1) Quand êtes-vous déjà mort(e) ?
Le jour où je me suis rendu compte que je ne pouvais pas - même avec elle, une des femmes que j'ai le plus aimées dans ma vie et qui me convenait à mort, justement (05 et 06 janvier 2008 dans un hôtel à Nice).
2) Qu'est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière de Dieu et la joie d'être (sinon de vivre) malgré tout. Il faut bien se faire une anti-raison pour continuer.
3) Que sont devenus vos rêves d'enfants ?
Des rêves d'adulte.
4) Qu'est-ce qui vous distingue des autres ?
Rien.
5) Vous manque-t-il quelque chose ?
Tout (si l'on considère que l'amour est tout - mais je méprise l'amour.)
6) Pensez-vous que tout le monde puisse être artiste ?
Non. Il faut aimer ses souffrances pour l'être.
7) D'où venez-vous ?
D'une inadéquation conjugale, sentimentale, existentielle et autre (mes parents, quoi ?)
9) Jugez-vous votre sort enviable ?
Non.
Mon être, c'est autre chose.
10) A quoi avez-vous renoncé ?
A rien. Même pas à ça.
11) Que faites-vous de votre argent ?
Caca.
12) Quelle tâche ménagère vous rebute le plus ?
Toutes.
13) Quels sont vos plaisirs favoris ?
Je n'ai que des passions.
14) Qu'aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
De l'argent. Hélas, mon oncle de Belgique est mort l'an dernier.
15) Citez trois artistes vivants que vous détestez.
Je ne sais pas si je suis capable de détester un artiste. Non que j'aime tous les artistes, loin de là, mais disons que les artistes que je n'aime pas m'indiffèrent plus qu'autre chose. Jeff Koons, par exemple, c'est complètement nul et ça me fatigue. Il y a aussi Damien Saez, le pire chanteur à la con de la galaxie - mais est-ce qu'il mérite d'être détesté ? Et puisqu'il en faut trois, disons Pedro Almodovar dont je n'aime vraiment pas les films.
16) Que défendez-vous ?
La contradiction, c'est-à-dire la liberté.
(Sinon, Heidegger, Charlie-Hebdo et La Dernière tentation du Christ - le premier article de ma vie, paru dans Nice-Matin, à Sainte-Maxime, en 1986.)
17) Qu'êtes-vous capable de refuser ?
Tout ce qui n'est pas en lien direct ou indirect avec mes passions, mes plaisirs, mes intérêts.
18) Quelle est la partie de votre corps la plus fragile ?
Le coeur, si j'en avais un.
Sinon, le nez et la gorge. J'ai sans arrêt des putains de rhino-pharyngites.
Mais le ventre est à toute épreuve, c'est l'essentiel.
19) Qu'avez-vous été capable de faire par amour ?
Rien.
20) Que vous reproche-t-on ?
Sans doute d'être immature, irrespectueux et "pas gentil" (la famille.)
Sans doute d'être narcissique, compliqué et opportuniste (les amis.)
Sans doute de ne pas être chrétien (les cathos.)
Sans doute de trahir mon camp et de trouver ça amusant (les droitards.)
Vrai pour tout.
21) A quoi vous sert l'art ?
A me consoler (lire à ce sujet le merveilleux essai d'Agathe Novak-Lechevalier, Houellebecq - L'Art de la consolation, Stock.)
22) Rédigez votre épitaphe.
"Auteur tardif, classique précoce".
Ou "a fini par publier, maigrir et même aimer."
(Dans tous les cas : "mort à Saint-Malo en 2070 où il s'était retiré depuis trente cinq ans, après son Prix Goncourt pour La Part archaïque, sa grande trilogie atridienne".)
23) Sous quelle forme aimeriez-vous revenir ?
En cormoran malouin (il paraît qu'il détruit la nature.)
A l'Escale, Sainte-Maxime, le 25 décembre 2018, 19:11