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Les accélérateurs II (d'après Illuminations)

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Esprit

 

Apocalypse, Jean.

« Parce que le premier état sera passé » - Deuxième vie.

Aller à l’Esprit par n’importe quel moyen. Enfer (une saison), illumination, chasse spirituelle.

« Ô le plus violent paradis ! » (Rimbaud.)

Être solaire avec les choses.

Dévoilement.

Eclaircie.

Saint-Esprit.

 

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Rimbaud, notre Orphée.

 

« J’assiste à l’éclosion de ma pensée ».

Redéfinir la sainteté à travers lui.

Réinventer l'amour (avec N.)

« Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie. 
Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche.
Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne : le nouvel amour !
"Change nos lots, crible les fléaux, à commencer par le temps", te chantent ces enfants. "Élève n'importe où la substance de nos fortunes et de nos vœux", on t'en prie.
Arrivée de toujours, tu t'en iras partout. » 

 

« Donc tu te dégages

Des humains suffrages,

Des communs élans !

Tu voles selon. »

 

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Hallāj

 

Le mystique Hallāj, crucifié en 922, qui disait que Satan pleurait sur la beauté du monde.

La joie rationnelle (spinoziste, hegelienne). Sur ce point, je préfère Rosset. La joie irrationnelle, insoucieuse, tragique - grâcieuse !

 

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La mort de Hallâj

 

Parménide

 

L'être éternel, soit.

Mais cavales, coursiers, roues, moyeux, « essieu brûlant des roues », « cris de flûte », jeunes filles, caresses, chevilles, verrous et par-dessus tout « la déesse qui reçoit avec bienveillance, qui prend ma main droite dans la sienne et qui me dit : “salut jeune homme. !“ »

+ « la vérité bellement circulaire », « les opinions imbéciles des hommes. »

Ce poème est d’abord celui d’un attelage ailé, d’un transport mené par des juments.

« Des grandes juments bleus et noirs », dirait Rimbaud.

« POURQUOI S’INTERDIRE DE L’IMAGINER ? »

(J'adore cette phrase.)

Le nihilisme, c’est ne pas penser le néant et donc y tomber. C’est ne pas voir le mal et donc y participer. C’est ignorer la mort et donc rater sa vie.

« Et les marguerites demandent grâce au jour. »

 

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Rimbaud encore (et Nietzsche)

 

Mettre « amour » (ou N.) à la place du mot « génie » dans Génie.

« Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. » (Rimbaud).

Recevons N., déesse bienveillante par excellence. Au moins, « ôter, rien qu’un petit instant, le verrou sur la porte. »

Nietzsche contre la Lune, au nom du soleil. Re-bof.

Les Proses évangéliques de Rimbaud.

« Tu es prophète, tu sais ce que j’ai fait », disait la Samaritaine, une des plus belles choses qu’on puisse dire au Christ : « Tu sais ».

Jésus remet ses péchés au paralytique. Mais on lui demande de lui rendre sa marche. Il le fait en précisant que le pardon est plus miraculeux que le miracle.

Aimer notre être, nos manques, nos bosses. « Si l’on retire sa bosse au bossu, on lui ôte son esprit » (Zarathoustra).

Pour Hölderlin, Jésus, Dionysos et Héraclès sont frères. 

 

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Le Christ et la samaritaine par Guercino, 1619

 

Novalis

 

Novalis – le poète total. « C’est Novalis qui m’a aidé à tenir le coup », disait Armel Guerne pendant l’Occupation.

 

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Novalis, Buste de Novalis, Fritz Schaper

 

 Ablatif

 

Les célérités littéraires : Dante, Pascal, Rimbaud, Sollers. Des auteurs qui vont vite. D’ailleurs, latinistes qui pratiquent l’ablatif absolu – expression ou mot détaché de la phrase et qui exprime en une concision maximale une action, une situation, une station. Exemple : Cicerone consule : Sous le consulat de Cicéron (mot à mot : « Cicéron [étant] consul »). Il peut être réduit à un participe passé passif, un seul mot. Autre exemple : Augurato  (après avoir pris les augures, mot à mot « [cela] ayant été auguré »), Explorato.  

Ablatif - emblème de la latinité.

Ablatif - ce qui concentre et qui va vite.

 

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De Kooning, Porte à la rivière, 1960

 

 

Marguerite Porète

 

Marguerite Porète, poétesse brûlée vive le 1er juin 1310 pour avoir écrit Le Miroir des âmes simples, le plus ancien texte mystique écrit en français.

Pour vous, Claire Fourier, obligé !

 

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Maître Eckhart

 

Eckart ou la révélation du néant… divin.

Illumination du libre rien (contre le servile quelque chose.)

« Nous prions Dieu d’être libérés de Dieu. »

« Il est plus nécessaire de perdre Dieu que de perdre la créature. »

« Le plus grand bonheur que l’âme puisse faire à Dieu, c’est de l’abandonner à lui-même et de s’affranchir de lui. »

« Je prie Dieu pour qu’il me rende quitte de Dieu. »

Dieu pur et vide de toute image et de toute forme, libre de lui-même. 

Dieu n’est pas néant mais le néant est en lui.

//Angélus Silésius.

Déité – surdéité.

« Dieu est un rien pur ».

« Dieu n’est ni ceci ni cela – laisse le quelque chose. »

 

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Signes

 

Hegel, Hölderlin, Rimbaud – ces auteurs avec lesquels on en a jamais fini, sur lesquels on bute et qui brusquement nous font signe. S'ouvrent et se déploient en nous avant de se refermer. Une illumination, une éclaircie, une brusque clarté. Un chemin qui tarde et se hâte.

Le secret de la grandeur, c'est de savoir qu'il y a de plus grand que soi. Le petit est incapable de croire qu'il y en a de plus grand que lui.

Et le secret, c'est la tendresse, « l'immense tendresse où tout est en rapport avec tout ». « La tendresse réelle », disait Rimbaud.

« Dieu est mort mais il a la fâcheuse habitude de ressusciter le troisième jour. » (Claudel).

 

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ADDENDUM - DELON PAR SOLLERS

L’ACTEUR

Il m’arrive assez souvent de réfléchir aux possibilités invisibles du corps humain. La peinture, paradoxalement, m’y entraîne. En travaillant sur Francis Bacon, par exemple, je cherche à comprendre ce qu’il montre, quelle rapide et aveugle harmonie.

Un matin, sur l’aéroport de Genève, l’avion pour Paris où je me trouvais assis près d’un hublot, attendait un dernier voyageur. Il se montra bientôt de loin, l’air dégagé, avançant calmement sur la piste. Le phénomène était curieux : non seulement cet inconnu avait son allure propre, mais il montrait une technique spontanée de réflexion de l’espace. L’espace, en effet, on n’y fait pas assez attention, se module en fonction des corps. Soit il se ferme, se restreint ; soit il s’ouvre. Soit il se complique inutilement, se psychologise, devient bavard, lourd, prétentieux ; soit il s’impose comme étant sans limites. Au fond, la plupart du temps, l’être humain dérange l’espace, le réprime, l’empêche de s’exprimer. Et puis, parfois, rarement, l’accord.

L’inconnu en question marchait donc en lui-même. On sentait que, pour lui, il n’y avait pas de différence entre une rue, un couloir, une chambre, un pont, une plaine, un désert. Liberté ? Quelque chose comme ça. Il finit par entrer dans l’appareil, et, là, impossible de ne pas le reconnaître : c’était Alain Delon.

Je dois avouer, de nouveau, que le cinéma m’intéresse très peu, que je n’entre presque jamais dans une salle, que je regarde plus que distraitement la télévision, la réalité étant depuis longtemps devenue un film auquel chacun essaie de se conformer (pas moi). Encore une fois, la peinture, ou la sculpture m’apprennent à ouvrir les yeux, le reste est silence. Bien sûr, j’ai vu Delon jouer des rôles (celui qui me semble lui convenir le mieux étant celui du Samouraï). Mais le problème n’est pas là. Sa volonté, sa maîtrise, sa nonchalance aux aguets, son autonomie, son innocence, sa ruse, sa solitude font de lui l’un des plus grands acteurs de tous les temps, le seul Français, je crois, qui ait une dimension mondiale. Quel nom, aussi, Alain Delon ! On y entend l’Un, le Deux, l’On, étrange aristocratie secrète.

« Cependant, c’est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l’aurore, armés d’une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes. » 

Cette phrase d’Adieu, dans Une saison en enfer, de Rimbaud me semble lui convenir. Qu’importe le spectacle ; il s’agit, n’est-ce pas, d’autre chose.

 

Philippe Sollers, février 1996.

 

Mon dossier de mars 2020:http://www.pileface.com/sollers/spip.php?article2219

 

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Les accélérateurs I (Théorie des exceptions.)

 

 

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