« Une idée extrêmement déplaisante me vint. »
Romancier de la déréliction et de la proximité, de la mutation et du milieu, de la survie et de l’anéantissement, Michel Houellebecq nous offre aujourd’hui son livre le plus inquiétant, le plus ambigu, le plus accompli. Moins sophistiqué que La possibilité d’une île, plus engagé (et de fait moins « goncourable ») que La carte et le territoire, Soumission renoue avec la veine dévastatrice et drolatique, à notre avis la meilleure, de Plateforme, des Particules et d’Extension. Jamais en effet la fiction n’aura été si visionnaire et de l’ordre du probable. Jamais l’abolition de l’individu dans un dispositif qui l’aliène autant qu’il le caresse n’aura été aussi bien mise en ligne. Jamais le désespoir n’aura paru à ce point désirable. En vérité, cette soumission est une conversion et qui, comme toujours chez Houellebecq, prend d’abord une forme sexuelle. La comparaison entre l’homme soumis à Allah et la femme soumise à l’homme est de ce point de vue aussi obscène que bienvenue : l’islam, nous dit l’auteur, est une Histoire d’O pour mâles en détresses – votant à droite par-dessus le marché ! Et de nous offrir l’une de ses théories socio-sexuelles dont il s’est fait le spécialiste depuis Extension du domaine de la lutte : si l’ultra libéralisme n’était que le résultat de la « jouissance sans entraves » chère aux soixantuitards, l’islamisation de la France est moins le résultat de l’immigration massive que le désir secret de la droite conservatrice et catholique à retrouver un ordre social fort, sécuritaire, patriarcal, transcendant – et polygame. Autant le triomphe du capitalisme était le triomphe des libidos les plus « gagneuses » sur le terrain, autant le triomphe de l’islam sera celui du désir masculin placé en perpétuelle émulation conjugale – car avoir plusieurs femmes signifie surtout............... LA SUITE ICI.
PS qui n'a rien à voir : à noter que j'ai été privé d'annotations sur Facebook pendant trois jours à cause de l'image de Wolinski qu'on peut voir ici et que j'avais mis en couverture.
Et toujours, mon interview sur Atlantico.