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LIVRE DE JOSUE - « le moment Mahomet »

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Bon, ça y est, enfin. On est dans Game of Thrones. Ca taille en pièce, ça massacre, ça ruse, il y a des femmes sexy et rusées, des événements fantastiques (au deux sens du terme) et un dieu d'une férocité exemplaire. Si bien que l'on finit par se demander si ce dieu-là vaut le coup par rapport aux dieux antiques. Pire : si Israël n'est pas ce peuple fier, dominateur et sûr de lui, comme dira plus tard un personnage d'envergure. A moins que cela ne soit un problème de lecture - d'interprétation. C'est que ce n'est pas parce qu'on lit qu'il il y a du sang qu'il y en a. 

 

 

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Ce Josué, d'abord. Successeur de Moïse et qui va conduire la guerre contre les Cananéens avec une rage génocidaire qui enflamme le lecteur ou le glace selon sa sensibilité. Pour Port-Royal, Josué était « l'une des plus parfaites images de Jésus-Christ ». Eh bé ! Quel maître de guerre ! Quel sanguinaire héros ! Quel divin massacreur ! On serait tenté de dire que c'est « le moment Mahomet » de Jésus - ou du dieu d'Israël.

Comme d'hab, l'histoire se répète. Nouveau Moïse, Josué fait traverser son peuple par les eaux du Jourdain, celles-ci s'ouvrant comme celles de la mer rouge. Dieu accompagne son « Jésus » comme jamais, lui recommandant de faire les choses « avec intelligence », expression qui revient plusieurs fois dans ces premiers chapitres – et qui fait un bien fou. Car oui à l'amour de l'intelligence et à l'intelligence de l'amour. Oui à l'intelligence juive. Oui au coeur intelligent. Autant de choses qui susciteront un jour cette haine de l'intelligence qui s'appelle antisémitisme.

Et lorsque l'intelligence s'incarne sous les traits d'une belle femme débauchée, on n'en peut mais. J'ai nommé Rahab – la prostituée choisie par Dieu pour trahir son camp et aider les espions de Josué. 

 

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Rahab dont le nom fait rêver (de l'hébreu : רָחָב, "Râhâb", signifiant « large »).

Rahab, la convertie aux ruses délicieuses – « justifiée par sa seule foi » (tiens, tiens... la prostituée serait-elle protestante ?)

« Or elle fit monter ces hommes sur la terrasse de sa maison, et les cacha sous des bottes de lin qui y étaient. » 

Rahab qui fait partie des cinq femmes citées par saint Matthieu dans sa généalogie de Jésus avec Tamar, Ruth, Bethsabée et Marie – à part la dernière, toutes des putes, soit dit en passant, et au moins trois étrangères (Rahab la Cananéenne, Ruth la Moabite, Bethsabée la Hittite). De sacrés sangs de femmes qui coulent dans celui du Nazaréen !

Rahab qui sera donc épargnée avec les siens lors de la prise de Jéricho grâce au « cordon d'écarlate » qu'elle aura mis à sa fenêtre (comme à Pessah lors de la mort des premiers nés).

Mais le plus étrange de cette première partie, c'est la rencontre avec l'ange à l'épée, envoyé par Dieu à Josué et qui offre ses services. La guerre est un plan divin comme un autre. Dieu fait partie de l'Histoire et même la fait.

Bataille de Jéricho, donc. Trompettes, effondrement des murs. Victoire d'Israël. Le message est clair : tant qu'on a confiance en Dieu et qu'on respecte sa loi, on l'emporte (et presque sans rien faire ou en faisant de la musique.)

En revanche, dès qu'on faillit à la loi ou que la confiance en Dieu défaille, on échoue. À cause d'Achan, prototype du "méchant", qui a volé dans le butin d'Israël et donc désobéi à Dieu, Israël perd sa première bataille contre Haï. Dieu menace d'abandonner son peuple. Josué déchire ses vêtements. On mène une enquête. Achan finit par avouer son forfait, se repent et est lapidé par tout le peuple. Dieu passe l'éponge et les Israéliens gagnent la deuxième bataille contre Haï qu'ils conquièrent avec la dernière violence. On « taille en pièce » tout ce qui bouge, on tue femmes et enfants, on brûle tout, on crucifie l'ancien roi de Haï, « on immole des victimes pacifiques » (VIII-31). Tous les Cananéens de la région s'unissent contre Israël mais c'est encore Israël qui l'emporte entre hauts massacres et belles mises en esclavage. Pareil avec les Gabaonites, vaincus à leur tour. Il semble que rien n'arrête Josué - pas même le cosmos qu'il soumet un instant à ses ordres dans un passage extraordinaire où, s'adressant sans rire au soleil et à la lune, leur ordonne de s'arrêter :

« ... Et il dit : Soleil, arrête-toi sur Gabaon ; lune, n'avance point sur la vallée d'Aïalon.

Et le soleil et la lune s'arrêtèrent jusqu'à ce que le peuple se fût vengé de ses ennemis. N'est-ce pas ce qui est écrit au livre des Justes ? Le soleil s'arrêta donc au milieu du ciel, et ne se hâta point de se coucher durant l'espace d'un jour.

Jamais jour, ni devant ni après, ne fut si long que celui-là, le Seigneur obéissant alors à la voix d'un homme, et combattant pour Israël. » (X - 12-14)

Le Seigneur obéissant alors à la voix d'un homme. Dieu au service de l'homme. C'est aussi cela la foi. Croire en un Dieu qui croit en l'homme et qui l'exauce. 

 

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Arrêtons-nous, nous aussi, un instant sur ce Livre de Josué - comme on l'a dit, plein de massacres, d'exécutions sommaires, de destruction pure et simple des Cananéens et autres Gabaonites. Il faut bien avouer que pour ceux qui voudraient, par antisémitisme ou islamophobie, comparer le judaïsme à l'islam et arguer que les Arabes n'ont rien à envier aux Juifs dans la guerre et la conquête ; ou pour les autres qui, au nom de leur athéisme progressiste, voudraient prouver que « toutes les religions se valent » et que Dieu n'est que « violence et haine », ce Livre de Josué est une bénédiction. Dieu s'y montre impitoyable et ne cesse d'ordonner à son héros des choses comme « fracasse-les », « liquide-les », « génocide-les ». Dieu et Israël, ce n'est plus le berger et son troupeau mais le bourreau et ses trépieds.

Et pourtant...

D'abord, il faut se demander qui étaient ces Cananéens. D'après les livres précédents de la Bible, c'était le peuple le plus corrompu, tordu, sanguinaire, sacrificateur d'enfants. Il fallait donc leur faire la guerre pour leur faire cesser leurs horreurs. Aux grands maux, les grands remèdes.

D'aucuns rétorqueront que qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. C'est aussi vrai. "L'explication" du massacre est toujours un prétexte.

Il faut chercher ailleurs. En fait, il faut relire. Dans un passage du Deutéronome, on nous dit qu'il faut détruire tous les Cananéens – mais dans un passage suivant, on nous précise qu'il faut bien se garder de faire des affaires avec eux et encore moins se marier avec leurs femmes. Autrement dit, la destruction n'est pas totale. Elle n'est peut-être même pas réelle. La destruction a tout l'air d'être une hyperbole - et Dieu, le roi des hyperboles. Depuis le début, Dieu passe son temps à menacer tout le monde mais ne met ses menaces à exécution que fort rarement et jamais totalement. En fait, il revient souvent sur celles-ci. On le sait depuis Abraham, Dieu est le roi de la volte-face.

Encore plus significatif : dans Josué 10 : 36-39, il est écrit qu'Israël n'a laissé aucun survivant dans les villes d'Hébron et de Dabir – mais aux chapitre 15 : 13 et suivants, on apprend que non seulement ces villes existent toujours, et toujours habités par les Cananéens mais qu'on organise des mariages avec eux !

Gare, donc, à la lecture littérale. Si la dimension guerrière du Livre de Josué est évidente, elle n’est pas univoque. La métaphore existe bel et bien, l'hyperbole fait des miracles. Dire, ce n'est pas (toujours) faire.

Laissons donc Josué exterminer les géants – car oui, il y aussi des géants, des trolls, peut-être même des dragons dans cette histoire (Game of Thrones, je vous dis.) Admirons-le dresser sa carte et ses territoires (avec toujours ce privilège accordé aux Lévites, gardiens du temple). Écoutons-le enfin faire ses deux derniers discours, exhortant son peuple à la foi et à la fidélité... mais aussi à la liberté religieuse :

« Que si vous croyez que ce soit un malheur pour vous de servir le Seigneur, vous êtes dans la liberté de prendre tel parti que vous voudrez. Choisissez aujourd'hui ce qu'il vous plaira et voyez qui vous devez adorer, ou les dieux auxquels ont servi vos pères dans la Mésopotamie, ou les dieux des Amorrhéens au pays desquels vous habitez ; mais pour ce qui est de moi et de ma maison, nous servirons le Seigneur. » (24 : 15)

Entre la religion païenne, naturelle, antique et la religion non-naturelle, nouvelle, élective, il faut choisir - et ce n'a pas l'air d'être un drame de choisir la première. Non, ce qu'il ne faut pas, c'est mélanger les deux. Le judaïsme ne saurait être païen - alors que le christianisme, si. 

 

Mise au point de Nebojsa 

- Vous passez tous à côté…

D’une… Après la conquête de la Terre Promise, les hébreux restent entre eux et ne conquièrent aucun territoire supplémentaire : ils attendent le Messie…

De deux : pour qu’advienne le Messie ils ne sont violents qu’envers eux-mêmes… ou envers ceux qui veulent les soumettre… mais ils ne vont pas s’occuper des idoles vénérées chez leurs voisins… ni des pédérastes grecs… ni des femmes adultères romaines… ni des sites païens gaulois. Ils s’en foutent que les kabyles mangent du sanglier ni que les dalmates d’alors dégustent des fruits de mer. Ils s’occupent de leur cul. Ils se savent à part des autres peuples et entendent le rester. Aussi, pour cela, ils sont intransigeants avec eux-mêmes… mais ils ne s’occupent pas des impuretés des autres.

De trois : Mahomet a bien reçu une influence juive… mais surtout et avant tout chrétienne schismatique… les confréries gnostiques réfugiées aux contours de la Mecque, grand marché des fois et croyances d’alors, gnostiques s’étant réfugiés aux confins de l’Empire et qui rejetaient la Trinité, croyaient au Destin, à la roue de la Fortune, au dieu démiurge et toutes ces funestes visions qui façonneront le « Allah » du Coran.

De quatre : il serait temps que les hommes de bonne volonté cessent de dire que la violence de l’Ancien Testament vaut celle du Coran car elles sont sans commune mesure !!!!!!

Ni le Judaïsme ni le Christianisme ne se sont propagés par le sabre et l’épée.

Durant trois siècles on a jeté les chrétiens aux lions, on a violé ses saintes, crucifié ses saints…

Le Judaïsme a été attaqué de toutes parts comme il l’est toujours aujourd’hui, et la violence dont il a usé ça n’a jamais été autre chose que pour se défendre… et aujourd’hui encore et toujours…

Comme il l’avait fait au moment de sa déportation à Babylone, en se tournant vers l’interprétation orale du texte, le Judaïsme en perdant le Temple s’est tourné vers le Talmud puis le Zohar (pour les mystiques) … en s’adaptant il a muté… il a muté mais est demeuré ce qu’il était…

L’Islam n’a ni muté ni ne s’est adapté… il s’est toujours arrangé pour asseoir sa seule domination… même s’il étouffe les siens et en tire une fierté de laquais, soumis pas seulement à Allah… mais à ses plus sordides pulsions légiférées par la miséricordieuse sainteté de son supposé dieu… qui n’est que l’ombre lointaine du démiurge gnostique qui horrifiait les chrétiens orthodoxes des 6 premiers siècles de notre ère…

De cinq… Dieu croit en l’homme depuis le tout début de la chute et de l’Exil… sinon tout ce bordel ne serait qu’une mascarade islamique… païenne… athée… où ce que vous voulez… mais aucunement chrétienne…

-  Tu as évidemment tout dit.

On ne peut évidemment comparer la violence minoritaire de Josué et des Juges à la violence majoritaire de l'islam - pas plus qu'on ne peut mettre sur le même plan les guerres défensives d'Israël et les attentats terroristes.

Maintenant, si je faisais ce rapprochement entre Coran et Livre de Josué, c'était pour des raisons dramatiques et mythiques. Josué est le seul vrai moment de conquête et de guerre de la Bible. Après, la violence se fait intramuros, Dieu s'acharnant à civiliser son peuple.

 

A SUIVRE, LIVRE DES JUGES

(encore plus gratiné que celui de Josué, notamment avec la célèbre histoire de Samson et Dalila, première relation masochienne de l'Histoire.)

 

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