Sur Tribune Juive, le 08 décembre 2025
(En communauté d’esprit avec David Di Nota, Pascal Avot, Betty W., Alexandre R.M., Marc R., Isabelle M. et quelques autres qui touchent encore la bille et inspirent ce post)

Au moins, c’est clair. Avec son fameux discours du 18 novembre 2025, fait au congrès des maires de France, où il était question de se préparer à une confrontation avec la Russie et à « accepter de perdre ses enfants », le chef d’état-major des Armées, Fabien Mandon, a jeté un pavé dans la mare aux droitards. Comme il y a deux gauches irréconciliables, l’islamogauchiste et la sociale-démocrate sioniste, il y a désormais deux droites irréconciliables, la nationale collabo et l’européenne résistante – pour ne pas dire la décadente et la vaillante, la fin de race et l’humaniste à l’heure. Celle qui n’y croit plus depuis Saint Louis (et qui n’y aurait de toute façon pas non plus cru à son époque) et celle qui estime que rien n’est pas encore perdu et que, bien au contraire, l’Ukraine est la chance pour la France de se retrouver au centre du dispositif et l’occasion pour l’Europe de devenir enfin cette puissance continentale (fédérale ?) frontalière, sécuritaire, nucléaire, identitaire qu’elle devrait être depuis tant d’années.
Car n’en déplaise à nos pacifistes défaitistes dépressifs, la défense et les intérêts de la France passent aujourd’hui par ceux de l’Europe dont le sort se joue à Kiev. Et ne pas vouloir le voir sous prétexte qu’on a aussi des problèmes intra muros, dont l’islamisation et l’insécurité ne sont pas les moindres, est se tromper du tout au tout quant à la valeur d’une nation. D’autant que Mandon, comme beaucoup d’autres généraux, ne cessent de le dire : la France n’est pas si nulle, notre armée est la mieux équipée, première d’Europe, et nous avons une vraie carte à jouer dans l’ordre européen – surtout si l’on se soucie de souveraineté et de rayonnement.
Eh bien non ! À lire tant de forums « droitards », on a l’impression que pour la plupart de nos souchiens, l’idée que la « Fronce » (comme la nomme ironiquement l’amie Betty W.) puisse tenir son rang est tout bonnement insupportable. Tout ce qui pourrait nous redorer le blason les rend malades. Touchez surtout pas à notre déclinisme, pessimisme, obscurantisme, semblent-ils meugler sur les réseaux antisociaux. C’est cela qui sidère : que cette droite soi-disant patriotarde qui se gargarise de De Gaulle, Napoléon, Jeanne d’Arc, Bayard, Duguesclin, Lancelot, se chie dessus dès qu’un vrai militaire lui parle. La force d’âme, le sens de l’honneur et du sacrifice, l’amour martial de la nation, la conscience du tragique, Chanson de Roland et Matière de Bretagne – on croyait que c’était ça, la « Fronce ». Elle faisait même un peu peur avec son intransigeance cornélienne, son exigence chevaleresque, sa mâle attitude. Sabre au clair ! Tous pour un, un pour tous ! Père, gardez-vous à droite, père, gardez-vous à gauche ! Bernique ! Au premier coup de clairon, c’est courage fuyons !
Pour autant, nos capitulards ne capitulent pas du tout dans le genre « la lâcheté expliquée à mes filles ». Peu importe que tous les services de renseignement européens s’accordent à dire que la Russie est une menace pour l’ordre mondial. Pour eux qui sont branchés toute la journée sur Radio Kremlin, CNews ou Tocsin (le nouveau site conspi), la vérité est ailleurs (sinon « n’existe plus » comme on le dit au début du dernier Mission impossible). Les media nous mentent, les officiels nous trompent, même la science est suspecte. Et là on touche le fond du problème qui est celui du complotisme contemporain, apanage, hélas, de cette très odieuse droite. Celle-ci qui s’est toujours targuée d’être dans « le réel » se retrouve en tête de l’alter-réalité (en psychanalyse, on appelle ça l’évitement), de la fake news décomplexée, de la pleutrerie organisée – et cela depuis le COVID (car on ne redira jamais assez que la trouille était d’abord du côté des antivax).