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JEAN XVII - Ieschoua parle IV : cantique du Christ

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Dante au paradis, par Gustave Doré

 

Je n'ai pas trop le temps de faire du style dans cette série où je tente surtout de suivre les chapitres selon les jours, et en étant presque toujours en retard comme le lapin d'Alice, puisque me voilà au chapitre XVII alors que nous sommes le 18, mais si j'en faisais, je présenterai ce XVII comme le cantique du Christ – le moment où celui-ci se chante lui-même, comme Dieu à la fin de la Divine Comédie.

Dieu qui s'aime Lui-Même avec toutes ses créatures autour de Lui et qui l'aiment de même et s'aiment eux-mêmes, amour s'aimant, se totalisant, se tautologisant, s'autosuffisant, rose céleste, etc.

Et aussi, nouvelle version de la transfiguration – vocale s'il en est. Car, en effet, nous entendons là ce que Jésus a pu dire ce jour-là. Ni illumination, aléa de lumière ou corps glorieux – mais prière du Fils au Père sinon de Lui à Lui-même. 

 

« Ayant ainsi parlé

Ieschoua leva les yeux vers le ciel,

il priait :

Père, l'heure est venue,

glorifie ton Fils

pour que ton Fils Te glorifie. »

 

Prière sacerdotale comme on l'a souvent dit, sacrificielle, relevant à la fois de l'oblation et de la glorification, de la soumission et de l'adoration, tournant sur elle-même dans un mouvement sans fin qui nous emporte tous (Toi en Moi, Moi en Toi, eux en Nous, Nous en eux etc.), véritable ritournelle trinitaire.

 

 

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Transfiguration (dernier tableau de Raphaël, inachevé, entre 1518 et 1520)

 

Comme l'a dit Luther, « Jésus répand en présence de Dieu et de ses disciples le dernier fond de son âme. »

« Dans le fond de l'âme du Christ », pourrait-on alors intituler ce chapitre XVII, fort difficile à appréhender il est vrai car à la fois trop évident, éblouissant et donc obscur à force de clarté.

 

« Pour qu'ils soient Un

comme nous sommes Un »

 

c'est abyssalement simple et simplement abyssal. Ça dépasse l'entendement. Tout dépasse l'entendement dans cette prière.

Au risque même du couac providentiel. Car rien ne saurait être symétrique en Dieu même la symétrie.

Quadrature du cercle, lignes courbes, nous y sommes en plein. 

Et d'abord cette question de savoir de qui parle exactement le Christ  – de ses seuls apôtres ou des hommes en général ?

 

« Les paroles que tu m'as données,

je les leur ai données,

ils savent en vérité

que je suis sorti de Toi,

ils croient vraiment

que Tu m'as envoyé »

 

A priori, là, c'est bien des apôtres dont il est question.

En revanche, quand il dit :

 

« Que tous soient Un,

comme Toi, Père, tu es en Moi,

et Moi en Toi,

qu'eux aussi soient un en Nous,

afin que le monde croie

que tu m'as envoyé

et que je les ai aimés

comme Tu m'as aimé »,

 

il semblerait bien qu'il parle de l'humanité entière.

Et pourtant, juste un peu avant, il a osé ça :

 

« Je prie pour eux,

je ne prie pas pour le monde

mais pour ceux que tu m'as donnés,

il sont à toi. »

 

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Verset qui pose de redoutables problèmes : le Fils refuse-t-il de prier pour le monde au profit de quelques-uns ? Luther s'en sortait en arguant qu'Il priait pour les « hommes du monde » mais pas pour « le monde en soi », ce qui peut s'entendre (même si en contradiction avec le « je suis venu sauver le monde »).

Calvin s'en sort mieux en précisant que si nous « devons prier pour tous les hommes créés à l'image de Dieu, la prière de Jésus-Christ, ici rapportée, avait une raison spéciale que nous ne pouvons pas imiter : il ne prie pas dans le simple sens de la foi et de la charité, mais comme au sein du sanctuaire céleste, et ayant sous les yeux les jugements de son Père qui nous sont cachés aussi longtemps que nous marchons ici-bas par la foi. »

Ieschoua prie en effet au-delà de la simple foi – du moins de la nôtre. Il prie pour des choses qui nous restent inaccessibles et qui ne concernent que son Père et Lui.

D'où le verset suivant encore plus stupéfiant :

 

« Tout ce qui est à Moi est à Toi,

tout ce qui est à Toi est à Moi. »

 

Pour la première fois dans l'Evangile, le Fils se met au niveau du Père et procède à une mêmeté des actes et des échanges – paradoxe égalitaire inouï que Luther a bien vu :

« Ce serait peu de chose, s'il disait simplement : Tout ce qui est à moi est à toi ; car cela, chacun peut le dire, mais qu'il affirme l'inverse et dise : Tout ce qui est à toi est à moi, c'est ce qu'aucune créature ne peut prétendre devant Dieu. »

 

JESUS, NOUVEAU FILS PRODIGUE !

 

Qui assure l'unité, la totalité et mieux la tautologie du divin.

Jésus, Dieu tautologue (j'allais dire « tératologue » mais me suis retenu.)

Qui nous ramène, nous aussi, à l'unité de Dieu.

Quoique cette unité se fasse sous deux modes : par essence entre Lui et le Père, par grâce entre Lui et nous.

Et à la fin, le Fils se « consacre lui-même ».

 

 « Pour eux, je me consacre moi-même,

afin qu'ils soient eux aussi consacrés

et sanctifiés dans la Vérité. »

 

Ne reste plus qu'à l'arrêter.

 

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(Bien sûr, Le Bonheur de Nabe)

 

 

À SUIVRE –  JEAN XVIII Ego Eimi

À REPRENDRE – JEAN XVI, Ieschoua parle III : Partir / revenir

 

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