1 – « Les hommes sentaient que les choses n'allaient pas très bien dans le monde, qu'elles allaient même fort mal ; "il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark", pour parler comme Shakespeare. Et ils faisaient des efforts énormes, afin de comprendre à quoi cela tenait. Or, il faut le dire dès maintenant : à la question ainsi posée la philosophie grecque, de même que la philosophie des autres peuples, y compris les peuples de l'Extrême-Orient, donnaient une réponse directement opposée à celle que nous lisons dans la Genèse » - et qui se trouve être, bien sûr, la chute - le péché originel.
Le péché originel comme donnée immédiate de la conscience.
C'est ce qu'ont ne pas voulu voir ni Confucius ni Platon (mais pas forcément Homère - un poète étant naturellement plus apte qu'un philosophe à saisir le réel.)
A la dialectique alambiquée du Grec et à l'optimisme un peu niais du Chinois, le judéo-chrétien vit le mal en face et comprit comment l'humanité allait tenter toute son histoire de l'esquiver.
Par le Savoir, bien sûr - c'est-à-dire par le serpent.
Car L'homme choisirait le savoir plutôt que le salut.
Dès lors, le réel n'aurait plus jamais tort. Comme le dirait un jour Hegel, tout ce qui serait réel serait rationnel - justifiable, récupérable, réconciliable. Contre le Verbe, l'Allemand opposerait l'Esprit. La seule "révélation" valable serait celle de son esprit à lui, le phénoménologue. Pour le reste... Chute, Croix, Résurrection, tout cela ne serait plus que des « moments », d'ailleurs symboliques, de la grande marche du monde. Progressivement, l'on passerait de l'Alliance à la dialectique, de l'unité divine et humaine à la fusion contre nature du dieu et de l'homme, de la lumière à la substance... spinoziste.