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EXODE

GENESE

Semaine Sainte qui commence aujourd'hui, dimanche 28 mars 2021

 

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1 – Du Grand Remplacement à la remigration divine. 

« Vous voyez que le peuple des enfants d’Israël est devenu très nombreux et qu’il est plus fort que nous. Opprimez-les donc avec sagesse de peur qu’ils ne se multiplient encore davantage. »

Ainsi parlait Ramsès II (1300-1235) à son peuple : gardons nos esclaves mais veillons à ce qu’ils ne se reproduisent pas trop de peur qu’ils ne nous remplacent. Le Grand Remplacement, peur des peuples depuis les siècles des siècles.

Et Pharaon d'ordonner aux sages-femmes de tuer tout nouveau-né mâle.

« Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux, au moment que l’enfant sortira, si c’est un mâle, tuez-le, si c’est une fille, laissez-la vivre ».

Mais celles-ci s’y refusent et Dieu les sanctifient. Le premier métier du monde divinisé.

« Dieu fit donc du bien à ces sages-femmes ; et le peuple s’accrut et se fortifia extraordinairement. »

Mais ce peuple-ci ne peut rester avec ce peuple-là. Dieu n'a jamais été un apôtre du vivre-ensemble (voir l'épisode de Babel) mais de la frontière, du chez soi, de la remigration. Dieu, adepte de la carte et du territoire. Le monde-village, c'est la guerre et la mort.

Ce sera la mission de Moïse d'aider à la remigration divine.

 

 

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Moïse sauvé des eaux, par Maurice Denis (Orsay)

 

2 - Moïse.

Encore un mâle sauvé par des femmes. L'instinct maternel existe de toute éternité, c'est Dieu qui l'a voulu. Moïse - la première histoire de bébé survivant à son sort funeste (et il y en aura d'autres, de Louis XIV à Harry Potter, sans même parler des nouveaux nés mâles épargnés pendant la Pessah. Enfant sauvé, enfant élu.) Recueilli par la fille de Pharaon, le petit hébreu est élevé par elle mais avec la bénédiction de la mère réelle, jamais très loin. Enfant du peuple aristocratisé - on ne fait pas meilleure conscience sociale.

Moïse dont le premier acte adulte est de tuer un Égyptien qui maltraitait un de ses frères hébreux. L'amour dépasse le sang mais le sang revient toujours.

Le pire, c'est quand le sang s'attaque au sang : le lendemain de la mort de l'Égyptien, Moïse tombe sur deux Hébreux qui s'agressent. Il intervient, les arrête, veut comprendre ce qui se passe. Eux lui demandent de quoi il se mêle et s'il va les tuer comme il a tué l'Égyptien de la veille. Moïse s'inquiète. On est donc au courant de son exaction. Tellement que Pharaon le recherche et veut le faire mourir. Moïse, alors, s'exile.

Dans la région de Madian où il s'est réfugié,

« il s’assit près d’un puits ».

Très important, les puits dans la Bible. C'est là que se passent les rencontres, les rixes mais aussi les idylles. Rappelez-vous, Jacob et Rachel (Genèse 29), puis un jour Jésus et Photine (dans saint Jean IV).

Aujourd'hui, des filles de prêtres sont venues abreuver leurs brebis – mais des paysans rustauds s'y opposent. Moïse prend le parti des filles, chasse les cons et donne à boire aux brebis. Trois semaines après (on imagine), il épouse l'une d'entre elles, Séphora (ou Cippora) et a deux fils : Gersam (ou Gershom) et Eliézer.

Mais Dieu a des projets pour lui.

 

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3 – Le buisson ardent

 

« Quelle est cette merveille que je vois ? »

Mais Dieu, bien sûr, dont on ne peut voir le visage, mais qui se révèle à Moïse avec la célèbre parole :

« אֶֽהְיֶה אֲשֶׁר אֶֽהְיֶה ».

« Ehyeh Asher Ehyeh ». 

« Je suis celui qui est ».

Là-dessus, on a beaucoup glosé.

Le nom de Dieu.

Je suis celui que je suis.

Je suis celui qui suis.

Je suis ce que je suis.

Je suis je suis.

Je suis le Nom.

Je suis l'Être.

Mon nom est être.

Mon être est nom.

Etc.

Ce qui est sûr est que Dieu est tautologie, Moi = Moi, A = A, ou paronomase (homonymie), soit « un rapprochement graphique et sonore entre le buisson (« senèh » en hébreu) et la montagne du Sinaï (« sny » en hébreu, lui-même issu de l'hébreu : סֶ֫נֶּה : Senneh). Il a ainsi pour but de relier la théophanie du buisson ardent (passage qui est un assemblage de sources littéraires élohiste et javhiste mettant en scène Dieu identifié au feu) à celle de la périscope [distinction] du Sinaï (texte de traditions yahviste et élohiste mêlées à quelques éléments deutéronomistes mettant en scène l'alliance mosaïque en ou avec Dieu se manifestant sous forme de nuée) » (tiré de Wikipédia).

Où ai-je lu que tout le judaïsme reposait sur cette idée que le réel était dans la lettre ?

Le buisson, lui, serait un mûrier sauvage.

D'autres explications sur le Tétragramme ici.

 

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4 - Le retour du serpent / Le prépuce 

Celui qui, aussi, est, c'est le serpent - notre vieille connaissance de la Genèse et qui va servir (une fois de plus ?) les desseins de Dieu. Pour prouver aux autres que Dieu est apparu à Moïse et lui a donné un peu de son pouvoir, Moïse fait jaillir le serpent de son bâton - autrement dit, fait de la magie. La magie comme le diable au service de Dieu, comme le mal au service du bien - Moïse / Merlin. Ambivalence du bien et du mal. Affirmation de toutes choses. Dieu « fonctionne » ainsi, si l'on peut dire.

Mais il faut communiquer et Moïse n'est pas doué pour ça - surtout depuis que Dieu lui parle.

Il va falloir un media entre lui et le peuple.

D'un mal l'autre, pourrait-on dire - l'invention des media.

« Seigneur, je vous prie de considérer que je n’ai jamais eu la facilité de parler ; et depuis même que vous avez commencé à parler à votre serviteur, j’ai la langue encore moins libre et plus empêchée ».

Dieu lui propose alors d'appeler son frère aîné Aaron à l'aide. Car Aaron sait parler, lui, et même parlementer, c'est-à-dire séduire, transmettre, diffuser. C'est lui qui s'adressera aux gens.

Mais l'épisode le plus mystérieux de ce chapitre est bien sûr celui du prépuce.

Dieu s'est donc ouvert à Moïse et lui a confié la plus importante mission de la galaxie et voilà qu'il va tenter de l'assassiner (ou de faire semblant comme avec Isaac.)

Il faut lire le texte :

« Moïse étant en chemin, le Seigneur se présenta à lui dans l’hôtellerie, et il voulait lui ôter la vie. Séphora prit aussitôt une pierre très aiguë, et circoncit la chair de son fils ; et, touchant les pieds de Moïse, elle lui dit : vous m’êtes un époux de sang. Alors le Seigneur laissa Moïse après que Séphora eut dit, à cause de la circoncision : vous m’êtes un époux de sang. »

(24 - 25 - 26)

Là, je suis les notes de la Bible de Jérusalem (au Cerf). Dieu aurait été furieux contre Moïse car celui-ci n'était pas circoncis. Sa femme circoncirait alors leur fils (Gersam ou Eliézer ?) à sa place avec un silex (!!!) puis frotterait le prépuce de celui-ci sur celui (« les pieds ») de son époux qui se verrait alors circoncis symboliquement à son tour.

Dieu le laisserait alors continuer sa mission.

Fantastique, cette histoire. Le Fils à la place du Père. « Déjà », pourrait-on dire...

 

Hagen - Je crois que l'explication est assez simple : tant que Moïse n'est pas lui-même circoncis, il reste plus ou moins un prince égyptien en exil. Or il faut que l'institution du peuple élu se fasse au nom d'Elohim et selon sa Loi pour devenir pérenne ou valide. De même, Moïse, qui a reçu la Torah de Dieu directement sur le Sinaï, ne peut pas instituer lui-même l'ordre sacerdotal qui régira le futur royaume hébreu : son frère (de sang) le fera à sa place, par la force du verbe. Jusqu'à l'interdiction ultime d'entrer dans la Terre promise, tout est fait, dans le récit biblique, pour minorer le rôle mosaïque et abaisser sa superbe digne d'un pharaon ; peut-être aussi pour suggérer une comparaison avec l'orgueil impérial des rois d'Israël (Saül, David, Salomon) qui finiront plus tard par entraîner la chute du royaume temporel offert par Dieu à son peuple au sortir de l'exil. 

 

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 Le Pérugin, le voyage de Moïse - détail, la circoncision du fils (détail)

 

5 – « Vous avez trop de loisirs »

 La plus horrible parole de tous les temps ? L'exhortation économique, sociale, parentale, éducative, industrielle, pédagogique, la plus inhumaine jamais dite à un individu, ouvrier, enfant ?

Celle de Pharaon qui accable ses esclaves de travail car « ils n’ont pas de quoi s’occuper » (comme s'il fallait s'occuper) et qui leur dit : « VOUS AVEZ TROP DE LOISIR » (17).

6 – Comment Pharaon m’écoutera-il, moi qui suis incirconcis des lèvres ? La grande peur (et la rengaine) de Moïse.

Mais Dieu répond encore à Moïse que celui-ci (80 ans) sera le Dieu de Pharaon et Aaron (83 ans) son prophète. C'est drôle, j'aurais juré qu'Aaron était plus jeune que Moïse. 

7 – La première confrontation avec Pharaon. Le début des enchantements. Le duel entre enchanteurs. Le combat des serpents. Aaron jette son bâton (sa verge, écrit Sacy) qui se transforme en serpent. Les magiciens égyptiens jettent le leur. Bataille de reptiles. Un contre dix.

« Mais la verge d’Aaron dévora leurs verges. »

Suit l'eau changée en sang. Mais là aussi, les magiciens égyptiens font de même.

Divin païen contre païen divin.

On est vraiment dans un Donjon & dragon (ou un Harry Potter).

Ces gens qui ne comprennent pas que tout est biblique ou contenu dans la Bible. Ce que la culture populaire sait mieux que personne.

 

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8 - 11 - Plaies et Passage

Eau changée en sang.

Grenouilles.

Moustiques.

Taons.

Mortalité du bétail.

Ulcères.

Grêle.

Sauterelles.

Ténèbres.

« Nul ne vit son frère, ni ne se remua du lieu où il était ; mais le jour luisait partout où habitaient les enfants d’Israël. »

Car les plaies ne touchent pas les élus ni leurs bêtes.

Les parlementations avec Pharaon qui commencent puis qui se bloquent car « Dieu avait endurci son cœur » ? Mais pourquoi rendre le méchant encore plus méchant ? Surtout que celui-ci semble s'adoucir après chaque plaie et prêt à accéder au souhait de Moïse et d'Aaron.

« Pardonnez-moi ma faute encore une fois »,

dit-il près de dix fois de suite avant de refuser à nouveau - et par la volonté de Dieu. Voilà le genre de « problème » qui se pose dans la Bible comme dans l'existence chrétienne : pourquoi donc Dieu endurcit volontairement le cœur du méchant qui ne demandait qu'à être bon ? 

« Mais le Seigneur endurcit le cœur de Pharaon, et il ne voulut point les laisser aller. »

 

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L'exégète s'en sort en expliquant un peu approximativement que Dieu « endurcit » moins le cœur de Pharaon qu'il ne le laisse s'endurcir lui-même - et se sert ensuite de cet endurcissement volontaire de celui-ci par celui-ci pour arriver à ses fins. Car il fallait pousser Pharaon à bout (la mort de son aîné) pour le laisser céder. Comme cela sera souvent le cas, Dieu se sert du mal pour faire le bien - du "méchant" pour accomplir le destin des bons. Mais c'est vrai que ce n'est pas si clair et que pour le lecteur sensible, ce verset posera toujours problème. Pourquoi s'acharner à rendre le méchant encore plus méchant alors que justement celui-ci était prêt à s'adoucir ?

On s'en tire alors en disant que Dieu fait moins qu'il ne laisse faire (libre arbitre toussa) mais au niveau de Dieu, laisser faire, c'est faire.

Non, disons alors qu’« endurcir », dans ce contexte, revient plutôt à « révéler ». Dieu révèle le cœur de Pharaon - et surtout à lui-même. Dieu montre son propre cœur à Pharaon et de fait lui donne une possibilité de le changer. Mais Pharaon résiste à cette monstration. Pharaon s'endurcit de lui-même sans prendre en compte la révélation divine de son endurcissement. Il ne veut pas voir le mal en lui - et c'est pourquoi il le fait.

Là, on s'en sort. 

 

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Annonce faite en tous cas de la dernière plaie, celle de la mort de chaque premier né égyptien, et avec elle, l'exhortation au peuple d'Israël de se barricader chez soi et de se préparer, avec tout l'or et l'argent qu'on aura rassemblé pour l'occasion, à ce qui ne sera pas moins qu’une « fête ». Car ce « passage » de Dieu dans les rues de la ville où il exterminera les premiers-nés égyptiens et préservera les enfants d'Israël en sera bien une - et même la première du futur peuple.

Rutilances donc (et qui annoncent la construction de l’arche d'alliance), mais aussi repas. Art de la table selon Dieu. Gigot.

« Cet agneau sera sans tâche ; ce sera un mâle, et il n'aura pas un an. Vous pourrez aussi prendre un chevreau qui ait ces mêmes conditions

(...)

Et cette même nuit ils en mangeront la chair rôtie au feu, et des pains sans levain, avec des laitues sauvages.

Vous n'en mangerez rien qui soit cru, ou qui ait été cuit dans l'eau, mais seulement rôti au feu. Vous en mangerez la tête avec les pieds et les intestins

(....)

Voici comment vous le mangerez : vous vous ceindrez les reins, vous aurez aux pieds des souliers, et un bâton à la main, et vous mangerez à la hâte ; car c’est la Pâques, c’est-à-dire le PASSAGE du Seigneur. »

Entre temps, on aura pris soin de badigeonner avec le sang de l'agneau pascal sa porte afin que Dieu n'y entre pas - et passe son chemin. Et ce sera la première célébration de la Pessah, « ce jour de race en race » dont on fera un « culte perpétuel » (12 - 17).

 

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La coutume du saut du diable rappelle l'étymologie de pessa'h’, « sauter, passer par-dessus » (Wikipédia)

 

 

12 – C'est le grand départ.

Pharaon, qui a perdu lui aussi son aîné, laisse enfin Israël quitter l’Égypte – soit six cent mille hommes et femmes sans compter les enfants.

« Le temps que les enfants d'Israël avaient demeuré dans l'Égypte fut de quatre cent trente ans ».

Depuis la Pâques (ce jour de sang et de « race en race » et qui servira à « exciter le souvenir » de la puissance de Dieu aux Égyptiens et au monde entier), les choses se sont organisées. Nul incirconcis ne pourra participer au culte et c'est très bien ainsi - une nation naît d'abord des limites qu'elle appose aux autres.

13 – Les os de Joseph que l’on amène en reliques.

Les colonnes de nuée le jour et de feu la nuit.

14 – Les premières récriminations.

Les enfants d’Israël qui trouvent la traversée trop dure et regrettent déjà leur condition d’esclave en Égypte.

Pharaon qui s'en veut de les avoir laissés filer. La poursuite dans le désert. Le passage de la mer rouge - sorte de déluge à l'envers pour le peuple d'Israël et à l'endroit pour les Égyptiens. Impossible de ne pas penser à Cecil B. DeMille - et comme si ce film faisait partie du corpus (à l'instar d'Excalibur de Boorman fait officiellement partie, aujourd'hui, de la Matière de Bretagne).

Les épisodes qui se répètent sous des modes différents. L'Exode comme Genèse « positive », « en partance » avec tous les motifs précédents (la frérocité, le serpent, le déluge, etc.)

 

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15 – Le cantique d’action de grâces :

« Le Seigneur est ma force et le sujet de mes louanges, parce qu’il est devenu mon Sauveur : c’est lui qui est mon Dieu, et je publierai sa gloire ; il est le Dieu de mon père et je relèverai sa grandeur. »

Toute gloire à Dieu, donc.

Le chœur des femmes :

« Marie, prophétesse, sœur d’Aaron, prit donc un tambour à sa main : toutes les femmes marchèrent après elle avec des tambours, formant des chœurs de musique. »

Les eaux amères de Mara (amertume) et que Dieu adoucit pour que son peuple puisse boire.

 

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Le Tintoret, la cueillette de la manne

 

 

16 – La pluie de pain.

Encore des récriminations ! Décidément, la servitude est toujours ressentie moins durement que la liberté.

« Alors le Seigneur dit à Moïse : je vais vous faire pleuvoir des pains du ciel. »

La manne et les cailles - et que chacun ramasse selon son besoin. Dieu marxiste ?

L'exhortation curieuse à ne pas faire de "réserve".

« Moïse leur dit : que personne n’en garde jusqu’au lendemain matin. Mais ils ne l’écoutèrent point ; et quelques-uns en ayant fardé jusqu’au matin, ce qu’ils avaient réservé se trouva plein de vers et tout corrompu. Et Moïse se mit en colère contre eux.

Chacun donc en recueillait le matin autant qu’il lui en fallait pour se nourrir ; et lorsque la chaleur du soleil était venue, elle fondait. »

Un temps pour la dépense, un temps pour la réserve - soit quelque chose qui relève déjà du « donne aujourd'hui notre pain de ce jour ». Et de L'Ecclésiaste, la grande sagesse du monde.

À chaque jour suffit sa peine. S'en remettre chaque jour à l'Éternel.

Dépenser au jour le jour – sauf pour le dimanche où il est permis de faire des réserves.

« Faites donc aujourd'hui tout ce que vous avez à faire. Faites cuire tout ce que vous avez à cuire, et gardez pour demain matin ce que vous aurez réservé d'aujourd'hui. »

Surtout ne pas entasser ou travailler trop. Le jour sacré, c’est le septième où l’on se repose et où Dieu nous donne double ration.

Dieu travaille pour nous le dimanche.

CE N'EST PAS LE TRAVAIL QUI EST SACRÉ MAIS LE REPOS.

Elle est bien, cette loi juive.

 

 

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Le Tintoret, Moïse faisant jaillir de l'eau du rocher

 

17 – Le temps des miracles.

Après le passage de la mer rouge et la pluie de pain (ou cueillette de la manne), l'eau qui jaillit du rocher.

Encore une fois, les Hébreux se plaignent et regrettent leur ancienne condition.

« Le peuple se trouvant donc en ce lieu pressé de la soif et sans eau murmura contre Moïse, en disant : Pourquoi nous avez-vous fait sortir de l'Egypte pour nous faire mourir de soif, nous et nos enfants, et nos troupeaux ?

Moïse cria alors au Seigneur, et lui dit : Que ferai-je à ce peuple ? Il s'en faut peu pour qu'il ne me lapide. »

Interventionniste, Dieu ordonne à Moïse d'aller un peu plus loin, à la pierre d'Horeb et à l'aide de son bâton d'en faire jaillir de l'eau. Encore la magie, encore le miracle.

« Le Seigneur est-il au milieu de nous ou n'y est-il pas ? »,

demande alors Moïse avec humeur à son peuple.

Mais une tribu adverse, conduite par un certain Amalec, les Amacélites, ennemis archétypaux des Hébreux, attaque. Première guerre israélienne et première victoire divine - et avec ce détail romanesque extraordinaire des mains de Moïse grâce auxquelles on l'emporte :

« Et lorsque Moïse tenait les mains élevées, Israël était victorieux, mais lorsqu'il abaissait un peu, Amalec avait l'avantage.

Cependant les mains de Moïse étaient lasses et appesanties. C’est pourquoi ils [Aaron et Hur] prirent une pierre et, l’ayant mise sous lui, il s’y assit ; et Aaron et Hur lui soutenaient les mains des deux côtés. Ainsi ses mains ne se lassèrent point jusqu’au coucher du soleil. »

 

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John Everette Millais, La victoire, ô Seigneur! (Moïse sur le champ de bataille) (1871)

 

18 – Le temps des juridictions. 

Moïse commence à rendre la loi. Naissance du sociojuridique et invention des délégations. Moïse, en effet, juge, organise, « délègue » -  invente la vie civile.

« Ils rendaient justice au peuple en tout temps : mais ils rapportaient à Moïse toutes les affaires les plus difficiles, jugeant seulement les plus aisées. »

19 – Ne pas voir Dieu mais l'entendre. 

Le judaïsme (et à bien des égards, le protestantisme) comme ouïe de Dieu - alors que le catholicisme comme vue de Dieu - pour ne pas dire comme vue sur Dieu (mais ne polémiquons pas.)

Dieu prévient Moïse. Il donne ce soir un concert en haut du mont Sinaï.

« Je vais venir à vous dans une nuée sombre et obscure, afin que le peuple M'ENTENDE lorsque je vous parlerai, et qu’il vous croie dans toute la suite. » 

Alors, on entend la trompette. LA TROMPETTE DE DIEU.

 

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20 – LE DÉCALOGUE

« Kit de survie » pour l'humanité, comme disait Rémi Brague - et les seuls mots écrits directement du doigt de Dieu (et même si on les interprètera comme le reste, car c'est cela, la vraie religion, l'interprétation, l'exégèse, la subjectivité, le spirituel contre le littéral, le littéraire contre le barbare.)

Tentons de les décoder :

- Dieu unique et non exotique, unitaire et individuel, moniste et personnel.

- Dieu non-taillable ni représentable. Et cela pour éviter la copie et l'idolâtrie qui vont avec... Et pourtant Dieu a fait l'homme à son image, lit-on aussi dans la Genèse. Alors ? Eh bien, il faut se débrouiller avec ça, contradiction insoluble mais ô combien humanisante. Il me semble que la théologie négative, « apophatique » a tenté de « résoudre » ce commandement : comment représenter l'irreprésentable ? Comment nommer l'innommable ? Comment entendre sans voir ? Comment croire sans voir ? Comment, surtout, saisir l'infini nous qui ne sommes que des finis ? Comment, surtout, saisir l'être nous qui ne sommes que des étants ? De Platon à Heidegger, on a tenté de répondre à cette question avec cette théorie du non-être qui dévoile l'être. Pas de lumière sans ténèbre. Pas de vérité sans dévoilement. Tout le problème (théologique mais aussi esthétique) est là : comment dévoiler sans violer ? comment saisir sans périr ? Quelle danse du voile ? Quel érotique ? Quelle séduction ? Il pourrait nous amener très loin ce deuxième commandement.

- Dieu non évocable pour un oui et surtout pour un non. Dieu discret en un sens, caché, silencieux, invisible. Dieu de kénose. Dieu à qui il est très difficile de « demander » quelque chose - et c'est pourquoi il faut d'abord et surtout lui rendre grâce.

- Mais Dieu célébrable (le dimanche), c'est-à-dire ritualisable, vivable, aimable, festif - et reposant. Le jour de Dieu est aussi un jour de repos et c'est un jour sacré. Le repos plus sacré que le travail (comme j'aime cette loi juive.)

- Dieu filial. Et c’est pourquoi il faut honorer ses père et mère afin de vivre le plus longtemps. Il est là le sens du commandement parental et quel sens ! C'est grâce à nos parents que nous vivrons bien et vieux (« vivre entre ses parents le reste de son âge », disait Du Bellay). Sacralité de la filiation, de la transmission, de l'éternité via, justement, papa maman.

- Dieu vivant. Et c’est pourquoi il faut s’abstenir de trop se tuer les uns les autres.  Et au contraire de tenter de s'aimer un peu plus. Car c'est cela le vrai sens du « Tu ne tueras point » et qu'il faut comprendre comme une litote à la Corneille : « va, je ne te hais point », autrement dit « je t'aime ». « Tu ne tueras point » = « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Tu ne tueras point, toi compris.

- Dieu ordonné et fidèle. Et c’est pourquoi il ne faut pas se perdre ni s’éparpiller (sa semence comme son âme). Forniquer partout tout le temps, c'est gâcher son talent, c'est se détruire, se déconstruire. Et effectuer le seul vrai péché, celui contre soi : se déréaliser, se désubstantialiser, se corrompre, s'abîmer, se trahir, se nier. Qu'as-tu fait de tes talents ?

- Dieu individuel mais fraternel, subjectif mais altruiste. Dieu du je au tu et non du je à moi. Dieu anti-vol. Voler, c'est non seulement faire mal à quelqu'un mais c'est, là aussi, renoncer à soi. Ne pas vouloir être soi-même. Dépendre des autres et des choses. Ne plus voir que des objets et en devenir un soi-même. Oublier qu'on est un sujet. Voler, violer – les interdictions se suivent. Utiliser les talents d'autrui en le niant et donc en se niant.

- Dieu anti-fake-news et anticomplotiste : « pas de faux témoignage », pas de menterie, pas de perversion verbale, pas de faute de grammaire ni de syntaxe, pas de parole viciée, pas de délire fantasmagorique ou littéraliste. « Chacun dépasse la vérité en cent mots », écrivait Kafka. Etre au niveau du réel. Etre digne du réel.

- Dieu, enfin, pas marxiste pour un sou. La propriété, ce n’est pas le vol. Et le pire péché a toujours été et sera toujours le péché social : l’envie : « Vous ne désirerez point la maison de votre prochain : vous ne désirerez point sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf ni son âne, ni aucune des choses qui lui appartiennent. » Dieu, donc, libéral. Et Dieu, assurément, d'amour et de plénitude. Mais aussi d'avertissements et de sanctions.

 

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21 – 22 - 23 – Talion et autres lois.

Plein de choses amusantes dans ces versets :

L’esclave dont il faut percer l’oreille s’il ne veut pas être libre et rester avec son maître.

Le sort de la fille que son père a vendue comme servante mais qui ne sortira tout de même pas dans la rue comme les autres servantes, vu son origine.

Le maître qui ne sera puni que si l’esclave qu’il a frappé en meurt.

Loi du talion :

« Oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied. » (XXI - 24)

Et même « boeuf pour boeuf » (XXI - 36)

Le bœuf qui a encorné quelqu’un dans la rue et qui sera lapidé (et le maître mis à mort si le bœuf est un récidiviste).

Mais aussi quelques exhortations socioculturelles qui tiennent encore le coup :

Ne pas affliger l’étranger parce que l’on a été étranger soi-même.

Ne pas se laisser influencer par la multitude.

Ramener le bœuf et l’âne du voisin quand ceux-ci se sont perdus et qu’on les a retrouvés.

Ne pas cuire le chevreau quand il tète encore le sein de sa mère.

Et toujours et surtout TRACER DES FRONTIÈRES.

« Les limites que je vous marquerai seront depuis la mer Rouge jusqu’à la mer des Philistins et depuis le désert jusqu’au fleuve. »

 

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24 – 31 L'Arche d'Alliance.

« Et son marchepied paraissait un ouvrage fait de saphir et ressemblait au ciel lorsqu’il est le plus serein. »

Construction de l'Arche d'Alliance, tissage des vêtements sacerdoçaux (et naissance de Flaubert.)

Pas d’image de Dieu mais quelle arche !

Ce que je répondais hier à N. qui me faisait remarquer que malgré le deuxième commandement, les Juifs n’ont pas lésiné sur les représentations, la preuve, la construction flamboyante de l’arche d’alliance. Certes, mais aucune ne représente le visage de Dieu (ce visage de Dieu que Moïse voudra voir un peu plus tard car il y a bien un désir de visage divin du fait même de son interdiction). Les Juifs se rattrapent en revanche avec la description/construction de l'arche qui en effet regorge de détails picturaux, artisanaux, ornementaux, en plus de constituer une forme de naissance de la littérature descriptive, « flaubérienne », car ces pages qui aujourd’hui peuvent « ennuyer » ne sont rien moins que « salamnbiennes » ou « hérodiasiennes ». Et c’est le « paradoxe » biblique : après l’interdiction des images, l'imagerie flamboyante de l'arche !

Tout n’est plus que rutilances, tissus, joyaux et parfums :

« Voici les choses que vous devez recevoir d’eux : de l'or, de l'argent et de l’airain.

De l’hyacinthe, de la pourpre, de l'écarlate teinte deux fois, du fin lin, des poils de chèvres ;

Des peaux de mouton teintes en rouge, et d’autres teintes en violet, et des bois de sétim ;

De l’huile pour entretenir les lampes, des aromates pour composer les huiles et les parfums d’excellente odeur ;

Des pierres d’onyx et des pierres précieuses pour orner l’éphod et le rational.

[Avec tout ça] ils me dresseront un sanctuaire, afin que j’habite au milieu d’eux. » (XXV 3 -8)

 Sans oublier les pâtisseries (et les excréments).

« Des pains sans levain, des gâteaux aussi sans levain, arrosés d'huile, des tourteaux de même sans levain, sur lesquels on aura versé de l'huile. Vous ferez toutes ces choses de la plus pure farine de froment 

(….) 

Vous prendrez aussi toute la graisse qui couvre les entrailles et la membrane qui enveloppe le foie, avec les deux reins et la graisse qui les couvre, et vous les offrirez en les brûlant sur l'autel ; mais vous brûlerez dehors et hors du camp toute la chair du veau, sa peau et ses excréments, parce que c'est une hostie pour le péché. » (XXIX – 14)

L’arche ou la naissance de l’artisanat. 

« J’ai répandu la sagesse dans le cœur de tous les artisans habiles » (XXXI – 6)

 

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 32 – Le veau d’or. 

Quelle est la part de responsabilité d'Aaron dans l'épisode du veau d'or ?

« Mais le peuple, voyant que Moïse différait longtemps à descendre de la montagne, s'assembla en s'élevant contre Aaron, et lui dit : Venez, faites-nous des dieux qui marchent devant nous, car pour ce qui est de Moïse, cet homme qui nous a tirés de l'Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé.

Aaron leur répondit : ôtez les pendants d'oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi.

Le peuple fit ce qu'Aaron lui avait commandé, et lui apporta les pendants d'oreilles.

Aaron, les ayant pris, les jeta en fonte, et il en forma un veau. »

C'est donc bien Aaron qui réalise le veau, soit par adhésion à la volonté païenne du peuple, soit par complaisance médiatique envers lui doublée d'une peur de se faire lyncher au cas où il ne coopérait pas. Moïse (et Dieu) lui pardonneront vite et il ne fera pas partie des exécutés. On a trop besoin d'un média, d'un Mercure, d'un Cyril Hanouna pour diffuser la Parole.

Et si Aaron explique Moïse, Moïse explique Dieu - et même s'explique devant Lui et L'exhorte au pardon. À Dieu qui voulait en finir avec ce peuple qui a « la tête dure », Moïse plaide la cause de ce dernier et avec une grande éloquence. Moïse bégaye devant le peuple mais parle d'or devant Dieu.

« Mais Moïse conjurait le Seigneur son Dieu, en disant : (...) Ne permettez pas, je vous prie, que les Egyptiens disent : Il les a tirés de l'Egypte avec adresse pour les tuer sur les montagnes et pour les exterminer de la terre. Que votre colère s'apaise, et laissez-vous fléchir pour pardonner à l'iniquité de votre peuple. »

Moïse, encore une fois, parlemente. Et encore une fois, Dieu se laisse fléchir, s'apaise et renonce à son extermination. COMME TOUT UN CHACUN, DIEU S’ÉDUQUE.

« Alors le Seigneur s’apaisa, pour ne point faire à son peuple le mal dont il venait de parler. » 

Très important, ça. DIEU NE FAIT PAS TOUT CE QU'IL DIT - et quand le Fils arrive, on dirait même qu'Il fait tout le contraire (femme adultère, etc.) Il faudra s'en souvenir au Jugement Dernier. L'enfer, après tout, n'est pas sûr - même s'il fut énoncé plusieurs fois et dans Sa bouche.

23 000 hommes exécutés quand même.

 

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33 – Le visage de Dieu. 

Les Israélites pleurent leur crime. Le voyage reprend. Dieu envoie un ange qui guidera les Hébreux et vaincra les ennemis. N'empêche qu'il continue à l'avoir mauvaise - et qu'il le reconnaît devant Moïse, lent à la colère mais tout aussi lent à l'apaisement. Et c'est pourquoi il préfère prendre provisoirement ses distances avec son peuple - pour le bien de celui-ci et comme s'il voulait le préserver de ses colères (on sent à quoi servira alors plus tard la Vierge Marie l'intercesseuse...) :

« Car je n’y monterai pas avec vous, de peur que je ne vous extermine pendant le chemin, parce que vous êtes un peuple d’une tête dure. »

Mais Dieu aime la compagnie de Moïse.

« Le Seigneur parlait à Moïse face à face comme un homme accoutumé à parler à son ami. » 

Et Moïse demande à Dieu de lui faire voir son visage. Moïse veut voir le visage de Dieu après avoir entendu son nom. Mais Dieu refuse de le lui montrer car quiconque verrait sa face mourrait sur le champ. Le Deuxième commandement est bien là.

Pour autant, et c'est ce qu'il y a de plus beau dans ce passage, Dieu revient sur sa décision de s'éloigner d'Israël. Au contraire, il se propose désormais de marcher devant lui et de le guider. Dieu sait s'adoucir, son côté maternel.

Étonnant dialogue entre Celui qui est et celui qui est créé et où le premier se révèle d'une délicatesse incomparable au nom de l'interdit de son visage.

« Le Seigneur dit à Moïse : je ferai ce que vous venez de me demander ; car vous avez trouvé grâce devant moi, et je vous connais par votre nom.

Moïse lui dit : faites-moi voir votre visage.

Le Seigneur lui répondit : je vous ferai voir toute sorte de biens. Je ferai éclater devant vous le nom du Seigneur. Je ferai miséricorde à qui je voudrai [tiens donc ! Dieu serait-il déjà "protestant" ?], j'userai de clémence envers qui il me plaira [encore ?!].

Dieu dit encore : vous ne pourrez voir mon visage, car nul homme ne me verra sans mourir.

Il ajouta : il y a un lieu où je suis, où vous vous tiendrez sur la pierre ; et lorsque ma gloire passera, je vous mettrai dans l'ouverture de la pierre, et je vous couvrirai de ma main jusqu’ à ce que je sois passé : J’ôterai ensuite ma main, et vous me verrez par derrière ; mais vous ne pourrez voir mon visage. » 

Au moins, c'est clair. Le nom de Dieu est nommable mais le visage de Dieu est inregardable. Et celui qui le regarde...

 

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34 – Dieu radioactif.

Dieu, qui s'est calmé, réécrit donc les commandements sur de nouvelles tablettes. Renouvelle son alliance. Garde Moïse si longtemps avec lui que celui-ci redescend du Sinaï avec les rayons divins sur son son visage. Dieu radioactif.

« Après cela, Moïse descendit de la montagne du Sinaï, portant les deux tables du témoignage ; et il ne savait pas que de l'entretien qu'il avait eu avec le Seigneur, il était resté des rayons de lumière sur son visage. »

 

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Bézalel, par James Tissot

 

35 – Béséléel.

Le peuple apporte ses offrandes « de bon cœur » et avec « une pleine volonté ». Moïse recommence son organisation sociale. On nomme des DRH, des ouvriers, des artisans. On remplit tous ces gens-là de « sagesse divine » - notamment un certain Béséléel (ou Bézalel), fils de truc et de machin, qui deviendra architecte du tabernacle (et donnera un jour son nom à l'Ecole des beaux-arts d'Israël). Lui a droit à la totale.

« Et [le Seigneur] l'a rempli de l'esprit de Dieu, de sagesse, d'intelligence, de science, et d'une parfaite connaissance,

Pour inventer, exécuter tout ce qui peut se faire en or, en argent et en airain ;

Pour tailler et graver les pierres, et pour tous les ouvrages de menuiserie.

Il lui a mis dans l'esprit tout ce que l'art peut inventer, et il lui a joint Ooliab, fils d'Achisamech, de la tribu de Dan. (...) »

36 – Limites.

Détail amusant. Le peuple est tellement enthousiaste du projet architectural de son tabernacle (comme quoi le peuple a besoin de grandes et belles choses, veau d'or ou cathédrale) qu'il multiplie les offrandes et les dons, et tellement que Moïse est obligé de freiner ses ardeurs.

« ... le peuple offrait encore tous les jours au matin de nouveaux dons.

C'est pourquoi les ouvriers furent obligés de venir dire à Moïse : le peuple offre plus de dons qu'il n'est nécessaire.

Moïse commanda donc qu'on fit cette déclaration publiquement par la voix d'un héraut : que nul homme, ni nulle femme n'offre plus rien à l'avenir pour les ouvrages du sanctuaire. Ainsi on cessa d'offrir des présents à Dieu.

Parce que ce qu'on avait déjà offert suffisait, et qu'il y en avait même plus qu'il n'en fallait. » 

Socialisme ? Etatisme ? Dans tous les cas, limites.

 

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37 - 40 - Erection du tabernacle (et second morceau de bravoure littéraire.)

Triomphe des rutilances. Encore une fois, Dieu est un bijoutier.

« Il mit dessus quatre rangs de pierres précieuses. Au premier rang il y avait la sardoine, la topaze et l'émeraude.

Au deuxième, l'escarboucle, le saphir et le jaspe.

Au troisième, le ligure, l'agate et l'améthyste ;

Au quatrième, le chrysolithe, l'onyx et le béryl ; et il les enchâssa dans l'or, chacune en son rang. » (39-10)

Le monument érigé, il est recouvert par la nuée de Dieu. 

« Une nuée couvrit le tabernacle du témoignage et il fut rempli de la gloire du Seigneur. »

Et du coup, Moïse ne peut y entrer.

« Et Moïse ne pouvait entrer dans la tente de l'alliance, parce que la nuée couvrait tout, et que la majesté du Seigneur éclatait de toutes parts, tout étant couvert de cette nuée. »

Moïse au seuil du tabernacle - comme K. au seuil du Château.

 

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LÉVITIQUE

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