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Claude, un ami qui vous veut du bien

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Claude a renoncé à vivre sa vie. Il préfère celle des autres. Aider ses amis, être soucieux de leur bonheur encore plus qu'eux, trouver une solution à tous leurs problèmes - tel est son but, son bonheur, son salut. Hélas, les autres n'en font qu'à leur tête. Les mauvais souvenirs remontent à la surface, les couples s'aigrissent, les enfants déçoivent, les parents continuent de traumatiser. Et le pauvre Claude (Patrick Cathala, toujours impec) qui se prenait pour l'ange bienfaiteur des familles se retrouve témoin impuissant de leur désamour - si bien que l'on se demande même ce qu'il fout là. Peut-être son statut dramatique assez flou (est-il un voyeur, un monsieur Loyal, un spectre qui se croit réel ?) constitue la seule faiblesse d'une pièce par ailleurs brillante et ambitieuse, sachant jouer admirablement du flash-back,  comportant nombre de morceaux de bravoures, dont cette mort tragicomique du "premier" père (Xavier Kutalian, au niveau des autres, ce qui n'est pas peu dire).

Ce que nous raconte Jean-Rémi Girard dans cette véritable première oeuvre (car la précédente, Nos moeurs inconséquentes, était une adaptation, quoique déjà très singulière et très forte, des Liaisons dangereuses) n'est rien d'autre que l'échec du Deus ex machina. Ce n'est pas parce qu'on est bien intentionné vis à vis des autres qu'on arrive à faire leur bien. Preuve cette mère de famille (saisissante Agathe Bresle) qui ne cesse de répéter à son psy qu'elle est une mère modèle et que c'est pour cela qu'elle a raison de mépriser progressivement son fils jamais à la hauteur. Plus tard, celui-ci sera dénigré par sa femme comme il l'a été par sa mère (les Soussan, magnifiques en couple déceptif et "relativement" innocent.) Dans l'univers girardien, comme dans celui du cinéaste Arnaud Desplechin auquel cette pièce fait souvent penser, le mauvais sentiment l'emporte toujours sur le bon et le droit que chacun se donne de dire ce qu'il pense de ses proches pulvérise la communauté. Au fond, les gens se font du mal moins par mauvaise action que par mauvaise parole. La tragédie moderne ne consiste pas en situations impossibles, cornéliennes, raciniennes, où la trahison et le meurtre sont de rigueur mais bien en situations banales  et égalitaires où l'incapacité d'aimer, voire la haine de l'amour (la tirade contre l'amour du "père fou" d'ailleurs incroyablement interprété par l'auteur lui-même) vient plomber les relations. Les héros classiques périssaient de trop aimer, les anti-héros crèvent de ne pas aimer assez - et cela au nom de leur "lucidité" adorée. Le spectateur, lui, prend son pied.

 


Claude, une pièce écrite et mise en scène par Jean-Rémi Girard.

Avec cette troupe si attachante de l'Arme Blanche : Agathe Bresle, Patrick Cathala, Xavier Kutalian, Jean-Remi Girard, Johanna Soussan, Philippe Soussan.

Attention ! Encore trois représentations les dimanches 1er, 08 et 15 au théâtre Pixell, à 19 h 45, donc précipitez-y vous !

 

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