Bien conscient que ce post est illisible d'un seul coup (y compris pour moi), je le mets tout de même en ligne, histoire de garder les traces de nos aventures facebookiennes, à mes amis et moi, de l'an dernier et de voir comment nous évoluerons cette année. Bien sûr, j'ai dû me résoudre à supprimer la plupart des conversations (passionnantes) et leurs centaines de commentaires, et d'innombrables statuts polémiques ou ludiques, sans quoi ce post, déjà monstrueusement trop long, aurait été ridiculement interminable. En vérité, je n'ai mis qu'un quart de mon mur et sans doute ce quart n'a pour moi qu'une valeur d'archive. Mais peut-être ces archives pourront-elles amuser la galerie... Bon picorage.
JANVIER
Qu'est-ce qu'un méchant ?
Contre le mariage gay (avec Sylviane Agacinski et Nestor Azerot.)
Méchanceté maternelle typique.
Pierre Cormary - A quoi reconnaît-on un ou une "méchant(e)" ? A ce qu'il ou elle a toujours mille raisons de plus que vous. Le méchant ou la méchante, c'est en effet ce curieux personnage qui vous prouve d'abord que c'est vous qui lui avez fait du mal, qui lui avez nui, qui l'avez dénigré, accablé, blessé, alors que la seule blessure que vous lui ayez jamais infligée est celle consistant justement à parer toutes celles qu'il voulait vous faire. Le méchant ou la méchante est avant tout celui ou celle qui vous accuse. Le méchant est l'accusateur (autre nom du diable comme on sait). Qui vous sort un million de trucs auxquels vous n'avez jamais pensé. Qui met en péril votre innocence. Qui trucide votre candeur. Qui fait de vous le portrait le plus infamant (qui est bien souvent le sien). Le comble, c'est que vous ne savez pas du tout quoi lui répondre. La poutre connait en effet la paille mieux que la paille ne se connaît. La poutre a une conscience méga développée de la paille. La poutre va plus loin en fantasmagorie (qu'elle fait passer pour de la perspicacité) que quiconque et c'est pourquoi la paille que vous êtes prend vite feu devant elle. Vous n'aviez pas prévu toutes ces objections à votre être. Vous n'aviez pas conscience qu'on pouvait vous nier avec une telle assurance. Vous êtes tellement désarmé que vous avez envie de tuer le méchant. Qu'il disparaisse. Qu'il ne soit plus. Et c'est là que le méchant triomphe. Car il vous a rendu haineux et comme vous ne maîtrisez pas la haine ni la colère, vous risquez de perdre encore plus, vous risquez de passer pour une poutre à votre tour. Vous êtes tombé dans le piège et cela sera très difficile de vous en sauver. C'est pourquoi il faut connaître la méchanceté pour combattre le méchant. Il faut prendre conscience que la morsure du vampire vous rend vampire à votre tour - que la parole du coupable peut vous rendre coupable. Et celui qui vous rend coupable, c'est le méchant (le jaloux, l'envieux, le plein de ressentiment, bref, celui qui se pose avant tout comme votre victime, victime de votre innocence, de votre belle humeur, de votre santé mentale, de votre sens de l'humour, de votre puissance inconsciente.)
Le méchant est donc l'accusateur. Mais qui a dit qu'on n'avait pas le droit de vous accuser ? Et si votre innocence et votre bonne santé étaient insupportables ? Et si ce que vous appelez votre innocence n'était en fait qu'une arrogance inconsciente ? Et votre bonne santé le résultat de purs soins de riches ? Trop facile, l'innocence et la bonne santé surtout quand elles sont sociales - surtout quand elles sont le résultat d'une classe sociale. On sait que les riches sont plus insouciants et plus beaux que les pauvres. Une amie, un jour, me racontait sa découverte de l'injustice. Petite fille bourgeoise et cultivée (et donc forcément très mignonne) elle était amie avec une autre petite fille, d'un milieu plus humble, donc plus rude, plus bête, plus moche. Un jour, la petite fille pauvre proposa à la petite fille riche de mettre dans une cachette tous leurs jouets (en fait, surtout ceux de la petite fille riche parce qu'en matière de jouets elle n'en avait guère, la petite fille pauvre). Ce serait "leur secret". La petite fille riche trouva l'idée très drôle, apporta tous ses jouets, les cacha dans la forêt avec la petite fille pauvre - et évidemment le lendemain, quand elle se rendit à la cachette, tous ses jouets avaient été volés, et elle ne revit jamais la petite fille pauvre, "la voleuse", "celle qui lui avait appris l'injustice". "Certes, voleuse, avais-je alors repris mon amie, et donc injuste, et donc méchante, mais plus dans ton esprit que dans le sien. Dans le sien, elle ne faisait pas tant le mal que se faire un peu de bien. Elle n'avait pas de jouets, tu en avais, et si on te les prenait, tu en aurais d'autres, alors qu'elle, jamais. Alors, elle t'a volé. Mais ce vol fut pour elle une manière de rééquilibrer la balance - de faire acte de justice. Je reconnais que c'est fort déplaisant et que tu as eu raison de la considérer comme une voleuse, mais elle, elle s'est considérée comme une Robin des Bois." Mon amie était estomaquée de ce que je lui disais (et moi-même, d'ailleurs je l'étais tant ce n'est pas mon genre de prendre la défense des pauvres). Mais comment penser autrement ? La délinquance n'est qu'une réaction sociale - une quête de la justice par d'autres moyens.
Le méchant, socialement parlant, c'est le pauvre, le laid, le con, le maltraité - et le super méchant, c'est Zorro, celui qui ose défendre les pauvres et punir les riches, celui qui ose montrer que les riches (ou les beaux, ou les en bonne santé) se croient gentils alors que leur gentillesse, leur honnêteté, leur beauté, leur santé sont nés du malheur des autres. En vérité, les heureux sont des chanceux, les gentils des privilégiés, les élus des enculés. On peut toujours blâmer le ressentiment, l'aigreur, la jalousie, mais qui n'a jamais connu ces mauvais sentiments s'envoie la première pierre. Qui n'a jamais souffert l'injustice (sociale, scolaire, amicale, filiale, familiale) se jette d'un pont. Qui n'a jamais été méchant se pende. Nous sommes tous méchants. Nous sommes tous injustes.
Dans Le Guépard de Visconti, quand Lancaster et Cardinale se mettent à danser, éblouissant l'assemblée de leur beauté et de leur noblesse, et que l'on voit les épouse et fille du Prince tenir une gueule pas possible, quel spectateur ne s'est pas moqué d'elles en disant : "oh les vilaines, les frustrées, les jalouses, les puritaines, les coincées, bien fait pour elles !". Mais n'est-ce pas la faute du Prince si elles apparaissent si envieuses ? Quoi ? Le prince sacrifie son laideron de fille à une étrangère, trompe sa harpie de femme devant tout le monde, et ce serait lui l'innocent, le noble, le "guépard" ? Non, madame, le Prince est un beau salaud d'aristocrate ni plus ni moins, un damné comme Visconti le dira plus tard. Et tout coeur vraiment pur devrait aller du côté des femmes connes et laides et non de son côté à lui, ou de celui de Delon ou même de celui de Cardinale. Seulement, voilà, nous aimons la beauté, la puissance et la grâce - comme les nazis. Nous aimons nos intérêts - comme les capitalistes. Nous aimons les heureux - comme les salauds candides. Quand nous voyons Autant en emporte le vent, nous sommes avec Scarlett contre les nègres. Des enculés, je vous dis, vous, moi, nous. Et nous craignons plus que tout les prolos en colère, ces damnés de la terre qui osent se révolter, ces pouilleux qui décident de changer notre monde, ces fracturés sociaux qui veulent nous en remontrer, ces palestiniens qui menacent notre bel état israélien, ces barbares qui nous envahissent. Alors qu'est-ce que le méchant, finalement, sinon celui qui met en péril notre bien-être ? Celui qui nous fait remarquer que notre paradis est né de son enfer ? Caïn a tué Abel, mais n'est-ce pas pas parce que Dieu préférait Abel à Caïn ? Non, non, il faut se rendre à l'évidence : le méchant, c'est celui qui a plus souffert que le gentil.
Voilà, c'était mon sermon du jour.
Amen.
Mariage gay à Salo.
Pierre Cormary - Allez, puisque le brave Joseph Macé-Scaron vient de me virer de son Facebook (il est vrai que je faisais remarquer, à la suite d'Eric Zemmour et de Michel Houellebecq, que libéralisme et libertarisme sont toujours allés de pair, et que le mariage gay n'est en ce sens que l'aboutissement logique, normal et moral du libéralisme et de l'individualisme contemporain ; le mariage gay, c'est le comble du bling bling, je veux dire : du désir de tout un chacun d'institutionnaliser et de légaliser son désir - tant de choses qui ont dû contrarier JMS), je voudrais revenir un instant sur l'abîme philosophique qui sépare les anti et les pro-mariage gay. Et je commencerais par les anti parce qu'ils arrivent historiquement en premier - le mariage gay étant, encore une fois, une nouveauté anthropologique qui n'a pas quinze ans dans l'histoire de l'humanité (le premier pays l'ayant accordé est la Hollande en 2001).
Les anti mariage gay croient à la nature, au "substrat", à l'être, à l'essence - à Dieu d'une certaine manière. Alors que les pro mariage gay croient aux choses, aux situations, aux devenirs, aux existences. Pour eux comme pour Sartre, "l'existence précède l'essence". Les premiers sont du côté de Cratyle (les mots sont une émanation des choses elles-mêmes et le langage est naturel), les seconds du côté d'Hermogène (les mots sont des signes arbitraires destinés à faciliter la communication et le langage est conventionnel). Pour les uns, l'identité se construit à partir d'une norme plus ou moins transcendante (qui peut être Dieu ou la Nature divinisée) dont on tirera quelques modes, pour les autres il n'y a pas de normes, il n'y a que des modes - dont certains croiront qu'on peut en tirer des normes. Pour les uns, la coutume vient de la nature, pour les autres, la nature vient de la coutume. Pour les uns, la mesure est toujours le résultat dégénéré du Divin, de l'Idée, de la Forme, de la Nature, des Principes Premiers qui nous dépassent, nous les humains. Pour les autres, elle n'est et elle n'a jamais été qu'humaine - "l'homme étant la mesure de toutes choses", comme dit Protagoras le sophiste. Pour les uns, tout vient d'un Principe Premier (un Arché), pour les autres, tout n'est jamais que constat - on constate ce qu'il y a, ce qui se passe, et on gère en fonction. Les anti-mariage gay seront donc plutôt parménidiens, platoniciens, chrétiens, cartésiens, heideggeriens. Les pro mariage gay seront plutôt héraklitéens, sophistes, athées, spinozistes, nietzschéens, sartriens. Les concepts favoris des premiers seront l'altérité, la différence, la distinction. Les concepts préférés des seconds seront l'ipséité, la volonté de puissance, la technique. L'être des anti-mariage pour tous est essentiellement un être brisé, fêlé, tragique. L'être des pro-mariage pour tous est un être réconcilié, entier, hermaphrodite - et sur bien des points, comique. Au corps crucifié mais glorieux des premiers, on opposera le corps faustien (ou prométhéen) et démoniaque des seconds. De manière plus globale, on pourra dire que les anti-mariage gay se réclament du socle plusieurs fois millénaires et de la Tradition qui touche disons 99 % de la Terre, le terrien étant avant tout un être religieux, et que les pro-mariage gay sont le un pour cent qui reste, mais cet un pour cent incarne la raison, la bonne volonté, la laïcité, le droit, le progrès, l'Histoire qui se fait au présent, et l'idée que rien n'est immuable et qu'il y a une eschatologie humaine (eschatologie qui nous vient du christianisme, soit dit en passant, et pour contrarier les choses). Socialement, on s'amusera enfin à prétendre que les anti-mariage gay sont aristocratiques et que les pro-mariage gay sont démocratiques (même si paradoxalement, les peuples ou les communautés traditionnelles sont moralement aristocratiques et les élites "progressistes"). Bref, pour les premiers, l'appréhension du monde est avant tout métaphysique alors que pour les seconds, elle est d'abord sociale. Les premiers trouvent leurs sources dans la Bible, l'Iliade et Sophocle, les second dans "Dictionnaire de l'homophobie de Platon à Pierre Cormary".
Ludovic - Mais quelle idée de débattre avec Macé-Scaron !
Pierre Cormary - Je sais, je sais... J'ai honte. Pardon.
[Et le débat se poursuivit avec Jean-Yves, Guillaume, Jean-Rémi et quelques autres sur plus de 300 commentaires, le premier d'une longue liste.... Cette année serait l'année Facebook la plus chronophage que "nous" aurons, je crois, vécue. Du reste, je me suis promis de ne pas trop en faire en 2014...)
Pierre Cormary - Palma Comiti, arrêtez de liker toutes mes photos depuis quatre ans. Je ne suis pas si sympathique. Demandez à ma soeur et à mes connards d'amis intimes !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Geek fiction
Pierre Cormary - ma soeur, c'est simple, c'est Bruce Willis dans Pulp Fiction qui passe à l'instant sur Paris Première, qu'ils n’ont pas à Ste Maxime, les Panisse !
Sophie R. - Encore que je ne vais pas faire toute une histoire si je perds ma montre....
Faustin - Dites-le si on dérange les cocos !!
Sophie R. - Faustin, :D
Pierre Cormary - D'autant que je me voyais plutôt dans le rôle de Christopher Walken….
Pierre Cormary - Faustin, c'est plutôt le black qui dit au méchant" qu'il va se la jouer moyen-âgeuse"....
Sophie R. - Et Anne B, c'est Uma....j'ai bon ?
Pierre Cormary - Ouiiiiii.....
Pierre Cormary - Anne, on parle de toi.... Où es-tu, deleuzienne ????
Sophie R. - Faut trouver un Travolta....
Anne - Je veux bien faire ma Uma !
Et officiellement, puisque Sophie est Bruce Willis, j'envoie officiellement une demande d'amitié en ce 17 janvier.
Pierre Cormary - Travolta, c'est Guillaume O., bien sûr, et Maria de Medeiros, c'est Murielle J., évidemment...
Sophie R. - Et Mr Z., c'est qui ?
Pierre Cormary - Et Pascal, c'est.... C'est Harvey Keitel, le type qui résout les problèmes.
Raphaël - Et moi, j'suis qui, moi ?....... Marvin ? [le type qui se fait abattre par erreur par Travolta dans la voiture] Il faut me voir avec du plomb dans la gueule. C'est tout moi.
Pierre Cormary - « Et Jean-Pierre Léaud dans tout ça ? – Ah non, ne me parle pas de ce crééétin de Jean-Pierre Léaud !!! En cinquante films, jamaiiiiiiiis progressé, jamais rien foutu, un ado attaadé irrattrapable ! – Mais Fanoutza, c’est un mythe pour nous, Jean-Pierre Léaud ! - Oui, je saiiiiis, un mythe, c’est vous qui l’avez fait, le mythe, vous là, les cinééééphiles, d'un propre à riiiiien une légende, tu parles, je la connais, moaaaa, la légende, le plus mauvais acteur du monde, jamaiiiis su jouer, jamais su rien faiiire à part grimacer et dire des conneries chez Truffaut.... – Tout de même, Les quatre cent coups, La maman et la putain, Le Dernier tango à Paris…. – Un idiiiiiiiiiot, je te diiiiiiiiis…. Tiens, écoute....Un jour, j’étais avec Jacqueline Bisset, on était jeune, on était belle, mais il y avait Jean-Pierre Léaud dans la salle, et tous les journalistes, là, les intellectuels, ils sont allés le voir lui, et on est resté en plan, tu te rends compte, non, Jean-Piiiierre Léaud ? – Les intellectuels ont toujours eu ds goûts curieux, Fanoutza, regardez-moi ! – Eh oh !!!! T’arrêêêêêtes ça tout de suite, ouii ? – Je n'ai rien dit, je le jure ! – Et tu arrêêêêtes de manger tout le temps aussi, tu veux aller dans les ténèèèèbres ???? »
Pierre Cormary -
Que fous-je, moi,
un mec comme moi,
à la Bastille,
à deux heure quinze du matin ???
(En sortant de l'anniversaire rabelaisien de Stéphane R.)
Pierre Cormary - Quelle pute ce Zéro ! Qu'il ne soit pas d'accord avec son frère et sa belle-soeur, très bien, qu'il argumente en disant qu'il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu et que le mariage gay est à César, ça se tient - mais qu'il accuse Frigide Barjot d'être "opportuniste" et qu'elle a fait tout ça pour être une "star" est tellement une contre évidence quand on connaît celle-ci, une négation absolue de ce qu'elle est réellement et de ce auquel elle croit dur comme fer, relève d'une mauvaise foi king size bien digne de cet homme qui a passé sa vie à se prostituer auprès des puissants, lécher toutes les bottes du monde pour faire croire qu'il était du bon côté, sans d'ailleurs ne tromper personne et au contraire passer depuis vingt-cinq ans pour le pire imposteur et le plus plus mauvais comique que le PAF ait jamais produit, nihiliste parfait qui n'a jamais su avoir une idée à lui, et qui aujourd'hui vomit de jalousie tant il n'est plus plus rien et tente de rappeler par tous les moyens son mauvais souvenir à un public qui l'a oublié même du temps de sa fausse gloire. Fantoche sinistre.
Féministe qui pense bien.
Pierre Cormary - Mais qu'est-ce qu'elle nous fait chier cette gauchiste d'un autre âge avec sa définition ringarde du mariage comme union civile et sexuelle (civile DONC sexuelle, selon elle) entre un homme et une femme, son idée tirée de nulle part que la présomption de paternité serait mise en danger par cette loi, sa référence totalement déplacée, quasi fascisante, à Lévi-Strauss et à son modèle "NATUREL BILATERAL" (comme si l'anthropologie avait un rapport avec le mariage pour tous, putain ?), son évocation extrêmement douteuse d'une dimension "QUALITATIVE" de la filiation naturelle, son sous-entendu odieux que le droit d'adoption accordé aux homosexuels créerait une "INEGALITE" entre enfants adoptés, et à la fin sa vindicte contre la GPA qu'elle compare quasiment à de la prostitution, accusant au passage Pierre Bergé de ne pas être de gauche, la salope ! Et quel mépris pour la militante LGBT qui ne "veut pas se coltiner un mec pour devenir mère" ! Comme si la violence venait des lobbies gays ! Non, tout cela est répugnant. Et comme diraient les Guignol de l'Info à propos de Frigide Barjot et de Christine Boutin, quand on a une tronche pareille, Sylviane, on ne milite pas pour le mariage hétéro, cette beauferie d'un autre âge !
Beauferie d'un autre âge, selon Rubens.
Pierre Cormary - Ben, disons, si vous voulez, que mon argument principal était de dire que de toutes façons la loi va passer, que nous sommes dans un univers qui marche sur la tête et que cette loi rajoutera aux saturnales ambiantes ni plus ni moins, que cela ne sert à rien de se battre contre des moulins à vent, et qu'en plus de ça, célibataire et sans enfants à vie (même si tout est possible et que plus qu’au libre arbitre, je crois à la grâce et au déclic), je ne vois pas pourquoi je me mêlerais de la vie des autres, sans compter que ces autres, il faut sans doute les protéger des méchants, et donc leur accorder un droit même s'il s'agit pour cela de violer le langage, de confondre le civil avec l'intime, de compliquer la filiation jusqu'à la dixième génération, et de mettre en péril, au moins symboliquement, le principe du vivant dont émane toute organisation sociale digne de ce nom - et là, je me disais "tant pis, la terre continuera de tourner". Mais au fur et à mesure que je suis entré dans le débat, écoutant les uns et les autres, tentant même de défendre les arguments adverses mieux que les adversaires, je me suis aperçu que non seulement je me faisais violence, mais qu'en plus de cela, je développais en moi un sacré lâche. Et puis à la fin, ce n'est pas bon pour la santé mentale que d'aller contre soi.
A la limite, si je me trompe, je préfère me tromper en toute conscience, et que si erreur il y a celle-ci soit au moins en adéquation avec moi. Or, si je suis pris à partie par ma propre inquisition, force est d' avouer que ce projet de mariage gay n'est pas du tout en adéquation avec moi, ce que je crois et surtout ce que mon propre corps perçoit. La vie humaine passe par un homme et une femme et l'équilibre d'un enfant par un père et une mère. C'est là le modèle absolu à la fois physique et métaphysique, matériel et céleste, sexuel et chrétien. Alors, certes, je pourrais continuer à être "littéraire" et à défendre indifféremment les deux parties, et même pourquoi pas aller aux deux manifs ? Mais risquer la schizophrénie n'est pas précisément garder ce point de vue de la santé selon Nietzsche et auquel je tiens depuis toujours. Personnellement, j'ai besoin de voir en face mes névroses pour pouvoir les assumer et non les transformer en droits absurdes ou les institutionnaliser en lois qui marchent sur la tête. Même un aveugle, si j'ose dire, doit avoir le point de vue de la lumière et des couleurs.
Et c'est cela qui me fait violence. Ces consciences à la fois désinvoltes et ravagées, "innocentes" et an-historiques, qui ne comprennent rien à rien sinon leur propre histoire, qui ne voient jamais où est le problème, qui ne pensent qu'à partir de ce qu'ils imaginent être le "progrès", qui ne se positionnent qu'à partir du devenir, oubliant l'être, l'origine, la filiation, se foutant de tout ça d'un rire abject, riant d'ailleurs là où il faut pleurer et pleurant là où il faut rire, et dont la seule passion, d'ailleurs bien française, est leur sacro-sainte égalité de merde - et sans se rendre compte d'ailleurs, dans le cas qui nous occupe, que leur projet de loi galvaude précisément l'idée de l'égalité (parce que l'égalité entre citoyens est totale), parce qu'ils confondent allègrement attributs et désirs, désirs et choix, choix et vie, vie et destin. Non, j'emploie souvent ce mot, mais ce sont bien des "cathares". Et jamais je ne me suis senti aussi peu cathare.
Voilà, je décevrai sans doute certains de mes amis (mais qui se consoleront en remportant leur probable victoire), mais comme disait Philippe Caubère à la fin des Marches du Palais, mieux vaut trahir les autres que se trahir soi. Et puis "trahir", je me fais encore violence, alors qu'il ne s'agit que d'un simple retour au bercail. Disons que je me serais fait peur.
(Il est certain que je cherchais depuis quelque temps à me libérer de tout ça, et que Sylviane m'a donné ce soir le coup de fouet que j'attendais !)
Socialiste qui pense bien.
(Cliquer sur Nestor pour écouter son beau discours.)
Pierre Cormary - Après Sylviane, hier soir, Nestor, ce soir. Quand les meilleurs contradicteurs du mariage gay se retrouvent finalement à gauche et parmi les minorités. Et pour en finir avec ce sophisme absolu et proprement indécent qui voudrait que le mariage gay soit comparable à l'abolition de l'esclavage -
(S'ensuivit un débat très violent avec Jean-Rémi G., le plus violent que nous ayons eu en quinze ans et où nous avons frôlé la brouille, mais notre amitié a résisté....)
Pierre Cormary - Chers amis, une fois n'est pas coutume, mais je voudrais organiser un grand débat sur le mariage gay. Voyez-vous, d'après Homère, Freud, Claude Lévi-Strauss, Sylviane Agacinsci et Catwoman, l'identité sexuelle, fondement de la pensée et de la cité, modèle bilatéral qualitatif, logique du vivant et essence de l'humanité, est aujourd'hui grandement menacée par une loi aberrante et irresponsable, qui..... Eh merde, tiens !
FEVRIER
Voix.
Enfer.
Femmes d'extrême droite.
Pierre Cormary - Même dans un rêve éveillé, les chiens me rattrapent.
"Chez" n'est pas "avec".
Pierre Cormary - Faites-vous parfois cette expérience extraordinaire d'être si sensible à la parole d'une personne, au ton et au son de sa voix, à son énonciation, ou même au texte d'un livre (et qui n'ont pas de valeur en soi, la personne pouvant être un proche ou un anonyme, une présentatrice télé ou un inconnu interviewé, le livre pouvant être un chef-d'oeuvre de la littérature comme une BD de sixième zone ou un article de journal) que cela vous procure des frissons chauds et agréables qui commencent par la nuque, remontent dans les cheveux et redescendent jusqu'au dos ? Vous pouvez alors écouter cette personne aussi longtemps qu'elle parle, ou relire le texte, ou simplement vous le remémorer en boucle, les frissons s'intensifient et pendant cinq ou dix minutes, vous êtes en état de bonheur sensible à nul autre pareil, et qui n'est ni particulièrement érotique ou spirituel, mais purement épidermique - une sensation bizarre qui vous fait frissonner de bien-être, et tout ça, encore une fois, à partir d'une énonciation ou d'un énoncé. Ce phénomène est-il connu de certains d'entre vous et si oui, a-t-il un nom ?
Jeanne J. - C'est rare mais oui ! Des comédiens en général, pour ce qui me concerne. Certaines voix nous enchantent ! Penser à Ulysse sur son bateau qu'il a fallu attacher pour qu'il ne plonge pas dans la mer dans le sillage des sirènes !
Pierre Cormary - Je ne pensais pas à Ulysse et aux Sirènes, mais oui, c'est quelque chose comme ça - en plus doux. Et des comédiens peuvent en effet susciter cet effet. Même si ce n'est pas mon cas, un Luchini dans ses lectures ou une Amélie Nothomb dans son débit exalté pourraient donner ce genre de frisson à la chaleur délicieuse. Un conteur ou une conteuse pourrait également faire l'affaire. Et puisque tu as liké, Guilaine, je dois dire que j'ai connu cela avec toi. En fait, il s'agit toujours dans mon cas, que cela soit entendu ou lu, d'une parole ou d'un texte qui parlent de pas grand-chose de manière lente et détachée, en prononçant bien et en rapportant quelque chose au présent. Du genre "alors, voilà. On a mis la table là. Puis les assiettes ici. Les fourchettes à gauche, les couteaux à droite. A gauche, à droite. Les assiettes à côté des couteaux, à-côté-des-couteaux. Les fourchettes-à-gauche-des-assiettes. Les-assiettes-sur-la-table. La-table-là. La-table-ici. Et mois, sise là. Et toi, sis là. Et les assiettes et les couteaux à toi. Et les couteaux et les assiettes à moi. Sur la table, la table, la ta-ble."
Peur de le relire et de retomber d'accord.
Pierre Cormary - Les gens malheureux sont les gens qui sont dans le même état que tout un chacun sauf qu'ils prennent cet état plus au sérieux que nous. Ils n'en rigolent pas. Ils ne savent pas qu'il n'y a rien à faire hors se suspendre. Certains vont jusqu'à se pendre plutôt que se suspendre. Ils croient au libre arbitre et au bonheur et évidemment ils se tuent. Moins je crois à la liberté, plus je suis libre. Plus je me dis "je dois avoir la volonté de faire ça"moins je l'ai. En revanche, quand je mets ma "volonté"en veilleuse, elle revient à mon corps défendant et je suis alors un peu capable de faire des choses. La seule liberté, c'est la tenue de sa nécessité intérieure. Serais-je un spinoziste inavoué ?
Pierre Cormary - L'enfer n'est pas pavé de bonnes intentions. Si je comprenais ça, j'aurais réglé 99 % de mes petits soucis.
Pierre Cormary - Lâcher prise plutôt que rien lâcher (les névroses, les incontinences, les saloperies....)
Belle et méchante
Pierre Cormary - Les femmes d'extrême droite, y a que ça. Rien que dire "femme d'extrême droite", ça fouette.
Pierre Cormary - Moins je connais les femmes, plus je les aime.
MARS
Education sentimentale.
Athéisme impossible (Piéta).
Se battre pour les stéréotypes, la seule chose qui reste à faire.
Amis intimes.
Pierre Cormary - Le plus dur, quand on est seul, est de n'avoir personne avec qui partager ses méchancetés, assouvir ensemble sa mesquinerie. Etre condamné à insulter tout seul les autres, ça finit par miner. La complicité dans l'aigreur est essentielle à l'équilibre mental.
Lui, donc nous.
Pierre Cormary – " - C'est là ce que nous avons eu de meilleur ! dit Frédéric. - Oui, peut-être bien ? C'est là ce que nous avons eu de meilleur, ! dit Deslauriers."
Sans doute la plus belle et selon moi la plus bouleversante fin de roman. La vie qui a été ratée, rêvée, et en même temps qui n'a pas fait si mal que ça. Parce que le bien-être est supérieur au bien. Parce que tout ce qui compense les manques et le néant est bon à prendre - ce qu'Emma n'avait pas su prendre. Emma est morte d'avoir trop cru à ses rêves, d'avoir voulu les vivre pour de bon, alors que Frédéric s'est contenté de les avoir. Le souvenir de Marie et de la pute lui suffisent. Ce n'est pas un personnage tragique. Juste un bovaryste qui se soigne.
On comprend que le livre n'ait pas eu de succès à l'époque et du reste qui n'en a toujours pas. Cette Education serait de l'avis de beaucoup "chiante" alors que c'est le chef-d'oeuvre de Flaubert et sans doute du roman français (avec La Chartreuse de Parme à laquelle on continue de préférer bizarrement Le Rouge). Peut-être parce que, comme le dit Thibaudet, autant on adhère à un roman qui donne l'illusion de la réalité, autant on renâcle devant un roman qui laisse entendre que la réalité est une illusion. C'est pourtant cela qui sauve. Ou du moins, qui soulage.
Guillaume - Tu spoiles un roman que je n'ai pas terminé. Va mourire.
Pierre Cormary - Ah merde...!!! Vraiment désolé.... Bon, en même temps, tu imaginais que cela n'allait pas se terminer comme un épisode de Capitaine Flam.
Guillaume. - Tout était possible. Maintenant, plus rien ne l'est. Je suis écoeuré.
Pascal Z. - Et puis en même temps, on ne sait pas trop ce qu'il va faire Frédéric une fois le roman terminé. Ce n'est pas comme s'il se jetait sous un train ; ça c'est Karénine !!!
Guillaume - Il va vieillir, s'empâter, fumer des cigares et mourir. Adieu barricades, adieu bohème, adieu femmes de taffetas rouge, va mourire Moreau.
Pierre Cormary - « - Personne n'est athée, Pieeeeeerre, ça n'existe pas l'athéisme.... - Je rêverais d'être d'accord avec toi, Fanoutza, mais hélas, j'en connais plein des athées, des sincères en plus, des gentils, des honnêtes, mais y en a partout... - Parrrtout, parrrtout, tu paaarles ! On les foutrait en prison, tes athées, ou dans les tranchéééées, ou dans un pays qui meurt de faim, tu verrais qu'il n'y en aurrrait plus du tout. Au bout de six mois, ils prieraient pour ne pas mourir. Ils ne savent pas ce que c'est que la vraie souffrance, les athées. - C'est pas faux. - C'est vrai ! Tu sais quoi, Pieeerre ? Il y a deux mots que les hommes répètent quand ils sont dans un malheur sans fin, le mot "Dieu" et le mot "maman". Sans ça, c'est la nuit noire.»
Pierre Cormary - Je viens donc de me mettre à la fibre SFR grâce à un technicien gentil, patient, courtois, efficace, un peu junkie, mais sympathique, qui m'a expliqué comment on appuyait sur "on" pour que ça s'allume et sur "off" pour que ça s'éteigne, qui a percé des trous dans mes murs sans tout casser, qui a fait tout comme il fallait et en me faisant presque comprendre ce qu'il faisait. Cette intervention m'avait rendu malade depuis une semaine et hier j'étais à deux doigts de la dépression. Mais tout s'est bien passé. Et en plus, je me suis débarrassé à jamais de Numéricable qui avait quand même été l'une des causes de l'amithivilisation temporaire de mon studio il y a tout juste deux ans. Non, là, je peux le dire, je suis content. Carrément moi.
Pierre Cormary - Détester les problèmes techniques, c'est prouver le mépris qu'on a pour la matière, et mépriser la matière, c'est sous-entendre qu'on se réfère à une société esclavagiste. Quand je souffre devant mon robinet, la vérité est que je regrette de n'être pas Néron ou Caligula.
Pierre Cormary - Je crois que le seul combat valable aujourd'hui est de se battre POUR les stéréotypes et les préjugés. Rien à faire d'autre.
Pierre Cormary - Les Femen sont des connasses. Et c'est Ovidie qui le dit. http://metrofrance.com/blog/ovidie/2013/03/08/pourquoi-je-nai-plus-foi-en-les-femen/
Khaled B. - Que c'est étrange ce monde où l'on a besoin de la caution intellectuelle d'une hardeuse. ..
Pascal L. - C'est un peu comme le crédit apporté par certains envers john B Root : pseudo-cinéaste à la con ennuyeux comme un peep-show.
Pierre Cormary - Mais c'est tout à fait ça. Il faut passer par le bas pour dénoncer le super bas. C'est ça ou se retirer du débat.
Raphaël Juldé - Demain, j'é(n)lève le débat.
AVRIL
Questions honteuses.
Auto-tryptique
Pierre Cormary - Bon, j'ai bu, il est temps de passer aux questions sérieuses.
1/ Qui parmi nous est heureux dans sa vie sexuelle ?
2/ Qui ne s'est jamais senti raciste une fois dans sa vie ?
3/ Qui a pensé un jour à se flinguer sur Facebook ?
Stéphane R. - J'estime pour ma part que je serai véritablement heureux sexuellement quand j'aurai commis un crime raciste sur Facebook, ce qui a le mérite de répondre aux trois questions en une seule réponse, et en ces temps de crise, un peu de rigueur économique n'est pas du luxe.
Julien D. - La satisfaction sexuelle c'est surtout quand après, t'es pas obligé de causer romance pendant une plombe sur l'oreiller.
Joseph V. - La satisfaction sexuelle est comme le crime : dans la difficulté à se débarrasser du corps...
(...)
Pierre Cormary - Autres questions honteuses :
1/ Qui a déjà voté FN ?
2/ Qui a déjà joui financièrement (ou a connu les délices du bling bling) ?
3/ Qui a déjà pensé à rompre sur Fb avec moi ?
Nico de Montreuil - 1/ oui. 2/ Non, si la première réponse est oui (d'après les sociologues) 3/ non
Pascal Z. - 3 fois non.
Ludovic - Je ne vote pas, je ne jouis pas financièrement, je ne défriende pas.
Raphaël - 1: non. 2: jouir, déjà, c'est compliqué, mais alors financièrement... 3: rompre avec toi sur FB ? Mais le jour où tu quittes FB, je n'aurai plus qu'à m'en aller aussi !
(En fait, Pierre, il n'y a que toi qui es vraiment bizarre ici !)
(...)
Pierre Cormary - Ultimes questions inavouables :
1/ Qui a des perversions sexuelles peu ou prou ?
2/ Qui est ami(e) avec moi en même temps qu'avec *** ?
3/ Qui coucherait avec moi (fille ou garçon) ?
Patrick Ch. - Pas moi / Sûrement pas ! / Désolé, Pierre, pas moi.
Sylv Métaf - J'aimerais bien. Nein. Nein.
Alina - Faut dessouler d'urgence, petit Pierre !
(...)
MAI
Raphaël Juldé
Scott Fitzgerald.
Dominique Venner
Frigide Barjot
Superman
Renaud Camus
Les Sparks
Notre ami(el)
Pierre Cormary - On ne se lasse ni du souffrant, ni du comique, ni du styliste - http://raphaeljulde.blogspot.fr/2013/05/le-carnet-de-lartilleur.html
Beau génie.
Pierre Cormary - Il y a des romans qu'on ne veut lire que pour le titre, comme Tendre est la nuit. Il y a des romanciers dont on veut être fan que pour leur nom, comme Scott Fitzgerald. Il y a des films qu'on ne veut aimer que parce qu'on aime le livre et l'auteur, comme Gatsby.
Pierre Cormary - "Furieux, à demi amoureux d'elle, avec un terrible regret au coeur, je l'ai laissée là."
C'est pour ce genre de phrase que Scott est grand. Et qu'on ne peut l'aimer qu'à nos âges. Un écrivain de jeunes, c'est pour les vieux. A vingt ans, on aime la métaphysique et la pornographie. A quarante, le réel et l'amour (et la pornographie, aussi, OK.)
Druide dépressif
Pierre Cormary - Totalement tarkovskien. Ridicule, pathétique et sublime.
Tradition du suicide à l'extrême droite : Drieu, Mishima et aussi Naphta, le réac de La montagne magique, Rauffenstein dans La Grande illusion (joué par Von Stroheim). Philosophie bizarre et tragique du facho solitaire : on ne supporte plus le monde, on passe son temps à perdre devant la monde, on est devenu le bouffon honni du monde - et comme on ne peut pas tuer le monde, on se tue au nom d'un autre monde. Un geste politique antique.
Ce qui me frappe le plus dans cette affaire, c'est la sincérité sacrificielle des gens d'extrême droite. Pas libéraux ni sceptiques pour un sou, ils souffrent VRAIMENT de la décadence nationale. Leur colère peut paraître odieuse et ringarde, elle n'en est pas moins d'une authenticité impressionnante. On peut tout dire d'eux sauf qu'ils sont hypocrites. Comme chantait l'autre, ils sont vraiment prêts à "mourir pour des idées". Ni machiavéliens, ni hobbesiens, ni tocquevilliens, ils s'arc-boutent à un monde perdu. En eux se marient abjection et noblesse, bêtise et d'honneur, ressentiment et héroïsme. Une forme de mysticisme. Très, très curieux.
Pierre Cormary - Venner, encore. Rien à voir avec ces gens-là, mais impossible de ne pas leur reconnaître une sombre grandeur. Une droite non pas puante, comme le diraient les hyènes de gauche, mais irrespirable. Quelque chose d'étranger au monde. D'hérétique plus que d'antique. D'anti chestertonien. Une droite science fictionneuse, ésotérique, aventurière de l'arche perdue plus que du monde perdu. Une droite qui prendrait Lohengrin ou Parsifal au sérieux, qui écouterait Parsifal comme on écoute une Passion de Bach. Une droite régressive et grotesque. Et pourtant.... Dans une autre vie, j'aurais pu en être. Merci mon Dieu de m'avoir mis dans ma vie !
Pierre Cormary - J'aime bien quand il est attaché devant la fille qui se masturbe. J'aime bien quand la mère compare les bites de ses fils et qu'elle lui dit que la sienne est la plus petite. J'aime bien quand le monsieur asiatique perce l'oreille du type avec un pic à glace en lui disant : "t'avais qu'à m'écouter". J'aime bien son lynchéisme bien digéré. Mais à force d'être maniériste, le film finit par se vider du peu de substance qu'il avait et son côté "déceptif" (au sens où, ok, on ne peut rien contre "Dieu") finit par être vraiment décevant.
[A propos de Only god forgive de Nicolas Winding Refn.]
Sainte de l'année
Pierre Cormary - Entre les désintégrés du nouveau monde et les intégristes de l'ancien, que pouvons-nous faire ? Les uns est les autres accusent Barjot de faire le grand écart entre la lutte, ô combien légitime, pour la filiation humaine et son souci de protéger les homosexuels contre l'homophobie. Alors que l'un va évidemment avec l'autre. Mais la nuance est enfer pour les radicaux qui se trouvent en revanche bien d'accord pour lyncher celle qui a voulu apporter intelligence et amour dans ce débat. Car il est évident que ce n'est pas Frigide qui a mis le feu aux poudres mais bien cette loi aberrante et que ç'a toujours été elle, Frigide Barjot, la plus menacée, et d'ailleurs la plus courageuse, quoiqu'on pense de son combat, et non pas ce parfait enculé de Pierre Bergé, sans doute l'homme le plus méprisable de France.
Avoir contre soi les odieux LGBT parce qu'on est contre le mariage gay et l'abject GUD parce qu'on est pour l'union civile, c'est éventuellement perdre sur le plan du pur rapport de forces (que faire, aussi, devant des fascistes ?), mais c'est gagner totalement sur le plan politique et moral. En plus de son combat que je soutiens à fond, j'admire beaucoup la façon dont Frigide Barjot a su mener celui-ci. Evitant tous les écueils, lestant ce qu'il fallait lester (et notamment la sinistre Béatrice Bourges), allant jusqu'au bout de sa vérité, quoique décidant à l'instant de se protéger, elle et (pour) sa famille et pour cela ne pas participer à la Manif de dimanche. Il est vrai que les identitaires sont une racaille à laquelle seule celle des islamistes pourraient rendre des comptes. On se demande quand d'ailleurs ils ne vont pas se retrouver. Les identitaires, nos islamistes gaulois. Et prise à partie par eux, une femme incroyablement sincère, courageuse, habile - et qui aura montré aux gens, même en vain, ce que signifie bien penser.
Méchant, mais grand.
Pierre Cormary - Contrairement à mes amis d'extrême droite, je crois de moins en moins à "l'islamisation" de notre beau pays. Je crains que nous soyons beaucoup moins en phase d'islamisation qu'en phase de mutation sociale et nationale totalement imprévue et qui est déjà en train de prendre tout le monde à rebours. C'est en effet un truisme de la droite que de dénoncer la "schizophrénie" de la gauche qui d'un côté se veut à la pointe des réformes sociétales et de l'autre veut intégrer toutes les minorités visibles, sans se rendre compte, bien entendu, que ces minorités visibles, souvent provenant de mondes traditionnels, seront les premières à combattre les réformes dites. En gros, blacks et beurs seront par culture (pour ne pas dire "par race") complètement opposés à tout changement anthropologique majeur. Pourtant, c'est bien une black qui a soutenu, imposé et fait voter le mariage gay. Et c'est bien un cinéaste d'origine maghrébine, Abdellatif Kechiche (qui pour moi est un génie dans la lignée de Pialat) qui vient de remporter la palme d'or pour un film lesbien. Autrement dit, ce qui se fait de plus "in" aujourd'hui sur le plan politique et artistique vient d'individus que l'on pourrait a priori considérer comme venant des mondes les plus "out". Evidemment, on pourra arguer que pour une Taubira, mille Mamadou, et que pour un Kechiche, deux mille Mouloud, en oubliant d'ailleurs que pour mille Mamadou et deux mille Mouloud, au moins dix mille Dupont, vingt mille Martin et sans doute quarante mille Rey, sauf que n'en déplaise aux Rey, Martin, Dupont, Mouloud et Mamadou, ce sont toujours les intellectuels, les scribes, les clercs, c'est-à-dire les underground, qui, à tort et à raison, font les lois et l'Histoire. Que l'islamisme se fasse de plus en plus violent et barbare ne fait aucun doute (voir les attentats contre les militaires à Londres et à Paris de ces derniers jours), mais en même temps, on peut considérer, et sans du tout relativiser la sauvagerie de ces agressions, que cette violence inouïe est une sorte de feu de paille - si j'ose dire, d'Ouradour sur Croissant. Parce que s'il y a des terroristes islamistes qui sont prêts à tout pour inquiéter le pouvoir politique et l'opinion, il y a en même temps des artistes arabo-musulmans qui ont pris le pouvoir culturel dans ce qu'il a de plus progressiste, tel Kechiche, et que les véritables rapports de force ne sont donc plus entre les gentils Gaulois et les méchants Arabes qu'entre les gentils Arabes (qui pensent comme les Gaulois de gauche) et les méchants Arabes (qui pensent comme les Gaulois de droite).
1/ Je ne crois pas du tout que Taubira ait obéi aux ordres de quiconque. Je ne crois pas au "complot" et aux manips surtout concernant une loi qui met en question le vivant et qui engage l'être profond de tout un chacun. Je pense que Taubira (mais cela aurait pu être Rama Yade, en effet Faustin) a été sincère, combative, et sans doute très consciente du symbole qu'elle représentait en faisant voter cette loi dont en effet ses compatriotes ne voulaient pas (et c'est un fait que la loi passe très mal aux Dom Tom). Non, s'il y a quelqu'un que cette loi ne faisait visiblement pas bander, c'est bien Hollande. Lui était dans l'électoralisme tout plein quand il l'a proposée et a révélé sa lâcheté. Car ce qu'il aurait fallu faire en tant que président de la République, c'est un grand discours historique pour dire combien cette loi était importante sur le plan de la civilisation, un discours qui aurait été appris dans les écoles pour les siècles des siècles et qui aurait cloué le bec aux opposants. Mais non, il s'est défilé.
2/ Je crois que c'est moins l'islamisation qui nous menace que le métissage. De ce point de vue, Renaud Camus et son Grand Remplacement a raison. Celui-ci a déjà commencé et au fond nous en sommes tous bien contents. Personne ne s'interdira aujourd'hui de tomber amoureux d'une fille ou d'un garçon d'origine immigrée. Et s'il y a sans doute de plus en plus de beurettes qui prennent le voile (et pour des raisons identitaires plus que pour des raisons religieuses) il y en a encore plus qui vont boire dans des bars ou qui gagnent Top Chef. Encore une fois, les camps sont à cran, mais justement, il y a deux camps. Je le vois bien dans mon établissement culturel où j'ai des collègues de Tunis ou d'Alger qui ont décidé de ne plus boire une goutte d'alcool pour faire chier les identitaires français et d'autres qui boivent encore plus pour faire chier les premiers. Si les Gaulois commencent à se black-beuriser, les black-beurs commencent à s'occidentaliser - et cela, comme vous le dites, Pascal, via le libéralisme triomphant. Un jour, on aura un président maghrébin et il sera pour la PMA. Un jour, et dans pas si longtemps que ça, on aura des mariages gays entre arabes ou entre noirs - symbole Kechiche - et c'est cela qui sera l'inattendu, l'imprévisible, l'événement. Un jour, la présidente du FN s'appellera Aziza Ben Le Pen.
3/ Je crois que la grande erreur de la droite tradi est de croire que l'islamiste peut l'emporter sur nous. En vérité, l'islamiste ne l'emportera pas sur nous ni sur personne parce que précisément il ne fait rêver personne. L'islamiste est le rebut du monde entier. Et les conquêtes ne se font jamais par les rebuts, non, les conquêtes se font par les puissants - c'est-à-dire les beaux et les forts. Si les Romains ont colonisé la Gaule et le reste du monde connu de leur époque, c'est parce qu'ils étaient certes plus forts militairement mais surtout plus brillants culturellement. Ils apportaient la civilisation. L'islamiste n'apporte aucune civilisation et surtout pas la sienne (qu'il a détruite). En fait, si l'islam représentait vraiment un danger, cela serait non grâce aux talibans et aux terroristes mais grâce aux mille et une nuits et aux miniatures persanes. Le danger civilisationnel, si danger civilisationnel il y a, ce n'est pas Mohammed Mehra, c'est bien Abdellatif Kechiche - ce n'est pas le forcené qui trucide des gens, c'est l'artiste raffiné qui séduit le public. Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce n'est pas le terroriste intégriste qui risque de nous faire succomber à son impérialisme, c'est le bourgeois cultivé dont la civilisation triomphante va nous faire mouiller. Ce fut les USA avec le jazz et le cinéma au XX ème siècle, ce sera sans doute la Chine avec la calligraphie et Confucius au XXI ème. L'impérialisme passe toujours par le meilleur, soit l'économiquement et le culturellement fort (et n'en déplaise aux gens de gauche, l'on sait depuis Périclès, Laurent de Médicis et Louis XIV que la puissance économique va de pair avec la puissance culturelle). L'impérialisme séduit le monde par ce qu'il a de mieux en lui. Et l'islam aujourd'hui représente le pire du monde. Alors il ne faut pas être naïf, il y aura encore des attentats islamistes chez nous, il y aura encore des excisions et des lapidations chez eux, et sans doute de plus en plus, mais non parce qu'ils auront gagné mais parce qu'ils auront bientôt perdu. Houellebecq, pour le coup, disait la même chose : le fascisme islamiste a encore quelques décennies à vivre mais va s'effondrer bientôt, parce qu'ils sont beaucoup trop cons et qu'ils ont perdu la partie. Mais du jour où ils seront intelligents, brillants, séduisants, là, nous serons vraiment menacés.
Pierre Cormary - En route pour aller voir Superman. Lui seul pourra répondre à mes questions.
Cliquer sur l'album.
Pierre Cormary - Un soir, avec Anne B. (notre centième soirée ?)
Pierre Cormary - Nous en parlions, Pierre Téqui et moi, l'autre soir après Orsay, de cette tradition d'extrême droite (mais qui pourrait être tout autant d'extrême gauche) qui dit que l'histoire du peuple français n'a jamais été véritablement écrite, l'Histoire de France se cantonnant au fond à l'histoire de l'Etat, au mieux celle des monarques, au pire celle de Paris. Mais le peuple, c'est-à-dire la province, c'est-à-dire les ploucs, hors Poujade dans les années 50 et 60, ou la Manif pour tous aujourd'hui, a toujours été inconnu au bataillon. Et c'est pourquoi le peuple ne se reconnaît pas du tout ou n'a pas à se reconnaitre dans l'Histoire de France. Mieux : une partie des traditionalistes français va jusqu'à dire que les vrais français, les français de souche, n'existent plus depuis l'invasion des Celtes, pour ne pas dire des Francs. Les Gaulois auraient été francisés par les Francs comme les Maghrébins auraient été arabisés (en plus d'être islamisés) par les Arabes lors de la conquête musulmane au V ème siècle. Bref, l'identité nationale moderne est un mythe franco-chrétien, et le "vrai Français", le Gaulois, ou éventuellement le gallo-romain, une espèce disparue, même s'il bat encore dans le coeur de certains d'entre nous, plus sensibles au druidisme qu'au christianisme, plus émus par la vie régionale que par la vie parisienne, préférant largement les Menhirs à Notre Dame de Paris (qu'on devrait raser pour faire un Notre Dolmen de Lutèce.) Toute l'Histoire de France n'aurait été alors qu'une centralisation abusive (de Clovis à De Gaulle, en passant par Louis XIV et Robespierre), sinon une parisianisation du territoire, doublée d'une intellectualisation forcée (le français promu langue officielle contre l'occitan et autre dialectes) - bref, ce que l'on pourrait appeler sans rire un "jacobinisme à travers les âges".
Bien sûr, je suis pour. Tout ce qui unifie, assimile, francise, christianise et romanise, est bon à prendre.
Pierre Cormary – Quand Dieu perd son latin - http://www.buzzly.fr/compilation-danimaux-meconnus.html#HGPkWAd2uf8q09Fa.01
Pierre Cormary - Jospin, salolepeuplauratapo (d'ailleurs, il l'a eu, t'as pas été élu !) - http://www.youtube.com/watch?v=hHfyzRMzyCM
JUILLET
Marion teste ton mec.
Marcel Gauchet sur le mariage gay.
Emmet de la Groganière au Piquet.
Samy Nacery.
Jean-Pierre Vernant
Fort Boyard
Erynies des ondes
Pierre Cormary - Sans pitié pour la pédophilie. Sans complaisance pour l'idolâtrie. Sans concession pour l'indifférence de tous pour tous. Il est formidable, ce pape, non ? (A part ça, j'ai découvert le Marion test ton mec. http://www.youtube.com/watch?v=_TJkanIGvZg)
Pierre Cormary – « Ce qui était frappant dans cette courte séquence post-premier tour, c'était l'âge de cette résistante en carton, piaillant ses cours de théâtre, alors que le candidat FN a 23 ans. La jeunesse n'est pas une qualité, mais elle indique tout simplement où se trouve la dynamique politique de ce pays. On peut toujours monter sur les grands chevaux de la République, la réalité, c'est que le jeunesse politique aujourd'hui, c'est le FN. Au lieu de s'inquiéter de vieilleries idéologiques, la classe politique traditionnelle ferait mieux de réaliser rapidement où se situe le renouveau politique dans ce pays si elle ne veut pas être balayée. » De l'excellent Slothorp.
Modéré subtil
Pierre Cormary - Les croyances religieuses n'ont pas disparu (bien au contraire) mais l'organisation religieuse de la société, elle, a bien disparu - et cela depuis Montaigne. Hors quelques réactionnaires sérieux et toxiques (2% des antimodernes), plus personne ne croit ou ne veut croire que le pouvoir vient de Dieu. Non, le pouvoir vient du peuple pour les siècles des siècles. Le christianisme, contrairement à l'islam, est bien la religion de la sortie de la religion. En même temps, les cathos, et avec eux tous les "tradis" (cratyliens, jacobins, essentialistes, naturalistes de droite et de gauche + cette "idiote utile" de Sylviane Agacinski, comme l'a dénommée cet imbécile heureux de Nouvel Obs), ont réagi ces derniers temps, et avec une virulence inattendue, donc sincère, contre cette nouvelle organisation non pas du monde, admise depuis Montaigne, mais de la vie - ce qu'était fondamentalement l'infâme mariage pour tous. Il faut malgré tout reconnaître que "c'est précisément au moment où le passé finit de s'effacer que les gens prennent conscience de sa disparition. Pour bcp, c'est un véritable choc culturel et on peut le comprendre, étant donné l'ampleur du mouvement." Et c'est pourquoi les vainqueurs à la Pierre Bergé ou à la Maître Eolas, enculés parmi les enculés, ont été dans cette affaire plus qu'immondes. Nicolas Bernard-Buss a bien été un prisonnier politique et les media ont bien lynché les Tellenne.
Pour autant, ce qu'il faut retenir de cette affaire est "l'identitarisation de ce qui reste du catholicisme en France". Avec le Mariage pour tous, les cathos sont devenus, à leur grande surprise, et au fond, à la surprise générale, une minorité.... militante, c'est-à-dire une.... communauté. Le communautarisme en branle, la France n'est plus une république depuis longtemps (depuis la première affaire du voile en fait dans les années 80) mais bien une démocratie à l'américaine. Et les cathos sont devenus communautaristes comme tout un chacun. Et comme d'habitude, c'est la minorité de minorité (ici, Civitas et compagnie) qui a pu prendre les commandes de la minorité. Parce que ce sont toujours les plus intégristes les plus organisés - exactement comme en 68 où "on n'entendait que les maoïstes et les trotskistes qui devaient représenter 1% du mouvement !".
Donc, l'enjeu de ce conflit fut pour une fois non social ni économique mais bien métaphysique - c'est-à-dire à la fois plus noble et plus violent. Avec en fil rouge, rose plutôt, ce "désir d'enfant" pour le moins inquiétant. Car il n'est pas sûr du tout que le désir d'enfant soit toujours l'intérêt de l'enfant. Etre le produit d'un désir pur (comme l'est assurément le désir d'enfant de la part d'homosexuels) peut poser quelques problèmes à cet enfant. Qu'est-ce qu'en effet un désir d'enfant non filialisé ? Que seront l'identité et l'équilibre d'un enfant ardemment désiré mais non voulu par les lois naturelles ? Que sera un être humain conçu artificiellement, hors de ses parents, et non pas parce qu'ils ne le pouvaient pas mais parce qu'ils ne le voulaient pas ? Comme aurait dit la psy Claude Halmos (mais une psy, c'est une biblique, quelle horreur !), "l'amour ne suffit pas". Et l'horreur ultimate de notre époque, pourtant antibiblique, est de croire que l'amour suffit, la conne, la salope.....
(Tout cela inspiré de l'excellentissime interview de MARCEL GAUCHET dans le dernier CAUSEUR papier.)
Pierre Cormary – MON MUR DES CONS - voir mon mur FB
Pierre Cormary - Mais il est très sympathique cet Emmett de la Grogannière.
(Après un verre au Piquet, ce soir.)
Pierre Cormary - De plus en plus, je préfère les gens d'extrême gauche aux gens de gauche. David L'Epée comprendra ce que je veux dire.
(Avant un verre au Mucha quelques mois plus tard.)
Pierre Cormary - Acteur pour ma soeur : Samy Naceri.
Sophie R. - Samy Nacery ... Là t'es dur ! Film que j'ai adoré : Dans ton cul de batard les keufs.... Film que j'ai aimé : Embrouilles sur les Champs.... Film que j'ai détesté : Ta mère l'hôtesse de l'air.... Film que j'ai pas vu : Tous.... Si quelqu'un like ce statut lui défonce sa gueule d'enc....
Pierre Cormary - Fou rire. Putain, ça c'est bon pour "mon Facebook 2013".
Pierre Cormary – « La première femme se tient là, devant les dieux et les hommes encore rassemblés. C'est un mannequin fabriqué, mais pas à l'image d'une femme puisqu'il n'y en a pas. Elle est la première femme, l'archétype de la femme. Le féminin existait déjà puisqu'il y avait les déesses. Cet être féminin est modelé comme une parthénos, à l'image des déesses immortelles. Les dieux créent un être fait de terre et d'eau, dans lequel sont mis la force d'un homme, sthenos, la voix d'un être humain, phônè. Mais Hermès place aussi dans sa bouche des mots menteurs, la dote d'un esprit de chienne et d'un tempérament de voleur. Ce mannequin, qui est la première femme, d'où est issue toute la race des femmes, se présente avec un extérieur trompeur. On ne peut la contempler sans être ravi, médusé. Elle possède la beauté des déesses immortelles, son apparence est divine. Hésiode dit bien cela, on est ébloui. Sa beauté, rehaussée par les bijoux, le diadème, la robe et le voile, est un ravissement. D'elle rayonne la charis, un charme infini, un éclair qui submerge et dompte celui qui la voit. Sa charis est infinie, multiple, pollè charis. Hommes et dieux tombent sous son charme. Mais à l'intérieur se cache autre chose. Sa voix va lui permettre de devenir la compagne de l'homme, d'être son double humain. Ils vont converser ensemble. Mais la parole est donnée à cette femme, non pour dire le vrai et exprimer ses sentiments, mais pour dire le faux et camoufler ses émotions. (...) Voici donc Pandora, lumineuse à la manière d'Aphrodite, et semblable à une enfant de Nuit, faite de mensonges et de coquetterie. Zeus crée cette parthénos non pour les dieux mais pour les seuls mortels. De même qu'il s'était débarrassé de la querelle et de la violence en les envoyant chez les mortels, Zeus leur destine cette figure féminine. (...) Le lendemain, [Epiméthée - celui qui comprend toujours après, et malgré les exhortations de son frère Prométhée, qui comprend toujours avant, à ne pas le faire] est marié à elle et Pandora est installée en épouse chez les humains. Ainsi commencent tous leurs malheurs.
Maintenant, l'humanité est double, elle n'est plus uniquement composée constituée du genre masculin. Elle est composée de deux sexes différents, tous deux nécessaires à la descendance humaine. A partir du moment où la femme est produite par les dieux, les hommes ne sont plus là d'emblée, ils naissent des femmes. Pour se reproduire, les mortels doivent s'accoupler. Ce qui déclenche un mouvement dans le temps qui est différent.
Pourquoi, selon les récits grecs, Pandora, la première femme, a-t-elle un coeur de chienne et un tempérament de voleur ? Ce n'est pas sans lien avec [la nouvelle condition de l'homme lui-même] Les hommes ne disposent plus du blé et du feu comme ils le faisaient auparavant, tout naturellement, sans effort et en permanence. Le labeur fait dorénavant partie de l'existence ; les hommes mènent une vie difficile, étriquée, précaire. Ils doivent sans cesse se restreindre. Le paysan sur son champ s'échine et ne récolte pas grand-chose. Les hommes ne disposent jamais d'aucun bien en suffisance ; il leur faut donc être économes, prudents pour ne pas dépenser plus que nécessaire. Or, cette Pandora, comme tout le gênos, toute la race, des femmes féminines qui en est issue, a justement comme caractéristique d'être toujours insatisfaite, revendicatrice, incontinente. Elle ne se satisfait pas du peu qui existe. Elle veut être rassasiée, comblée. C'est ce qu'exprime le récit en précisant qu'Hermès a mis en elle un esprit de chienne. (...) Ce que veut la femme, c'est la grange. Avec l'habileté de ses propos séducteurs, de son esprit menteur, de ses sourires et de sa croupe attifée, comme l'écrit Hésiode, elle joue au jeune célibataire le grand air de la séduction, parce qu'en réalité elle lorgne vers la réserve du blé. Et chaque homme, comme Epiméthée avant lui, tout ébaudi, émerveillé par ses apparences, se laisse capter. (...)
Les femmes, même les meilleurs, celles qui possèdent un caractère mesuré, ont ceci de particulier, racontent les Grecs, qu'ayant été fabriquées avec de la glaise et de l'eau leur tempérament appartient à l'univers humide. Alors que les hommes ont un tempérament qui est plutôt apparenté au sec, au chaud, au feu. (...)
Si Prométhée a ourdi une ruse qui consistait à voler le feu de Zeus, il s'attire une réplique incarnée par la femme, synonyme de feu voleur, que Zeus a créée pour tracasser les hommes. En effet, la femme, l'épouse est un feu qui brûle son mari continûment, jour après jour, qui le dessèche et le rend vieux avant l'âge. Pandora est un feu que Zeus a introduit dans les maisons et qui brûle les hommes sans qu'il soit besoin d'allumer une flamme quelconque. Feu voleur répondant au feu qui a été volé. (...)
Mais ici aussi s'opposent le dedans et le dehors. La femme, par son appétit animal, alimentaire et sexuel, est une gaster, une panse, un ventre. Elle représente en quelque sorte l'animalité de l'espèce humaine, sa part de bestialité. (...) Mais ce ventre est aussi le seul qui puisse produire ce qui prolonge la vie d'un homme, un enfant. Le ventre de la femme figure contradictoirement la part nocturne de la vie humaine, l'épuisement, mais également la part d'Aphrodite, celle qui apporte des naissances nouvelles. L'épouse incarne la voracité qui détruit et la fécondité qui produit. Elle résume toutes les contradictions de notre existence. Comme le feu, elle est à la marque du proprement humain, parce que seuls les hommes se marient. Le mariage distingue les hommes des bêtes, lesquelles s'accouplent comme elles mangent, au hasard des rencontres, n'importe comment. La femme est donc [pour l'homme] la marque d'une vie cultivée ; en même temps, elle a été créée à l'image des déesses immortelles. Quand on regarde une femme, on voit Aphrodite, Héra, Athéna. Elle est d'une certaine façon la présence du divin sur cette terre par sa beauté, sa séduction, par sa charis. La femme conjoint la chiennerie de la vie humaine et sa part divine. Elle oscille entre les dieux et les bêtes, ce qui est le propre de l'humanité. »
(Jean-Pierre Vernant, L'Univers, les dieux, les hommes : Pandora ou l'invention de la femme.)
Toute ma jeunesse héroïque.
Pierre Cormary – Ford Boyard, putain !
Pierre Cormary - 23 ans que ça existe.
Pierre Cormary - J'avais vingt ans juste.
Pierre Cormary - Vingt-trois ans de vide.
Pierre Cormary - Putain, je déprime.
Pierre Cormary - Putain, le père Fourra.
Pierre Cormary - Putain, il a pas évolué.
Pierre Cormary - Comme moi, putain.
Pierre Cormary - Putain, Danièle Evenou.
Pierre Cormary - C'est trop là.
Pierre Cormary - Danièle Evenou.
Pierre Cormary - Jacques Martin.
Pierre Cormary - Sarkozy.
Pierre Cormary - Il lui avait cassé la gueule.
Pierre Cormary - Martin, par Sarko.
Pierre Cormary - Putain, tous ces gens qu'ont baisé.
Pierre Cormary - Même Patrice Lafont, il a baisé.
Pierre Cormary - Putain, des chiffres et des lettres.
Pierre Cormary - Putain, mon compte est bon.
Pierre Cormary - Putain, le combat dans la boue entre bonnes femmes.
Pierre Cormary - Putain, j'ai rien vécu.
Pierre Cormary - Putain, vacances d'été. L'enfance. Les promesses.
Pierre Cormary - Putain, plus de whisky.
Pierre Cormary - Qu'on en ait ou pas, les femmes, de 14 à 94 ans, sont la seule raison que l'on ait de vivre.
Pierre Cormary - Personne n'aime la vie, mais tout le monde aime quelque chose de la vie : un match de foot, un opéra de Mozart, une Carlsberg, une brune aux yeux verts qui passe dans la rue, la place Edgar Quinet à 23h45, un cigare, une soirée avec JPA, un sorbet Amorino.
Pierre Cormary – « Le retour de Dionysos chez lui, à Thèbes, s'est heurté à l'incompréhension et a suscité le drame aussi longtemps que la cité est demeurée incapable d'établir le lien entre les gens du pays et l'étranger, entre les sédentaires et les voyageurs, entre sa volonté d'être toujours la même, de demeurer identique à soi, de se refuser à changer, et, d'autre part, l'étranger, le différent, l'autre. Tant qu'il n'y a pas de possibilité d'ajuster ces contraires, une chose terrifiante se produit : ceux qui incarnaient l'attachement inconditionnel à l'immuable, qui proclamaient la nécessaire permanence de leurs valeurs traditionnelles face à ce qui est autre qu'eux, qui les met en question, qui les oblige à porter sur eux-mêmes un regard différent, ce sont ceux-là même, les identitaires, les citoyens grecs sûrs de leur supériorité, qui basculent dans l'altérité absolue, dans l'horreur et le monstrueux. (...) Comme si, dans la mesure où un groupe humain refuse de reconnaître l'autre, de lui faire sa part, c'est ce groupe lui-même qui devenait monstrueusement autre. »
(Jean-Pierre Vernant, "Dionysos à Thèbes", dans L'univers, les dieux, les hommes.)
Ce que j'ai lu de plus fort sur la notion d'étranger et d'autochtone et qui peut se comprendre par un cosmopolite que par un chauvin. En refusant l'Autre, l'identitaire devient un Autre too much.
Maxime F. - « Passer un pont, traverser un fleuve, franchir une frontière, c’est quitter l’espace intime et familier où l’on est à sa place pour pénétrer dans un horizon différent, un espace étranger, inconnu, où l’on risque, confronté à ce qui est autre, de se découvrir sans lieu propre, sans identité. Polarité donc de l’espace humain fait d’un dedans et d’un dehors. Ce dedans rassurant, clôturé, stable, ce dehors inquiétant, ouvert, mobile, les Grecs anciens les ont exprimés sous la forme d’un couple de divinités unies et opposées : Hestia et Hermès. Hestia est la déesse du foyer, au cœur de la maison. Elle fait l’espace domestique, qu ‘elle enracine au plus profond, un dedans, fixe, délimité, immobile, un centre qui confère au groupe familial, en assurant son assise spatiale, permanence dans le temps, singularité à la surface du sol, sécurité face à l’extérieur. Autant Hestia est sédentaire, refermée sur les humains et les richesses qu’elle abrite, autant Hermès est nomade, vagabond, toujours à courir le monde ; il passe sans arrêt d’un lieu à un autre, se riant des frontières, des clôtures, des portes, qu’il franchit par jeu, à sa guise. Maître des échanges, des contacts, à l’affût des rencontres, il est le dieu des chemins où il guide le voyageur, le dieu aussi des étendues sans routes, des terres en friche où il mène les troupeaux, richesse mobile dont il a la charge, comme Hestia veille sur les trésors calfeutrés au secret des maisons. Divinités qui s’opposent, certes, mais qui sont aussi indissociables. Une composante d’Hestia appartient à Hermès, une part d’Hermès revient à Hestia. C’est sur l’autel de la déesse, au foyer des demeures privées et des édifices publics, que sont, selon le rite, accueillis, nourris, hébergés les étrangers venus de loin, hôtes et ambassadeurs. Pour qu’il y ait véritablement un dedans, encore faut-il qu’il s’ouvre sur le dehors pour le recevoir en son sein. Et chaque individu humain doit assumer sa part d’Hestia et sa part d’Hermès. Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’Homme est un pont. »
Texte de Jean-Pierre Vernant, « La traversée des frontières », Seuil, 2004. Ce texte, qui a été commandé pour le cinquantième anniversaire du Conseil de l’Europe, est inscrit parmi d’autres sur une borne du pont de l’Europe, qui relie Strasbourg à Kehl.
AOUT
Karin Heimlich
Marie Fontaine.
13 août 2013 - Pierre Cormary - Chapitre treize : comment je perdis mon pucelage ce treize août mille neuf cent quatre vingt treize (anniversaire d'Amélie N., je suis condamné aux bizarreries) à l'âge plus qu'honteux de vingt-trois ans dans les bras d'une suédoise affectueuse rencontrée sur Minitel. Pas de photo pour l'attester, mais vous me croyez, je suppose.
15 août 2013 - Pierre Cormary - EN CE TEMPS-LA, LES ELEATES NIAIENT LE MOUVEMENT (Assomption à Saint Germain des Près)
Pierre Cormary - Avoir au téléphone une heure et demie durant la femme que vous avez le plus aimé dans votre vie, qui est devenue un de vos personnages intimes, pour ne pas dire un de vos personnages tout court, que vous ne pensiez plus jamais retrouver et que vous retrouvez aussi joyeuse, impériale, attentive que naguère, et cela, vingt-deux ans après. Il y a donc des reprises possibles - en forme de miracle. "Tu avais une chance sur douze mille de me trouver à ce numéro, à cette heure, à cette date". A la lettre, je peux dire que je viens de vivre aujourd'hui Identification d'une femme - mais qui n'a pas disparu, non, au contraire qui est revenue. La femme de ma vie qui revient dans ma vie. Ma sylphide. Mon Hermione. Ma Carmen adorée. http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2008/06/17/le-temps-des-amours-reprise-i.html (22 août 2013)
Pierre Cormary - A chaque fois que je passe devant Gibert, j'ai l'impression que j'ai vingt-trois ans et que je suis encore puceau. D'ailleurs...
SEPTEMBRE
Tolérance de droite / intolérance de gauche
Pourquoi je suis plutôt platonicien que phénoménologue (Tragicomix)
Blue Jasmine
Au Château de Bellechasse.
Pierre Cormary - On en parlait hier avec Guilaine Depis. Pourquoi les gens de droite tolèrent-ils si facilement les gens de gauche et pourquoi les gens de gauche sont-ils toujours prêts à juger les gens de droite ? Parce que les gens de droite qui sont méchants n'ont pas de problème avec le bien alors que les gens de gauche qui sont gentils ne peuvent supporter le mal. La vertu est incommodé par le vice alors que le vice regarde la vertu avec amusement. A droite, il n'est pas grave d'être raciste, homophobe, misogyne. A gauche, il est impensable de l'être. A droite, l'on admet sa médiocrité qui fait tellement partie de la vie. A gauche, on veut changer la vie. Et d'ailleurs, la vie n'est qu'un produit du social - même si, et cela la droite le sait, le social n'existe pas.
Jean-Rémi - « A droite, il n'est pas grave d'être raciste, homophobe, misogyne. » -> C'est d'ailleurs peut-être un souci, non ?
Amandine Kmlzoo - Ah bah moi je suis de gauche et je peux te dire que ça irrite profondément certains "proches" de droite très "premier degrès" ! C'est juste que Guilaine et toi êtes débonnaires et sympathiques
Pierre Cormary - A droite, on n'est pas très sensible au délit d'opinion et l'on ne va pas se mettre en branle bas de combat pour un mot ou une image de trop. On rechigne à surveiller le langage (sauf peut-être quand on le déforme ou qu'on le viole comme "mariage"). On ne fait pas un fromage du bruit et de l'odeur et on ne considère pas que Chirac ait été raciste pour avoir mis le doigt sur des problèmes de proximité (qui sont toujours à l'origine du racisme, comme disait Lévi-Strauss). On ne fait pas comme George Louis Tin de Dictionnaire de l'homophobie qui, de Platon à Lacan, suspectait à peu près toute la pensée occidentale. On est trop conscient, à droite, que c'est la vigilance citoyenne qui suscite le politiquement abject, que c'est SOS racisme qui a nourri le racisme en France depuis des années, et que c'est la loi Gayssot qui a donné de l'eau au moulin de Dieudonné. Bref, à droite, on pense un peu comme dans cette vieille chanson très connue de Didier Bourdon, que ce sont les ligues de vertu qui créent le vice : https://www.youtube.com/watch?v=Ndf6FFggVNc
Pierre Cormary - Putain, Antonioni... J'aimerais tant le ré-aimer. Mais non, impossible, je souffre trop. Chaque plan est chiadé mais est d'un chiant, d'un sérieux, d'un culturel.... Pourtant Monica est troublante. Et Delon à son meilleur. Mais non, c'est trop vide. Je vais m'éclipser avant la fin - et je le regrette. J'aurais tant voulu le retrouver. Mais il y a des reprises impossibles. Malgré mon cigare. C'est le temps du cigare qui me fait supporter ce film.... Et le pire, c'est que j'ai l'impression que j'ai tort.
Exaspérante phénoménologie.
Pierre Cormary - Je suis platonicien et pas phénoménologue. Je crois aux arrières-mondes mais je ne crois pas que ce qui m'apparaît est faux.
Fabrice P. - Si je comprends bien, les phénoménologues sont ce qui s'appellent des interprétivistes ?
Pierre Cormary - Pas exactement : les phénoménologues croient en effet aux choses telles qu'elles nous apparaissent (il n'y a rien derrière elles) mais en même temps estiment qu'on ne les voit pas telles qu'elles sont. Dans le platonisme, la vérité est derrière la chose. Dans la phénoménologie, la vérité est devant la chose (ou plus exactement dans la chose) mais nous ne pouvons percevoir immédiatement celle-ci.
Du moins si j'en crois Eric Weil : "ce qui se donne immédiatement n'est pas réel" (à quoi Clément Rosset répond dans son délicieux Principe de Cruauté que "l'on pourrait déclarer tout aussi crânement qu’une boisson qui se donne à boire n’est pas une vraie boisson, ou qu’une femme qui s’offre aux caresses n’est pas vraiment une femme") ou Françoise Dastur, dans le dernier Philosophie magazine : "... s'inscrivant contre la vision du monde issue du platonisme, les phénoménologues partagent la conviction qu'il ne faut pas aller chercher la vérité derrière les choses qui nous apparaissent, mais d'essayer d'élucider ce qui apparaît, qui est déjà là, donné dans l'expérience, et que nos présupposés nous empêchent de voir." Et lorsque le journaliste lui fait remarquer qu'il y a là un paradoxe à cette approche, censée "aller droit aux choses elles-mêmes" et qui est en même temps extrêmement difficile à lire, elle rétorque : "c'est vrai (...) Très souvent, nous utilisons les choses qui nous entourent, nous les nommons, mais nous ne les voyons pas. Selon Husserl, pour atteindre les choses, il nous faut éliminer les mots du langage courant, ces étiquettes que nous leur collons dessus mais qui nous empêchent de voir telles qu'elles sont, sans présupposés. Autrement dit, il faut revenir à une expérience première, cachée, et c'est ici que les choses deviennent difficiles."
Bref, il n'y a rien derrière ce qui apparaît, il y a tout tout dans ce qui apparaît, mais nos présupposés (ou perceptions supposés telles - car le présupposé est tout aussi présupposé que ce qu'il présuppose) nous empêchent de voir et surtout de comprendre ce tout. Le réel est bien là, devant nous, mais on le loupe. Autrement dit, c'est moins le réel qui est suspect que le sensible. La fausse perception vient non pas des objets, comme chez Platon, qui sont copies de copies, etc, mais bien du sujet qui voit double, triple, ou qui est daltonien. Le phénoménologue complique donc les choses, et à la fin, ça gave. VAS-TU ME DIRE OU EST TRAGICOMIX ?
Par exemple, pour le platonicien, la pomme que j'ai devant moi est une copie de pomme, la vraie pomme étant ailleurs, dans son idée de pomme - ce qui est tout à fait acceptable pour l'esprit humain. Alors que pour le phénoménologue, il n'y a pas de vraie pomme, il n'y a que cette pomme devant moi, sauf que l'appeler pomme est impropre, et la manger la preuve que je ne comprends rien à rien. Alors que si, justement.
Pour aller vite (très vite), on pourrait dire que pour les classiques (en gros tout ce qui va jusqu'à Kant), le mystère est derrière, alors que pour les modernes (en gros tout ce qui part de Kant avec sa chose en soi que si un jour on m'explique ce que c'est...), le mystère est devant. la pomme par des schémas théoriques généraux (certes issus de l'observation). Quand les psychiatres ont commencé à se demander : quand le fou voit une pomme, qu'est-ce qui se passe vraiment ?, quand ils ont essayé non plus seulement d'expliquer avec des présupposés théoriques mais bien de comprendre intimement l'expérience du psychotique à travers son histoire et sa réalité personnelles, ils les ont enfin considérés comme des êtres humains à part entière.
Pierre Cormary - Le bruit de la pluie pendant l'écriture, la lumière du jour qui baisse puis qui remonte, la menace de la grêle sur le balcon - le bonheur total.
Pierre Cormary - Nom de Dieu, elle sévit près de chez moi, elle, Elle, ELLE !!!! Mon salut à celui ou celle qui la reconnaît - http://www.de-monaghan-avocat.fr
Pierre Cormary - Et ça s'est passé juste devant mon Monoprix. Je revenais de ma nocturne, j'allais boire un coup au Suffren, et je me suis aperçu qu'il y avait une vingtaine de camions de CRS. Des passants m'ont appris qu'il y avait eu en effet une rixe entre fa et antifa, là, chez moi, où je passe tout le temps. Du coup, j'en ai oublié ma bière du jeudi soir.
(Paris. 38 militants antifascistes interpellés en marge d’une manif - Faits divers - ouest-france.fr)
Pierre Cormary - Comme prévu (mais je me trompe rarement), film raté, ennuyeux, laborieux, sans surprise, scolaire, « sérieux » (de ce sérieux dont on parlait l'autre jour, qui ne veut surtout pas faire de vagues, qui veut simplement être « adéquat » et qui à force de respect pour son sujet en perd son latin et ses jeux du cirque), en un mot, « esther kahnien » (en moins pire peut-être). Rien à voir avec Un conte de Noël ou Rois et reine qui osaient des « trucs », relançaient sans cesse le drame, au risque de tomber dans un certain délire – mais le délire lui ait toujours bien allé à l’auteur de La vie des morts. Parce que Desplechin, et tout son cinéma le prouve, ne s’intéresse pas au réel. N'en a rien foutre du réel. Ce qui le botte, et moi avec, c’est la manière qu’on a tous de fantasmer le réel (et c’est vrai que ses fantasmes passent par la culture, les références et le normalien qui dans ses films est toujours traité comme un Avengers), de le rendre à la fois plus tordu et plus acceptable, de le traiter comme un songe de nuit d’été (d’ailleurs re-cité dans ce film). Y a un côté Jacques Demy aigre chez Desplechin. Quand il n’est plus adolescent attardé, il n’est plus cinéaste, c'est clair (un peu comme Tarantino avec Jackie Brown, autre très mauvais film "adulte"). Bénicio fait ce qu’il peut en indien paumé, il n’arrive pas à porter ce film sur ses larges épaules – non pas qu’il soit mauvais, au contraire, il est trop bon, mais c’est le film qui n’est pas à sa hauteur. Quant à Amalric en psy ethnologue (pourquoi pas Joe Pesci en nounou ?), il se fourvoie complètement (mais moins à cause de lui que de son metteur en scène). Bref, à part se repasser Rain Man (même affiche), je ne vois pas ce que l’on peut faire d’autre…
Ou en effet, aller revoir un autre film de ce mois de septembre, lui qui prend des risques, invente, surprend, et n’a pas peur - Tip Top (avec le commentaire effervescent de Sarah Vajda, lundi, sur mon blog...)
Pierrre Cormary - Quand je dis "droite" et "gauche", ce n'est pas tant par obsession binaire ou antigauchisme primaire que par souci de réveiller celui qui me lit et qui peut croire que mes propos sont d'aimables propos. En forçant le positionnement, je tente d'actualiser mon propos et faire dire à ce dernier : "putain, c'est quoi ce que je pense là-dessus en fait ?". Le problème, c'est que bien souvent il se bloque sur ma dichotomie idéologique et me répond que c'est moi qui y suis bloqué. Bref, ce qui devait le réveiller l'endort et me laisse insomniaque. En quoi ma méthode est faillible, je le concède.
Drame social incompréhensible pour sociologues.
Pierre Cormary – Et la petite génie de notre canton a tort, tort, TORT
Sorte de Pretty woman à l’envers, on en sort bouleversé, mortifié même, et pour une raison simple : Woody dit dans ce film quelque chose qui ne se dit jamais, à savoir que les vraies souffrances sont les souffrances honteuses, socialement inavouables, proprement scandaleuses, celles qui ne relèvent ni du deuil, ni de la maladie mais de la perte insensée de nos privilèges et feront dire aux autres : "elle ne l'a pas volée, cette petite fille riche !". Combien d'entre nous esquissent un sourire quand on apprend qu'un méchant riche a fait faillite et que sa femme "qui vivait le petit doigt en l'air" trime enfin, éprouve la vraie vie, et que c'est bien fait pour elle ? Combien de réjouissances provoquées par le chute de notables ? Blue jasmine est un film sur la douleur innommable d'une femme déclassée, le truc qui fait généralement rire le prolo et le méritant. La dernière fois que Woody Allen avait été scandaleusement immoral, c'était dans Crimes et délits en montrant que l'on pouvait protéger ses privilèges dans le meurtre et sans en être inquiété. Aujourd'hui, il montre l'horreur absolue de n'être plus une privilégiée. La solitude totale dans laquelle on se retrouve. La nostalgie irrécupérable. La dépression pour toujours. Dans son article, Murielle reproche au film d'être "figé" et de faire s'enrouler "deux rubans temporels qui ne mènent nulle part" (le passé et le présent). Mais il l'est précisément ! Et en effet souvenirs et velléités présentes ne mènent à rien. Mais non pas tant parce qu'on est pleine pathologie que parce qu'on est en pleine ontologie mortifère. En vérité, le film n'est pas tant clinique que tragique. Jasmine est certes "une femme sous influence" mais son comportement n'a rien de fou même si elle frôle la folie. Sa folie n'est pas la sienne, comme une méchante humeur de sa raison, c'est celle de quelqu'un qui a été broyé par la vie. Sauf qu'en effet, bcp de gens, pour des raisons morales et sociales, ne la plaindront pas. Alors que moi je suis sorti les larmes aux yeux et avec l'envie de tuer quiconque me parlerait de mérite et de rétribution.
A part ça, une étude magistrale de Murielle Joudet sur Woody Allen :
"C'est la malédiction du fait psychologique, il est toujours suspecté de ne pas exister, parce qu' inappréhendable par autrui, rétif à l'extériorité, cultivant son ressentiment envers cet extérieur parce que précisément celui-ci ne le reconnaît pas en tant que réalité rivale. Toute la force du psychologique réside dans sa façon de s'auto-alimenter en s'appuyant sur son absence d'exigence à correspondre à un quelconque régime de vérité : ne pas être vrai, ne pas être réel, mais être là, sur le solide mode de la fiction, voilà sur quoi se fonde sa réalité. Le psychologique est une imparable rhétorique intérieure." -
Home, home, home
Pierre Cormary - A l'instant, crise d' euphorie dans la nef. Comme tous les lundi, je passe cette journée bienheureuse où le musée est fermé au public à lire dans les salles vides. Aujourd'hui, Le Château de Kafka. Ce pauvre K. qui ne cesse de vouloir se rapprocher du Château, qui fait tout pour y entrer, ou au moins rencontrer ceux qui y sont, et qui n'en sera jamais, jamais, qui restera à vie à l'extérieur de ce lieu qui semble être le paradis, me mets-je à rêver, en me projetant à tort sur le héros - jusqu'à cette révélation qui jaillit en moi et me met en transe : "Mais moi, j'y suis entré dans le Château !!!! Je suis fonctionnaire au Château !!! J' en suis du Château !!!! Peut-être de la dernière échelle, mais dans tous les cas, officiel !!! Je suis officiellement au paradis !!! Et cela depuis douze ans !!! Et à vie (c'est-à-dire jusqu'à ma mort !!!) Merci, mon Dieu !!!" Et me voilà à prier de joie, tout bas comme un con, tout seul dans ma nef.
Pierre Cormary - Ma grande supériorité sur les autres : savoir gérer depuis toujours et mieux que quiconque la blessure narcissique.
Sophie B. - C'est un atout d'une valeur inestimable. Je pense que votre profonde gentillesse y est liée.
Faustin Soglo - Et modeste avec ça !!
Pascal A. - "Et l'ironie nous perd, quand même elle dit vrai."
Pierre Cormary - Ni gentil, ni modeste, ni ironique. Pédagogique.
Faustin Soglo - Vous pensez pouvoir nous communiquer votre méthode ?!!
Pierre Cormary - C'est fait.
Faustin Soglo - ??
Pierre Cormary - !!
Pierre Cormary - Non. L'enjeu est plutôt de faire attention à ne pas trop tomber des nues quand on aurait toutes les raisons d'en tomber. D'apprendre à freiner sa petite souffrance atroce. De se dire qu'on y a peut-être contribué à cette souffrance atroce petite et qu'on songera à moins y contribuer la prochaine fois.
Sophie B. - C'est précisément ce que je dis. C'est de la force, aussi.
Pierre Cormary - Rappelons que la blessure narcissique est tout ce qui me rappelle que je ne suis pas superman.... là où j'aurais dû l'être.
La blessure narcissique provient d'une défaite là où nous attendions une victoire. En ce sens elle est toujours une surprise.
Pierre Cormary - ENFIN, DIEU N'EST PLUS UN TENTATEUR !!!!!! Benoît XVI voulait déjà le faire, François le fait. Grâce leur soit rendue. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/10/14/01016-20131014ARTFIG00547-l-eglise-revoit-le-texte-du-notre-pere.php
Pierre Cormary - Alors il paraît que certains de mes amis proches se sentent proches de "Libé" quand ils lisent certains de mes statuts. Ma parole !
Pierre Cormary - "C'est bien ce qu'il y a de beau dans votre façon de traduire : elle est fidèle (grondez-moi donc de ce "fidèle", à fond car vous savez tout faire, mais gronder peut-être mieux que tout ; je voudrais être votre élève et faire tout le temps des fautes rien que pour pouvoir être tout le temps grondé par vous ; je suis assis sur mon banc, je n'ose pas lever les yeux, vous êtes penchée sur votre élève, et votre index, qui raconte vos reproches, ne cesse de voleter dans les airs ; est-ce bien ainsi ?)...."
On se sent moins seul parfois - MAIS QUI A QUI ? J'offre une bière à qui le devinera (enfin, une bière si c'est un mec et on n'en parle plus, une coupe de champagne, et même la bouteille, si c'est une fille, et on en parle....)
Jerome D. - L'auteur est-elle une femme?
Pierre Cormary - C'est un homme qui écrit à une femme.
Jerome D. - C'est pas du Voltaire?
Pierre Cormary - Nein.
Pierre Cormary - Jérôme élminé ! (oui, parce que les mecs n'ont droit qu'à une proposition, les dames à deux.)
Emmett de la Grogannière - Il y a quelque chose de féminin genre Proust, mais je dirais Balzac, son ascendant direct ?
Pierre Cormary - Nicht.
Aymeric M. - Diderot à Sophie Volland.
Pierre Cormary - Excellent, Aymeric !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Pierre Cormary - Mais ce n'est pas ça.
Lina Malycheva - Kafka à Milena ?
Aymeric M. - Et bien je provisionne pour une pinte de belge (ou de luxembourgeoise).
Pierre Cormary - Il n'y avait qu'une russe pour deviner un slave.
Alina Malycheva - Je veux un jus d'abricot alors.
(...)
Pierre Cormary – "... ne savez-vous donc pas qu'il n'y a que les gros pour être dignes de confiance ? Il n'y a que dans ces vases aux épaisses cloisons que tout peut se cuire jusqu'au bout, il n' y a que ces capitalistes de l'espace qui soient, autant qu'il est possible aux hommes, protégés des soucis et de la folie, et puissent vaquer tranquillement à leur tâche ; il n'y a qu'eux sur toute la terre, a dit quelqu'un, qui soient de vrais citoyens sur la terre, car au nord ils réchauffent et au sud ils ombragent."
On va en bouffer du Kafka cet automne, je sens (toujours dans les lettres à Milena.)
"Que mon sort est meilleur ! Ma chambre est petite, sans doute, mais la vraie Milena s'y trouve, celle qui a dû vous échapper dimanche, et croyez-moi, c'est merveilleux d'être avec elle." (....)
"A peine me reste-t-il une bribe de temps pour écrire à la vraie Milena, l'encore plus vraie étant restée ici toute la journée dans ma chambre, sur le balcon, dans les nuages." (...)
"Je sors encore ma lettre de l'enveloppe, il reste une place ici : dis-moi encore une fois - pas toujours, je ne veux pas toujours - mais dis-moi encore une fois tu."
"Et cependant, ce n'est pas toi que j'aime, c'est bien plus, c'est mon existence : elle m'est donnée à travers toi" (toujours Franz à Milena).
"... ma tempe contre la tienne (tes cheveux contre ma tempe.)"
"Pourquoi ne suis-je pas, par exemple, l'heureuse armoire de ta chambre, qui te voit tout entière quand tu es assise dans ton fauteuil ou installée à ton secrétaire, quand tu t'étends ou quand tu dors (béni soit mille fois ton sommeil), pourquoi ne suis-je pas cette armoire ?"
Pierre Cormary - "Je ne sais pas mentir au bureau aussi bien que ceux qui estiment - comme la plupart des employés - qu'ils sont victimes d'une injustice constante, qu'ils travaillent au-delà de leurs forces - si je pouvais penser ainsi, ce serait presque déjà prendre l'express pour Vienne ! - que le bureau est une machine bêtement menée - ils feraient beaucoup mieux ! -, une machine dans laquelle, en raison de cette sottise, on les emploie où ils ne conviennent pas, - leurs facultés les classent dans les super-rouages et on ne les travailler que comme des roulettes de dernière zone, etc - ; pour moi, le bureau - et il en est allé de même pour l'école primaire, le lycée, la faculté, la famille, tout, - le bureau est un être humain, un être vivant qui me regarde, où que je sois, de ses yeux candides, un être auquel je suis lié de je ne sais quelle mystérieuse façon bien qu'il me soit plus étranger que les gens que j'entends en ce moment passer en auto sur le Ring. Oui, il m'est étranger jusqu'à l'absurdité, mais c'est précisément ce qui exige des égards : je ne lui cache pas ma manière d'être, mais quand une telle candeur s'en rendra-t-elle jamais compte ? Je ne puis donc pas lui mentir)"
[Remplacer "bureau" par "musée", "employé" par "agent", "Vienne" par "Nice" et l'on aura une idée de mon attitude et de ma perception, toute kafkaïennes donc, au château d'Orsay.]
N'aime pas ce que j'aime.
Pierre Cormary - Et voilà... On allait passer une super soirée avec ses amis sur FB, prêt à briller comme jamais, et on obligé de recevoir un copain réel chez soi qui n'aime ni Kubrick ("dégueu") ni Kaamelott ("pas drôle") ni l'ouverture de La Flûte enchantée de Bergman ("pas mozartien") qu'on lui a proposés. Résultat : on s'est farci le copain réel, on a loupé à cause de lui toutes les saillies brillantes live des amis virtuels et quand on revient parmi eux après avoir expédié la soirée réelle, ils se sont tous cassés et il n'est plus possible de mettre ses propres saillies qui nous auraient valu des tas de like si on en avait été à ce moment-là. Et merde, tiens !
NOVEMBRE
Les 343 salauds (autant, sinon plus de commentaires) - Le temps des commentaires par centaines vient de commencer ce mois.
Comment Pierre Boyer et moi sommes devenus les Saint Jérôme et Saint Augustin de Facebook
Lorant Deutsch et la lumière des siècles
Léonora Miano et le Grand Remplacement
David L'épée
Vendre la mèche
Premier séjour à Saint-Malo
Pierre Cormary - "J'avais si besoin de voir une femme pour cesser mes mauvaises habitudes de masturbation que papa m'a donné 10 francs pour aller au bordel, mais 1° dans mon émotion j'ai cassé un vase de nuit, 3 francs, 2° dans cette même émotion je n'ai pas pu baiser. Me voilà donc, grand-père, comme devant attendant à chaque heure davantage 10 francs pour me vider et en plus ces 3 francs de vase. Mais je n'ose pas redemander sitôt de l'argent à papa et j'ai espéré que tu voudrais bien venir à mon secours dans cette circonstance qui tu le sais est non seulement exceptionnelle mais encore unique."
Pierre Cormary - De quelque façon qu'on retourne le problème, aller aux putes, c'est participer à l'esclavage sexuel et à l'ultra capitalisme mondialiste. De quelque façon qu'on retourne celui de l'IVG, avorter, c'est supprimer une vie humaine. De quelque façon qu'on retourne la fameuse tradition, la corrida est une torture gratuite appliquée à l'animal. De quelque façon qu'on retourne les rapports socio-économiques, une bonne partie de nos achats provient d'usines exploitatrices où des enfants travaillent dix heures par jour pour fabriquer les jouets que l'on offrira aux nôtres à Noël. De quelque façon qu'on retourne son existence, on est toujours un salaud. Donc, pas de chichis.
Pierre Cormary - Je commence à en avoir ras le cul de ces gens plus intelligents que moi qui ont raison !!!
Pierre Cormary - Et ce qui m'énerve encore plus, c'est que les gens plus intelligents que moi qui sont d'accord avec moi ne sont jamais là quand il s'agit de contrer les plus intelligents pas d'accord.
Pierre Cormary - Pierre.... hic... Boyer... hic... Tu ne... hic... perds... hic...rien pour... hic... m'étendre...heu...hic... m'atteindre...hic...j'veux dire...hic...me tendre... non...hic... matreindre... bref heu hic...mattrendrir...hic... m'apprendre...non... hic... bref... Non au divorce gay... hic.. et oui à la prosstitussion cathosse pour tous... hic... Et Amélie Nos Tombes est la reine des belges... Hic..
Pierre Cormary - On devrait avoir la possibilité de se faire interdire de Facebook comme on se fait interdire de casino.
Saint Jérôme et l'ange (rédigeant un commentaire sur le mur Facebook de Saint Augustin), par Simon Vouet
Pierre Cormary / Pierre Boyer, ou comment nous sommes devenus les Saint Jérôme et Saint Augustin de Facebook
- « Je ne suis pas assez stupide pour penser qu'une divergence dans tes explications puisse me porter atteinte ! »
- « Sortez les saints de l'hagiographie et les voilà qui s'invectivent ! Durant près de deux décennies, saint Augustin et saint Jérôme se sont échangés des lettres qui n’ont rien de cette charité un peu sucrée que sécrète si bien l’onctuosité ecclésiastique. Et de fait, lorsqu’Augustin, métaphysique et conséquent jusqu’à l’excès, gourmande Jérôme sur un point d’exégèse, celui-ci explose. Hélas, Jérôme a tort. Tout à une susceptibilité d'intellectuel pris en faute, il va alors répliquer, mais le fera pour ce qu'il est, polémiqueur redouté, érudit hautain et styliste virtuose. Sous le choc de cette prose d'assaut, à la fois constrictive et dissolvante, confite en mauvaise foi, Augustin ne ploie pas. Sensible et blessé, il écrira encore et encore, pour pacifier, mais aussi pour argumenter et enfin donner naissance à ce que les générations futures appelleront "le péché originel".»
Ecole classique et classieuse
Pierre Cormary - Enfin un résistant classieux, honnête, élégant, cultivé, inintimidable, plein de verve et pour tout dire GENIAL qui remet les idées en place et l'amour de la France en première ligne. Lorant Deutsch, Ministre de la Culture !! En attendant, le cadeau de Noël de cette année - et un lien à faire circuler de toutes urgences.
Un méchant gauchiste dont j'ai oublié le pseudo - Foutaises ! Pas historien ! Manipulateur royaliste ! Salaud !
Guillaume - Lorant Deutsch, c'est juste l'histoire de France en bande-dessinée, que nous avons tant aimée. Rien de très rigoureux, mais rien qui ne devrait être comparé non plus à un travail d'historien, comme on a voulu le faire. Il fait simplement oeuvre de mémorialiste, composant des images d'épinal pour un public qui ne s'est jamais intéressé à l'histoire. Les réactions outragées sur son livre sont de ce point de vue totalement déplacées, et font peser sur ses épaules une responsabilité qui ne devrait être que celle de l'Education nationale. Ce pauvre Verdez est un âne
Ecole de la République
Pierre Cormary - Vraiment très intéressant, et le pire est que je suis d'accord avec Léonora Miano sur le long terme - même si je ne renoncerai jamais à être un salaud à court terme. Mais c'est vrai. Les mondes disparaissent, et la vie continue. Schopenhauer, encore une fois.
Les vieux pourront crever de rage tant qu'ils veulent devant le nouveau monde, l'avènement de celui-ci sera de toutes façons salué par leurs petits enfants. "N'ayez pas peur de ce qui va arriver, de ce est déjà en train d'arriver."
Maintenant, ce qui sortira renforcé de toutes ces mutations, sera toujours l'Eglise Catholique et son génie du métissage et de l'universalisation tout azimut (si j'ai bien compris Pierre Boyer un soir à Bruxelles). Donc, pas de panique.
Certes. http://www.youtube.com/watch?v=lGMyZQohue8#t=135
Björn-William Geflüchtück - La seule certitude : Christ reviendra nous juger tous.
Pierre Boyer - Ce qui rend le propos de si frappant, c'est qu'elle dit en gros: "vous avez peur de faire l'expérience que vous nous avez imposée et dans laquelle vous nous avez déjà précipités. Et moi que vous avez francisée en détruisant chez moi les conditions du "chez soi", je vous dis de ne pas avoir peur". Ou encore: "Hier, vous avez étendu l'Europe au monde. Vous avez voulu que l'Europe devienne notre référence. Pourquoi alors vous effrayez-vous aujourd'hui de voir surgir le monde dans l'Europe?" ("N'ayez pas peur": Jean-Paul II).
En fait, cette Miano est l'anti-Indigènes de la République.
Björn-William Geflüchtück - C'est tout de suite mieux que Houria Bouteldja.
Pierre Cormary - C'était le propos de Amin Maalouf dans Le dérèglement du monde : nous (les Occidentaux) sommes une civilisation épuisée, décadente et débile, mais nos valeurs, nos modes et nos credo, toujours supérieurs, c'est-à-dire toujours séduisants, ont été intégrés par les autres peuples, soit parce qu'on les a autrefois colonisés, soit parce qu'ils y sont venus tout seuls. Et aujourd'hui, les cons, ils sont plus occidentaux que nous et ils veulent nos avantages sans leurs inconvénients. L'excision, ils finiront par laisser tomber. Le pape sera africain. Et l'islam s'effondrera par manque d'unité. Là-dessus, Maalouf écrivait :
« Ce qui assuré la pérennité des papes et qui a cruellement manqué aux califes, c’est une Eglise, et c’est un clergé. Rome pouvait mobiliser à tout moment ses évêques, ses prêtres, ses moines, qui formaient un réseau serré couvrant chaque royaume, chaque province, et jusqu’au plus petit hameau de la terre chrétienne ; une troupe puissante, fût-ce de puissance douce, et qu’aucun monarque ne pouvait négliger. Le souverain pontife pouvait également excommunier, ou menacer de le faire, et c’était là aussi, au Moyen Age, un instrument redoutable qui faisait trembler les empereurs autant que les simples fidèles. En islam, rien de tout cela – pas d’Eglise, pas de clergé, pas d’excommunication. La religion du Prophète a nourri, dès les commencements, une grande méfiance à l’endroit des intermédiaires, qu’il s’agisse des saints ou des confesseurs ; l’homme est supposé se trouver en tête-à-tête avec son créateur, ne s’adresser qu’à Lui, ne se laisser juger que par Lui, dans le dépouillement ; certains historiens ont comparé cette approche à celle de la Réforme luthérienne, et on peut effectivement trouver quelques similitudes. En toute logique, cette conception aurait dû favoriser très tôt l’émergence de sociétés laïques. Mais l’Histoire n’avance jamais dans la direction qui semble probable. Nul n’aurait pu prévoir que l’énorme puissance des papes aboutirait un jour à la réduction de la place du religieux dans les sociétés catholiques, tandis que la sensibilité passablement anticléricale de l’islam, en empêchant l’émergence d’une institution ecclésiastique forte favoriserait le déchaînement du religieux au sein des sociétés musulmanes. »
(Mais c'est encore en train de changer...)
Bref, on les a christianisés, ils vont nous rechristianiser. On les a démocratisés, ils vont nous redémocratiser (ou nous re-royaliser, qui sait ? Encore mieux !) On les a civilisés, ils vont nous reciviliser - et avec notre morale, encore ! Ils vont nous faire passer à l'épreuve de nos propres valeurs. Ce qui sera un peu violent, je le concède, mais nous fera un bien fou, quoique vu la beauté, la Bible et les bottines de Léonora Miano, je veux bien me faire re-identifier entièrement par quelqu'un comme elle (le sentir fondamental, je vous dis.)
Pierre Cormary - "Pacifier sa jouissance" - comptez sur moi pour amortir cette merveilleuse expression (et même si j'ai cessé ma psychanalyse cette année !)
fdp
Pierre Cormary - Demain, rassemblement à la Bastille à 11 h, marche des Indignés contre l'extrême gauche, discours prévus de Olivier Besancenot, Julien Dray, Nicolas Demorand, Lilian Thuram et Caroline Fourest contre la montée de l'islamogauchisme, on brûlera des drapeaux rouges en direct et on fera son autocritique.... (Nan, je rigole.)
488 commentaires (débat "animé")
Pierre Cormary – Excellentes Carlsberg au Mucha avec l'excellent David L'Epée, radical couillu et hors carte, infréquentable classieux (et d'ailleurs très fréquentable), homme libre et sympathique. Bon retour en Suisse et à bientôt !
(On s'était croisé en 2006 sur le site de Guy Sorman. A l'époque, il découvrait le maoïsme avec un enthousiasme tout juvénile et en avait fait un texte surréaliste que j'avais parodié. Cela nous avait fait rire et on s'était juré de trinquer un jour. C'est fait et ça se refera.)
Pierre Cormary - Trés courageux, Finkielkraut, de ne pas rompre avec Renaud Camus comme on le presse de toutes parts.
Pierre Boyer - "Le XXe siècle a été le bûcher des amitiés. Dans cette époque hyper idéologique seule comptait la fraternité d'armes. "Ô vous qui êtes mes frères parce que j'ai des ennemis", disait Paul Eluard et on a vu s'amonceler les ruptures. L’ami était sacrifié s’il n’était pas un camarade. On me demande aujourd'hui de rompre tout lien avec Renaud Camus pour revenir dans le cercle des gens fréquentables. Je me déshonorerais si je cédais à pareil ultimatum." On ne saurait mieux dire.
Le meilleur
Pierre Cormary - C'est en effet le meilleur. Lire absolument sa lettre à Frédéric Taddéi (Canal+, 23/11/2013)
Adieu, Nice !
Pierre Cormary - Français ne peux, Breton ne daigne, malouin suis.
DECEMBRE
Gens qui comptent :
JYP,
GO,
Rachel Bespaloff,
Michel Ciment,
Martin Scorsese,
Dieudonné.
Mon catgif à moi.
Pierre Cormary - Les putes, c'est fait. Le communisme, c'est fait. Dieudo, ça vient de se terminer. Débat suivant - et que ça saute !
Pierre Cormary - Je vais être un peu ridicule ("mais tu as l'habitude, mon cher", me dit chaque jour AC), mais nous sommes heureux et fiers de connaître Jean-Yves Pranchère, une personne de (et non du) bien. Hier, aujourd'hui et demain.
Patrick Ch. - Un phare ! (Je suis un peu emphatique, mais bon… une boussole?)
Pierre Cormary - Les deux.... et un compas.
Pascal Z. - Je me joins à ce "nous".
Raphaël Juldé - L'alpha et l'omega ! L'oeuf et la poule ! La faucille et le marteau ! Tif et Tondu ! La bière et le gosier ! Hiroshima et Nagasaki ! Le Nord et le Sud ! Le chaud et le froid ! L'obvie et l'obtus ! L'inné et l'acquis ! Que quelqu'un m'arrête !...
Pierre Cormary - Le mec dit une virgule et un univers s'ouvre, je suis sincère.
Murielle J. - Amen !
Raphaël Juldé - Quand l'univers s'ouvre, Melle Joudet, on ne dit pas "amen !", mais "atchoum !"
Emmanu-el R. - Et moi je mange avec lui, presque tous les mercredis midi... je suis un homme heureux... heureux..
Renaud C. - Ah, Jean-Yves Pranchère, mon Dieu, que de souvenirs... Je ne suis pas retourné à Montreuil-Bellay, après son départ. Je n’ai pas voulu, ça n’aurait pas eu de sens.
Jean-Yves P. - Non, ça n'aurait pas eu de sens. Mais ce qui n'a pas de sens a encore du sens. (Pierre, tu as bu combien de bières après mon départ???)
(...)
Jouiscience d'après-midi
Pierre Cormary –
- La preuve que la jouissance n'existe pas est qu'on la désire toujours.
- La preuve que la jouissance existe est qu'on la désire toujours.
- On désire ce que l'on n'a pas.
- On désire ce que l'on connaît ou qu'on a connu.
- Si on connaissait la jouissance, on ne la chercherait plus.
- Si on ne la connaissait pas, on n'aurait même pas l'idée de la chercher.
- Elle est trop furtive pour être.
- Elle est assez furtive pour être.
- Elle surgit pour s'abolir.
- Mais elle s'abolit pour pour se redonner possible.
- Donc, on ne l'a jamais.
- Donc, on est passé par elle.
- Mais c'est un souvenir.
- Un souvenir d'une réalité inoubliable et à laquelle on est prêt à tout sacrifier.
- Mais qui n'est pas tangible.
- Qui l'est un instant.
- Un instant ne suffit pas à nourrir son homme.
- Un instant donne à l'homme l'envie de recommencer.
- En vain.
- En plein.
- Plein de désir, pas de jouissance.
- C'est la jouissance et sa possibilité qui redonnent au désir sa force. Si on ne jouissait pas au moins une fois, on ne désirerait plus rien.
- Cette jouissance-là est une croyance.
- Vrai, mais pas au sens où tu le dis. La croyance, c'est vingt-quatre heures de doute moins une seconde de certitude. La jouissance, c'est vingt-quatre heures de désir moins une seconde d'extase. On vit pour ce genre de seconde.
- Il n'y en qui croient vivre mais qui ne vivent pas.
- C'est un autre débat.
(Avec Guillaume, au Rostand.)
Conscience de gauche un jour, conscience de gauche toujours
Pierre Cormary – « Ca fait très très très plaisir (...), on est super heureux d'autant plus qu'évidemment c'est parfois boycotté, censuré, etc, donc en fait, ça se passe vraiment entre nous et les gens, quoi ? A quelques détails près. Et donc c'est.. C'est génial parce que c'est pur, sans interférence, ptttt !!! ».
Comme le mariage gay ou le grand remplacement, et bientôt l'euthanasie, on n'a pas encore bien compris que l'on changeait de monde du tout au tout et que le cas Bertrand Cantat, au delà de tout ce que l'on peut penser de lui (et moi, je n'en pense rien), constitue la jurisprudence du siècle qui commence. A la lettre, il y a de nouvelles tables de la loi, de nouvelles morales, de nouvelles techniques (et c'est pourquoi Heidegger s'imposera comme le plus grand penseur de l'avenir car sur ce plan-là, il avait tout compris avant tout le monde) http://www.francebleu.fr/infos/musique/exclu-france-bleu-gironde-la-1ere-interview-radio-de-bertrand-cantat-depuis-la-sortie-de-l-album-hor-1105932
Maître à penser jusqu'à la semaine dernière.
Pierre Cormary - Immense maître. « C’est en conservant notre image qu’on a assuré la survie de Positif » : entretien avec Michel Ciment.
"Parce que j’ai remarqué que les cinéastes réalistes, qui, comme on dit, « regardent la réalité », sont tout de suite acceptés. Par exemple, Les 400 coups au Festival de Cannes, c’était tout de suite l’unanimité. Hiroshima mon amour, ça a été tout de suite la controverse. Et on a accepté Pialat tout de suite, ou Sautet. Tandis que les grands imaginatifs bousculent évidemment beaucoup plus parce qu’il faut rentrer dans leur cerveau, il faut adopter leur regard sur le monde et parfois on n’est pas d’accord, parce qu’on n’est pas automatiquement synchrone avec l’imaginaire de quelqu’un. Tout le monde est synchrone avec la réalité puisqu’on la voit tous les jours. Et donc des gens comme Buñuel, tous ces gens-là ont été toujours extrêmement controversés."
"C’est-à-dire qu’il faut penser comme Les Cahiers, comme Les Inrocks, comme Libé, tout un groupe de gens qui donnent le ton..."
"Alors Positif est très spécial – je vais avoir les syndicats sur le dos – car personne n’y est payé. C’est une revue bénévole depuis soixante-deux ans, où jamais personne n’a été payé (...) À Positif, les gens ne sont pas payés mais s’ils l’étaient, ils feraient un grand article pour lequel ils toucheraient quoi, soixante euros, cent euros ? Ce n’est pas ça qui permet de payer un loyer de toute façon. »
Génie féminin
Pierre Cormary - À la demande de Cécile B. les dix livres qui me viennent à l'esprit comme ça (du moins de cette année) :
1 Mémoires d'outre-tombe.
2 Le château.
3 L'éducation sentimentale.
4 La reprise (Kierkegaard).
5 Cheminements et carrefours (Rachel Bespaloff) [Photo].
6 Un bal masqué à Genève (Jean Parvulesco).
7 Fugue roumaine vers le point C (Aurora Cornu).
8 Gatsby le Magnifique.
9 L'univers, les dieux, les hommes (Jean-Pierre Vernant).
10 L'Odyssée (t'hoo !!).
Et je vous propose également de me citer 3 livres que vous n'avez pas pu finir ou pas aimés ou auteurs qui vous ennuient :
1 Chateaubriand jusqu'à cette année et sa redécouverte extatique à Saint-Malo en novembre (et dont je parlais à Jean-Rémi Girard)
2 René Guénon et son "ésotérisme ploum ploum" (comme dirait l'excellent Ygor Y.)
3 Nabokov (je sais, je n'ai pas lu Machenka, Pascal, je le ferai un jour..)
"Mes" droites
CHEZ PIERRE BOYER – DEBAT SUR LA DROITE ET LA GAUCHE (pour changer)
(...)
Pierre Cormary - Ne pas aimer Cyrano de Bergerac, c'est un péché contre l'esprit et la nation - c'est-à-dire la droite. Tout s'explique
Pierre Boyer - Cyrano, un livre de droite? Tu veux rire ! C'est un livre de gauche molle ! Pire, c'est la droite Boulanger-Pétain-Guy Mollet-Mitterrand: "parolééé parolééé parolééé" — on écrit des pièces de théâtre parce qu'on a perdu la guerre et qu'on n'a pas de pensée politique. Le contraire de la gauche Clemenceau-De Gaulle.
Pierre Cormary - De Gaulle, c'est la droite, voyons - comme Cyrano, D'Artagnan, Ulysse ou Don Quichotte. Le courage, le sacrifice, le panache, la cause perdue, la transcendance - et tout cela au nom de soi, des siens ou du roi, bien sûr.
Pierre Boyer - Mais non, la droite c'est Mitterrand: Morand, Chardonne et Rebatet. Sinon, je note que la droite est bien partie: "Cyrano, D'Artagnan, Ulysse ou Don Quichotte", soit quatre figures imaginaires dont deux ratés et un type en fuite perpétuelle. (Imaginaire: le Cyrano dont tu parles, hein, pas le type de gauche qui a existé dans la réalité.)
Ulysse "de droite", par ailleurs, il fallait oser. Je croyais que la droite tenait la politique pour secondaire: que nenni! Elle fait de la division droite/gauche un principe métaphysique indéfiniment extensible dans le passé et applicable à la totalité de l'être!! La clef des clefs!
Pierre Cormary - Un type qui ne pense qu'à revenir chez lui, massacrer tous ses rivaux, retrouver sa femme et son fils, avant d'aller faire sa prière aux morts n'est pas spécialement un radical socialiste.
Par ailleurs, oui, le principe droite / gauche est métaphysique. On peur dire que l'humanité fut de droite, du moins en Europe, jusqu'au XVIII ème siècle. La gauche est une forme de satanisme qui va se développer au XIX ème (je ne dis pas qu'on n'en as pas besoin, mais si l'on veut schématiser, c'est un peu ça....).
Pierre Boyer - Punaise, on va repartir pour un vrai débat — mais je crois qu'on est là au cœur de notre désaccord. Dire que le principe droite / gauche est métaphysique, c'est pour moi exactement la formule de ce que toi tu appelles la gauche (au sens de Muray): c'est politiser le tout de l'être, et c'est déformer toute la réalité historique en lui appliquant un principe récent où elle ne rentre absolument pas. C'est nier radicalement le caractère subordonné du politique. Je suis très peu gauchetiste, mais là je suis d'accord avec Gauchet : le principe droite/gauche, c'est la division de l'espace politique des sociétés démocratiques depuis 1789. A partir du moment où on est en démocratie libérale, l'espace de la délibération se structure selon un axe droite/gauche, dont les contenus se transforment tout le temps (Maurras ≠ Pompidou), mais qui a cet effet que chacun se pense lui-même comme occupant une position dans un espace — ce qui le distancie de lui-même. Le principe même de la démocratie libérale, c'est que la différence droite/gauche la fait fonctionner et qu'elle ne peut pas être abolie: primat de l'espace de la division sur les positions de cet espace. Le fantasme totalitaire, c'est de vouloir abolir cet espace au profit de "la" gauche ou de "la" droite, alors que la démocratie consiste à reconnaître la nécessité de la pluralité. Sataniser l'adversaire, c'est le principe même du totalitarisme, qu'il soit de droite ou de gauche. Se confirme ce que je t'ai déjà dit: de nous deux, c'est moi le libéral. La division droite/gauche porte sur les dosages qu'il convient d'opérer entre liberté et égalité, sécurité et efficience, etc. En faire une lutte de Dieu et de Satan, c'est se placer dans les coordonnées de Carl Schmitt — qui sont celles de Lénine. (Et c'est commettre l'erreur fondamentale de croire que Satan est dans un camp, alors qu'il est dans chaque camp — dans les détails.)
"Un type qui ne pense qu'à revenir chez lui": ça, c'est ce qu'Ulysse raconte à sa femme , peut-être aussi ce qu'il se raconte à lui-même. Dante a très bien compris la vérité quand, dans son Enfer, il raconte qu'Ulysse est aussitôt reparti pour un grand voyage.
Pierre Cormary - D'abord, on a besoin du diable démocratique et libéral pour équilibrer la cité. De ce point de vue, je suis aussi libéral, pour ne pas dire protestant, que toi. Sauf que je ne pars pas du libéralisme dans le processus humain mais bien de la tradition - et la tradition (l'univers, les dieux, les héros, les hommes) est de droite. Sauf que l'on n'a jamais parlé de droite avant que la gauche ne surgisse, comme on n'a jamais parlé de catholicisme avant que les protestants ne s'imposent, ou comme on n'a jamais parlé d'être avant que l'on se rende compte qu'il y avait un non-être. Encore une fois, le monde primitif et tradi est de droite. Alors bien sûr, il y a quelques révolutions importantes, la judéo-chrétienne d'abord et sa nouvelle anthropologie "de gauche" avec ses lois et ses vertus théologales mais qui finissent par s'ancrer dans le monde (occidental) comme une nouvelle tradition - comme une nouvelle droite. Au fond, la droite est toujours en retard, et par nature, sur la gauche mais intègre ce qu'il y a de meilleur dans la gauche. La droite traditionnalise la gauche si j'ose dire, sauve chez Satan ce qui est sauvable et de ce point de vue s'humanise, se libéralise. La droite est libérale mais toujours sur fond de tradition. Elle pense la liberté à partir de l'autorité, l'égalité à partir de l'Arché, la fraternité, et d'ailleurs l'humanité, à partir de la divinité. Tout se gâte lorsque l'on commence à penser le contraire - ou pire lorsqu'on commence à penser les aboutissants sans les tenants, les scories sans les causes, les modes sans la substance.... les devenirs sans l'être. Et cela, c'est en effet aux 18 et 19 èmes siècles que cela se produit, les siècles où Satan est devenu sympa comme je le disais à propos de l'expo d'Orsay, L'Ange du bizarre. A partir de ce moment, la gauche prend progressivement le pouvoir (et pas simplement le socialisme économique, non la gauche métaphysique, athée /païenne, négatrice d'humanité, totalitaire) et le 20 ème siècle triomphe. Le 20 ème siècle, siècle de l'Apocalypse en un sens avec son antéchrist à plusieurs faces (Lénine-Hitler-Staline-Mao-Pol-Poth) et qui fait que nous sommes dans un temps essentiellement post-apocalyptique, fait de confusions et de divertissement, plein d'hérésies de toutes sortes mais peut-être pas si désespérant que ça et dans lequel se joue une esquisse de parousie. Que trois papes d'exception soient revenus au centre du dispositif est bon signe.
A part ça, Dante a trahi Homère.
Et ce n'est pas Ulysse qui raconte à sa femme qu'il voulait rentrer chez eux, c'est Homère.
Et le pape, c'est la droite même s'il est social.
Pierre Boyer - Ulysse, c'est ce mec qui a fait gagner les Grecs en utilisant une ruse abjecte, totalement déloyale, en rupture totale avec la tradition de l'honneur. Après quoi ces brutes bestiales ont tué et violé tout le monde — à charge pour leurs descendants d'inventer de jolies chansons où on raconte qu'un type qui va de maîtresse en maîtresse ne rêve que de retrouver sa femme.
"on n'a jamais parlé de catholicisme avant que les protestants ne s'imposent": hem, tu te rends compte de ce que tu écris, là?
"Et le pape, c'est la droite": ok, l'Eglise n'est donc pas pour tous. Et donc le pape, c'est Calvin. CQFD.
"la gauche métaphysique, athée /païenne, négatrice d'humanité, totalitaire": Maurras et Nietzsche, quoi.
Pierre Cormary - La droite est pour tous puisque le monde commence par être de droite. La droite, c'est l'être. Maurras, c'est la tradition sans la foi. Nietzsche, le divin sans le Christ. Deux formes primitives de droite, donc, à tendance fasciste il est vrai.
Ah oui, j'oubliais, la droite n'est pas une idéologie. Alors que la gauche n'est qu'idéologie.
Pierre Boyer - "La droite, c'est l'être." !!!!!! Alors là, pourquoi se retenir: et la gauche, c'est "le Bien au-delà de l'être", c'est-à-dire Dieu (Platon + Lévinas). Punaise, tu es un vrai maoïste ! Tu devrais lire Badiou!
Pierre Cormary - Platon me suffit. Platon, c'est la première droite (Parménide aussi, c'est vrai. Mais Platon intègre Parménide comme il intègre Héraklite. Et c'est normal : la droite sélectionne et intègre.) Montaigne, Locke, Constant, Montesquieu, Tocqueville, c'est la seconde droite. Le premier penseur d'importance de gauche, c'est Rousseau (même si sa personne est singulièrement de droite - Confessions, Rêveries, etc. Il n'avait pas tout pourri.)
Le Bien, c'est la droite - alors que le mieux, c'est la gauche.
Et c'est Dieu qui crée l'être. Dieu est donc d'extrême droite - comme la semence d'ailleurs. Fascisme originel de la vie - je crois que tu étais d'accord avec ça.
Bon, j'arrête.
Pierre Boyer - Port'nawak en roue libre! "c'est Dieu qui crée l'être. Dieu est donc d'extrême droite": l'être, c'est le péché originel?
Pierre Cormary - Tu n'as jamais rencontré des gens de droite, en fait...
Pierre Boyer - Oh si. Mais des vrais. Des républicains américains. Des conservateurs japonais. Comme me le disait un ami qui lit nos discussions sans intervenir: "Cormary, il est de gauche mais il ne s'en rend pas compte". Et il rajoutait: "en fait, si, il s'en rend compte. C'est pour ça qu'il est tellement obsédé par la différence droite/gauche."
Pierre Cormary - Présente-les moi !!!!!!
Pierre Boyer - Surtout pas, ils te feraient passer à gauche!
Pierre Cormary - Ils disent ça parce qu'ils sont d'extrême droite alors que moi pas du tout. Moi, je suis un beauf qui raisonne comme Sarkozy, Marine Le Pen ou Don Camillo.
Pierre Boyer - Ils raisonnent comme George W.Bush. Je te le dis la vraie droite c'est le calvinisme. François d'Assise, c'était un fdp de communiste.
Pierre Cormary - Mais ça me rassure de passer pour un gauchiste auprès du Tea Party et de Mishima.
Pierre Boyer - Et moi de passer pour un mec de droite auprès des amateurs de Badiou.
Pierre Cormary - Mais parce que tu as le tort, je le comprends aujourd'hui, de raisonner à partir du pire !!!! Maurras, Schmitt, tous des dingues...
La droite, c'est la tradition + le libéralisme.
La gauche, c'est l'esprit qui nie.
Pierre Boyer - Port'nawak.
Pierre Cormary - Là, je suis sûr qu'au moins sur ce point tes amis américains et japonais seraient d'accord avec moi...
Pierre Boyer - Sauf que pour eux, catholicisme = satan.
Sinon, tu ne peux pas me demander de ne pas penser la droite à partir de Maurras, Nietzsche ou Schmitt, et ensuite m'expliquer que la gauche = Mao.
Si tu demandes de penser la droite à partir de Chateaubriand (ce que je fais bien volontiers) et pas "à partir du pire", tu dois penser la gauche à partir de Locke, Constant (voire Tocqueville, puisque tous ces gens-là, en leur temps, étaient à gauche) et pas "à partir du pire". Ou alors je suis en droit de dire que droite = Pétain (ce qui est tout à fait tenable). Il ne s'agit pas de mettre Paris en bouteille, il s'agit d'avoir un minimum d'honnêteté intellectuelle.
Pierre Cormary - Il s'agit plutôt de sensibilité. Un honnête homme de droite peut voter Bayrou s'il est sage, Sarkozy s'il est déterminé, Le Pen s'il est énervé - et ne verra nulle contradiction majeure dans ces trois votes. Comme Chateaubriand ou Tocqueville, il sera partagé entre sa nostalgie et son pragmatisme, regrettera la monarchie sans conspuer la République. Il admettra le sens de l'Histoire sans s'en réjouir. Il pourra s'encanailler avec Nietzsche et se faire peur avec Maistre. Il comprendra pourquoi De Gaulle fut forgé par Maurras même s'il y renonça pour le bien commun. Il n'aura aucune difficulté à mettre des ponts entre la pensée réactionnaire et la pensée libérale. Et il fuira les digressions scolastiques - même celles qui pourraient rejoindre ses fluctuations. Il sera un homme libre comme le jeune Barrès.
Pierre Boyer - Tu noies le poisson. Parlons sérieusement (donc on oublie mes blagues sur de Gaulle). Situé dans son contexte historique, Chateaubriand est à droite puisqu'il siège et vote à droite. Il est moins à droite que Bonald, mais il est à droite. Situé dans son contexte, Locke est franchement à gauche, très à gauche. Constant, en 1820, est à l'extrême-gauche (être plus à gauche est simplement interdit par la loi). Tocqueville est au centre-gauche. Si maintenant tu me racontes que ces gens-là sont des hommes de droite, alors il est permis de dire tout et n'importe quoi; et si tu peux totalement déshistoriciser droite et gauche en définissant à ton goût l'essence de l'homme de droite, alors j'ai le droit de faire pareil et de soutenir la thèse, parfaitement tenable d'un point de vue historique, selon laquelle le représentant-type de la droite, l'homme en lequel s'est incarné toute la tradition de la droite française, c'est Pétain. Personnellement je ne pense rien de tel, mais si tu veux qu'on essentialise, alors essentialisons: et je n'aurai aucun problème à te démontrer que de Gaulle est à droite l'exception absolue, le seul homme de droite qui ne se soit pas reconnu dans un pétainisme où toute la droite française a convergé.
Ce que tu appelles "homme de droite", c'est Pierre Cormary. Et ce que tu appelles "homme de gauche", c'est un amalgame de ce que tu n'aimes pas. Soit! Et j'aimerais bien que tout homme de droite soit un Pierre Cormary, les choses iraient beaucoup mieux! Et il y a beaucoup de choses que tu n'aimes pas que je n'aime pas non plus! Mais ne me demande pas de faire de cela une clef d'interprétation de l'histoire et, pire que ça, d'une novlangue où Parménide et Héraclite et Platon et Aristote et le Pharaon et Moïse seraient "de droite".
En fait, tu passes ton temps à faire ton propre portrait en nous disant ce que tu retiens de chaque auteur que tu aimes — et, quand tu aimes quelque chose chez un auteur, tu le déclares "de droite".
Pierre Cormary - Bon, comme c'est le dernier débat de l'année et que je pars à Ste-Maxime samedi matin, autant l'accomplir...
- Non, je ne fais pas mon propre portrait en Ulysse. Je me sens trop Télémaque pour cela. L'intuition d'un "Ulysse de droite" me vient de Chesterton qui disait que contrairement à ce que les lettreux veulent voir en d'Ulysse, celui-ci n'est pas du tout l' homme du voyage, de l'errance et de l'aventure, mais bien l'homme qui veut rentrer chez lui, l'homme qui ne rêve qu'à son bercail et à sa patrie, l'homme "aux mille tours" qui s'adapte aux circonstances et qui, ultra-pragmatique, n'utilise la ruse que pour arriver à ses fins et ne respecte les chefs et les dieux que pour avoir la paix, sans hésiter du reste à les contrer quand ceux-là le contrarient. Ulysse, individu pur qui ne croit qu'en lui et à son énergie. Et cela en effet me semble plutôt de droite, principe métaphysique s'il en est.
- L'historien aura certes du mal à comprendre ce genre de définitions mais l'historien aura toujours du mal à comprendre la vie réelle, bien souvent anhistorique, et que les romanciers ou les mémorialistes, de Saint-Simon à Aurora Cornu osent maltraiter. Remettre l'Histoire à sa très piteuse place, tel est le rôle du romancier comme je l'écrivais récemment à propos du roman d'Aurora mais comme on aurait aussi pu le dire de Stendhal, de Tolstoï ou de Céline - et sans parler des philosophes de l'histoire que les professeurs d'histoire récusent la plupart du temps. "Ne mettez jamais Hegel dans votre copie", nous exhortait notre prof d'histoire en khâgne, au grand dam de nous, "les options philo". Enfin, il y a des historiens de droite et de gauche. Et moi, évidemment, je préfère Bainville, Gaxotte, Ariès et Sacha Guitry plutôt les instituteurs barbus à la Robert Hue qui vont m'expliquer que l'Ancien Régime, l'Empire et la colonisation, c'était mal.
- Je ne dis pas que Parménide, Platon, Moïse et le Pharaon étaient de droite, je dis bien pire : que toute l'histoire du monde et de la pensée était de droite jusqu'au XVIII ème siècle - c'est-à-dire fondée sur la tradition, le divin et l'autorité. Je dis simplement qu'être à droite est la pensée naturelle et culturelle de l'homme et que c'est tellement évident que l'on ne parle pas de droite mais simplement de monde réel et éternel (voir Guénon). La droite va de soi - la gauche est une rupture historique et qui a lieu, du moins en Occident, à partir des Lumières et de la Révolution Française, rupture qui sera entérinée aux siècles suivants. Le XIX ème siècle à travers les âges, de ce génie de Muray. Mais pas de panique ! Ce que je dis là n'est rien d'autre que ce que disent des gens comme Maistre et Bonald, auteurs que tu connais mieux que moi mais sans peut-être les ressentir comme moi, parce qu'il faut avoir un côté beauf pour être vraiment maistrien ou bonaldien. D'ailleurs, tu sais mieux que moi que tous les auteurs "réactionnaires" dont tu t'es fait une spécialité se retrouvent sur ce point. La tradition a été dévoyée, la Révolution est d'essence satanique et à partir d'elle rien ne sera plus comme avant, la modernité est critiquable. On commencera à penser tordu, à penser contresens sur contresens, à penser gauche. Maistre, Bonald, Nietzsche, Heidegger et Muray pensent là-dessus la même chose. Aucune novlangue ni uchronie dans l'affirmation de ce qui n'est qu'une évidence politique, morale et sensible.
- Tout de même, Jean-Yves, tout ce que je dis là est inspiré par ce que j'ai lu de toi dans ta présentation de ton Bonald et je ne comprends pas que tu viennes t'attaquer à toi-même à travers ma lecture ET MON ADHESION à ce que tu écris sur Bonald. Alors désolé de nous citer, mais oui, je crois, moi qu'il y a en effet « un lien insécable entre société religieuse et société civile ». Et « Comme le dit Jean-Yves Pranchère dans sa splendide préface à ces Réflexions sur l’accord des dogmes de la religion avec la raison, parues cet hiver aux Editions du Cerf, le légitimisme de Bonald s’appuie sur « un sociologisme naturaliste et universaliste » selon lequel c’est la société qui précède les individus et non l’inverse. « A la croyance révolutionnaire que “l’homme se fait lui-même et fait la société“, Bonald oppose que “la société se fait elle-même et fait la société”. » La société est là pour harmoniser les forces et les faiblesses des uns et des autres, et du fait que personne n’est égal à personne et que tout rapport social, pour ne pas dire tout rapport humain, est par nature dissymétrique, elle doit faire en sorte que cette dissymétrie soit admise par tous et organisée selon un principe qu’on pourrait dire d’équité dans l’inégalité – ou d’inégalité équitable ! L’important, c’est que chacun soit à sa place. D’où l’apologie du régime monarchique de « l’inégalité instituée » qui ne peut qu’heurter nos conscience modernes mais qui sur bien des points est beaucoup plus juste que celui de « l’inégalité désinstituée » propre à nos démocraties.» Le reste est là - http://pierrecormary.hautetfort.com/.../qu-est-ce-que-la...
- Mais il est là, ça y est, on l'a trouvé, le coeur de notre désaccord. C'est que toi tu comprends Bonald mais tu n'y adhères pas du tout, alors que moi, si, du moins en grande partie. Je crois en ceci : " C’est cela la pensée réactionnaire. Une conception analogique, organique et poétique qui prend le monde sans l’émietter. Une perception holistique des choses et des êtres qui ne les ne juxtapose pas mais les hiérarchise, les lie et les ensemence. Une affection pour la vie qui met tout en correspondance et en vers. Une poupée russe dans laquelle « l’homme est contenu dans la famille, la famille dans l’Etat, l’Etat dans le religion, la religion dans l’univers, l’univers et tout ce qu’il renferme dans l’immensité de Dieu, centre unique auquel tout se rapporte, circonférence infinie qui embrasse tout, principe et fin, alpha, oméga des êtres. Ainsi, mille cercles inscrits, semblables en nombre de parties, inégaux en grandeur, identiques et propriétés ou rapports de parties, ont tous un centre commun, et sont tous compris dans une même circonférence ». Un paradis, aurait dit Dante."
- En même temps, je ne me limite pas à Maistre et à Bonald. Quoiqu'ils disent, le devenir existe et s'il y a eu la Réforme, les Lumières et la Révolution, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison à cela. C'est ici qu'intervient la pensée libérale (Montesquieu, Constant, Tocqueville et les autres) et qu'une partie de la droite non réactionnaire, pragmatique, va adopter. Alors tu as beau jeu de me rappeler que ces gens-là n'étaient pas d'accord à leur époque (mais l'UMP, le FN et le MODEM non plus), il n'en reste pas moins qu'ils font tous partie du corpus de la droite française. Un François d'Orcival ou un Luc Ferry, malgré leurs différences, ne disent pas autre chose. Croire qu'il y a une différence autre que conjoncturelle entre Chateaubriand et Tocqueville, c'est comme si tu me disais que Staline et Trotsky n'étaient pas d'accord et que la preuve est que l'un a fait assassiner l'autre - alors que fondamentalement, ils font partie de la même famille et que leur discorde n'est pas tant idéologique que méthodologique, en plus de la rivalité politique.
- Encore une fois, être de droite, c'est être un mélange de conservatisme et de libéralisme, de traditionalisme et d'individualisme, de nostalgie héroïque et de croyance à la volonté propre. Et avec ses corollaires : se méfier de l'état et des pouvoirs officiels, se méfier de l'égalité, se méfier des grandes idées globales qui pensent le Bien avant l'homme - en fait, sans lui.
- Hérersiarque de grande classe, Deleuze avait tout dit de la différence droite / gauche quand il déclarait que la droite commençait à penser le monde à partir de soi et que la gauche le faisait à partir de l'horizon. Oui, je suis de droite, je pars de moi (libéralisme) ou de Dieu (traditionalisme) pour arriver au monde, mais jamais je ne pars de cette horreur qu'on appelle le monde, l'autre, l'ailleurs.
- Pétain, incarnation de la droite ? Mais bien sûr ! Héros de la guerre, homme providentiel, père de la patrie, garant des valeurs traditionnelles.... sauf qu'il trahit tout cela, se mit au service de l'occupant, rompit avec la souveraineté nationale et vendit la patrie. Encore que, comme l'a bien montré Amouroux, pour les gens de l'époque, Pétain et de Gaulle, c'était la même chose, l'un organisait la résistance de l'extérieur, l'autre tentait de gérer au mieux la situation à l'intérieur. Il n'y a que les mauvais historiens qui ne veulent pas voir cette croyance populaire dans la connivence des deux hommes. Mais les historiens sont tellement peu pratiques et tellement peu pensants !!
- Bien entendu, j'admets tout à fait les complications. Pour Sarah Palin ou Mishima, je suis de gauche - mais parce qu'eux sont d'une droite ultra protestante et ultra nationaliste, et je ne vois pas pourquoi je me définirais par rapport à eux. Autre complication : pour la doxa d'aujourd'hui, celle par exemple de Najat Vallaud-Belkacem le gaullisme serait d'extrême droite. Ainsi Brigitte Bardot et Alain Delon (ou si tu préfères, Renaud Camus ou Alain Finkielkraut) qui sont aujourd'hui considérés d'extrême droite alors qu'ils n'ont jamais changé d'avis et que c'est le monde qui a changé. Des opinions qui passaient comme une lettre à la poste dans les années 60 et 70 sont considérées à notre sale époque comme fascisantes (de même la ligne éditoriale de Causeur que d'aucuns considèrent comme libertaire alors qu'elle n'est que pompidolienne, ni plus ni moins). Et c'est en ce sens que notre monde est débectant. Il est débectant car il rend coupables des opinions qui étaient banales et normatives il y a encore vingt ans ou trente ans. Penser comme Zemmour était quasi normatif dans les années 70, aujourd'hui, c'est quasi criminel. Eh bien tant pis, on sera criminel et incohérent aux yeux de la doxa - mais bien traditionnel et libéral à ceux de la vérité.
Pierre Boyer - Pierre: comme je pars tout à l'heure et que j'ai beaucoup de kms à faire, je ne te réponds pas dans le détail. Mais, en effet, pour finir (je dis bien pour finir= les détours ne sont pas secondaires, ils sont la chose même) je ne suis pas bonaldien, parce que Bonald réduit trop la part du péché originel (eh oui) (je suis de la gauche Madison-Jefferson, celle qui est démocrate parce qu'elle prend le péché au sérieux) et parce qu'il sous-estime la force de rupture du christianisme. Et je concentrerai mon désaccord en une seule phrase: la seule chose qui cloche dans ta description du "monde de droite" d'avant la Réforme (quid de l'orthodoxie, au fait?), c'est qu'elle oublie — et qu'elle impose! — de dire que, s'il en est ainsi, alors il y a une immense exception: le Christ était à gauche. Dans l'histoire du monde, l'irruption de la gauche, c'est le Christ. Et ça a toujours été la mauvaise tentation de la droite, depuis 2000 ans, que de redéfinir le christianisme en le déchristianisant. Ce que Dostoîevski (qui n'était pas de gauche) a génialement résumé dans sa parabole du Grand Inquisiteur. — Le monde était de droite? Soit. Mais saint Paul nous a enseigné qu'il ne fallait pas être "du" monde. Donc qu'il ne fallait pas être de droite.
Pierre Cormary - Tu crois donc au péché originel pour le prendre plus sérieusement que Bonald ? Tu considères que le péché originel constitue la condition de l'homme avant toutes choses ? Tu te définis donc comme croyant ? Questions redoutables et personnelles auxquelles tu n'es bien sûr pas obligé de répondre.
Comme je l'expliquais dans mon texte sur Bonald (que j'ai relu pour l'occasion), quand je dis "pensée de droite", j'entends "pensée classique", ou "pensée de la tradition". Et c'est pourquoi je dis que le monde entier était de droite avant le XIX ème siècle. Je dis que l'indouisme est de droite, que l'animisme est de droite, que le confucianisme est de droite, que le taoïsme est de droite, je dis que les amérindiens, les bochimans et les inuits sont de droite, parce que "droite" implique le respect de traditions millénaires, l'usage des arguments d'autorités, la croyance en une nature organique et holistique, l'idée que l'homme est un maillon des choses. Etre de droite, c'est penser que le grand tout existe, que chaque chose a une âme, et qu'il y a une théodicée. Etre de droite, c'est penser qu'il y a des forces supérieures qui peuvent influer sur nous. La pensée magique est de droite - la transcendance aussi. En ce sens, le christianisme est de droite comme n'importe quelle religion qui se respecte. Dieu est de droite... mais peut-être nous demande-t-il d'être de gauche, comme disait quelqu'un que j'apprécie et qui oublie parfois que je le lis et que je l'écoute.
Enfin, Dieu nous demande d'être de gauche - entre nous, mais pas avec Lui.
Maintenant, il est clair que par rapport à la pensée antique, l'irruption du christianisme apparait comme de gauche. Egalité des hommes devant Dieu, exhortation à l'amour des uns envers les autres, béatifications, etc, l'enseignement du Christ prend à rebrousse poil toutes les valeurs païennes qui à bien des égards sont encore les nôtres.
Mais le Christ dit aussi "rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César" et aussi "le royaume des cieux est en vous", et dans son ministère, il s'oppose beaucoup plus aux Juifs qu'aux Romains. Sa révolution n'est donc pas une révolution sociale mais bien une révolution intérieure, "psychologique" (l'espérance). Le paradis, ce n'est pas maintenant, c'est après. A chacun de faire son salut et d'aider les autres à faire le sien, mais certainement pas en faisant la révolution. Dans le groupe, c'est Judas qui veut la faire et c'est pourquoi il va être déçu par Jésus et le trahir. C'est l'impatient, Judas, celui qui veut tout tout de suite et qui a la tentation sociale et politique. Et celles-ci, comme Benoît XVI l'a bien expliqué, sont bien d'essence satanique.
Pierre Boyer - A propos des tentations : ce que tu négliges trop, c'est que le catholicisme doit répondre aux grandes critiques qui lui ont été adressées d'un point de vue paulinien - disons: Dostoïevski (orthodoxe), Barth (protestant), Taubes (paulinien-juif) pour les temps récents. Or, que disent toutes ces critiques? Que le catholicisme, c'est la seconde tentation du Christ! — Mais là, pour continuer, il faut que je reprenne ton texte. — En route!
Pierre Cormary - Comme devoir de vacances (répondre à Dostoïevski, Barth et Taubes), c'est plutôt lourd et je dois aussi faire la crèche ! Par ailleurs, que répondre à des non-catholiques qui reprochent au catholicisme d'exister ? A un certain moment, il faut admettre et approuver le désaccord absolu, ça fait partie de la vie.
(...)
Sans commentaires.
Pierre Cormary - Trouvé et piqué chez l'indispensable Jean-Pierre Kader. J'en ris encore.
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Survival annuel
Pierre Cormary - Bon, on a survécu. Sain et sauf, comme dirait le Président.
Ma vie utérine, sociale, sexuelle et amicale.
Pierre Cormary - Toute ma vie symbolique, réelle, virtuelle, religieuse, amoureuse, poétique, politique, érotique, métaphorisée là-dedans.
Pierre Cormary - Même chez soi, on ne peut s'empêcher d'avoir un peu peur. Un jeu comme un autre. Une façon d'être encore enfant. Nuit. Murs. Ombres d' arbres. Chiens qui aboient au loin. Bruits qui semblent se rapprocher des broussailles. Rôdeurs ?
Génie comique, quoiqu'on dise.
Pierre Cormary - Mes cinq personnalités préférées de l'année à moi :
1 - Dieudonné.
2 - Alain Delon.
3 - Marion Marechal-Le Pen.
4 - Abdelatiff Kechiche.
5 - Nicolas Anelka.
Et aussi : Frigide Barjot, le pape François, Vladimir Poutine, Laurent Obertone et Nicolas Sarkozy.
(Liste des 5 "personnalités" préférées des français.1) Jean-Jacques Goldman 2) Omar Sy 3) Mimie Mathy 4) Florence Foresti 5) Gad Elmaleh)
M'a sauvé en mars 1996 (ou y a fortement contribué.)
Pierre Cormary - Hors Scorsese, point de salut.
Mauvais grands cinéastes : Francis Ford Coppola, Brian de Palma, Michael Mann, Paul Thomas Anderson, Jean-Luc Godard.
Cinéastes surestimés : Clint Eastwood, Pedro Almodovar, Jacques Audiard, Nicolas Winding Refn (imposteur total).
Cinéastes géniaux partis en vrille : Lars von Trier, Peter Greenaway, Werner Herzog, Emir Kusturica, Terrence Malick, David Lynch (?).
Cinéastes décevants : Tim Burton, Terry Gilliam.
Cinéastes qui comptent : Scorsese, Spielberg, Gray, Cohen, Cronenberg, Allen, Wes Anderson (une fois sur deux et même une fois sur trois), et chez nous : Dumont (même s'il a complètement loupé sa Camille Claudel 1915), Kechiche, Desplechin (même si le dernier est encore plus nul qu'Esther Kahn.)
Droite dégénérée
Pierre Cormary - Le loup de Wall Street est un film post-apocalyptique. Plus de chute ni de rédemption. Le principe de plaisir poussé à son point culminant, la répétition jusqu'au vertige, le triomphe médiatique sans échappatoire. Forcément moins surprenant que Les Affranchis (qui inventaient ce genre) et moins tragique que Casino, "Le Loup", qu'on aurait pourtant tort de prendre pour une simple resucée de ces deux films, développe comme jamais les thématiques scorsésiennes, et notamment celle, sous-entendue dans tous ses films, mais qui là, explose, à savoir la communauté masculine triomphante, où les femmes n'existent que pour rassurer les hommes qui sans elles, passeraient leur temps à se faire des pipes - l'ultra-libéralisme allant de pair avec avec le pouvoir masculin sans limites (la scène où Belfort tente d'arracher sa fille à sa mère), et avec un art du burlesque lui aussi sans limites. La résistance de certains d'entre vous à ce chef-d'oeuvre s'explique peut-être par là.
(Et encore 100 commentaires suivront.. Au moment ou je poste ce "FB 2013" on en est à 1500 sur un fil consacré.... à l'avortement et aux juifs. Mais on ne pourra le lire que l'an prochain.)
BONNE
ANNEE
2014 A
TOUTES
ET
TOUS.