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  • 06 - Bilocation

     

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    Des araignées rouge et noir ultra venimeuses qu’on croyait disparues depuis des milliers d’année et qui grouillent sous le château de Windsor, la résidence de « Queen Mum », la reine mère centenaire – signe que la Monarchie anglaise devra expier un jour son crime de la destitution forcée d’Edward VIII en 1936, la Veuve noire n’étant pas le symbole du non-être ?

    Des coïncidences hallucinantes entre Abraham Lincoln et John Kennedy : tous deux élus au Congrés en 46, puis élus Présidents en 60 ; tous deux assassinés un vendredi, tout deux atteints à la tête ; tout deux portant un nom contenant sept lettres ; tous deux ayant été assassinés par un homme du sud puis ayant eu comme successeur un autre homme du sud appelé Johnson, les deux Johnson étant nés en 08 ; tous deux ayant été tués par un assassin né en 39, chaque assassin ayant porté trois noms se composant de quinze lettres : John Wilkes Booth, Lee Harvey Oswald. Et beaucoup mieux : Lincoln avait un secrétaire du nom de Kennedy et Kennedy un secrétaire du nom de Lincoln, et une semaine avant leur mort respective, Lincoln se trouvait à Monroe et Kennedy était avec… Marylin Monroe.

    « Qu’ils sont redoutables les frémissements des feuilles de l’Arbre à Symboles, dont les chuchotements séphirotiques interpellent parfois jusqu’aux moelles les plus cachées de la marche des choses ! »

    Des retrouvailles d’outre-mort comme celle que fit Parvulesco un bel après-midi d’été dans le bus qui traverse la place de l’Etoile avec une jeune femme à la beauté à couper le souffle et qui se révèle être sa propre tante, Florence Comnène dont, enfant, il était fou amoureux et qu’il avait même essayé un jour de séduire en dansant devant elle un tango avec son frère. Les bambins avaient dix ans à tous les deux et elle, la princesse de son enfance, à peu près vingt. Connut-il ce jour-là dans le bus le genre d’expérience chère à Aurora Cornu, une bilocation d’autant plus troublante que la femme aimée réapparaissait dans un temps différent du sien, et que, moi qui me moquais comme un con un peu plus haut des fantasmagories parvulesciennes, je ne peux que comprendre celle-ci, ayant vécu cet été ma propre expérience de bilocation, ma propre rencontre avec Aurora Cornu, rue Cognacq-Jay que je traversais ce soir-là après ma nocturne à Orsay et parce que je savais qu’elle y avait vécu, et que peut-être elle y vivait encore, et que je croisais une femme brune, aux sourcils forts, et qui n’était autre qu’Aurora elle-même, mais Aurora à trente ans, habillée et coiffée comme dans Le genou de Claire, comme si Le genou de Claire continuait en moi, ou comme si elle m’envoyait un signe, une première rencontre purement spectrale, elle sur qui j’avais cristallisé deux ans auparavant, à laquelle j’avais consacré un post délirant et amoureux, à qui j’avais personnellement écrit, et qui avait fini par me répondre, et même par m’appeler, me mettant en extase pour le reste de ma vie, acceptant même de prendre un premier verre avec moi le 15 octobre 2012, entrant dans mon champ de vision ce jour-là à 14 h 50 comme nulle autre personne ne le fit, accueillant avec amusement et attention, je crois, mes simagrées de clown pathétique, me faisant d’ailleurs immédiatement lui promettre, et si je voulais la revoir, que je devrais cesser là toute autoflagellation, ne plus jamais dire "clown pathétique", parce que le dénigrement de soi est un orgueil satanique, Aurora Cornu donc, mon icône devenue ma camarade, mais que j’avais déjà rencontré en 1970… le 23 août dernier. Comment ne pourrais-je pas être parvulescien ? Et pourtant, je ne pense pas que l’Histoire passe par moi ni que la centrale d’Orsay soit si polaire que ça.  Mais que m’importe puisque mon histoire à moi passe désormais par Aurora ? J'ai ma part de Toison d’or.


    C'est une femme étrange aux traits taillés en marbre

    Aux mains d'or, des yeux solennels comme la mer

    Les sourcils arqués respirant un charme pour

    Dont l'un est noir et l'autre comme le sel ;


    Un air romantique et dur également,

    Si naturel que nul ne s'en approche

    Le poète seulement à son rayon se charge

    Comme à l'uranimum, massif


    Son sourcil cendré évoque des images

    Des flammes, des guillotines et des morts de soldats

    Le désordre se brise sur sa peau de pierre

     Et glisse vaincu comme un vêtement


    Regardez, il est lisible encore cet instant

    Où dans le silence de la pierre et des fers

    S'ouvrit dans la pâleur son sourcil ailé

    Par lequel les orages ont cherché une issue.


    (La déesse au sourcil blanc)





     

    Aurora Cornu en noir.jpg



    A SUIVRE

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