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Pour Sarkozy, avec ferveur II

 

Sarkozy devant le désespéré de Courbet.jpg

C'est drôle, je continue à l'aimer, moi, notre président. Je lui pardonne tout : sa vulgarité, son inculture, son hystérie permanente, et par dessus tout sa croyance intégriste en l'action, quelle qu'elle soit. Agir, agir, faire n'importe quoi, mais agir !  Evidemment, lui, c'est son boulot d'agir - en tous cas d'en donner l'impression, surtout en période de crise, même si l'on sait par empirisme qu'entre l'action et son résultat il y a un abîme. Qui n'a jamais cru que l'action marchait comme un principe de causalité ? Ce n'est pas parce que je fais ça que ça va se faire, ou mieux, que ça va le faire. Quelle plaie que l'action ! Les hommes d'actions sont souvent des hommes d'échecs, et moi je vais boire un coup.  Et buvant, je me dis ce que je me suis toujours dit, à savoir que devant un problème, la meilleure chose à faire est de ne rien faire. Le rien faire me semble le comble de la sagesse. Ne faites rien et tout s'arrangera ; faites quelque chose et tout s'aggravera, si, si, si, je vous promets. A la limite, on peut toujours défaire ce qui a été fait afin de diminuer l'action. Le truc, c'est qu'il y en a toujours qui s'agitent, qui agissent, qui font, et qui, ce faisant, empêchent les autres de ne rien faire, les forcent à réagir, et font que la merde continue. C'est pour ça qu'il y a des inégalités, des guerres, du sida. Si les gens pouvaient s'abstenir, ma bonne dame, mais le monde serait en paix. Souffrir et s'abstenir, sustine et abstine - ça, c'est la classe. Le Pape ne manque jamais de classe, lui, même s'il manque plutôt de sens mondain ces derniers temps. Plus théologien que politique,  plus intempestif que prudent, plus maladroit que la septième compagnie à lui tout seul, il a cru bon de désexcommunier les pires brebis galeuses de son clan - et de faire hurler les loups de l'empire du bien.

bûcher de hier et d'aujourd'hui.gif

D'abord, il est assez cocasse de voir des laïcards priapiques défendre un concept aussi médiéval que l'excommunication. Peut-être vont-ils se prononcer également pour la réhabilitation  du mea culpa public et de l'autodafé. En tous cas, et ils le prouvent tous les jours, ils sont pour tous les bûchers du monde - brûlez les méchants, brûlez ceux qui dialoguent avec les méchants, brûlez ceux qui  ont été à douze ans du côté des méchants,  brûlez quiconque ose accorder le pardon aux méchants, et envoyez en enfer  tous ceux qui prient pour les damnés qui sont des méchants définitifs, et après vous ferez partie de notre congrégation à nous, les Gentils, les Parfaits, les Purs, les Méga-Mignons, les Anté-satans. Ensuite, tout se discute, même le révisionnisme, ou plutôt, depuis qu'on a révisé le mot, le négationnisme - sauf si l'on considère qu'il y a des choses que l'on ne discute pas, en d'autres termes, des choses sacrées.  Et entre le salut d'une âme ou sa damnation, qu'est-ce qui  est le plus sacré ? Un ancien, conscient que chacun est pécheur, répondrait son salut, mais un contemporain répondra, avec toute la cruauté de la croyance en sa pureté, sa damnation. Notre époque,  experte en ethique mais impitoyable en humanité (le contraire de l'Eglise, donc...), a décidé une fois pour toutes que le mal ne ferait plus partie de cette humanité.   Alors, qu'un pape, sous prétexte d'unification ecclésiale, tournicote avec ce que le siècle considère comme le pire,  voilà qui est insupportable, et, rajouteront les plus indulgents,  voilà qui n'est guère malin.  L'Eglise Catholique, accusée en permanence de tous les maux du monde, n'avait vraiment pas besoin de ça ! Mais l'Eglise doit-elle être maligne ? Après tout, c'est très catholique de réintégrer le diable en son sein, ça permet de le surveiller et, pourquoi pas, de le sauver. Mais dans un monde qui ne croit plus en la miséricorde et qui n'a jamais autant cru au diable, forcément, ça pose de petits problèmes de communication. Le Christianisme - scandale et folie for ever ? La preuve avec ce Williamson. Et ne croyez pas que je m'égare...

Comprenons que la négation de la Shoah va de pair avec la sacralité de celle-ci. La Shoah, c'est le Golgotha de l'histoire contemporaine.  L'horreur la plus signifiante de notre temps et autour de laquelle nous avons organisé tout notre credo moderne : droits de l'homme, antiracisme, altérité sacrée. Le problème est que dès qu'il y a du sacré, il y a du blasphème. Dès qu'il y a du visage (et du visage de juif !), il y a du crachat. Mais faire du blasphémateur, ce qu'est fondamentalement le  négationniste, un criminel idéologique,  un monstre  qu'on aurait le droit d'abattre au coin de la rue, c'est lui faire trop d'honneur. Au lieu de perdre son temps à diaboliser les faussaires de l'histoire, on devrait plutôt les réfuter une bonne fois pour toutes, puis les traiter par dessous la jambe - un peu comme on traiterait un imposteur qui viendrait nous expliquer que Marignan ce n'est pas 1515 ou que le Christ n'est pas ressuscité. Mais non, il faut agir, exclure, diaboliser - c'est-à-dire sanctifier à l'envers.  Dans cette affaire, tout le monde a tort selon l'angle où l'on se place. Sur le plan moral et historique, Williamson est un enfoiré ; sur le plan civil,  Benoît XVI est un clerc bien mal avisé (mais c'est aussi par là que réside sa grandeur - après tout, le Christ passait aussi son temps avec des infréquentables) ; sur le plan métaphysique, l'époque est une folle du logis.

 

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Donc le consul s'agite. En même temps, il est bien obligé de montrer qu'il fait quelque chose - et d'après Marianne, mon hebdo préféré depuis que j'ai été trois heures dans son forum, il a même pris des mesures que la gauche n'aurait pas reniées. Interventionniste, étatiste,  colbertiste, le Nicolas Ier ! Même le Libération d'aujourd'hui parle de "pincée sociale" après son intervention à la télévision, hier soir. En fait, on se demande, depuis bientôt deux ans, ce qu'il n'a pas fait à la place de la gauche. Ouverture au PS, ouverture aux minorités visibles, et grâce à celle-ci, nouvelle perception de l'immigré.  On est passé de l'ère Djamel Debouze, soit le petit beur plein de morgue victimaire et qui passe son temps à faire la leçon à la France, à l'ère Rachida Dati, qui la ramène peut-être  trop avec  sa réussite éclatante et sa rengaine qu'on ne lui a jamais rien donné (et même si on lui a tout repris depuis), mais qui au moins dépasse la complainte antiraciste  et ultrapunitive dans lequel le premier voudrait enfermer tout le monde. Rien que pour en avoir fini avec la dictature de l'antiracisme, ou disons avec l'une de ses formes, car l'antiracisme est une hydre à douze têtes, je ne regrette pas avoir voté Sarkozy.

En fait, c'est sa propension à brouiller les pistes qui me ravit.  Droitiser la gauche, gauchiser la droite, faire cohabiter un Brice Hortefeux (le type le plus intelligent du lot, me semble-t-il, quoique obligé de faire jusqu'à ces dernières semaines le plus sale boulot) et une Rama Yade, jamais à court de gaffes, mais qui apprend, apprend, repart, revient, ne relève pas d'un simple grand écart  idéologique. Il faut apprendre aux grandes blacks et aux petites beurettes a priori de gauche qu'être à droite n'est pas une honte.  La réconciliation nationale commencera quand les frontières ethniques et sociales seront abolies et quand les minorités s'embourgeoiseront.  L'égalité, c'est faire de l'exclu un petit bourgeois. Le reste, la haute culture, le luxe, l'excellence, pourront venir en leur temps. Comme dans La flûte enchantée, il faut sécu(la)riser le monde de Papageno et  préserver celui de Sarastro.

Sarkozy, c'est la nouvelle droite qui emmerde la gauche et l'ancienne droite. C'est la droite multiforme,  mais non plurielle, et encore moins mitterrandienne, dont le premier souci n'est plus d'être "la vraie droite". Aux chiottes, la "vraie droite" ! Cette dernière qui n'intégrait  jamais l'adversaire, qui se contentait d'affirmer ses "valeurs" dans l'inconscience de sa ringardise, cette droite antidialectique au possible qui ne comprenait strictement  rien au monde (rappelez-vous, Chirac face aux "jeunes" dans le débat sur l'Europe), c'est fini, et je bois à sa disparition.  Sarko, jamais là où on l'attend, énerve les intransigeants, donne des coups de sang aux consanguins, et fait chier les gauchistes. Trahir les intégristes et énerver les désintégrés - ça me fait kiffer grave, ça.

On dit alors que c'est un Chirac bis, qu'il serait comme lui un opportuniste sans conviction, influençable,  persuadé  que c'est le dernier qui a parlé qui a raison. Eh non, justement. Chirac, c'était la dernière roue du carrosse de la France et de l'Europe, toujours en retard sur l'événément et toujours en avance sur une imbécillité, alors que Sarkozy, sous influence ou non, surfe toujours le premier. Il a indéniablement ce sens de la modernité, sinon de l'avenir, qui faisait tant défaut à son prédécesseur, et qui a fait, selon moi, la raison principale de son élection. Comme le dit Marcel Gauchet dans un dialogue avec Michel Winock dans le numéro  151 du Débat d'octobre 2008 et qui inspire ce post,

"nous sommes [avec Sarkozy] devant un phénomène politique déconcertant, très difficile à circonscrire.Sarkozy est en train de mettre en place une autre manière de gouverner, dont on a le sentiment qu'elle représente une sorte de changement de modèle qui s'imposera d'une façon ou d'une autre à ses successeurs, quels qu'ils soient. De ce point de vue, il marque en effet, une rupture, par sa simple manière de faire, quoi qu'il doive advenir par ailleurs de son action."

C'est clair, avec Sarkozy, quelque chose change, et pas forcément en mal. Le "Casse-toi, pauvre con" était mérité et somme toute assez rigolo, comme du reste le "Viens le dire là si t'es un homme" au pêcheur insulteur -  il est bon, parfois, de traiter les cons comme ils vous traitent, une façon de bâtonner la plèble et qui ne choque que les bobos.  Quant au "bling-bling", il n'est pas pire que celui qui sévissait sous le règne de Mitterrand (Bernard Tapie ne s'y est pas trompé) même s'il devrait  paraître en toute logique moins scandaleux que ce dernier - puisque Sarko c'est la droite et Mitterrand, c'était la gauche (enfin, la gauche, on se comprend). En fait, ce que ce diable de hongrois a révélé, c'est notre répugnance cocardière à la transparence, notre goût consommé de l'hypocrisie, notre puritanisme infini en matière d'argent. Ce n'est pas tant que le président  triple son salaire qui choque l'opinion que le fait qu'il le dise, l'assume et aille faire la fête sur un bateau de milliardaire -  d'autant que, les spécialistes sont formels, Sarkozy touche officiellement ce que ses prédécesseurs touchaient officieusement. Et puis quoi ? Depuis François Ier, depuis Versailles, les chefs d'Etat font dans le bling bling.

Non, plus sérieusement, c'est surtout l'esprit des institutions qui change ou qui renaît avec lui.

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Et d'abord, la sacro-sainte laïcité qu'il serait censé mettre à mal - comme si celle-ci  existait encore. En vérité, la laïcité n'existe plus en France depuis la première affaire de voile en 1989, et lors de laquelle on donna raison à des "pétasses" d'entre les murs au lieu de donner raison au proviseur d'origine martiniquaise,  Ernest Chénière, qui voulait les exclure. Sarkozy communautariserait-il la France ? Peut-être, mais puisque la France ne sait plus imposer son modèle républicain aux enfants d'immigrés (elle serait taxée de racisme si elle elle le faisait), autant changer de modèle.

- C'est odieux ce que vous dites !

- Non, c'est très simple. Soit on redevient républicain de choc, on arrache le voile aux putes et soumises qui le portent, on bastonne ceux qui ne parlent pas français, on interdit violemment toute manifestation ethnique, on fait bouffer du Voltaire et du porc à tous les élèves d'origine maghrébine, on exclut sans sommation celui qui ose dire qu'il est "touché" dans sa religion, on martyrise avec une mauvaise joie militante et une bonne conscience impitoyable toute sensibilité qui a du mal à "accepter" les règles et les valeurs de la République, bref, on fait tout ce que faisaient sous la Troisième République  les instituteurs aux Bretons et aux autres ploucs régionaux, soit.... on admet que le monde a changé, que 1905 est un peu dépassé, et qu'il faut peut-être passer du modèle républicain à un modèle communautariste plus adapté.

Que le monde ait changé, c'est précisément ce que Sarkozy a compris et c'est ce que j'estime en lui. Tant pis s'il a "souffert"  avec  La princesse de Clèves ! La princesse de Clèves, c'est pour moi, pas pour lui. A chacun sa place, moi je dis, ma bonne dame ! Et il y aura toujours quelques lettrés autour de lui pour lui éviter les bourdes antilittéraires. Il y aura toujours le  très  remarquable Henry Guaino, le seul qui ait fait ses humanités dans la bande, pour lui parler de Barrès, de Maurras et de Madame de La Fayette. Mais c'est encore la preuve qu'il est avisé, ce cosaque, en s'entourant  d'intellectuels, même si lui ne l'est pas.

Pour le reste, nous sommes enfin sortis du post-gaullisme, nous sommes enfin sortis des années Giscard-Mitterrand-Chirac, et là aussi, je kiffe. Celles-ci, je ne sais pourquoi, m'ont toujours fait horreur. Les sinistres années 90. Les dégueulasses années 80. Les pêteuses années 70. Sarkozy est le premier vote "positif" que j'ai fait dans ma vie, admettez que ça compte. Pour aggraver mon cas, j'avouerais même que je le trouve sympathique, ce mec. Sa transparence infantile (mais qui le rend redoutable dans les débats), ses affects grossiers et néanmoins si humains, sa parole faite de mauvais français et de rhétorique imparable, sa façon de convaincre, d'aller droit aux problèmes, de ne jamais reculer, ni par prudence, ni par pudeur, sa maîtrise parfaite des médias, oui, tout cela donne un coup de jeune à notre pays qui en avait bien besoin et des claques aux jeunes qui ne méritent que ça.  D'ailleurs, au lieu de la virer à Bruxelles, il aurait dû mettre Rachida Dati à l'Education nationale, avec  comme premier décret le rétablissement des châtiments corporels dans les écoles, les collèges, les lycées, et par dessous tout, les facs ! Car je ne pense pas qu'il y ait pire qu'un djeun aujourd'hui.  Le fascisme djeun, j'en parlerai pendant des heures...

Sarkozy, c'est le premier politicien, jeune mais pas djeun, qui ait ridiculisé les humoristes  et les grandes gueules, le premier qui ne s'en soit pas laissé conter par un Le Pen ou un Karl Zéro. D'ailleurs, c'est grâce à lui qu'on n'a plus Le Pen aujourd'hui. Vous imaginez, Le Pen, en pleine période de crise économique ? L'écho qu'il aurait ? Le score qu'il ferait ? Ben voilà. La droite sarkozienne nous a quand même débarrassés de l'extrême droite lepéniste - et a mis l'extrême gauche besancenienne dans les pattes du PS, ils vont s'amuser. Non, il connaît mieux que personne les noeuds de vipères idéologico-médiatiques, Sarko. Il sait comment fonctionne le Loft hexagonal. Dans notre société du spectacle, il est le spectacle qui ringardise les autres spectacles, et ma foi, ce n'est pas si mal. Même le détester, c'est encore le servir. Comme le dit Gauchet, mieux qu'un chercheur d'adhésion, il est un "capteur d'intentions" :

"Les télespectateurs ne zappent pas en voyant Sarkozy arriver à l'image : au contraire, il continue de susciter l'intérêt et d'occuper le centre du jeu, ne serait-ce qu'au titre du refus. Sarkozy divise, mais ne laisse personne indifférent en dépit de sa surexposition, de sa manière de tout endosser, de répondre à tout, de se multiplier sur tous les fronts. Le phénomène Sarkozy se caractérise par cette capacité exceptionnelle d'occuper le terrain et de focaliser l'attention publique. On peut même parler d'une hystérisation de l'opinion devant le flot de littérature dont le personnage fait l'objet. Ce n'est pas donné à tout le monde, et il faut lui reconnaître là au moins un talent hors norme."

Voilà. Sarkozy sidère, méduse, consterne, excite,  hystérise tout ce qu'il touche, et ridiculise tout ce qui voudrait l'atteindre.  Ca nous change des trente dernières années.

- Oui, en gros, ce que vous aimez chez lui, c'est son côté romanesque, son côté Bel-Ami, Rastignac, Mosca ! Que de l'esthétique, et entre nous, que de l'esthétique vulgaire. En fait, vous êtes vulgaire. Il avait raison, le Stalker, vous êtes un vrai beauf !

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Disons qu'avec lui, je règle mes comptes avec une certaine France. Cette France de ma "jeunesse", miterrando-chiraquienne, jeuniste, cathare, inculte, anti-happy few, défaitiste de la pensée, pas assez catholique et trop chrétienne, le coeur à côté de la plaque,  totalitairement anti-raciste ("nous, on est contre Le Pen, c'est tout" -  LA phrase de ma génération et la plus inepte de toutes les générations), atteinte de sida mental comme disait l'autre, puis immobile, inopportune, fin de race. Cette France où c'est l'humoriste qui fait la loi (le clown inquisiteur, il faudrait faire vingt pages là-dessus), où c'est le mou salaud, pour reprendre une typologie nabienne, qui donne le ton, où c'est la presse qui censure bien plus que le "pouvoir" (Chesterton), où c'est le djeun qui...

- Oui, d'accord, d'accord, mais là, c'est aussi la France d'aujourd'hui que vous décrivez.

En partie, c'est vrai. Mais Sarkozy fissure, me semble-t-il, ce granit politico-médiatique. Regardez la panique autour de la nouvelle loi audiovisuelle (comme si les présidents de chaîne n'avaient pas toujours été nommés par les présidents de la République), ou pire, la ridicule Marseillaise chantée par les députés de gauche parce que l'on adopte un décret purgatif qui empêchera que l'on pose dix mille amendements inutiles et qui réduira des débats qui durent toujours trop longtemps. Certains crient à la dictature du pouvoir, alors que la vraie dictature, aujourd'hui, c'est celle de l'individu, des lobbies, des réseaux. On se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude quand on croit qu'il y a encore des mass media. En vérité, tout passe par le multimédia, Internet, n'importe quel petit blog à la con comme le mien.  On est sur Marianne, chez Léo Scheer, les Inrockuptibes, on fait le coup de poing derrière son écran, on s'amuse comme des fous, et si on ne pulvérise pas le système, au moins, on ne regarde pas la télé. Sarko est le cousin par alliance du PDG de TF1, et alors ? Le journal de Pernaud peut rassurer les vieux et la province ; en termes d'impact médiatique, une minute des Guignols a mille fois plus d'influence que lui. Dans la presse, pour un journal de droite, vous en avez trois de gauche, et pour trois magazines culturels de gauche, vous n'en avez aucun de droite. Ah oui, Le spectacle du monde, c'est vrai...

Dans tous les cas, impossible aujourd'hui de cacher quoi que ce soit.  Rappelez-vous Cécilia n'allant pas voter pour son mari au deuxième tour de la présidentielle de 2007 : lundi soir, l'Elysée "interdisait" au Parisien de révéler l'information, le mardi, on pouvait lire dans toute la presse "Le Parisien censuré", "l'affaire de Cécilia révélée", etc. L'infâme censure d'Etat aura duré six heures ! Et je ne parle même pas d'internet où c'est quasiment en direct qu'on apprend que tel ou tel ministre a cru qu'il avait un secret-défense. L'information "interdite", elle est en live. Il suffit pour un journaliste d'avoir eu deux minutes de pression politique pour que deux jours plus tard il publie un livre de deux cents pages intitulé  Vous subissez des pressions ? Quant à Marianne, mon hebdmodaire détesté depuis que je ne suis plus en tête de leur forum, il a fait vocation de propagande anti-sarkozyste permanente depuis maintenant deux ans. De quoi Sarkozy est-il le nom ?  se demandait le ratonneur d'extrême gauche, Alain Badiou, dans son best-seller. Les mariannistes ont répondu avec lui. Du fou, de l'hystérique,  de l'instable,  du dictateur en puissance, du salopard, de l'hygiéniste, de l'homme aux rats,  de l'atlantiste (ça oui, et alors ?), du pire-que-Bush, et par dessus tout, du nain, du nabot - que fait La Halde d'ailleurs ? Car s'il y en a bien un en France dont tout le monde raille ouvertement la "différence" physique, c'est bien notre président...

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Au fond, media, politiques, et, je crois, presque toute l'opinion, réalisent à la lettre la fameuse injonction de 68 selon laquelle il est interdit d'interdire.  L'interdiction, d'ailleurs, c'est ce qui fait vendre. "Ces informations qu'on nous cache", il n'y a plus que ça dans les journaux d'information.  "Ce qu'il n'a jamais dit", "le livre qu'on a voulu censurer", "ce que vous n'auriez pas dû savoir", "ce que l'on ne pourra bientôt plus écrire" - à part Mignonne, allons voir si la rose, tout est permis.... Qu'elles traitent des politiques, des acteurs ou des sportifs, les biographies "non autorisées" pullulent. Dans notre monde démocratiste, on a le droit de tout dire, Les blogs se déchaînent, les diffamations sont en rut, les délires rivalisent - et c'est peut-être très bien ainsi.  Même un de mes braves syndicalistes, l'autre jour, à l'assemblée générale, compara sans rire Sarkozy à Pétain, car il avait osé dire qu'il voulait en finir avec mai 68 comme l'autre avait dit qu'il voulait en finir avec le Front Populaire.  Bravo, camarade !

- Mais la société de surveillance, vous ne la niez pas quand même ? Les caméras partout ? Le fichier Edvige ? On a raison de s'insurger, non ?

Vous parlez de ceux qui sont inscrits sur Facebook, qui mettent toute la journée mille photos d'eux et de leurs proches, qui racontent toute leur vie, leur première expérience homosexuelle, ou la fois où ils ont chouravé un numéro de Hot video, et qui créent un groupe qui s'appellerait "Non au fichier Edwige" ? Un peu de sérieux, par pitié.  Quant aux caméras de surveillance, oui, elles sont partout, c'est pour ça qu'on a assisté au "casse-toi pauvre con", ou qu'on sait que Sarko utilise des talonnettes. En vérité, ce sont les politiques qui sont le plus surveillés, et ce sont les individus qui sont le plus surveillants. Au XXI ème siècle, tout passe à la télé ou sur les écrans de PC - même les exécutions publiques (Saddam Hussein). Et les gens regardent, regardent, en redemandent, veulent tout voir et tout savoir les uns des autres. Big Brother, c'est le pékin moyen.

Alors, en effet, je trouve pas mal que le pouvoir pense un peu à lui et se redonne quelques  mini-moyens de gouverner. Dans un pays aussi capricieux que la France, où la chienlit veut toujours se substituer au pouvoir, où le pouvoir est toujours soupçonné d'être le mal en soi, où l'extrême gauche révolutionnaire peut crier "mort aux juifs" sans complexes et un Julien Dray dire fièrement qu'il est toujours un "bolchévik", une tentative de restauration autoritaire et républicaine me semble salubre - et extrêmement drôle quand on voit la tête des insurgés. Sarkozy relèverait-il de cette droite bonapartiste décrite par René Rémond et si décriée partout ? C'est ce dont des types comme moi se réjouissent. Hélas ! Pourquoi avoir alors fait voter une loi qui renforcerait le Parlement ? En voilà un vrai point de désaccord que je pourrais avoir avec ce gouvernement. Donner plus de pouvoir au Parlement, quelle erreur ! Quelle aberration démocratiste ! Quelle incohérence institutionnelle !

D'ailleurs, tant que j'y suis, j'en profite pour dire que tout ce qui chez lui relève de l'influence néo-conservatrice protestante qui lui fait croire au déterminisme génétique (en gros, à l'existence de foetus pédophiles !) et lui fait faire des aberrations juridiques (les enfants en prison, les fous au tribunal) relève de la pire démagogie et me sort par les yeux. Le déterminisme génétique, c'est une idée plébéienne. De même sa propension à vouloir réformer la justice et le système pénal avec des parents de victimes ! Un de ces jours, on va nous refoutre la peine de mort, sous prétexte que des mères en deuil seront pour. C'est cela le vrai danger des révolutions conservatrices, elles sont des triomphes absolus de la démocratie. Et si Sarkozy est le nom de quelque chose, c'est bien de ce démocratisme grouillant, pullulant et puant. Enfin, je compte sur sa versatilité de Verseau pour changer d'avis quand il sera temps.

-  Sans doute, mais après tout ça, on se demande alors où se cache votre "ferveur" sarkozyste. Car à part dire qu'il est une bête de scène politique,  un stratège habile ayant su en effet manier l'alliage des contraires, ce dont personne n'a jamais douté, et un homme qui vous "venge" de votre  jeunesse,  pauvre petit  bourgeois stressé que vous êtes, bref, en dehors de ce que fait jouir en vous (et l'on se demande bien quoi) ce Bonaparte de bas étage, et en reconnaissant en même temps qu'il est un sale réac sous influence néo-conne (car comme ça vous avez l'impression de gagner sur les deux plans), on a bien du mal à saisir la cohérence de votre "engagement".

- La suite au prochain numéro, comme on dit.

- Ah vous n'avez pas fini de vous faire plaisir ?

- Oh, ça, jamais !

- Mais de quoi allez-vous encore nous parler ? De votre pénis ?

- Non, pire, de mes accointances avec l'extrême droite...

- Frimeur !

Gros dégueulasse blond.jpg

 

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Commentaires

  • Oui, elle est excellente la première photo de ton boutiquier chéri, visiblement il cherche le prix sur la cartouche du tableau ...

  • Veux-tu que je te dise, tu as bien fait de voter Sarkozy en 2007, cela t'évite de claquer ton fric en allant chez le psy, maintenant tu es paré, pour les émois poétiques de la chair tu as Amélie Nothomb et son grand chapeau, et pour les transes politiques tu as la danse de Saint-Guy de ton clown politique de choc ...


    Tiens ! Je crois que je vais lancer une nouvelle profession libérale, je vais m'instituer psycho-pathologue des blogueurs.

  • "Impossible de cacher quoi que ce soit"

    C'est vrai pour l'accessoire, le futile, le superficiel. Savoir que Cécilia n'a pas voté pour son mari au second tour de la présidentielle, franchement quelle importance ? La République ne va pas sauter à cause de ça.

    Mais s'agissant des informations essentielles ou potentiellement dévastatrices, je constate que le secret est bien gardé. Comment se fait-il que nous ignorions, sept ans après les faits, pour quelle raison l'usine AZF de Toulouse a explosé ? Pourquoi a-t-on empêché ceux qui exploraient la piste de l'attentat de mener à bien leur enquête, comme le raconte Marc Mennessier dans son livre ? Espérons que le procès qui va se tenir bientôt permettra d'y voir un peu plus clair mais je ne suis pas très optimiste. On ne rattrappe pas le temps perdu.

    Sans partager sa vision paranoïaque du monde, je trouve que Guy Debord n'a pas tort quand il écrit :

    "Le secret généralisé se tient derrière le spectacle, comme le complément décisif de ce qu’il montre et, si l’on descend au fond des choses, comme sa plus importante opération."

  • Que dire devant ce déferlement d'égographie?

    J'ai un peu l'impression que le texte est écrit à l'instar de son sujet : ce voulant présent (et du coup actif) sur tout le tableau, il dit et fait n'importe quoi pourvu que l'on parle de lui. Sarkozy est en effet passé maître de la politique spectacle et veut faire croire qu'il parviendra à faire quoi que que ce soit en faisant ce n'importe quoi.

    Ce qui m'inquiète sérieusement c'est son habitude à prendre le bien des autres comme le sien propre. Le dernier exemple est la proposition de supprimer la taxe professionnelle pour effectuer la relance. D'abord, je peine à comprendre comment une charge sur les entreprises aidera le consommateur (qu'on me montre un exemple de l'efficacité d'une telle mesure dans le passé), mais, plus grave c'est de savoir que la taxe profession est un impôt local, perçu par les instances locaux pour leur fonctionnement.

    Que va donc faire l'Etat pour relancer l'économie, sauf asphyxier encore plus les ville et les départements?

  • Bonjour Pierre,

    Tu sais que je ne suis pas sarkozyste, encore moins anti-sarkozyste. Car je crois qu'il y a à boire et à manger dans son discours. Quant à ses actions, attendons pour juger, il ne reste plus que trois ans, c'est-à-dire un battement de cils.

    Précision faite, je voulais revenir sur ce paragraphe qui m'a irrité :

    "- Non, c'est très simple. Soit on redevient républicain de choc, on arrache le voile aux putes et soumises qui le portent, on bastonne ceux qui ne parlent pas français, on interdit violemment toute manifestation ethnique, on fait bouffer du Voltaire et du porc à tous les élèves d'origine maghrébine (...) soit.... on admet que le monde a changé, que 1905 est un peu dépassé, et qu'il faut peut-être passer du modèle républicain à un modèle communautariste plus adapté."

    J'ai été irrité voire choqué oui, car approuver le communautarisme, c'est préparer la "libanisation" du pays. C'est extrêmement grave car on sait comment se termine une société clivée sur des groupes identitaires religieux ou ethniques.

    Veux tu voir tous les jours des affrontements violents antisémites ou anti-musulmans?

    C'est vers cet avenir que « Nicolas le petit » nous mène. Toutes ses politiques de la "diversité" cachent des mesures de discriminations, envers d'abord les français qui n'auraient pas eu la chance de porter un patronyme étranger (toi par exemple). Ensuite ceux qui comme moi, patronyme et/ou faciès étrangers, seront étiquetés Ad vitam æternam comme des incapables, ayant profités de mesures iniques. Les couloirs des bureaux bruisseront de « ha ! Rachid ? oui c’est celui qui a été aidé pour avoir son boulot, c’est notre quota à nous ».

    Comment penses tu que ledit Rachid va vivre cette situation ?

    A moins d’être un opportuniste sans éthique, sans code, une raclure pour être clair, comment déambuler sereinement dans les couloirs du bureau avec cette étiquette infâme : « minorité privilégiée ». C’est le pire des racismes, celui qui te considère toujours comme un mineur à vie incapable de t’accomplir par toi-même !

    Si tu appelles de tes voeux la fin du modèle qui a fait que des millions de gens croient encore en ce pays, celui de la République une et indivisible, celui où tu pries, tu croies, mais CHEZ TOI !

    La rue, la polis, n’est pas aux chrétiens, aux musulmans ou aux juifs, elle est aux citoyens.

    Etre citoyen français c’est être d’abord français avant d’être croyant, c’est se définir comme français catholique, juif ou musulman et non l’inverse. C’est, enfin et surtout, faire sien toute la culture de ce pays, ses pires vices comme ses remarquables vertus.

    Faut-il que ce soit au fils de vieux kabyles musulmans de rappeler ces évidences ?

  • "On est passé de l'ère Djamel Debouze, soit le petit beur plein de morgue victimaire et qui passe son temps à faire la leçon à la France, à l'ère Rachida Dati, qui la ramène peut-être trop avec sa réussite éclatante et sa rengaine qu'on ne lui a jamais rien donné (et même si on lui a tout repris depuis), mais qui au moins dépasse la complainte antiraciste et ultrapunitive dans lequel le premier voudrait enfermer tout le monde."

    Je ne vois pas de changement d'ère (Jamel Debbouze est toujours là d'ailleurs). Je ne vois pas en quoi la nomination d'une ministre incompétente est un progrès, quand bien même elle appartiendrait à une minorité visible. Ce n'est une réussite que du point de vue du spectacle donné, et d'ailleurs tu ne parles que de ça, du fait que le show est de qualité. Mais ce n'est hélas pas le cas de la politique qui va avec, qui, malheureusement, elle, ne l'est pas trop, comme tu le remarque heureusement dans la fin de ton texte (mais bon, la versatilité du Verseau comme seule porte de sortie, je me gausse...).

    Sinon oui, la laïcité existe encore, ne t'en déplaise, et ce n'est pas une affaire mal réglée à l'époque qui l'a fait disparaître : tu pervertis le réel et n'en prend que ce qui t'arrange (tu es quand même au courant de la loi qui a été votée depuis à propose des signes religieux, non ?). J'ai du mal à saisir les tenants et aboutissants de ta croisade anti-laïque, que tu résumes juste après en une alternative tellement caricaturale que j'espère bien qu'elle n'est là que par pure provoc'...

  • Ah les amis intimes !

    Celeborn, je suis bien au courant de cette loi anti-signe religieux, même si je me demande si elle est toujours en cours - et je te rappelle le raffut que cela fit quand on l'appliqua. Ce n'est pas parce que la loi dit quelque chose que le réel s'y plie (en Turquie, aussi, les voiles sont interdits à l'école, cela n'a pas empêché dernièrement les intégristes de s'imposer dans d'autres domaines) Et ce n'est pas de ma faute si en France les voiles, sinon les burkas, se remarquent de plus en plus dans la rue - où, du reste, on a le droit de les porter. C'est un fait que si les communautés sont de plus en plus visibles, il faudra peut-être se communautariser, au moins réformer la fameuse loi de 1905. Et c'est ce que les laïcards purs et durs reprochent justement à Sarkozy - de mettre en danger cette sacro-sainte loi.

    Alors quand je dis, Jugurta, qu'il faudrait peut-être penser à s'adapter efficacement aux nouvelles données identitaires, au fond, personnellement, je ne sais pas ce qu'il faut faire, mais je sais que l'on n'est plus dans les années cinquante, que le modèle républicain d'antan me semble bien loin, et qu'il faut donc peut-être passer à autre chose. Mais crois-moi, épidermiquement, je ne suis pas pour le communautarisme, et je souscris à tout ce que tu as dit - et peut-être, figure-toi, que j'ai écrit tout ça pour avoir une réaction indignée telle que la tienne... Et qui pour le coup, pourrait même passer pour un auto-racisme en ce qui te concerne, fais attention !

    Sinon, Djamel est toujours là, c'est vrai, mais il me semble l'entendre un peu moins, en tous cas politiquement depuis qu'il y a Rachida. Celle-ci me semble avoir, peut-être trop légèrement, mais c'est déjà ça, changé le discours de l'immigré en France. Alors tant pis pour son incompétence. Le problème n'est pas là et dépasse largement le seul spectacle. Rachida fut le symbole (pré-obamien) d'une beurrette à un ministère d'importance et qui nous servit autre autre chose que l'habituelle soupe victimaire.

    Hawkeye, à part prendre des mesures drastiques (baisser les salaires, augmenter les impôts, taxer tout le monde, et faire que les gens travaillent plus en gagnant moins), je me demande bien ce que peut faire l'Etat en période de crise économique. Même si évidemment il n'osera jamais faire ça....

  • Sébastien, d'accord pour l'usine AZF, ou pour telle ou telle enquête qui relèverait du secret d'état et qui, grâce à Dieu, n'est pas sur la place publique, mais au delà du futile et du superficiel, constatons que nous sommes dans un monde dans lequel il est très difficile de cacher ce que l'on n'aurait caché trente ans avant..... La torture, par exemple.

    2005. Abou Ghraib. Les Américains torturent dans l'ancienne prison de Saddam. Six mois plus tard, on sait tout ce qui s'est passé. Photos affreuses, vidéos odieuses, témoignages accablants. Un an après, les bourreaux sont jugés et condamnés. Voilà un exemple (certes américain) de transparence mondialiste. L'administration Bush est montrée du doigt par ceux-là même qui ont voté pour lui. Et Obama triomphe.

    Et à peine trois jours après son sacre, on apprend que des futurs ministres de ce dernier auraient menti sur leur déclaration d'impôts. Ils sont virés illico, et lui obligé de s'expliquer à la télévision et de dire que sur ce coup, il a "foiré". Chapeau, d'ailleurs, mais voilà ce qu'est notre monde ! Un monde de l'instantané, du "live", de l'aveu public, du jugement public, et parfois de l'exécution publique - bref, de l'inquisition.

  • Un bon papier de Bruno Frappat de La Croix sur l'intervention de Sarkozy, l'autre jour :

    "Comment fait-il? Comment tient-il tous les bouts de tous les sujets qu'il aborde? Pas la peine de tourner autour du pot: Nicolas Sarkozy, ce soir, à la télévision, durant une heure et demie, a été éblouissant. S'il était acteur on dirait: bravo l'artiste! S'il avait été sur une scène, on l'aurait volontiers "bissé". Où puise-t-il cette énergie inlassable, cette faconde, ces mimiques, ces développements où tout son corps paraît engagé dans la démonstration? Evidemment, c'est d'un professionnel et non d'un débutant. Il dose soigneusement la compréhension pour le malheur sans verser dans la compassion excessive. Il fait comprendre qu'il a entendu le message des manifestants du 29 janvier et, pour un peu, les féliciterait d'avoir manifesté. Il dirige tout, il sait parler de tout, il est pédagogue, passionné, grave, direct, affecte la colère, glisse ce qu'il faut de sarcasmes sans être désagréable, regrette les "petites phrases", remet les préfets à leur place. Parfois, il se trouble très légèrement, sur Rachida Dati, sur Rama Yade, sur son propre avenir. Mais il contrôle tout ce qu'il avait à dire et le dit. On ne sait pas si cet homme redressera la France, s'il nous sortira de la crise au point où il l'espère, s'il aura les capacités de son volontarisme. On devine au moins que non content de s'y efforcer, il s'y acharnera. C'est déjà ça. "


    http://blogfrappat.la-croix.com/2009/02/sarko.html#comments

  • Bonjour,

    Je n'ai pas le courage ce matin de revenir sur votre article, ma foi fort bien écrit, mais qui m'a fait parfois tomber de ma chaise. J'aime depuis quelques temps votre blog et vos critiques littéraires, j'aime beaucoup moins vos engagements politiques. Passons.

    Comme disait Alain, quand on détient une vérité, il faut toujours regarder celle d'en face. Alors à vos lecteurs qui apprécieront l'article de La Croix, j'aimerais les inciter à remettre en cause les chiffres avancés par notre Président (exemple : la part des services dans le PIB Français, grossière erreur !) Car on peut être à l'aise sur tous les sujets quand on aligne les faussetés.

    Bien à vous.

  • "C'est un fait que si les communautés sont de plus en plus visibles, il faudra peut-être se communautariser,"

    Non, ça c'est une proposition - éventuellement une idée - mais certainement pas un fait. Le fait (et je suis en gros d'accord avec toi là-dessus), c'est que certaines communautés sont plus visibles qu'avant. Pas qu'il faille peut-être se communautariser. Comme tu le dis, on a le droit de porter le voile dans la rue. Je ne vois pas ce que tu veux de +, et je ne saisis pas dans quel sens et surtout de quelle manière tu veux réformer la loi de 1905... Dis-le nous de façon précise, donc. Sinon oui, la loi sur les signes religieux est appliquée, rassure-toi.


    "mais il me semble l'entendre un peu moins, en tous cas politiquement depuis qu'il y a Rachida"

    post hoc, ergo propter hoc, hein ? Ca manque de rigueur, tout ça...

  • Bon, je reconnais que les JT ne sont pas des parangons de l'objectivité, mais ils ont remarqué que la France brille par son absence de volet social dans son plan de relance. Les Anglais en ont un, les Allemands en ont un, même la Terre Saint du libéralisme moderne, les USA, projette d'utiliser près d'un tiers de son budget de relance dans le social. Le tissus social est-il en si brillante état En France que le Président puisse en faire l'imapsse? (Puisqu'il n'y a que lui qui décide et agit: les membres gouvernement ne sont que des simulacres. C'est à se demander si la la suppression d'un fonctionnaire sur deux ne devrait pas commencer par la suppression des ministères)

  • Ouaip.

  • Bonjour Pierre,

    Tu écris en réponse à mon commentaire : "Et qui pour le coup, pourrait même passer pour un auto-racisme en ce qui te concerne, fais attention !".

    Je dois t'avouer que cet argument, la haine de soit, on me le sert souvent dès que je défends le modèle républicain, celui qui sépare le pouvoir temporel du spirituel, celui qui met au centre l'individu et non sa communauté d'origine, celui qui juge sur ce que l'on fait et non sur ce que l'on est, bref le modèle Occidental où la défense de la liberté individuelle est née.

    Ensuite, ce modèle est l'inverse du racisme, juger quelqu'un sur ce qu'il est. Je n'ai donc aucune animosité envers mes aïeux. Tous les jours que la force fait je "redeviens" kabyle. Je tente de ne pas perdre ma langue natale, je tente de cuisiner les recettes de ma mère, j'écoute de la musique kabyle etc etc.

    Je dis que je "redeviens" kabyle parce qu'il est vrai qu'avant de retourner sereinement vers mes origines, je suis d'abord devenu français, donc libre, grâce à ce modèle, certes, parfois violent, notamment à l'adolescence. Le processus d'intégration est toujours individuel, délicat, il n'est jamais arrêté.

    Je conçois les autres avant tout comme des individus et non des arabes, des kabyles, des français ou des chrétiens, des juifs, des musulmans. Ce contre quoi je me battrai toujours c'est l'immixtion du religieux dans le politique ou l'inverse.

    Je ne veux pas que mes impôts paient des piscines publiques où la charia s'applique, je ne veux pas que mes impôts paient des cantines publiques casher ou hallal, je ne veux pas que les fonctionnaires, ceux qui servent l'Etat, la République soient, avant d'être des agents au service des administrés, des musulmans, des juifs ou des chrétiens.

    Enfin, tu fais fausse route selon moi, comme les sarkozyste, en combattant les conséquences de la désintégration de la République et non ses causes. Ses causes quelles sont-elles ? Rapidement :

    1/ depuis trois décennies le modèle d'intégration républicain a été petit à petit mis de côté. Il ne créait que souffrance identitaire. Ce qui est en partie vrai. Mais il réussissait a minima à insérer puis à intégrer, deux choses différentes.

    2/ en parallèle au renoncement de ce modèle, un mouvement politico-religieux a pris depuis la révolution iranienne son essor : l'islam militant. Lui est fier de ses valeurs, il les porte comme un étendard. Il veut les imposer à l'autre, par la persuasion (Tarik Ramadan) ou par la force s'il le faut (terrorisme islamiste).

    Il a en outre un avantage indéniable... il porte un idéal en lui, idéal que j'abhorre, mais idéal tout de même, comparé à l'"oxydent" où le seul objectif de beaucoup est d'avoir un compte en banque bien rempli.

    Conclusion d'un trop long commentaire : redresser la République et combattre les politiques qui se cachent derrière le religieux en défendant les valeurs fondamentales de l'Occident : libertés individuelles, séparation du spirituel et du temporel, égalité en droit des citoyens quels que soient leur race, leur sexe, leur culture, leur religion.

    Pour aller plus loin comme on dit dans le jargon, voir ce petit compte rendu que j'ai écris sur un essai important, "Le puzzle de l'intégration" de Malika Sorel.

    http://extremecentre.org/2008/12/08/le-puzzle-de-lintegration-par-malika-sorel/

  • Il me semble, cher Celeborn, que Jugurta répond en partie à ta question sur cette volonté sarkozyste de changer l'esprit de 1905, même si la loi sur les signes religieux est appliquée. Déjà, avec son livre paru à l'époque où il était ministre de l'économie (Sarkozy, pas Jugurta), et intitulé "La République, les religions, l'espérance", il remettait (à tort ou à raison) le sens spirituel de l'homme au centre de la République et donc pour certains, diminuait l'amplitude de celle-ci au profit d'une vie plus "religieuse". On peut d'ailleurs lire l'interview qu'il donna à cette époque à L'Express et qui montre bien qu'en France, "quelque chose change" :

    http://www.lexpress.fr/actualite/politique/sarkozy-s-explique_488087.html

    Certes, il refuse de parler de communautarisme en tant que tel, et encore moins de remettre directement en question la loi de 1905, mais cela n'empêche pas son interlocuteur, ni le lecteur de cette interview, d'y penser. Et quand, après son élection, il tiendra ce fameux discours de Latran, arguant que les professeurs valent moins que les pasteurs, etc, etc, on l'accusera encore de vouloir en finir avec la laïcité originelle de 1905, et de vouloir, sinon "communautariser" la France, au moins l'anglo-saxonniser.

    Bref, il y a chez lui une volonté indéniable non d'abolir 1905 mais enfin de relativiser quelque peu la séparation du politique et du religieux. En constituant ce qu'il appelle son "islam de France" (et contrer ainsi "l'islam en France"), en développant ce concept anti-français mais très américain de la "discrimination positive", et donc en faisant d'une Rama Yade, d'une Dati ou d'une Fadela Amara des pièces maîtresses de sa nouvelle conception civile (car si elles ont été choisies, c'est bien pour leur différence ethnique...).

    On peut évidemment discuter de la légitimité de tout cela, et un républicain pur jus pourrait trouver à redire, mais force est de constater que c'est là un fait politique majeur de notre actualité, sinon de notre histoire, et que d'aucuns traiteront de pré-communautariste. C'est également un fait que pour lui l'intégration devra désormais fonctionner ainsi, l'ancien modèle républicain ayant fait faillite depuis longtemps, comme Jugurta et moi le rappelaient.

    Alors, ensuite, moi, je n'en sais rien. Je ne sais pas du tout si ça marchera. Peut-être, comme le pense Jugurta, cela accentuera la désintégration nationale, donnera de la force aux intégristes, et mettra à terre tout ce qui restait de la République. Peut-être la République devrait retrouver sa force répressive d'antan - que j'exprimais selon toi en termes caricaturaux, alors qu'en 1870, c'est bien ainsi que cela se passa.

    En plus, vous me connaissez, mais l'idée de construire des mosquées partout, de porter des voiles, d'avoir un quota de Rachid et de Mustapha dans les entreprises et les administrations, et de faire un menu sans porc dans les cantines des écoles, a priori, cela ne me botte pas trop. Mais je me dis en même temps que c'est comme ça que cela marche aux USA et en Grande Bretagne, que si l'islam est la deuxième religion de France, il faut bien que l'Etat l'organise à sa sauce pour éviter les aberrations intégristes, (et j'apprécie l'argument de Sarko concernant l'UOIF, à savoir que même "eux", se retrouvant à la table de la République, ont mis un peu d'eau dans leur vin, ou plutôt en ont bu, du vin), que l'intégration peut aussi passer par une certaine politique de privilège (ce qu'est la discrimination positive), et qu'il faut savoir changer de modèle puisque le cher et vieux pays change

    - parce que moi, et pour le dire vite, personnellement, ma France idéale, c'est Barrès. Mais puisque Barrès, c'est caduque, eh ben, passons à autre chose, passons à Abdellatif Kechiche !

    Maintenant, je me plante peut-être complètement ! Mais dire que nous sommes encore une république modèle, laïque et moderne, et qui assure la meilleure intégration du monde m'apparaît comme une belle plantade. Et donc, la conception sarkozyste de la République et des religions me semble une piste valable....

    Haweke, décidément, je me demande quels JT tu regardes. Du Parisien titrant "le tournant social" à Libération et sa "pincée de social", la plupart des journaux et des commentateurs télé que j'ai pu entendre (LCI, et même Canal +) ont reconnu que Sarko avaient quelques mesures sociales en tête. Que celles-ci marchent, ça c'est une autre histoire....

    Quant aux plans sociaux des pays libéraux (USA, Angleterre, Allemagne), peut-être sont-ils plus importants et plus conséquents que celui de notre consul, mais la France n'est précisément pas un pays "libéral" au sens où ces derniers le sont. Si l'on veut prendre comme modèle les plan sociaux d'Obama, Brown, ou Merkel, il faut également vouloir le modèle de société auquel ces plans s'adressent, et cela, même moi je ne le veux pas. Tu parles du fonctionnaire sur deux que l'on a décidé de ne plus remplacer et tu t'insurges, mais dans les pays que tu cites, les fonctionnaires....

    Bibliogon, c'est parce que vous tombez de votre chaise en me lisant que je vous adresse une très cordiale bienvenue sur ce blog. Surtout, n'hésitez pas à me contredire, me contrarier, j'adore ça et considère que mes outrances servent la vérité au moins autant que les nuances de Celeborn.

  • Il faudrait tout reprendre phrase par phrase (comme celle où tu nous parles de la République de 1870 dans un débat portant sur une loi de 1905) voire mot par mot (qu'est-ce qu'une république "moderne" ?). Ce n'est pas non plus parce que c'est comme cela que ça marche aux USA et en Grande-Bretagne que c'est comme cela que cela doit marcher en France : par pitié, le comparatisme entre pays, c'est la tarte à la crème des politiques, et c'est généralement débile... D'ailleurs, si ça se trouve, en Grande-Bretagne, un Pierre Cormary british est en train d'écrire sur son blog que la laïcité devrait séparer l'Eglise et l'Etat, comme c'est le cas en France.

    Je ne vois au passage pas en quoi Kechiche est un chantre du communautarisme. Va falloir m'expliquer. Il m'avait pourtant semblé que l'histoire d'amour de L'Esquive était entre un beur et une blanche, et que la prof de français du film essayait de sortir les élèves de leur petit monde communautaire en les ouvrant à la culture universelle.

    Personne n'a dit qu'actuellement c'était la fête question intégration en France (et on ne peut pas dire que Sarkozy a particulièrement amélioré les choses question "image" : demande aux immigrés ce qu'ils pensent du ministère qui leur est consacré). Mais comme tu sautes directement (outrancièrement ?) à la conclusion sans essayer même d'analyser (et de nuancer ?) la question, effectivement, tu ne nous parles pas de la politique de la ville et du développement urbain (jusque dans les années 70, les grands ensembles.... 1970, hein ! pas 1870 ^^), des problèmes de la répartition des logements sociaux (rappelle-moi de quelle ville Nicolas Sarkozy était-il maire ? Rappelle-moi le pourcentage de logements sociaux dans ladite ville ?), des modifications dans la politique d'immigration (le regroupement familial, ce n'est pas Barrès, mais Giscard), du cataclysme scolaire qui nous a déferlé dessus (quand on voit l'idéologie "moderne" qu'on a construite autour de l'apprentissage du français, on ne s'étonne pas que les primo-arrivants ne parviennent pas à apprendre correctement la langue). On pourrait donc te dire que l'ancien modèle n'a pas tant fait faillite qu'été petit à petit attaqué et démantelé, voire détruit, causant ainsi des problèmes qui n'existaient pas forcément auparavant. Bref, tu vois, tout ça, c'est un peu plus compliqué que tes outrances veulent bien le laisser croire, non ? ;-)

    Au passage, je t'invite à venir lire mon blabla sur la laïcité sur mon blog ^^.

  • Evidemment vous ne croyez pas un mot de ce que vous écrivez (merveilleusement).
    Et c'est en ça que votre article n'est pas loin d'être génial.

  • "On pourrait donc te dire que l'ancien modèle n'a pas tant fait faillite qu'été petit à petit attaqué et démantelé, voire détruit, causant ainsi des problèmes qui n'existaient pas forcément auparavant."

    Je suis évidemment d'accord avec ça ( + le regroupement familial + la construction des banlieues, donc la ghettoïsation), puisque tu dis en gris ce que je dis en noir. Nabe disait qu'entre "enculé" et "volupté", l'idée était la même. Chacun son style.

    Tu n'as visiblement pas lu, ni parcouru, l'interview de Sarkozy par Jeambar, ce qui est fort dommage, puisque c'est dans cette problématique que je m'inscris et que tu sembles royalement ignorer. C'est d'ailleurs pour cela que notre débat vire au dialogue de sourds. Peut-être devrais-tu alors répondre à Jugurta qui, avec son style propre, pose pourtant cette problématique "échec de la République, début d'un nouveau modèle", telle que je l'entends.

    1870-1905. Tout le monde aura compris, et toi aussi, que je parlais de la Troisième République (qui d'ailleurs ne finit pas en 1905), qui fut donc le moment où la République centralisa de force les régions françaises (commando d'instits de choc en Bretagne et ailleurs pour apprendre le français, les gaulois, et Marignan à tous les élèves de France), et celui, donc, en 1905, de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, qui entérina l'avènement républicain. Il me semblait que l'on pouvait faire un raccourci sans rentrer dans le détail de l'histoire, mais bon...

    Lu ta "laïque cité" avec intérêt et plaisir, tout en me disant que quelqu'un qui ne connaîtrait pas la société française et tomberait sur ton texte se dirait que celle-ci assure sur tous les plans, est un modèle de laïcité, un triomphe de la République. Il enverrait ses enfants à l'école, puis t'accuserait d'avoir menti sur tout puisque la réalité qu'il découvrirait serait non pas celle de ta classe ou plutôt de ton excellence mais sans doute celle de ce film dont on a débattu il y a quelques temps. Car c'est vrai, à te lire, sauf les saillies folkloriques de tes élèves, on aurait l'impression d'être en 187..., à la fin du XIX ème siècle dans un roman de Barrès - ou dans un roman de Barrès qui décrit cette fin du XIX ème siècle (non, parce qu'après tu vas me sortir que Le roman de l'énergie nationale est sorti au début du XX ème)

  • Je viens de lire l'entretien, très intéressant au demeurant, et dans lequel Sarkozy affirme noir sur blanc à propos de la loi sur le voile : "Il semble que les choses se passent plutôt bien, et c'est une très bonne nouvelle. Je pense profondément que ces filles ne doivent être exclues de l'école qu'en dernière analyse, car alors on les condamnerait au communautarisme pur et simple."

    Il me semble que c'est une déclaration fondamentalement laïque, et je n'ai rien contre le fait qu'il ait des convictions personnelles religieuses fortes, ni qu'il pense que le dialogue avec la deuxième religion de France est une chose vitale vis-à-vis de la politique d'intégration. Mais en fait, je crois que c'est ta façon de polariser le débat à l'extrême qui crée notre incompréhension mutuelle. Réduire la laïcité "à la française" à Barrès et à la IIIe république, comme si elle n'avait pas évolué depuis, comme si elle visait toujours aujourd'hui à enseigner "nos ancêtres les Gaulois" en bouffant du curé au p'tit déj' et en interdisant tout échange avec les religions, cela me paraît intellectuellement injuste et incorrect. Le fait religieux n'est pas enseigné que dans ma classe, loin de là (et au passage, ma classe n'est pas plus rare que celle d'Entre Les Murs : je parle de la réalité que je connais et expérimente (le contraire serait étonnant), et j'affirme que cette réalité n'est pas une exception. En termes de nombre, ce sont les ZEP qui sont (largement) minoritaires. Je ne vois pas pourquoi on ne parlerait que d'elles quand on parle d'éducation). On peut trouver que le monde a changé sans trouver que la loi de 1905 est dépassée. Comme le disaient les rédacteurs du code civil :

    "au lieu de changer les lois, il est presque toujours plus utile de présenter aux citoyens de nouveaux motifs de les aimer ; (...) l’histoire nous offre-à peine la promulgation de deux ou trois bonnes lois dans l’espace de plusieurs siècles."

    Et Montesquieu d'ajouter :

    "il est quelquefois nécessaire de changer certaines lois. Mais le cas est rare, et, lorsqu'il arrive, il n'y faut toucher que d'une main tremblante: on y doit observer tant de solennités et apporter tant de précautions que le peuple en conclue naturellement que les lois sont bien saintes, puisqu'il faut tant de formalités pour les abroger."

    ("saintes", ça devrait te plaire...)

    Bref, là, je trouve que la main ne tremble pas beaucoup, et que la modernité peut parfaitement tourner dans le cadre de la loi de 1905, qui n'a rien de daté (mais qui ne permet effectivement pas de faire n'importe quoi dans son cadre). Alors changer l'une quelques excellentes lois du XXe siècle dans notre pays (avec l'ouverture du droit de vote aux femmes, l'abolition de la peine de mort et la légalisation de l'avortement, je pense), je dis non.

  • Ah mais si tu cites Montesquieu, comment ne pas être d'accord ?
    De même, si le professeur de la Cinquième République que tu es me dit que cela se passe bien dans les écoles, que les lois sont appliquées, et que dans tout ce que dit Sarkozy sur ce sujet (discrimination positive, vie religieuse aussi importante que vie laïque, pasteurs plus experts en humanité que professeurs), rien ne remet fondamentalement en question l'esprit de 1905 et rien ne relève du communautarisme (comme il l'assure lui-même, entre autres choses), comme le croient ses ennemis et comme je le présupposais en croyant m'attaquer à ces derniers (c'est la raison de mes outrances ou de la tendance polémique de mon propos), alors je m'incline ! J'ai eu tort. J'ai réagi comme Denis Jeambar, ou plutôt j'ai réagi "trop" contre lui, je me suis fait des ennemis imaginaires du sarkozysme, j'ai cru comme ses adversaires, mais contre eux, qu'il avait la volonté de réformer ou du moins de relativiser notre laïcité, exception française s'il en est, j'ai voulu ferrailler en vain, car personne n'avait tiré son épée, et au contraire, tout le monde était d'accord pour se féliciter d'un modèle que je croyais perdu. Je rengaine donc mon arme et espère que vous m'inviterez à votre sauterie

  • Moi je ne me lasse jamais des hommes et femmes politiques - tu as vu je fais un effort dans le politiquement correct - ce matin j'ai entendu Christine Taubira sur France Info au sujet des grèves en Guadeloupe dire "qu'on mourrait de faim dans les DOM-TOM", elle était adorable !
    C'est quand même un métier dur d'être de mauvaise foi du matin au soir ...

  • En fait, Sarkozy, c'est du tellement vieux que c'est du neuf.

    Il a comme vous le dîtes, réussi à décomplexer la droite, c'est à dire qu'il a modernisé la droite classique, la droite française depuis la Révolution, pour laquelle la France est Catholique et Royal. En termes politiquement correcte: la France est Religieuse et Autoritaire, c'est à dire la même chose. Le génie de Sarkozy est d'avoir réussi à intégrer le minaret à la chapelle, à coup de Rachida Dati et Rama Yade. ( Notons que c'est une intégration de vitrine, puisque dans l'hémicycle, l'UMP reste de la blancheur d'un lys - royal il va sans dire...)

    Il est du coup dirigiste et omniprésent, seul la loi du chef est acceptable. Qu'importe si Dati, Albanel ou même Fillon soit incompétents; les ministres ne sont là que pour faire de la figuration. Qu'est-ce que cela me fait si la loi sur l'audiovisuelle est rétroactive, et ipso facto inutile: la seule volonté du Prince (et quelques tours de vis bien placés sur les dirigeants de France Télévision) suffit...

    Enfin, que l'on s'y méprenne pas: la "pincée de social" est une expression ironique venant de Libération. Le mépris que Sarkozy affiche pour le parlement et le débat n'a d'égal que le mépris qu'il a pour le peuple.

    La seule chose qui le rachète à mes yeux c'est son absence total de dignité, qui le décrédibilise aux yeux des vieux réacs!

  • Montalte,
    Bon sang de pétard de bois de ... (exclamation à rallonge), je ne comprends pas. Vous êtes un des rares à claironner haut et fort sur l'écran blanc de nos nuits noires des opinions tranchées et un milliard de fois plus nuancées que celles de vos détracteurs les plus assidus, toujours prêt à en faire des téraoctets sur tel ou tel sujet d'actualité (ici la prestation du Président, ailleurs votre soutien au Saint-Père) et il suffit ensuite qu'on vous contredise, subtilement certes, pour que vous apportiez à votre opinion initiale de nouvelles nuances qui viennent insensiblement invalider l'argument de départ. Comme si vous ne vouliez fâcher personne et ne pas vous aliéner vos amitiés. Comme si l'essentiel au fond n'était que de dire ou écrire et peu importe quoi. Ca se comprend. C'est humain. Mais le scénario est toujours le même, grossièrement résumé : thèse, antithèse, patatras ;-)

    Concernant l'abominable Sarkozy. Je suis d'accord avec vous et n'en change pas un iota, au risque de me planter un peu. Je défends moi-même systématiquement notre Président et ça me coûte ce que ça doit me couter : amis et clientèle*. Non par conviction ou par addiction mais pour les raisons que vous donnez vous-mêmes et qui sont les plus simples des raisons. Ca gars-là a ce mérite d'agir là où d'autres, professionnels de la palabre, auraient finalement et depuis longtemps jeté le bébé avec l'eau du bain. Il bouge. Idem pour le Pape que j'ai parfois de la peine à suivre et à qui j'accorde pourtant, sans entrer dans le détail, le bénéfice du doûte (notamment en regard de la persécution des chrétiens qui se poursuit frénétiquement dans l'indifférence générale). Idem encore pour Israël, nation "sure d'elle et dominatrice"... (lire Bruckner), etc. En bref, j'ai la vague impression que, mise à part une crise dont nous ne ressentons pour l'instant pas grand-chose, le monde change et qu'on n'y voit pas à trois pas devant soi. Sarkozy, le Pape, et les autres dont il est utile de préciser qu'ils ne sont pas plus devins que leurs prédécesseurs, le sentent bien. Mais, nous, le pople, ne le sentons pas. Et pour cause : nous ne comprenons rien et continuons à défendre notre biftèque comme nos pères et les pères de nos pères l'ont fait. Avec tout le respect que je leur dois, je le répète, le monde change. Comme il l'a toujours fait.
    Dois-je rappeler, fait saillant de l'histoire de notre école, q'une descente massive dans la rue du petit peuple de droite a mis fin à la tentative de laïcisation que souhaitait la gauche mitterrandienne des années 80, et que je m'en suis réjoui pour mes propres enfants ? Een toute naïveté je constate que cet homme a le mérite de tenter quelque chose dans un pays où l'on a oublié, droite comprise, que l'enseignement actuel et ses désastres par exemple, ne sont que le résultat toutes tendances confondues des décisions prises hier, ou, si l'on préfère, des expérimentations psycho-sociologiques de certains enseignants bourdivins pour lesquelles il n'a pas paru utile, s'agissant de nos enfants, d'appliquer un quelconque principe de précaution.
    Qu'un bonapartiste qui s'ignore (je doute que notre Président s'embarrasse de longues veillées d'études...) tente d'enrayer certains processus et la France braillarde s'en offusque en tous lieux, hurle au viol, et s'aligne derrière les premiers mégaphonistes venus. Ca n'est d'ailleurs pas une nouveauté et ceux qui vivent depuis une cinquantaine d'années ont déjà eu des dizaines d'occasion de le constater : nous sommes un peuple avec lequel il faut composer, ruser et qu'il faut copieusement manipuler pour lui faire admettre où est son intérêt. Eh oui ! Comment voulez-vous faire admettre à ce peuple anti-colonialiste que ses colonies ont disparu !? Que tous les avantages qu'il en tirait sans le savoir allaient disparaitre et qu'il faudrait bien trouver un moyen de maintenir son pays à flot, le doter d'une puissance nucléaire, rénover son industrie, faire travailler sa matière grise ? Comment faire admettre à ce peuple à la nuque raide que tout ne tombe pas du ciel, comme on le lui a appris en réunions syndicales, et que la moindre réformette, le moindre partage, le moindre acquis social, risque de lui couter quelqu'argent ou en tous cas prendre le temps de la mise-en-oeuvre? Ce bon peuple qui bourssicote en cachette le dimanche et manifeste le lundi contre lui-même et votera demain Besancenot pour qu'enfin on le rase gratis ?
    "Il fait froid là-haut" a dit un jour Sarkozy. Je veux bien le croire au risque de défriser Montesquieu, qui n'a pas vécu suffisamment pour constater que parfois il faut aller vite. Il faut dire que les barbus de l'époque (au sens large !) étaient moins malins...


    *Dans ces domaines je paie d'ailleurs mon tribut, car j'ai réussi au fil de discussions familières à m'aliéner petit-à-petit bon nombre de connaissances et pourquoi le taire à perdre une partie de ma clientèle (je ne suis pas fonctionnaire et la pérennité de mes revenus est tout entière dépendante de l'effort diplomatique que je dois fournir au quotidien). Mais perdre sa vie à la gagner, c'est un peu faire insulte au créateur et à soi-même et je ne regrette donc rien.
    Je ne prendrai qu'un seul exemple.
    Ainsi que vous le dites encore le Président peut se tromper, les mesures prises tomber à plat et rater leurs objectifs... Autrement dit : il fait ce qu'il peut en pleine conscience et pour le bien de tous. Mais qu'avez-vous dit là ?!!! Sarkozy serait un être "humain" ?
    Vous auriez voulu vous suicider que vous n'auriez fait mieux !
    Avez-vous la moindre idée de ce que coûte ce genre d'affirmation quand la plupart de vos connaissances sont prêtes à voter Besancenot aux prochaines présidentielles ? Car ça chauffe en province, croyez-moi ! Et passer pour un vieux réac au yeux injectés de ses proches n'est pas anodin et ne peut en aucun cas faire l'objet d'une quelconque possible réconciliation. C'est même définitif et sans appel. Tel ami ne me disait-il pas que s'il lui aurait été facile, avant, de manger à la table d'un chiraquien, il se refuserait systématiquement désormais à manger à celle d'un sarkoziste ?! Ce qui me fit lui répondre qu'en votant non à la Constitution européenne il avait pourtant été le commensal objectif de l'extrême-droite...
    Les conversations de salon n'ont pas cours dans la France d'en-bas, batailleuse, tranchante, intolérante et une opinion engage entièrement la personne qui la formule. Chez ces gens-là, monsieur, on hait, on cogne, on juge et on condamne pour de bon. Ce qui est blanc est blanc et ce qui est rouge est rouge. Chez ces gens-là on aime haïr. Chez ces gens-là, on ne peut imaginer que Sarko soit autre chose que le vampire qu'on nous décrit. Chez ces gens-là, enfin, la mémoire est courte et l'histoire n'existe pas. C'est la France éternelle, la France ingouvernable, celle qui court derrière les mégaphones et hurle avec les loups, qui ne s'aime pas mais qui aime le Che et voue un culte à toutes tous les dictatures marxistes ratées de la terre, peinturlure de sang ses Centres d'accueil aux personnes en détresse, celle qui refuse de voir les tristes bilans de certaines aventures socialistes, qui est fin prête à jeter la République aux horties pour peu qu'on le lui suggère...
    Eh bien, cette France là ne rigole pas du tout...

  • C’est vrai que les années 70-90 furent un modèle de clinquant, certes vaguement camouflé par des présidents se donnant des allures d’humanistes un peu bibliophiles. Le must en période de crise était d’afficher une sérénité distante, rassurante. Faire semblant de croire que le goût du secret et la volonté d’intervenir dans les médias sont des tentations neuves ! Quelle mauvaise foi ! Très bel article, Montalte, dont je partage les points de vue, y-compris les réserves sur le personnage.

    D’accord avec Jugurta pour admirer le modèle républicain d’antan, et pour essayer de sauver ce qui peut l’être. Mais Jugurta oublie une chose : le croyant est d’abord fils de Dieu (ou d’Allah ou autre), et ensuite seulement citoyen. Je ne renierai jamais ma foi pour une loi. Cela complique certes les choses, mais aide à comprendre ce que nous vivons. Les auteurs de la déclaration des droits de l’homme le savaient si bien qu’ils ont placé leur texte sous les auspices de l’Etre Suprême, (lire le préambule), et donc au-dessus des lois dans la hiérarchie des textes – y-compris celle de 1905-. On ne règle pas la question en disant « la foi à la maison, le reste dehors », car l’un est le moteur de l’autre.

    Le fameux discours du Latran ne disait pas autre chose. Les positions de Sarkozy sur ce sujet sont très riches, et le livre d’entretiens publiés à ce sujet est instructif : en gros la loi n’est pas là pour parler à l’âme, au contraire : c’est l’âme qui éclaire nos inspirations juridiques ! C’est pourquoi même avec les meilleures intentions laïques, un croyant dira son mot dans tous les débats publics où la morale est partie prenante. Je sais, ça complique les choses… Ca les rend aussi un peu plus intéressantes. Mais je n’ai pas l’impression pour autant que notre président essaie de brader notre « plus petit dénominateur commun », ce statut de citoyen qui nous rassemble. Hors de question de mettre les curés au pouvoir ! C’est au pouvoir temporel de gérer le cité, et c’est à lui de décider quand il consent à inviter les religions à s’exprimer. En fait, je n’ai jamais vu la moindre ambiguïté dans les propos entendus depuis deux ans. Là encore, ça tire à vue un peu inconsidérément.

    La remarque de Hawkeye est surprenante. Je ne sais pas si la suppression de la taxe professionnelle sera LA solution, beaucoup sont conscients de la volonté de reporter le problème sur les collectivités territoriales, mais avant de croire le propos, on vous demande d'en saisir le sens… Il est question par là d’agir sur l’implantation des entreprises, donc sur l’emploi. Sans être grand économiste, on saisit que, avant d’aider le consommateur, Sarko nous dit qu’il souhaite éviter le chômeur. On peut ne pas y croire, c'est votre droit le plus absolu, mais faire semblant de ne pas comprendre… il serait plus expédient de tenter de démontrer en quoi cela ne servira à rien.

    Sur votre seconde intervention, Hawkeye, vous avez l’air de manier l’histoire de France avec brio (bien qu’un peu vite à mon goût). Regardez bien les débuts de mandat des trois prédécesseurs de Sarkozy : dans le contexte constitutionnel actuel, le début d’un mandat présidentiel s’est systématiquement déroulé de la même manière. Le premier gouvernement est toujours l’émanation du président. C’est lors des premiers revers électoraux que le président prend de la distance. Et en ce moment, on n’en est qu’à deux ans…. Sommes nous donc si légers ? Paranoïaque ? Pour ma part, j’aime assez ce jeu des institutions. Subtile. Mais de grâce, rien de nouveau non plus là-dedans !

    Celeborn, merci pour cette citation de Montesquieu. J’aurai appris quelque chose de grand ce soir ! Mais là encore, Sarko est un reflet d’une tendance déjà existante. Ca fait au moins trente ans que l’Europe a un délégué aux carottes râpées et légifère sur le diamètre des tuyaux d’arrosage. La dérive date en fait à mon avis des années 80 (68 ?), quand la loi prétendit détailler le bonheur individuel, préoccupation alors inconnue à ce degré-là, et qui renvoie Montesquieu dans ses 22, à mon grand regret. De notre président, on attend en fait l'allure d'un bloc de marbre cultivé !

  • Superbe, Yanneck ! Je ne vous connais pas, mais je suis ravi de votre très claire, très nuancée, et très rebondissante intervention. Au moins, cela m'évite de me battre avec les amis qui sont contre moi et avec les amis qui sont pour moi mais qui me reprochent de ne pas être assez contre les premiers.

    Pétrus, cher Pétrus, vous êtes bien injuste avec moi. Relisez le thread "Islam facial", et celui sur l'Europe où je me suis brouillé à l'époque avec tout le monde. Je ne crois pas avoir reculer un iota dans ces débats. En fait, quel que soit le sujet, je ne pense pas désavouer mes positions originelles, même si j'avoue et même affirme les nuancer quand les objections qu'on m'oppose me semblent légitimes. Je pratique l'esprit de contradiction et c'est la raison pour laquelle je laisse ouvert tous les commentaires, y compris et surtout ceux qui me mettent en difficulté, car j'estime toujours que je peux apprendre de ceux qui peuvent en partie ou totalement me donner tort - et même de ceux qui ont tort mais contre lesquels je n'ai pas une raison suffisante. Et si j'avais une vanité de bloggeur, soit dit en passant, ce n'est pas tant celle qui consiste à dire "haut et fort" ce que je pense (tout le monde le fait sur internet), que celle de laisser fort démocratiquement des contradicteurs me contrarier... Je mets alors mon orgueil en sourdine, je lis ce qui me met en danger, et j'essaye d'y répondre à ma manière. Et si vous trouvez que parfois je recule, alors Pétrus, venez me seconder au lieu de me blâmer.

    Tant pis pour les raccourcis ou les amalgames qui me mettent à mal, ou pour ceux que je peux moi-même faire. Si sur certains sujets que je je maîtrise pas totalement (à commencer par l'économie), je peux me laisser influencer, sur d'autres (comme la liberté de blasphème, ou la connerie anti-européenne), je reste, me semble-t-il, assez éloquent. Le Pape ou la liberté d'expression en font partie. Et c'est pour cela que je trouve la loi Gayssot mille fois plus scandaleuse pour l'esprit que tous les négationnismes du monde....

    Enfin, pour tout dire de ma méthode, il m'arrive souvent de poser une problématique de manière assez violente sans pour autant en posséder la solution - comme par exemple, le communautarisme. J'attends alors des uns et des autres qu'ils m'éclairent de leur point de vue ou de leur expérience. Ainsi, j'apprécie bcp le témoignage de Jugurta sur son idéal citoyen pur et dur qui s'oppose à celui de Sarkozy, mais encore plus celui de Yanneck sur le fait que nous sommes ce que nous sommes avant d'être citoyens - et habilite le nouveau modèle sarkozien. J'espère alors que Jugurta répondra. Non pas pour une bagarre à la Astérix mais pour piger la légitimité des positions de chacun.

    Hawkeye, aussi, peut répondre à Yanneck, même si je crains que cela sera difficile - tant l'antisarkozysme du premier apparaît caricatural et se réduisant à un simple procès d'intention. Pour moi, Sarkozy incarne une nouvelle droite que j'attendais depuis longtemps, et même si je suis comme tous les Français, plutôt perplexe quant à l'efficacité de ses mesures pour résorber la crise, j'ai le sentiment, comme tous les Français, qu'il se démène réellement pour nous en sortir. Les sondages sur ce point sont formels : on doute qu'il réussira mais on est d'accord pour saluer son courage et son énergie. Et ce salut est fondamental - car, en politique comme en tout, le symbolique est plus important que l'action. C'est la raison pour laquelle Mitterrand a tellement été aimé....

    Quant à ce que vous dites sur la propension des "provinciaux" à voter Besancenot, mon cher Pétrus, je crois que vous ne le dites que parce que vous êtes sans doute entouré d'une majorité d'ultra-gauchistes dans votre milieu et qui vous exaspèrent bien naturellement, et vous donnent, par réaction, l'impression que je cède à ceux-ci dans ce débat. Sauf que Celeborn, exaspérant au suprême, je vous l'accorde, n'est pas un ultra-gauchiste, et que ses objections me semblent valables si au moins elles reflétaient et l'opinion générale des profs et la situation de l'éducation nationale. Je le répète, si ce qu'il dit est vrai, alors j'ai tort, mais c'est vrai que j'en doute - non de sa sincérité, mais de la réalité de l'enseignement d'aujourd'hui. Combien de livres, de témoignages allant dans le sens d'une impossibilité de faire lire Voltaire ou d'apprendre la Shoah à des enfants d'origine maghrébine ? Pour autant, n'étant pas prof, je ne peux la ramener. En revanche, je peux vous dire que les provinces ne se ressemblent pas, et que chez moi, eh bien l'on est plutôt sûr de revoter Sarko sinon Marine - ce qui d'ailleurs n'a objectivement rien à voir, mais "on se comprend" - que Besancenot.

    Besancenot que j'adore - car avec lui, vu les bâtons qu'il va mettre dans les roues du PS et les huit ou dix pour cent qu'il ne manquera pas de faire aux prochaines élections (le peuple français de gauche étant vraiment la lie des gauches) la droite est assurée de rester au pouvoir au moins une vingtaine d'années...

    Alors, Pétrus, dites-moi, je suis redevenu aussi méchant que vous le vouliez, là ?

    (Tiens, d'ailleurs, je sucre un trône, heu, un troll...)

  • Cher Montalte,
    A la bonne heure !!!
    Nous irons ensemble à l'échafaud :-)))

  • J'avoue que j'ai de sérieux doutes quant à l'efficacité de la suppression de la taxe professionnelle. Réduire la charge des entreprises ne fera que réduire la charge des entreprises ; cela ne créera pas d'emploi, sinon, les réductions et les concessions faites aux entreprises sur ces trente derniers années auraient réduit le taux de chômage à zéro, ce qui n'a jamais été le cas, loin de là. La disparition de cette taxe, ainsi que le bouclier fiscal ou la suppression des droits de succession (encore que cette dernière je n'en suis pas certain je ne la connais que de seconde main) sont tous des recettes de la droite anglo-américaine, dont les seules conséquences ont été une concentration inédite des richesses dans les mains d'une quasi-oligarchie, suivie de l'implosion économique que nous vivons aujourd'hui.

    En fait, ce n'est pas cela qui me gêne: il s'agit l'application du programme du candidat Sarkozy, et on peut tout de moins saluer le fait qu'il fait ce qu'il dit. Ce qui me gêne dans le cas de la taxe professionnelle c'est qu'il s'agit d'une taxe qui ne le concerne pas : c'est une taxe perçue par les localités pour les besoins locaux (c'est d'ailleurs son existence qui fait que la taxe d'habitation soit si basse à Paris, mais passons). Bref, Sarkozy s'approprie des leviers politiques qui ne sont pas les siens. S'il voulait offrir une aide aux entreprises, pourquoi ne pas remettre en cause des taxes sur lesquelles il a une influence directe, qui sont perçues par Bercy pour des besoins nationaux, la TVA, par exemple?

    Tout comme je n'apprécie guère la mutation-sanction de ce préfet qui n'a pas pu museler ceux qui l'ont chahuté à l'éducation nationale lors de la présentation des voeux. Je me trompe peut-être, mais il me semble que Nicolas Sarkozy a trop tendance à faire de la France et de sa fonction son bien propre, plutôt que sa responsabilité première.

    Cela dit, Sarkozy est la preuve que le pouvoir se prend et ne s'octroie pas. Car même s'il fait voter une réforme constitutionnelle qui renforce les pouvoirs des parlementaires, c'est leurs atermoiements et leur pusillanimité qui justifie les débordement du Président.

    Sarkozy exacerbe une tendance croissante de notre époque, chez nos dirigeants, comme entre nous: "puisque je le veux, le débat est clos avant même de commencer". La discussion part de lui - alors qu'il faut pouvoir répondre et discuter, et non devoir s'incliner devant la justesse de ses idées sans contradiction. Ce n'est pas pour remettre en cause la politique qu'il a proposé durant la campagne (on l'a bien élu tout de même), mais pour la nuancer au profit de l'intérêt général. Une idée d'action peut avoir des conséquences imprévisibles d'un point de vue mais évidentes du point de vue contraire. C'est le corps même des objections que l'on fait. Il faut qu'il puisse y répondre par des arguments réfléchis et différents. Tel est but du débat politique dans une démocratie même après une élection.

    Je ne vous cache rien si je vous dis que je n'aime pas Sarkozy et que je suis en désaccord avec sa politique, mais je ne crois pas que je lui fait un procès d'intention. Si je qualifie ses ministres d'incompétents, il est vrai que je parle avant tout de la nôtre à la culture ; mais il me semble qu'elle représente plus la règle que l'exception : je ne dis pas qu'elle est bête (quoi que dans son cas, il y a fort à dire) mais qu'elle est autant dans l'ignorance de la politique qui la concerne que nous tous, et donc ne peut pas diriger son ministère pour éviter les conséquences d'une politique qui la dépasse. Et la même chose peut se dire de Darcos ou de Fillon. Tout sort de l'Elysée, les directives politiques comme leur mise en oeuvre.

    En revanche, je ne peux qu'admettre qu'il fait quelque chose, alors que les autres ne font rien.

  • On va donner leur indépendance à tous les mécontents de France et de Navarre, ça va faire de l'air ...

  • Bien que la croissance ne soit plus à l'ordre du jour, Hawkeye, soulager l'entreprise, c'est aider l'entreprise. Aider l'entreprise c'est aider le salarié, éviter des licenciements, éviter l'inflation, favoriser le crédit (eh oui il existe encore !) etc, etc.

    A condition d'avoir compris une bonne fois qu'hors l'entreprise, pas de salut. L'entreprise - toutes les entreprises - font vivre ce beau pays où il est fort vulgaire de parler d'argent. Baisser les impots des particuliers et supprimer la taxe professionnelle ne constituent sûrement pas la panacée universelle, on s'en doute bien. Mais reste à voir si toutes ces mesures, présentes et à venir, ne permettront pas effectivement d'éviter en partie une crise à peine déclarée chez nous... Aujourd'hui comme hier. Souvenez-vous de la virevolte des années Mitterrand et de la pub carabinée que l'Etat fit pour l'"entreprise", prise alors dans son véritable sens économique de cellule de croissance, qu'elle conserve d'ailleurs toujours à mes yeux et à ceux, j'ose l'espérer, de quelques millions de personnes...) Et allez savoir si ces mesures ne permettront pas de conserver un équilibre à notre économie et préserver la plupart de nos emplois en vue de jours meilleurs et forcément nouveaux... ?
    Les "réductions et concessions faites aux entreprises" et j'ajouterais que TOUS les états, de droite comme de gauche les ont pratiquées ont bel et bien réussi à créer des emplois.

    "puisque je le veux, le débat est clos avant même de commencer" ??!!
    Je crains que vous vous trompiez. De mémoire, je n'ai jamais vu notre pays débattre autant, sauf peut-être entre 68 et 81.


    http://www.lepoint.fr/actualites-economie/impot-sur-le-revenu-fin-de-la-taxe-professionnelle-les-remedes-de/916/0/314458

  • Passer de Raphaël Enthoven à Sarkozy... Bravo Carla !

    Hitler aussi était considéré comme inculte par les cultivés de son temps (ô combien funeste), ça ne l'a pas empêché d'être efficace...(pour le plus grand malheur de l'Humanité, je précise au cas où..).

    L'argument facile de l'inculture de Sarkozy est un truc d'intellectuel de gauche (ou de droite mais les intellos de droite sont des castrés ou des révisionnistes), ou de mécène pédé qui prend des airs supérieurs à la Pierre Berger (je n'ai rien contre les homos surtout quand ils s'enculent), ou d'artiste engagé.

  • "Djamel Debouze, soit le petit beur plein de morgue victimaire et qui passe son temps à faire la leçon à la France"

    Vous auriez pu mieux orthographier ses nom et prénom et mieux choisir votre cible, Jamel Debbouze n'étant rien de ce que vous dites, et bien plutôt exemplaire de ces fils et filles d'immigrés qui s'écrasent face à tous les pouvoirs - voir le peu de persévérance avec laquelle il a défendu les quelques causes qu'il a cru bon de soutenir (la palestinienne, en particulier)... Il ressemble assez à Dati, d'ailleurs : ce sont deux personnages qui viennent de tellement loin qu'il ne seront jamais assez contents de ce qui leur arrive. Debbouze a néanmoins pour lui qu'il n'oublie pas ses copains, alors que Dati ne se souvient que de son nombril et que c'est Sarkozy qui a braqué un projecteur dessus.

  • Et concernant Sarkozy, n'oublions pas que ses électeurs de 2007 n'ont pas voté pour l'ensemble des réformes de son programme mais pour quelques-unes qui leur semblaient fondamentales (je n'évoquerai même pas ceux, nombreux, qui ont voté "par défaut").
    Donc, l'argument majeur de l'UMP ("On a été élus sur un programme, on l'applique") ne tient pas la route - sauf à être un sarkozyste fanatique.
    La faute à des institutions "démocratiques" gangrénées par les médias avec leur rythme impossible, infantilisant, sans parler de ce vote législativo-présidentiel tous les cinq ans sans plus entre-temps la moindre consultation référendaire, alors que des élections désastreuses pour le pouvoir (comme les dernières municipales) ne changent rien à sa manière de gouverner.
    Et rappelons-nous le passage en force du Traité européen.
    La France, une "démocratie", vraiment ?

  • Boulard, vous vous égarez, je crois...

    Hervé, pardon pour mon "Jamel de Bouse".

    Sinon, je trouve très bien que Sarko ait fait passer le traité européen de force (même sans origines chrétiennes, une aberration anti-culturelle laïcarde soit dit en passant - mais comme vous dites, il faut voir le fondamental avant de se braquer contre l'inepte).

    Quand on vote pour quelqu'un, on vote en effet pour l'ensemble de son programme et on accepte les propositions qui ne nous conviennent pas. Pour ma part, je crois que l'un des problèmes de la France est son ingouvernabilité congénitale. Aussi ai-je applaudi à la réforme (chiraquienne !) qui consistait à faire voter les législatives un mois après les présidentielles. Cela permet de donner le maximum de pouvoir, et surtout le maximum de COHERENCE au gouvernement (qu'il soit de droite ou de gauche), aux électeurs et à la France. Cinq ans, après tout, cela passe vite, et cela permet aussi de faire des choses, qui seront défaites le cas échéant si elles déplaisent vraiment. Il faut donner du temps au temps, comme disait l'autre.

    Et de ce point de vue là, la France a renforcé son caractère démocratique, oui, absolument....

  • Hé, hé. Sarkozy est inculte, Hitler était inculte, donc Sarkozy est Hitler.
    Sacré Boulard !

  • Boulard Präsident !

  • "De même, si le professeur de la Cinquième République que tu es me dit que cela se passe bien dans les écoles, que les lois sont appliquées, et que dans tout ce que dit Sarkozy sur ce sujet (discrimination positive, vie religieuse aussi importante que vie laïque, pasteurs plus experts en humanité que professeurs), rien ne remet fondamentalement en question l'esprit de 1905 et rien ne relève du communautarisme (comme il l'assure lui-même, entre autres choses), comme le croient ses ennemis et comme je le présupposais en croyant m'attaquer à ces derniers (c'est la raison de mes outrances ou de la tendance polémique de mon propos), alors je m'incline !"

    Arrête donc de faire dire des choses à tes interlocuteurs, Pierre, surtout quand ils en disent d'autres, et clairement, encore ;-)

    Oui, globalement, les lois sont appliquées dans les écoles, du moins dans celles que je connais, et j'ai des amis en ZEP. Ca ne veut pas dire que tout est rose : tu sais bien tout ce que je pense à propos de l'enseignement actuel et de ses problèmes. Mais si l'on restreint la discussion à la seule thématique de la laïcité, oui, ça va plutôt bien, rassure-toi.

    Ce n'est pas parce que je suis d'accord avec une idée/phrase de Sarkozy que soudain, je pense que rien dans ses discours ne remet en cause la loi de 1905. De toute façon, il parle tellement, et de façon fortement clientéliste (le discours du Latran, c'est essentiellement ça), qu'on y trouvera toujours à boire et à manger. A titre personnel, je trouve choquant que dans le cadre de ses fonctions, il exprime de telles idées : ce n'est pas le rôle d'un président de la République. Je n'ai rien contre le fait qu'il les ait, ces idées, et qu'il vive dans la foi. Il peut aller à la messe tous les jours s'il le veut !

    Je ne crois enfin pas que la loi de 1905 soit fondamentalement en danger, car la France actuelle s'est tellement construite sur elle qu'on ne pourra pas y toucher facilement, sans provoquer un raz-de-marée général.

    Et je ne suis enfin pas d'accord avec Yanneck quand il semble donner aux croyants le monopole de l'âme. Certes, un croyant donnera son avis sur un débat moral. Mais un non-croyant aussi. La morale est l'affaire de tous, point barre. Et si les croyants veulent faire passer leur foi avant les lois, s'ils se considèrent fils de Dieu d'abord, et citoyens ensuite, grand bien leur fasse, mais c'est leur problème (moi, je m'en contrefiche, mais à un point qui dépasse l'entendement), et le législateur (qui fait effectivement beaucoup de bêtises ces derniers temps, pauvre Montesquieu) n'a pas à s'en préoccuper. Donc oui, on laisse la foi dans le privé (ça n'empêche pas qu'elle puisse influer sur les positions morales d'un individu, comme tout un tas d'autres choses), et c'est très bien comme ça. Que le pape, les évêques, toute la hiérarchie catholique (idem pour les autres religions, évidemment) s'adressent à leurs ouailles s'ils le veulent, mais qu'ils ne prétendent pas s'adresser aux autres. Si les autres voulaient les entendre, ils se seraient déjà convertis.

  • "Hé, hé. Sarkozy est inculte, Hitler était inculte, donc Sarkozy est Hitler.
    Sacré Boulard !

    Ecrit par : Pétrus"

    C'est probablement l'ironie et l'envie de faire le couillon qui vous fait tenir ce raisonnement.

    J'en profite pour féliciter à nouveau Carla , bravo Carla ! excellent choix ! c'est quand même autre chose que Raphaël Enthoven...

  • Intéressant cet article qui prouve l'extrême efficacité de la politique de diversion Sarkosyenne.

    Tout les gadgets y passent: Dati, Rama, la Princesse de clève, le bling-bling, Cécilia, France Télévision etc... Bref tout ce dont on a rien à foutre mais dont on est abreuvé.

    En revanche, tu réussis l'exploit dans un pareil pavé de ne pas dire un mot de la seule question qui vaille: la politique économique et sociale.

    L'important n'est pas ce que toi ou moi pouvons en penser mais que tu n'aies même pas éprouvé le besoin d'en parler en pleine crise mondiale d'une gravité jamais connue par un humain de moins de 80 ans.

    Alors qu'un homme politique intègre et loyal comme Jospin était exclusivement jugé sur les 35 H ou les emplois jeunes, SARKO, par ses manoeuvres de diversion, échappe presque toujours à une analyse objective de sa politique qui serait accablante pour lui (pas un économiste, même de droite, n'a défendu son ahurissant paquet fiscal).

    Tu conviendras que c'est légèrement plus important que l'effacement supposé de Djamel (au profit de Danny Boon, ouai! quel progrès!)

  • Sur un plan plus accessoire, comment peux-tu avoir l'impression de tourner la page des années 80 avec Sarko ?

    Kouchner, Lang, Attali, SOS Racisme (Fadela au gouvernement, Boutih et Dray contactés), Tapie, Charasse et même les seconds rôles les plus ridicules type Hanin, Seguela ou Sevran: presque tous les mitterandiens qui l'ont voulu ont intégré son cercle de proches ou de collaborateurs.

    Encore heureux que Bousquet ait été assassiné, sinon il avait à nouveau droit aux diners aux chandelles avec le Président.

    Tout montre que Sarko est fasciné par Mitterand et son époque: il est allé jusqu'à intervenir pour faire revenir Sabatier à la TV, le sourire le plus bête des années 80.

    J'ai l'impression d'assister à une sorte de Restauration (le cas de l'immonde Tapie est particulièrement affligeant).

    Il faut que tout change pour que rien ne change comme disait si bien le Guépard.

    Et le pire, c'est qu'il y en a qui ne le voit le pas...

  • C'est vous Rémy qui êtes obsédé par ces conneries d'années 90;

    concernant la politique économique et sociale : je veux de la droite pure : je veux que Balasko se prenne une bite de sans-papier dans le cul et dans la bouche.

    .. et qu'on laisse les flics s'occuper des ados femelles, les flics affamés...

    du bon flic affamé déprimé nihiliste sur la petite fée clochette ado bourgeoise de 15 ans..

  • Boulard,
    Pour une fois, néanmoins, mais en modérant : si Balasko et fifille, leur sortaient ce qu'elles engrangent en un film, il y a de fortes chances pour que ça se produise sans vos encouragements ;-)

  • Le fameux paquet fiscal que personne ne semble comprendre :

    1/ Les heures sup : exonérées d'impot.
    2/ Déductibilité d'emprunt : déjà vu sous la gauche (les frais de notaire étaient également déduits : j'ai accédé à la propriété grace à ça). Merci l'état fasciste de gauche et de droite.
    3/ Droits de succession. Trop élevés, ils obligeaient les héritiers à vendre biens et entreprises. On les réduit. J'en ai payé, et à six ans près j'en payais moins.
    4/ Encouragement aux donations : les barêmes étaient les mêmes qu'il y des lustres (comme pour les droits de succession), il était normal de les actualiser.
    5/ Idem que 4 : pépé peut donner à ses petits-enfants sans qu'ils raquent au bassinet de l'Etat. Vous verrez bien quand vous aurez des petits-enfants !
    6/Stock options : on limite la défiscalisation.
    7/Le bouclier fiscal ramené à 50% des revenus : alors qu'il était à 60%. Tu parles d'un cadeau.
    8/ Abattement sur la résidence principale : vu la montée des prix de l'immobilier certains se sont retrouvés "imposés sur la fortune" et ont du vendre. On évite donc ça. (si je retape les 300 m2 qui restent à rénover je passe sans le savoir dans le clan des fortunés... eh oui la province... c'est bourré de riches)
    9/ Une réduction d'ISF en cas d'investissement dans les PME : pour stimuler la croissance donc et vider les bas de laine.
    10/ Une plus large exonération pour le salaire des étudiants. Sans commentaire.

    http://www.lesechos.fr/patrimoine/impots/300192962.htm

    Et je passe sur une noria de mesures visant à "inciter" à ceci ou à celà auxquelles on est tellement habitués qu'on les oublie. Il y en a tellement qu'il n'est guère étonnant que l'Etat veuille faire le ménage.

  • Il y a un peu de vrai dans ce que vous dites, Rémy, sur la fascination de Sarkozy pour Mitterrand et la prise ou la reprise par celui-ci de la cour de ce dernier. Sauf qu'à l'époque de Tonton, tous ces gens-là étaient de la même famille politique. Qu'ils se soient retrouvés du côté de Sarkozy, au-delà de l'effet "années 80", prouve plutôt un réel changement d'ambiance politique et idéologique. Sarko veut tout le monde à sa table autant par calcul que par volonté, peut-être, de faire éclater les partis, ce qui n'était pas le cas de l'autarcique Mitterrand. Et de cette autarcie droite-gauche, on est sorti. Et personnellement, je trouve très seyante cette façon plurielle de faire de la politique.

    Quant à la crise économique, ce n'est quand même pas Sarko le responsable ! Et il me semble bien trop tôt pour juger de sa politique. Au fond, le test, ce sera sa réélection ou non.
    Je laisse à d'autres, comme à Pétrus, le soin de vous répondre sur l'économie.

    Sur les propos de Sarkozy concernant la laïcité et la religion, dans cette interview comme dans son discours de Latran (qui me semble être dans la lignée de ce qu'il dit un peu partout, et donc relever d'autre chose que d'un simple clientélisme), tout est affaire de sensibilité, Celeborn - admets qu'un Julien Dray n'aurait jamais parlé ainsi - et d'interprétation, et mon interprétation, je le répète, est qu'il y a en effet chez Sarko une volonté de changer quelque peu l'esprit de 1905. Là-dessus, tu dis que tu es d'accord avec telle phrase, mais finalement pas avec l'ensemble, tout en rajoutant ensuite que rien de cet ensemble n'est réellement remis en question, même si tu n'es pas d'accord. Bref, tu évacues la question, mais elle, elle revient.

    Sinon, ce que voulait dire Yanneck par rapport à Jugurta, et sans vouloir "parler à sa place", c'est que l'on a beau être citoyen, on en est pas moins homme - et que c'est moins notre citoyenneté que nos croyances profondes, religieuses, athées ou sans opinion, qui décident de ce que seront nos lois et nos valeurs (exemple les débats au seins des comités d'ethique : ce n'est pas en tant que "citoyen" que l'on décide du statut du clonage ou de la fécondation in vitro mais en tant que scientifique ou que moraliste, pour ne pas dire religieux). Au fond, l'état de citoyen est un aboutissement et non un point de départ. Sur le plan légal, on naît citoyen, mais sur le plan subjectif, humain, et comme dirait quelqu'un que tu aimes bien, on ne naît pas citoyen, on le devient.

    Enfin, un non-croyant admet-il la notion d' "âme" ?

  • Ehh oui. Mais qu'en pense le Boulard des tavernes ?

  • Pétrus, ne cédez pas à la facilité, et laissez-nous tranquille notre demi-troll....

  • Un non-croyant cela n'existe pas cher Cormary.

    L'athée n'existe qu'en fonction du croyant (l'athée n'est qu'une merde de gauchiste au fond).

    Dieu est vivant , et notre merveilleuse époque le révèle dans toute son infinie pourriture.

    Le Dieu de la grande Négation est à inventer....autre chose que le Dieu Chrétien

    qui, lui, est bel et bien MORT.

  • Oui, si vous tentez de prendre notre parti, cher Boulard, ce qui au demeurant est fort sympathique, nous sommes foutus !

  • Ne me dites pas que vous croyez au Dieu du Christ, Cormary.

    Parce que ce n'est pas du tout ce que le Christ voulait dire.

    Le Christ voulait dire à peu près le contraire du baratin dispensé par ses disciples,

    ces enculés de bâtards indignes que le Christ aurait mieux fait de massacrer.

  • Désolé mais votre "'autarcique Mitterand" manifeste une incompréhension totale du personnage: comment croyez vous qu'il aurait été réélu à plus de 54% dans une France largement à droite (voir les deux législatives de 86 et 93), s'il avait été si "autarcique".

    L'"ouverture" et son cortège d'arrivistes sans scrupule, c'est lui qui l'a inventée (qui se souvient de Jean Pierre Soisson, le Besson cru 88 ?)

    Et puis l'a-t-on assez dit pour excuser ses compromissions qu'il "incarnait la France avec toutes ses ambiguités".

    D'un côté, Vichy, Bousquet, la torture et les exécutions en Algérie, la gerbe sur la tombe de Pétain, le FN à l'assemblée, la prédilection affichée pour les auteurs d'extrême droite; de l'autre le programme commun, l'abolition de la peine de mort, les nationalisations, SOS Racisme.

    Je ne sais plus quel admirateur se réjouissait avec obscénité d'avoir voté pour un type déjeunant avec Wisel et dînant avec Bousquet: son raccourci était parfait.

    Toute la France, de l'extrême droite à l'extrême gauche; plus fort que Sarko (encore qu'on nous promet Villiers pour le prochain remaniement).

    Sinon, sur le fond, l'ouverture de Sarko est un leurre total si on prend la peine de ne pas s'arrêter à la mine des invités autour de sa table pour reprendre votre expression.

    Il gouverne pour quelques intérêts particuliers mais pour s'en apercevoir, il faut accepter de ne pas s'arrêter à sa communication.

    Pour Pétrus: malheureusement, je crains que vous n'ayez pas non plus compris toutes les subtilités du paquet fiscal.

    La mesure mortifère pour l'emploi (le chômage a commencé à remonter vitesse grand V bien avant la crise financière), ce n'est pas l'exonération d'impôts des heures supp mais l'exonération de charges sociales.

    Et ce n'est pas le point de vue d'un blogueur anonyme: personne de sérieux (mais vraiment personne) ne défend cette mesure, surtout en pleine récession: l'exemple type de la mesure d'affichage idéologique aux effets désastreux qui sera jugée très sévèrement par l'histoire.

  • Le Christ est victime de ses esclaves de disciples.

    Ne me dites pas que le Christ a "un message"...

    Si ?? le Christ a un message ??....

    Si c'est le cas... le message c'est celui du Nouveau Testament ?

    Merci de me répondre.

  • C'est difficile: lorsqu'on ne veut pas répondre du tac au tac, on se retrouve avec dix commentaires entre celui qui nous irrite et la réponse cinglante préparée avec assiduité...

    Une bonne part du paquet fiscal que nous présente Pétrus semble tourner autour du capital, c'est à dire n'a d'intérêt pour ceux qui ont un patrimoine ou risque d'en avoir. Pour la caissière à Monoprix, qui touche 1000€ net après quinze ans de service, le tourne-boulon de Peugeot qui ne sait pas si'il se trouvera sur la liste des 'plan sociaux', ou l'agent de l'Etat qui voit son salaire gelé depuis les années 80 au nom de l''austérité', cela leur fait une belle jambe.

    Je concède que l'ISF actuel est un impôt tellement bourré d'exceptions et d'exemptions qu'il est vide de sens - que des gens qui n'ont pas un radis et donc même pas imposable sur le revenu se trouve devoir payer l'ISF car ils ont un logement d'une grande valeur sur papier. Tandis que d'autres qui ont des fortunes en biens mobiliers ou en actions ne sont pas soumis à cette impôt. C'est en quelque sort une double impôt foncier. (En revanche on pourrait l'utiliser comme un levier pour inciter des propriétaires de multiple logements à louer plutôt que de maintenir des appartements vides).

    La succession en revanche est un autre problème: il existe bien des dispositions pour éviter la dilapidation d'un patrimoine. Il faut être particulièrement bête et imprévoyant pour se faire prendre par les successions. Il y a quelques années de çà, le patron de l'entreprise UPSA, seul propriétaire de l'entreprise est mort sans testament, et la famille a dû vendre en parti l'entreprise. C'était Emmanuelli qui avait posé la question qui tue: pourquoi n'avait-il pas pris des dispositions pour éviter cela - puisqu'elles existaient?

    Tout ceci pour dire que la succession c'est comme les revenus, que les petites successions devraient être bien mois taxées (voire peu ou pas du tout) que les grandes. Mais toujours est-il que le principe des droits de succession est saine: cela évite une concentration excessive des richesses, qui est plus que toute autre chose à l'origine de la crise actuelle. Hériter d'une maison, de famille, de l'appartement des parents ou de quelques bibelots de valeur ne devrait pas entraîner d'énormes taxes; hériter d'une immense fortune en action ou en patrimoine doit être imposé à mort...

    Enfin, passer de 60% à 50% peut représenter un écart de plusieurs centaines de milliers, voire quelques millions d'euros. Ce ne sont pas les smicards qui sont appelés à payer la moitié de leur revenus net en impôts directs (encore heureux). Tu pourrais me rétorquer que plus de la moitié de sa valeur pour l'employeur va à financer la sécu - quand son employeur veut bien payer sa part. Mais les exonérations des charges octroyées régulièrement aux entreprises se sont-elles traduites en augmentations nettes des salaires, ou même en création d'emplois?

    Exonérer les heures sup' des impôts, en voilà un beau cadeau aux travailleurs. (Le fameux 'travailler plus pour gagner plus'. J'avoue que je préfèrerais être mieux payé pour ce que je fais déjà). Exonérées d'impôts, il y a fort à parier qu'elles ne sera pas non plus comptabilisées pour la retraite. Encore faut-il que son employeur ait besoin de faire faire des heures sup' aux employés. Ou même que l'on puisse y avoir accès. Le travail en heures supplémentaires n'a d'intérêt que si l'on ne peut pas boucler le boulot avec le plein emploi existant. Beaucoup d'entreprises marchent très bien avec les trente cinq heures existant, merci (parfois avec moins, tant la productivité est grande). Mais avant d'en arriver là il faudrait mettre au boulot les 10% qui sont au chômage (c'était déjà le cas avant la Crise), ainsi que mettre tous ceux (et surtout celles) qui sont condamnés aux temps partiels forcés au temps plein: les heures sup' ne sont alors que des heures complémentaires, payées au taux habituel.

    'Ce qui est bon pour l'entreprise est bon pour le pays'. Cette sottise a été dite pour la première fois par Calvin Coolidge, président des Etats-Unis de 1924 à 1928. Ai-je besoin de rappeler où nous a conduit cette logique? Mais passons. J'accepte cette aphorisme si vous acceptez qu'il n'est pas nécessairement bon pour l'entreprise d'accéder à toutes ses caprices et désires. Il faut lui rappeler que sa survie même passe par sa résponsabilisation dans le tissus social. Si on lui octroie la suppression d'une taxe ou des charges, cette suppression doit être suivi d'investissements durables en matériel et en hommes, sinon l'exonération serait révoquée, accompagnée d'une amende salée pour abus de bien sociaux. Les délocalisations doivent être assortis de taxes dissuasifs, si elles ne sont pas accompagnées d'investissements conséquentes et durables dans l'état siège de l'entreprise (cela peut même une occasion de diversifier son activité). Nul n'est au dessus de la loi, qu'il s'agissent d'une personne morale ou d'une personne physique. Tous doivent participer au besoins de la cité.

    Avant de finir, je souhaiterais rappeler que durant les "Trente Glorieuses", les plus grosses fortunes payaient bien plus de 60% de leur revenus en impôts directes (je ne connais pas les chiffres en France, mais aux USA, cela atteignait les 85%), que les entreprises aussi payaient une bonne part des besoins de l'Etat. Le Monde Occidental se portait-il moins bien pour autant?

    Enfn je veux simplement souffler à Montalte qu'un non-croyant peut admettre la notion d'âme, même s'il n'y entend pas exactement la même chose qu'un croyant.

  • Hawkeye,
    convenez que tous les points que vous évoquez peuvent être repris un par un et démontés aussi facilement que vous le faites. Ainsi la moindre aide à l'embaûche peut-elle être comprise à double sens. J'en ai bénéficié évidemment et par erreur, et je ne prendrai que ce seul exemple, tout personnel et assez représentatif.
    Lorsque j'ai du apprendre un métier (eh oui ça existe), je n'ai rien trouvé de mieux que de proposer mes services -GRATUITS - à une entreprise dont le secteur d'activité m'attirait. Une erreur administrative m'a permis (en 85, juste après la 2ème Guerre Mondiale, donc) de toucher le minimum mensuel. Une aubaine dont je me serais pourtant passé mais qui m'a bien arrangé. J'ai donc appris un métier sans couter un sou à l'entreprise en question.
    Son acronyme (IPC) lui ayant laissé croire qu'il s'agissait d'un centre de formation, la DDT, devant l'illégalité de ma situation, a préféré fermer les yeux. Quelques temps plus tard j'ai reçu un courrier me demandant d'expliquer comment cela s'était passé... étant donné que j'avais été le seul en France à avoir eu cette idée pionnière et élémentaire d'aller apprendre sur le tas et que ma foi l'idée n'était pas mauvaise. Mon heure de gloire.
    Imaginez à présent que l'entreprise ait été, elle, demandeuse...
    On aurait hurlé à l'exploitation, tout simplement. Car toute mesure censée favoriser l'embaüche est à double tranchant. Aurement dit : tout peut être détourné.
    Tout comme cette histoire de juge "de" ou "d"Instruction. On peut y voir le diable comme le bon dieu. Ils y sont d'ailleurs l'un et l'autre !
    Dans cet ordre d'idée, nos politiciens le savent, TOUT peut être interprêté.
    Et si vous me parlez de caissière de Casino, je pourrais vous répondre en toute connaissance de cause (mon fils y a bossé pendant ses vacances : minimum requis bac+2), qu'elles sont loin d'être toutes dans la merde que vous décrivez mais que diable on en trouvera bien quelques-unes ou quelques-uns qui y sont pour dire le contraire... sans bien sûr entendre les autres.
    Tout est pourtant mis en place pour satisfaire les insatisfaits. Tout le monde a le droit d'apprendre, d'évoluer. Jetez un coup d'oeil à votre fiche de paie vous y trouverez une taxe formation qui atteste que VOUS y avez droit. Pour peu que vous en fassiez la demande. Et c'est bien le problème. Les gens ne connaissent pas suffisamment leurs droits. Il faut leur tenir le crayon, quand ils savent écrire...

    Bref. Je pourrais continuer ainsi pendant ces heures, tentant maladroitement d'expliquer ceci ou cela, reprenant point par point votre argumentation que ça n'y changerait rien.
    Que vous le vouliez ou non nous sommes le pays le plus socialiste, le plus mutualiste, le plus libre, et fraternel du monde. Et je n'ai rien contre, car we can aussi et depuis belle lurette. Mais là ça commence à sentir l'enfant gäté...

  • J'ajoute que si je m'étais appliqué les 35 heures, il y a belle lurette que j'aurai mis la clé sous la porte.
    Pourquoi à votre avis ?
    Tout simplement parce que le montant des charges qui pèsent sur l'entreprise, de 1 à 100 000 individus, sont très élevées en France et que j'admets bien le principe du partage. A condition qu'on me laisse le moyen de les payer, ces charges et que je puisse bosser 50 ou 60 heures pour ça. (Je vous rassure : ma retraite ne sera pas augmentée d'autant. Bizarre non ?)
    Vous allez me dire que si c'est ainsi, il vaut mieux faire autre chose.
    Eh bien, non. J'aime mon métier, comme mon pays, son histoire et la liberté qu'il me donne. Le ravi de la crêche. Et il m'arrive même d'être bien content d'avoir bien travaillé et d'avoir gagné des sous...

    ... qu'est-ce je raconte comme conneries tout de même...

  • Tiens à propos de gerbe sur Pétain, Tonton tout ça, vous saviez, vous, que l'actuelle première dame de France était la Mazarine de Maurizio Remmert ?

    Pour Boulard, du moins si Gros dégueulasse veut bien se donner la peine...

    (…) Quant au Jésus historique, on met les doigts dans un autre panier de crabes. L'affirmation que je fais est à double aspect. Tout d'abord, comme nous venons de le signaler, les Gnostiques comprenaient le Christos/Chrestos de toute autre manière que le Christ de la doctrine orthodoxe. Secondement, les allusions à Jésus dans les écrits Gnostiques ne peuvent pas être lues comme des références directes au personnage de Jésus dans le Nouveau Testament. Toute cette problématique constitue un immense fatras, bien sûr, et tu as raison de demander quel est le but de toute ces chicanes. Pour moi, l'élément important est que nous permettions que la matière Gnostique ne soit pas des flashes de la superproduction de Cecil DeMille appelée “Le Nouveau Testament”: ce sont des scènes d'un film totalement différent. Les Gnostiques refusaient que Jésus, ou quiconque, puisse être l'incarnation unique et exclusive du Divin. Si le Jésus historique exista réellement, il pourrait avoir été différents personnages: un rabbin rebelle avec un message de justice sociale, un maître Zen Juif, un militant Judéen pour la liberté, un faiseur de miracles Païen, un mystique Egyptien, un guru-guérisseur de type hippie, un maître des Ecoles de Mystères ou même une présence psychique mystérieuse (appelée le Mesotes dans les textes Gnostiques). Tous ces profils possèdent quelques fondements dans l'histoire mais le portrait du Nouveau Testament est un pastiche contradictoire et déroutant.

    Je ne crois pas personnellement en l'existence historique du personnage divin dépeint dans le Nouveau Testament. A mon avis, le profil le plus probable historiquement, et le plus convainquant existentiellement, de Jésus - et ici, je me fonde sur l'oeuvre de Robert Eisenmann et d'Hugh Schonfield - est le Zélote, le leader de la guérilla Juive qui s'opposa à l'occupation Romaine de la Palestine. Le Jésus historique était très vraisemblablement un terroriste messianique, un Yasar Arafat du premier siècle.

    John L. Lash

    Ecrit par : larry lagneau | 05.02.2009

  • Et voilà. On va bientôt avoir droit à l'étude comparée des textes de Nag Hammadi et de Carlos Castagnettes... Le vin du diable et la petite tournée.

  • Eh bien, voilà, elle a lieu la discussion économique, et je vous en suis fort gré, messieurs...

    Rémy, vous confondez tout. Que Mitterrand ait certainement incarné toutes les ambiguïtés françaises, ce que personne ne conteste, ne signifie pas qu'il gouvernait avec tous les ambigus. Il y a une sacrée différence entre dîner avec un tel et un tel et faire venir celui-ci dans votre gouvernement. Il a certes été obligé, deux fois de suite, d'avoir des gens de droite dans son gouvernement, Chirac, Balladur, mais c'était à cause de la cohabitation, non de sa propre volonté.
    Quant à Vichy, Pétain, Chardonne, c'était là l'arrière-fond de sa personnalité (de son milieu surtout) que l'on a quand même découvert sur le tard. Ca n'intervenait pas dans sa politique.
    Cela dit, je ne nie pas du tout l'ombre mitterrandienne portée sur Sarko.

    Boulard, Axonge, vous ne serez pas étonnés d'apprendre que pour moi le seul Christ qui vaille, c'est celui de Benoît XVI, de François Mauriac et de Chesterton. Dommage, Boulard, que vous retombiez dans cette hérésie vaguement gnostique, et dont j'ai oublié le nom, qui consiste en gros à dire que vous acceptez le Christ sans accepter ses disciples. Jugement orgueilleux faussé et à côté de la plaque ! C'est le Christ qui a voulu Pierre, Paul, et les autres, même Judas, avec leurs faiblesses, leur humanité, et parfois leur connerie, et c'est ça qui est beau. L'infini qui s'exprime à travers les finis. Le parfait qui cherche à passer son message par le biais des imparfaits.
    Quant à l'aspect "palestinien" d'un Jésus-Arafat, et même s'il semble en effet avéré que Jésus ait fréquenté les terroristes juifs de son époque (comme Barrabas auquel il a été précisément substitué), tout son enseignement va dans le sens de la paix, de la réconciliation (voir l'épisode avec le soldat romain), de la différence César/Dieu, et d'une acceptation de son sort - ce que les "résistants" à l'ordre romain ne lui pardonnèrent pas. Au fond, Jésus, aux yeux de son monde, passa pour un "collabo" doublé, on l'oublie souvent, d'un ivrogne et d'un glouton (Mt 11,19 - Lc 7,34). Bref, un infréquentable.

  • J'avoue que je suis vexé: je ne peux n'être que d'accord avec Pétrus sur ses derniers points.

    Ce n'est pas à un américain que tu va faire découvrir les avantages "d'apprendre sur le tas." Je trouve que tout le monde devrait être recruté à la base et doit monter dans les rangs selon ses goûts et mérites - à conditions que la notion de mérite soit clairement définie et comprise par les deux parties. (Je n'aime pas trop les stages gratuits, sauf cas ponctuel: un certain Gus a dit que tout travail mérite salaire).

    Enfin il me semble que le système entier de financement de la sécu doit être revu de fond en comble, qu'il n'est plus tolérable - dans le sens propre du terme - que seul le couple-employeur employé doit en supporter la charge.

    Mais là c'est un autre débat; celui-ci a été fort engageant.

    Bien à vous.

  • J'm'appelle Rita. J'suis drôlement bien foutue et vachement intelligente. Vous autres, j'sais pas c'que vous aimez – les œufs au plat, Teilhard de Chardin ou le rythm and blues – moi c'est les sous. J'pense qu'à ça, à ça et aux hommes. Aux hommes qui ont des sous...

    ***

    La citation du glaive vengeur et du bras séculier vous pouvez vous la foutre où bon vous semble, amen !

  • Hawkeye,
    Tout salaire mérite travail ;-)
    Ca n'est pas de moi ni de Rita, mais c'est tiré de l'allocution d'un cadre supérieur fraichement nommé à la direction SNCF d'une région que je tairai. Le mérite dans mon cas est facile à définir : le client me fait confiance quand le boulot est bien fait. Sinon rien. Difficile de faire plus simple...
    Or, il y a en France plus de 3 millions d'entreprises (23 millions de salariés et 2,3 de non-salariés) pour faire marcher la machine...
    Un beau noeud gordien.
    Bonne journée

  • En effet, Petrus, et si nous vivions selon votre version de l'aphorisme, nous ne serions pas dans le merdier économique actuel!

  • La plupart des intellectuels sont atteints de deux maladies complémentaires et concomitantes : l'enthousiasmite et la naïvitose. Comme les pies, tout ce qui brille (la Force, en fait) les attire : voyez Platon et le Tyran de Syracuse, Voltaire et Frederic de Prusse, Chamfort et Condorcet et les Terroristes de 93, ou encore les "compagnons de route" staliniens (Sartre et sa clique) ou fascistes (Drieu, Heidegger, Pound, Cioran...), ou maoïstes (Sollers).
    La naïvitose atteint, elle, l'attention, en les privant de conscience. Voyez aujourd'hui (Bien sûr, ce n'est pas trés grave, c'est même comique) Glucksman, Finkelkraut, Gallo, Cormary, etc... Personnellement, le show perpetuellement improvisé de N.S. me laisse froid. En matière de Consul, je n'en estime qu'un seul : celui d'Au-dessous du Volcan; et peut-être bien aussi les jeunes Claudel et Neruda...

  • "C'est drôle, je continue à l'aimer, moi, notre président."

    Moi aussi. Je n'ai pas lu tout le verbiage qui suit ni les commentaires que je suppose aussi pertinents qu'habiles et talentueux. La concision, Pierre, c'est ce qui te manque. Mais peut-on tenir blog sans logorrhée? Zatizekwèchon(comme disait l'autre)!

  • J'm'appelle Rita. J'suis drôlement bien foutue et vachement intelligente. Vous autres, j'sais pas c'que vous aimez – les œufs au plat, Teilhard de Chardin ou le rythm and blues – moi c'est les sous. J'pense qu'à ça, à ça et aux hommes. Aux hommes qui ont des sous...

    ***

    La citation du glaive vengeur et du bras séculier vous pouvez vous la foutre où bon vous semble, amen !

  • Oui, Rita, bien, Rita, bravo Rita...

    Nouvelles du Silence, en fait, il y a deux catégories d'intellectuels, ceux qui sont contre le pouvoir politique, en général ceux de gauche, et ceux qui sont contre le pouvoir culturel ou idéologique, en général ceux de droite, j'ai dit "en général". L'exemple type du second, c'est Molière, protégé de Louis XIV et ennemi des dévots (les dévots - le pouvoir culturel, bien sûr).

  • merci pour le clap clap clap, montalte, mais j'y suis pour rien dans ce doublon, je vous assure !!

  • Quand on lit Montalte on fait partie des intellectuels de gauche ou de droite ? Ou bien des blaireaux qui ont du temps à perdre ?

  • je crois que l'on tombe sous cette troisième catégorie...

  • Quand je lis montalte , j'ai juste l'impression d'être moins conne , tout soudain !
    Sinon , je crois que nous fantasmons tous autour de Nicolas Sarkozy ...que nous en fassions un homme providentiel ou un personnage de Guignol pathétique .

  • Pétrus, vous raisonnez aussi bien que Montalte! entièrement d'accord avec vous.

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