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Récitons-le une dernière fois....

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vêprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! Voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! Ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

 

Rapport de la Halde.jpgOui, car comme vous n'êtes pas censés l'ignorer, ce poème de Ronsard apparaît enfin comme ce qu'il est - un concentré de racisme social et sexiste véhiculant les stéréotypes les plus éculés et les plus nauséeux sur les seniors et les femmes. C'est un rapport de la Halde qui l'affirme - la Halde : Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité, et comme toutes les ligues de vertus, le plus beau repaire d'enculés qui soit. Je suis vulgaire ? Oh mais avec ces gens-là, on a le devoir de l'être. Daté du 6 novembre 2008 et intitulé sans rire "Place des stéréotypes et discriminations dans les manuels scolaires", ce rapport "citoyen" stigmatise tout ce que la littérature peut contenir de messages racistes, homophobes, anti-féministes, anti-minoritaires, tout ce qui, selon lui,  porte atteinte à la dignité humaine, offense une communauté,  dégrade la personne, fait de la peine à quelqu'un. Autant dire toute la littérature - citez-moi donc un auteur qui ne tombe sous le coup de la guillotine haldienne. Non que la littérature soit raciste, sexiste et homophobe en soi, grands dieux, non (sauf peut-être celle, génialissime, de Hergé et de ses Aventures de Tintin), mais la littérature est ce qui s'est toujours écrit contre son époque, ses moeurs, sa morale. De Rabelais à Céline, de La Fontaine à Balzac, de Molière à Ionesco, de Chrétien de Troyes à Proust, de Villon à Baudelaire, la littérature a toujours été une critique de la culture de son temps - une critique du pouvoir culturel plus que du pouvoir politique, soit dit en passant (Molière contre les clercs et non contre le roi). Pour ceux qui veulent un monde où tout écart, toute asymétrie, tout conflit soient abolis, la littérature est le premier déni d'opinion. Et c'est pourquoi écrivains  et philosophes ont  si souvent été accusés de corrompre la jeunesse, de désespérer Billancourt, de donner le mauvais exemple, de ne pas aller dans le sens du social, de se foutre du progrès, de n'avoir toujours qu'une vision noire du présent, et souvent terrifiante de l'avenir.

Philippe Muray l'avait prédit. Le temps où la phrase de Sade, « il n’est point d’homme qui ne veuille être despote quand il bande », ne sera plus comprise, n'est pas si loin.

Les arts plastiques ne sont d'ailleurs pas en reste. La peinture se révèle même pour un féministe conséquent comme le premier lieu du sexisme et de la pornographie. Car la femme-objet, ce n'est pas simplement Zara Whites, c'est d'abord et avant tout la Maja  nue de Goya, la Vénus d'Urbino du Titien, les Baigneuses de Renoir et de Cézanne, les Demoiselles d'Avignon de Picasso, sans oublier L'origine du Monde de Courbet, choquant autant par son sujet que par son titre - j'en vois, tous les jours, moi, de ces bonnes femmes féministes qui font la grimace quand elles lisent "origine du monde" sur le cartel à côté du tableau, leur sourire ironique à ce moment-là, leur déplorable agacement, les pensées imbéciles et puritaines qui leur passent par la tête - "nous ne sommes pas des origynes, quand même !" Je fais un procès d'intention ? Oui, et alors ?

Donc, la Halde se propose de réviser les manuels scolaires, qu'ils soient littéraires, linguistiques ou scientifiques.

Waylon Smithers 2.jpgEt d'abord éradiquer l'odieux "modèle hétérosexiste" qui fait oublier qu'il y a d'autres formes d'amour que celui-ci, et que, comme vont le dire désormais des commandos gays dans les écoles,  l'important dans l'amour, ce n'est ni le sexe ni l'âge ni les opinions politiques, mais.... l'amour tout simplement. Il est donc déplorable de constater qu'on n'évoque jamais les amours homosexuelles dans les manuels de littérature (ou sans doute de manière trop caricaturale comme chez Proust), ni même les comportements homosexuels de certains animaux dans les manuels de biologie. Car écrire dans un manuel de Science Naturelle (ou de SVT, "science Vie Terre" , comme on dit maintenant) que "le rat est attiré par la rate en chaleur" (SVT section Terminale S, édition Bordas), ou que "les grillons mâles attirent leurs femelles par leur chant", ou que  "les mammifères femelles en période ovulatoire recherchent et acceptent les mâles" (SVT 4e éditions Nathan, 2007)  revient à envisager "l’attirance pour le sexe opposé [comme] unique conduite envisagée" - et à oublier que l'homosexualité existe aussi dans le monde animal (quoiqu'en période de surpeuplement), notamment chez les rats, comme l'avait bien montré la bioprogressiste Anne Fausto-Sterling. Ben voyons !

L'on note aussi, page 85, qu' "au niveau des exercices de mathématiques, le groupe des femmes n’apparaît que dans 30% des exercices. Viennent ensuite les seniors (2,5%), les minorités visibles (2%). Aucun exercice des 359 analysés n’évoque l’homosexualité ou le handicap." Indigne théorème de Thalès ! Homophobe trigonométrie !

De toutes façons, comment combattre l'homophobie avec des manuels qui ne parlent jamais d'homosexualité ? « Concernant l’orientation sexuelle, nous avions choisi les mots-clefs suivants : "orientation sexuelle", "homosexualité/el(le)s", "lesbienne", "bisexuel" et "homophobie". Ces termes n'apparaissent nulle part dans les programmes », dénoncent, triomphants, les auteurs du rapport. Au contraire, les représentations « hétérosexistes » , pour ne pas dire "hétérofascistes", abondent, et choquent nos vigilants chéris. Dans un manuel d'anglais de seconde, on montre l'image d'un jeune homme aspirant « au mariage avec une femme et à une famille hétéroparentale » ; dans un autre manuel de 6ème, "un petit garçon aime une petite fille blonde" ; dans un livre de terminale, enfin,  est représenté "un globe terrestre sur lequel des familles composées d’un père, d’une mère et de deux enfants circulent en caddies de supermarché". Autant d’images scandaleusement discriminatoires pour nos clercs en colère et qui participent, disent-ils, à l'inégalitarisme ambiant.

gros degueulasse.jpgEvidemment, il n'y a pas que les gays qui soient victimes de discriminations. Il y aussi les femmes, les noirs, les arabes, les handicapés (ces derniers que l'on évoque toujours que par rapport à leur handicap... ou non, la Halde ayant la possibilité de punir et ceux qui ne voient dans les handicapés que des handicapés et ceux qui ne voient pas que les handicapés sont avant tout des handicapés !), sans oublier les vieux, pardon, les seniors. En fait, tout le monde peut être victime de discrimination, c'est cela qui est chouette à notre époque ! Il suffit même de taper "Halde" sur Google pour tomber sur son cahier de doléance - "êtes-vous victime ?". Ben oui, je suis victime. Je suis gros, je suis blond, je porte des lunettes, j'ai une drôle de gueule,  je suis timide avec les filles, je me suis dépucelé hyper tard (et encore j'en suis pas sûr), je fais caca tout le temps, je lis Sade toute la journée mais ça veut rien dire, j'suis un peu alcoolo aussi, mais j'adore les gousses d'ail cru. Et de l'ail, y en a jamais à la cantine du musée, sauf parfois dans la sauce tartare, et encore y a pas assez de sauce, et là, moi, je me sens rejeté par la direction, le ministère, la culture, et par le tableau de Courbet lui-même, tiens !  Alors, ma vie est méga dure, mais je ne fais rien pour l'arranger, car j'ai ma dignité et  je pense que ce n'est pas à moi de le faire, mais à l'Etat, à la Sécu, à la Halde,  à SOS obèses, à mon psy, à mon curé, à Zara Whites, à tout le monde, mais pas à moi. Et m'abandonner à mon propre fonctionnement discriminatoire, c'est franchement discriminant ! Alors, moi aussi, je CRIe ma douleur.

A la Halde, ils sont pour les cris et les hurlements. "Tu es contre la discrimination ? éCRIs-le haut et fort !", éructe un panneau en haut à gauche de leur page d'accueil. On croit rêver. Un jour, on lira : "Tu es contre la souffrance dans la vie ? Tu es contre le mal sur terre ? Alors rejoins-nous , camarade, et participe à notre lutte - contre le négatif dans la pensée, le langage et l'existence." Et pour commencer, participe au concours de "lyrics anti-discrimination", whou !

Bref, ce que l'on pensait réservé aux Etats-Unis (l'interdiction de Michel Ange aux mineurs, la réécriture "citoyenne" des contes de fées, la suppression pure et simple de dessins animés de Tex Avery coupables de témoigner d'un racisme passé, la méfiance systématisée vis-à-vis des chefs-d'oeuvres du passé, que l'on charge de tous les péchés du monde, et le refus, tout démocratique, de la haute culture) fait son apparition en France. Et ce n'est pas tant Sade et Lautréamont qui sont visés que Ronsard, l'auteur du poème le plus récité depuis des siècles par les écoliers français.

Attention, ça ne rigole pas !

"Le poème de Ronsard Mignonne allons voir si la rose, notent nos amoureux de l'équité en littérature,  est étudié par tous les élèves. Toutefois, ce texte véhicule une image somme toute très négative des séniors. Il serait intéressant de pouvoir mesurer combien de textes proposés aux élèves présentent ce type de stéréotypes, et chercher d'autres textes présentant une image plus positive des seniors pour contrebalancer ces stéréotypes".

Au moins, c'est franc. Il s'agit de  CONTREBALANCER RONSARD. Un vrai professeur se doit de trouver un texte plus intéressant que celui-ci, sinon mieux écrit (ils ne le disent pas mais on sent qu'ils le pensent - oui, je sais, mon procès d'intention !), et qui nous montre que les femmes âgées ne sont pas sont simplement des "roses" qui se "ternissent", deux termes insupportablement sexistes quand on y pense, mais de responsables grands-mères qui ont encore un rôle actif et citoyen à tenir dans le paysage social.

HanselundGretel-large.jpgEt puis, excusez-nous, mais rappeler à des seniors qu'ils vont mourir, n'est-ce pas là le comble de la muflerie poétique ? D'ailleurs, la mort, le temps qui passe,  la poussière qui redevient poussière, on sait que ça existe, ce n'est donc pas la peine d'en remettre une couche. Même des photos représentant des retraités sur la promenade des anglais à Nice sont dévalorisantes, voire traumatisantes pour ces derniers (dommage pour moi qui me serais bien vu finir mes jours assis sur un banc face à la baie des Anges !) Enfin, n'est-il pas répugnant de toujours  représenter la sorcière de Hansel et Gretel sous la forme d'une vieille dame ? Et qui rappelle aussi la méchante fée de Blanche-Neige de sinistre mémoire ? Le senior sentirait-il donc toujours le sapin ou le poison ?

Et c'est pour cela qu'au fond ce rapport ne va pas assez loin. Ce qu'il faudrait, c'est stigmatiser tous les textes qui depuis Horace font l'apologie de la mort avec tout ce que cela comporte en angoisse existentielle. Car la mort, à notre époque, c'est ce qui doit être combattue... La mort, c'est la suprême discrimination. Et nous, c'est comme ça qu'on fonctionne à la Halde : moins on montrera des filles à poil (Rubens, Titien, Modigliani), moins y aura de viols ; moins on parlera de la mort aux gens (Platon, Pascal, Ronsard), moins ils  mourront, c'est logique , c'est citoyen, c'est anti-raciste. Car la mort, comme chante Fouad, ça ne passe pas et ça ne paye rien ! Ha !

Place, donc, à la vraie poésie :

Concours de lyrics contre les discriminations

Le texte de la chanson gagnante
Le texte de Fouad, 13 ans, le gagnant du concours de lyrics

(à écouter ici, comme ça on peut suivre)


La discrimination tu peux la voir à chaque coin de ruelle
De peau, de poids, l’Handicap c’est vraiment cruel !
On t’met à l’écart à cause de ta différence
Mais dis-moi où est passé l’égalité des chances ?
Nous sommes en France mais il y a partout des ethnies
Quitte à croire que nos différences peuvent nous rendre ennemis.
Aveuglé… par le physique d’une personne
Comment peut-on juger alors qu’on connaît pas la personne.


Refrain :

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Afin que l’on puisse avancer : faisons un Pas !
Essayons, essayons… pourquoi pas !

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Afin que l’on puisse avancer faisons un Pas !
Essayons, essayons… pourquoi pas ?!

Pour moi : ca ne passe pas.
Pour toi : ca ne passe pas.
Pour moi : ca ne paie pas.
Pour toi : ca ne paie pas.

Toi-moi… maigre-gros [me voilà]… blanc-noir…..

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Avançons, pour que l’humanité fasse un pas
Essayons d’accepter ceux qu’on connaît pas.

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Afin que l’on puisse avancer faisons un Pas !
Essayons, essayons… pourquoi pas ?!

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Afin que l’on puisse avancer faisons un Pas !
Essayons, essayons… pourquoi pas ?!

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Afin que l’on puisse avancer faisons un Pas !
Essayons, essayons… pourquoi pas ?!

A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire
A partir d'un geste tu peux faire renaitre l'espoir
Afin que l’on puisse avancer faisons un Pas !
Essayons, essayons… pourquoi pas ?!

La Halde et son collège.jpg
Le collège de la Halde et ses férus de belles-lettres : - Et maintenant, Bodelère !
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Commentaires

  • Sans doute vous dira-t-on que vous vous excitez trop pour un truc mineur, dont tout le monde sait qu'il est ridicule, mais je pense au contraire que vous avez raison d'envoyer une volée de bois vert aux gens de la Halde (dont vous pourriez rajouter les noms, je n'ai pas reconnu tous ces ratés, recasés ici jusqu'à leur retraite grâce à nos impôts).

    Pour vous consoler de toutes ces avanies, je me permets de vous conseiller le délicieux "Eloge du con", de l'éminent Dr Zwang (http://www.amazon.fr/Eloge-con-D%C3%A9fense-illustration-f%C3%A9minin/dp/2842713869/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1231738611&sr=8-1), qui ferait vomir la Halde - notamment parce que l'on y trouve du sexe, du concret, de la vie... (et une analyse du tableau de Courbet que dans ses grandes lignes je partage.) (© Ludovic Maubreuil, qui a attiré mon attention sur l'existence de cet ouvrage.)

    Bonne journée !

  • Ah mais Zwang, c'était l'auteur du "Sexe de la femme" (cet "Eloge du con" est-il un nouveau titre ou une reprise du même texte ?), apologie clinique et poétique mémorable de celui-ci, et critique extraordinaire, déjà, de l'islam. Un ouvrage pro-femme incroyablement beau et érudit, mais malheureusement pas assez "féministe" pour être considéré aujourd'hui.

    Quant aux trucs mineurs, il faut s'en méfier comme de la peste. Comme vous le savez, la bêtise est interventionniste. Vous avez beau vous moquer d'elle, elle ne rougit pas, elle ne s'arrête jamais, elle continue son chemin, ses procès, et à la fin, elle gagne et on a des lois liberticides - comme la fameuse loi Gayssot et le délit d'opinion de 1990 - et l'on se dit, comme le lièvre de la fable, que l'on aurait dû partir avant.

    Bonne journée à vous !

  • Très bon texte d'humeur, cher Montalte : "Contrebalancer Ronsard", oui, tout est là et au fond la lutte contre les discriminations, réelles ou supposées, n'est qu'un prétexte. N'étant ni libéral ni sarkozyste, je n'ai pas souvent l'occasion d'être d'accord avec tes textes politiques (alors que je goûte fort ceux sur la littérature ou la philosophie), mais là je ne vais pas bouder mon plaisir !

    Oui, Zwang contre la Halde !!!

  • N'oublions pas que c'est ce grand moraliste, Jacques Chirac, qui a institué la Halde ...

  • Eh, dites donc, qui va s'insurger contre la HALDE même? Regardez-moi cette photo: tous des vieux blancs, sain de corps et (l'on peut penser) d'esprit. Cela ne m'étonne palus qu'il se soient insurgés contre l'"agisme" de Ronsard!

    Où sont les beurs, les noirs, les handicapés dans leur propre comité (je ne poserai pas la question de leur sexualité -s'il s'avère qu'il en ont une- ou leur religion)...

  • Il m'a semblé lire quelque part que quelques huit cent tunnels en sens unique avaient été creusés ça et là afin d'approvisionner la Halde en poésie fraîche...

  • Il s'agit du même Zwang, mais pas du même livre, disons que c'est une variation récente, mineure mais goûteuse, sur le même inépuisable sujet. Et effectivement, le Dr Zwang ne manifeste pas une islamophilie débordante (il est aussi anti-catholique d'ailleurs). Et effectivement aussi, il n'est peut-être pas "féministe" avec des guillemets, mais voilà quelqu'un à qui il arrive de parler très joliment des femmes. J'ajoute à toutes fins utiles qu'il est grand amateur d'opéra, ce qui ne gâte rien. A l'occasion j'exposerai ses heureuses conclusions sur le clitoris, cela nous divertira.

  • Je trouve que la HALDE fait un travail remarquable au contraire. J'ai rejoins leur rang depuis quelques mois maintenant et de grands projets anti-discriminatoires sont en cours. Nous voulons nous attaquer au coeur de la culture française, basée, la plupart du temps sur des valeurs sexistes, racistes ou méprisantes vis-à-vis des minorités qu'elles soient visibles ou non visibles. Là nous sommes en train d'essayer de mettre des "bip" à certains mots dans "Rabbi Jacob" ou même de retourner certaines scènes aux fins qu'elles deviennent "décentes" au regard de notre cahier des charges de l"humour". Nous avons encore des notions assez précaires du cinéma mais nous envisageons également de retourner certaines scènes des films de Kubrick, Fellini voire même certains Woodie Allen ou certaines répliques des films des Monty Python...Certains pensent que notre action consiste en un"autodafé" de l'humour et des belles oeuvres passées mais c'est qu'ils n'ont rien compris au film. Nous voulons réapprendre aux gens à penser correctement, à rire sainement, à aimer pour les bonnes raisons, à s'ouvrir aux autres mais à se fermer aux préjugés. Nous réinventons l'écriture, la peinture, le cinéma, le théâtre. Nous allons prochainement essayer de réécrire certaines pages de l'histoire qui pourraient pervertir dans leur apprentissage des esprits neufs non encore corrompus. Dans vingt ans nous espérons, nous ne parlerons plus de SHOA, plus de génocide, plus de guerre de religion, plus de guerre tout simplement...Je pense que notre action est saine et d'ailleurs, l'homme ne pouvant de lui-même comprendre ce qui est bien pour lui, nous anticipons son désir véritable et plaçons les "bonnes" barrières. Ne nous remerciez pas. Le sourire d'un enfant du Mali donnant la main à un autre enfant du Vietnam suffit à mon bonheur. Si Disneyland n'était pas perverti par le consumérisme américain, je donnerai volontiers rendez-vous au peuple de la Terre dans l'Univers de Small World. Je suis citoyen du monde et pense même parfois que le monde c'est trop exigu, citoyen de l'univers. Je ne me sens ni français, ni européen, ni blanc...je me sens transparent en réalité...volatile comme de l'amiante et nuisible comme une mauvaise peste. En réalité je me dis que je suis peut être simplement un énorme connard qui s'immice là où il ne devrait pas et s'arroge, du haut d'une institution d'une imposture totale, le droit de mettre mes gros doigts pétris de bonnes intentions douteuses dans des textes d'une rare beauté, mais ce n'est une vague sensation !

    Borderline

  • Et encore la Halde n'est qu'une institution jeune. On peut l'imaginer dans quelques années avec Samy Naceri à sa présidence, réécrivant un manuel scolaire à partir du contenu "d'Indigènes".
    Cela dit, si ce cher Samy succède à Louis peut être rendra-t-il service à la culture française en adoptant comme nouvelle devise pour l'institution: "il n’est point d’homme qui ne veuille être despote quand il bande". Au moins les choses seront claires, l'action de la Halde n'en sera que plus saillante et il n'y aura pas même plus besoin de sous traiter l'écriture de rapports fangeux aux rebuts du système. Les rapports seront directement tirés au couteau.

  • Le problème avec Samy, c'est que son état de priapisme délinquant (ou de délinquance priapique) risque de le rendre légèrement intenable aux réunions de la Halde - ces gens-là sont très calmes, je pense, comme tous les inquisiteurs.

    Zwang ? C'est clito et motets ! Un spécialiste des cantates de Bach et des opéras de Mozart, si je me souviens, un explorateur de l'origine du monde... Mais qu'on le nomme ministre de la culture et de la santé, celui-là ! Car hors Bach et la femme, je ne vois pas d'autre salut pour l'homme (oh le propos misogyne....) !

    Cher Hawkeye, oui, en effet, il n'y a pas moins représentatifs des valeurs de la Halde que les représentants de la Halde !

    Chirac ? Haldien dans l'âme - et c'est pour cela que Sarkozy est grand...

    Sarko, d'ailleurs... Je vais y revenir. Car la différence entre toi et moi, Ludovic, c'est que tu n'es pas d'accord avec "mon" sarkozysme alors que je pourrais comprendre "ton" antisarkozysme". Comme tous les droitistes libéraux, j'ai une certaine tendresse pour les droitistes conservateurs ont je considère les positions à la fois nobles et désuètes. Comme bcp de "libéraux", je peux concevoir l'antilibéralisme alors que l'inverse n'est pas vrai.

  • J'ai quand-même de la peine à imaginer l'aeropage du dessus en plein déboutonnage... Dans un remake de Salo, peut-être ?

  • "Essayons d’accepter ceux qu’on connaît pas."

    Okay, mon p'tit Fouad, j'ai essayé, t'as vu. Bon, ben je peux pas.

    Si vous êtes une femme âgée, homosexuelle, obèse, handicapée et gauchère : ALLEZ VOUS FAIRE ENCULER !

    Et maintenant, je m'en vais revoir "Freaks", tiens. Si la HALDE a besoin du DVD, qu'elle me contacte.

  • Inutile. L'homme à tête d'épingle est déjà là : 3ème au fond en partant de la gauche.

  • Et me voilà sur Marianne2,

    http://www.marianne2.fr/Au-moins,-a-la-Halde,-on-ne-discrimine-pas-les-imbeciles_a173752.html

    ah les grands moments de la vie !

  • La Halde est l'un des symptômes de la crise d'identité que connaît la France.
    Elle ne sait plus qui elle est et quelles sont ses valeurs fondatrices.

    La Halde est un machin qui ne sachant pas quoi faire de ses journées s'évertue à nous dire ce que l'on doit lire, comment le lire et ceux qui doivent être "discriminés positivement" ou pas.

    La première décision à prendre pour un élu digne de ce nom et de mettre fin à cette machine de guerre à décerveler. Avec la Halde comme le dit Montalte n'importe qui pourra venir pleurer dans les jupons de Maman-Etat pour qu'elle nous bichonne.

    Ça serait drôle si ce n'était pas tragique.

    Quant au "rap" de Fouad c'est de "la merde en barre".

  • La Halde s'intéresse ici à des choses intéressantes. En effet, nos représentations ont une valeur et une véritable importance, et si notre société les façonne, elle façonnent en retour ladite société. A prtir de là, pourquoi pas, effectivement, se dire qu'il faudrait représenter d'autres choses, ou les montrer un peu plus... Pourquoi toujours la famille-paquet-de-céréales (le père, la mère, le fils, la fille), et pourquoi pas une famille monoparentale par-ci par-là, que les monoparentaux et les recomposés (bientôt majoritaires ? ou peut-être même déjà ?) s'y reconnaissent aussi. Bref : les représentations véhiculent réellement des schémas, des idées, des valeurs, du contenu, et il ne faut pas l'oublier. Je ne voudrais pas qu'on laisse cet aspect de côté, tout de même.

    A partir de là, le souci est de transformer une préoccupation sociologique légitime en idéologie débile. Chercher les germes de l'homophobie dans les exercices de mathématiques, et du racisme anti-vieux dans "Mignonne allons voir si la rose...", quelle connerie. Et c'est non seulement con, mais aussi dangereux. Car moi, homosexuel, je me retrouve dans Tristan et Iseut ; je me construis avec Les Amours de Ronsard ; je me reconnais dans les jeunes filles de Jane Austen, beaucoup plus que dans le rap de Fouad ^^. Je refuse qu'on prive les enfants de ça et qu'on leur construise une culture (pauvre, forcément pauvre) fondée sur les bons sentiments.

    Je suis donc par exemple pour qu'on explique l'homosexualité aux élèves (car on a peur de ce qu'on ne connaît pas, et on tape à coup de barres à mine sur ce de quoi on a peur), mais je refuse qu'on transforme une salle de classe en un pseudo lieu de bonne conscience militante. Montrer que ça existe, expliquer que ce n'est pas grave, et le confirmer en n'insistant pas dessus, justement. Dire (ce qui m'est arrivé : les voies des questions des élèves sont impénétrables) que Verlaine couchait avec Rimbaud et faire en sorte que cinq minutes après, ça n'ait plus aucune importance car l'important, c'est "Il pleure dans mon coeur...". Parler de l'Islam parce que ça a un intérêt pour mon cours sur l'héritage gréco-latin et chrétien et non pour dire que le racisme, c'est mal. Bref : utiliser le monde dans sa diversité pour nourrir mon enseignement, et non utiliser mon enseignement pour tenter d'améliorer le monde afin que tout le monde pense ce qu'il faudrait penser. Car ça ne marche pas dans ce sens-là.

  • Excellent billet que j'aurais aimé écrire.
    Mort à la Halde !

  • certes, l'exercice de de Cormary est brillant et le sujet s'y prête bien.
    mais malgré tout, qu'on le veuille ou pas, même si la démarche laisse à désirer, La Halde ne fait que mettre en lumière des réalités qui existent dans la vie des tous les jours. Peut-être la France a fait la révolution des droits de l'homme parce qu'elle en avait besoin. A lire les statistiques actuelles sur le sujet, elle ne s'en sorte pas très glorieusement. Il vaut mieux un organisme tel que la Halde, dont la indépendance à l'égard politique reste à démontrer, que l'aberration d'un Secrétaire d'Etat chargé des Droits de l'Homme à la botte du politique, dont on ne voit pas comment il (elle) pourrait régler les problèmes des droits de l'homme posés par les politiciens eux-mêmes.

  • Pour commencer, les politesses d'usage : Bonne année mon vieux!!! En allemand des années 1930, on disait : Zieg Halde!!
    Bravo pour ton texte. J'ai beaucoup rigolé en le lisant. C'est bien de se défouler. Continue en 2009. T'es un peu le Dieudonné des blogueurs (Mais ai-je le droit de dire que je trouve Dieudonné drôle??). Au delà de cette comparaison, c'est drôle, ça défoule et surtout, ça respire l'intelligence et l'ironie. Encore une fois, bonne année Montalte et continue.

    PS : corrige les fautes d'orthographe pour moi s'il te plait. Ciao hombre.

  • Bravo, vous avez tout mon soutien contre ces empoisonneurs de la HALDE, un vrai repaire de pourris.

    L'hypocrisie n'est plus du côté de la religion de nos jours.

  • Desproges avait tout compris : http://www.deezer.com/track/2568735

  • Merci à tous pour votre enthousiasme anti-haldien - même si je ne me considère pas encore comme le Dieudonné des bloggeurs. Nous sommes évidemment tous d'accord pour stigmatiser l'imbécillité anti-littéraire de la Halde, même Celeborn qui pourtant est le seul qui ose courageusement argumenter pour une légitimité de principe de celle-ci... Et l'on ne peut passer son argumentation sous silence.

    Celeborn, ami homosexuel très cher et à qui je confierais mes enfants si j'en avais (et même si je suis contre l'adoption des enfants par les homosexuels !), affirme que nos représentations sociales et sexuelles ont bcp d'importance, et que la Halde, dans l'absolu, a raison de s'attaquer, toujours dans l'absolu, à celles qui portent atteinte aux minorités ethniques ou sexuelles. Et là-dessus, peut-être serais-je étonnant, mais je suis d'accord. Il serait en effet intolérable de refuser, par exemple dans le monde du travail, quelqu'un sous prétexte qu'il est pédé, black, bouddhiste, ou les trois.

    (C'est pourquoi l'on se demande ce que la Halde trouve à redire des "seniors", car il ne semble pas, contrairement aux autres "minorités", qu'ils soient particulièrement exclus - sauf, donc, en littérature. Ne reste plus alors que s'en prendre à Ronsard, aux frères Grimm (Hansel et Gretel) et à tous les artistes salopards qui ont osé décrire les vieux comme des vieux ou les vieilles comme des vieilles (cf "les petites vieilles" chef-d'oeuvre raciste de Baudelaire que me récitait pourtant ma grand-mère.))

    En vérité, l'école reste le lieu où l'on apprend les valeurs de la République, les droits de l'homme, l'égalité, le droit - et tout ce que notre monde occidental considère comme nos valeurs "objectives". Mais là où je ne suis plus d'accord avec lui, ou plutôt avec toi (car rien de plus discriminant et de plus odieux que de parler de quelqu'un devant lui), c'est quand tu dis qu'il faudrait, ici ou là, parler des couples homosexuels dans les représentations scolaires.

    C'est qu'à mon sens, un sens de vieux réac sans doute, si l'école est là pour sensibiliser les enfants et les adolescents aux valeurs "objectives" de notre monde, elle n'est pas là pour les initier à ce qui relève de l'intimité et de la subjectivité de chacun. Si les manuels scolaires, et notamment ceux de SVT (Science Vie Nature), ne parlent pas d'homosexualité, c'est qu'ils ne sont tout simplement pas faits pour ça. Un cours de "science nat" (comme on disait à mon époque réac) ne doit pas parler de sexualité - c'est-à-dire d'identité et de désir - mais de génitalité et de reproduction. On dit comment on baise, on ne dit pas pourquoi. On admet que c'est pour faire un enfant. On est plus "Adam et Eve" que Virginia Woolf ou Marcel Proust (deux immenses génies, soit dit en passant pour la Halde) - et non pas pour dire que la Bible a raison (même si la Bible a raison), mais pour ne pas mélanger l'espèce avec l'individu, les Droits de l'Homme avec les humeurs de l'homme.

    Sauf si l'on considère qu'il doit y avoir des cours de sexualité à l'école, ce qui n'est absolument pas mon avis, il n'y a aucune raison pour que celle-ci confonde la reproduction avec le désir. Concrètement, les profs de biologie sont là pour parler du génital, mais non du sexuel (ou de l'érotique), du physiologique mais non du désir, de la reproduction mais non de l'identité.

    C'est qu'identité, désir et érotique ne relèvent pas de l'enseignement, mais de l'expérience intime, de la confrontation avec les autres, de la singularité de tout un chacun, de ce qu'on appelle "l'intériorité". Je trouverais un peu fort de café que l'on fasse un cours sur l'identité sexuelle à des gens de quatorze ans qui n'ont peut-être pas encore trouvé la leur. C'est dans sa vie que l'on se découvre, pas à l'école. L'école n'est pas là pour dégrossir les élèves mais pour leur apprendre la réalité élémentaire de la vie. On peut alors considérer que la représentation du couple hétérosexuel est moins un "modèle" qu'un topique anthropologique - et c'est cela qu'on enseigne aux élèves. On ne peut pas, dès lors, et pour des raisons de pudeur autant que de risque de discrimination, leur enseigner tous les caprices du désir. Sinon, pourquoi ne pas leur faire un cours sur le sadomasochisme ou la zoophilie qui font aussi partie des singularités psychologiques ? Ou même pourquoi ne pas leur faire un cours sur l'hétérosexualité comme désir, identité ou érotique ? Ce qui serait à mon sens tout aussi débile : "alors les garçons sont émus quand ils voient les filles, mais il y a des garçons qui sont émus par des garçons et des filles qui sont émues par des filles" - outre le chahut et le malaise que cela pourrait susciter dans la classe, dans les trois cas, ça ne le fait pas. Le prof de bio est là pour expliquer ce qui passe biologiquement pour la reproduction, point barre. Pour le reste, branlez-vous, draguez, lisez des livres de littérature, regardez Love Story ou Mort à Venise selon vos envies, et wait and see.

    D'ailleurs, toi-même, d'après ce que tu dis, tu procèdes ainsi. Quand un de tes élèves te demande la nature des relations entre Verlaine et Rimbaud (deux immenses génies, soit dit en passant pour la Halde), tu dis qu'ils couchaient ensemble, et tu as raison puisque c'est la vérité - mais tu rajoutes que cinq minutes après, on est passé à autre chose de plus important qui est le génie poétique de l'un et de l'autre. Car une chose est d'affirmer la réalité de l'homosexualité de ces deux-là, une autre est d'expliquer sur plusieurs cours comment l'identité sexuelle fonctionne individuellement, par rapport à qui, en fonction de quoi, et pourquoi c'est compliqué (parce que, je suis désolé, la sexualité, c'est compliqué !), et qu'il y a des gens qui sont comme ci, et des gens qui sont comme ça, mais qu'il ne faut pas rejeter les ci contre les ça, ou le contraire, qu'il faut super accepter tout, et que tout est génial. Rien de tel pour traumatiser un élève, à mon avis.

    Les images de papa, maman, frérot et soeurette, sont peut-être un peu normatives, mais au moins elles ne posent pas de problème de singularité. A chaque ado, ensuite, de se faire son identité - et qu'on ne me dise pas que celui qui rêve d'être fouetté par sa tante se sentira exclu parce qu'on ne lui aura jamais parlé à l'école de sa différence SM. Encore une fois, l'école n'est pas là pour mettre à plat toutes les singularités. L'école n'est pas là de toutes façons pour traiter de la singularité des uns et des autres, mais pour faire des uns et des autres de bons citoyens cultivés dans la limite du possible, et qui s'intéresseront, justement, à autre chose, qu'à leurs petites singularités. Pour dire encore les choses autrement, l'école n'est pas l'école de la vie.

    L'école est là pour apprendre, comme dirait Don Juan, que deux et deux sont quatre, que 1515, c'est Marignan, que le sperme qui rencontre une ovule a bien des chances de faire un connard ou une connasse, et que Ronsard est un grand poète qui parle de la condition humaine, à savoir l'amour et la mort - et que si vous êtes hétéro, homo ou autre, dans tous les cas, l'amour et la mort, ça vous concerne.

  • La Halde, laboratoire post-mengeléen d'expérimentation psycho-littéraire... ?

  • Et quand on est hétérosexuel non pratiquant, tu crois pas qu'on se sent un peu exclu des cours de SVT ?

    Bon, sinon, bravo pour notre nouveau Jean-François Kahn. Je suis sûr que la calvitie et la voix de fausset t'iront très bien...

  • Cette histoire de Halde pose quand-même un gros-gros-gros problème.
    Il est manifeste que ces gens sont bardés, entrelardés et farcis de bonnes intentions. On peut même honnêtement considérer qu'ils sont une sorte d'hybride volaillère droite-gauche et qu'ils justifient cette incarnation par un réel souci de rectification du tir éducatif et culturel, et par une sorte de posture égalitaro-communautaire - ultra-chrétienne qui s'ignore - de réconciliation. Mais, ainsi que vous le signalez, Montalte, vous n'êtes pas franchement pour l'adoption d'enfants par les couples homosexuels. Et moi non plus. Le rapport peut paraitre lointain, mais me semble procéder de la même analogie : dans cette histoire de Halde, comme dans ces histoires d'adoption, seuls les enfants sont oubliés. Nul ne se soucie de savoir ce qu'il adviendra des enfants élevés de cette manière. En bref, il s'agit donc, qu'on le veuille ou non, d'une expérimentation in vivo. Je souhaiterais pour ma part qu'elle soit datée et que demain nous puissions dire, si tel est le cas, que nous avons fait erreur et que nous en tirions les conséquences. Or, le gros-gros-gros problème c'est que cela ne se passera pas ainsi et que sur ce sujet nous deviendrons amnésiques.
    Ca s'est déjà produit.
    Qui a eu vent par exemple de ce très sérieux "rapport de l'Inserm sur les psychothérapies" ? Un indice : c'était sous Douste-Blazy. (rapport qui devant le tollé général et la pression psy a été promptement retiré. Pfou. On a eu chaud. On touche pas aux vaches sacrées, comme dit je-ne-sais-plus quel président..., surtout quand elles risquent d'encombrer les rues aux heures d'affluence). Bref : la psychiatrie ne soigne pas et nous serons les deniers à l'apprendre (comme il n'est pas exclu qu'un jour lointain nous n'apprenions que la guerre est meurtrière, allez savoir...).
    Et ça n'est qu'un exemple parmi d'autres.
    Terre de toutes les expérimentations, la France est une exception globale où l'amnésie est la règle. Thanks God, the French exist (Hollywood ending)

  • Pour ceux que ça intéresse
    http://reseau-parental.blogspot.com/2008/12/rapport-inserm-valuations.html

  • Excellent article contre cette nouvelle "police politique" que constitue la HALDE.

    Au nom de l'anti-racisme, de l'anti-xénophobie, on condamne des gens parcequ'ils expriment leurs opinions , on veux faire fermer des théatres, on censures des livres, des affiches, on veut faire de la discrimination et ramener un individu a son constitution biologique (ethnique / sexuelle)...

    et tout cela au nom des valeurs républicaines !

  • On va préciser, même si dans le fond on est d'accord sur pas mal de choses (bon, toujours pas sur ton amalgame entre pratiques sexuelles et identité amoureuse, mais ça, c'est comme d'hab').

    Tout d'abord il y a des cours de sexualité à l'école. En tous les cas dans mon école. Pas assurés par un prof de SVT mais par l'infirmière (une intervention par classe en 3e, de 2h, je crois, en séparant d'ailleurs filles et garçons). Cette intervention sert davantage à répondre aux questions et préoccupations des élèves qu'à faire un cours, je crois. Et si les élèves ont besoin/envie d'y parler homosexualité, ou si l'intervenante (l'infirmière, ici, donc) souhaite leur en parler, je trouve ça très bien. Pas pour faire une séquence de cours de 3 semaines dessus (je n'ai pas demandé à ce que ce soit au programme, l'homosexualité : faut pas déconner), mais pour savoir que ça existe et que ce n'est pas grave. Voilà. Au passage, s'ils veulent parler sado-masochisme, j'imagine qu'ils peuvent aussi ^^. Il n'y a donc pas confusion entre le cours de SVT (qui n'est pas là pour parler des pratiques sexuelles, on est d'accord) et cette intervention, au demeurant à mon sens la plus utile de celles que nous avons, car nos élèves sont aussi "sensibilisés" (berk !) sur les addictions, la violence, la tabac, la loi (et c'est d'ailleurs souvent mal fait et improductif).

    Au passage, tous les élèves (et heureusement) n'entrent pas automatiquement dans le malaise ou dans le chahut quand on parle homosexualité. Ca ne m'est jamais arrivé, au contraire. Y'a pas que les gamins d' "Entre les murs" dans la vie et dans nos salles, hein !

    A partir de là, je ne suis pas contre (et même plutôt pour) qu'il y ait un noir dans les petites vignettes des livres de langues vivantes, que ce soit parfois Fatiha (et même Mohammed) plutôt que Marie ou Julien qui aille au marché pour acheter 2x+8 carottes et 3y+2 poireaux.... bref, que les représentations proposées par les manuels au niveau de l'habillage (de l'habillage, hein !) soient variées (mais sans demander le bûcher pour ceux qui ne le font pas). Ca ne fera de mal à personne et c'est même plutôt sympathique. La où la Halde se gourre monstrueusement, c'est qu'elle confond l'habillage (la marge) et le contenu (le savoir). Ronsard fait partie de notre culture commune, de notre patrimoine littéraire ; Fouad, non. Les cours de maths sont là pour apprendre les maths, pas pour lutter contre le sexisme et le racisme. Ce serait criminel donc (et là on se rejoint) de ne pas leur parler de l'amour et de la mort à travers les grands textes. Car dans les grands textes, il est donné à tous les élèves, quelles que soient leurs singularités, de s'y retrouver.

  • L'infirmière et ses deux heures d'introduction à la sexualité (oui, enfin bon...) par an, comme tu le dis, sont plus une intervention qu'un cours. Et sans doute cela peut-il éclairer tel ou tel qui se pose des questions - même si je doute que l'un d'entre eux ou l'une d'entre elles pose une question intime, car le sexe, l'on en parle entre copains ou copines (si l'on en parle) et pas forcément en groupe.
    Personnellement, nous avions eu dans le même genre en 1985 ou 86 (j'avais 16 ans) une intervention d'un gynécologue sur les maladies vénériennes. C'était de la prévention, de la technique (comment mettre une capote), et c'était très bien fait car très neutre... Cela dit, elle me plaît bien ton infirmière. "Madame, je peux vous poser une question en privé ? - Oui, mon garçon, viens un peu ici. - Eh bien voilà, dès fois le soir, avant de m'endormir, en fait je ne sais pas comment on fait, vous savez, vous ? ...."

    Quant à la présence de noirs ou d'arabes sur les vignettes des livres de langue vivante, je n'ai rien contre puisque là nous ne sommes pas dans une dimension intime, donc problématique, de l'identité, mais dans une dimension extime, ethnique, extérieure, et qui en France a évidemment droit de cité. C'est la grande différence entre une minorité ethnique (c'est-à-dire une minorité qui est une majorité dans son pays d'origine) et une minorité sexuelle - qui par définition, reste marginale partout (le pourcentage d'homosexuels étant, je suppose, le même dans tous les pays ?) Pour le dire franchement, l'image d'une famille black blanc beur qui va acheter ses carottes n'a en aucun cas le caractère problématique (car intime, singulier, etc...) d'une famille homoparentale qui irait acheter ses... son... sa...heu... Putain, impossible de trouver un légume sans faire une blague homophobe !!!!!!!!! Bref, on s'est compris.

    Sinon, je relis à l'instant le texte de la chanson de Fouad et je m'aperçois d'une nouvelle obscénité anti-littéraire :

    "A partir d'une page tu peux pas raconter une histoire",

    scande-t-il fièrement tout au long de sa chanson. Soit ils se sont trompés dans la transcription du texte, soit ils n'ont jamais lu une mini nouvelle de Kafka, ou n'importe quel sonnet racontant à sa manière une histoire, car, oui, mon pauvre Fouad, victime bien innocente d'ailleurs d'une institution à côté de la plaque,

    "à partir d'une page tu peux raconter une histoire".

  • Mon lapin sans vouloir te vexer, le jour où en France ce seront les gardiens de musée qui feront les lois et qui décideront qui sont ceux qui ont le droit d'élever les enfants, il vaudra mieux changer de pays ...

  • "même si je doute que l'un d'entre eux ou l'une d'entre elles pose une question intime, car le sexe, l'on en parle entre copains ou copines (si l'on en parle) et pas forcément en groupe."

    Je crois qu'il y a un système pour que les questions puissent être anonymes (écrites sur papier, et peut-être remises avant, même... je me renseignerai). Le fait de séparer aussi par sexe (pour une fois que je suis d'accord avec ça ^^) aide également, je pense.

    Je ne vois par ailleurs pas vraiment en quoi le fait qu'une minorité soit majoritaire ailleurs lui donne une légitimité représentative particulière par rapport à d'autres qui ne le sont pas. Les handicapés sont minoritaires dans tous les pays : on ne va donc pas les représenter ? Je crois plutôt que tu essaies de trouver une justification pour ne pas représenter celle qui te pose idéologiquement (et même cosmologiquement) problème, là ^^. Toutefois, vu qu'une minorité sexuelle est avant tout invisible (tant qu'elle ne hurle pas "je suis homo"), la question de sa représentation (en termes d'images) se pose moins, je pense, et il faudrait vraiment représenter des situations plutôt que des individus (on voit dans l'image que Frantz est noir, mais comment savoir si Helga est lesbienne ?), et je ne crois pas que ce soit le but. J'ai en revanche déjà abordé un texte traitant d'homosexualité avec mes élèves de 3e (dans ma grande séquence à vocation argumentative sur la discrimination à travers le prisme de la grande littérature : racisme et Voltaire, sexisme et Nothomb ^^, "pauvrisme" et La Bruyère, et donc homophobie et Mishima) : ce fut très intéressant (et nettement moins polémique que le racisme, d'ailleurs, comme quoi...).

  • Ce que je voulais dire, c'est qu'il y a des minorités marginales et qui par définition ne sont pas représentatives du plus grand nombre.
    L'image d'une famille de français d'origine étrangère qui va au marché, c'est normatif (ou ça devrait l'être) et c'est très bien comme ça.
    L'image d'une famille d'homos ou une famille d'handicapés (désolé pour le rapprochement...) renvoie moins à l'idée de famille qu'à l'idée de leur singularité respective, et cela n'a aucun sens. Car dans l'image d'un aveugle, d'un cul de jatte ou d'une femme à barbe qui vont au marché, on verra plus cet aveugle, ce cul de jatte et cette femme à barbe, et même s'ils sont des gens très bien, plutôt que des quidams allant faire leur marché et encore moins le problème d'arithmétique que l'on essayait de poser derrière tout ça.

  • Raphaël Juldé constituant à lui seul une minorité sexuelle éprouvée, il serait temps de lui rendre justice...

  • En tant qu' "issu d'une minorité visible" (encore que mon faciès soit plutôt "passe partout") je dirai que le plus important est le droit à l'indifférence...

  • Et voilà que je suis cité dans la revue d'extrême droite Lectures françaises de février 09 sous la plume de Jacques Villemonais.

  • Eh ben...

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