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Alina Reyes - La fleur de nos secrets.

Alina_ReyesEA.jpgPour son blog auquel elle n'a finalement pas renoncé et qui est une bouffée d'air frais, une bouée de bonheur et un coup de fouet pour les nôtres, pour elle dont il faut bien avouer qu'on en est tous amoureux (mais les passions platoniques, il n'y a que ça !)  et pour sa victoire contre la quadrature du cercle puisqu'il paraît désormais que son avatar ne l'a pas lu, ce qui est fâcheux quand on a réécrit un livre (à moins qu'il n'ait pas lu le sien non plus).

Georges Bataille disait des femmes de Manet qu’elles savent ce que nous voulons. Comme ses deux consoeurs, l’Olympia et la Berthe Morisot aux violettes, Alina Reyes nous regarde droit dans les yeux et comme Dieu elle connaît le nombre des cheveux de nos désirs mieux que nous. Des couilles au cœur, elle nous comprend, nous cajole, nous caresse. Impossible de résister à tant de volupté et de bonté. Comme à son habitude, l’auteure du Boucher a la foutrerie tendre, la branlette suave, l’orgasme maternel. C’est sans doute ce que ne supporteront pas les machos et les féministes – les premiers trouveront anti-viril d’être sans arrêt « au-dessous » de la femme (aphorismes 2, 6, 7) car un homme, un « vrai », c’est celui qui prend la femme, non celui qui se laisse prendre par elle, les seconds jugeront obscène sa propension à faire trop plaisir aux hommes. Dans un monde où le discours amoureux a été confisqué par les homos et les féministes, ce merveilleux Carnet de Rrose, qui s’enchâsse entre le « de la douceur, de la douceur, de la douceur » de Verlaine et une décharge sadienne, apparaîtra comme l’œuvre d’une pute ou d’une facho – ce dont d’ailleurs notre auteure fut déjà traitée par d’arrogants peines-à-jouir et de saphiques mondaines lettreuses.

Les voyeurs y seront également pour leurs frais. « Hors de mes pages, collectionneur, curieux sans respect ou cynique enlépré de mépris ! » prévient la bouchère au soixantuitième aphorisme de son livre qui en comporte, comme il se doit, soixante-neuf. « A qui les feuillette en esprit d’amour elles seront suaves, les autres s’apercevront qu’elles étaient pour leurs yeux sales empoisonnées. » L’esprit d’amour inspire le credo de ce manuel érotique. Cela aussi va à l’encontre des vies sexuelles des catherinettes contemporaines. Il n’est pas si évident aujourd’hui de parler amoureusement du sexe et sexuellement de l’amour. Il est surtout interdit de parler du bonheur qu’il y a pour une femme à donner du plaisir aux hommes. Alina Reyes réussit ce doublet. Elle « aime penser à l’amour jour et nuit » (aphorisme 5), elle parle de la bite et des couilles de l’homme comme d’un « trésor tout chaud» dont elle boit « le lait dans le noir » (aphorisme 6), ou d’un « sapin de Noël droit, luisant, et si joli, avec ses boules pleine de promesses » (aphorisme 8). Les femmes qui n’ont jamais aimé les hommes tout en les collectionnant n’apprécieront pas. Les hommes qui sont fiers de bander et honteux de jouir détesteront.

Le comble, c’est qu’elle les aime tous, les hommes, notamment ceux « qui ne sont pas persuadés de leur excellence, ou qui ne s’imaginent pas en savoir bien assez. » Ceux-là, pourvu qu’ils puissent être eux-mêmes avec elle, « sans se sentir humiliés par certains gestes ou certaines demandes qui les mettent, le temps d’un round parmi d’autres, dans une situation plus féminine que virile  » (aphorisme 13), elle les privilégiera en bonne Messaline qu’elle est. De même ceux qui sont laids et complexés, ou plutôt qui se persuadent de l’être et le deviennent – « car certains hommes très sensibles se font des masques de laideur, morale ou physique. Au risque douloureux de voir la peau venir avec le masque, quand ils veulent l’enlever après l’avoir trop longtemps porté. » (aphorisme 17), elle les aimera sans faillir, les rendant beau le temps de l’orgasme – la seule beauté qui compte. Une femme qui n’aime que les hommes qui l’aiment n’est qu’une salope narcissique, mais une femme qui aime les hommes qui ne s’aiment pas et qui les aide à s’aimer est une sainte. Entre les deux, les bonnes femmes s’interrogent. Certaines rétorquent qu’elles sont mères de famille et qu’elles ont d’autres choses plus sérieuses à faire que ces galipettes dionysiaques. Pas de chance, Alina Reyes l’est elle-même quatre fois.

En amour véritable, tous les coups sont permis car tous sont bons. Même ceux qui tournent court - comme la fois où elle jure à son amant de le sucer tous les jours avant minuit quoiqu’il arrive. « Nous finîmes par nous lasser quelques jours avant le terme, mais ce fut une belle gageure. (aphorisme 22). En amour, on gagne même quand on perd, donc on ne perd jamais. La performance n’est qu’un moyen de se faire plaisir, comme la non-performance. Et les fantasmes les plus « douteux » ne le sont plus dès qu’on les rêve. «Un jour, il y a longtemps, j’ai rêvé que je suçais mon père. Ca se passait très gentiment, mais tout de même j’étais un peu gênée en me réveillant. Et puis enfin, je me suis dit : « Eh bien Rrose, voilà une bonne chose de faite ! » L’érotisme est l’école de la dédramatisation. L’Œdipe existe mais il est inoffensif. On croit tellement depuis Freud que ce qui devient sexuel est grave alors que ce qui devient sexuel est toujours rigolo. N’ayons pas peur de nos obscurités. « Il suffit d’allumer la lumière pour se débarrasser des fantômes. » (aphorisme 44) L’essentiel d’une vie (sexuelle) épanouie selon la doctoresse Reyes ? « La reconnaissance sereine de nos perversions. » (aphorisme 20). Fouette cochère !

Et se branler. Beaucoup. Sans craintes ni tremblements. Ah ces livres qui se lisent d’une seule main ! Que ne donnerait-on pour la main de la femme qui les écrit ! Les siennes sont des « ailes pliées » qui « éparpillées dans le lit tout au bout de [ses] bras, gardent le secret de leurs virées nocturnes. » (aphorisme 41). Tous les grands génies se sont branlés (Picasso, Sade, Céline, Proust, Nietzsche) et l’on serait tenté de penser comme encore plus vrai la proposition inverse – que l’on reconnaît un médiocre en littérature à son refus jamais tempéré de jouir. Hélas ! L’idéal ascétique n’a jamais été un idéal littéraire, au mieux (au pire !) fut-il un idéal critique. En vérité, un écrivain, ce n’est pas quelqu’un qui écrit bien, c’est quelqu’un qui ne pourrait vivre sans écrire. Mieux : c’est quelqu’un qui écrit pour vivre. Qui ne peut rien faire d’autre dans la vie qu’écrire. Combien d’entre nous en sommes réellement capables ? « Les esprits chagrins pensent avec une grimace que Rrose écrit sur sa rrose pour se faire de l’argent. Oui, certes. Mais elle ne pourrait le faire si ne lui venait, régulièrement, le besoin de jouir en écrivant. » (aphorisme 58). Aucune vénalité ne fera culpabiliser l’artiste digne de ce nom. L’art est prostitution, disait déjà Baudelaire – et le critique un client pénible.

D’ailleurs, ce n’est pas le fric qui donne des remords à Rrose, encore moins son écriture, gouleyante, érogène, précise, et qui lue à haute voix deshinibera ou défrisera votre tablée - mais bien son désir jamais tempéré de jouir et d’aimer. Par amour du désir, elle a fait souffrir des hommes, et par amour des hommes, elle a peut-être fait souffrir ses enfants. Mais qui est son véritable enfant sinon cette fleur  irrésistible ? « ..c’est en elle, ma rrose, qu’est restée mon enfance, elle est mon enfant pour ainsi dire, mon enfant terrible, comment pourrais-je lui en vouloir ? Puisque c’est elle qui me rend si rieuse ! Et joyeuse, douce, chaude, amusante pour ceux qui m’entourent. » Béatitude et crucifixion de Rrose qui se demande pourquoi il lui est arrivé d’abandonner parfois ceux qu’elle a aimés et à qui elle voudrait demander pardon. « Mais ma rrose est sans pourquoi. Et mon cœur demande pardon, mais ma rrose est sans pardon. » (aphorisme 62) Le moyen aussi de reprocher à la vie de faire mal à la vie ?

Peut-être en aimant l’objet de son désir plus que le désir lui-même. C’est le moment où l’Eros devient christique. Aimer sans mesure est la seule mesure de l’amour. Mais désirer sans mesure finit par tuer l’amour. L’ultime mission de Rrose, c’est d’ « engendrer le désir là où il n’aurait jamais pu naître de lui-même ; et désobéir au désir, là où il ne doit pas vaincre. » (aphorisme 69). Accoucher du désir chez celui qui n’en a pas ou a peur d’en avoir, limiter le désir quand celui-ci commence à n’écouter plus que lui – tel se présente l’Evangile d’Alina Reyes. L’amour plus fort que le désir et l’enfant plus fort que la Rrose. Normal puisqu’il naît dedans. Tant pis pour les adultes qui ont ensuite besoin de « noms savants pour dire la machine à faire des enfants », la rrose est devenue rroseraie, et « les enfants qui sortent de là, le front tout cabossé par les pétales de verre et d’acier, sont bien hébétés» (aphorisme 66). A quoi pense un lecteur normalement constitué quand il a fini la lecture de ce livre et que la rrose lui ait monté à la tête ? A être l’amant ou le fils (c’est la même chose) de celle qui l’a écrit, pardi ! La fleur que vous nous aviez jetée, Alina…

Alina Reyes, Le carnet de Rrose, Robert Laffont, 10 euros.

 

 

 

(Cet article est paru dans La presse littéraire n°7 d'août-septembre-octobre 2006)

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Commentaires

  • Que voit le lecteur dans un livre ? Son seul désir. À chaque lecteur sa lecture, son désir. C'est ainsi, c'est parfait !
    (Et j'aime beaucoup ce fifre, moi aussi, Pierre, je le regarde et je croirais presque que c'est moi - comme tous ceux qui le contemplent, sans doute ?)

  • "Dans un monde où le discours amoureux a été confisqué par les homos et les féministes"
    "Il est surtout interdit de parler du bonheur qu’il y a pour une femme à donner du plaisir aux hommes."
    "Tous les grands génies se sont branlés"

    Ca en fait, des assertions non démontrées...

    En revanche, l'aphorisme 69, formidable !

    *Celeborn

  • "Tous les grands génies se sont branlés"

    Sauf les génies manchots, ça va de soi. Espérons que "La jeune fille et la Vierge" soit d'une bonne tenue et que sainte Bernadette n'ait pas à rougir de son admiratrice. Sinon Aquero sera forcée de laisser aller le bras de son Fils.

  • Mais si, mais si, Cele', "tous les grands génies se sont branlés"...
    ... tous les petits cons aussi.

    Patrice, ça mange pas de pain et ça fait du bien... Selavy.

    PS : c'est un grand petit livre en tout cas.

  • À propos de Fils... (le propos est dans mon nom)

  • J'ai trouvé dans "le dictionnaire du gai parler", qui s'y connaît en expressions imagées, pourquoi l'expression veut dire tant subir des affronts que se faire passer un sapin : On avale des couleuvres qui, cuisinées sont détestables, à la place d'anguilles, mets exquis. (signalé par Furetière au XVIIe siècle)

  • En tout cas, il semble que j'aie la bénédiction des Bénédictins, qui m'ont lue !
    http://amainsnues.hautetfort.com/archive/2007/11/29/des-desherites-des-abbes-et-d-une-langue-de-feu.html

  • Pour Alina:

    "Je vis Madeleine traverser précipitamment le jardin et se diriger vers le tombeau ; son émotion lui avait presque égaré l'esprit. Elle était toute humide de rosée du matin ; son manteau était tombé de sa tête, ses long cheveux s' étaient dénoués et flottaient sur ses épaules. Comme elle était seule, elle n'osa pas d'abord descendre dans la grotte ; mais elle se tint pleurant au dehors, non loin du tombeau. Elle se pencha pour voir dans le sépulcre, à travers les portes, et, rejetant en arrière ses longs cheveux qui tombaient sur son visage, elle aperçut deux anges vêtus de blanc, l'un à la tête, l'autre au pied du tombeau. L'un d'eux dit: "Femme, pourquoi pleurez-vous?" Elle cria dans sa douleur (car elle ne voyait rien sinon que le corps de Jésus n' était plus là): "Ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où ils l'ont mis." Ayant dit ces mots, elle quitta la grotte et s'en revint pour chercher le Sauveur ; car elle avait un vague pressentiment de sa présence, et il lui semblait qu'elle allait le trouver: l'apparition même des anges ne pouvait lui ôter cette idée. Elle paraissait ne pas faire attention que c'étaient des anges ; elle ne pouvait penser qu' à Jésus: "Jésus n'est pas là! Où est Jésus!" Je la vis errer devant le tombeau comme une personne égarée qui cherche quelquechose. Sa longue chevelure tombait des deux côtés de ses épaules; une fois elle ramena tous ces cheveux sur son épaule droite, puis elle les partagea en deux et les rejeta en arrière. C'est alors que regardant autour d'elle, elle vit, à dix pas du sépulcre vers l' orient, une grande figure habillée de blanc apparaître entre les buissons, derrière un palmier ; et, comme elle courait de ce côté, elle entendit ces paroles: "Femme, pourquoi pleurez-vous?" Elle cru que c' était le jardinier ; car celui qui parlait avait une bêche à la main, et sur sa tête un chapeau plat qui paraissait fait d'écorce d'arbre, et ressemblait à celui du jardinier de la parabole racontée par Jésus aux saintes femmes peu avant sa passion. Le sauveur n'était pas resplendissant de lumière: il était semblable à un homme habillé de blanc, vu à la lueur du crépuscule. A ces mots: " Qui cherchez-vous?" Madeleine répondit sur le champ: "Seigneur, si c'est vous qui l'avez enlevé, dites-moi où vous l'avez mis, et j' irai le prendre." Et elle se mit de nouveau à regarder autour d'elle. Jésus lui dit de sa voix ordinaire: " Marie !" Madeleine reconnut sa voix, et aussitôt, oubliant le crucifiement, la mort et la sépulture, elle se retourna, et lui dit comme autrefois: " Rabboni ! (maître)." Puis elle se prosterna, et étendit ses bras vers les pieds de Jésus ; mais le Sauveur l' arrêta d' un geste, et lui dit: "Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu." Alors il disparut."

  • Père Noël, espèce d'ordure, vous n'avez rien de mieux à m'offrir qu'un pensum ?

  • (...) prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, Marie oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s'emplit de la senteur du parfum

    John, XII:3

  • Un peu lapidaire: normal, qui n'a jamais péché blabla... saint-Paul truc muche...

    vouivoui, rassurons-nous: elle vient, elle vient, Gravida-les-belles-fesses surréalistes, la reine de Sabah New-age, invitée tout exprès par l' Eglise de Vatican II, et sa théologie abracadabrantesque, qui lui fait la porte si grande: frappez, et l'on vous ouvrira... avec toutes les cloches qui sonneront jusqu' au septième ciel. Oui, rassurons-nous, elle est tellement dans l'air du temps: avec Elle, la grande mère, nous irons tous au Paradis, toi et même moi ( le présumé androïde citoyen consommateur programmé à l' arôme catho blanc mâle et pervers). Tellement si belle, tellement si pure, tellement si rouge de menstrues sonantes et lépreuses. Oui, jusqu' à l' autel de la Papesse, nous irons prier et danser, nous nous accoucherons tous, dans une belle église toute ronde et parfaitement égale, avec une belle croix horizontale qui fait tourniquer dans l'ivresse soufistique.

    Pour le "pensum", il est doctement tiré de "sur la vie de NS et de la Vierge Marie, la Douloureuse passion et l' établissement de l' Eglise par les apôtres"de Catherine Emmerich, sainte et visionnaire allemande, stigmatisée, martyrisée par une vie de maladies et de souffrances atroces. Elle a un très beau texte sur ses noces mystiques. Je vous le conseil, ça vous changera des niaiseries à la Licorne: couronne d'épine et lit de fer, matelas en bûches sciantes, le grand confort traditionnel en somme. Elle a passé sa vie à avoir des ulcères, des maladies atroces, des agonies sans nombres et des visions sublimes. Elle avait le choix, elle n'était pas masochiste, juste une petite paysane vierge et innocente, inculte et éperdument amoureuse du Christ jusque dans la douleur, jusque dans la destruction de tout ce qui fait la petite parcelle de joie bonnasse. Elle n'a rien gardé pour elle. Un pur cristal solitaire. Léon Bloy disait que la moindre phrase de sa bouche valait mille fois tout Dante (de mémoire). Ce qui est vrai en vérité.

    Et il y en a des dizaines pendant des dizaines de siècles. Toutes totalement inconnues de nos grands esprits, de nos grands maîtres du roman psychologique jésuitique de la grande bête démo(no)cratique.

    En attendant votre canonisation et autres béatifications baroques en pâtisserie romaine progressiste, je vous laisse à la révélation de votre pavé plein de bonnes intentions, si moderne, si nouveau, si... comment dire? à oui : sssexy.

    Ding-dong.

  • Oui le texte de Catherine Emmerich est beau, elle est d'ailleurs dans mon livre sur Lourdes, mais même si le texte en lien a son intérêt, pas de pensums psy ni dans les montagnes ni dans Rrose, qui a une idée moins bavarde du père Noël, comme l'a noté Montalte...

  • Les critiques (et les impétrants) dénoncent le nombrilisme. Ils ont tort. La pratique montre que si, pour écrire un livre, on ne fait pas le tour de son nombril de ce jour, on le fait autour du journal d'hier.
    Alina, génereusement, exhibe son épicentre, mais ses spirales présentent un intérêt qui dépasse les organes de digestion, de reproduction ou de respiration. Sur son giron préféré, elle croise ce qu'on prend pour coeur ou sexe, car indubitablement il y en a des palpitations et des reflux de sang.
    Mais les meilleures vagues nombriliques parcourt celui/celle qui réussit à atteindre et à traverser les genoux et la cervelle, dont l'heureuse union incarne soit une prière (avec les yeux grand-ouverts) soit un regard (avec les yeux fermés) soit un testament (avec les yeux éteints).
    Et des plagiats, dont pâtit notre voyageuse, ont pour cause la ressemblance des nombrils et le peu de rayon(nement) des girons fréquentés. Les girons dantesques décrivaient de si larges cercles...

  • Scythe, il n'y a pas de différence entre un petit cercle et un large cercle ; seulement entre un vrai cercle et un faux cercle.

  • Le "faux" cercle, Alina, s'appelle ellipse. Ou spirale, lorsque vous avez une dimension de plus. Bref, tout cet appareil qui peut servir de support à l'éternel retour. Mais dont l'essence est l'intensité, et non l'authenticité, non la véracité. Que d'autres empruntent vos traces - riez-vous-en, vous qui savez que c'est le vertige qui en marque les jalons, et non pas la géométrie.

  • Un cercle est un cercle, une ellipse une ellipse, une spirale une spirale. Le vertige est aisé, la géométrie exigeante, c'est elle que je veux.
    Rions-nous des sophismes, plutôt ! Vous confondez véracité et vérité, ou c'est juste pour m'exhorter, comme bien d'autres, à me taire ? Je vous taquine un peu, Scythe, mais avouez que c'est amusant, de s'entendre répéter sur tous les tons : "Certes le mensonge règne, il ne prend même plus la peine de se dissimuler, il se place bien sur le devant de la scène, avec la complicité de tous les pourris, mais ce n'est rien, entrez dans la ronde, dans l'ordre des pauvres hommes mangés par leurs compromis..."
    Pourquoi craindrais-je la Vérité ? Je ne suis pas comme eux, je ne suis pas un pauvre homme.

  • Ce sont les médiocres, Alina, qui "cherchent la vérité" ; les meilleurs - la créent. La vérité est dans un langage ; tu en crées un, et la vérité en découlera, par coulées de tes métaphores et de tes quêtes.
    Si tu t'arrêtes sur un mensonge, tu en acceptes le langage, langage qui n'est pas à toi, ou son univers n'est pas à toi. Ton reflet, dans un langage étranger, est moins qu'un écho, moins qu'une empreinte. Rappelle-toi ce qu'on dit du bonheur : si tu veux défendre ton bonheur, ce n'est plus le bonheur que tu défendra. Les meilleurs sentiments sont des sentiments désarmés ; et le courrou devrait être parmi nos sentiments les plus silencieux. Laisse ton ironie dominer la cabale.
    "Wo man nicht mehr lieben kann, da muss man - vorübergehen" - c'est un poète que tu aimes bien qui a dit ça, pour toi. Le tutoiement abstrait se mua en concret - excusez-moi, Alina...

  • Non mais qui êtes-vous donc pour me parler ainsi ? Ah oui, vous réveilleriez mon ironie, si vous n'étiez si plat. Quel étrange acharnement à me dissuader de dire la vérité... que je ne cherche pas, la connaissant ! et à me donner des conseils que je ne demande nullement, sachant parfaitement ce que j'ai à faire, et le faisant... Vous n'êtes pas le seul à vous comporter ainsi, c'est d'ailleurs pourquoi toute cette histoire est arrivée... Paternalisme ou maternalisme, condescendance... Oui, pauvres hommes, face à l'esprit d'enfance. Tout est dit dans mon roman, c'est la même chose avec leurs enfants, ils les écrasent tout en s'auto-enrobant de supérieure conscience. J'ai le plus profond mépris pour ce genre de discours. Mais je suis ravie de constater à quel point ma démarche dérange tout ce que je méprise. Comme dit l'autre qui ne fait que le rêver, "tu seras toujours un enfant oui et je vous crache à la gueule crapules", moi je l'agis.

  • Bon vent, Alina, chargez-vous de crapules. Je vous invitais au rire ironique, vous préférez le hurler grave. La pureté n'a de pire ennemi que le sérieux. Vous êtes aussi enflée de solennité que votre misérable plagiaire à qui vous faites tant d'honneur immérité. Une dernière "platitude" : le bien se contamine par le mal qu'il accepte de combattre.

  • P.S. Puisque la chose "plate", visiblement, vous concerne ou vous touche, il serait utile que vous sachiez que tout bon maître de reliefs sait que, quelle que soit la hauteur de son architecture, il s'en trouvera toujours une autre, plus hautaine, face à laquelle la sienne paraîtra bien plate. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'artiste, une fois son oeuvre achevée, s'en détache. Et prône l'humilité.
    L'absolu est affaire des médiocres ; n'est absolu que ce que notre paresse ou notre bêtise empêchent de relativiser, d'approfondir ou de rehausser.
    Et repensez au rayon des cercles et à la navrante ressemblence des nombrils. C'est là que se trouve la racine des coïncidences et parallèles : mêmes objets, mêmes vocabulaires, mêmes regards, mêmes finalités, mêmes contraintes, mêmes publics - le troupeau !

  • Tout de même Scythe ! Je ne vois pas en quoi il est infâmant de se battre pour la vérité, surtout quand on vous a piqué vos mots, vos rêves et vos virgules. Vous dites que se battre contre le mensonge c'est en prendre le langage et que rien ne vaut le mépris supérieur teinté de laisser-faire. Mais c'est ce mépris supérieur qui se confondrait avec le langage du mensonge. C'est le laisser-faire qui se ferait le complice du mensonge. Et l'imposture n'a jamais eu comme meilleure alliée que l'indifférence - ou l'abnégation facile du genre "c'est arrivé, ça arrive, ça arrivera". De plus, je trouve particulièrement blessant le fait de ne pas reconnaître la colère, sinon la souffrance d'un auteur à qui l'on a fait un enfant dans le dos. Et prôner l'humilité à une mère à qui on a volé le sien est au pire une réaction de salaud au mieux une réaction de cocu satisfait, et comme je ne pense tout de même pas que vous soyez le premier...

  • Merci, Montalte. Désolée de m'être un peu emportée, Scythe. Bientôt je mettrai en ligne le fichier de ma démonstration, chacun pourra constater l'ampleur du travail de pillage délibéré sur mon oeuvre, et comprendre, peut-être, que l'intention qui a présidé à ce carnage était singulièrement mauvaise.

  • Merci, Montalte, de ne pas me coller le "salaud" et même d'avoir hésité si le "cocu" était mieux approprié...
    Au sujet d'infamies. Il s'agit, en l'occurrence, d'un problème de combat accepté ou choisi ; la vie et l'art nous en proposent, à chaque instant, une ribambelle. Soulever tout gant trouvé, sur n'importe quelle arène, - n'est pas une attitude noble. Se battre contre ses propres faiblesses - ou forces ! - contre le rythme qui faiblit ou le ton qui détone, ce sont des combats dignes de nos goûts ou tempéraments. Se battre avec son éditeur, son plagiaire, son "ennemi de classe", son collègue plus chanceux, - c'est de la mesquinerie. On peut y être contraint, mais il n'y a pas de quoi se glorifier.
    Je suis un homme des "filtres", contrairement aux hommes des "amplificateurs" ou des "transformateurs" ; ma première tâche est d'éliminer ce qui n'est digne ni de ma plume, ni de mon regard ou ni de mon épée.
    Dans les "colères", aussi, il y a une hiérarchie ; je n'en connais qu'une qui est toujours juste - contre ses propres tentations de se prendre au sérieux...

  • Ne se prend au sérieux que celui qui fait la leçon aux autres, qui détermine de sa hauteur autoproclamée les bons et les mauvais combats, qui parle sans rire de "sa" plume à un écrivain et de "son" épée à un mousquetaire, lui qui n'est ni l'un ni l'autre, qui traite de mesquin et de faible quiconque défend son oeuvre et son identité, et qui ramène une imposture littéraire, sociale et éventuellement juridique à un gant trouvé sur l'arène - faisant passer Alina en mauvaise plaisante qui ose se plaindre qu'on l'ait plagiée. Cette sagesse perfide, ce stoïcisme pervers, cette volonté de rendre cocu tout le monde afin de ne plus l'être seul est bien dans votre genre, Scythe. Et franchement, cela dégoûte un peu...

  • Décidément donneur de leçons, y'a rien à faire... Comment peut-on ainsi s'immiscer et se prévaloir dans les affaires des autres ? Je ne pourrais pas faire ça même aux enfants, voilà bien ce que je disais, c'est tout à fait l'esprit vieux pater familias... Mais si le "cocu" vous va... Allez vous faire voir chez les Grecs, Scythe !

  • D'autre part sachez que Haenel n'est pas "chanceux" comme vous dites, il est vendu. Il s'est laissé manipuler, lui et son livre, pour obtenir une visibilité factice. Il ne vend pas ses livres, ni en France ni ailleurs, contrairement à moi qui ai... plus de chance, disons. Il y a là derrière une manoeuvre de Sollers, et contrairement à Haenel je n'accepte pas d'être manipulée par Sollers et son système. Ce n'est pas en le traitant par l'ironie que je le combattrai, mais par la révélation de ces pratiques, notamment en passant par la justice.

  • Votre avis, cher Montalte, me chagrine. Rancunier par nature, néanmoins je ne vous rendrai pas vos mauvaises grâces pour répéter que votre plume, elle, est la meilleure de la blogosphère française, et votre intelligence, également, y est parmi les plus acérées. Et je ne chercherai pas de petites bêtes pour vous taquiner pour d'éventuels défauts de goût. Je vous garde toute mon amitié...

    Chère Alina, je fais taire mes perfidies, perversités et autres "cocufications" pour vous dire, en "citoyen responsable" :

    que des recompenses "sociales et éventuellement juridiques" couronnent votre entreprise, là où le plaisir d'auteur et le talent tout court n'avaient pas suffi...

  • Chère Alina, je me contre-fous de votre Haenel, ce n'est pas du tout lui que je désignais par "chanceux".
    Alina, je ne visais qu'un seul but : que vous vous retourniez à votre plume, à vos passions, à vos enfants, au lieu de vous gâcher la vie dans d'âpres combats d'hommes. Cet Haenel est peut-être la dernière des crapules, mais est-ce que ça vaut vos journées de frustrations, d'acharnements - aussi "justes" et bien fondés soient-ils ? Est-ce que cet épisode va enrichir ou affiner les images de vos futurs livres ? Et en rehausser le climat ?

  • C'est gentil de vouloir me renvoyer à mon foyer, mais j'aime les "âpres combats d'hommes", qui sont toujours aussi des combats spirituels. Si je n'étais pas une combattante mes livres ne seraient pas ce qu'ils sont, porteurs d'un verbe combatif et non pas nombriliste comme vous le croyez, et ne seraient pas lus dans maints pays comme ils le sont. Nous perdons trop le sens du combat, justement, et j'ai déploré plus d'une fois de me sentir le seul" homme" dans cette histoire où tout le monde se planque. La politique de l'autruche ne peut mener qu'au pire, et ne peut en aucun cas être celle d'un écrivain.

  • Autant se battre contre déjections canines, prises abusives de bénéfices, dégradations de véhicules, non-respect de plans cadastraux...
    Si vous espérez maintenir "le sens du combat spirituel", en vous ferraillant avec de sombres tricheurs, je redoute la hauteur des enjeux idoines...
    Je me répète - ça aurait pu être une excellente occasion pour une franche rigolade, dont votre antagoniste sortirait ridiculisé et humilié beaucoup plus profondément que d'un procès, en compagnie des pick-pockets...

  • Un écrivain peut être aussi bien autruche que roquet, perroquet, paon, hydre ou béhémot. Toutes les espèces sont bonnes sauf l'espèce annuyeuse, l'âne ou le mouton. N'en faites pas un citoyen exemplaire, combattant toute injustice, s'horrifiant de tout mensonge et fuyant tout vice. Savoir fermer les yeux est une astuce beaucoup plus utile pour un artiste que de les écarquiller. Encore un mot "politically incorrect" - "astuce", - vous allez, tous les deux, me ressortir le cynisme perfide...
    Rougissant, je me cache derrière ce superbe mot de R.Char : "Si l’homme parfois ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut à être regardé".

  • Je mets encore vos commentaires, Scythe, mais j'avoue être de plus en plus écoeuré par votre indifférence à la vérité et par la confusion entre le cas légitime d'Alina et une bataille contre les déjections canines. C'est tout de même la moindre des choses que de vouloir défendre son oeuvre de qui vous la vole - et non pas de qui vous la critique. Toute la différence est là et René Char et vous auriez raison dans le cas d'une déjection critique. Mais ici, ce n'est pas de valeur dont il s'agit mais bien d'existence et de parasitage. Et confondre les tricheurs, punir les faussaires, et rétablir un peu de droit est en effet un combat spirituel, aussi trivial vous paraît-il. La vérité n'est pas une affaire de grand sujet, elle concerne tous les cercles, si j'ose dire, les grands contre les petits.
    Enfin, il y a quelque chose de répugnant dans votre attitude qui consiste comme le dit Alina à vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Quand bien même celle-ci apparaîtrait trop procédurière, ou que son acharnement finirait par faire long feu, je ne vois pas en quoi le vôtre contre elle pourrait paraître plus noble. A la limite auriez-vous pu lui donner votre avis en privé, comme ça, du genre "ne vous embarquez pas dans cette affaire qui vous retombera sur le nez", mais en faire votre propre affaire où vous apparaissez comme l'homme des expériences supérieures est précisément odieux. C'est comme si vous vouliez lui liquéfier, j'allais dire lui voler, sa colère. On lui a pris son oeuvre et maintenant on veut lui prendre sa révolte.

  • Tout au long de la pièce, la relation entre les deux personnages est une alternance d’exaspération et de tendresse, d’hostilité et d’amitié, d’attachement et de menaces de séparation.
    Dans la pièce, la réflexion sur le suicide par pendaison fait penser à la scène de ‘Flying Deuces’ (Laurel et Hardy conscrits) où Ollie, repoussé par Georgette, veut se noyer mais ne conçoit pas de le faire sans entraîner Stan. « Tu tireras sur mes jambes » dit Estragon, « Et qui tirera sur les miennes ? » répond Vladimir.
    Dans les deux cas, l’absurdité du langage découle souvent d’une logique poussée à l’extrème ainsi que l’inadéquation entre le langage et l’action, jusqu’à la fin : Vladimir : « On y va ? » Estragon : « Allons-y ! » Ils ne bougent pas et le rideau se baisse.
    http://laurel.hardy.free.fr/temoignages.html

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  • "écoeuré", "répugnant","odieux" - vous m'amusez toujours avec votre incontinence de termes amphigouriques. Vous savez mieux que moi ce que vaut ce qui est exagéré... Désolé de vous avoir pris tant d'énergie que vous auriez pu consacrer à la savante critique des écrivains attitrés, ou du génie hollywoodien, ou des plus grands métaphysiciens du siècle.
    Je vous suggère d'effacer nos aimables échanges pour que vous vous retrouviez avec vos interlocuteurs habituels pour promouvoir de justes colères et des causes d'intérêt général.

  • Les burlesques et les surréalistes qui s'en mêlent ! Vive la blogosphère et ses étants !

    Scythe, avouez que mes termes amphigouriques étaient la réponse la plus adéquate à vos sophismes plus que pénibles. Et vous ne m'avez pris aucune énergie, croyez-le. Ce fut au contraire une récréation de m'occuper (sur mon blog quand même !) d'une attitude existentielle, la vôtre, qui m'intéresse au plus haut point - celle qui consiste à donner des bons et des mauvais points de loin comme ça. Celle qui consiste surtout, et qui me fâche fort, à juger de haut les engagements d'autrui quand soi-même l'on n'est pas engagé. Celle qui fait fi des blessures d'autrui et qui dit qu'il n'y a pas de quoi être blessé. Celle qui dit à quelqu'un qui a mal qu'il n'a pas mal. Excusez-moi, mais cela me fascine...

    Cela dit, si Alina veut que l'on efface tout ça, là, c'est autre chose.

  • Non, moi je trouve ça très bien, d'autant que j'ai fini en riant, comme à peu près toujours, et si vous effaciez tout, je regretterais ma petite illustration burlesque - pardon pour mes jeux de mots, je suis d'humeur badine...
    Au fait, Pierre, aviez-vous aimé, à la fin des Bienveillantes, le moment où Jonathan tord le nez à Hitler ?

  • "donner ... de loin", "juger de haut" - vous ne manquez pas d'intuition, vous avez flairé le sens juste ! Même si, sans doute, ce n'est pas l'accepton banale de ces termes qui y présente un intérêt.
    "De loin", "d'en-haut" - en effet, la familiarité n'est pas mon fort ; communiquer par objets interposés ? - non, ce n'est pas ainsi que je vois la naissance d'une proximité, de celle qui n'est pas dans le partage des choses, ni même des regards sur elles, mais d'une même hauteur. A cette distance-hauteur, l'hostilité n'existe pas, comme n'existe pas l'orgueil. Et s'il vous semblait d'en déceler des signes, c'est que vous lisiez mes mots à la lumière des mauvaises lampes.
    Quant aux "sophismes", je vois que vous continuez à professer cette illusion de division des hommes en sophistes et en philosophes, tandis que tout homme intéressant est union d’un sophiste, pour exercer son intelligence, et d’un dogmatique, pour prouver son goût. Le médiocre est toujours sophiste ou toujours dogmatique.

  • Scythe, vous disiez le contraire il y a deux jours (que c'était l'absolu qui était médiocre), mais passons... Suivre les méandres de votre pensée finit par fatiguer.

    Eh oui, Alina, bien sûr, la scène de Hitler mordu est un grand moment quasi chaplinesque ! Vivement qu'il fasse un nouveau roman celui-là !

  • Ce n'est pas l'absolu qui est médiocre ; c'est le bavardage autour de l'absolu - dont la présence ineffable tient en haleine tout homme sensé ! - c'est ce bavardage pseudo-logique qui est le lot des médiocrités ("l'absolu est AFFAIRE des médiocres" et rêve des subtils). En parler, en raisonner est autre chose qu'en être bouleversé. Et la dernière ligne du Tractatus traduit exactement la même chose - "ce dont on ne peut pas PARLER, il faut le taire". Ce qui signifie que seul un langage poétique, elliptique, tropique, est capable d'en donner un pressentiment, une vibration, un début de prière. Et non pas des scolies, des syllogismes, des ratiocinations sur "la nécessité de la contingence". Deux grands raisonneurs ont suffi pour épuiser le champ logique de la philosophie ; le champ poétique, lui, reste, Dieu soit loué, inépuisable. Mais la poésie ne touche pas à l'absolu ; elle en respire. Elle manipule l'image ou l'ombre, au lieu de calculer l'étendue des choses ou des lumières qu'il ne nous est pas donné d'approcher.

  • Et vous n'avez pas l'impression que vous êtes le seul qui bavarde ici ? "Pseudo-logiquement" qui plus est et comme vous dites ? Ah je n'aime pas dire ça mais on perd son temps avec vous... Bonne nuit, sans rancune et joyeuses Pâques.

  • Vous avez raison : dans le genre dialogique, il faut deux voix qu'aucun meuglement ne remplace. Et je comprends votre joie de vous retrouver en plein cHoeur avec le Hollywood si cristallin, si chrétien... Où l'Agneau de Dieu devint mouton quand ce n'est robot.

  • Un livre devient une oeuvre quand nul ne peut plus le plagier - mais en revanche le pasticher, et encore : avec succès.
    Ainsi, dans l'affaire Laurens-Darrieussecq, qui est censé éprouver une (sainte, hum) "colère" - vous vous en foutez ? ... moi aussi : il n'y a, là non plus, aucun texte à défendre.

    Patrice, Mario Pasticcio

    PS : pour écrire un roman après "les Bienveillantes", il faudrait avoir écrit un roman AVEC "les Bienveillantes". Circulez, y'a encore rien à lire.

  • Au malveillant : Littell, c'est une question de génération on vous a dit. Pour moi, le nazisme, c'est Les Bienveillantes, soit la synthèse (inacceptable peut-être pour vous), de Sophocle et de Grossmann, et de Visconti et Raul Hilberg.

    Amusant que ces derniers temps, on s'en prenne autant à Houellebecq et à Littell (cf le livre de Meyronnis)...

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