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les français

  • Les Français, documentaire de Guy Girard, mardi 14 juillet 2009, France 3, 23 h 35

    Et d'abord ma performance :

     

     

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    Puis, le meilleur moment du film, quelques djeuns à moitié aliénés, à moitié lucides, sur le fait d’être français, c’est-à-dire, selon l'époque, forcément fachos. Ils sont frais, purs, sous influence, idiots malgré eux, et finalement pas si idiots :

     

    http://fr.sevenload.com/videos/O86jICU-Generation-SOS-racisme

     


    Donc, en février dernier, je rencontre Guy Girard, cinéaste-documentariste-peintre, auteur notamment de deux films diffusés dans l'émission d'André S. Labarthe, Cinéma de notre temps, l'un, mythique, consacré à David Lynch (1989), l'autre à Aki Kaurismäki (2000). Introduit par l'ami de l'amie de ma meilleure amie, celle que j'appelle "ma Château de sable de Norvège" (on s'est connu à six ans sur la plage de Sainte-Maxime, elle est d'origine norvégienne et connaît tout de ma vie comme je connais tout de la sienne),  celui-ci, "d'obédience gauchiste", est en train de terminer un film sur la question de l'identité française, intitulé comme il se doit "Les Français" et cherche un témoignage un peu "traditionnel" concernant la terre de France, sa culture, ses valeurs. Nous nous rencontrons plusieurs fois dans un café près de chez moi, discutons de nos conceptions de la France et de la République, et malgré le fossé cosmopolito-atlantiste qui nous sépare (pas tant que ça, d'ailleurs), sympathisons, surtout grâce à notre goût commun pour Lynch, Claudel, le Chablis et les huîtres. Girard ressemble un peu à George Steiner, il est ouvert, curieux, malin, je suis cabotin, complaisant, exhibitionniste. Ce qui l'intéresserait, ce serait de me filmer en train de déblatérer mes conneries crypto-droitistes dans le cadre de mon travail. Un gardien de musée intello, ex-royaliste et pascalien, ça fait un  bon  guignol. Au début, j'hésite un peu. Ne vais-je pas passer pour l'ultra-réac de service ? Ou pire, pour le gros blanc catho,  sarkophile  orgasmique, pour ne pas dire sarkophage de service, en grand danger de se faire bouffer au  milieu de moult témoignages de rappeurs, sans papiers, socialo-communistes, sino-maghrébins ? M'assurant qu'il veut faire un film de réconciliation nationale plus que de guerre civile, Guy finit par me convaincre, et c'est très fringuant que nous arrivons tous les cinq, son équipe, lui et moi, le 11 février, au musée d'Orsay, autorisations à la clef. Le tournage se passe dans la galerie impressionniste et dure au moins trois heures et demie. C'est la première fois que je reste si longtemps dans les salles sans pose ! D'autant qu'il faut au moins une demi-heure pour chaque prise. Guy m'interroge sur mes origines sociales inavouables que j'avoue avec une fierté tartaronnesque (mon grand-père paternel AOF, mes aïeux maternels Pied-Noir - "je viens d'un monde dont les fiertés sont aujourd'hui des hontes et les valeurs des repoussoirs"), me fait avouer avec tambours et trompettes mes ex-tentations monarchiques ("au milieu de tous ces pouilleux démocratistes, c'était la chose amusante à faire à l'époque"), clamer mon catholicisme romain proto-impérialiste  ("que le Pape énerve tout le monde est déjà un facteur de contentement"), confesser mon dégoût des années Mitterrand-Jack Lang-Harlem Désir (" je suis le Caïn de cette génération de merde, celle de la médiocratie triomphante,  des radios libres, de l'acculturation pour tous et de l'anti-racisme terroriste"), et définir ce qu'est le Français selon une pensée de Pascal que j'affectionne : "s'il s'abaisse, je le vante, s'il se vante, je l'abaisse, et le contredis toujours jusqu'à lui faire comprendre qu'il est un monstre incompréhensible. Un monstre incompréhensible : voilà pour moi ce qu'est exactement le Français." Hélas ! Cette prise, répétée pourtant trois fois de suite, et dans une gaieté cruelle, ne sera pas retenue au montage, pas plus que mes dissertations sur Joseph de Maistre et Bonald,  et encore moins ma filiation "Tintin au Congo / OAS vaincra" - toutes choses que j'ai expliquées à l'époque dans mon post La tête à Toto.

    Tant pis ! Je n'apparais finalement qu'1 mn 55 à l'écran,  mais cette prise, qui est la dernière que nous ayons tournée, est à la fois la plus synthétique et la plus apaisante. Je parle de langue française, de culture française et de schizophrénie française ("être français, c'est avant tout être en conflit avec soi-même"). Elle surgit au milieu du film (qui dure une heure et demie),  et ma vanité me dit que je ne m'en sors pas si mal. Vous me le confirmerez.

    Pour le reste, vous me direz ce que vous pensez de ce film débonnaire, très beau plastiquement,  quoiqu’un peu trop humble à mon goût (je suppose que Girard a fait avec les autres ce qu'il a fait avec moi, soit couper les paroles les plus seyantes et les plus conflictuelles), n'évitant pas toujours les clichés, mais attachant et plus profond qu'il n'y paraît.  Certains "personnages"  réussissent leur coup, d'autres, plus timides,  n'osent pas vraiment - et l'on remarquera que les plus performants sont les immigrés et les plus hésitants les autochtones (la scène des djeuns tournant en rond autour de la notion de nation est en ce sens significative). Des situations saisissantes (la scène de la mairie et  celle du cimetière américain) alternent avec des paysages bien de chez nous (notamment un plan magnifique qui semble tiré de  Monet - voir ci-dessous), et si tout ne se termine pas par des chansons, les sourires, et pour certains, les larmes,  l'emportent sur les rares sarcasmes.  En somme, des paroles de modestes filmées par un doux. Un voyage bienveillant dans la psyché française - mais bienveillant est-il français ?

     

     

    Pistes à suivre :

    http://www.mediapart.fr/club/blog/pol/300609/vos-ecrans-citoyens

     

    http://television.telerama.fr/tele/emission.php?onglet=critique&id=13604289

     


    Un extrait du film :

    http://programmes.france3.fr/documentaires/index-fr.php?page=documentaires-archives-articles-detailles3&id_article=549

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