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03 - Idéologiquement structuré

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« Ce qui m'éloigne le plus d'elle [de la droite], c'est son allergie à toute réflexion de nature idéologique ».

Yes. La droite classique, orthodoxe, traditionnelle, en effet, ne croit pas à l'idéologie - ou plutôt ne se définit pas du tout, elle, comme idéologique. L'idéologie, ça n'a jamais été que la gauche avec sa manie de la sociologie, du constructivisme et même de la culture. La culture est née avec la gauche, disait Philippe Muray dans son Journal. Alors que pour la droite, toujours un peu essentialiste et naturaliste, l'approbation de l'ordre des choses va de soi. Le divin préjugé remplace la réflexion. Le dogme sublime remet la raison à sa place. Le réel se suffit à lui-même et surtout c'est lui qui se donne à nous et non nous qui lui donnons un sens ou une... réalité, comme il le prétend.

Pour Alain de Benoist, phénoménologue fort orthodoxe en ce sens, « rien n'est neutre » et « la façon dont on regarde le réel n'est jamais directe ou transparente ».

Et de rajouter ce sur quoi il va longuement insister :

« quand on est IDEOLOGIQUEMENT STRUCTURE, on réalise en général très bien cela [que le réel est moins un donné qu'un résultat de nos dons à nous], tandis que ceux qui sont mal structurés, ou qui ne le sont pas du tout, ne sont pas même conscients de l'existence de ce filtre qui joue alors chez eux un rôle de surmoi. »

Coucou, me voilà, avec mes amis Clément Rosset, Chesterton, Burke, et tous ceux qui pensent, comme les gros débiles de notre genre, que le réel n'est pas dialectique mais tautologique, que les choses sont beaucoup plus simples qu'on ne le croit et que le préjugé est mille fois plus structurant et dix mille fois plus moral que l'idéologie. En vérité, comprendre, c'est jouir, comme disait Paul Claudel. Et pour l'instant, elle ne me fait pas trop jouir, la pensée de la Nouvelle Droite. Alors que Burke !

«  Vous voyez, Monsieur, que dans ce siècle de lumières, je ne crains pas d'avouer que chez la plupart d'entre nous [les connards et les connasses de droite, NDLR]  les sentiments sont restés à l'état de nature ; qu'au lieu de secouer tous les vieux préjugés, nous y tenons au contraire tendrement et j'ajouterai même, pour notre plus grande honte, que nous les chérissons parce que ce sont des préjugés – et que plus longtemps ces préjugés ont régné, plus ils se sont répandus, plus nous les aimons. C'est que nous craignons d'exposer l'homme à vivre et à commercer avec ses semblables en ne disposant que de son propre fonds de raison, et cela parce que nous soupçonnons qu'en chacun ce fonds est petit, et que les hommes feraient mieux d'avoir recours, pour les guider, à la banque générale et au capital constitué des nations et des siècles.En cas d'urgence le préjugé est toujours prêt à servir; il a déjà déterminé l'esprit à ne s'écarter jamais de la voie de la sagesse et de la vertu, si bien qu'au moment de la décision, l'homme n'est pas abandonné à l'hésitation, travaillé par le doute et la perplexité. Le préjugé fait de la vertu une habitude et non une suite d'actions isolées. » 

Qu'importe. En avant pour la contre culture pour laquelle ADB, et que nous appellerons, à l'instar de Solange Bied-Charreton, « Deub's », semble avoir toujours eu une prédilection, que celle-ci ait été communiste, nationaliste, indo-européenne, voire celtique - l'essentiel étant de toutes façons de repérer et de combattre l'ennemi numéro un (et d'ailleurs unique - ce qui pour un contempteur de l'Unique est un peu fort, mais passons), à savoir le « gros argent », la loi du fric, la finance despotique. La lecture, à cette époque, du livre de Henry Coston (antisémite et collaborationniste de choc, et le premier infréquentable de ce parcours), Les financiers qui mènent le monde est, pour Deub's déterminante -  autant que sa rencontre avec la belle Marie-Jo, dont la photo ne le quittera jamais.

Pour l'antilibéral « structuré idéologiquement », le mal absolu, c'est l'économique et non pas le politique ou le religieux. Et par extension, non pas tant le terroriste que le banquier. Non pas tant Da'ech ou Boko Haram que Wall Street.  Le mal, ce n'est pas le couteau qui sert à égorger, mais l'argent qui a servi à acheter le couteau. Des conneries, évidemment.

Amour, amitiés... C'est encore à cette époque qu'il rencontre au FEN (Fédération des étudiants nationalistes) ses futurs compagnons de route, François d'Orcival, futur directeur de Valeurs actuelles, ainsi que le très walhallien Dominique Venner.

C'est le temps du militantisme bagarreur, des fin de soirées au commissariat, de l'engagement quasi sectaire (« tu dois tout au mouvement, le mouvement ne te doit rien »), de la radicalité pure et dure (« pire que chez les maos ou à Lutte ouvrière », précise Alain qui ne comprend toujours pas comment on peut être catholique sans être prêtre.) Dans ces cercles nationalistes, on ne s'appelle pas « camarade » mais « ami », on ne doit pas partir en vacances sans avoir prévenu la cellule et encore moins se marier sans le signaler.

Dans la vie de tous les jours, on se la joue très OSS 117 avec lunettes noires et messages codés. A ce propos, notons que si on défend l'Algérie Française, c'est moins pour celle-ci que pour faire la révolution en France. En vérité, on instrumentalise la guerre d'Algérie car on recherche « le détonateur susceptible de déboucher sur le seconde Révolution française ». Ce qui n'empêche pas Deub's de comprendre la réalité de la tragédie algérienne - tragédie au sens « où il n'y a pas seulement des événements tragiques, mais des conflits de devoirs » et qui concernent tous les acteurs de cette affaire, Pieds Noirs, militaires, combattants de l'indépendance, harkis. La guerre d'Algérie est, comme tous les conflits véritables, non pas un conflit entre le bien et le mal mais un conflit entre différents biens, différentes légitimités, différentes résistances. FLN contre OAS, c'est Créon contre Antigone.

« Si j'avais été Français d'Algérie, j'aurais certainement rejoint l'OAS ; si j'avais été jeune Algérien, j'aurais certainement rejoint le FLN ».

Voilà, tout est dit. Quoiqu'on pense de lui, il y a de la grandeur chez ce de Benoist.

 

A SUIVRE

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