Genèse 25 – 26
Tout se répète (ou continue).
La vie, la mort - ou plus exactement la fertilité, la stérilité.
Depuis le début de la Genèse, la génétique est, avec la distinction des sexes, la principale thématique (pour ne pas dire dramatique) biblique.
Création, procréation, reproduction - la première et dernière affaire des hommes et des femmes, et de Dieu.
Et la stérilité, le premier drame de l’humanité.
Et Rebecca, comme naguère Sarah, se révèle stérile.
Jacob et Esaü (le plat de lentilles), par Matthias Stom (ou Stomer)
Isaac implore Yahvé et lui dit quelque chose comme : après avoir fait semblant de me sacrifier, tu peux faire semblant que ma femme soit stérile, non, ducon ?
Yahvé exauce Isaac. Rebecca se retrouve enceinte de jumeaux.
Des jumeaux - c'est-à-dire des frères ennemis.
De nouveau Caïn et Abel !
Rebecca sent déjà cette guerre dans son ventre :
« Les enfants se heurtaient ».
Dépressive grossesse.
« S'il en est ainsi, à quoi bon vivre ? », pleure-t-elle.
« Il y a deux peuples en toi, lui explique Yavhé, ils se sépareront, l'un dominera l'autre, l'ainé servira le cadet ».
Ah ben d'accord. Jamais la paix, l'égalité. Le moins qu'on puisse dire est que Yavhé n'est pas marxiste.
Toujours la guerre, la domination, et ici le scandale :
l'aîné qui va devoir servir le cadet contre toutes les règles de l'humanité ! Yavhé n'est ni marxiste ni tradi.
L'aîné, un roux poilu, autant dire un diable, un Poil de Carotte, un Judas, s'appellera Esaü.
Le cadet, qui tient le talon de son frère quand il naît, sera nommé Jacob.
Le premier deviendra chasseur et le préféré du père (car il court la steppe et ramène le gibier).
Le second ne sortira pas des jupes de sa mère dont il sera le chouchou chochotte. Et c'est lui qui devra l'emporter, misère de Dieu !
L'histoire est une des plus injustes possibles, comme seule la Bible en contient.
Un jour, Esaü rentre de la chasse, affamé, exténué, quasi mort.
Jacob vient de préparer un plat de lentilles.
Esaü lui demande de le lui servir.
D'accord, répond Jacob, mais dans ce cas, tu me cèdes ton droit d'aînesse.
Esaü, au bord de l'évanouissement, accepte dans un souffle :
« voici que je vais mourir, à quoi me servira le droit d'aînesse ? ».
« Ce n'est pas tout, insiste Jacob, prête-moi d'abord serment ».
Le pauvre frère aîné jure.
Jacob lui donne alors ses lentilles et devient chef de famille, le petit con !
