En post-scriptum du long débat que nous avons eu à la suite de mon post sur Sacha Guitry, Celeborn, Café du Commerce et moi, sur l'homosexualité, le féminisme et toutes ces sortes de chose, je recopie ces pages saisissantes de Philippe Muray (tirées d'Exorcismes spirituels III), agrémentées de quelques raccourcis synthétiques de mon cru.
Et d'abord comprendre ce fait moderne incontournable que L'ALIENATION A DISPARU. Tout ce qui arrive est voulu. "C'est l'homme d'aujourd'hui, l'homme concret d'aujourd'hui qui a voulu le désastre où il est si à son aise" (préface) Tant pis pour Bernardo Guy Debord, l'inquisiteur inutile et incertain. La société du spectacle est devenue une société de la fête où chacun dissout son individualité, reniant allègrement son humanité, et réalisant la prophétie du grand écrivain polonais Witkiekiewicz que l'homme futur sera taré et fort heureux de l'être. Commencent alors ces "abattages massifs de vie concrète" dont ne se lassera pas de se moquer l'homme au cigare.
"D'une façon générale, il devrait être maintenant possible de commencer à évoquer froidement ce qui reste de la vie sexuelle à la manière dont on décrit les monuments du passé, les cathédrales, les ouvrages d'art désaffectés, les palais inutiles et les châteaux déserts entre lesquels on continue à se déplacer une humanité qui n'a plus avec ceux-ci le moindre rapport de cause à effet, mais qu'elle révère néanmoins en tant qu'objets de contemplation et prétextes de visites..."
"... La tentative féroce autant que totalitaire d'effacer le fond biblique de ce qui a pu s'appeler la civilisation. S'il y a un lieu, en effet, où cette différence, qui est bien plus que sexuelle, se trouve marquée à jamais comme base de toute vie et condition de possibilité de toute humanité, c'est la Bible. Les maux que Dieu y promet à l'homme et à la femme après l'épisode du péché sont eux-mêmes extrêmement différenciés. A la femme sont annoncés la multiplication des peines de ses grossesses, des enfantements dans la douleur, un désir malheureux pour l'homme qui la placera sous son esclavage ; à l'homme, de son côté, sont annoncés la peine du travail quotidien, la dérision des résultats qu'il obtiendra par rapport à cette peine, et, pour finir, son retour à la terre par la mort. Sous des tuniques de peau dont rien, dans le texte de la Genèse, ne dit explicitement qu'elles diffèrerent, les destins respectifs de l'homme et de la femme se révèlent donc absolument divergents. Et c'est l'homme seul que Dieu semble vouer de sa propre volonté à la mort, qui est pour ainsi dire dans le texte biblique l'équivalent masculin des grossesses multipliées de la femme. Mais rien, en revanche, n'indique que la femme doive mourir, ni surtout qu'elle ait une connaissance directe de cette fin. La mort n'est pas programmée pour elle dans le châtiment de Dieu ; pas davantage que la procréation n'est inscrite dans les châtiments réservés à l'homme. Pour parler autrement, la mort n'est pas mentionnée dans le cahier des charges de la femme. La mort n'est pas de son domaine, ni de ses compétences. Dieu, de son côté, ne voit pas la mort de la femme ; et il n'en parle pas à la femme. Et on peut dire aussi que Dieu s'intéresse à la mort de l'homme, mais pas du tout à celle de la femme, de même qu'il s'intéresse au malheur féminin de la procréation, à cette peine en soi d'avoir à accoucher, alors qu'il n'accorde pas une seconde d'attention à l'homme en tant que père, ni à son futur rôle de nouveau père prenant un congé parental au moment de l'accouchement de sa femme pour changer les couches-culottes du lardon et participer dans la bonne humeur au rééquilibrage des tâches domestiques. Il y a, en somme, deux châtiments, deux programmes de peines très différents, non symétriques. Et ce sont ces deux pôles essentiels qui, contre-investis, produiront plus tard "l'embrouillement" du Plan de Dieu, comme il est dit dans Le livre de Job, "les bavardages imbéciles" des mythes et des sectes, et encore, bien des siècles après, ce rééquilibrage des tâches domestiques qui n'est qu'une des dernières étapes de la disparition du mâle. La différence sexuelle est d'abord une différence d'informations." (Sortir de la libido)
Dans l'article suivant, Parc d'abstaction, Muray rappelle cette anecdote typique de notre époque de ces deux avocats bavarois qui demandèrent il y a quelques années qu'on inscrive la Bible sur la liste des écrits dangereux pour la jeunesse en raison des "passages sanglants et contraires aux droits de l'homme" qu'elle contient. Bien que déboutés par le tribunal, nos deux juridiques n'en ont pas moins participé, certes sur son mode le plus ridicule, à "... la lutte finale [destinée à] effacer jusqu'aux dernières traces de l'histoire judéo-chrétienne, autrement dit l'Histoire tout court, qui se ramène aux longues suites de l'exil du Jardin d'Eden."
"L'irrésistible envie moderne de retrouver l'état indifférencié d'avant la "Chute" biblique entraîne, pour commencer, le désir de liquider le fond culturel juif de l'Occident, qui interdisait jusque-là par principe toute velléité de retour à cet état indifférencié. D'une façon générale, et même si elle ne se l'avoue pas, toute notre époque avec ses idéaux harmoniques, incestueux et androgyniques, est en guerre contre ce qui avait si longtemps donné son sens à l'Histoire, et jamais l'origine de ce sens n'avait pu être trouvée qu'ailleurs que dans les grands épisodes de la Genèse ou de l'Exode, ainsi que dans la litanie des interdits du Lévitique. Les meurtres abondent en effet, dans la Bible, et aussi les sacrifices, les explusions, les châtiments. Ils composent cet univers concret en proie au Mal qui a été la réalité adulte de l'humanité tant qu'elle ne s'est pas mis en tête qu'elle pouvait instaurer le Bien unilatéral sur la terre, mais contre lequel se rebelle l'orthodoxie contemporaine, qui en a fini avec la dialectique du Bien et du Mal, qui ne veut plus rien savoir des séparations cruelles et structurantes ouvrant au monde adulte et qui ne se connaît plus de vérité que dans le glissement vers un nouvel onirisme puéril, virtuel et téléchargé. (...) Il est possible de dire nettement que la Bible n'a cessé de lutter contre cette tyrannie du Même dans laquelle nous entrons, et que la longue période où cette tyrannie fut tenue en respect porte le nom de civilisation. Il n'est nul besoin d'être "croyant" pour discerner dans les proscriptions apparemment bizarres du Lévitique, qu'elles soient alimentaires ou autres, l'horreur de toute indifférenciation et , par la bouche de "l'Eternel", la volonté d'en proscrire la réapparition. "Tu ne feras pas cuire le chevrau dans le lait de sa mère" ; "Tu ne porteras pas sur toi de vêtements composés de lin et de laine" ; "Tu ne découvriras point la nudité de ton père ni la nudité de ta mère" ; "Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme" ; "La femme ne s'approchera point d'une bête pour se prostituer à elle, c'est une confusion." ; "Si un homme prend pour femmes la fille et la mère, c'est un crime : on les brûlera au feu, lui et elles."
De fait, la Bible ne prône nulle part l'épanouissement du vivant, le body-building, la relaxation, les loisirs, le télé-travail, l'Internet-citoyen, la réduction du temps de travail, les trente-cinq heures, les trente-deux heures, les vingt-sept heures, les dix-huit heures, les deux heures, la disparition des heures, les vide-greniers, les piques-niques citoyens, la gymnaquatique, la muscu, les randonnées en tenue fluo, les félicités électroniques, la movida hilare et les Gay Prides.
On n'y trouve aucune contribution à l'accroissement des droits des malades, du droit au logement et de celui des handicapés, des sans-fenêtres, des sans-portes ou des sans-papiers. L'épisode de Babel est une insulte à notre idéal de culture interculturelle et transfrontalière. La différence des sexes marquée à jamais, dans la Genèse, comme condition de possibilité de toute humanité (avec l'énoncé des maux différents, ou plutôt différenciés avec une extrême précision, que Dieu promet à l'homme et à la femme après l'épisode du péché...) justifie la haine de tous les transgenristes, de tous les partisans du "l'un et l'autre" ou du "ni l'un ni l'autre", de tous les déligitimeurs de "l'ordre symbolique" et de tous les apologistes du "contre-pouvoir féminin" menacé par le front réactionnaire de l'Internationale machiste. (...)"
"La nouvelle existence sans contradictions que le turbo-droit-de-l'hommiste, dans sa course en avant calquée sur celle du turbo-capitalisme, entreprend d'imposer partout, ne peut que se heurter à l'Ecriture, qui est la Contradiction de toutes les contradictions. La part d'ombre, la négativité, caractéristiques il n'y a pas encore si longtemps de ce qu'il y avait de plus humain et de plus libre dans la condition humaine, ne sont plus que des crimes ou des infirmités. En tout cela, c'est le processus de dépersonnalisation des êtres qui s'accélère. Il ne faut plus que l'individu puisse prétendre avoir une seule mauvaise pensée à soi, ni même une seule pensée. Cette menace doit être conjurée par l'arrachage des "racines bibliques" de toute pensée. Et le reste suivra, à commencer par la prohibition de la littérature, du moins chaque fois que celle-ci n'aura pas eu le bon goût de faire progresser les valeurs de justice et de citoyenneté. La transcendance ne peut pas cohabiter avec l'abominable commandement de la transparence".(Parc d'abstractions)
Contre la réalité, on pose désormais l'authenticité - notamment en art où la distance entre l'auteur et le narrateur (ou le personnage) est aboli et où le moi, forcément aimable, s'épanouit sans plus aucun souci port-royaliste (Breillat, Angot). Contre l'humanité on défend la communauté. Contre la dialectique existentielle du bien et du mal, on instaure l'empire du Bien. La protestantisation générale du monde détruit les derniers bastions catholiques et latins. Le diable est expulsé de la sphère morale (alors que le catholicisme avait tellement bien su en faire "la part"). Les politiques se mettent au service de l'opinion - elle-même manipulée par les avis les plus minoritaires et les plus aberrants. Ce qui était négatif n'est plus que répulsif. Le monde de la séparation est mort et avec lui la mort de l'homme (et de la femme) commence.
PS du PS : Pour ceux que cela intéresse de délirer un peu sur tous ces sujets,
http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2006/08/19/nous-les-abolibibliotionnistes.html
Commentaires
Enfin votre retour! Merci.
http://www.youtube.com/watch?v=W-XoUmUPxgQ&mode=related&search=
M'ouais, évidemment. Je préfère ça :
http://fr.youtube.com/watch?v=khijQavLBWQ
Ca, c'était l'époque où l'homosexualité était classieuse...
Mon excellent danseur oriental pratique à merveille la dissociation.
Le tout est de savoir manier le couteau dans sa propre chair.
Ainsi que dans cette histoire de Zhuanzi :
« Quand le boucher du prince Wen-houei dépeçait un boeuf, ses mains empoignait l'animal, il le poussait de l'épaule et, les pieds rivés au sol il le maintenait des genoux. Il enfonçait son couteau avec un tel rythme musical qui rejoignait parfaitement celui des célèbres musiques qu'on jouait pendant la "danse du bosquet des mûriers" et le "rendez-vous de têtes au plumage". "Eh! lui dit le prince Wen-houei, comment ton art peut-il atteindre un tel degré? "
Le boucher déposa son couteau et dit : "J'aime le Tao et ainsi je progresse dans mon art. Au début de ma carrière, je ne voyais que le boeuf. Après trois ans d'exercice, je ne voyais plus le boeuf. Maintenant c'est mon esprit qui opère plus que mes yeux. Mes sens n'agissent plus, mais seulement mon esprit. Je connais la conformation naturelle du boeuf et ne m'attaque qu'aux interstices. Si je ne détériore pas les veines, les artères, les muscles et les nerfs, à plus forte raison les grands os! Un bon boucher use un couteau par an parce qu'il ne découpe que la chair. Un boucher ordinaire use un couteau par mois parce qu'il le brise sur les os. Le même couteau m'a servi depuis dix-neuf ans. Il a dépecé plusieurs milliers de boeufs et son tranchant paraît toujours comme s'il était aiguisé de neuf. (...) Chaque fois que j'ai à découper les jointures des os, je remarque les difficultés particulières à résoudre, et je retiens mon haleine, fixe mes regards et opère lentement. Je manie très doucement mon couteau et les jointures se séparent aussi aisément qu'on dépose de la terre sur le sol. Je retire mon couteau et me relève; je regarde de tous côtés et me divertis ici et là; je remets alors mon couteau en bon état et le rentre dans son étui.
- Très bien, dit le prince Wen-houei. Après avoir entendu les paroles du boucher, je saisis l'art de me conserver."
Ahhh Tadzio! ... C'était une autre époque!
Merlci, Aylin.
En tous cas notre époque, c'est ça :
http://fr.youtube.com/watch?v=45VqrtYO8d0
(Un film que Muray aurait adoré, je suppose. Homo festivus, c'est bien ça)
"La mort n'est pas programmée pour elle dans le châtiment de Dieu" parce qu'elle enfante, elle est programmée pour la vie.
Tout artiste, homme ou femme, est un homme qui enfante, un homme-femme, l'artiste vrai est l'homme-femme de Dieu. Tout homme primitif sait négocier sa condition de mortel avec le divin en vivant à chaque instant en artiste, poète, interprète et interlocuteur de l'invisible.
A l'heure où l'enfantement ne va plus de soi pour les femmes, les hommes sont devenus d'exécrables bouchers, tout juste capables de massacrer l'être au lieu de lui rendre hommage par leur art.
La distinction des sexes, dans la représentation sociale comme dans l'intimité, est très nécessaire, à condition d'être opérée en souplesse, à chaque instant et non de manière figée, le partage du yin et du yang ne tracent pas une ligne droite rigide au milieu du tao, mais jouent l'un dans l'autre.
... en ondulant...
Ahhh Tadzio! ... C'était une autre époque!
Un autre sourire surtout!
Ach ! Der Tod ist wunderbar ! Protestantisation générale du monde ! Da ! Da !
La fourmi n'est pas prêteuse ! Le masculin aux hommes, le féminin aux femmes, le pouvoir aux cons, la mort aux trousses, et les vaches seront bien gardées ! Vous chantiez ? eh bien, dansez maintenant ! Mais la cigale adore danser ! Elle danse à partir du centre, le ventre (le creux, le vide) vers tous les membres, en mouvements circulaires et dissociés, et de cette dissociation du haut et du bas du corps, de ces mouvements décalés du bassin et du buste, des bras et de la tête, centrés sur la colonne vertébrale, viennent l'Harmonie, l'accès à la Totalité ! Oui, la tête, les bras et le buste exercent des mouvements ondulatoires tandis que le ventre, le bassin et les hanches se balancent et vibrent ou se déplacent ! Sensualité, joie de vivre ! Le bassin va et vient, en cercles, en huit, en tremblements rapides ! En lien profond avec les énergies du cosmos ! Les bras ondulent, les bras montent, les bras accueillent ! A l’instar du Zikr pratiqué par les dérviches tourneurs sa danse est prière, louange, chemin vers l’extase ! Elle va chercher sa substance dans une réalité matérielle, physique ! Un ventre, des hanches, des seins, des épaules, des cheveux, des fesses, des cuisses, des orteils, des poignets, des yeux ! Et elle n’en est pas moins tournée vers le divin ! Joie de recevoir, plaisir d'offrir ! Manèges ! Mystères ! Tournoiements ! Allez allez, je m'en vais, ça m'entraîne, je renais, c'est la fête, la vraie de vraie, je... m'éloigne... au revoir... au revoir... au revoir...!
Pourquoi dois-je passer ma vie de bloggueur à rameuter tous les zouaves du net ? Moi qui comme dirait mon ami debordien suis "raisonnable jusqu'à la folie" ????
En tout cas, je trouve l'histoire de Zhuanzi est très ... suggestive.
Zyva Cormary, tu vas les pécho !
Au fait tu dois être jaloux, le président Ahmadinejad est beaucoup plus fort que toi : «Il n'y a pas d'homosexuels en Iran» dit-il calmement et très pince-sans-rire.
Tout autre sujet : tu as dû remarquer, Montalte, que la lecture de L'Ecclésiaste faite par Elisabeth Bart (qui te cite d'ailleurs) s'inscrit en faux contre la tienne ?
Hello Juan.
Oui, j'ai en effet lu ce texte qui me cite sans me citer, ce qui est quand même peu déontologique (surtout qu'elle commence et finit par moi), et qui sent un peu sa témoin de Jehovah (le côté "moi, j'ai compris, pas vous") même si pour ma part, j'avoue ne pas très bien y voir la spécificité de son interprétation car dire "qu’il faut un temps où l’Esprit revienne habiter le monde", c'est ce que l'on dit généralement de ce texte non ?
En revanche, j'admets entièrement sa critique de ma phrase "L'Ecclésiaste, c’est la possibilité du matérialisme au sein du spirituel, la possibilité pour un croyant d’être athée" qui en effet pris comme telle semble dire que le but de Qohelet est le matérialisme et l'athéisme alors que ce que je voulais dire est précisément qu'il ne prend le risque de ces deux positions que pour les dépasser et que par-delà la vie terrestre et le néant, il y a "une lumière à suivre". L'idée enfin que Dieu ait douté Lui-même de lui n'est pas une idée d'Homo festivus mais de mon cher Chesterton.
C'est pourquoi la dame est très injuste envers moi quand elle me soupçonne d'ironie vis-à-vis de l'Ecclésiaste alors que mon ironie, je n'ai pas besoin de faire un dessin je crois, est plutôt retournée contre moi-même - et moins par masochisme béat et tartaronesque que par hygiène personnelle. En fait, ce qui me gène souvent en lisant des interprétations comme celle-ci, mais cela pourrait être aussi celles faites à partir de Nietzsche ou de Kierkegaard est l'air avantageux que l'on est tenté de prendre, le sentiment que le néant, le ressentiment, la mauvaise conscience, l'esprit de vengeance sont toujours du côté des autres et que nous, nous sommes évidemment du côté du génie, du Verbe, du Souffle - mimétisme romantique dirait Girard. Moi-même, je ne suis pas à l'abri de ce genre d'attitude baudruche (être du côté de Dieu) même s'il me semble que tout mon travail va généralement dans le sens d'une expérience (sinon d'une écriture) existentielle où je refais tout le chemin tout seul avant d'arriver au but, et souvent sans y arriver. Alors que celui d'Elisabeth Bart me semble être l'aimable péroraison de quelqu'un qui a résolu tous ces problèmes et rigole de ceux qui recherchent en gémissant.
Sinon, tu seras peut-être intéressé par mon propre article sur Accrochages de Jean-Joseph Goux (que tu cites toi-même dans un de tes derniers posts) plus l'interview de celui-ci par mes soins et qui viennent de paraître dans la dernière Presse littéraire.
Bien à toi.
Oui, je vois que nous avons la même attachée de presse extraordinaire n'est-ce pas ?
Je ne pense pas qu'Elisabeth rigole de qui que ce soit, non. Du reste, c'est à elle de te répondre si elle le souhaite.
" Ce texte qui me cite sans me citer" " Surtout qu'elle commence et finit par moi"
Cher Montalte, vous vous êtes reconnu, nu, comme dirait votre ami Patrice qui qualifia, naguère, une certaine Hauteclaire de paranoïde pour bien moins!
Relisez le paragraphe où figure votre "citation". Si je ne vous ai pas nommé, c'est qu'elle renvoie bel et bien à la "lecture la plus répandue" de notre temps, malgré la préciosité du paradoxe, lecture soit fort négligente, soit à la limite de l'honnêteté intellectuelle lorsqu'elle pose une hypothèse d'interprétation à partir d'un verset tronqué de l'Ecclésiaste qui isole le syntagme " Donc, je déteste la vie" pour en faire l'anti-slogan de l'homo festivus qui, lui, "aime la vie", n'est-ce pas?
" La dame (...) me soupçonne d'ironie" ...
Grand Dieu, Montalte, la visée de ce texte se limiterait-elle à votre- certes précieuse- personne? Sa conclusion visait, figurez-vous, le mode de pensée généralisé, et de ce fait, banalisé, de notre époque. Car si vous êtes gêné " par l'air avantageux que l'on est tenté de prendre, le sentiment que le néant, le ressentiment, la mauvaise conscience, sont toujours du côté des autres", moi, je suis gênée par " l'air avantageux que l'on est tenté de prendre , le sentiment que le manque d'humour, d'ironie, de légèreté sont toujours du côté des autres". Vous connaissez la boutade de Philippe Noiret : " Tout le monde a de l'humour, sauf moi." Lorsque l'ironie, la dérision deviennent SYSTEMATIQUES ( on trouve de gracieux specimens de cet "air avantageux" sur votre blog), non seulement elles perdent de leur portée, mais deviennent cyniques grimaces ou ennuyeuses billevesées. Il y a un temps pour tout, un temps pour l'ironie qui atteint alors la profondeur de la gravité, un temps pour le gravité qui atteint alors la légèreté de l'ironie.
Enfin, que j'aime, ô Montalte, la comparaison de nos deux chemins: " tout mon travail va généralement dans le sens d'une expérience (sinon d'écriture) existentielle où je refais tout le chemin tout seul (...) alors que celui d'E.Bart me semble l'aimable péroraison de quelqu'un qui a résolu tous ces problèmes et rigole de ceux qui cherchent en gémissant"!
Pardonnez moi de rappeler le sens du mot péroraison : conclusion d'un développement, dernière partie d'un discours. J'avoue que la figure de style " celui [ le chemin d'E.B] me semble l'aimable péroraison" m'échappe. Vu les sens, propre et figuré du mot chemin, je ne vois pas comment une péroraison peut lui être assimilée. Cette figure de style ne figure dans aucun ouvrage de rhétorique.
Curieux, aussi... Habituellement,( bon, je ne vais pas fouiller dans vos archives...)celui dont "on rigole parce qu'il cherche en gémissant", c'est plutôt le Stalker! Vous aussi, Montalte? Chut! Ne l'écrivez pas en public! J'espère que vos chers Patrice, iPidiblue et consorts ne vous ont pas lu!
Cordialement.
Mais ma chère Elisabeth, m'enfin,
d'abord, je suis ravi que vous suiviez mon blog avec autant d'assiduité que d'agacement et je suis très fier que vous ayez précisément construit votre texte contre ou à partir du mien (et c'est pourquoi il aurait été plus honnête de me citer, c'est comme cela que l'on fait quand on fait une référence),
ensuite, c'est vrai, j'avoue n'avoir pas réellement saisi la singularité de votre interprétation - oui, L'Ecclésiaste est un livre qui promet ou espère la lumière, ce que je dis moi aussi d'ailleurs quoique sans doute avec moins de hauteur que vous. Et c'est la raison pour laquelle mon "chemin" qui ne mène certes pas très loin s'oppose à votre péroraison rapide, superficielle et connue de tous même si la pénibilité de votre style rend sa lecture un peu pesante (quoiqu'il soit toujours bon de reprendre les thèmes classiques, je vous le concède.)
A ce propos, si vous aviez bien lu la phrase par laquelle vous avez cru me descendre, vous auriez évité de vous ramasser. Car lorsque j'écris :
" tout mon travail va généralement dans le sens d'une expérience (sinon d'écriture) existentielle où je refais tout le chemin tout seul (...) alors que celui d'E.Bart me semble l'aimable péroraison de quelqu'un qui a résolu tous ces problèmes et rigole de ceux qui cherchent en gémissant"!
hors une vanité typiquement montaltienne et que vous avez bien fait de corriger, le "celui d'EB" renvoie non pas au "chemin" mais bien entendu au "travail". "Tout mon travail va dans ce sens alors que celui de Elisabeth Barte Simpson me semble être etc."
Quant à la comparaison persistante entre Juan et moi, c'est décidément notre lot. Il paraît même que l'on vient de passer nos deux photos respectives en fond d'écran du raout islamiste de Soral et de Nabe et que l'on nous a hués. Quel bonheur !
Allez, Elisabeth, avec le sourire.
Bon alors c'est qui qui manie le fouet ? On ne s'entend plus écrire dans cette taule ...
Vous seriez sans doute ravi, Montalte, que je manie le fouet... Hélas, il n'est pas dans mes "cordes", si je puis dire, de vous donner satisfaction.
Il n'est pas nécessaire d'être assidu de votre blog pour repérer les tics et les manies de chacun. Quelques lectures suffisent.
La substitution de "travail" à "chemin" n'éclaire pas davantage votre étrange figure de style : " le travail semble être une péroraison..."
J'ai dit tout ce que j'avais à dire et je ne reviendrai pas dans ce débat.
Cordialement.
Bah, le fouet, c'est vous qui le recevez en ce moment. Et vous en redemandez car oui un "travail" peut être une péroraison quand il s'agit d'un discours (votre texte en l'occurence) et c'était de cela dont il s'agissait. Allons, Elisabeth, reprenez-vous !
"Tu ne découvriras point la nudité de ton père ni la nudité de ton père ni la nudité de ta mère"
Lapsus clavieri...?
Patrice, dis repetita placent.
PS : et "tu ne mangeras d'espadon que dans les villes portuaires" ça révèle quel dessein profond ?
PS du PS : Cele', vous pouvez déjà passer la commande (tout thon qu'a mon...)
Reliquat : Elisa, ne me cherchez pas des poux. Votre "naguère" ne vous rajeunit pas...