévalorisant pour les femmes, non ? »  Bon, voilà que c'est moi qui m'énerve tout seul maintenant,  à cause de ces connasses, et pour m'énerver encore plus, je me demande jusqu'à quand il y aura des expositions Picasso, et d'ailleurs des expositions tout court tant tous les peintres peuvent tomber sous le coup des Haldes futures, des associations féministes, des réseaux spécistes, et de tout ce qui fait semblant de défendre les femmes, les vieux,  les pédés, les handicapés, les animaux, et les enfants bien sûr.  Les enfants dont  ceux qui n'aiment pas la peinture disent toujours qu'ils pourraient faire la même chose - alors que, comme le disait un jour Picasso : « il m'a fallu toute une vie pour peindre comme un enfant. » Mais assez d'auto-suggestion ! Ecoutons plutôt cette mère avec son nigaud d'adolescent auquel elle explique, devant "Olga" (1923), chef-d'oeuvre incomparable du maître, la transcendance du regard de l'homme sur la femme : « il la peint parce qu'il l'aime, et mieux, il l'aime parce qu'il la peint ».  La mère qui explique à son fils la souveraineté masculine, le père qui explique à son fils la souveraineté féminine, ça c'est de l'éducation !

Hélas, les conservateurs ont appelé tout ça « portrait de la peinture » - tarte à la crème de la critique picturale, littéraire, cinématographique ! Combien de fois lisons-nous que ce film est un grand film sur le cinéma, que ce livre est un grand livre sur la littérature, que ce tableau est un grand tableau sur la peinture ? La peinture qui se peint. L'art qui n'aurait comme vrai sujet que lui-même. Ouroboros, cliché mortifère. Et enculage de l'art par la culture.


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Ingres, Madame de Senonnes, 1814


9 - Dames II

Encore Ingres. Encore ces douceurs qui tenaillent, ces vêtements qui chatoient, ces chairs qui brûlent de leur propre blancheur. Frigides, les femmes de Ingres ? Qu'elles me fouettent au sang pour avoir osé le penser ! Et moi, je vous salue,  "Madame de Senonnes" (1814), apothéose rouge et or de l'hystérie ingrienne. Vous avez, paraît-il, le bras droit trop long, mais c'est la perversion de votre créateur d'allonger toujours quelque chose chez les femmes. Permettez-moi de vous dire que vous êtes magnifique et qu’il ne vous manque que la parole comme on dit.  Pardonnez-moi, vous me faites dire n'importe quoi. Je préfère quitter la salle avant de me mettre à délirer et inquiéter les gardiens. A bientôt, donc, madame. Quant à vous, je fais un beau clin d'oeil, chère « Nana » de Manet (1877) que je n'avais jamais vu et qui aurait tellement mieux sa place chez nous.

- Tu as vu ce type ? Il parle tout seul.

- Pire, il parle aux tableaux.



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Goya, La maja nue, 1797, 1800 / Picasso, Nu couché jouant avec un chat, 10-11 mai 1964

 

10 - Nus.



« Je veux DIRE le nu. Je ne veux pas faire un nu comme un nu. Je veux seulement DIRE sein, DIRE pied,  DIRE main, ventre. Trouver le moyen de le Dire, et ça suffit (...) Un seul mot suffit quand on parle. Ici, un seul regard, et le nu te dit ce qu'il est, sans phrases. »



Alors, on y va. C'est la dernière salle. La plus étourdissante et, reconnaissons-le, la plus spectaculaire. On n'a pas l'habitude de voir  « l'Olympia » de Manet (home, home, home...) avec la baigneuse de Rembrandt (« Femme se baignant dans un ruisseau », 1654), « L'Odalisque » de Ingres (quoiqu'en grisaille, 1824 - 1834), la Vénus du Titien (« Vénus se divertissant avec l'Amour et la Musique », 1548), et, et... Nom de Dieu de salope ! L'un des trois ou quatre tableaux au monde que je voulais voir une fois dans ma vie, il est là ! Elle est là, plutôt. Dans son scintillement et son plus charmant appareil. Avec son sourire enjôleur, ses boucles noirs, son pubis à peine tiède. Avec  surtout ses deux seins qui s'ouvrent comme deux seins qui s'ouvrent - je ne trouve pas d'autre métaphore. Et ses bras repliés sous sa tête. Et ce petit rouge aux joues.  Tout s'offre en elle, et c'est pourquoi ses genoux qui se resserrent  l'un sur l'autre nous irritent étrangement - à moins qu'ils se contractent déjà, et dans ce cas, c'est nous qui... Mais comment la toucher ? Elle semble flotter sur des coussins qui  eux-mêmes flottent dans l'air. Elle surgit du noir, du rêve, de la nuit. Elle est apparue. Elle va disparaître. Elle est comme ça, la « Maja nue » de Goya (1797 - 1800), le plus beau nu du monde, prostituée pour l'éternité et pour autant jamais souillée. J'en ai presque les larmes aux yeux. Moi, devant la Maja !


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Il faut se décrocher de son sourire, sinon l'on meurt. Aller voir les autres. Et quelles autres ! Il y a la femme en forme de bite du « Nu couché à l'oiseau » du 17 janvier 1968, celle du « Nu couché et homme jouant de la guitare » du 27 octobre 1970 et qu'on serait en droit d'appeler « Femme orange à la fente ».  Il y a surtout, surtout, celle de l'archi-splendiose « Nu couché au collier » du 8 octobre 1968, dont je n'ai pas réussi à trouver une reproduction, et qui est sans doute la plus fantastique du lot.  Feu d'artifice de vert, de rouge, de bleu, de blanc, de jaune. Corps de femme qui urine, qui chie, et qui sourit d'aise et d'impudeur. Impossible non plus de faire l'impasse du fabuleux « Nu couché » de novembre 1971 dans lequel les poils pubiens semblent éjaculer des êtres en noirs  qui se promènent autour de la dame, donnant l'impression qu'ils veuillent y replonger. La figure est agressivement triangulaire, les couleurs sont vives, on dirait que tout crie : matrice, ventre, bouche, soleil, tâches. Enfin, « La Pisseuse », du 16 avril 1965 (oui, car il en était à un chef-d'oeuvre par jour à la fin, sinon plus !) dont j'adore le nez rieur, l'insouciance absolue, le vent dans les cheveux, le bassin dans les vagues, et le pipi blanc qui coule en bouillon de sa grosse chatte noire.

Voilà, il est plus de 18 h. Dans quelques heures, on sera en février. A qui n'ai-je pas encore souhaité la bonne année ? Il y a toujours beaucoup trop de monde, mais je ne remarque plus personne depuis longtemps, totalement obnubilé par ce que j'ai vu et que j'emporte chez moi.


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(Cet article, composé d'abord pour ce blog le premier février 2009, fut repris, non sans quelques ajouts et corrections, pour Les carnets de la philosophie, numéro d'hiver 2009)

 

 

 

 

 

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Commentaires

  • Si l'on comprend bien le seul spectacle qui méritait le voyage en ce dimanche 1er février 2009 vers 16h à Paris c'était Pierre Cormary léchant les vagins peints, roucoulant des chants d'amour devant les pubis efflorescents, s'agenouillant devant des sexes monstrueux et se polluant frénétiquement devant un attroupement bovin de femmes sorties de la palette divine des Vélasquez, Goya, Picasso et Matisse ?

  • En fait, c'était plutôt hier...
    Et il n'y avait pas de Matisse.

  • ton petit teasing "Aimez-vous Picasso ou êtes-vous féministe ? " ne me laisse pas le choix : je n'aime pas Picasso ^^.

    En fait ce n'est pas tout à fait vrai, puisque contrairement à toi qui mets tous (enfin, "toutes", puisque pour toi un féminisme est une femme) les féministes dans le même sac, je distingue. J'ai vu de très belles choses chez Picasso (cette "Olga", quelle merveille !), souvent plutôt dans ses premières périodes d'ailleurs. Mais ce qui semble t'émouvoir chez lui (je dis "émouvoir", mais apparemment il faudrait employer un langage nettement + porno...), j'avoue trouver ça merdique. Des trucs déformés avec des gros seins des bites et des vagins partout, une toile par jour effectivement ça ne m'étonne pas, et pour soutenir tout ça, tu n'as rien trouvé de mieux que "l'art ça doit faire bander" ? Achète un film de cul, vieux :-). Quand je vois les tableaux que tu as choisis pour illustrer ton article, moi, je prends les maîtres et je te laisse Picasso. Enfin.... CE Picasso-là, le vieux libidineux obsédé sexuel dans lequel tu sembles te retrouver.

  • Tout de même, Jean-Rémi, on ne dit pas de Picasso qu'il est un "vieux libidineux obsédé sexuel" - ou alors, on le dit comme certains le disent du Céline de Mort à crédit, ou de Lautréamont, ou de Sade, ou même d'un certain Zola, ou de Francis Bacon, autre génie qui doit te débecter, pour revenir à la peinture. En même temps, ta réaction, diablement anti-culturelle, et c'est pour cela qu'elle est sympathique, me conforte dans l'idée, et même si je ne peux pas le prouver, que peu de gens aiment Picasso, et que la plupart le considère comme toi - un vieil obsédé dégueulasse - même s'ils n'osent le dire, pour la seule et bonne raison que Picasso, en déplaise à la majorité, a été proclamé "plus grand peintre du XX ème siècle" - ce que je pense, moi, qu'il est. Et pas simplement pour des raisons de pornographie (d'ailleurs, le porno ne m'excite pas), mais pour des raisons orgiaques pures. Picasso, c'est le dionysiaque à l'état pur. C'est le corps à l'endroit, à l'envers, en bas, en haut, à côté, c'est les tripes, les sexes, les trous, la bave, l'urine, les nerfs, les larmes (sublimissime femme qui pleure -

    http://images.google.fr/images?hl=fr&ie=ISO-8859-1&q=picasso%2C+la+femme+qui+pleure&gbv=2

    et qui me fait pleurer, oui, désolé),

    et tout cela, comme j'ai tenté de le dire, ce sont des forces mises en scènes, plus que des formes - et dont le sexe fait évidemment partie. Franchement, quand tu vois le "Guernica", tu ne te sens pas vibrer de l'intérieur, tu n'as pas l'impression qu'on n'a jamais mieux exprimé la guerre, le carnage, la douleur, le désespoir ? Moi, ça me parle, ça me bouleverse, et oui, ça "m'excite", et quand je dis que ça fait "bander", ce n'est pas au sens concret mais au sens symbolique. J'entends par là que ça provoque un effet physique sur ma personne - effet multiforme d'irritation, de dégoût, de plaisir, de nausée et d'amour, et c'est tout ça que j'attends de l'art et que je trouve dans Céline, Wagner, Kubrick... ou Picasso. "Ca", "ça", "ça", "ça", "ça" - tout est là, Freud, Groddeck, Le livre du Ca. Ca me concerne le Ca.

    Alors, oui, je bande, mais pas au sens du con qui bande devant Zara White. Je bande moralement, esthétiquement, ethiquement, religieusement. Car c'est religieux en somme tout "ça". Picasso, athée communiste de merde, époux abominable, père dénaturé, salopard social et familial (et je passe sur le plan sexuel - à part bouffer la merde de ses enfants à force de les avoir battus devant le chien de leur mère, je ne vois rien d'autre), tout ce qu'il a fait en art me semble relever du sublime et du mystique. Cette femme qui pleure, c'est La Femme qui pleure, Guernica, c'est La Guerre et La Douleur, ces hommes et ces femmes nus et pisseux, ce sont Les Hommes et Les Femmes. Quand je vois un Picasso, j'ai l'impression de voir une icône de l'art universel. Aussi grand que la Chapelle Sixtine, une statue grecque, une pièce de Sophocle, un opéra de Mozart.

    Je pourrais rajouter qu'il m'a fallu du temps pour le comprendre, l'intégrer, et même "le" jouir. Ca ne se dit pas, mais tant pis.

  • Eh beh va pour l'anti-culturel (ça ne m'arrive pas tous les jours ; ça me change !) : le dyonisiaque à l'état pur, ça ne m'a jamais vraiment intéressé (moins même que l'apollinien pur), et je m'en porte très bien. J'ai toujours trouvé à "Guernica" un côté "cartoon" et tout m'évoque mieux la douleur et le désespoir que ça. Je pense que c'est un immense peintre, et je reconnais que de nombreux tableaux le prouvent, mais à partir du moment où il est parti et dans le cul et dans le cubisme, je ne le suis plus (comme je ne suis pas Matisse, comme je ne suis effectivement pas Bacon). Je ne sais pas si cela fait de moi l'équivalent moderne du bourgeois bon teint aux premières expositions impressionnistes... Quoi qu'il en soit, je ne dois pas avoir la bandaison religieuse avec Picasso.

  • Ah mais l'apollinien pur, moi, ça me fait aussi bander (enfin, métaphoriquement, théologico-socialement, érotico-sado-maso-éthiquement, comme on a dit, on se comprend), mais c'est vrai qu'on est loin de Picasso.

    "Guernica", un "cartoon" ?????????????????? C'est comme si tu me disais que Van Gogh, c'est un débile !

    Et tu ne suis ni Matisse, ni Bacon ? Mais, ami, tu es, en matière d'art, un super affreux méchant fieffé réactionnaire !!!! :))) Et la Femme qui pleure, rien non plus ??? Au moins, tu es, comme moi d'ailleurs, d'une transparence toute moderne....

    Enfin, bon, nous aimons tous les deux la superbe "Olga". Apollinien, à mon sens, ce tableau, non, oui ?

    (Je t'embrasse !)

  • Un "cartoon" uniquement dans l'esthétique, hein ! tu sais, le côté exagéré qu'on trouve dans les personnages de dessin animé, eh bien je le retrouve dans "Guernica", en fait.

    J'aime Magritte et Dali, est-ce que ça me permet de ne pas être réactionnaire à 100% ? (et j'adore Turner ! Turner, c'est pas réactionnaire !) Je crois simplement que nos âmes esthétiques ne sont globalement pas accordées. A toi la modernité crue de Picasso et Bacon, les longues femmes de Modigliani, les tissus d'Ingres ; à moi les immenses toiles pleines de taches/zones de couleurs de Monet et Turner, les portraits bienveillants de Vigée-Lebrun (un jour, je dirai tout le bien que je pense de celle qui est, à mon sens, le plus grand portraitiste français), le surréalisme onirico-délirant et même humoristique de Dali et Magritte. Heureusement, on se retrouve parfois, comme sur cette "Olga" essentiellement apollinienne (mais pas dans ses mains, pas dans ses yeux), ou dans Goya, qui met toujours tous les gens bien d'accord ^^.

    (je t'embrasse aussi !)

  • Plus je déteste tes goûts, plus je t'aime !!

    Car Magritte, JE DESTESTE !!!! Le peintre le plus fade, le plus simpliste (et non le plus simple), le plus niais. Dali, c'est autre chose, j'adore, mais je suis sûr, pour des raisons autres que les tiennes. Dali, c'est le grand masturbateur, le plus racoleur, putassier, mais o combien le plus efficace, des peintres. Nul ne lui résiste, comme j'aime si bien dire. Dessin parfait, délire on ne peut plus commun mais tellement universel. C'est le vulgaire génial, le surfait irrésistible, l'imposteur pour lequel on vendrait tout l'authentique. Intellectuellement archi nul, mais visuellement imparable.
    Turner ? Rien à dire. Sans doute sublime, sain, mais un rien ennuyeux pour moi. Trop évident si j'ose dire. Ah oui, les couchers de soleil, c'est vrai. Je comprends qu'on soit de cette religion, je respecte, mais pas pour moi.
    Et tu ne fais pas si bien dire. Picasso, donc - je comprends qu'on ne l'aime pas. Ingres, aussi - même si à mon avis, tu devrais le revoir, c'est tout à fait pour toi, espèce de virginien intransigeant ! Mais MODIGLIANI ?????? Là, je te provoque en duel ! Car Modigliani, c'est plus que de la sainteté, c'est du martyr !!! Avec Bacon dans les années 90, Picasso, donc, aujourd'hui (auquel je rajoute l'expo "Matisse et Picasso" il y quatre ans, découverte dans l'amour avec Amandine !!!), Modigliani au Luxembourg, c'est la troisième expo de ma vie. C'est un ange, rien de plus. Personne ne l'égale car personne ne fait comme lui. Un cas unique de mysticisme pictural. Modigliani, c'est ce que l'on voit, sent, écoute, perçoit, un instant dans sa vie, et qui disparaît pour l'éternité ! Ce n'est pas négociable, comme l'esprit saint - et tu as tort, tort, tort, mon ami.
    Alors que Picasso, oui, je le reconnais, c'est le diable en personne.... C'est Serpentard à deux mille pour cent, là-dessus, on est d'accord.

  • Tu vois, ce que tu me dis sur Modigliani, je te le dis sur Turner. Car oui, Magritte, c'est l'oulipien de la peinture, c'est vraiment un truc à moi ; Dali, tu en parles très bien ; Vigée-Lebrun et Monet, tu n'en parles pas mais on se comprendrait facilement sur nos divergences les concernant, je n'en doute pas... mais Turner ! TURNER !!!! C'est Dieu Le Père, Turner, des ciels de lumière pure, des incendies giigantesques, c'est l'ébahissement, le Stürm und Drang puissance 1000 !! Ce ne sont pas des couchers de soleil : c'est le soleil qui a explosé sur la toile, qui a même explosé la toile ! La collection Turner de la Tate gallery de Londres, ç'a été mon plus grand choc pictural à moi, tu vois... Alors sain et ennuyeux, vraiment, je ne vois pas...

  • Oui, juste une remarque sur le titre "L'origine du monde", qui n'est pas de Courbet, et dans lequel Muray voyait une déviation "occultiste" de la sèche (si j'ose dire) naturalité du tableau. Compléments à mon comptoir : http://cafeducommerce.blogspot.com/2008/01/comment-finir-un-cot-la-dtestable.html

    Par ailleurs, j'avoue avoir été assez content de lire dans le livre de Zwang "Eloge du con" dont nous parlions l'autre jour, que, avec toute l'admiration que l'on peut avoir pour le geste artistique de Courbet, la vulve dont il s'agit ici n'est pas 'first class quality", comme on dit dans "Tirez sur le pianiste". En tout cas - et ceci dit sans forfanterie -, j'en ai vu des plus belles en vrai !

    Enfin, votre histoire vaginale / clitoridienne est un peu facile, ce que vous devez savoir. Mais ceci est une autre histoire...

    Cordialement !

  • Ce que tu as a écrit est très pointu mais je n'ai pas tout lu (faute de temps ). Hélas je n'ai pas vu l'exposition.

    Certes, Picasso est un génie dans son art, mais l'être humain est assez pourri, il s'est servi beaucoup des femmes dans sa carrière et dans son appétit sexuel démesuré (pourquoi pas ), mais à mes yeux c'est "quand même" un sale individu bourré de talent.
    Des bises .
    Danièle

  • Encore une fois, j'ai raté un expo...

    Mais là, je suis du côté de Céléborn: on peut que se prosterner devant Vigée-Lebrun...

  • Tu fais relâche le dimanche ? C'est dommage ... d'ailleurs je crois que tu as raté ta vocation, plutôt que surveiller passivement les chefs d'oeuvres du passé la démarche alourdie et l'oeil bovin sanglé dans un uniforme qui te boudine, tu devrais être ton propre entrepreneur, un animateur culturel qui produirait ses spectacles - sans subvention car tu es hostile à l'intervention de l'Etat dans la Culture ce qui est un bon point pour toi n'est-ce pas ? - "Les chefs d'oeuvres de la peinture de tous les siècles mimés, joués, chantés, criés par le grand Montalte, derviche tourneur des Beaux-Arts" spectacle en mâtinée pour les enfants, nocturnes le week-end pour les spectateurs les plus avisés, tournées Karsenty pour la province etc.
    Tu vois on manque de gens qui ont du bagout pour vendre "le grand art" pour reprendre la terminologie de Steiner. Sinon tout finira en eau de boudin, Versailles deviendra un Disneyland pour touristes ahuris avec homards à l'américaine sauce Koons ...

    PS Curieux que les organisateurs n'aient pas retenu Matisse alors que Picasso le considérait comme son seul rival ! En 1954 à sa mort il dira : "maintenant je suis seul". Ca prouve que les maîtres d'oeuvre sortis de l'école du Louvre ont encore beaucoup à apprendre ...

  • Les maîtres, ce sont les anciens, ce que n'était pas Matisse. Et d'ailleurs, Picasso-Matisse, ça avait déjà été une expo "historique".

    La culture touristique, oui, oui, on en est déjà là, mais que faire ? Rien, en fait.

    Danièle...... ;)

    Hawkeye....... :D

    Café, vous avez vu que j'ai pris votre image ?

    Celeborn, je crois bien que j'étais bourré hier soir. Ca se sent d'ailleurs. Mais un Châteauneuf du Pape des Fines Roches 2005, ça se boit avec Excès, vachement plus sympa que Modération, comme on dit sur FB.

    Vigée-Lebrun ? Oui, non.

    Monet, oui, mais quand il exubère. Ses violettes orgiaques. Ses cathédrales proustiennes. Ses pont chinois d'été ou d'automne. Et sans doute ses nymphéas. Sa dernière période en fait, hallucinante, ultra colorée. Il est très bon dans la nature chaude, si j'ose dire. Mais ses jeunes filles évanescentes et ses paysages trop sages, non....

  • Je me permets de signaler une petite coquille. Il s'agit de Madame Moitessier.
    Tableau dans lequel on peut voir dans le reflet dans le miroir situé derrière la dame comme un "plagiat par anticipation" de Picasso.
    http://www.abcgallery.com/I/ingres/ingres44.JPG
    Arasse a écrit sur l'énigmatique "tache"noire sur la robe qui vient souiller le tableau. Tache éjaculatoire.
    Pour ma part j'ai trouvé que la plus belle salle était la dernière.

  • bonne année,cher montalte! je viens de me régaler avec tes commentaires sur les chefs d'oeuvres présentés.Quel génie!!!! commment peut-on écrire tant de
    "littérature" -ce n'est pas tout à fait le mot en regardant des tableaux????
    j'apprécie aussi Picassoo.Qu_el génie!
    en espérant de voir lors d'un prochain passage à pARIS;Laurence

  • Oui j'aime Picasso et pense être féministe... Quelle merveilleuse idée de copier les tableaux des grands maîtres que l'on aimerait avoir chez soi, les copier avec cette liberté de déconstruire et reconstruire. "Je ne peins pas ce que je vois, mais je peins ce que je pense ", disait Picasso. Alors, "La Pisseuse" je l'aime bien mais ce n'est pas la raison elle me fait beaucoup rire et j'aime l' audace de Picasso. Dans cette expo, ma préférence allait aux grands maîtres et pour tout dire, Picasso c'est le mien.

    Bisous, merci d'avoir pensé à moi le 13.

    Ecrit par : Jackie , le 15/02/2009

  • Ces tableaux font mal aux yeux.

    Autant par la brutalité des couleurs, des matières, du dessin que par votre prose.
    Tout y est trop lumineux, grossier, aveuglant choquant, incroyablement sensuel, voire pornographique, violent, dégoûtant en un mot, tellement vivant !

    Oui c’est vrai ! il est tellement ridicule d’étaler un savoir creux et ostentatoire quand plus personne ne sera choqué, émerveillé, égayé, interpellé ou épouvanté par de telles œuvres…

    «Un visiteur qui viendrait poignarder l'une des toiles serait bien plus du côté de l'art que celui qui vient se faire valoir auprès de celle-ci.»
    Comme tout est si bien résumé dans cette phrase…

    emeraldias

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