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Benoît XVI, l'exorciste

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[Texte publié une première fois le 24 mars 2009, relu et corrigé.]


Dans le mythe (c'est-à-dire le paganisme), le divin, c'est la foule. Dans le christianisme (c'est-à-dire la religion civilisée), le divin, c'est la personne. Dans le mythe, la foule (ou le chœur, ou la meute) a raison contre la personne - celle-ci d'ailleurs sacrifiée à la plus grande joie dionysiaque de tous. Dans le christianisme, la foule l'emporte toujours contre la personne, mais cette fois-ci dans la honte et l'amertume. C'est qu'avec le christianisme la violence n'est plus cathartique mais horrible et scandaleuse.  De même au cinéma. Lorsque  dans un film la violence est filmée de façon rigolote, excitante (série des Saw, des Hostel) ou vengeresse (Django unchained) on est dans le païen, alors que lorsqu'elle est filmée de manière problématique, voire insoutenable (chez Kubrick, Pasolini, Scorsese, Haneke), on est dans le chrétien - vous pourrez remplacer, si cela vous chante, « païen » par  « barbare » et « chrétien » par « humain », c'est la même chose. Dans le christianisme, ou l'humanité réalisée, l'unanimité mimétique ne fait plus recette. Et c'est pourquoi les hommes adultères se résolvent, bien à contre-coeur, à ne pas lapider la femme adultère. C'est là l'un des rares succès sociaux du Christ, sinon le seul, pendant son ministère. A la fin, la violence mimétique et païenne reprendra le dessus et la foule ordonnera sa mise à mort.

Toute l'histoire du monde est une lutte entre la révélation chrétienne de l'horreur païenne et la résolution païenne du conflit chrétien dans le sang et la mort. Evidemment, il a pu arriver aux chrétiens d'être eux-mêmes très païens dans leurs réactions (comme par exemple pendant la saint Barthélémy ou lors de l'Affaire Dreyfus – car ils étaient bien païens, les antidreyfusards, cathos ou non, comme ils étaient bien chrétiens, les dreyfusards, laïcs ou non). De même, il a pu arriver à certains païens d'être très chrétiens dans les leurs, à commencer par le centurion romain face à Jésus. En vérité, on fait usage du christianisme comme l'on fait usage de notre cerveau - à trois ou quatre pour cent de ses potentialités, selon les scientifiques.  Force est de constater  que nous sommes  la plupart du temps païens dans nos vies : comme l’a montré le vote d’une loi récente allant contre toutes les lois anthropologiques, le désir est mon droit, mon droit est ma force, ma force est mon désir. Quant au bouc émissaire, il reste notre première envie, même si on a été obligé d’admettre, et cela grâce au christianisme, que le sacrifice d'autrui était une méthode particulièrement abjecte de paix sociale. Qu’à cela ne tienne, nos boucs émissaires seront désormais d’affreux criminels afin que personne ne vienne trouver à redire de nos choix sacrificiels. Avec tel nazi ou tel pédophile, ou les deux, notre bonne conscience sera en paix et même se félicitera d’être aussi morale. Et si l’on peut ensuite faire porter le soupçon de pédophilie ou de nazisme, cela sera encore mieux. L’important est de pouvoir lyncher en paix.Tous les efforts qu’on a mis à tenter de prouver que Benoît XVI pouvait être les deux. Tous les efforts pour faire croire que ce pape était le diable alors qu’il n’était qu’un exorciste.

Tel le Christ-Roi, Benoît XVI est aujourd'hui le bouc émissaire idéal du monde. Le nouveau grand méchant loup que notre très nauséeuse époque s'est trouvé. L'enfoiré pontife qui flirte avec le pire (Williamson) et abandonne le mieux (la capote) pour le bien (l'amour  spirituel). Pour autant, on peut retourner le problème et  voir alors en lui l'exorciste dont notre monde insensé, imbécile et irresponsable avait besoin. Enfin, "notre monde"... Le monde occidental, païen, cathare et bling-bling, le monde d'Homo Festivus et de ses bobos-lilis, le monde des Guignols de la désinfo comme celui du Marais,  le monde de Anal Plus comme celui de Golias - cette revue hérétique  soi-disant catholique qui passe son temps à plaider pour l'esprit du monde qui souffle là où on le lui demande plutôt que pour l'Esprit Saint qui souffle là où il veut.  Car ailleurs, et notamment dans le Tiers-Monde, le pape ne passe pas du tout pour un "assassin criminel super salaud sans coeur" mais plutôt  pour un héros qui apporte l'amour et l'espérance.

 

BENOIT EN AFRIQUE


pape en Afrique.jpgAu fond, c'est notre souveraineté hédoniste, teintée de racisme sanitaire, qui a refusé de voir que la visite en Afrique de ce saint qu'on appelle Benoît XVI représentait pour les communautés catholiques du Cameroun ou de l'Angola un incomparable moment de joie spirituelle, un immense espoir de fraternité et de compréhension, et par-dessus tout, une prise en compte adéquate de la sensibilité africaine. 

En vérité, nous offensions les Africains quand nous répétions, plein de bave et de rage mimétiques, que le pape leur apportait la mort et la misère. Outre  le mépris extrême envers ceux qui osent vivre sans nos capotes ni nos pin's, c’est la preuve que nous ne comprenions  rien à la conception de la vie et de la mort telle que les sociétés traditionnelles les ont toujours conçues – à savoir que l’individu est sacrifié à la vie. Pour nous qui, en Occident, sacrifions plutôt la vie à l’individu, c’est assez insoutenable.  Rappeler aux ouailles déshumanisées que nous sommes que l’humanité s’est toujours donnée des valeurs qui allaient bien au-delà de son bien-être et de sa survie, et que l'existence n'avait de sens qu'en fonction de quelque chose qui la dépassait, et parfois la remettait en question, est un crime chez nous.

A vrai dire, il n’y a guère que “chez nous”, dans notre Meilleur des Mondes immanent et individualiste (et l'individualisme n'est pas forcément un mal en soi), que l’on a renoncé à la transcendance et à la condition humaine. Et puis quelle arrogance que la nôtre de s'en prendre à l'innocence sexuelle, c'est-à-dire à l'instinct vital, qui est souvent la seule chose qui reste aux pays pauvres ! La maîtrise malthusienne de la vie, c’est, comme la boulimie ou la dépression, notre affaire à nous, les riches, les nantis, les petits blancs et les gros du bide. Et cela nous rend méchants, sinon racistes envers ceux qui pensent que la vie est sacrée, même neuf mois. "Ils sont inéduqués, incultes, ils ne savent pas ce qui est bon pour eux, comme la capote ou le coca", raisonnons-nous. Eh toi, homme  noir, toi y en as mettre le préservatif, comme ça, toi y en seras aussi malin qu'homme blanc.

Le vice fondateur de la pensée immanente, "moderne", et qui à bien des égards reste marxiste, est qu'elle ne pense la vie qu'en fonction de la survie. Le dialecticien matérialiste refuse de toutes ses forces le fait réel, c'est-à-dire métaphysique, que l’homme se pense non selon sa survie mais selon sa vie - et peut-être encore plus selon sa mort. Comme le dit Pascal, être humain, ce n'est pas craindre la mort simplement dans le péril, c'est la craindre hors du péril. Or l'Homo Festivus se fout du silence éternel des espaces infinis comme d'une guigne. Lui ne croit qu’au « concret » sans se rendre compte que le « concret » ne fut toujours que le degré zéro de la réalité. Toute l’histoire du monde montre que l’humanité a toujours été plus sensible au symbolique, au moral et au métaphysique qu’au matérialisme dialectique. Toute l’histoire du monde montre que c’est la condition historique et religieuse qui définit l’homme et non pas sa condition « gastrique ». L'immanent croit que l’homme veut avant tout contenter ses besoins primitifs avant de contenter ses besoins spirituels. « La bouffe d’abord, la morale après ! », hurlait un personnage de Bertolt Brecht. Mais en Inde, on est prêt à mourir de faim plutôt que de tuer une vache. Et en Afrique, l’on laisse de côté tous les sacs de « bouffe » occidentale que l’on ne sait pas cuisiner. C’est que l’homme se définit moins selon son estomac que selon ses papilles. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas la bouffe, c’est la cuisine. Sa cuisine. Ses rituels. Sa  façon de saler et de poivrer. L’homme, c’est là sa grandeur et sa singularité, est prêt à mourir si on le réduit simplement à sa survie – ce que fait l'immanent. L'immanent voit en l’homme un tube digestif. Or, l’homme est d’abord un tube métaphysique et qui se définit comme tel.

Trêve de métaphysique, revenons à ce qui nous occupe. Quand le pape dit des préservatifs qu'  "ils aggravent le problème” (et même si ce n’est pas exactement la phrase, mais l’on n’en est pas à trois désinformations près), il veut dire en substance qu’en Afrique, le préservatif est plus un facteur de désordre sexuel que de prévention, plus un accroissement de la soumission des femmes par les hommes qu'un progrès de l'égalité des sexes, sans compter que la capote sert souvent à tous les hommes du village et à l'envers comme à l'endroit.

medium_gandhi.jpgPour autant qu'ils aient été lapidaires et sans explication, il faut quand même rappeler que ces propos du pape sur le préservatif ont été faits dans l'avion qui le menait  au Cameroun et  à des journalistes qui lui posaient les habituelles questions idiotes - et non à une foule en délire pour qui la parole du pape est, paraît-il, d'évangile. Et d’ailleurs, même si elle l’était, où serait le problème ? Le credo du pape sur ces questions reste avant tout la fidélité et l’abstinence.  Sustine et abstine. Cela peut paraître dur, cela n’est en aucun cas irresponsable. Et c'est même sacrément pragmatique dans  des pays où  le quart de la population est contaminé. Certes, abstinence et fidélité ne soigneront  pas les sidéens (qui est l'affaire de la médecine), mais ils seront au moins pour les autres la garantie d'une prévention contre le sida bien plus efficace que  la capote  qui, elle, contient toujours un pourcentage de risque. Que des connards de la rive gauche arguent que  prôner l'abstinence n'est pas humain, sinon "normal", serait risible si la situation en Afrique n'était tragique. D'abord, l'idéal ascétique est l'un des plus vieux idéaux de l'humanité et celui qui nous a donné tous les grands saints et tous les grands penseurs ; ensuite, dans un environnement où le sida fait des ravages, la meilleure chose à faire, au lieu de penser humainement à baiser, serait plutôt de penser humainement à protéger sa vie en ne baisant pas. Mais non ! Pour Dechavanne et tous les sidactionnaires, il semble que l'abstinence soit plus horrifiante que le sida lui-même. La fidélité les offusque plus que la souffrance d'être malade ! En fait, ils pensent que le préservatif protège du sida exactement comme les Américains  du NRA pensent que les armes à feu protègent des méchants. Or le préservatif incite plus à la baise qu'à la préservation. La capote suscite le vagabondage sexuel. La capote, c'est pour aller voir les putes, ou pire, pour obliger les femmes et leurs filles à devenir telles. Mets ta capote et tais-toi.

Les Africains, les cons, préfèrent écouter le pape plutôt que Dechavanne.


 

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Comme le disent deux africaines interviewées dans La Croix,

« Évidemment, le pape a raison de critiquer le préservatif, explique Irène Monique Ekoutr, dans la vie : civile animatrice de développement communautaire. « Le préservatif, c’est le grand prétexte que les hommes ont trouvé pour encourager la prostitution : ici, on prostitue les filles, dès douze ans ». Berthe Elisa Mitsake, à ses côtés, appuie du chef : « Le préservatif est entré dans la tête du mâle africain, et il en profite pour nous transformer en esclaves ». Pour autant, ces deux solides mères de famille ne sont pas « contre » le préservatif, par principe : « Quand on est marié, il y a des avantages, cela permet d’éviter les grossesses non désirées, et les maladies », confirme encore Irène Ekoutr : « Il faut que chacun discute, voie les aspects négatifs et positifs. Mais l’inconvénient majeur, répète-t-elle, quand on en distribue comme ça, c’est que cela encourage la prostitution ».

De toutes façons, et comme le déclare dans le même article le père Serge Julien, de Bafoussan, l’un des responsables camerounais de cette venue historique,

« le pape n’est pas venu nous voir pour résoudre le problème du sida, encore moins du préservatif : comme d’habitude, vous, Occidentaux, ne tenez pas compte de notre sensibilité ! »

- phrase très significative et qui rappelle l’admirable sentence de Claudel :

« Le Christ n’est pas venir abolir la souffrance, mais l’emplir de sa présence ».

Oui, le pape n'est pas venu apporter des médicaments, mais bénir les blessés de la vie, sanctifier leurs plaies. Devant un geste si beau, seuls les ploucs anti-métaphysiques rigolent. La force du symbolique, c'est bien ce que notre monde sans forces a évacué. Je le sais, moi qui suis si faible, si moderne, si dépressif, et qui essaye au moins, et en partie grâce au pape, de ne pas être trop à côté de la plaque, de garder un reste de bon sens. Dans ce déchaînement de haine contre Benoît XVI (et qui révèlent les faces de bouc de  la société festive), je vois surtout la haine du monde pour la charité, la compassion, l'espérance, la liberté, et peut-être même le sexe. Tous ces gens qui dénoncent le "matérialisme" de notre société sans voir que ce morceau de latex est bien le triomphe de la matière sur l'âme... et sur le corps. Préservez-nous du contact, sainte capote, préservez-nous de la chair, de la pensée de la chair, préservez-nous de l'amour surtout.  L'amour encore plus compliqué que l'Orient. L'amour beaucoup trop monstre pour nous. En Occident, dès que l'on entend le mot "amour", on sort nos capotes ! "Les kapos de la capote", c'était mon premier titre - je le laisse à qui le veut. Et leur injonction à mettre le ruban rouge du Sidaction à toutes les émissions, y compris au Jour du Seigneur et à Présences protestantes, bande de sous-crétins fluorescents. C'est plutôt le sigle de l'année saint Paul qu'il aurait fallu mettre. Mais saint Paul, ce n'est pas pour eux ! Tout ce qui a fait le génie du christianisme n'est plus pour eux ! Tous protégés dans un monde super fun sans négatif ni transcendance, ni risque ni rien ! Ou plutôt que du rien marrant. Positive attitude. Néant cool. Sida mental.

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Avec tout ça, on en a oublié ce que Benoît XVI était vraiment venu dire en Afrique. Et avant tout,  parler de cette identité africaine menacée par le village-monde. Comme d'habitude, les discours furent remarquables de clarté et de cohérence - et contre ceux qui diront que parler d "identité africaine" est un déni raciste de tous les pays qui composent l'Afrique, on répondra que l'idée d'une "identité africaine"  est  aussi forte que l'idée d'une "identité européenne", et comme lui en parla si bien dans son sublime discours au Collège des Bernardins l'automne dernier.

Enfin, l'amour conjugal et familial célébré à travers la personne de Joseph. Qui a lu cette magnifique homélie faite au stade de Yaoundé ? Cette ode à Joseph (qui est aussi le prénom du pape et auquel il a fait personnellement allusion) comme ode à la paternité et  à l'abnégation et dont voici l'extrait le plus significatif :

"L’Évangile vient de nous le rappeler. L’Ange lui avait dit : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20) et c’est exactement ce qu’il a fait : « Il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Pourquoi saint Matthieu a-t-il tenu à noter cette fidélité aux paroles reçues du messager de Dieu, sinon pour nous inviter à imiter cette fidélité pleine d’amour ?

La première lecture que nous venons d’entendre ne parle pas explicitement de saint Joseph, mais elle nous apprend beaucoup de choses sur lui. Le prophète Nathan va dire à David, sur l'ordre de Dieu lui-même : « Je te donnerai un successeur dans ta descendance » (2 S 7, 12). David doit accepter de mourir sans voir la réalisation de cette promesse, qui s’accomplira « quand [sa] vie sera achevée » et qu’il reposera « auprès de [ses] pères ». Ainsi, nous voyons qu’un des vœux les plus chers de l’homme, celui d'être le témoin de la fécondité de son action, n’est pas toujours exaucé par Dieu. Je pense à ceux parmi vous qui sont pères et mères de famille : ils ont très légitimement le désir de donner le meilleur d’eux-mêmes à leurs enfants et ils veulent les voir parvenir à une véritable réussite. Pourtant, il ne faut pas se tromper sur cette réussite : ce que Dieu demande à David, c’est de Lui faire confiance. David ne verra pas lui-même son successeur, celui qui aura un trône « stable pour toujours » (2 S 7, 16), car ce successeur annoncé sous le voile de la prophétie, c’est Jésus.  David fait confiance à Dieu. De même, Joseph fait confiance à Dieu, quand il écoute son messager, son Ange, lui dire : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20). Joseph est, dans l’histoire, l’homme qui a donné à Dieu la plus grande preuve de confiance, même devant une annonce aussi stupéfiante.

Chers frères et sœurs, je vous le dis à nouveau de tout cœur : comme Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, c’est-à-dire ne craignez pas d’aimer l’Église (...)"

On voit à quel niveau se situe le débat hors capote. Joseph, c'est l'homme humble qui accepte de recevoir Marie et d'être le père humain de leur enfant. C'est celui qui n'a pas besoin d'être le géniteur pour être le père, qui adopte le fils de sa femme, qui aime  au-delà des liens  biologiques, et qui en ce sens est peut-être la figure de la paternité la plus pure, la plus absolue. C'est enfin la créature qui s'en remet absolument à  son créateur - et non pas tant par obéissance aveugle (comme Abraham avec Isaac)  que par confiance. Et dans la confiance, il y a toujours de la béatitude. Dans notre monde où l'on nous incite à la révolte permanente, tout en nous surveillant comme aucune société ne l'a faite, l'appel à l'abnégation est le péché moderne par excellence. Alors que l'abnégation, cela peut aussi signifier le bonheur.

Cher Benoît qui nous exorcisez de nos démons, pape punk qui mettez les pieds dans le plat de nos moeurs saloïennes, qui faites en sorte que nous nous nourrissions d'autre chose que de notre merde habituelle, vicaire du Christ qui provoquez, comme le dit Alina Reyes sur son  site, un beau remue-ménage en ce monde, exhortant les gens à repenser leur catholicisme, ventilateur de l'Esprit Saint, vous êtes étonnamment au coeur du dispositif mortifère qui constitue notre matrice et celui qui peut l'enrayer. Vous êtes le clinamen du monde moderne,  Saint Père, et rien que pour ça (mais aussi pour tout le reste), je baise votre anneau.

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PS : à propos de la petite "Carmen", cette fillette brésilienne violée et mise enceinte par son beau-père, et dont la mère et les médecins qui pratiquèrent l'avortement furent excommuniés par un archevêque fou, il faut préciser, outre que cette histoire soulève le coeur, que le Vatican désavoua tout de suite cette excommunication et précisa même, par la voix du président de l’autorité pontificale, Mgr Rino Fisichella, que si l’avortement était  toujours prohibé par le droit canon, il pouvait être envisagé en cas de danger de mort pour la femme enceinte, ce qui était le cas pour la fillette - bref, il pouvait alors apparaître non plus comme un crime mais comme "un acte de miséricorde qui, tout en maintenant fermement le principe, est capable de regarder au delà de la sphère juridique",  ajoutant en outre que dans cette affaire, "ce sont d’autres personnes qui méritaient l’excommunication” - l’archevêque de choc en l’occurrence. Alors, on pourra toujours discuter de l’avortement, on pourra continuer à être en désaccord avec l'Eglise sur ce point, mais l’on ne pourra dire que celle-ci a condamné l’enfant et ceux qui l’ont aidé. Et encore moins douter, contrairement à une mauvaise écoute d'un mot du pape, qu'elle est contre l'avortement thérapeutique.

Quant à moi, je reste sur ma position. Ce n'est pas parce que l'avortement  est légal qu'il n'est pas un péché (car il l'est assurément), mais inversement, ce n'est pas parce que l'avortement est un péché qu'il faut le criminaliser. Le véritable don de Dieu étant moins la vie que la liberté, et Dieu lui-même étant plus amour que vie, c'est à chacun, femme et homme d'ailleurs, d'agir selon sa conscience, et donc, d'en avoir la possibilité. Et c'est ainsi que la loi Veil participe à la casuistique.


 

 

 

 

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Commentaires

  • Vous êtes l'un des rares à tenir la position de la réalité, si ce n'est de la vérité, dans cette polémique.
    J'ai moi-même été soufflé par la vitesse avec laquelle les médias ont légendé de façon délirante ces récents événements. C'est la transcendance de l'affect contre celle de l'amour.
    Mais le pire du pire, je crois, la barbarie totale (du point de vue de l'esprit), c'est l'amnésie complète qui anéantit l'ensemble des événements collectifs.
    Ceux là et tous les autres.

  • PS : à propos de la petite "Carmen", cette fillette brésilienne violée et mise enceinte par son beau-père, et dont la mère et les médecins qui pratiquèrent l'avortent :

    non, pas l'avortent mais l'avortement

    à part ça tu m'énerves de plus en plus ! ;)

  • Montalte,
    je n'ai pas lu (il faut que je bosse un peu) votre post en entier, mais celui-ci me donne l'occasion de conclure une précédente intervention. Je ne pense pas que l'avortement soit un pêché. Ou alors il faut considérer comme tel, son opposé, l'acharnement thérapeutique appliqué aux moribonds ou même aux enfants.
    Je n'ai strictement rien contre une théologie, qui se préoccupe fort de la Lettre, mais qu'elle raccroche un peu les wagons avec les Evangiles lui ferait une petite sortie et lui permettrait de s'aérer un peu les neurones en prenant une bonne bouffée d'Esprit, comme Alina Reyes dans ses montagnes par exemple...

  • PS : je connais un missionnaire qui passe son temps à expliquer tout un tas de trucs à des Béninois de l'arrière pays. Qu'il s'absente pour visiter sa famille en France et tout est à recommencer. De retour tout est sens dessus-dessous. Il le sait et c'est comme ça. Il en va de même du préservatif qu'on met à l'endroit et à l'envers. Certains doivent s'arracher les cheveux à expliquer comment il faut faire et pourquoi tout en sachant que dès demain cela sera oublié et qu'il faudra à nouveau expliquer, réexpliquer.
    Allez dire ça en France, vous passez pour un raciste.

  • "Le Vatican désavoua tout de suite cette excommunication" . Je reviens de chez Claro, le Clavier Cannibale ( je ne mets pas le lien, ça n'en vaut pas la peine) qui dit exactement le contraire: " La décision du Prélat a été saluée par le Vatican". La désinformation va vite, chez " l'élite" des blogueurs comme dans les autres medias. Merci de rectifier.
    Pas mal, ce texte très girardien, Montalte. Rien à redire. Entièrement d'accord avec votre position sur l'avortement.

  • "J'étais aveugle et maintenant je vois !", je dois bien dire qu'il est parfois plus facile et demande un effort intellectuel moindre que d'aller dans le sens de la marche et en faisant du pape un vecteur de toutes les colères, il est vrai qu'on nuit à tout ce qui me tient à coeur c'est à dire la raison contre l'émotion, l'odieuserie bobo moralisatrice conte la quête douloureuse de la vérité. Je suis, de fait contre ce qu'un journaliste du Figaro a très justement nommé la Philantropie du Latex, qui consiste à dire aux africains, bien au chaud dans son duplex : "Oh mettez des capotes sérieux !", sans jamais remettre en question ses abominables certitudes libertaires. Le pape est en cela et je l'accorde un peu anar et rebel et c'est tant mieux.
    Je voyais dans son accumulation de positions fermes, une dérive ultra-corporatiste allant par là-même contre la pensée que Jésus défendait mais je me suis trompé. je reconnais mon erreur humblement et c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Ne jamais s'arrêter à une première analyse aisée, lutter contre le prêt-à-penser, toute matière confondue nécessite un plus grand travail mais au final, sans y voir encore très bien, j'entrevois somme toute un filet de lumière.
    Vous m'avez éclairé sur l'avortement thérapeutique qui restait encore un point que j'allais souligner. Reste Williamson...je travaille la question...

    http://borderline.midiblogs.com/blog/

  • Chère Elisabeth,

    en fait, la première décision (honteuse et ignoble) date du 09 mars (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/bresil-un-archeveque-excommunie-la-mere-d-une-fillette-violee_745569.html), alors que la seconde date du 15 mars, http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2367903&rubId=1098. On aurait sans doute préféré que le Vatican édicte cette dernière en premier. Ces gens maîtrisent décidément mal la communication.

  • "Quand le pape dit des préservatifs qu' "ils aggravent le problème” (et même si ce n’est pas exactement la phrase, mais l’on n’en est pas à trois désinformations près)"

    Ah non ! ça c'est trop facile... critiquer la désinformation faite sur les propos du pape tout en n'allant même pas chercher la phrase exacte, c'est du foutage de gueule ^^.


    "ces propos du pape sur le préservatif ont été faits dans l'avion qui le menait au Cameroun et à des journalistes qui lui posaient les habituelles questions idiotes"

    ... et connues à l'avance. On ne peut pas dire que le pape ait été "piégé" par les méchants journalistes, là...

  • Je remarque encore une fois votre vive intelligence, liée à un vrai amour du texte, autant les discours du pape que l'action vitalisante du verbe (et du Verbe).
    Vous élevez le débat dans ce post concernant ce lamentable lynchage du pape. Parce que vous introduisez le pape dans toute sa diversité, dans sa réelle mission au service de la Parole. Alors que tant usent de si peu de mots pour détraquer ses propos dont les nuances leur échappent ("assassin" n'est pas des moindre et blesse la simple croyante que je suis tant il est injuste et offensant). Notre société manque de culture pour comprendre ce pape, malheureusement... Ou du goût de l'effort... Et je crois de plus en plus que ces catholiques africains, dans leur ferveur souvent démonstrative, ont aussi une intériorité plus poussée qui leur permet de recevoir toutes les nuances de ces discours. Ce sont des peuples de l'oralité, ils en connaissent les rhétoriques et la profondeur. Merci pour ce très chouette billet.

  • Merci, merci, Florence, je vais en rougir.....

    Celeborn, voici le verbatim de ce qui s'est dit dans l'avion :


    "Question - Votre Sainteté, parmi les nombreux maux qui affligent l'Afrique, il y a également en particulier celui de la diffusion du sida. La position de l'Eglise catholique sur la façon de lutter contre celui-ci est souvent considérée comme n'étant pas réaliste et efficace. Affronterez-vous ce thème au cours du voyage ?

    Benoît XVI - Je dirais le contraire : je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de Sant'Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, aux Camilliens, à toutes les religieuses qui sont à la disposition des malades... Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une véritable amitié également et surtout pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements personnels, à être proches de ceux qui souffrent. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. Je dirais donc cette double force de renouveler l'homme intérieurement, de donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et cette capacité de souffrir avec ceux qui souffrent, de rester présents dans les situations d'épreuve. Il me semble que c'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Eglise, offrant ainsi une contribution très grande et importante. Nous remercions tous ceux qui le font."

  • Par ailleurs, voici une interview récente de Tony Anatrella à propos de ce barouf :

    "Objet : Mgr Tony Anatrella : "L’utilisation du préservatif est évidemment utile quand la vie est en jeu"

    Consultateur pour le Conseil pontifical pour la Santé, le psychanalyste Mgr Tony Anatrella, réagit à la levée de bouclier médiatique et politique provoquée par la déclaration du pape Benoît XVI, le 17 mars 2009, sur le préservatif dans l’avion qui le conduisait au Cameroun et fait le point sur la position de l’Eglise sur le sujet.

    Que vous inspirent les réactions à la déclaration du pape sur le préservatif ?

    Je les trouve atterrantes ! M. Juppé et Mme Bachelot ont-ils seulement lu ce qu’a dit Benoît XVI ? Le pape n’a jamais dit que l’Eglise interdisait aux personnes contaminées par le sida d’utiliser un préservatif. C’est vraiment le prendre pour le dernier des imbéciles ! Ce qu’a simplement dit Benoît XVI - et qui ne fait d’ailleurs hurler que les Occidentaux -, c’est que le problème du sida ne se résoudra pas uniquement avec le préservatif. La pandémie du sida est aujourd’hui avant tout un problème de comportement et d’éducation des consciences avant d’être un problème sanitaire. Évidemment l’utilisation du préservatif est utile quand la vie est en jeu, mais le rôle de l’Église est avant tout de répéter que la meilleure prévention contre le sida est d’éveiller les consciences à une sexualité adulte et responsable. Cela n’exclut pas le discours sanitaire, ça le complète. L’Eglise appelle à une "humanisation" de la sexualité, à prendre conscience que la sexualité doit être ordonnée à sa fin : le don de la vie de l’homme à la femme, de la femme à l’homme et à des enfants. A cause de cela, elle pense que la sexualité doit s’exprimer dans le cadre d’une relation amoureuse engagée dans une vie conjugale et familiale. Le discours du pape n’a rien de régressif, il est prophétique !

    L’Eglise n’interdit donc pas systématiquement l’usage du préservatif ?

    Dans un livre que j’avais publié en 1995 qui s’appelait L’amour et le préservatif et qui vient d’être réédité chez Flammarion sous le titre L’Église et l’amour, je cite un texte du cardinal Ratzinger, publié en 1989, dans lequel - après avoir rappelé que le vrai problème c’est la question de l’éducation à la responsabilité - il explique que le préservatif est une question secondaire et de "casuistique" ; c’est-à-dire qui doit être traitée au cas par cas. Autrement dit, s’il l’on n’est pas capable de vivre dans la fidélité, dans l’abstinence, ou si l’on a une sexualité impulsive et immature, mieux vaut utiliser un préservatif que de recevoir ou donner la mort. Vous savez, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire le pape sait très bien de quoi il parle ! Je me permets d’ailleurs de rappeler que les institutions catholiques sont tout de même les seconds acteurs dans la lutte contre le sida avec 26,7% des institutions s’occupant des sidéens dans le monde, juste derrière les institutions d’État qui représentent 44%. Nous-mêmes, au Conseil Pontifical pour la Santé nous travaillons étroitement avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les réactions françaises et même européennes sont au contraire symptomatiques d’une réelle ignorance sur le sujet ! Quand j’entends des ministres ou des secrétaires d’État dire qu’on ne peut pas s’appuyer sur des "critères théologiques" pour faire une politique sanitaire, je suis effaré ! Le pape se situe d’abord sur un plan humain. Aujourd’hui, dans la plupart des pays d’Afrique touchés par le sida, il y a une forte réaction contre les modèles sexuels occidentaux accompagnés de moyens de protection puisqu’ils génèrent des conduites à risque, et qui envahissent leur population et contrarient leur sens de la fidélité et de la famille. La promotion de l’abstinence, de la fidélité conjugale et d’une éducation à une sexualité responsable font partie intégrante des politiques publiques ! Nos dirigeants ne savent manifestement pas de quoi ils parlent."

    Emmanuel Pellat
    Familles Chrétiennes
    http://www.facebook.com/l.php?u=http://www.famillechretienne.fr%2Fagir%2Fvie-de-l-eglise%2Fmgr-tony-anatrella-lutilisation-du-preservatif-est-evidemment-utile-quand-la-vie-est-en-jeu_t11_s73_d50150.html

  • Entièrement d'accord avec toi Pierre.

    Sur la désinformation de nos "médias" qui coupent des petites phrases et les amplifient, reprenons la déclaration in extenso du pape :


    Philippe Visseyrias, France 2 : Saint-Père, parmi les nombreux maux dont souffre l’Afrique, il y a en particulier la propagation du sida. La position de l’Eglise catholique sur les moyens de lutter contre le sida est souvent considérée irréaliste et inefficace. Allez-vous aborder ce thème durant votre voyage ?

    Benoît XVI : Je dirais le contraire. Je pense que l’entité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est justement l’Eglise catholique, avec ses mouvements, avec ses réalités diverses. Je pense à la communauté de Sant’Egidio qui fait tellement, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le sida, je pense aux Camilliens, à toutes les sœurs qui sont au service des malades… Je dirais que l’on ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d’augmenter le problème. On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est à dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre, et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent, la disponibilité à être avec les malades, au prix aussi de sacrifices et de renoncements personnels. Ce sont ces facteurs qui aident et qui portent des progrès visibles. Autrement dit, notre effort est double : d’une part, renouveler l’homme intérieurement, donner une force spirituelle et humaine pour un comportement juste à l’égard de son propre corps et de celui de l’autre ; d’autre part, notre capacité à souffrir avec ceux qui souffrent, à rester présent dans les situations d’épreuve. Il me semble que c’est la réponse juste, l’Eglise agit ainsi et offre par là même une contribution très grande et très importante. Nous remercions tous ceux qui le font.

  • Vous m'avez citée, Pierre, comme c'est aimable. Je crois que vous vous êtes un peu embrouillé dans vos liens, vous vouliez sans doute parler de ma note intitulée "Exorcisme", ou bien "Pourquoi nous, les Noirs, nous aimons le Pape", ou d'autres encor... Je vous signale la dernière, peu bavarde mais efficace, enfin une note à ma façon, quoi :

    http://amainsnues.hautetfort.com/archive/2009/03/24/goddam-city.html

  • Superbe, Alina, votre Goddam city !
    Trompé dans vos liens ? En fait, j'ai hésité entre ceux que vous dites, plus "Benoît XVI dans le désert", mais c'est volontairement que j'ai pris "Avec vous" puisque je vous empruntais votre "remue-ménage". Bien à vous.

  • Oui, merci de ce texte éclairant, surtout pour quelqu'un comme moi qui n'avait pas du tout suivi cette "affaire".

    On peut ajouter que le contexte du Sidaction, auquel vous faites allusion, a rajouté de la dramaturgie à tout cela. Qu'est-ce que le Sidaction, à part son côté "tout le monde met un ruban rouge et ferme sa gueule" ? Une philosophie tout à fait individualiste du moindre effort : si je mets une capote, je n'ai plus rien à me reprocher sur rien, personne ne peut plus rien me dire sur rien, je suis tranquille. Ce que vous dites des propos de Benoît XVI va plutôt dans le sens contraire : non, la capote en tant que telle ne résout pas tous les problèmes moraux. (Par ailleurs, on peut soutenir que l'amour avec une capote n'est pas vraiment l'amour, mais c'est un autre débat.)

    Une critique tout de même : vous êtes plus girardien que Girard, en tout cas que le Girard actuel, lorsque vous mettez en équivalence païen et barbare, chrétien et humain. C'est faux, tout simplement. D'ailleurs, si c'était vrai, il n'y aurait pas eu de judaïsme, c'est-à-dire, dans votre propre optique, de long travail de transition entre le paganisme et le christianisme, entre la barbarie et l'humanité (quel antisémitisme, Pierre !). Dit autrement : il fallait bien que le paganisme soit déjà humain pour qu'il puisse se modifier au point de permettre au christianisme d'exister. Sinon Jésus serait venu d'un coup d'un seul, il n'y aurait pas d'Ancien Testament (pas de genèse, pas d'Ezéchiel, pas de Job... foutre !).

    Les frontières entre paganisme et christianisme ne sont pas si strictes. (Petit coup de pub : j'aborde sous peu ces questions à mon comptoir au sujet des caractères païens et chrétiens du concept de nation. A bientôt !)

  • Doucement sur le sidaction... je suis le premier à trouver cette histoire de ruban rouge ridicule (surtout quand ils ont été distribués gratuitement devant mon collège il y a 2 ans), mais il faut bien trouver des moyens pour récolter de l'argent qui, lui, sert à la recherche. Alors on est d'accord que ça tient davantage de l'opération marketing que du don volontaire de soi, mais ça vise l'efficacité par rapport à une société donnée, la nôtre. Tant mieux si ça marche : je vous trouve bien méprisants avec l'une des sources de financement de la recherche sur le sida. Maintenant, si vous avez d'autres idées, n'hésitez pas, hein !

  • Plus je vois les médias s'acharner sur le pape, plus j'ai envie de devenir croyant...

  • (…) D’abord pro-Tutsi, les Pères Blancs et l’administration coloniale amorcent une volte-face dans les années 1950, au moment où l’élite tutsi, formé en Europe, se laisse gagner par les idéaux tiers-mondiste et manifeste sa volonté d’indépendance, allant même jusqu’à contester l’omnipotence de l’Église. Dans ce pays devenu une théocratie catholique, un royaume dédié au « Christ-Roi », cette revendication apparaît littéralement insupportable aux autorités ecclésiastiques. D’autant plus que la stratégie politique du Vatican est alors de faire du Ruanda-Urundi une base d’implantation en Afrique centrale. L’Église inverse donc ses critères de valeurs, idéalisant les Hutu comme un « peuple de Bantou très croyants, simples mais honnêtes et travailleurs », assujettis par de cruels féodaux hamites ». Dans son célèbre mandement de carême, en février 1959, Mgr Perraudin désigne sans hésiter la « race » tutsi et appelle publiquement à la haine : « Il y a réellement au Rwanda plusieurs races assez nettement caractérisées […]. Dans notre Rwanda […], les richesses d’une part, et le pouvoir politique et même judiciaire d’autre part, sont en réalité en proportion considérable entre les mains des gens d’une même race. » La presse catholique reprend, presque mot pour mot, la propagande antisémite des années 1930. Le Tutsi est désigné à la vindicte comme hier le Juif de Sion.

    ou encore :

    (...) En plein génocide, on pouvait entendre à la radio : "Ces gens-là sont vraiment une sale race ! Je ne sais pas comment Dieu pourra nous aider à les exterminer. Il faut s'en débarrasser. C'est la seule solution." Ou encore : "Aussi longtemps que nous resterons unis contre cette vermine, Dieu sera à nos côtés et Jésus nous aidera à les vaincre. Vous qui êtes au front, tenez-bon, la Vierge est avec nous.

    source : http://www.afrik.com/IMG/mp3/Golias_101_Rwanda.pdf


    quand même, ce voyage en Afrique, ces paroles pures comme de l'eau de roche révisionniste et pleines d'espoir, cette morale courageuse, ce dogmatisme (presque) à l'épreuve des balles, tout ça à quelques jours des 15 ans du génocide, fallait oser, chapeau mon salaud !

    faut dire aussi, les papes, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît...

  • Mais Raphaël tu vis déjà dans une Thébaïde !

    Tu pries tous les soirs n'est-ce pas : "Je crois en toi Education nationale qui forme tous les enfants de France, j'associe dans mon pardon les ignorants et les dissipés, je surveille et je veille sur leurs nuits et leurs jours, je fais répéter les distraits, je suis l'oeil et l'oreille du maître tout-puissant qui instruit !"

  • Innocent X jr, ce que vous nous dites, c'est que des chrétiens ont tué au nom de la Vierge Marie - tiens, exactement comme l'un des paragraphes de mon texte ! Ce qui est sûr, c'est que vos Pères Blancs et vos animateurs de radio trahissaient manifestement l'Evangile...

    Sur le Sidaction, c'est vrai, Celeborn, que l'on peut toujours dire qu'il faut bien récolter des fonds, et que cela implique donc un certain sentimentalisme ridicule, un petit chantage affectif et social, une manip médiatique un peu honteuse mais légitime. Eh bien, moi, je crois que si le Sidaction était moins totalitaire (le sigle de l'émission sur TOUTES les chaînes à toutes les heures), moins intolérant (de Dechavanne à Adjani, toutes les bassesses antireligieuses que l'on entend), plus responsable (le préservatif, oui, mais accompagné de propos plus anthropologiques, sinon plus logiques : l'abstinence est techniquement plus efficace que la capote), bref, si le Sidaction était moins aliénant, eh bien, je pense que les gens donneraient autant, et peut-être même seraient-ils solidaires des sidéens plus souvent et pas seulement pendant les deux jours de l'émission... Car au fond, capote, promesse de fric (ce qui est légitime et nécessaire pour la recherche), et après, on zappe et on refoule...

    Café, barbare, païen, oui, oui, bon, ok...

  • mais rien n'est moins sûr, autruche obèse et masochiste, ces pères blancs et autres dj's, je vous les laisse on ne peut plus volontiers, démerdez-vous avec vos histoires de famille...

  • Tiens, moi aussi, j'exorcise !

  • "l'abstinence est techniquement plus efficace que la capote"

    Il va falloir arrêter avec ça, à un moment. Des siècles de lutte pour la libération sexuelle, pour en arriver à l'abstinence ? C'est une blague ! Vous y croyez vraiment, à votre message ? Mais QUI est abstinent par choix, aujourd'hui ? Qui va avaler ça ? Eh oh ! Y'a une réalité avec laquelle il faut composer ! Eh oui, le réel, c'est le rapport sexuel, c'est la découverte de soi et de l'autre dans toutes les dimensions, c'est l'expérimentation, c'est le droit à l'erreur, c'est la quasi certitude qu'on aura plusieurs partenaires sexuels dans sa vie, voire dans le même mois, voire dans la même semaine. C'est aussi savoir que l'autre n'est pas forcément digne de confiance, voilà. C'est pas vraiment le pays des bisounours, on est d'accord, mais c'est la réalité. Ca ne veut pas dire qu'il faut aller chaque jour dans une backroom, mais ça veut dire que la sexualité a perdu de son aspect tabou, et qu'on baise sans aucun doute beaucoup mieux grâce à ça aujourd'hui, et l'épanouissement sexuel, c'est important, et pas toujours connecté à l'amour. Et toi, tu va demander à Isabelle Adjani de dire qu'il faut s'abstenir pour que les gens donnent davantage ? Quel humour !

    Alors d'accord avec toi que le plan marketing du sidaction est discutable et que les rubans rouges sur Le Jour du seigneur, c'est stupidissime. Mais là, Pierre, la doctrine arriérée d'une religion dans laquelle ceux qui nous parlent ne savent même pas ce qu'est un orgasme, un vrai (ou alors ils sont hypocrites, ce qui n'est pas tellement mieux) et qui osent prétendre donner des leçons sur le sujet et améliorer l'Homme avec un grand H en lui indiquant un chemin plus proche de la névrose qu'ils doivent vivre eux-mêmes que du bonheur, on va peut-être arrêter là les frais.

  • Je crois, Jean-Rémi, que ton discours là ne vaut que pour l'Occident et qu'il serait incongru, sinon criminel de parler ainsi dans le Tiers-Monde. La libération sexuelle, la contraception, et plus généralement l'hédonisme contemporain (et je n'ai rien contre les backrooms !), ça ne signifie strictement rien pour des pays comme l'Angola ou le Cameroun. Et c'est là que se révèle une certaine suffisance chez le blanc envers le noir. Les situations culturelles sont si abyssalement différentes qu'à un moment donné nous ne pouvons plus nous comprendre. Et la capote, avec tout ce qu'elle représente de totémique pour nous, est fort difficilement compréhensible pour eux.

    Moi, ce que je trouve incroyable, c'est la propension que nous avons à vouloir accentuer l'envie de baise, ce à quoi sert fondamentalement le préservatif, dans des régions du monde où l'on peut choper le sida un rapport sur trois. C'est bien ce que je disais : l'idée même d'abstinence horrifie plus que le sida. L'idée de limiter ses rapports sexuels apparaît comme une contrainte inhumaine même au risque de la mort. C'est dingue !

    Et qu'est-ce que tu viens argumenter avec tes curés qui ne savent pas ce que c'est que l'orgasme ? L'orgasme spirituel d'une Thérèse d'Avila, ça t'effraie tant que ça ? L'idéal ascétique, vieux comme le monde, ça ne te dit rien ? Gandhi ? Le Bouddha - tous deux renonçant au sexe pour parfaire leur mission. Et Spinoza ? Kant - ces chastes sublimes ? (Où est-ce que Nietzsche dit que tous les grands penseurs sont toujours restés célibataires et chastes pour pouvoir mieux penser ?) C'est quand même assez drôle cette haine de l'abstinence...

  • Bon, alors ça vient d'un réseau catho, et c'est sans doute un peu militant, mais ça n'en reste pas moins très éclairant....


    "Communiqué de l'Association Catholique des Infirmières et Médecins, le 23 mars 2009

    Le 25 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - « S'il n'y a pas l'âme, si les Africains ne s'aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs : au contraire, cela risque d'augmenter le problème. » Ce sont les mots exacts que le pape a prononcés dans l'avion qui l'emmenait en Afrique et qui ont déclenché une déferlante contre la catholicité. Une de plus.

    Quand le sida a été découvert comme une maladie mystérieuse 400 cas avaient été repérés dans le monde. Quelle était la solution ? Le préservatif. En 1987, 51.000 personnes dans le monde étaient recensées comme ayant cette maladie (L'Express n° 1722). Valeurs actuelles écrit : « Deux populations à risque : les homosexuels américains et les Africains de la région subsaharienne » (13 juillet 1986). Cette revue ne voit à l'époque qu'une seule solution : « le retour à la moralité ». Que prône Le Point à cette époque : le préservatif (23 mars 1987, page 89) ? Entre ces deux options laquelle était la bonne ? Le monde entier a choisi la seconde. Le sida passera de 400 cas à 4000 cas, puis à 40.000 cas, puis 400.000 cas, puis 4 millions de cas, puis 40 millions de cas avec cette seule option qu'était le préservatif présenté au nom de la liberté sexuelle. Sans doute faudra-t-il arriver à 400 millions de cas pour qu'enfin on se pose cette question ? Le préservatif est-il la seule méthode d'empêcher la propagation du sida ? La réponse du pape est qu'il s'agit d'un pis aller. Pourquoi ?

    Tout simplement parce que le préservatif ne protège que partiellement du sida, comme il évite partiellement les grossesses. Tous les gynécologues obstétriciens le savent (taux d'échec 4 à 12 % année-femme). Tout simplement parce que le virus du sida est 500 fois plus petit qu'un spermatozoïde selon le professeur Lestradet de l'Académie Française. Et qu'un préservatif présente toujours des petits trous de l'ordre de 5 microns (millionième de mètre). En Afrique du Sud, une expérimentation d'une gelée anti-sida a été faite sur 82.000 femmes avec utilisation rigoureuse et absolue du préservatif. Cette gelée s'est avérée inefficace mais en plus 4 % des utilisateurs avaient attrapé le sida (Info Q.d.M. du 8.12.08). Tel est le taux d'échec. Qui dans le monde accepterait de donner à un enfant un jouet qui dans quatre cas sur cent va le tuer au bout d'une année ? Personne. C'est pourtant ce qui se passe avec la promotion du préservatif chez les adultes.

    Le pape nous rappelle simplement à la raison. Le préservatif est en fait la roulette russe qui par un faux effet de sécurité condamnera à mort au bout d'une année quatre personnes sur cent.

    Alors quelle est la solution ? Elle est donnée par l'ONU elle-même dans son programme réactualisé du 19 mars 2009 évoquant le moyen de réduire le nombre des contaminations. « Retarder l'âge du premier rapport sexuel, s'abstenir sexuellement, prendre des risques moindres en étant fidèle à son partenaire lorsqu'aucun des deux partenaires n'est infecté, réduire le nombre des partenaires sexuels et...utiliser régulièrement des préservatifs ». Ceci rédigé en dehors de toute considération morale catholique bien évidemment venant de cet organisme. C'est en réalité ce que dit le pape Benoît XVI qui ne prétend d'ailleurs nullement imposer aux autres religions ce qu'il demande aux catholiques auxquels il s'adressait en atterrissant en Afrique.

    Or nous constatons que le seul pays au monde qui a vu s'effondrer le nombre des malades atteints du sida est l'Ouganda qui a fait de la fidélité conjugale et de la lutte contre la polygamie son cheval de bataille. Mais par exemple nous voyons les Philippines avec seulement 9.000 cas connus qui arrive au 149 ème taux le plus bas de contagion de la planète sur 167 pays recensés (Google : Philippines sida /Comparaison de Pays / VIH/SIDA - taux d'incidence du sida). Par rapport à la population totale, il y a autant de patients atteints de la maladie sur tout l'Archipel que la France en génère chaque année et qui a actuellement 120.000 à 140.000 patients recensés. Pourquoi ? Tout simplement parce que le gouvernement et l'Eglise ont appelé la population à modifier son comportement sexuel. Ce qui a évité à ce pays la tragédie que connaît l'Afrique.

    Il nous est demandé à longueur d'antennes de modifier notre comportement en matière de conduite automobile, d'hygiène alimentaire, dentaire, sportive, d'usage du tabac et de l'alcool ;mais pas question de modifier le comportement des peuples en matière de sexualité. Nous allons donc en payer le prix. Nous le payons d'ailleurs déjà par le coût exorbitant des traitements pour le sida, responsable en partie du trou de la sécurité sociale. En attendant l'arrivée d'un hypothétique vaccin.

    C'est ce qu'a voulu nous rappeler le Pape. Il joue en cette matière un rôle véritablement prophétique. Et il n'a cure de se voir accabler par les médias qui suivent la mode comme des moutons de Panurge. Il est là pour défendre la vérité et la morale enseignées par Jésus-Christ. Nous approuvons son courage face à la meute des loups qui le harcèle. Benedictus sit. Qu'il soit béni.

    Dr Jean-Pierre Dickès "

  • "L'idéal ascétique, vieux comme le monde, ça ne te dit rien ?"

    Bon, on arrête de causer de moi, cinq minutes ?

    A part ça, comparer le préservatif à la roulette russe, c'est quand même un peu exagéré...

  • Oui, comme la métaphore de l'enfant à qui on donne un jouet dangereux, ça c'est typique d'une certaine rhétorique chrétienne puérile... Pour le reste...

  • D'autant plus que de quelle libération sexuelle parle-t-on ? Celle qui consiste aujourd'hui à s'épiler les rouleaux pour plaire ? S'injecter du botox sur les lèvres et les rides pour rester jeune et désirable ? Peser 19 kilos et rentrer dans des jeans taille 12 ans ? Se faire refaire la poitrine ? Avoir pour les filles le sexe rasé ou le fameux ticket de métro ? Faire des UV ? Faire de la muscu ? Elle est là la fameuse libération sexuelle ?!! Les canons actuels dans nos sociétés occidentales ne sont-elles pas à l'opposé même de l'idée de liberté ? On a vu ce que prcurait la liberté sexuelle et elle n'est jamais aller dans le sens de la sérénité ! J'emmerde mai 68 au même titre que j'emmerde cette effusion sexuelle stérile qui ne choque plus personne et ne fait qu'abrutir la masse...

    http://borderline.midiblogs.com/blog/

  • "Je crois, Jean-Rémi, que ton discours là ne vaut que pour l'Occident et qu'il serait incongru, sinon criminel de parler ainsi dans le Tiers-Monde."

    On parlait bien du sidaction, le truc diffusé en Occident, non ? Donc mon discours s'appliquait évidemment à l'Occident, pas à l'Afrique.

    Je n'accrédite pas l'expression "orgasme spirituel", qui est juste une mauvaise métaphore, je pense. Je ne prétends pas donner des leçons d'ascétisme à ceux ayant choisi un idéal ascétique ; je demande simplement en retour qu'eux n'essayent pas de m'en donner sur un domaine qui leur est fondamentalement étranger. Je pense que promouvoir l'abstinence chez des personnes mentalement pas faites pour ça, c'est non seulement irréaliste et stupide, mais même parfois dangereux. Si je voulais polémiquer, je dirais bien que l'abstinence imposée aux prêtres n'est à mon sens pas étrangère aux affaires de pédophilie qu'on voit jaillir ici ou là dans l'Eglise catholique, et j'irais de ce pas militer pour le mariage des prêtres (et pour l'accession de la prêtrise aux femmes, par la même occasion).

    Pour le reste, le raisonnement de départ de ton communiqué est faux sur le plan de la logique : il ne prouve pas que la promotion du préservatif augmente le nombre de malades ; simplement que le nombre de malades augmente (ce qu'on pouvait attendre dans le cadre d'une épidémie) et que parallèlement on a fait de la pub pour le préservatif. Le lien entre les deux faits n'est pas établi. A partir de là, on peut effectivement dire n'importe quoi sur la base d'un raisonnement faux.

    Ce qu'il faudrait dire, c'est qu'il ne faut pas jouer le "comportement humain" contre le préservatif... il faut les associer. Ce que montrent les études, c'est que c'est l'association des 3 facteurs "1er rapport à un âge + élevé"/"diminution du nombre de partenaires"/"utilisation du préservatif" qui fait reculer le SIDA. Dans certains pays, le taux de personnes infectées est tellement élevé et l'accès aux tests tellement inexistant que la fidélité n'est même plus une solution. Il faut A LA FOIS éduquer les générations actuelles mais surtout futures (humaniser la sexualité, comme tu dis) ET promouvoir l'utilisation du préservatif.

    Bref, ce qu'on aimerait entendre de la bouche du pape quand il fait de grandes déclarations fracassantes, c'est ce qu'on entend déjà de la part d'hommes de foi tout à fait intelligents : qu'il souhaite une sexualité plus humanisée, des premiers rapports plus tardifs, la fidélité (l'abstinence, bon, ça me semble toujours utopique), mais qu'il sait bien que la chair et faible, et que même s'il ne cautionne pas sur le plan du dogme, il préfère qu'on pèche avec que sans préservatif, pour une question de santé publique et de respect de l'autre. Mais dit clairement, hein !

  • Dans le cas d'un pays contaminé par le sida jusqu'au cou, il ne me semble pas que l'abstinence et la fidélité relèvent de l' "utopie". L'abstinence n'est pas drôle du tout, comme dirait Christine Boutin à propos du préservatif, mais si l'on veut vraiment échapper au sida, eh bien, c'est un comportement de force majeure et surtout d'une efficacité imparable et que par conséquent il n'est pas inutile de promulguer.
    Quant à nos ado européens, on pourrait leur dire :

    "soyez sérieux, et si vous ne le pouvez pas, alors sortez couverts".

    Contrairement à ce qui se dit partout, je pense qu'un discours éthique serait aussi séduisant qu'un discours libertaire. Et si le Pape participe à ce premier, eh bien, grâce lui soit rendue !

    Sinon, évidemment d'accord pour associer comportement humain et capote, instinct érotique et humanisation de la sexualité, et en fait, c'est ce qui concrètement se fait. Simplement, chacun est dans son rôle, le Pape, les médecins, et même les préservatifs qui font eux aussi, comme je viens de le dire, partie du dispositif.

    En revanche, quand tu dis que c'est l'abstinence qui pourrait être la cause des déviations sexuelles, et notamment de la pédophilie, là, c'est une immense connerie et je suis prêt à faire huit heures dessus.

    L'abstinence peut rendre obsédé, ça, c'est sûr, mais une chose est de rêver de cul, un autre est de rêver de chair enfantine. Abstinence et perversion n'ont strictement rien à voir. Tu te rends compte d'ailleurs de ce que tu dis ? On pourrait alors arguer que l'abstinence rend homo !

    Non, moi, je dirais plutôt que si l'on trouve pas mal de pédophiles dans l'Eglise, c'est parce qu'il n'y a que là que ces derniers, souvent terrorisés par leurs désirs, ont pu trouver du réconfort et de l'aide pour combattre ceux-ci. C'est évidemment ultra tabou mais je donnerais ma main à couper que bien des hommes sont devenus clercs pour échapper à cette tendance. Mais dire que c'est l'église ou l'abstinence qui rend sado-pédo-nécrophile, je m'insurge contre cette marque infâme de puritanisme...

  • A propos de polémiquer, as-tu lu ça :

    "Désolée, mais le sidaction ne passera pas par moi. On me dira ce qu’on voudra, cet étalage de générosité, ce dégoulinage de vertu, ce matraquage de compassion sont obscènes. Ce défilé de pipoles qui rient de se voir si bons en ce miroir est dégoûtant. Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, que ton aumône soit secrète, vous n’avez jamais entendu parler des Evangiles les gars ? D’ailleurs, le péquin est invité lui, à donner dans l’anonymat. Et puis, au-delà de l’obscénité, il y a le ridicule qui, comme toujours, semble échapper à tous les professionnels de la rebellitude. Pas un qui soit vaguement gêné de partir sabre au clair contre un adversaire sur lequel tous ses petits camarades se sont déjà rués. Montjoie, Saint-Denis, sus à l’ennemi ! Se payer le pape et dénoncer le virus, ça ne mange pas de pain et c’est bon pour l’image. Ce qu’aiment par-dessus tout nos courageux défenseurs du malade et de l’orphelin, c’est tirer sur les ambulances, de préférence en meute. Proclamer son soutien à une cause incontestable, telle est la dernière trouvaille des bouffons bouffonnants. À quand des badges pour dénoncer Hitler ? Un pin’s contre le racisme ? (Ah oui, celui-là on nous l’a déjà fait.)

    On m’accordera (ou non) que le caractère hautement consensuel et même parfaitement unanimitaire de cette mobilisation a déjà de quoi porter sur les nerfs. Cela devrait suffire à renverser la charge de la preuve. Après tout, ce n’est pas à moi d’expliquer pourquoi ce raffut m’insupporte mais à ses auteurs de m’expliquer pourquoi ils le font. J’ai une petite idée que je vous livre telle quelle. Le sidaction est une proposition qu’on ne peut pas refuser parce que le sida est une maladie communautaire. Pour le dire clairement l’affaire des homosexuels mâles. Inutile de piailler, je sais qu’en vrai, c’est pas vrai. N’empêche que pour des raisons historiques et médicales, elle a été, dès son apparition (ou plutôt avec un train de retard comme l’explique Frédéric Martel dans Le Rose et le Noir), prise en charge par les associations homosexuelles. Pourquoi Pierre Bergé déploie-t-il tant d’énergie pour cette maladie-là et pas pour une autre ? Pourquoi toutes ces grandes âmes qui saignent pour l’Afrique ne donnent-elles jamais un gala pour lever des fonds pour la lutte contre la malaria ou la lèpre ? Pourquoi cette débauche d’empathie obligatoire ? La réponse est simple : le sidaction n’est que l’un des fronts de la lutte homosexuelle – et comme chacun sait la lutte continue. En conséquence, ne pas y participer, c’est être homophobe. (Et ironiser est bien pire encore.) D’ailleurs, je retire tout ce que je viens d’écrire. Je voudrais moi aussi contribuer à l’édification de mes concitoyens. Ne vous laissez pas enfariner. Comme le dit mon ami Marco, contre le sida, le ruban rouge, c’est pas efficace. "

    C'est signé Elisabeth Lévy et c'est sur Causeur :

    http://www.causeur.fr/sidaction-piege-a-cons,2146

  • J'ai dit que les deux choses n'étaient pas étrangères, pas que l'abstinence rendait pédophile... D'ailleurs tu es d'accord, puisque tu dis que des pédophiles vont vers cette carrière car ils ont besoin de réconfort. Je pense que l'abstinence participe de cela : l'idée qu'on n'aura plus à se préoccuper de sa sexualité doit rassurer. Mais je ne suis pas sûr qu'au final, ce soit très efficace, et que cette carrière (où l'on est souvent au contact d'enfants) soit vraiment la plus appropriée. A mon sens, c'est plutôt une façon d'essayer d'évacuer le problème sans le résoudre, d'où les affaires qui ressortent. Et d'où mon envie de ne pas présenter la prêtrise comme une chose paraissant rassuranteet "déconnectée du sexe", alors que dans ce cas, elle me paraît surtout nettement plus inadaptée qu'un bon psy.


    "Abstinence et perversion n'ont strictement rien à voir. Tu te rends compte d'ailleurs de ce que tu dis ? On pourrait alors arguer que l'abstinence rend homo !"

    C'est toi qui devrait te rendre compte de ce que tu dis, en traitant mon orientation sexuelle de perversion ;-) Pervers toi-même, va ! ^^

  • Éthique de conviction vs éthique de responsabilité tout le débat ne peut tourner qu'autour de cela (en ce sens les arguments sur le préservatif comme roulette russe et autres sont ineptes et ne sont que l'envers de ceux utilisés par Act Up et cie et vice-versa).
    Allez une petite fable pour relancer le débat :

    L'ours allait à la chasse, apportait du gibier;
    Faisait son principal métier
    D'être un bon émoucheur, écartait du visage
    De son ami dormant ce parasite ailé
    Que nous avons mouche appelé.
    Un Jour que le vieillard dormait d'un profond somme,
    Sur le bout de son nez une allant se placer
    Mit l'ours au désespoir; il eut beau la chasser.
    «Je t'attraperai bien, dit-il, et voici comme.»
    Aussitôt fait que dit: le fidèle émoucheur
    Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur,
    Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche;
    Et non moins bon archer que mauvais raisonneur,
    Raide mort étendu sur la place il le couche.

    La Fontaine.

  • Le premier paragraphe d'Elisabeth Lévy s'applique à plein de choses, des Enfoirés au Téléthon, je pense. On peut ne pas aimer le genre, on est bien d'accord ; d'ailleurs moi non plus, je ne l'aime pas. Mais bon, si mettre des stars contribue à augmenter les dons, alors continuons (ça mériterait une étude, remarque ^^).

    Ce que dit de façon générale la madame dans le second paragraphe est évidemment faux en Afrique (ou le SIDA est très hétérosexuel), donc on va supposer que - comme moi plus haut - elle parle de l'Occident, voire de l'Europe ou de la France. Comme elle le dit très bien elle-même, ce n'est pas vrai non plus en termes de nombres (mais davantage en termes de proportion, on est d'accord), mais bon, apparemment ce ne l'empêche pas de continuer à blablater ^^. Et alors ? Ou est le problème ? Chacun défend la cause qu'il veut, ou celle qui le touche. Pourquoi faudrait-il se justifier de choisir de lever des fonds pour la lutte contre le sida plutôt que pour la lutte contre la sclérose en plaques ou le cancer ou la malaria ? La conclusion est d'une débilité profonde (non participation au sidaction = homophobie) : je lui conseille à elle aussi de consulter rapidement !

  • Oui et non. Le Sidaction a toujours eu quelque chose de totalitaire - le premier, de sinistre mémoire, avait été diffusé sur toutes les chaînes pendant 24 heures, et avait été si atrocement communautaire qu'il en avait dégoûté le public et s'était conclu par un échec financier. Depuis, les organisateurs en ont pris de la graine, et tentent de paraître moins radicaux. Mais le sigle sur toutes les chaînes, la déferlante des propos haineux sur le pape, la tyrannie des animateurs télés qui se conduisent sur se sujet comme des kapos, tout cela rend cette grande cause assez équivoque dans son genre et donne envie de la boycotter. Car en faisant du sida une cause politique, les homosexuels l'ont rendue moins universelle et plus communautaire (et cela, comme le dit la Causeuse, même si le sida n'est pas du tout en soi un problème communautaire) - ce qui n'est pas du tout le cas du Téléthon ou des Enfoirés, qui sont, elles, deux émissions absolument pas vindicatives. Et la conclusion est très ironique, très drôle, bien dans le style de EL.

    Ah La Fontaine, l'auteur préféré de Celeborn ! Mais mon cher Pascal, qui est la mouche, qui est l'ours, et qui est l'homme dans cette affaire ?

  • Tout va tellement vite que l'on n'ose plus se prononcer :

    http://www.lepoint.fr/actualites-societe/vatican-le-preservatif-en-dernier-recours/920/0/328784

  • Il est probablement totalement inutile de vouloir rendre compte des positions du Vatican sur les comportements sexuels et la question du sida puisque le fond de l'affaire, conduisant à ce répétitif beuglement de l'indignation, vient d'un simple malentendu que personne ne voudra lever : quand le monde réclame des slogans, et n'entend que les mots d'ordre, l'Eglise - par la voix de son Pape - propose une pensée en même temps que l'expression de son cheminement.
    Putain, Benoît, c'est trop long, pas assez percutant, fais plus simple !
    La relation tendue entre le Pape et le monde mondain est avant tout un problème de langage et, comme telle, n'est pas prête de s'arranger.

  • Encore un nouveau scandale suite à une interview du Pape !

    A son retour à Rome, par une belle après-midi ensoleillée, le Pape aurait confié à une journaliste : "Il fait beau aujourd'hui !"
    Ces propos ont aussitôt soulevé dans le monde entier une immense émotion et alimentent une polémique qui ne cesse de grandir.

    Quelques réactions :
    Le maire de Bordeaux : "Alors même que le pape prononçait ces paroles, il pleuvait à verse sur Bordeaux ! Cette contre-vérité, proche du négationnisme, montre que le pape vit dans un état d'autisme total. Cela ruine définitivement, s'il en était encore besoin, le dogme de l¹infaillibilité pontificale !"

    Le Grand Rabbin de France : "Comment peut-on encore prétendre qu'il fait beau après la Shoah ?"

    Le titulaire de la chaire d'astronomie au Collège de France : "En affirmant sans nuances et sans preuves objectives indiscutables qu"il fait beau aujourd'hui", le pape témoigne du mépris bien connu de l'Église pour la Science qui combat ses dogmes depuis toujours. Quoi de plus subjectif et de plus relatif que cette notion de "beau" ? Sur quelles expérimentations indiscutables s'appuie-t-elle ? Les météorologues et les spécialistes de la question n'ont pas réussi à se mettre d'accord à ce sujet lors du dernier Colloque International de Caracas. Et Benoît XVI, ex cathedra, voudrait trancher, avec quelle arrogance ! Verra-t-on bientôt s'allumer des bûchers pour tous ceux qui n¹admettent pas sans réserve ce nouveau décret ?"

    L'Association des Victimes du Réchauffement Planétaire : "Comment ne pas voir dans cette déclaration provocatrice une insulte pour toutes les victimes passées, présentes et à venir, des caprices du climat, inondations, tsunamis, sécheresse ? Cet acquiescement au "temps qu'il fait" montre clairement la complicité de l'Église avec ces phénomènes destructeurs de l'humanité, il ne peut qu'encourager ceux qui participent au réchauffement de la planète, puisqu'ils pourront désormais se prévaloir de la caution du Vatican."

    Le Conseil Représentatif des Associations Noires : "Le pape semble oublier que pendant qu'il fait soleil à Rome, toute une partie de la planète est plongée dans l'obscurité. C'est là un signe intolérable de mépris pour la moitié noire de l'humanité!"

    L¹Association féministe Les Louves : "Pourquoi "il" fait beau et pas "elle" ? Le pape, une fois de plus s¹en prend à la légitime cause des femmes et montre son attachement aux principes les plus rétrogrades. En 2009, il en est encore là, c¹est affligeant !"

    La Ligue des Droits de l'Homme : "Ce type de déclaration ne peut que blesser profondément toutes les personnes qui portent sur la réalité un regard différent de celui du pape. Nous pensons en particuliers aux personnes hospitalisées, emprisonnées, dont l'horizon se limite à quatre murs ; et aussi à toutes les victimes de maladies rares qui ne peuvent percevoir par leurs sens l'état de la situation atmosphérique. Il y a là, sans conteste, une volonté de discrimination entre le "beau", tel qu'il devrait être perçu par tous, et ceux qui ressentent les choses autrement. Nous allons sans plus tarder attaquer le pape en justice."

    A Rome, certains membres de la Curie ont bien tenté d'atténuer les propos du pape, prétextant son grand âge et le fait qu'il ait pu être mal compris, mais sans succès jusqu'à présent.

  • Slothorp: exact.

  • Et pour clarifier encore plus :

    "L'Osservatore Romano rend publique une étude, menée en Ouganda, mettant en évidence l'efficacité du préservatif dans la lutte contre la maladie.

    La nouvelle peut surprendre après la polémique ouverte par Benoît XVI lors de son voyage en Afrique, mais l'Église catholique admet implicitement le préservatif pour lutter contre le sida. Son combat - totalement incompris - consiste à dire que ce moyen ne suffit pas, à lui seul, pour endiguer l'épidémie. Le quotidien officiel du Saint-Siège, l'Osservatore Romano, vient de le confirmer publiquement en admettant l'efficacité prophylactique du préservatif à condition qu'il soit associé à d'autres facteurs.

    En première page de l'édition du dimanche 22 mars, un article sur «Église et sida» reconnaît que le préservatif est efficace «à 97 % contre l'infection» dans les meilleures conditions d'utilisation et «à 87 %» dans des conditions communes, comme en Afrique. Et le journal de citer l'expérience de l'Ouganda où des campagnes soutenues par le gouvernement, dites «ABC», ont été lancées contre le sida : «A» comme abstinence, «B» comme fidélité (be faithful), «C» comme préservatif (condom).

    L'article précise aussitôt que l'usage du préservatif prévu par cette méthode n'est certes pas conforme «aux indications de l'Église», mais que les effets de ­cette campagne sont spectaculaires. L'Ouganda est ainsi «l'unique pays d'Afrique qui a obtenu de bons résultats» dans cette lutte contre le sida : «La fréquence d'infection dans la population est descendue de 15 % en 1991 à 5 % en 2001.»

    «L'abstinence» en question est effectivement conseillée aux jeunes adolescents. L'âge moyen du premier rapport sexuel a ainsi été retardé de «15 à 19 ans». «La fidélité», recommandée aux couples, aurait permis de réduire de 60 % le vagabondage sexuel. La méthode prévoit, enfin, l'usage du préservatif. «Ces trois facteurs, insiste l'Osservatore Romano,ont une influence importante sur la réduction de l'incidence du sida.»

    Cet article est suivi de l'interview d'un missionnaire combonien, un ordre religieux très présent en Afrique, médecin de son état. Le frère Daniel Giovanni Giusti a eu une expérience de plus de vingt ans dans un hôpital en Ouganda et reconnaît que «le préservatif a un rôle dans des épidémies localisées et dans des groupes particuliers : prostituées, homosexuels et drogués.»

    Un simple «recours»

    Mais il ajoute que la campagne «ABC» a démontré que ce sont les deux premiers axes - lutte contre une sexualité précoce et fidélité - qui ont surtout été efficaces parce qu'ils ont créé un changement de comportement. Le préservatif restant, lui, «un recours pour ceux qui n'appliquent pas les deux premiers points de la méthode». Autrement dit, pour ce médecin catholique : «L'abstinence annule le risque pour les cas de transmissions sexuelles. La fidélité dans les rapports sexuels réduit le risque. L'usage du préservatif réduit le risque mais ne l'élimine pas.»

    Sa conclusion ne met donc pas en cause le préservatif, en tant que tel, mais les campagnes le proposant comme seul moyen sûr. «L'expérience de terrain démontre que dans les pays où l'on a tout misé sur le tout préservatif, il n'y a pas eu - dans la population générale - des résultats satisfaisants comme ceux obtenus en Ouganda.» "

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/03/25/01016-20090325ARTFIG00032-sida-l-eglise-ne-proscrit-pas-le-preservatif-.php

  • Je découvre ce blog et ce texte et je suis époustouflé par sa première partie, très girardienne et tellement lumineuse. Merci. Ce pape est une lumière pour le monde. En Europe je crains qu'il ne finisse par provoquer une sorte de schisme inversé, qui s'ensuivra par une persécution sociétale plus grande encore contre ceux qui auront décidé de rester catholiques. Ce sera l'occasion du début d'une renaissance, peut-être.

    L'immense problème que pose le monde relativiste actuel est qu'il fut chrétien avant de devenir festivien. Il ne peut donc pas être renversé de front, et il se montre particulièrement implacable face à toute tentative de déstabilisation. La seule attitude consiste à le laisser choir tout seul, à s'en détacher progressivement, de façon aussi peu violente que possible, en faisant sacrifice de soi.

    Je ne suis pas d'accord avec tout dans votre billet, en particulier votre passage sur l'avortement. Non seulement c'est un péché mais c'est LE péché le plus majeur et flagrant qui révèle ce qu'est la post-modernité festivienne. C'est la pierre d'achopement, le sujet sur lequel il ne faut jamais lâcher et les chrétiens aux USA l'ont bien compris.

  • «Quel rapt inélégant et quelle parfaite imposture de la part des médias européens et en particulier français sur cette visite ! C’était le temps de l’Afrique. L’Afrique n’aspirait qu’à la communion spirituelle et à la célébration. Nos confrères se sont évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de cette visite, les chiens écrasés, l’écume des jours… »
    Comme je le disais dans un précédent commentaire, les africains ont leur propre jugement et n’ont que faire d’un coeur d’occidentaux effarouchés et formatés qui s’offusque en leur nom. Les débats autour du sida (et de l’avortement) sont trop importants pour les biaiser de cette manière en les réduisant à une politique médiatique.

    Oui, les journalistes occidentaux parlent pour eux-mêmes et pour leur public. Les africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer au besoin les messages du pape et d’en tirer la substantifique moelle.
    Les gentils européens politiquement corrects et bien sidaction-pensants ont parasité les ondes avec une polémique qu’ils ont créée de toute pièce. En sortant la déclaration du pape de son contexte, ils en ont dénaturé la substance…

    Et bien sûr tout le reste du programme de la visite du pape sur le continent Africain est anecdotique…

    A mon sens, il n’est pas très intéressant de vouloir infléchir les prises de positions du pape parce qu’elles découlent des principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles et dont il est le gardien.
    Le seul moyen sûr d’endiguer le risque est d’éviter les comportements à risque. C’est du simple bon sens, mais ce n’est pas le mieux partagé à l’heure actuelle !

    Et, bravo Montalte pour avoir ralié la grande majorité de vos blogueurs, cathos ou pas contre cette farce médiatique.

  • Je dois être maso... Vos arguments - parfois pathétiques - sont si loin du beauf de droite habituel que c'est sans doute cela qui m'attire.
    Enfin bon, lançons-nous dans l'arène.

    Ainsi, en tant que gauchiste, bobo bien pensant, politiquement correct, athée j'aimerais émettre une légère discordance dans cette clameur bigote. Oh juste trois fois rien...

    Commençons d'abord par un article de Philippe Lançon (Charlie Hebdo 25/03/2009) intitulé "Coup de torchon" :
    "Quand un pape voyage en Afrique, ce n'est pas comme André Gide descendant le Congo. Même si Gide lisait là-bas Bossuet, le fauve catholique, un prédicateur dont on se demande bien quels effets stimulants ses longues phrases pleines de beauté méchante pouvaient produire sur un voyageur, pédophile certes, mais probablement amolli par la chaleur de la jungle. Un pape n'est pas en Afrique pour reluquer les petits garçons, ni lire Bossuet, ni même Sade, et encore moins pour faire l'inventaire des effets admirables du colonialisme (européen, puis américain, puis chinois, l'apparition d'une nouvelle puissance exploitante signifiant rarement l'éclipse des précédentes). Il est là, comme le bon père dans Tintin, pour faire la morale au continent des pauvres - autrement dit, des derniers, qui deviendront un jour, dans un monde sans mines de diamants, de cuivre ou de coltan, les premiers. L'Afrique est la terre de la convoitise, celle des Africains comme celle des autres. Le paradis est plein de dénuement, et l'emploi du pape, c'est son destin.
    Tout le monde a beaucoup dénoncé le pape ces temps-ci, à cause de ses déclarations africaines sur le préservatif. Il faut au moins reconnaître cette vertu à Benoit XVI : il permet à tout un tas de gens de se refaire une conscience sur son dos. Le défendre après sa sortie camerounaise devient à peu près aussi délicat que d'avouer une passion coupable pour le docteur Mengele : vive le bien, à bas le pape ! On devrait pourtant se réjouir d'apprendre que selon les vaticanistes, équivalents bénis (ou non) des défunts kremlinologues, Benoit XVI a pour la 1ère fois prononcé le mot. Si ce qu'on ne dit jamais n'existe pas, il y a du progrès : en disant "préservatif", il a reconnu son existence. Le latex a fait son entrée sous la soutane. Voila le pape équipé, la queue près du bonnet.
    Et que dit-il ? Que le problème du sida en Afrique "ne peut être réglé par l'usage du préservatif" et qu'au contraire "son utilisation aggrave le problème". 100 % des commentateurs en ont conclu, avec un courage indigné, porté par tout l'amour que l'Afrique leur a sans doute toujours inspiré, que l'héritier de saint Pierre vivait dans sa bulle, que ses propos étaient inconscients, voire criminels, qu'il ne savait décidément pas de quoi il parlait. Il paraît faire preuve, au contraire, d'un professionnalisme inattendu. Les Chinois envahissant peu à peu l'Afrique et ses marchés, leur camelote inonde un peu partout le petit commerce : il remplit la caverne d'Ali Baba des pauvres. Il est raisonnable de penser que, parmi cette camelote en gros, se trouvent leurs redoutables préservatifs. Quiconque les a utilisés par nécessité, par exemple à Cuba, en a aussitôt éprouvé les limites. Le préservatif chinois est un panier percé : il crève généralement au premier assaut. Sa membrane est souvent mal fabriquée. Le caoutchouc est une matière délicate, son élasticité ne supporte pas la médiocrité. Le préservatif chinois doit donc être enfilé comme les chaussettes trop fines (et parfois trouées) en hiver, deux ou trois l'un sur l'autre. L'opération est fastidieuse, un peu longue, elle ferait débander un bataillon de légionnaires (ou de missionnaires : prêtres et nonnes meurent volontiers du sida en Afrique). Mieux vaut une bonne branlette en lisant du Bossuet. Ce n'est pas très sain, c'est sans doute même un peu pervers, mais c'est parfois plus efficace.
    Le pape est un professionnel du sexe. Il sait de quelles capotes l'Afrique est inondée."

    La solution ne serait-elle pas d'excommunier le pape comme le propose si justement Gérard Bessière, prêtre octogénaire de Luzech. Ce pape a d'abord brisé le dialogue interreligieux : les musulmans ont compris depuis le discours de Ratisbonne qu'ils n'étaient bon que pour le djihad ; les églises protestantes ont appris qu'elles n'étaient pas des Eglises soeurs (seul l'Eglise catholique détient la "vérité") ; les Juifs ont saisi l'idée générale depuis la réintroduction de la prière pour la conversion des Juifs...
    Rupture avec Vatican II ensuite, avec la réintroduction des évêques intégristes. Benoit XVI ne pouvait pas ne pas connaître l'antisémitisme de Williamson. A moins qu'il ait un problème de mémoire, ce qui, pour un pape allemand est assez problématique...
    http://www.mapausecafe.net/archive/2008/09/13/bienvenue-au-pape-de-merde.html
    Selon un sondage CSA, 55 % des catholiques français ont une mauvaise opinion de Benoit XVI. Oui, Gérard Bessière à raison, il faut excommunier le pape. A moins, que d'ici là, le pape ait décidé d'excommunier les catholiques.

    En ce qui concerne l'avortement, les propos de Giovanni Battista Re, décryptés par Philippe Val, sont édifiants :
    "Qui est ce charmant personnage ? Un intellectuel, membre de la Congrégation pour la doctrine de la foi, préfet de la Congrégation des évêques, il a été président de la conférence des évêques d'Amérique latine. C'est un de ces cardinaux qui ne parlent pas à la légère. Lorsqu'en 1633, son lointain prédécesseur avait décrété, contrairement à ce que disait ce voyou de Galillé, que la Terre était le centre du monde et que le Soleil tournait autour, il avait raison. Quand le Vatican dit une chose, c'est que c'est vrai. Ce n'est qu'en 1992, lorsque le Vatican, par la voic de Jean-Paul II, a reconnu que Galilée avait raison, que la Terre s'est enfin mise à tourner autour du Soleil. [...]
    Bref, Battista a déclaré que le viol est moins grave que l'avortement. Raison pour laquelle la mère qui a aidé à l'avortement de la fillette de 9 ans a été excommuniée, mais pas le beau-père qui la violait depuis qu'elle avait 6 ans, et qui, parait-il, violait aussi régulièrement sa soeur.
    Une telle mise au point peut sembler choquante, mais en réalité elle est dans la logique de la doctrine catholique. Le violeur donne la vie. Certes, un peu brutalement. Certes, ce n'est pas joli joli. Mais l'avortement supprime un client potentiel du catéchisme, voire deux quand c'est des jumeaux.
    La perpétuation de l'espèce est une loi de la nature, et la voix de l'espèce résonne en chaque créature vivante. L'intérêt de l'espèce, c'est de durer à n'importe quel prix. Dans le chimpanzé humain des 1ers âges, la voix de l'espèce le poussait à violer sa femelle derrière un tas de bois, et il a fallu quelques centaines de milliers d'années avant qu'il apprenne à dire bonjour à la dame et qu'il lui demande la permission d'entrer dans la chambre à coucher. Lire, à ce propos "Malaise dans la culture" de Freud.
    Les intérêts de l'espèce - qui luttent contre les intérêts de la civilisation - ressemblent à s'y méprendre aux intérêts de dieu tel que le conçoivent généralement les religions. Le cardinal Re fait son boulot de représentant des intérêts de la loi de la nature qui lutte contre les intérêts des lois de la culture. Le viol est naturel, l'avortement est culturel. Comme la contraception découle du droit des femmes à choisir leur destin. L'argument de l'Eglise, c'est que, contrairement au viol, l'avortement menace l'humanité d'extinction.
    De toute façon, un jour ou l'autre, l'humanité s'éteindra. Si les lois de la nature l'emportent, peut-être qu'on en a pour, mettons, 15 millions d'années, et si ce sont les lois de la culture, 12 millions. La vraie question, c'est : qu'est-ce qui est préférable, 3 millions d'années de plus à se massacrer et à se violer ? Ou 3 millions d'années de moins mais dans le respect mutuel, et la liberté des individus ? J'aurais tendance à répondre à monsieur le cardinal Re que ses 3 millions d'années de rabe, il peut se les mettre ou ça lui chante."


    Tiens, au fait, une question me taraude la caboche : pourquoi les culs-bénits prônant l'abstinence (au nom de la pureté de l'âme face au péché de la chair) ne l'appliquerait pas toute leur vie ? Ils disparaitraient enfin de la surface de la Terre, batifoleraient dans leur improbable paradis et arrêteraient de vouloir imposer leur moraline insupportable aux reste de la population.

    Enfin, la messe de France 2 portait le logo du Sidaction et les petites vielles du premier rang, pas de culottes... Elle se rendraient compte trop tard, que l'acte sexuel ne se réduit pas à la perpétuation de l'humanité mais source de plaisir gratuit et sans contraintes. D'un coté, ce sont des religieux, on ne vas pas trop forcer sur l'encéphale...
    http://www.mapausecafe.net/archive/2009/03/11/l-inquietant-retour-du-religieux.html


    Allez, c'est de bonne guerre (religieuse). Je vais même faire de la pub de vous sur mon blog, comme avocat du diable officiel.


    Jolie photo du pape au fait. C'était à l'époque des jeunesses hitlériennes ?

  • M. Métafiot, vous devriez vous renseigner sur les fameuses jeunesses hitlériennes du pape. C'est sur wikkipédia et aucu correctif n'a apporté à ça :
    "...éclairée par un père de famille viscéralement hostile au Troisième Reich, relevait les signes angoissants de la militarisation du pays sans pouvoir imaginer le cataclysme qui allait être déclenché par le régime hitlérien.
    Joseph Ratzinger avait une sœur prénommée Maria, née en 1921, et un frère aîné, Georg, prêtre lui aussi. Il entra au lycée et petit séminaire de Traunstein en 1939.
    Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est enrôlé dans les jeunesses hitlériennes, ce qui est obligatoire après 1938. À l'âge de 16 ans, il est versé, avec toute sa classe dans la lutte antiaérienne (DCA) allemande. Il participe par exemple à la défense d'une usine BMW des environs de Munich. En septembre 1944, il est affecté au Service du Travail Obligatoire. Il refuse d'entrer dans la Waffen-SS, malgré les pressions, en faisant valoir son intention de devenir prêtre. En décembre 1944, il est affecté à la Wehrmacht. Il déserte quelques jours avant la reddition allemande. Il est ensuite interné jusqu'au 19 juin 1945 dans un camp de prisonniers de guerre à Bad Aibling, où Günter Grass indique avoir été son ami et avoir joué aux dés avec lui."
    Mais on peut ne pas aimer Günter Grs, et reprocher au Pape d'avoir joué aux dés avec lui...


    Pour le reste Montalte,
    vous ne l'aurez pas votre débat avec un pur de dur de calotin !
    Tout le monde est d'accord, peut-être pas avec le Pape mais en tous cas pour dénoncer la consensualité ordinaire de nos médias et de notre bien-pensance. Il n'empêche que je ne peux pas encaisser la conception de la sexualité selon l'Eglise, et que je remercie bien humblement le ciel de n'avoir jamais eu, ou alors malgré moi, à appliquer la méthode ABC :
    A. Il a bien fallu sortir de ce vilain piège pour ados-trop cathos sans repères.
    B. Comment rester fidèle à qui ne vous plait pas ? Comment être fidèle en se regardant dans le blanc des yeux ? etc. Question de bon sens.
    C. Dieu merci, l'époque de ma splendeur et mon propre discernement aussi sans doute m'ont évité ce truc-là .

    Comment fait-on dans ce cas ?

    Ca n'est pas de la casuistique, puisqu'il ne s'agit pas non plus ici d'un débat de fond, mais de réponses ponctuelles à des problèmes ponctuels, sociétaux ou thérapeutiques, tout aussi égotistes que mon propre ressenti qui vaut ce qu'il vaut, et qui n'a franchement pas envie qu'on les lui coupe, même si elles ne lui servent qu'en privé et dans le cadre strict de l'obéissance à des valeurs bien proches dans l'esprit de celles du Souverain Pontife.
    Bien à vous

    PS : C'est moins lapidaire que du Boulard, mais Lui est éternel, ça se sent, un peu moins que Dantec néanmoins.

  • Dommage, cher Sylvain, ça avait l'air bien parti, votre commentaire, mais en vous contentant de copier-coller deux papiers de Charlie Hebdo, qui me semblent se situer bien en deça de la discussion, vous n'apportez que peu d'eau à votre moulin et ne mettez guère en péril le nôtre. En accumulant les erreurs :

    -Sur Williamson, d’abord. Si ce non-prêtre nazillon a vu son excommunication levée par Benoît XVI, il n’a été nullement réintégré à l’Eglise. C’était une main (il est vrai, assez maladroitement) tendue par le Pape en vue d’une réconciliation (qui, disons le, ne pressait pas) et que l’autre, en multipliant des déclarations négationnistes, puis en présentant des excuses pires que les déclarations, a bel et bien refusé - ajoutant ainsi à l’immondice idéologique, et ridiculisant le pape au grand dam des catholiques. Cette affaire est d’autant plus pathétique que le cardinal Ratzinger fut celui qui insista le plus sur la matrice judaïque du christianisme.

    -Sur la petite Brésilienne violée. Savez-vous que l'excommunication ignoble qui a frappé la mère et les médecins ne venait ni du Vatican ni de la congrégation des évêques brésiliens mais de cet archevêque dément de Récife et dont le manque de charité choqua tout le monde ? Savez-vous surtout que la mère elle-même était contre l'avortement et qu'elle s'y est résolue quand on lui a dit que sa fille était en péril ? Savez-vous qu'en effet dans ces pays là, la vie est considérée comme sacrée - même au prix du viol ?

    -C'est drôle, d'ailleurs (enfin drôle, pas cette histoire qui soulève le coeur, mais bien l'argumentation anticléricale). Dans un premier temps, vous sous-entendez que le pape serait un néo-colonisateur à la Tintin venu moraliser, donc conquérir les continents du sud, pauvres et traditionnels, et les convertir à nos valeurs. Puis, dans un second temps, vous déblatérez sur la valeur de l'avortement, l'individualité, via Freud, etc - sans vous rendre compte une seconde, vous comme Val, qu'il est là précisément le néo-colonialisme. Car oui, en effet, dans ces régions du monde où la tradition est tout, où la tradition fait supporter la misère et où la vie à tous prix est le barrage à la mort, l'avortement est pire que le viol. Et si vous n'étiez pas un petit blanc colonialiste sûr de ses valeurs et de son bon droit, eh bien, vous l'admettriez.

    -Je le répète, je suis pour l'avortement. Et pas du bout des lèvres. Non, comme dirait Celeborn, la loi Veil fut l'une des grandes lois du siècle dernier. Mais il faut bien comprendre qu'on l'adopta parce qu'elle correspondait aussi à nos moeurs et notre prospérité. C'est dans les pays riches que l'on en vient à vouloir maîtriser la vie, et c'est dans les pays pauvres que l'on tient à la vie plus que tout - parce que celle-ci est menacée de toutes parts. Dans un pays pauvre et traditionnel, la vie est la seule chose qui reste au peuple. Et aussi insoutenable que celui puisse paraître pour nous, il faut bien reconnaître que l'avortement est ce qu'il y a de plus insoutenable pour eux. Et je crois que le Pape est en adéquation avec cette vision du monde. C'est d'ailleurs pour cela qu'ici on le hait tant. En fait, il nous" trahit" comme le Christ "trahissait" les Juifs. Au lieu de s'occuper de nous et de nos valeurs, il va parler aux barbares et comprendre les leurs. Il a le souci de l'universel et non pas simplement celui de l'occidental, lui, ce Pape occidental ! Mais alors qu'il aille s'installer en Afrique ou au Brésil, ce salaud, si c'est pour mettre à mal les Homo Festivus que nous sommes devenus !

    BENOIT XVI, UN NAZI ???????? Mais avec nos recherches tout azimut sur l'embryon, notre eugénisme rampant, notre quête du clonage, notre goût du sport et de la santé, notre obsession sanitaire, c'est nous qui le sommes bien plus que lui. Benoît XVI, c'est aujourd'hui la personnalité la plus antinazie du monde et qui révèle tout ce qu'il y a de nazi dans le monde et qu'il y aura d'ailleurs de plus en plus.... CAR NAZIS, C'EST PROGRESSIVEMENT CE QUE NOUS SOMMES EN TRAIN DE DEVENIR POUR DE BON.

    [- Digression pour Aquinus : certes l'avortement est un péché, mais qu'est-ce qu'un péché ? Certainement pas un acte qui révèle de la loi des hommes, certainement pas un crime puni légalement par la loi. Le péché, comme le dit Rémi Brague, ne concerne que Dieu. Le péché, c'est la forme que prend le mal quand on le reconnaît devant Dieu. Le péché, c'est une affaire entre Dieu et moi. Et aux yeux de Dieu, un mensonge par omission peut être pire qu'un génocide. Alors que le crime, lui, est une affaire entre les hommes et les hommes (ou entre les hommes et les femmes et les hommes et les femmes, pour ne pas paraître sexiste). Or, et c'est là que tout se joue, si de tout temps, on a condamné le crime (comme l'inceste), on ne l'a pas fait de l'avortement. Car l'avortement, si tout un pan de la sensibilité humaine en a fait un meurtre, tout un autre pan de la sensibilité humaine en a fait une libération - et là-dessus, on peut discuter huit heures, on trouvera dans les coutumes et les philosophies de tous les pays du monde autant d'arguments qui iront dans votre sens que dans le mien. Saint Augustin contre Montaigne, si vous voulez. Il faut là-dessus user jusqu'à la corde de la casuistique : certes, l'avortement est la suppression d'une vie, mais d'une vie en devenir, d'une vie qui n'est pas encore consciente d'elle-même (si c'était le cas, nous aurions la mémoire de nos neuf premiers mois). Parler de meurtre à propos d'un avortement est donc un abus de langage et une trahison de sa propre sensibilité. De la vôtre comme de la mienne - car, entre nous, Aquinus, entre le bourreau nazi et la femme qui a avorté, est-ce vraiment du même "meurtre" dont on parle ? Entre la bonne femme qui a tué et congélé ses gosses et telle faiseuse d'anges, est-ce vraiment la même chose ? Et doit-on les traiter de la même façon ?
    Pour moi, on peut dire de la femme qui a avorté qu'elle est pécheresse (encore que.... Car comme dit Brague, le péché, c'est une reconnaissance de soi par soi devant Dieu, non une injonction d'un tel à un tel. Le péché, c'est ce qui implique à la fois la reconnaissance personnelle de son mal et l'espérance d'être pardonné par Dieu - à la lettre, seuls les pécheurs attendent d'être pardonnés !), alors qu'on ne peut pas simplement dire de Mengele ou de Himmler qu'ils étaient de "grands pécheurs". Le péché est donc un mal redéfini par et pour Dieu et qui ne relève en rien de la loi des hommes. Rendons donc à Dieu ce qui revient à Dieu et à la République ce qui revient à la République.

    Donc, oui, la loi Veil a aboli l'inégalité sociale en matière d'avortement. Depuis, on ne s'avorte plus avec des aiguilles quand on est pauvre et on ne fait plus le petit voyage touristique en Holllande quand on est riche. La loi Veil est une loi d'égalité sociale et qui permet à chacun d'agir en toute conscience. Si demain, on recriminalisait l'avortement, outre la cruauté sociale que cela impliquerait, cela signifierait aussi que Dieu redevient l'affaire des puissants et des répressifs. Fin de la digression.]

    - L'abstinence est décidément une idée qui vous donne des boutons à tous ! On peut vraiment s'interroger sur le degré de la conscience occidentale qui panique dès qu'on parle de ça ! Plutôt le sida que l'abstinence ! Plutôt la mort que pas la fête ! Allo, Muray ?

    - J'aime bcp aussi l'argument qui consiste à dire que de toutes façons l'espèce humaine va un jour disparaître, donc, autant commencer tout de suite, et vive l'avortement ! Décidément, les progressistes sont d'un autre âge - et pas du douzième siècle, non, du vingt-quatrième, du siècle où ce n'est pas la vie qui aura disparu, mais l'humanité telle que nous la connaissons aujourd'hui. Allo Houellebecq ?

    (C'est d'ailleurs amusant de constater que la littérature de science-fiction, et même si je n'en suis pas lecteur, propose généralement des avenirs abominables, inhumains, contre-humains, atroces sur tous les plans, ce qui n'empêche pas les zig progressistes de se réjouir du futur et de blâmer le passé. La solution finale, je le répète, est sans doute devant nous... Et l'on peut se demander si les auteurs de science-fiction ne seraient pas finalement les alliés les plus probants du Vatican, et de tous ceux qui ont encore un amour de l'humanité réelle ? Allo, Dantec ?)

    - Enfin, les jeunesses hitlériennes, dans votre cul, Métafiot !!! :D (et qu'on ne vienne pas me dire d'enlever ce message !)

    Pour finir, ce que j'aime chez Benoît, c'est qu'il prend à la gorge toute la société actuelle, et même s'il y a de vrais erreurs de communication (Williamson), il a le mérite d'opposer un absolu incroyablement fort face à toute la schizophrénie sociale et morale de notre monde. Il nous force à reconsidérer nos valeurs, nos origines, nos démons, nos aveuglements, notre connerie crasse. Il fout le bordel dans la petite vie occidentale et je crois que c'est la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Avec lui, on se nourrit enfin d'autre chose que de notre merde pasolinienne. Bref, un pape de choc, pas vraiment diplomate mais exorciste suprême, qui redonne sa force au christianisme et notamment contre tous ceux qui disaient que le christianisme était une religion de chochottes hypocrites. Son intelligence théologique et culturelle continue de m'impressionner. Non, après Jean-Paul II, il est le second révélateur de ma foi.

    *Montalte, avec Dieu et Maître, autrement dit, vraiment libre.

  • Le nazisme sans Hitler c'est quand même comme l'ersatz de café pendant la guerre ... ça manque un peu de saveur !

  • Il y a quelque chose qui ne tient pas la route dans ton argumentation, Montalte. D 'un côté, tu dis que la loi Veil fut une des plus grandes lois du siècle dernier et tu réaffirmes que l'avortement est une bonne chose. Une chose tellement bonne qu'il faut qu'elle puisse être accessible au plus grand nombre et qu'elle ne soit pas seulement le privilège des riches.

    De l'autre, tu dis qu'avec le clonage, les recherches sur l'embryon, l'obsession sanitaire, etc, nous sommes en train de devenir de plus en plus nazis, dans la mesure où nous sombrons dans l'eugénisme, un eugénisme d'autant plus pervers qu'il n'est pas assumé. Or, tu oublies que l'avortement fait partie de la panoplie eugéniste, couplé avec le diagnostic prénatal, de sorte que lorsque la trisomie 21 est détectée ou quelque autre maladie génétique incurable, voire même quelque petit défaut parfaitement guérissable (par exemple : un pied bot), l'avortement est demandé dans 95 % des cas. Et qu'est cela, sinon de l'eugénisme ?

    Il faudrait savoir de quel côté tu te ranges. Pour ou contre l'eugénisme ? A moins qu'il y ait un bon et un mauvais eugénisme ?

    Par ailleurs, je suis ravi de lire Aquinus sur ton blog. Pour l'avoir lu en d'autres lieux, je sais que tu as trouvé un interlocuteur à ta mesure.

  • @Montalte: je veux bien accepter vos contre-arguments concernant l'avortement, la plupart je pense s'entendent. Le péché et son absolution relèvent de Dieu, ils ne sont pas nécessairement sanctionnés par la loi des hommes, il y a crime et crime, avortement et avortement. Ok.

    Cependant il me semble que la loi des hommes devrait se garder de légitimer un péché et dans le cas de l'avortement, il est indéniable je crois que sa légalisation a pour effet partout sur la planète de le banaliser. Parce qu'il ne s'agit pas d'un simple larcin sur lequel on peut fermer les yeux, parce que ce dont il s'agit est trop immense pour une mère, pour que cela puisse être passé sous silence et ne pas ressurgir décuplé par dix, plus tard.

    Je suis donc opposé à la légalisation de l'avortement non pas tant pour réduire le nombre de ceux-ci, qui existeront toujours, mais bien plutôt parce que conscient de l'effroyable mensonge dans lequel cette loi plonge toutes les mères et finalement tous ceux qui vivent sous une telle loi. Je suis frappé de voir, maintenant que cette légalisation a franchi une génération et est devenue culturelle en France, combien toute opposition morale à l'avortement est vécue comme une violence envers la plupart des femmes même celles qui n'ont jamais avorté. Frappé aussi, par le nombre de femmes que je connais qui n'ont pas réalisé ce qu'elles faisaient en avortant adolescentes, et se prennent un immense boomerang en pleine face à 30 ans lorsqu'elles acceptent enfin le don de la vie.

    Je vois donc dans cette loi un enchaînement irrémédiable, une privation de liberté. Et cela, je ne peux pas le tolérer. C'est intolérable, et je suis certain que nous n'avons pas fini de voir où ce mensonge va nous entraîner. Je ne crois pas que la simple raison puisse "gérer" ou "contrôler" le genre de fatals enchaînements qui se déroule sous nos yeux.

    Voici pour quoi j'en fais LE sujet civilisationnel majeur, celui qui permet de prédire une grande partie de l'avenir: les peuples qui sont déjà morts, ceux qui ont encore un avenir et ceux qui hésitent devant le gouffre.

    A titre d'exemple personnel, ma femme a accouché voici 6 mois d'une fille. Lors de sa grossesse nous avons du nous expliquer devant une gynécologue du fait que nous refusions une amniosynthèse suite à un test sanguin qui ne passait pas le cut probabiliste. Notre décision lui est apparue tellement incroyable que nous avons été traité en parias. Pour l'instant on nous a laissé notre liberté de choix, mais je suis certain que cela ne durera pas. L'affaire d'une génération de plus et il y aura une obligation d'avorter dans certains cas, et ce ne seront plus certains avortements mais certains accouchements qui deviendront clandestins. Je le sens, et en général j'ai pas mal de pif.

  • Merci Montalte pour ce post très didactique, mais très bon.
    Tout à fait d'accord avec aquinus : d'ici peu, celui qui refusera de bénéficier des "bienfaits de la science" - Ah ! le "secours de la médecine" ! - sera verbalisé. C'est dans la logique du long processus de désagrégation de la pensée métaphysique que tous nous subissons sans moufter, et parfois en applaudissant : qui résiste au plaisir de mettre sa ceinture de sécurité en voiture ? Qui trouve ahurissant qu'on oblige un motard à porter un casque ? C'est du même tonneau, les banderilles avant la mise à mort.

  • Vous raisonnez sur le plan métaphysique, et oubliez une foi(s) encore ce que Pierre rappelle : le plan social. Par refus du péché, vous préférez voir les pauvres crever en avortant dans des conditions de merde, c'est ça ? Parce que c'est ça, que vous nous proposez, comme société. Alors rappelez-vous peut-être une bonne fois pour toutes que la notion de péché est étrangère à la loi en pays laïc, que cette loi - je ne le redirai jamais assez - à autant fait pour l'émancipation des femmes que le droit de vote, et que vos prédictions de mauvaise Cassandre sur le fait qu'on accouchera bientôt dans la clandestinité n'engagent que vous (et votre pif, donc ^^).

  • Je me souviens d'un journal polonais qui faisait sa une sur les enterrements d'embryons avortés et qui prêchait la peine de mort dans les mêmes colonnes. Le discours des pro-life ressemble toujours à cela...et quel mépris pour les femmes vous montrez Aquinus en affirmant que les "adolescentes" avortent/avortaient sans réaliser ce qu'elle font/faisaient... Comme si ce geste, qui a toujours existé et qui existera toujours, pouvait être "banalisé" serait-ce par une adolescente de quinze ans. Un catholique aussi peu charitable, si éloigné de l'humain fait pitié à lire. Et puis, merde, il faut avoir accompagné une soeur, une amie, lui avoir tenu la main, avoir assisté aux entretiens psy, divers et variés où TOUT est fait pour vous faire renoncer, avoir éprouvé la difficulté d'avoir un rendez-vous, avoir essuyé les regards de dégoût des soignants, avoir accompagné spirituellement/psychologiquement/affectivement l'avant le pendant et l'après pour comprendre que non, l'avortement n'est pas banalisé et ne le sera jamais sinon, justement, par ceux qui prétendent être du côté de la vie. Tiens, Montalte, toi qui aime les indiens végétariens, lis-donc l'essai de Christopher Hitchens "The missionary position, Mother Teresa in theory and practice". Encore une pro-life qui laissait crever des malheureux. Je te fais des bisous parce que tu es le plus sexy et tu sais que je le pense. *Hirek, the levrette emancipation

  • "Je dois être maso... Vos arguments - parfois pathétiques - sont si loin du beauf de droite habituel que c'est sans doute cela qui m'attire."

    Et là-dessus ça déballe fièrement l'arsenal complet des contre-vérités les plus abjectes suivies des platitudes festivistes les plus lamentablement absurdes et/ou mensongères. Le Camp du Bien en action. Les faits ? L'histoire ? Les opinions ? Rien à foutre. J'ai raison, car je suis de gôche.

    Et ça cite Val, parangon de l'intégrité intellectuelle. Ça ne doute de rien.

    Après avoir mollement demandé "pourquoi les culs-bénits prônant l'abstinence (au nom de la pureté de l'âme face au péché de la chair) ne l'appliquerait pas toute leur vie ?" puis conclu "Ils disparaitraient enfin de la surface de la Terre", ça ose encore traiter de beaufs les gens qui ont l'outrecuidance d'exprimer des propos dix fois, vingt fois plus subtils que les siens.

    Su-perbe.

    Hey, le héros de la Résistance au fascisme en 2009, vous auriez fait quoi si, comme le vieux, vous aviez eu 12ans en 39 ? Vous auriez dégainé votre pistolet à bouchon contre l'uniforme ?

  • En vous lisant, Sébastien, Aquinus, Serge, je suis très partagé. Car d'un côté je partage votre souci de cette perte métaphysique qui frappe le monde occidental et à laquelle l'avortement participe certainement (mais était-ce dans l'esprit de la loi Veil que de participer à la panoplie eugéniste ?). De l'autre, je me demande si une loi anti-avortement ne serait pas pire que le mal. Après tout, si le monde court à sa perte, eh bien qu'il y coure ! Il en ressortira peut-être après quelque chose. Mais légiférer contre des moeurs qui sont admises et acquises à la suite d'un combat politique, c'est à la fois cruel et anachronique. Quelle diable de solution proposez-vous ? On entre dans un monde où l'avortement sera obligatoire et où les accouchements seront clandestins ? Eh bien, il y aura à ce moment une réaction, sinon une révolution contre ça... Mais tant qu'on n'est pas allé jusqu'au bout du processus mortifère, inutile de changer la donne.

    Bon ou mauvais eugénisme ? C'est en effet à discuter. De même les cas d'euthanasie. Si le cas Chantal Sébire a pu offusquer par sa candeur irresponsable et insupportable ("euthanasiez-moi, les amis, et prenez mes responsabilités à ma place"), peut-on en vouloir à cette mère qui a euthanasié son fils hémiplégique ? Dans ce cas-là, l'amour peut aller au-delà de la vie, non ?

    Le problème en fait est plus légal que moral. Que moralement, vous soyez contre l'IVG se défend - et moi-même, je peux considérer que dans un monde parfait, il n'y en aurait pas. Au paradis, on n'avorte pas, c'est clair. Sur terre, c'est un peu différent. Le social a ses contraintes que la métaphysique ignore. Et je me demande si faire de la métaphysique une pression sur le social, si faire de l'essence des choses un essentialisme légal et répressif ne serait pas sombrer dans ce que nous dénonçons par ailleurs dans l'islam ou dans le terrorisme. Car un terroriste ou un exciseur, c'est aussi un métaphysicien en action, ne trouvez-vous pas ?

    Une fois de plus, comme le disait P/Z, la question n'est pas de savoir si l'avortement est un péché, mais si l'on doit criminaliser ce péché. Pour moi, non.

    J'avoue aussi que j'ai de plus en plus de mal avec le déclinisme, sinon avec l'apocalyptisme - qui me semble être le kitsch des pessimistes. La fin de l'Occident, la fin de l'Histoire, la fin des haricots, c'était déjà dans Joseph de Maistre après la Révolution Française. Et malgré tout, et comme dit cette expression épouvantable, "la vie continue"... La vie continue, la vie déborde le métaphysique et social, la vie se fout des règles et des credo, religieux ou athées, la vie continue de se reproduire quel que que soit ce qui se passe autour d'elle, la vie n'a peur de rien et fait chier tout le monde. Sur ce plan, je suis schopenhaurien en diable.

    Alors je suis peut-être moi-même atteint par ce sida mental dont je me moquais, mais le témoignage d'Hirek me touche beaucoup. Oui, le parcours de la femme qui va avorter est déjà un calvaire en soi. Et c'est à ce moment-là que les pro-life me sortent par les yeux. Car dans leur hystérie vitaliste, je lis aussi de l'indifférence mortifère pour l'individu - la femme en l'occurrence. Accouche et tais-toi !

  • Rhoooo ! Dans mon cul ?? Comme vous y allez.

    D'accord avec vous sur l'avortement (une grande dame Simone Veil) : laissons le choix total aux personnes souhaitant avorter ou non. L'hystérie vitaliste est effectivement de la pire espèce que ce soit en Occident ET dans le reste du monde. On bascule dans la théocratie lorsqu'on fait passer les Lois (avec majuscules car aucune discussion n'est possible) de dieu avant les lois des hommes (avec minuscules car elles évoluent en permanence, sont remises en cause). Et cela ne concerne pas uniquement le christianisme. La métaphysique relève du domaine strictement privé et non de la cité. Le fanatisme religieux commence dès que la religion se mêle du politique.

    D'accord également sur l'eugénisme rampant (tiens cela me rappelle un certain Nicolas S. affirmant que l'on nait pédophile...), le culte imbécile du sport (les stades de foot sont des centrifugeuses à cons), etc. Il s'opère une dangereuse mutation de nos sociétés dont je rajouterais quelques faits : caméras omniprésentes, test ADN récurrents, répression de l'étranger systématique, antisémitisme à la mode (Dieudonné et ses copains facho casse la baraque). Sinon, je me doute bien que Benoit XVI n'est pas Hitler, mais pour vous tous qui êtes fortement attachés à la responsabilité individuelle (je le suis aussi), vous exonérez sans conditions sa jeunesse de nazillon et en faites même l'homme le plus anti-nazie du moment ! Faut y aller mollo sur l'eau bénite.

    Concernant le reproche de néo-colonialisme, vous avez les même arguments que certains crétins d'extrême gauche affirmant, par exemple, que battre sa femme en Europe est une véritable saloperie, tandis que faire de même au Moyen-Orient c'est un fait culturel que nous devrions respecter, au nom bien sûr du "respect des cultures". Cette déviance de la tolérance est une escroquerie ! C'est un beau racisme que l'on nomme "relativisme culturel". Désolé mais il existe des principes universelles qui ne dépendent pas de la souveraineté des Etats et du positionnement géographique : la liberté, entre autres, notamment de disposer de son corps comme chacun l'entend.
    C'est dans cette optique que s'inscrit les droits de l'homme : quand on torture ou viol une femme en France ou en Syrie le résultat est le même : elle souffre atrocement ! Affirmer que l'avortement est pire que le viol revient à s'inscrire dans la barbarie de l'homme à l'état de nature et nier la hiérarchie des principes universels s'inscrivant dans la culture.

    Enfin, au-delà des références littéraires et transcendantales, d'un point de vue simplement scientifique le pape & Co ont faux sur toute la ligne. Si, entre deux réflexions sur Saint-Augustin, vous trouvez une solution plus efficace que le préservatif pour enrayer le virus du SIDA sans sombrer dans la bigoterie la plus obscurantiste, remuez les bras tant que vous pouvez.
    L'espérance d'un paradis parfait est mortifère pour l'humanité qui "se suffit" à l'immanence du monde.

    Sinon, pour l'extinction des cathos par l'abstinence suprême c'était ce qu'on nomme vulgairement, de l'humour. Vous allez me donnez à penser que les anti-modernes n'arrivent pas à déserrer les fesses.

    En fin de compte, en étant un contre tous, je m'inscrit dans le biblique et la miséricorde.
    Être dans le christianisme, un anti-clérical comme moi, c'est le comble ^^

  • Mais personnellement, je suis tout à fait d'accord avec vous, Pierre : je n'ai certes pas écrit qu'il fallait criminaliser l'avortement , que ce soit au nom de la morale ou de la métaphysique. Je pense simplement qu'en ce domaine comme en de nombreux autres, le bien aurait été, serait, de ne pas légiférer. Car c'est cette entreprise de "légifération" permanente qui ruine l'âme des hommes, même si tous aspirent veulement à s'y soumettre.

  • Pour prolonger le débat, je porte à votre connaissance la dernière émission "Répliques" d' Alain Finkielkraut, sur la merveilleuse radio France Culture, intitulé "Qu'est-ce que le christianisme?":
    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/repliques/index.php?emission_id=14

    Un débat entre l'historien Gérard Mordillat et le "curé déguisé en universitaire" Jean-Marie Salamito.

  • "La liberté, entre autres, notamment de disposer de son corps comme chacun l'entend."

    L'expression, M. Métafiot est excellente, mais il me semble intellectuellement suicidaire. J'ai le droit de disposer de mon corps, certes, mais mon droit s'arrête là où le tien commence: je n'ai aucune disposition sur ton corps. Et la liberté nait précisément lorsque l'on prend en compte autrui. L'abstinence devient un acte de liberté absolue, même dans le sens où vous l'entendez, puisqu'il s'agit de la maîtrise de son corps: on domine ses pulsions, on ne se laisse pas dominer par elles. Puisqu'il s'agit ensuite du respect du corps de l'autre. Voilà peut être pourquoi je déteste l'expression française de 'faire l'amour'. Lorsqu'on baise, on fait tout sauf l'amour. On prend plaisir au dépend d'autrui.

    Etrange liberté qui consiste à assouvir ses instincts bestiaux en saisissant le corps d'autrui. Encore plus étrange de penser qu'il suffit de couvrir son pénis d'un mince couche de latex pour se sentir responsable...

    Toujours est-il que je vois ici, comme ailleurs trois affaires qui se télescopent, et non uniquement dans le temps. Tout d'abord l'affaire du préservatif dans l'avion (une nouvelle définition, je présume, de l'expression 's'envoyer en l'air'). Ici, les propos du pape me semblent non seulement raisonnés mais encore raisonnables, ensuite il y a les deux facettes de ce ce que j'appellerais l'affaire des excommunications.

    On excommunie un hérétique, on n'excommunie pas un pécheur. Et, comme l'a très bien fait remarquer M. Cormary, l'avortement est un péché. C'est un meurtre, me dira-t-on. Mais on peu être meurtrier et pour autant croire en Dieu, Dans l'Eglise et dans la communauté des Saints. Mais un meurtre rompt un commandement: Tu ne tueras pas. Mais le viol aussi rompt un commandement: Tu ne convoitera pas la femme d'autrui. Et les belles filles du violeur sont par définition des femmes d'autrui. Mais puis qu'on est en fin de compte sensible à l'excommunication, le Saint Siège aurait dû symboliquement excommunier le beau-père violeur et puis rappeler au monde que ceci n'est pas un affaire de piété, et lever l'excommunication toutes les personnes impliquées dans l'affaire (après leur avoir demandé de faire dix Pater Noster, dix Ave Maria et un chemin de croix, on aime bien de nos jours les belles punition spectacles - imaginez la part d'audience que cela aurait fait sur KTO!).

    Toujours est-il que ce cardinal est de la génération Jean-Paul II, et il fait parti de toute une vision de l'Eglise qui est autoritaire et misogyne. Cette excommunication est un lapsus, mais un lapsus révélateur qui vient en fin de compte affaiblir son discours 'moral' sur l'abstinence, fidélité, préservatif. Une femme est a priori coupable de ce qui lui arrive. Un homme n'est pas a priori coupable de ce qu'il fait à une femme.

    Encore plus révélateur, parce qu'il ne s'agit pas d'un lapsus, est la levé d'excommunication des prêtres intégristes. S'il y eut excommunication, c'est qu'il y avait un propos ou un acte hérétique (et dans le cas de l'Eglise intégriste, il y en eurent plus d'un). ce n'est peut-être pas charitable de ma part, mais il me semble que pour lever une excommunication, il faut qu'il y ait un changement dans la situation. Soit que l'excommunié fasse amende honorable et demande la réintégration, soit que l'Eglise ait changé de position. Or à ma connaissance, l'Eglise intégriste ne fit rien en forme d'apaisement. Cela veut dire que le Saint Siège avait dû changer sa position. En cherchant l'apaisement avec les intégristes, l'Eglise ferme encore une porte dans le dialogue inter religieux, tout en se mettant à et les fidèles et une bonne partie de la nouvelle génération du clergé.

    Sans oublier que Benoit XVI s'est personnellement couvert de ridicule.

    On aura beau essayer de les distinguer, il est incontestable que ces affaires sont inextricablement liées. Pour des raison de famille, je suis trouvé à participer à la messe dimanche dernier. Sur la feuille paroissiale se trouvait un billet du curé qui se désengageait du groupe de fidèle qui appelait à un débat sur les agissements du pape. il trouvait que c'était semer la discorde, alors qu'il fallait travailler dans l'harmonie - surtout dans l'affaire de la petite 'Carmen' (avec les guillemets de rigueur). Mais cela fait sept siècles que l'harmonie ne se fait plus dans la monophonie grégorienne, mais dans la polyphonie classique. Cette polyphonie dans le monde républicain cela s'appelle un débat. Si tout avais contraire doit se tenir hors des murs de l'Eglise, il n' y a plus débat. Si dans la cité tout avis contraire est considéré comme irresponsable et dangereux, il n'y a plus débat.

    Enfin si de part et d'autre chaque avis doit être exprimé en slogan univoque, il n'y a plus débat.

  • @Sylvain, sur le lien RFI - relevons les incroyables inconsistences de Mordillat mais aussi de Finkielkraut.

    1/ Mordillat dit que l'Eglise a TOUJOURS, soutenu les pire dictatures, impérialismes et systèmes réactionnaires. Il le dit tel quel, sans ambage et ça en est à pein croyable. Car que ce fut en Amérique du Sud du temps des conquistadors, au cours de la seconde guerre mondiale, pendant la colonisation de l'Afrique ou bien au Moyen-Age lors des incessants conflits temporel vs spirituel du St Empire, on peut tout aussi bien dire l'inverse à savoir que l'Eglise a toujours mis des bâtons dans les roues aux pouvoirs en place. Cet homme a donc une ligne de lecture marxiste: tout pouvoir doit être renversé en vue d'une utopique égalité parfaite. Pour le paradis, hic et nunc; là en effet, ça n'est pas ce que prône l'Eglise.

    2/ Mordillat ose la comparaison toute sémitique selon lui (même s'il se défend du mot, bien entendu) entre marturs juifs, chrétiens et musulmans. Le fait que les 2 premiers se sacrifient pour leur foi (à la limite à rapprocher du stoïcien) et que le second utilise son suicide à des fins militaires et guerrières ne l'empêche pas de dire que leur différence n'est que de degré, d'évolution. Où quand le relativisme gauchiste devient islamique: mr Mordillat, faut nous faire savoir quand vous prononcez la shahadda.

    3/ enfin en référence aux polémiques récentes que les media relativistes et athées occidentaux ont monté contre le pape, Mordillat et Finkielkraut semblent dire que c'est révélateur - et de quoi je vous prie? de la tendance du n°1, à savoir de l'Eglise à être proche des pouvoirs temporels réactionnaires. Ne savent-ils donc pas que la gauche a triomphé partout en Occident (sauf aux USA) et que les pouvoirs qui y comptent, fussent-ils économiques ou médiatiques, sont TOUS tombés à bras raccourcis sur le Saint Père?? pourquoi ne pas relever ce fait énorme, et donc détruire le discours préconu en arguant que sur le coup l'Eglise n'a cure du qu'en dira-t'on et n'hésite pas à s'opposer aux pouvoirs étatiques occidentaux??

    Mr Mordillat est une caricature, son ton d'athée inquisiteur ne tiendrait pas une seconde face à un adversaire plus jeune et donc plus couillu que Mr Salamito.

  • Salut Montalte. Encore une fois, tu nous gratifies d'un bien joli post, quoique moins ironique que d'habitude, donc un peu moins drôle. Je te trouve plus sérieux, plus concerné par ce que tu écris, peut-être plus sincère, et pourquoi pas.
    Je ne reviendrai pas sur tout le débat autour de la capote Vs l’abstinence. Ce qui me frappe plus est cette sorte de détestation que tu as pour le monde contemporain. A travers tes lignes, j’ai l’impression que tu hais le monde occidental, matérialiste donc mauvais. Non, tout n’est pas noir ici, ni en Afrique (pas de mauvais jeu de mots). Nous nous étripons un peu moins qu’avant, en Afrique aussi. La famine à disparue chez nous et elle recule en Afrique. Ce n’est pas tout rose mais ça progresse un peu.
    Nous serions donc devenus des barbares, des brutes épaisses, écervelées, partouzant dans l’autobus qui nous amène tranquillement à notre autodestruction. Ben tu vois, je ne crois pas et je suis un peu effrayé par ton de pessimisme, je te plains. Du coup, je comprends mieux tes élans mystiques. Alors que tout le monde coule, la main que Dieu nous tend depuis toujours est la seule chose qui nous reste. Mouais. Pour moi, tu frôle la schizophrénie à mettre tant d’acharnement à nous convaincre (te convaincre ?) de la bonté, la hauteur, l’amour et la rigueur du message chrétien tout en te décrivant comme un disciple de Bacchus. Ca ne doit pas être toujours facile à vivre. Oh bien sûr, personne n’est parfait mais là, tu vas loin.

  • Greg, je suis d'accord avec vous. C'est vrai que ce post a un grand coté mystique et qu'il nous fait réfléchir sur l'absolu, le vrai sens des choses.
    Et tous, nous aspirons au mysticisme tout en ne pouvant pas nous passer, (sûrement comme Montalte) de ce monde moderne dont nous faisons partie intégrante!

  • "Et la capote, avec tout ce qu'elle représente de totémique pour nous, est fort difficilement compréhensible pour eux. "

    "C'est bien ce que je disais : l'idée même d'abstinence horrifie plus que le sida."

    Effectivement.

    Vous auriez pu ajouter que l'idée de s'abstenir est dans les pays cités moins en vogue que l'idée de porter un préservatif.

    Et vous en déduisez qu'il vaudrait mieux promouvoir l'abstinence dans lesdits pays pour endiguer la propagation du SIDA ?

    Evitez de professer quoi que ce soit quant au Cameroun, Mr Cormary.

    Comme Benoît XVI vous semblez tout ignorer du Cameroun.

  • Un peu déçu quand même, chez toi il y a 364 poissons par an sauf le 1er avril !
    Tu aurais pu au moins nous offrir une capote en forme de sardine pour nous distraire ...

  • "Les pays moins en vogue", dites-vous ? Pourquoi pas les pays moins "cool" tant que vous y êtes ? Et c'est vous, anonyme qui osez nous dire "en passant" que nous ne devrions ne pas parler de l'Afrique sous prétexte que nous n'y sommes jamais allés ? Mais les secours catholiques y sont allés, eux. Et c'est d'eux, en collaboration avec certains états africains, que nous tenons l'idée que les pays qui ont le plus endigué la pandémie du sida sont ceux qui ont su allier un dispositif moral et sanitaire ou le préservatif a autant droit de cité que l'abstinence et l'amour conjugal. La méthode "ABC" comme disait l'un des médecins cité plus haut. C'est drôle comme vos certitudes de sidactionnaire vous servent de credo... encore plus dogmatique que ceux du Pape.

    Cher Greg, je suis moins un adepte de Bacchus qu'un aliéné à lui. C'est d'ailleurs pour cela que je suis chrétien. Le christianisme m'aide, dans la mesure de mes moyens, à être moins païen, et à donner un sens à ma (la) vie autrement plus intense et plus transcendant que l'ivresse malheureuse. Par ailleurs, je ne hais pas tant le monde contemporain comme tu sembles le croire. Disons que je suis un peu sceptique quant à ses valeurs, et que j'ai plus une tendance à être consterné par celles-ci qu'à haïr celui-ci.

    Aquinus, sur Mordillat, là, nous sommes entièrement d'accord. Flanqué de son Prieur, il n'a eu cesse depuis des années de tenter de prouver que le christianisme était une trahison du Christ, que l'Eglise avait toujours été du côté des puissants (même saint François ? même sainte Thérèse ? même Pascal et Bernanos ?), et que Hitler était un héritier de Saint Jean. Dans une quinzaine, je reviendrai sur les erreurs de ces gens-là - qui sont hélas les erreurs de tant de monde... L'Eglise alliée des empires ? Certes, mais ce fut toujours pour mieux les subvertir et les évangéliser malgré eux. Il faut rendre à César et à Dieu, etc. Là-dessus, j'y reviendrai aussi.

    Hawkeye, si vous n'étiez aussi anticlérical, vous seriez encore plus catho que moi, mais vous le savez.
    "L'abstinence devient un acte de liberté absolue, même dans le sens où vous l'entendez, puisqu'il s'agit de la maîtrise de son corps: on domine ses pulsions, on ne se laisse pas dominer par elles. Puisqu'il s'agit ensuite du respect du corps de l'autre." On ne peut dire mieux.

    Le mieux aurait été de ne pas légiférer sur l'avortement, Serge ? Pourquoi pas ? Mais le problème était qu'avant la loi Veil, il y avait déjà une législation sur l'avortement. Une législation qui précisément criminalisait celui-ci et dont la législation Veil nous a fort heureusement débarrassée.

    Métafiot, en vous lisant, j'ai le sentiment que comme bcp d'anticléricaux, vous êtes plutôt un chrétien déçu, un chrétien qui aurait voulu que tout soit parfait tout de suite, non ? Quant à la parole du Pape, tout le problème est de savoir si l'on accepte une parole sur l'amour qui ne soit pas une parole "d'état d'urgence". Je crois que c'est ça qui irrite les Dechavanne et autre Pierre Bergé, Juppé et compagnie. Le Pape vient parler philosophiquement, théologiquement, des rapports humains, et on lui reproche de ne pas en parler cliniquement. Un peu comme un prof qui ferait à ses élèves un cours sur l'amour à partir de Platon, Saint Thomas, Kundera, Albert Cohen, et qui se ferait remballer par des parents d'élèves parce qu'il aurait omis de dire qu'il fallait "sortir couvert". Dans un tout autre genre, ça me rappelle cette campagne absurde dans laquelle on disait que même dans les films porno, il fallait que les hardeurs mettent des capotes pour bien édifier leurs spectateurs....

    Pour autant, je vous remercie tous de ce débat.

  • Il arrive un moment où l'on ne peut plus ignorer la perception qu'a beaucoup de monde d'un message. Sans rentrer dans le détail des programmes a ou b dans tel ou tel pays, des comparaisons, des avis de tel groupe, corps, journal ou ONG, je ne peux m'empêcher de voir l'impression déplorable que laisse cette affaire quant à l'Eglise. Même si elles ont tord, bien des personnes entendent "le pape est contre le préservatif, d'ailleurs il pense que cela augmente les risques".

    Cela est bien un fait indéniable que cette perception et non cela ne fait pas de moi une victime désespérée et désesérante de la dictature des medias.

    Le message de l'Eglise, par le truchement du Pape principalement, doit être compris sans être analysé au travers d'articles de l'Osservatorio Romano, de la bulle machin et l'encyclique chose. Je ne dois pas attendre que Mgnr X m'explique ce qu'a voulu en fait dire le Pape mais qu'il n'a pas dit pour d'évidentes raisons qui échappent à tous. Là pour le coup, comm le disait Greg, on rentre dans la schizophrénie. Le Pape doit pouvoir assumer l'engagement moral fort qui est le sien et les contradictions de l'Homme. Reconnaitre cela ce n'est pas donner un blanc-seing à l'Homme, c'est aussi donner le moyen d'assumer pleinement ses responsabilités d'irresponsable dans des conditions de sécurité optimales. Les avis doivent rester intelligibles et sages. Quant il répond à des journalistes, le Pape ne parle pas à un collège d'érudits cardinaux. Oui le préservatif est, aprés l'abstinence, le meilleur moyen de protection contre le SIDA.

    Merci pour les éclarcissements rassurants que tu apportes sur Williamson et la petite brésilienne.

    Paco

  • Je me demande si les pires anticléricaux ne sont pas ceux qui critiquent la pratique à l'aulne de l'Esprit. Trop de Vie tue l'Amour, qui doit être au centre de la pensée chrétienne.

    Je ne vois pas en quoi l'avis du pape est ici inintelligible pour qui l'écoute réellement. J' ai plutôt l'impression d'un procès d'intention. Cela me rappelle le lychage qu'avaient subit les Beatles quand Lennon avait sortit qu'ils étaient 'plus populaires que Jésus'.

    'Du contexte de grâce qu'on me donne du contexte', disait ma prof de latin.

    Tout ceci pour te dire que le 14 Février est bel est bien la Saint-Valentin, donc une date bien idoine pour ton petit poème d'amour. (Mais je n'arrivais pas à afficher mon commentaire sous la bonne rubrique).

    Bien à vous

    Hawkeye

  • Merci à toi.
    Faisant dans l'intime mais non dans le privé, je ne donne en pâture que ce qui en moi peut être source d'inquiétude, d'amusement ou d'excitation (et qui au fond peut relever autant de la "vérité" que de la représentation), et c'est pourquoi j'ai fermé les commentaires de la note dont tu parles. Mes sensations vous regardent, non mes sentiments.

  • @montalte: j'ai omis de répondre à un de vos commentaires (28/03). Je ne préconise pas une interdiction de l'avortement en France: ça n'a aucun sens, la France n'est pas un pays chrétien. D'ailleurs je ne préconise rien pour "la France": étant devenu étranger à ses us et coutumes désormais dominants je ne puis qu'espérer y survivre en communauté, forcément minoritaire et plus ou moins opprimée. Je me borne à dire que cette loi n'a fait qu'aggraver la mal qu'elle prétendait combattre (en l'occurrence, le nombre d'avortements); il me semble que Mme Weil l'a d'ailleurs plus ou moins reconnu. C'est un phénomène récurrent du progressisme: on prend un débat autour d'une loi progressiste qi avait pour but d'instaurer un "droit" dans la sphère privée, familiale, sociale; on prend les arguments de ceux qui y étaient favorables et de ceux qui étaient défavorables. 40, 30, 20 ans plus tard il semble évident qu'alors qu'ils avaient raison sur toute la ligne, alors qu'ils avaient annoncé que le pire arriverait et bien les "conservateurs" ont perdu sur toute la ligne, jusqu'à l'opinion publique qui d'une position mitigée a toujours immanquablement basculé en faveur de ce toujours plus de droit individuel. A l'inverse les progressistes soit mentaient, soit se trompaient lourdement en sous-évaluant totalement les conséquences sociales et morales qu'auraient de telles lois; ils ont gagné à plate couture et retourné l'opinion en leur faveur.

    Prenez tous les grands basculements de ce type (divorce, contraception, avortement, pacs) dans tous les pays occidentaux et le schéma est toujours le même. Je pense qu'il s'agit là d'une perversion propre à la démocratie de masse telle que pratiquée désormais partout en Occident. Quelque-chose contre laquelle on ne peut pas lutter "en jouant le jeu démocratique".

    Il faut donc laisser choir et survivre par d'autres moyens, en s'attendant au pire qui est toujours certain. Nous sommes trop nombreux à pressentir une catastrphe, un effondrement généralisé, pour que d'une façon ou d'une autre il n'arrive pas. Et ce sera tant mieux.

  • Là, nous sommes d'accord. Il faut voir le monde s'effondrer en espérant que quelque chose de bien en sortira.

  • LES COMMENTAIRES 2013 COMMENCENT ICI.

  • Donc si je comprends bien le Pape Benoit XVI est un païen qui s'ignore puisqu'il a préféré abdiquer raisonnablement devant le déclin de ses forces plutôt qu'aller jusqu'au bout du calvaire de la vie ... comme Jean Paul II !


    Un peu comme si Jésus avait dit au Mont des Oliviers à ses disciples : stop ! je mets les pouces !

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