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Misère du marxisme I

etienne balibar,marxisme,marx,philosophie,stirner[Cet article, ancien post de 2006, revu et augmenté, a été publié dans Les Carnets de la philosophie de décembre 2008. De nouveau corrigé, il apparaît ici dans sa version définitive.]

(Je m'inspire ici, et exclusivement, du solide petit essai d'Etienne Balibar (le père de Jeanne) intitulé La philosophie de Marx, collection Repères, Editions La découverte. Pourquoi ce choix ? Parce que c'est l'un des travaux les plus récents sur le marxisme et les plus reconnus par les marxistes eux-mêmes. On peut donc y gambader à son aise, autant pour comprendre philosophiquement la doctrine capitale des temps modernes que pour se donner le droit de voir en elle la pire erreur fondatrice de la pensée occidentale et la plus belle machine à tuer du siècle dernier...)

 

1 - Philosophie marxiste ou philosophie de Marx ?

Avec Marx,  « Un événement irréversible s'est produit ». Quelque chose que la philosophie ne pardonna jamais autant qu'elle ne put réfuter - car on ne compte pas les « tentatives acharnées de neutralisation » que le marxisme suscita et qui n'eurent jamais gain de cause. Pour la première fois de son histoire, la philosophie dut admettre qu'elle n'était qu'une interprétation  (...bourgeoise) du monde, une théorie impuissante, quoique satisfaite d'elle-même, se contentant de légitimer le « réel » - lui-même réduit aux moyens de production -, un garde-fou de ses intérêts et de ses profits, nommés abusivement concepts et idées.

Que le social pulvérise le théorique, que le réel apparaisse non plus comme un état de choses intangible mais comme une production de la classe dominante, que la matière elle-même soit le lieu dialectique de la lutte des forces en présence, que la contemplation cède enfin à l'action comme l'aristocrate cède au prolétaire, voilà ce qui ébranla la pensée occidentale classique. Loin de tout Logos ou de toute Aléthéia, le rapport social constituait désormais, et définitivement, le nouvel Arché. Le marxisme, c'était cette « non-philosophie », ou plus exactement cette « antiphilosophie », qui forçait la philosophie à reconnaître qu'elle n'était qu'un agrégat ploutocratique et conformiste, un contrat social pour riches, un discours de la méthode pour assurer ses rentes. Personne, ni hier ni aujourd'hui, ne put sérieusement le nier. Pire : la grande culture dont nous étions, nous les possédants et les instruits, si fiers, apparaîtrait enfin comme ce qu’elle est - le produit vaguement sublimé de notre classe dominante. Ne soyons plus hypocrites, éructaient les fanatiques de la révolution. La plupart des penseurs ou des artistes avaient beau vilipender notre société, ils n'en faisaient pas moins partie de celle-ci Ce que nous appelions les plus sublimes oeuvres de l'esprit n’étaient jamais que les (ré)créations de corps à l'abri. Et l'art, un sport de riche qui se faisait passer pour de la beauté éternelle, une propriété privée dont on faisait croire qu'elle appartenait à « l'humanité ». Eh bien, pour la première fois dans « l'Histoire » de l'humanité, on se mettrait vraiment du côté de cette  humanité et on lui permettrait d'avoir une histoire. Et pour cela, on renverserait concrètement le soi-disant « ordre du monde », ou la sacro-sainte permanence des choses. Les bourgeois avaient fait de la réalité leur propriété privée, nous commencerions donc par abolir celle-ci et nous verrions tout de suite que leur « ordre naturel » n'était que le produit de leur désir social... Avec nous, l'être authentique devrait se passer de l'avoir. Et tant pis si cela les épouvanterait, les pauvres choux :

« Vous êtes épouvantés parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais dans votre société actuelle, la propriété est abolie par les neuf dixièmes de ses membres. C'est précisément parce qu'elle n'existe pas pour les neuf dixièmes qu'elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une propriété qui ne peut se constituer sans priver l'immense majorité de la société de toute propriété. En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. Et en effet, c'est bien là notre intention »,

lit-on dans le Manifeste du Parti communiste, l’essai le plus sanglant de tous les temps.

Le problème avec les spectres, c'est qu'on est souvent les seuls à les voir. Alors, on est obligé de s'aider de draps et de ficelles pour que tout le monde en voit un au moins  une fois dans sa vie. Mais même cela ne marche pas. Pauvre Karl ! L'histoire n'eut cesse de contrarier ses prévisions, et cela dès son vivant. Echec des révolutions de 1848, échec de la Commune de Paris en 1871... Pire : ralliement d'une partie des socialistes français au bonapartisme, et surtout « passivité des ouvriers » devant le coup d'état. Salauds de pauvres qui plongèrent Marx dans la dépression et sonnèrent comme « un rappel à l'ordre du mauvais côté de l'histoire ». L'histoire plus imprévisible que dialectique, le peuple plus conservateur que révolutionnaire - et même plus petit bourgeois que prolétaire - la révolution trahie par ceux-là mêmes qui auraient pu y trouver leur  bonheur... L'humanité était décidément désespérante.

« La guerre européenne, écrit Balibar, va contre la représentation que Marx s'était faite des forces directrices et des conflits fondamentaux de la politique. Elle relativise la lutte des classes au profit, au moins apparent, d'autres intérêts et d'autres passions. L'éclatement de la révolution prolétarienne en France (et non en Angleterre) va contre le schéma "logique" d'une crise issue de l'accumulation capitaliste elle-même. »

Ce que Marx et ses sbires ne comprirent pas, outre le caractère hasardeux, capricieux, enfantin de l'Histoire, est que la lutte des classes, apparemment effective, ne fut jamais qu'une occurrence de la lutte des passions. Tout comme le « désir » d'égalité et de justice, qu’il considérait comme le plus essentiel des désirs humains, ne fut jamais qu'un désir parmi d'autres. Que l'humanité choisisse contre elle-même l'irrationnel et l'injuste, c'est-à-dire la liberté, c'est ce contre lequel Marx aura buté toute sa vie. Mais Marx, obsédé d'égalité, ne se soucia-t-il jamais de liberté ? Que le socialisme cohabite avec le capitalisme et que la classe moyenne soit le résultat de cette cohabitation constitua le véritable devenir de nos sociétés. Marx, qui ne prévit pas l'avènement de cette classe moyenne et qui n'eut jamais de critique assez dure contre les socialistes non-révolutionnaires (« ces brebis qui se prennent et qu'on prend pour des loups », écrit-il rageusement dans L'idéologie allemande), se trompa donc doublement. Aveuglé par la seule réalité matérielle, il ne vit pas que celle-ci, pas plus que la lutte des classes, ne suffit à comprendre le réel. Encore aujourd'hui, l'erreur absolue des marxistes est de croire que seuls le matériel et le rationnel constituent tout le réel. Or, il suffit de faire un petit tour anthropologique pour se rendre compte qu'ils n'en constituent qu'un degré. Loin de moi l'idée de faire la promotion de l'irrationnel et de l'anarchie (je veux dire : de l'injustice - car l'anarchie, c'est l'injustice, tout comme le désordre  est ce qui,  au bout du compte, profite toujours aux puissants), mais il s'agit simplement de constater qu'aucun homme ne s'est jamais défini comme Marx définit l'Homme. Aucun prolétaire ne s'est jamais considéré comme Marx l’a considéré. D'ailleurs, on cherche encore le prolétaire qui connaît ou qui utilise ce terme quand il parle de lui. Marx réduit l'existence au social comme un hygiéniste réduit la vie à la santé, mais aucun pauvre et aucun malade n'ont une représentation purement sociale ou médicale de leur existence. Le médecin est là pour me soigner, non pour donner un sens à ma vie - et c'est mon affaire si je continue à fumer ou à boire. Le socialiste est là pour rendre ma subsistance un peu moins dure, mais à la condition sine qua non qu'il ne touche pas à mon existence. Ce que le justicier fanatique ne comprendra jamais, c’est que mes désirs sont plus sacrés que mes besoins et que mes croyances sont plus nécessaires que ma survie. Le caviar reste plus important que le pain même si je n'en mange jamais et qu'il me manque parfois du pain. Qu'est-ce que ce barbu qui vient me faire chier avec son égalitarisme totalitaire ? Qu'a-t-il à s'en prendre aux bourgeois ? Ne comprend-il pas que c'est ce que je veux devenir, moi le prolo ? D'ailleurs, « le prolo est un bourgeois qui n'a pas réussi », disait Céline. Pitoyable réalité qui contredit l’impitoyable idéologie marxiste !

 

Bolchévique.jpg2 - Changer le monde : de la praxis à la production.

« Les philosophes ont seulement interprété différemment le monde, ce qui compte, c'est le changer. »

Pour ce faire, sortir de la théorie et promulguer l'activité révolutionnaire. Et avant toutes choses, poser une autre essence de l’homme. Puisque l'homme ne correspond pas à l'idéal, il faut changer d'homme ! Erreur fondatrice. Crime originel. Goulag en vue. La plus grande négation anthropologique est en marche. Ce seront les Thèses sur Feuerbach.

Feuerbach réduisait Dieu à l'homme, mais l'homme, pour lui, était un être individuel. Alors que pour Marx, le vrai homme est communautaire. C'est la propriété privée qui lui fait croire qu'il est un individu, qui le rend « étranger à lui-même » en le privant de son « essence communautaire. » Tout ce que je possède, soutient-il mordicus, me prive de moi-même ou plutôt du « nous » qui est en moi-même. Je est un autre mais nous est un je. Il faut donc m'arracher de moi pour que je-nous retrouve(-ons) mon-notre être (et vive le charabia de la révolution ontologique !) L'avoir et l'individualité sont des illusions qu'il faut éradiquer à tous prix. Pour cela, il faut rompre avec l'idéalisme (qui n'a jamais été que du capitalisme sublimé) autant qu'avec le matérialisme enchanté d'un Lucrèce ou d'un Epicure (qui n'a jamais été qu'un idéalisme mis à plat). Et le faire hic et nunc. Car si l'on est marxiste orthodoxe, ce que l'on requiert, il faut l'agir tout de suite. A l'exécution, pas de sursis ! Pour Marx, l'action est au présent. Son mot d’ordre : AGISSEZ OU TAISEZ-VOUS !!!

« L'action doit être "agie" au présent, et non commentée ou annoncée. Mais alors la philosophie doit céder la place. Ce n'est pas même une philosophie de l'action qui correspond à l'exigence et au mouvement révolutionnaires, c'est l'action elle-même, sans phrases. » (Balibar)

On se trompe donc du tout au tout quand on considère Marx comme un utopiste. Là-dessus, Balibar est aussi impitoyable que son maître.

« Les mots "en acte" (in der Tat) (...) expriment donc l'orientation profondément anti-utopique de Marx, et ils permettent de comprendre pourquoi la référence aux premières formes de la lutte de classe prolétarienne en voie d'organisation est tellement décisive à ses yeux. La pratique révolutionnaire dont nous parlent les Thèses (...) doit coïncider avec "le mouvement réel qui anéantit l'état de choses existant". »

Aucun retour en arrière possible ! Brutalité absolue ! Et attention, « pas de milieu », surtout « pas de milieu » ! Il faut rendre la révolution irréversible et pour cela faire tout pour que la situation des prolétaires empire. Plus ils crèveront de faim, plus ils seront susceptibles de se rebeller. Soyons comme le Sénécal de L'éducation sentimentale de Flaubert, impitoyable avec les individus, charitable avec les meutes. L'individu est un salaud, la masse est sublime. La compassion est haïssable, la solidarité est sacrée - le credo marxiste par excellence. On ne fait pas plus antichrétien.

La révolution n'est pas seulement sociale, elle est aussi culturelle. Depuis Platon, les philosophes s'adressaient aux Princes. Ils disaient penser l'ordre du monde alors qu'ils ne faisaient que servir l'ordre des puissants. En réalité, il n'y a ni ordre du monde ni nature humaine, il n'y a que le pouvoir et ses intérêts. Les essences ne sont que des situations. Les « vérités éternelles » ne sont que des profits illimités pour la classe dominante. Avec Marx, la philosophie doit se faire servante du prolétariat, « ce peuple du peuple ». Le seul sujet recevable, c'est le prolétariat. Mieux, le seul sujet, c'est la pratique. Au diable Raison pure kantienne, Nation fichtéenne, Esprit hégélien...  La réalité de l’essence humaine est transindividuelle. Ce qui compte, ce n'est pas l'individu, suprême illusion, mais ce qui existe entre les individus. Les identités ne sont que des superstitions entretenues par les relations sociales qui sont les seules réalités. Même un Lévi-Strauss avec son essence de l'homme comme résultant du conflit entre nature et culture ou un Jacques Lacan et son « parlêtre » ne sont que des clones de l'ancienne métaphysique aristotélo-augustienne. La seule chose qui définisse réellement l'homme est sa capacité à produire ses moyens d'existence, ni plus ni moins. Le Logos, Dieu ou la Monade n’ont jamais été que des échappatoires devant la seule chose humaine qui compte - le travail. L'être-au-monde est un être-au-travail.

 

Stirner.jpg3 - L'objection de Stirner.

Marx a beau jeu de foutre en l'air toutes les idéalités transcendantes. Le point de vue athée et matérialiste n'a en effet rien à craindre des genres plus ou moins théologiques que sont l'Etre, la Substance, l'Idée, la Raison, le Bien. Le matérialisme dialectique explose aisément toutes ces notions fantasmagorique au nom de la seule réalité matérielle et sociale... Et c'est là que le bât blesse. Car s'il est impossible (du moins en Occident) de nier la réalité matérielle des choses, qu'est-ce qui fait dire à Marx que cette matérialité est sociale, sinon dialectique ? Et surtout qu'est-ce qui lui permet de penser l'être humain sous le mode générique plutôt que sous le mode individuel ? Où est la preuve de la non-individualité de l'homme ? Lui qui n'a eu de cesse d'annihiler tous les mythes métaphysiques, que vient-il nous imposer avec sa transindividualité, son essence communautaire, son sujet pratique, son « peuple du peuple » et son paradis communiste, sinon d'autres mythes ? Pour Max Stirner, l'auteur de L'unique et sa propriété, pour qui tout concept universel est une fiction, et pour qui seul existe l'individu singulier, « propriétaire de son corps » avant toutes choses, Marx ne fait que substituer des fictions à d'autres fictions. Dieu est sans doute une ânerie mais pas moins que la Révolution.

« Et en effet, admet Balibar, il n'y a pas de différence logique entre la chrétienté, l'humanité, le peuple, la société, la nation ou le prolétariat, pas plus qu'entre les Droits de l'homme et le communisme : toutes ces notions universelles sont effectivement des abstractions, ce qui veut dire, du point de vue de Stirner, des fictions. Et ces fictions ont pour usage de se substituer aux individus et aux pensées des individus. »

- Tout cela est bien joli, pourrait alors rétorquer Marx dans un dialogue imaginaire, mais quelle preuve avez-vous, vous, de votre primat individualiste ? A quelle réalité plus forte que celle de la matière, d'où je tire ma transindividualité, pouvez-vous bien vous référer ?

- Mais au corps ! répondrait Stirner.

- Quel corps ? Le corps social ?

- Le corps individuel !

- Mais puisque je vous dis que l'individu est un produit de la classe dominante...

- Eh non justement ! Le corps est un produit, une occurrence même de la matière, comme vous diriez, sauf que c'est cette matière qui donne à chacun un corps unique, singulier, un corps qui souffre et qui jouit, qui a des émotions et des raisonnements, un corps qui fait l'identité.

- Mais tout le monde souffre et jouit ! Tout le monde a des émotions ! Tout le monde réagit à la douleur et au plaisir de la même façon ! Le corps ne particularise pas plus Pierre que Paul.  Donc, l'homme se définit parfaitement du côté transindividuel !

- Certes, tout le monde jouit et souffre, et souvent de la même façon, mais jamais au même moment, et surtout sans dépendre des autres corps.

- Comment ça, sans dépendre des autres corps ? Si vous avez mal à la tête, c'est parce que je vous saoule ou parce que j'ai une pensée plus puissante que la vôtre ? Dans les deux cas, c'est notre relation, c'est-à-dire notre interdépendance qui vous fout mal à la tête !

- Certes, votre dialectique me donne mal à la tête mais ce n'est pas l'aspirine que vous prendrez qui me soulagera. Mon corps ne vous appartient pas plus que le vôtre ne m'appartient - même s'ils ont le même métabolisme (et encore, dans les grandes lignes). Le corps est ma propriété absolue. Et si l'on estime ensuite, comme c'est, je crois, votre cas, que tout provient de la matière, sentiments, idées, et tout le toutim, alors il faudra admettre que tout ce qui provient de ma matière à moi (mon corps) est tout aussi individuel que celui-ci.

- Là, c'est moi qui ai mal à la tête...

- J'en suis désolé mais je n'y peux rien. Ce qui prouve que votre corps, comme celui de n'importe qui, est singulier, unique et donc aussi isolé. Chacun de nous est seul au monde, vous savez...

- Mais le corps social ? Le prolétariat ?

- Ce sont des abstractions nécessaires, comme l'église ou n'importe quelle « corporation », mais qui matériellement n'ont aucune réalité. La preuve, le corps social peut disparaître sans vous emporter avec lui. Alors que si votre corps individuel est en péril, c'est vous qui l'êtes.

- Mais le matérialisme dialectique ?

- C'est votre plus grande erreur. La matière n’est pas dialectique. Vous avez trahi Démocrite, Karl !

- Mais ma praxis ?

- Telle que vous l'avez conçue (révolution, dictature du prolétariat, communisme), elle relève d'une théologie.

- Moi, théologien ?

- Oui, vous. Ce sera la critique de Raymond Aron : le problème du marxisme est qu’il passe « du moins au plus, de l'universalité négative à l'universalité positive ». En gros, « ils n'avaient rien, ils vont avoir tout ». Si ce n'est pas du messianisme ça ? Encore un peu et vous nous sortiez que « les premiers seraient les derniers », sacré judéochrétien, va !

- Moi, judéochrétien ?

- Oh oui !

- Le meilleur alors ?

- Disons, le pire du meilleur.

Et Marx s'en va peiné. Ce Stirner l’a retourné comme un gant. Il ne manquait plus qu'un matérialiste encore plus matérialiste que lui pour lui casser la baraque. Impossible d'éviter la réalité corporelle et encore moins l'individualisation du corps, dit-il. Alors, que faire ? Que faire, bon sang ? Eh bien, le liquider comme les autres, dit Lénine à l'oreille de Marx. Mais Lénine n'est pas encore là. Non, il faut trouver autre chose. Quelque chose qui n'ira pas… mais qui ira quand même. Quelque chose qui ne vaut rien intellectuellement, mais tant pis ! Il faut que ça aille. C’est sans doute malhonnête, mais la révolution doit être légitimée par tous les moyens. C'est ici que tout se joue : pour dépasser Stirner, Marx va faire un coup de force dialectique. Lui rentrer dedans. Puisque l'on ne peut nier décemment et logiquement la réalité individuelle, il s'agit de prouver que cette réalité-là relève aussi d’un produit idéologique. L'idéologie permet de tout matérialiser et de tout dématérialiser selon les besoins de la révolution - et c'est cela que l'on va faire. L'idéologie est la botte secrète du marxisme. Alors, où est-il ce Stirner ?

- Ici, toujours présent, toujours incarné, singulier, corporel, propriétaire, unique... Alors Karl, ça boum ?

- Alors Max, ça individualise ?

- Eh oui, que voulez-vous ? Mon individu, c'est moi et moi ce n'est pas vous. Injuste mais vrai.

- Votre individu est un songe arrangeant. Dur mais juste. 

- Encore ?? Mais nous avons établi tout à l'heure que...

- Tais-toi ! Laisse-moi agir ! L'important, c'est l'action et toi, tu es dans la soumission. La soumission à ton corps. Une réalité qui existe peut-être mais qui est moins importante que la réalité totale. Ca, tu ne peux pas le nier. Le corps de tous est plus important que le corps d'un seul.

- Mais quand tu dis « tous », je dis « chacun » et...

- Stop je te dis !

- Pourquoi ces gardes autour de moi ?

- Stirner, pour la dernière fois. Essaye de comprendre!

-...

- Tout est production.

- Sauf l’Unique.

- Qui est une production.

- Heu... Tu n'as pas le droit de faire de mon objection une partie de ton discours.

- La dialectique, mon cher.

- Dialectique moniste très très mauvaise et qui peut te conduire aux pires extrémités, fais attention, Karl. Si tu commences à tout englober dans ton discours, tu risques de considérer que l'humanité se réduit à ton discours et pire, croire que tous ceux qui ne seront pas d'accord avec toi seront inhumains. C'est comme si tu disais que je refuse ton système parce que je suis bourgeois.

- Mais tu l'es ! Gardes !

- Au lieu de m'arrêter, réponds-moi. Toi qui es si matérialiste, pourquoi nies-tu la réalité matérielle et individuelle du corps ?

- On peut rééduquer les corps. Si on ne peut les arracher à leur dimension biologique (encore que l’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs), on peut les couper de leur individualité qui est une fiction idéologique.

- Tu ne tiens pas compte de ce que j'ai dit.

- Je tiens compte du social et non de l'individuel, c'est vrai. Et si les deux sont réels, la première réalité me semble plus importante que la seconde. Tant pis pour toi et tous ceux qui se limitent à leur individu.

- Tu vois, même dans le langage, individu égale corps.

- Je t'ai assez entendu. Et si les gardes n'existent pas aujourd'hui, ils existeront demain. Et ce sera bien. Car,  pour finir, oui, tu as raison, l'individu existe matériellement, corporellement, mais cette existence réelle et corporelle est celle d'un salaud. Et moi, j'agis pour un monde sans salauds. C'est mon dernier mot. Toi et ton moi, vous n'existerez bientôt plus.

(A SUIVRE...)

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Commentaires

  • « Plus ils crèveront de faim, plus ils seront susceptibles de se rebeller. »

    L’ennui est que les choses ne se passent pas tout à fait ainsi. Sans idéologie révolutionnaire, pas de révolution (Lénine). On le voit bien en Corée du Nord ou à Cuba : les gens meurent de faim mais ne se révoltent pas. Il y a peut-être des émeutes mais elles sont vite étouffées et sans lendemain. A contrario, des situations sont potentiellement révolutionnaires sans que les gens soient excessivement affamés, comme la France d’avant 1789 ou l’Europe de l’Est avant la chute du mur. Ce qui invalide selon moi la définition trop sociologique que Marx donne de l’homme : un être-pour-le-travail, appartenant à telle classe sociale. C’est le discours qui va transformer une situation donnée en révolution, pas seulement les conditions de vie objectives du plus grand nombre. Avant d’être un cadre ou un ouvrier spécialisé, l’homme est un être de parole. C’est pourquoi il n’y a pas pire idéologie que celle de Marx, puisqu’elle nie le fondement immatériel de l’homme. D’autant plus qu’au lieu d’essayer de diminuer les tensions entre classes sociales, elle cherche à les exacerber, tout cela au nom d’illusoires lendemains qui chantent. L’idéologie communiste est viciée dès le départ (« intrinsèquement perverse », a dit le pape), il n’est pas surprenant qu’elle ait échoué sur toute la ligne.

  • Je me l'étais bien promis pourtant (et je promets rarement) de ne pas entrer dans les débats, politiques ou pas...
    Mais de là à laisser passer d'historiques âneries :

    "des situations sont potentiellement révolutionnaires sans que les gens soient excessivement affamés, comme la France d’avant 1789"

    C'est connu, il n'y a pas eu de famines cette décennie-là...?
    (Ou peut-être n'était-on pas "excessivement" affamé, rien qu'un pneu quoi... Pour voir, essayez...!)

    Patrice père vert

  • Très drôle, irrésistible par moments, Montalte, votre exercice dialogique. Une réserve toutefois : derrière le dialogue entre Marx et Stirner, pointe trop parfois celui entre Sartre et Aron. Reste, sur le fond, votre démonstration, pertinente, juste. Le marxisme n'est pas seulement un échec, il est une erreur en tant qu'il est une hérésie théologico-matérialiste.

  • « C'est connu, il n'y a pas eu de famines cette décennie-là...? »

    ll y a eu des disettes dues à de mauvaises récoltes mais pas de famine. Sous le règne de Louis XIV, la France a connu deux hivers terribles, celui de 1693-1694 (1,5 million de morts à cause de la famine sur une population de 29 millions d’habitants) et celui de 1709 (moins meurtrier). Et il n’y a pas eu de révolution car la monarchie était solide. En revanche, quelques mauvaises récoltes dues à des hivers plus rigoureux que d’habitude suffisent à emporter la monarchie de Louis XVI. Pourquoi ?

    « Au XVIIIème siècle, le paysan français ne pouvait plus être la proie de petits despotes féodaux ; il n’était que rarement en butte à des violences de la part du gouvernement ; il jouissait de la liberté civile et possédait une partie du sol ; mais tous les hommes des autres classes s’étaient écartés de lui, et il vivait plus seul que cela ne s’était vu nulle part peut-être dans le monde. » (Tocqueville, L’Ancien régime et la révolution)

    En délaissant les campagnes, la noblesse a perdu sa légitimité aux yeux des paysans, qui ne voient pas pourquoi ils devraient continuer à l’entretenir par leur travail.

  • Mais Sébastien ce n'est pas une jacquerie du peuple qui a fait la Révolution de 1789 !

    Tu devrais bien savoir que ceux qui ont comploté contre la Royauté ce sont les privilégiés du régime, les frères du Roi, le duc d'Orléans, le Parlement de Paris, les Intellectuels, écrivains, avocats, les Francs-Maçons etc.

  • Vous avez une vision policière de l'histoire, ce n'est pas la mienne.

    (Nous connaissons-nous suffisamment, Clio, pour que vous ayez la familiarité de me tutoyer ?)

  • Etes vous certain que les marxistes adhèrent?...
    Je pense que l'analyse critique du capitalisme par Marx a été moins meurtrière que le capitalisme ou ou friedmanisme ou libéralisme ou encore néo-libéralisme. Heu...je ne prendrai que le commencement pour situer le nombre de meurtre...la découverte de l'amérique par Christophe Colomb et le génocide qui s'en suivi...mais apparement ça choque moins que les goulags en Russie, je n'ai jamais compris pourquoi. Le communisme n'a jamais été appliqué, c'était du capitalisme d'Etat. Je ne suis pas une marxiste orthodoxe mais il m'est impossible de nier l'apport de Marx dans la compréhension du système de chien dans lequel nous vivons. Et c'est vrai que je n'ai pas beaucoup de foi en ce qui concerne la conscience révolutionnaire par la prise de conscience des prolétaires du fait de leur condition. Mais de là à dire que c'était la plus grande philosophie meurtrière, je suis morte de rire.

  • "l'irrationnel et l'injuste, c'est-à-dire la liberté" : L'un des piliers du libéralisme (économique) contemporain est l'homo oeconomicus en tant qu'homme rationnel baigné dans une information transparente et symétrique - c'était donc un mensonge...

  • Euh oui policière ! Grand Seigneur Sébastien, il ne faut pas croire ceux qui disent que la C.I.A a fomenté le coup d'Etat des colonels en Grèce, ni de multiples renversements de régime en Amérique latine, ni que l'Angleterre vaincue par la France en Amérique du Nord alimentait en argent Marat et d'autres agents révolutionnaires, ou qu'elle a ensuite soudoyé le Tsar et quelques autres souverains d'Europe contre Napoléon ... ce sont des ragots malveillants !
    Bien entendu ce sont les ouvriers de la manufacture Réveillon qui ont pris la Bastille et ont tout inventé tout seul ... ah ! les braves gens !

  • Chère Marie B.,

    au sujet des impérialismes et des génocides, soyez certaine que vos ennemis les anticommunistes primaires vont ricaner et parler de "cliché", en se dépêchant de déplacer le problème vers l'ethnique ou le religieux...
    C'est que l'anticommuniste primaire aime à juger la politique bolchévique (confondue - c'est dans l'intérêt de sa démonstration - avec le "communisme" qui jamais n'exista, vous avez évidemment raison) mais jamais la politique capitaliste, puisque la doxa veut que dans un régime capitaliste, l'économie et la politique ne fassent pas ménage, soient en guerre même (excusez leur naïveté).

    Par exemple, la responsabilité des élites françaises patronales dans la défaite de 1940, et donc, de fait, dans la déportation massive de juifs et dans les massacres, cela N'EXISTE PAS, vous comprenez? C'est contingent, c'est une coïncidence, ça n'a rien à voir, c'est autre chose, c'est pas d'chance, voire : c'est exagéré (et pourtant c'est prouvé).
    Car imaginez une seule seconde les anticommunistes primaires se mettre à ETUDIER UN PEU l'histoire, qui est toujours l'histoire des intérêts des classes supérieures et de la plus ou moins grande résistance des peuples, imaginez : ils seraient bien capables, effectivement, de considérer (quel SCANDALE) le communisme stalinien comme... un moindre mal.

    Bien à vous,

    A.

  • Cent millions de morts, un moindre mal... ben voyons. J'ai l'impression que ton blog est trollé par des gauchistes, Montalte. Quel malheur en ce jour de la Toussaint !

    Vous aimez voir l'histoire par le petit bout de la lorgnette, chère Clio. Vous devez adorer les livres de Thierry Meyssan.

  • Ben dites-moi, Montalte, vous avez de grands historiens parmi vos visiteurs ! Des historiens qui prétendent vous apprendre la grande Histoire en confondant pêle-mêle la découverte du Nouveau monde, l'extermination des Indiens d'Amérique, la Révolution française, la lutte des classes, l'Occupation et la CIA avec le libéralisme ; et qui, sans rire, imputent à ce dernier des crimes comparables à ceux du marxisme...

    Tiens, on n'a pas encore parlé du fascisme qui, comme chacun sait, est le stade suprême du capitalisme. Allez, vous aurez bien un autre historien du dimanche pour venir vous en parler... Patience.

  • Dans le Marxisme, tout est bon, c'est comme pour le cochon !

  • "Allez, vous aurez bien un autre historien du dimanche pour venir vous en parler... Patience."

    Bah, y a bien des cavaliers de pacotille, alors les historiens du dimanche restent les bienvenus.

    "De jeu d’échecs la politique devient jeu de dames. Est-ce un mieux ?" C'est que ce cher Uhlan a le sens de la formule ! Remarquez, au jeu d'échec comme aux dames, c'est toujours Noir vs Blanc... Un peu comme cette pensée binaire qui se farde de quelques complexité pour s'épargner le ridicule. Dieu merci, il reste encore une pensée sans monture et fioriture qui, heureuse, ne viendra jamais visiter ce cloaque.

  • Vous avez raison, ἐλεύθερος : les pensées qui ne se fardent pas de grec ne fréquentent pas les cloaques.

  • Ah ces Faurisson du marxisme.... Car ce que tu dis là révèle du révisionnisme ordinaire, ma petite Clio. Quoique, comme dirait le cher Revel, la différence entre le révisionnisme brun et le révisionnisme rouge est que le premier est exceptionnel, et d'ailleurs condamné par tout le monde, alors que le second est légion et n'en finit pas de faire ses ravages. La preuve, toi.

    Pour le reste, je suis ravi des interventions de Marie B, d'A. et du grec. Car leur candeur va me permettre de préciser certaines choses.
    Fabuleux de rencontrer encore en 2006 des gens qui font l'apologie de Staline (ou de Mao, teasing le petit David L'Epée) ou plus précisément, qui restent plus indignés par le tsarisme que par le stalinisme, qui trouvent plus atroces des famines économiques que des famines politiques. A les écouter, les disettes médiévales, épouvantables mais involontaires, seraient plus graves que celles provoquées sciemment par des dirigeants qui pour réaliser leur nouvelle société avaient besoin de liquider physiquement l'ancienne. Quelle étrange vision de l'histoire ! Et tout à l'avenant... Christophe Colomb choque plus que Pol-Poth, les lettres de cachet de l'ancien régime choquent plus que la terreur, le colonialisme choque plus que le totalitarisme, les conquêtes de territoire enfin (qui ont été le fait de toutes les civilisations sans exception) choquent plus que les camps de concentration ou de rééducation, ces derniers n'ayant été le fait que de deux systèmes politiques du XX ème siècle et dont tous les historiens ne cessent d'affirmer la singularité. Peine perdue ! Nos amies se damneraient plutôt que de reconnaître la spécificité immonde - au sens propre : hors du monde - du nazisme et du communisme. Certes, la violence, le massacre et la mort ont fait depuis l'Iliade la plupart des événements de l'histoire. Et l'histoire a toujours été tragique. On l'apprend dès l'école primaire. Sauf que le XX ème siècle inventa une nouvelle forme d'horreur qui n'avait jamais été expérimentée jusque là : le génocide industriel, administratif, "philosophico-politique"... et anonyme. L'idée toute belle et toute moderne qu'il faut tuer des gens pour des raisons ontologiques est une idée neuve en Europe - et c'est la raison pour laquelle l'on ne saurait mettre les horreurs "artisanales" du passé au niveau d'Auschwitz ou du goulag. Européens, Arabes, Asiatiques ou Américains ont toujours massacré en gros mais sans que ces massacres répondent à un "idéal" éthnique ou sociétal. Il y a en effet une différence juridique, et affirmée comme telle par les tribunaux internationaux ou les comités d'éthique, entre le massacre et le génocide. Eh bien pour nos amis révisionnistes, les exactions médiévales sont plus graves que celles des états totalitaires. Lorsque Marie B. dit qu'elle ne comprend pas pourquoi on considère que le goulag est pire que les tueries des espagnoles en Amérique latine, elle ne dit rien d'autre que pour elle un massacre est pire qu'un génocide. C'est comme si l'on disait que les guerres napoléoniennes sont plus graves qu'Auschwitz ou que César a commis des crimes plus odieux que Lénine ou Hitler. Sans doute y a-t-il là une erreur, pour ne pas dire plus, anthropologique de nos humanistes. Pour eux, l'histoire traditionnelle est pire que l'histoire exceptionnelle. Sous prétexte qu'il y a du mal dans le monde depuis Caïn, et loin de reconnaître que l'ordre de Caïn a malheureusement constitué le monde, ils trouvent que les idéologies archi-criminelles du siècle dernier, qui avaient l'intention d'abolir l'ordre de Caïn, sont somme toute un "moindre" mal. Ils trouvent Caïn plus haissable que Lucifer.

    Et donc, le communisme qui fut un enfer pour cent millions de personnes reste à leurs yeux tout à fait admissible du fait qu'il ait voulu être un "paradis". Lorsque A. conforte Marie en lui disant que le communisme n'exista jamais, il (ou elle) veut dire que toutes les victimes du communisme n'altèrent en rien la (fausse) belle idée du communisme. Pour les néo-marxistes, en effet, le communisme existe tant qu'il n'y a pas de morts. Dès qu'il y a des morts, ce n'est plus du communisme. Dans La grande parade, Revel revient sur ce perversion de l'esprit : lorsque Pol-Poth et ses sbires prirent le pouvoir au Camboge et dirent qu'ils allaient enfin réaliser l'idéal marxiste, tout le monde disait qu'ils étaient communistes. Dès qu'ils commencèrent à génocider, on dit alors qu'ils étaient nazis. Au premier charnier, les khmers rouges devinrent des khmers bruns et le sinistre Jean Lacouture, qui une minute avant, parlait de collectivisme paradisiaque, parla dès lors de "nazisme agraire".

    Au fond, ce qu'ils ne supportent pas, nos anges, ce sont les aléas de l'histoire. Son imprévisibilité, sa cruauté, sa "caïnité". Mais Caïn finit par avoir du remords. Alors que les communistes s'ont toujours très fiers d'eux. Car eux, ils ont précisément essayé d'en finir avec les aléas de l'histoire, les caprices du monde, les inconséquences de l'humanité. Le pseudo-déterminisme historique leur paraît plus efficient et plus rassurant que l'indétermination historique. L'assassinat systématique devient un moindre mal. La violence programmée, en tant qu'elle obéit à une utopie supérieure, éponge toutes les plaies et se fait une raison de tous les cadavres. Au moins l'homme n'est-il plus cruellement libre ! Car pour eux, l'horreur totale, c'est le hasard que voulez-vous... Avec Staline ou Mao, plus de hasard, plus de cruauté imprévue, que des bonnes intentions - et cent millions de morts, ma foi, c'est un détail par rapport à la générosité de Lénine ou la beauté virile du Che...

  • Cher Montalte, tu te fatigues beaucoup pour quelqu'un qui n'a pas compris le dixième de ce qu'on a dit.

  • Je crois surtout que c'est vous qui ne comprenez pas le millième de ce que vous dites. Remerciez-moi d'éclairer votre lanterne, évitez la mauvaise foi et songez à cette belle formule de Talleyrand : "je suis d'accord que l'on ne soit pas d'accord avec moi, je ne suis pas d'accord que l'on ne soit pas d'accord avec soi." Votre soi, Azerty, votre soi ! Pensez à votre soi..

  • Le communisme a-t-il échoué pour ne laisser aucune place à l'individu ou trop de place à certains individus seulement ?

    Ce qui est frappant dans tous les pays communistes, c'est le culte de la personnalité, de Castro à Mao jusqu'au fils à papa en Corée du Nord. Cela allait si loin qu'on embaumait les corps ! Lénine, Staline, Mao, Tito ... imaginons les corps embaumés de De Gaulle et Roosevelt en Occident !

    Tous pour un seul c'est surtout ça la leçon des grandes dictatures pharaoniques du XXème siècle ; en conclusion les totalitarismes sont la nostalgie des temps anciens ou certains êtres étaient divinisés comme liens priviligiés avec le sacré etc.

    En Occident nous avons maintenant les "people" forme atténuée du culte des idoles.

  • Le communisme a surtout très mal digéré son athéisme, et s'est transformé très vite en substitut de religion. A côté des exemples que cite Clio, on peut en tenir pour preuves les sinistres comédies que nous ont jouées tous les partis communistes de la terre, et le PCF n'était pas le dernier, avec "dogme officiel", excommunication des "hérétiques" ou des "déviationistes", etc...

  • Moi : "peut-être n'était-on pas "excessivement" affamé"...
    Lui : "il y a eu des disettes dues à de mauvaises récoltes mais pas de famine."
    Qu'est-ce que je disais ?
    Le pauvre - ses bas s'tiennent tout seuls, mais son discours s'effrite dans les moules.

    Pour en rester à 89 et quelques - puisque c'est là qu'il s'en est arrêté ("la bourgeoisie arrête toujours les révolutions à mi-côte", non ce n'est pas du Marx), aucun analyste de gauche, de droite ni du marais ne nia jamais que ce fût la bourgeoisie la grande gagnante dans l'affaire.
    En revanche, on ne dit pas assez à quel point le moteur en fut le (bas) clergé...

    Patrice, a*men

  • Montalte,
    Juste pour dire que ça m'énerve de réagir sur ce genre de blog où l'on interprète à sa manière les mots de l'autre et puis que l'on tombe à coté de la plaque mais qu'on est content parce que on en met plein la gueule, dans le genre, que vous êtes con mais bon...( c'est bien pour ça que ce sera la der des der)
    Je vais tout de même te donner le fond de ma pensée en reprenant un morceau du livre de Charles Bukowski (Journal d'un vieux dégueulasse) parce que peut-être que ce sera plus claire. Apologie du stalinisme, sûrment pas, montre moi où est-ce que j'ai écrit ça? Donc c'est toi qui raconte des conneries mon petit vieux.
    "Je n'ai pas vocation à prêcher l'action et l'engagement comme l'a fait Camus (relisez ses essais), car la majeure partie de l'humanité me done fondamentalement envie de vomir. la seule chose qui pourrait nous sauver serait d'inventer un nouveau concept, celui d'une Universelle et Vibratoire Education, qui engloberait de façon constructive le goût du bonheur, le sens de la réalité et la nécessité du changement, mais qui ne profiterait qu'à nos petits enfants, à condition qu'ils n'aient pas été, dans l'intervalle, assassinés. mais ils le seront, je vous le parie à 25 contre 1, car nul concept nouveau ne saurait être toléré, vu qu''il signifierait la liquidation du gang au pouvoir. non, je ne suis pas Camus, mais mes loulous, je ne décolère pas de voir les Klaniques tirer profit de la tragédie."

    Voilà ce que la candide Marie B pense et si t'es pas foutu de voir dans Marx les analyses perspicaces qu'il y a dedans et juste de tout résumer au goulag, tant pis pour toi. C'est de la putain de démagogie ton truc. Rien n'est noir, rien n'est blanc, tu sembles bien polué par la pensée judéo-chrétienne...bonne chance.

  • Marie,

    aucun marxiste ne s'est jamais réclamé de Staline (sauf peut-être Alain Soral) et c'est cela le drame. Même si l'application du marxisme a toujours été un désastre économique, politique et humain, les marxistes ont toujours exempté leur doctrine de ses résultats. Même si communisme = goulag comme nazisme = chambre à gaz, oui en effet, on rencontre encore des gens qui affirment que communisme = égalité, justice, paradis. Si vous aviez lu mes deux posts (interminables je vous l'accorde), vous auriez vu que je ne rejette pas tout le marxisme. Sa théorie du fétichisme par exemple reste valable. Mais le Marx communiste, messianique, transindividuel, le Marx qui fait du négationnisme d'humanité, le Marx qui a inspiré tant de charniers, alors là oui, je vous le laisse.
    Quant à ce grand écrivain de Bukovski, comme bien des grands écrivains, sur le plan de l'analyse politique et sociale, il repassera... Personnellement, ce n'est pas l'humanité qui me donne envie de vomir (mon côté judéo-chrétien sans doute) mais bien certains systèmes qui promettant le paradis sur terre en ont fait un enfer.

    Bien à vous.

  • Marx: " le communisme est un société où le libre développement de chaque individu est la condition du libre développement de tous ". Cela signifie que la liberté(réelle) de chaque individu est le moteur d'une société communiste ! Cela signifie qu'aucune société totalitaire ne peut-être dite communiste par définition !!
    Il suffit de rappeler la vérité de la pensée de Marx pour que s'écroule toute votre argumentation monsieur! On ne peut pas être anti communiste sans être contre la liberté !
    Gillios

  • Cela signifie que vous ne comprenez pas ce que veut dire "révolution", "dictature du prolétariat", ou "totalitarisme", ni d'ailleurs "liberté". Méditez, méditez et relisez-moi...

  • Bah tout ça, c'est rétro : le capitalisme est en train de se manger lui-même, sans que des empêcheurs de tourner en rond y soient pour quoi que ce soit.

  • J'aimerais bien savoir en quoi le capitalisme se mange lui-même. C'est bien le paradoxe de tout communiste: il comprend même pas ce qu'il raconte.
    Allez, dites moi: Quelles sont les erreurs de pensée, les "contradictions" du capitalisme qui le feront s'effondrer pour que vienne au monde le paradis sur terre: Le COMMUNISME.

    Mao ressortira des tombes, avec Staline, Che Guevara, Lénine, Marx se coupera la barbe (enfin!) pour fêter l'avenue du paradis sur terre.

    Totalitaire ou pas (là encore, on peut discuter: en effet Marx fait l'éloge de la centralisation de tout dans l'Etat durant un temps...indéfini. Qui sait, peut être que Staline allait entrer dans la retraite et détruire l'Etat dès qu'il aurait finit son boulot de transition vers le communisme, hein? lol), l'URSS en plusieurs points (comme l'Allemagne Nazie, comme Mises à remarqué) était communiste. Dans la planification du marché, dans les nationalisations à outrance, dans toutes les idées qu'elle a appliquée (en fidélité à Marx, que vous le veuillez ou non) pour étouffer l'initiative individuelle.

    Néanmoins, le Communisme n'est pas mauvais en soi: Il faut juste que vous compreniez ce que signifie "volontarisme" et que vous abandonniez vos idées coercitives de "Révolution Socialiste"...

    Monsieur Cormary, quant à vous, je trouve que votre dialogue Marx-Stirner est un peu...disons... banal ^^

    ;)

  • Néanmoins, j'espère que quand vous dites que la philosophie et l'art sont des instruments de bourgeois, vous déconnez...^^

  • Il y a trois visions de l'homme : deux outrancières - ange ou bête, une réaliste - mouton/robot.
    Seule la dernière ne sème pas la peur, amène la tranquillité, rend le robot, en nous, efficace, et le mouton - repu.
    Reste la controverse : Rousseau vs Hobbes. On sait, depuis Pascal : ceux qui font l'ange, font la bête. On sait aussi, depuis Baudelaire ou Hitler, que ceux qui font l'aigle ou l'albatros terminent en charognards.
    Morale : tant que le mouton ne distingue pas l'ange de la bête, tant que le robot se fout des cieux et des enfers, ne parlons pas ailes ou chutes - parlons reptation et algorithmes.
    Mais un jour, l'homme sera dégoûté de son présent aptère, se rappellera son enfance d'avant la chute et retrouvera le salutaire prurit aux épaules. A moins que, entre temps, soit le troupeau, en nous, serait déjà trop dense soit le robot deviendrait irrésistible ou incontrôlable.
    Le marxisme devrait attendre l'âge angélique, ou bien le libéralisme - l'âge bestial. L'optimiste espère la première venue, le pessimiste - la seconde. L'ironiste compte sur la béatitude du mouton ou sur le sang-froid du robot.

  • Ma réplique ayant, peut-être, sombré, suite à une inadvertance plutôt qu'à une censure, je la remets entre les ciseaux du modérateur autocrate (à qui je promets de ne plus insister) ...

    Pétrus,
    c'est sur les sentiers battus qu'on se suit le mieux, et j'ai un faible pour le hors-piste.
    Et le sentier battu est pratiqué, aujourd'hui, partout, par les voiries verbale, conceptuelle et métaphorique. Les fausses lucidité, communicabilité et viabilité y trouvent souvent leur raison et leur source.
    Ni le coude-à-coude ni le pas-à-pas ne font partie de mes techniques de montée ou de descente. Mais vous avez raison : en visant le vertige, on risque de ne provoquer que la migraine. Un mot tombe sur un crâne, et ça sonne creux - est-ce toujours la faute du mot ?

  • *la preuve de la non-individualité de l'homme* est dans la non-indivuvodualité de l'humanité ou devrai-je dire de
    Sur le communisme actuel qui n'est pas l'humanisme de Marx, mais une forme d'inhumanité revendiquée, il faut bien saisir que c'est une expérience qui en tant que bureaucratique ou stalinienne devait être tenté, bon lecteur d'Humain trop humain tu devrais le savoir.
    Mais il est tout aussi aisé tout aisé de se recalmé lecteur d'Etienne Balibar que Lénine ou Staline de se réclamer lecteurs de Marx, quand il savent qu'ils vont forcer l'histoire par l'Etat. Restent les manuscrits de 1844, qui ont donné tous les lefebvriens (dont Debord et Baudrillard qui en fut le traducteur), restent l'économique politique.
    Le jeu actuel est bien celui d'une culture de basse définition, celle du banquier, du matérialiste qui a tué Dieu ("le plus hideux des hommes") qui ressent une jalousie féroce pour toutes les cultures de hautes intensités et sacrificielles. Exposant cela on demeure dans la droite ligne des lefebvriens (marxistes) et de Nietzsche. Cette distinction qui est simplement celle du générique et du vernaculaire est applicable à toutes les situations mais la Guerre de Carter contre l'Iran de Komeny. C'est la culture qui parvient au plus grand sacrifice qui l'emporte. Le sacrifice est la preuve du transindividuel sinon pourquoi se sacrifierait-on, qui est un minimum nietzschéen, cher Pierre, sait cela.
    Plus simplement tu en reste au paradigme de l'homme supérieur et à une pensée du dernier homme.

    Salutations.

  • * Ce que n’ont pas vu les marxistes, c’est que le moteur de l’histoire n’est plus la lutte des classes, si elle ne le fut jamais, mais ce que Tocqueville appelle « le développement graduel de l’égalité des conditions » *

    On peut faire du commentaire contre commentaire et reprendre les propos de Buffett "La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, celle des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la remporter." Warren Buffett est la première fortune mondiale.
    Je donne la source hautement gauchiste (sauf que Ruffin est un réformiste) : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1519

    Mais s'il était question d'avoir raison je vous dirai que la lutte des classe n'est qu'un crible d'interprétation, mais il correspond bien au moteur de ce que l'on quand on fait de l'Histoire.

    Votre ami empêcheur de tourner en ron-ron.

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