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Cafard noir, sous la direction de Stéphane Rose

Sur Causeur, le 18 juillet 2020

 

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Very bad trip

 

Attention, livre méchant. Contre les idéologues du bonheur, les fanatiques du développement personnel, les experts de la pensée positive et tous ceux qui font profession de rendre heureux ou, pire, qui croient l’être à travers ce que l’on appelle les Feel good books, ces fameux « livres qui font du bien », Stéphane Rose et ses acolytes ont déclaré la guerre dans Cafard Noir.

 

Misanthropie et meurtre en série

Ici, pas de pitié pour les bons sentiments et leur « beau fixe » obligatoire (Myriam Berliner) où l’on nous exhorte à « devenir nous-mêmes en mieux » à travers un « training autogène » (Pascal Fioretto). Au bûcher, les « citations motivationnelles » censées redonner la pêche – du genre Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (Benjamin Fau), L’odeur de mon chagrin est plus forte dans les bois (Arnaud Vaulhallan) ou encore Quand viennent les nuages, il est temps de partir (Ornella Caldi) et qui donnent plutôt envie « d’immoler des chatons sur fond de heavy metal » (Laurette Polmanss.) À la roue, le Jolly Good Fellow professionnel qui n’est jamais qu’un imposteur « vivaplantesque » à la Pierre Rahbi ou un bouddhiste de pacotille à la Mathieu Ricard et tel que le décrit la très méchante (et donc très réjouissante) Anne Bouillon dans sa nouvelle du même nom, l’une des plus misanthropes du volume. Avec ou sans Sirop de grenouilles (David Vauclair), on massacre allégrement tout ce qui relève de cet épicurisme de Prisunic auquel se réfèrent tant de Chouquette (Marcel Caramel) et de Choupinette (Patrice Jean) – sans oublier la « pupuce » de Stéphane Rose, toujours prête à faire « un grand sourire à la vie. » Il est clair que les lectrices de Femme actuelle ou de Psychologie magasine, premières victimes de ce commerce du happiness, ne sont pas à la fête dans ce recueil où burlesque et pathétique vont de pair, les auteurs et surtout les autrices ayant visiblement pris un malin plaisir à conter les mésaventures socio-culturelles des nouvelles Justine (comme la Mona de Laurence Balan). C’est que l’Attractive world (Nicolas Cartelet) est une sorte de fascisme soft qui provoque autant le naufrage de soi (R comme ratage, Delphine Dubos) que le meurtre en série (La fête des mères de Diane Peylin) en passant par le drame social (Rocinha d’Eugénie Daragon.)

Chroniques d’époque

Bien plus qu’un livre de plage, Cafard noir se relève alors une formidable chronique de l’époque, d’ailleurs de fort bonne tenue littéraire (Patrice Jean, tout de même), aux tangentes particulièrement incorrectes, et que les pessimistes heureux de notre genre auront beaucoup de plaisir à lire autant qu’à offrir aux optimistes malheureux de leur entourage. Car n’oubliez pas, « Le bonheur, c’est plus fort que les nazis. »

Cafard noir – seize leçons d’enveloppement personnel, sous la direction de Stéphane Rose, Éditions Intervalles, 190 pages, 19,00 €.

 

 

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Editions Intervalles

 

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