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Hortefeux et les boutefeux - L'arroseur arrosé, oui mais pas seulement, par Elizabeth Lévy

Cette femme est décidément formidable !


Brice Hortefeux

 

 

L’ex-Préfet Girot de Langlade aurait eu tort de s’en priver. Il aurait fallu être un saint pour ne pas se réjouir, dans sa situation, des mésaventures arrivées à son ex-ministre de tutelle, Brice Hortefeux. Lesquelles devraient, entre autres leçons, montrer à tous que l’accusation de racisme doit être brandie avec parcimonie et circonspection car elle a tendance à se retourner promptement contre ceux qui en usent pour faire les avantageux.

J’avais défendu ici même pour le préfet le droit à bénéficier d’un débat contradictoire. On me dira que le ministre y a eu droit et qu’il a fort mal plaidé sa cause. Pour autant, comme l’a souligné Philippe Cohen dans Marianne2, la délectation avec laquelle tout ce qui compte dans la France de gauche s’est jetée dans la “chasse au raciste” a quelque chose de particulièrement déplaisant. Et même d’inquiétant. Vendredi après-midi, une copine m’annonçait fièrement :  ”J’ai signé, et toi ?” “T’as signé quoi ?” “La pétition pour la démission d’Hortefeux, pardi !” “Mais vous êtes tous devenus dingues ou quoi ?” Au silence qui a suivi, j’ai compris qu’il allait être sacrément difficile d’avoir sur la question une discussion raisonnable.

Branle-bas de combat ! À la Bastille ! Sur Médiapart, Edwy Plenel est l’un des premiers à renifler l’odeur du sang et à exiger la démission du raciste1. De la Licra au MRAP, du PS au Parti de Gauche, de SOS Racisme au PRG, c’est un festival de communiqués rivalisant dans l’indignation. Le Monde en appelle aux “valeurs”, l’Humanité relooke Hortefeux en “porte-flingue du pétainisme revisité” – rien que ça. C’est qu’un ministre, c’est encore plus chouette qu’un préfet. Avec un peu de chance, on défilera dimanche prochain. À l’heure où Le Pen passe la main, ça nous rappellera le bon vieux temps.

Il faut être honnête, l’émotion suscitée par les supposés propos du ministre semble aller au-delà des habituelles glousseuses. Les optimistes y verront la preuve que la société française est en vérité immunisée contre le racisme, les pleureuses en déduiront que le peuple qui n’a pas de pain (c’est une image) se console avec les Jeux. Quelques heures après la publication de l’article de Cohen, qui n’était pourtant pas tendre pour le ministre, certains de ses lecteurs, enragés, demandaient sa démission de Marianne2. Et après avoir abordé le sujet sur RTL, j’ai reçu des messages outrés, notamment celui de monsieur Capel (il n’a pas précisé son prénom). “Un ministre d’Etat, qui plus est chargé de la sécurité et des cultes, s’autorise une sortie raciste, la seule issue possible me semble la démission”, écrit-il. Mais c’est une autre phrase qui m’a fait sursauter : “En tant que penseuse indépendante et rigoureuse, poursuit mon auditeur, vous auriez dû avoir la même opinion que moi, la situation ne souffrait pas la moindre hésitation.” Ah ? Donc, j’ai le droit de réfléchir à condition d’aboutir à la bonne conclusion. Hortefeux, démission !

Il est vrai que si le sarkozysme est aussi une grande machine de com’, le “meilleur ami” du président vient de lui faire connaître de sérieux ratés.

L’Elysée et le gouvernement sont montés au créneau sur le front le plus facile, celui de la société de surveillance, que l’on appelle dans les bons jours société de communication. En général, certains collègues de Brice Hortefeux ne manquent pas une occasion de s’enthousiasmer sur le monde merveilleux d’internet et de la transparence, au point qu’ils s’estiment obligés de faire part de leurs pensées les plus banales à leurs électeurs-lecteurs-twitteurs. À l’inverse, il est amusant d’entendre tous ceux qui, il y a peu, partaient en guerre contre Edvige, se faire une fois de plus les avocats du droit de tous à surveiller tout le monde tout le temps. Sauf que ce n’est pas, ce n’est plus, une excuse. Si les politiques ne savent pas dans quel monde ils vivent, qu’ils changent de métier. Oui, tout ce que vous pourrez dire pourra être retenu contre vous. Donnez-moi deux mots de la bouche d’un homme et je le fais lyncher, on ne vous a rien appris à l’ENA ?

Il faut bien cependant, s’aventurer sur le terrain glissant des propos prêtés au ministre et de leur éventuelle gravité. Autant vous le dire, j’ai la trouille. Je sais qu’un mot mal compris, volontairement ou pas, peut vous conduire en un tournemain sur la prochaine charrette. D’abord, j’ai, comme tout le monde, réécouté de nombreuses fois la “vidéo censurée”. J’ai choqué beaucoup de gens en affirmant que je ne l’aurais sans doute pas diffusée. Ce n’est pas seulement parce que je suis payée par l’Elysée (si seulement…), c’est que je n’aurais pas vu le scoop. Si Hortefeux a dit quelque chose comme “un Arabe ça va, quand ils sont beaucoup bonjour les dégâts” et qu’il l’a dit devant l’Arabe concerné, j’ai beau faire appel à toutes mes fibres humanistes, je n’arrive pas à entendre autre chose que du second degré. C’est le genre de blagues idiotes qu’on fait à causeur quand on en a assez de se disputer sur la taxe carbone ou la taille du président : pourquoi y a-t-il chez nous tant de juifs, de pédés, ou d’alsaciens ? Et franchement, chers lecteurs outrés, c’est le genre de blague que vous entendez ou que vous racontez dans les dîners avec vos copains arabes, noirs et juifs et ça fait marrer tout le monde. Je vous concède que Brice Hortefeux n’a pas le profil de Ludvik, le héros de La Plaisanterie et qu’il a en plus une tête d’Aryen. Et pourtant, si on y réfléchit, ça y ressemble un peu. On ne déconne pas avec la vraie foi. Cette mobilisation d’une meute surchauffée pour une blague me fait penser que, derrière le triomphe des chauffeurs de salle que sont les humoristes appointés, l’esprit de sérieux a gagné. Si plaisanter sur les arabes, les noirs, les juifs ou les nains, c’est être raciste, antisémite ou petitophobe, il faut cesser de plaisanter. Et aussi de rigoler. À moins, évidemment, que vous vouliez tous finir dans la “cage aux phobes” inventée par Muray2.

D’accord, me direz-vous, chers lecteurs outrés, et si c’était du premier degré ? Ou, plus exactement, si le second degré ne faisait que révéler les arrière-pensées de Brice Hortefeux ? Si je traduis les propos présumés, cela donne quelque chose comme “des Arabes en France, aucun problème, ce qui peut poser problème, c’est la concentration”. D’accord, ce n’est pas très divers-friendly de penser cela mais que nous disent à longueur de temps les habitants des cités ? Qu’ils ne veulent pas vivre dans des ghettos, c’est-à-dire dans des quartiers où plus de la moitié de la population vient de la même culture qu’eux. Pas parce qu’ils sont racistes, parce qu’ils veulent participer à la promesse française, parce qu’ils veulent voir leurs femmes et leurs filles en robes légères, parce qu’ils veulent que leurs enfants apprennent “nos ancêtres les Gaulois”, parce qu’ils veulent parfois manger pendant le ramadan et boire un coup à l’occasion. Au risque de me faire, une fois de plus, traiter de juive honteuse, je trouverais ça un peu étrange qu’un gamin se retrouve, à l’école publique, avec 25 condisciples juifs. Je vous vois venir. Suis-je choquée par les classes de 30 têtes blondes aux noms bien de chez nous ? Suis-je gênée que certains de nos centres-villes soient un peu trop blancs ? Pas vraiment. J’aimerais que l’intégration et même l’assimilation d’autrefois fonctionne, que nos classes et nos rues soient ethniquement mélangées sans même qu’on y prenne garde. J’aimerais qu’Harry Roselmack présente le JT sans qu’on me précise qu’il est noir. J’aimerais que Fadela Amara et Rama Yade soient des ministres, pas des symboles.

Je crois que le racisme, le vrai, le racial, n’a plus cours en France. Qui oserait encore penser que les Arabes ou les Noirs sont “inférieurs” ? En adoptant la religion de l’Humanité, nous avons heureusement banni ces idées (pour le coup) moisies ; ceux qui continuent à croire en elles doivent le faire honteusement et encourent les foudres de la Loi. Tant mieux Seulement, il me semble qu’on qualifie aujourd’hui de raciste toute prétention à considérer qu’il existe une culture française (laquelle se nourrit évidemment depuis toujours d’apports extérieurs) et que ceux qui arrivent doivent s’adapter à elle et à son biorythme au lieu de réclamer qu’elle s’adapte à eux. In Rome, do as the romans do. Non, je n’arrive pas à trouver cette maxime scandaleuse. Je sais qu’elle est difficile à mettre en œuvre, j’admets volontiers qu’elle est discutable. Seulement, il semblerait qu’on n’ait plus vraiment le droit de discuter.

  1. Si Plenel me permet un conseil confraternel, il ferait mieux de s’économiser car, dans les semaines à venir, il trouvera certainement l’occasion de réclamer des têtes encore plus prestigieuses pour défendre l’honneur de son ami Villepin.
  2. J’ai récemment employé son “mutins de Panurge” sans guillemets et sans citation parce qu’il me semblait que c’était désormais aussi estampillé Muray que “Rodrigue as-tu du cœur ?” appartient à Corneille, mais j’ai sans doute été un peu optimiste. Il faudra sans doute une ou deux générations pour que la France et la littérature sachent ce qu’elles doivent à Philippe.

Publié le 14 septembre 2009 à 00h15 dans CAUSEUR.

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Commentaires

  • N'en déplaise à Elisabeth Lévy j'aime bien mon racisme ! Je me sens même de mieux en mieux à l'aise dedans ...

  • Est ce que la réaction précédente procède aussi de ces "vérités" que la censure de l'infame politiquement correct nous interdit de proférer ?

    Non parce que, à ce compte là, Le Pen est le seul esprit libre en France...

    L'article de Lévy est un contre sens total : l'arabe en question est parfaitement intégré, c'est souligné par tous les intervenants ("c'est un catholique!" meugle même une UMPiste lobotomisée) .

    Et même un arabe 100% francisé, c'est visiblement le maximum tolérable pour Brice.

    Donc, son "In Rome, do as the romans do" n' a rien à faire dans cette discussion.

    Surtout, elle est entièrement muette sur la vulgarité invraisemblable de tout l'épisode à base de rires gras, de "C'est notre petit arabe à nous " et cie.

    Hortefeux, Estrosi, Morano, Dati, Lefebvre, Bachelot, Laporte, Besson (et son doigt d'honneur), on en finirait plus d'énumérer les beaufs violents, incultes, corrompus, grossiers que Sarkosy aura promus.

    Ces gens ressemblent plus à une bande d'arrivistes dirigeant une boite à fric qu'à des responsables politiques de haut niveau.

    En admettant que les propos d'Hortefeux ne soient pas racistes (mouais....), sont-ils dignes d'un Ministre s'exprimant dans un lieux public (les Universités d'été de son parti) ? N'est-on pas en droit d'attendre de lui autre chose qu'un sketch tiré des Grosses têtes ?

    Et est ce le rôle d'une journaliste de le défendre ainsi, avec en prime une balle perdue pour Villepin, complètement HS, qui donne l'impression de n'avoir été insérée que pour complaire au Maître de l'Elysée.

    Mais je suis sûrement l'un de ces Mutins de Panurge dénoncés par Mm Lévy.

  • Pour le sympathique mais très politiquement correct Rémy : cette façon de montrer du doigt et de s'acharner sur telle ou telle personne est indigne et tout à fait représentative d'une gauche désemparée et à bout de souffle, engluée dans ses médiocres querelles internes, et qui tente de faire diversion en se précipitant comme des vautours sur le moindre bruit de chiottes en criant "démission, démission !", comme avec cette pseudo-affaire Hortefeux, Tartuffe pas mort. Et comment, j'apprends que Eric Besson a fait un doigt d'honneur ? Démission immédiate, et qu'on saisisse la Halde !

    Certes Sarkozy a pris des risques en promouvant des gens pas toujours issus du sérail, il y a pu y avoir des erreurs de casting, mais ça n'a pas prêté à conséquence, on est bien loin de certaines "affaires" qu'on a connues par le passé et qui se sont terminées devant la justice. Enfin tout cela est du niveau de cette polémique ridicule qui a suivi le fameux "casse toi, pauvre con !", et que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre !

  • Vous êtes terriblement moral, Rémy.

    Ne prenez surtout pas au sérieux les fadaises de Pidiblue. Il dit n'importe quoi depuis des années et ne fait rire que lui. Je me demande pourquoi je le garde. Peut-être parce qu'un pidblue, ça va, c'est quand ils sont nombreux que ça pose un problème.

    Le mérite de l'article d'EL est surtout de montrer qu'entre le racisme réel et une blague, même mauvaise, sur un arabe ou un noir, il y a un monde. Mieux - ce n'est pas parce que vous vous êtes commis d'un "bougnoule" lamentable ou d'un "niaqué" que cela fait de vous un raciste patenté. Des mauvaises pensées, des pensées d'exclusion ou de meurtre (mon voisin), cela nous arrive à tous et il ne faudrait pas que l'on vienne légiférer sur ce qui se passe en nous à chaque instant. Or, c'est exactement ce qui est en train de se passer. La blague vulgaire d'un ministre DOIT révéler son intimité profonde, son être réel, son système de valeurs caché, etc, etc. Certes, un ministre de la république devrait savoir se tenir, mais il est impossible de se tenir quand les caméras sont partout. Je suis sûr, cher Rémy, que même vous, si l'on vous suivait 24 heures, vous nous feriez part de vos petites saillies déplaisantes sur les nègres, les pauvres et les femmes (enfin, non, pas vous, vous êtes un mauvais exemple, vous êtes trop moral), mais moi, par exemple, j'en dis et j'en pense des saloperies dans la journée !!! Des choses inavouables !!! Heureusement inoffensives - sauf qu'à notre époque... cathare, j'y reviens, qui ne veut que du pur et du propre, cela commence à poser un problème. On veut une intimité pure et propre et on découvre que l'intimité est une chose sale et impure...
    Bon, j'avoue que je dépasse un peu le cadre de l'affaire Hortefeux, mais c'est ma manière...

    Quant au doigt d'honneur d'Eric Besson aux journalistes, il ne me choque pas plus que cela. Choquer un journaliste me semble au contraire très réjouissant.

  • Meuh ! euh ! non, on t'aime Rémy, tu es parfaitement intégré sur le blog de Montalte, tu es notre petit frère, n'est-ce pas Montalte ?

  • Merde ! je me croyais unique comme tout le monde... Montalte, tu crois qu'il y en a beaucoup des comme moi ? En tous cas il est à croquer le petit Rémy, si tu le connais tu pourrais me le présenter ....

  • 1) Votre mépris (exprimé sans agressivité, certes, mais ça reste du mépris) traduit manifestement la conviction que vous seriez de libres penseurs iconoclastes quand je serais un dadet moralisateur lobotomisé par le politiquement correct ambiant.

    Or, ce que vous ne mesurez pas c'est que vous êtes très largement majoritaires: globalement tant la presse (même l'hyper anti-sarkosyste Marianne) que l'opinion (enfin ce que je peux en mesurer) ont très largement absout le délicieux Brice (pas du sérail, cette caricature d'apparatchik ?).

    Dans le duel Val/ Siné, c'est le vieil antisémite qui a la sympathie d'à peu près tout le monde quand Val (ce "donneur de leçons") est unanimement conchié.

    Si les années 80 ont été celles de l'anti racisme, les années 2000 sont de toute évidence celles de l'anti anti-racisme.

    Alors après, vous êtes évidemment libres de dire ce que vous voulez et même pour certains de revendiquer votre racisme comme ipidibule (était-ce du second degré ? si oui, comment le décèle-t-on dans une pauvre vanne anonyme aussi nulle ?).

    Mais de grâce, pas la posture du penseur confronté à un mouton échappé du troupeau de panurge...

    2) Etonnant votre argument (qui est aussi celui de Lévy) selon lequel en substance "après tout, moi aussi, il m'arrive de faire des blagues racistes".

    Parce que justement le problème est là: Sarko et sa bande se conduisent comme nous (et donc comme moi aussi parfois, pour répondre à votre question) dans nos pires moments quand des Ministres, dans notre monarchie républicaine, devraient avoir valeur d'exemple.

    Insultes, doigts d'honneur, blagues racistes, orthographe (Chatel) ou syntaxe (Dati) de quasi illettré: comment respecter l'institution dans ces conditions et comment espérer que la "racaille" si décriée se sente obligée de se conduire correctement ?

    Parce que le pire, c'est que jamais des hommes politiques n'auront autant parlé des "valeurs", du "travail", de "l'ordre" et du "respect" que cette bande de faux culs.

    Schneidermann faisait justement remarquer que Sarko avait fait récemment fait toute une visite officielle en machonnant ostensiblement un chewing gum; ce n'est évidemment pas grave en soi mais ça traduit un relachement et un mépris total pour autrui.

    Et bonne chance pour le prof qui souhaitera faire cracher son chewing gum à son élève; le pire c'est que je suis sûr que cet élève (racaille!!!) ne jouira pas auprès de vous de la mansuétude que vous accordez à Sarko...

  • "Quant au doigt d'honneur d'Eric Besson aux journalistes, il ne me choque pas plus que cela. Choquer un journaliste me semble au contraire très réjouissant."

    Tous ces articles si brillants sur de grands artistes (je le dis sans ironie) pour en arriver à une apologie d'une simple transgression infantile qui vaudrait une paire de baffes à ma petite fille.

    Choquer pour choquer même bêtement, ça aussi c'est un trait de l'époque plutôt dénué d'originalité.

    Je vous ferais remarquer que c'est le même raisonnement, en moins grave évidemment, que Dieudonné quand il remet un prix de l'infréquentabilité à Faurisson, juste pour choquer et provoquer une vague d'indignations.

    Ou que Zemmour expliquant récemment qu'il était pour la peine de mort parce que tout le monde était contre (mon dieu, quel immense penseur).

  • Ce que vous êtes moral, mon cher Rémy !

    Non, en fait, vous confondez tout.

    D'abord, nulle posture d'iconoclaste chez moi. Il a pu m'arriver d'être "seul contre tous", mais simplement parce que le fait de tenir une position risque toujours, surtout sur internet, d'attirer tous ceux qui ne sont pas d'accord avec vous. Je connais assez la rhétorique pour savoir que l'un des arguments avantageux que l'on utilise dans le débat est : "c'est vous la meute, c'est moi le loup". Or, ce n'est pas parce que l'on pense seul contre tous qu'on a raison pas plus que l'on a tort quand on se retrouve du côté d'une majorité. Je suis conscient de ça autant que vous, et dans notre cas, c'est plutôt vous qui usez de cet argument.

    A ce propos, permettez-moi de vous rappelez, que si la France est aujourd'hui "sarkozsyste" de part son vote, le pouvoir intellectuel et culturel du pays reste majoritairement de gauche. Pour un journal de droite, je vous cite trois journaux de gauche, pour un Jean-Pierre Pernaud, je vous appose les Guignols de l'Info qui ont autant, voire plus, d'écho médiatique, et une légitimité intellectuelle bien plus grande (Pernaud, c'est les ploucs, Gaccio, c'est Saint Germain). L'opposition en France ce n'est pas le PS, mais le cinéma, le théâtre, la variété, l'université, en majorité de gauche - et ce n'est pas le cher Fumaroli qui vous dira le contraire. Enfin, combien de livres, de chansons, de blogs anti-sarkozystes ? Chaque semaine délivre des tonnes de papier contre cette France moisie, vulgaire, quasi-totalitaire et Sarko reste le président le plus insulté de la "cinquième république". Certes, l'opinion n'a pas l'air de suivre ces contempteurs du régime, mais sans doute parce que l'opinion se méfie autant des politiques que des journalistes officiels. Et que peut-être elle considère que depuis Sarko, nous sommes dans l'univers du "casse-toi pauvre con" et du doigt d'honneur, mais qu'au moins nous sommes sortis d'un certain terrorisme intellectuel qui régna sans compromis pendant les années Mitterrand-Chirac. En tous cas c'est ce qui continue moi à me réjouir et c'est pourquoi je revoterais avec une certaine ferveur encore aujourd'hui pour le mari de Carla. Ah Carla !
    Sarko nous aura sorti de ce post-gaullisme et je lui en suis gré. Quant à sa vulgarité, elle me semble beaucoup moins nocive que la politique culturelle autrement plus vulgaire, défaitiste en pensée et triomphante en imposture des années 80 et 90. Les doigts d'honneur de Besson et autres m'apparaissent comme une "revanche" envers le diktat journalistique qui domina chez nous pendant des années - et qui d'ailleurs domine encore largement. Mais c'est vrai, quelque chose a changé depuis l'élection de Nicolas, comme d'ailleurs depuis la présence de Le Pen au second tour (quelle cathartique soirée ce 21 avril, vous vous souvenez ? Vingt ans d'empire du bien mis en pièce par le grand méchant borgne ! J'ai écrit un texte il y a quelques mois là-dessus, La tête à Toto, et je vous invite à le lire....)
    Alors, c'est vrai, Sarko n'aime pas La princesse de Clèves, la honte ! Mais son incompétence littéraire est à mes yeux inconséquente. Si Madame de La Fayette n'est plus à la fête, c'est moins à cause de lui qu'à cause de la curée de l'éducation nationale, de l'enseignement des humanités, et de la censure idéologique qui furent les marques la politique culturelle si correcte des années dont je vous parle. Et c'est cette raison qui fait que de grands lettrés comme Finkielkraut, Fumaroli, Gallo se sont retrouvés du côté du hongrois.

    Enfin, je vous dirais ce que j'aime chez lui. Cette manière qu'il a et qui est tellement "antoi-droitiste" de ne pas être seulement à droite - et qui horrifie les gens de droite (je le sais moi). Son goût de faire le grand écart, d'appeler à lui des personnalités d'opposition, de foutre le bordel à droite et à gauche. Je ne crois pas que l'on puisse réduire la présence des Kouchner et Mitterrand à son gouvernement comme de simples faits d'opportunismes ou de cynisme. Je crois qu'il y a derrière tout ça une volonté véritable de gouverner avec tout le monde, de faire une sorte de gouvernement du centre, ou tout au moins de tenter, je ne sais pas si c'est réussi mais l'intention me séduit, une coercition de toutes les forces en même temps. Quand il disait avant son élection que celle-ci se jouerait avant tout sur le plan intellectuel, je crois qu'il avait raison, et les faits lui ont donné raison. Aujourd'hui, il tente de sauver les meubles (et je me demande ce qu'un autre président pourrait faire de mieux), tout en continuant de mettre en oeuvre son programme. On peut le critiquer, on peut dire que ses réformes sont des réformettes, qu'elles sont mal mises en place, on ne peut dire qu'il ne fait rien ou qu'il se dénie. Pour ma part, j'apprécie bcp ce bonapartisme et j'aime encore plus qu'il provoque un grand dadais comme vous.

    Ah oui "dadais"... Sachez que si je vous méprisais, Rémy, je ne discuterais pas avec vous. Vous n'êtes absolument pas méprisable, vous êtes seulement un peu irritant à ne pas me suivre dans ma jubilation.

    Et vous avez l'air de me faire un procès d'intention :

    J'adore Zemmour mais je trouve qu'il vire au petit con ces derniers temps - notamment sur sa défense démocratique de la peine de mort. Je déteste cette manie de se réclamer du bon peuple que l'on prive de temps en temps de débat. Je déteste ce démocratisme abusif qui voudrait que l'on demande leur avis aux gens sur la guillotine, les impôts ou l'art savant. Je plaide pour un peu moins de démocratisme et un peu plus d'aristocratisme en droit et en art.

    Dans le duel Val / Siné, je me demande ce qui vous fait dire que l'opinion majoritaire est du côté de Siné. Hors la nébuleuse Nabe/Soral/Dieudonné/Groland (en fait l'ultra gauche en général), l'ensemble des media était plutôt pour cette enflure de Val - tout comme moi d'ailleurs. Et c'est normal : comme dirait Nabe, quand on est un intello du côté de l'empire, on préfère les juifs aux arabes, quand on est un brave type du côté du peuple, on préfère les arabes aux juifs. J'adore Nabe mais je déteste son côté plébéien, son côté goy. Je suis un catho qui déteste la mentalité goy, vous y croyez vous ?

    Pour autant, la fureur anti-antisémite qui s'est abattu sur Dieudonné ne me convient pas non plus. D'abord parce que Dieudonné est quand même le meilleur comique d'aujourd'hui (ses spectacles sont infiniment drôles, bien écrits, souvent bien vus) et que sa faurissonisation vient, outre un antisémitisme violent et sanguin, sans doute de l'extraordinaire inquisition qui frappe tous ces sujets. Dans mon monde idéal à moi, hors l'appel au meurtre radical ou le viol d'enfant subventionné, il n'y a pas de délit d'opinion. La seule loi scélérate de ces dernières années, c'est cette loi Gaysso, non seulement liberticide mais qui en plus, et comme toutes les lois liberticides, n'est bonne qu'à susciter les pires opinions. Si l'on veut vraiment éradiquer le révisionnisme, eh bien que l'on combatte les révisionnistes avec l'histoire, avec la vérité. Mais interdire les révisionnistes, ça donne envie d'en être. Quand on donne une paire de baffe pour une mauvais opinion, on peut dire qu'on double l'opinion...

  • En attendant votre réponse, je me replonge dans Bagatelles pour un massacre.

    Ce que j'en pense à vue de nez ? Un texte certainement immonde du point de vue de la réalité historique, qui a participé au moins symboliquement à l'holocauste, mais un texte bien souvent formidable ! Ecrit dans la lignée de Mort à crédit, c'est une page sur deux du meilleur Céline. On se retient de rire car on connaît les conséquences, mais c'est hélas irrésistible... Pour autant, je ne sais pas si je vais le lire jusqu'au bout. C'est que la part romanesque (c'est-à-dire la vérité) y est quand même très pauvre, et qu'à un certain moment, le pamphlet agit comme une pornographie de l'esprit. On est dégoûté mais on bande.

  • "Ne prenez surtout pas au sérieux les fadaises de Pidiblue. Il dit n'importe quoi depuis des années et ne fait rire que lui. Je me demande pourquoi je le garde. Peut-être parce qu'un pidblue, ça va, c'est quand ils sont nombreux que ça pose un problème."

    Petit con. de montalte. petite merde.

  • "qu'au moins nous sommes sortis d'un certain terrorisme intellectuel"

    Oui, pour entrer dans un terrorisme anti-intellectuel plutôt déprimant.

    Et la "politique culturel défaitiste", on l'a plus que jamais. Avez vous lu le neveu proclamant qu'"on a TOUS quelque chose en nous de MJ"? Oui, TOUS, soit le Ministre de la culture Français s'agenouillant devant le pire de l'impérialisme culturel américain. Beurk.

    "Et c'est cette raison qui fait que de grands lettrés comme Finkielkraut, Fumaroli, Gallo se sont retrouvés du côté du hongrois. "

    Finkielkraut a écrit un article le lendemain de l'expédition sur le yatch de Bolloré qui se terminait par: "Il nous fait honte"; Fumaroli a soutenu Sarko parce qu'il est à droite mais je me souviens de son commentaire mi-effondré mi-ironique après avoir assisté à un meeting de campagne à Bercy.

    Quant à Gallo, vous êtes bien naif, le vieux renard (et sa femme) ont chèrement monnayé leur ralliement qui est purement intéressé (sutout quand on connaît les supposés chevaux de bataille du bonhomme censé être anti européen, anti libéral, anti atlantiste, bref tout ce qu'incarne notre Président).

    "Cette manière qu'il a et qui est tellement "antoi-droitiste" de ne pas être seulement à droite - et qui horrifie les gens de droite "

    Vous confondez la "comm" avec la réalité.

    Les gros patrimoines, les professions médicales, les grosses entreprises privées, bref la vraie France de droite n'a probablement jamais été autant à la fête (ne jamais oublier que l'excellent Juppé avait augmenté l'ISF et l'IR par exemple).

    Si vous pensez que se marier à une princesse de la gauche ultra caviard et récupérer quelques débris du Mitterrandisme suffit à équilibrer une politique...

    "comme dirait Nabe, quand on est un intello du côté de l'empire, on préfère les juifs aux arabes, quand on est un brave type du côté du peuple, on préfère les arabes aux juifs."

    Terrifiante cette essentialisation; si encore vous aviez parlé des israeliens et des palestiniens, mais là, c'est du délire d'autant plus surprenant de votre part que j'avais cru comprendre que vous réprouviez le communautarisme.

    Jamais rien lu de ce Nabe mais ses interventions médiatiques m'ont toujours donné l'impression d'avoir à faire un taré mégalo (peut être talentueux, c'est une autre question); visiblement son délire est contagieux.

    "Dans mon monde idéal à moi, hors l'appel au meurtre radical ou le viol d'enfant subventionné, il n'y a pas de délit d'opinion. "

    Alors là pas du tout d'accord; j'ai du mal à croire que le flot de publications antisémites qui a déferlé en France de la fin du XIX jusqu'à Vichy (en gros de Drumont à Rebatet), dans les publications les plus populaires comme dans les ouvrages les plus élitistes, n'ait pas joué un rôle crucial dans la genèse des lois antisémites.

    La valeur d'une société se reconnaît aussi à ses tabous; la loi Gayssot est évidemment plus discutable précisément parce que le tabou qu'elle crée a trait à l'Histoire et pas à la propagation de la haine raciale.

    "Quand on donne une paire de baffe pour une mauvais opinion, on peut dire qu'on double l'opinion..."

    La réalité infirme votre théorie: la France de 2009 qui interdit l'expression de propos antisémites est infiniment moins antisémite que la France de 1939 qui ne les prohibait pas. La parole a un pouvoir d'entraînement indéniable.

  • Finkielkraut, Fumaroli, Gallo, le neveu, Carla, Sarkozy, bla bla bla ...

    Notre ami Rémy, comme l'ensemble de ce qui reste de la gauche, se concentre sur la pipolisation que par ailleurs il dénonce, et l'anti-sarkozysme primaire (on a vu à quel point cela a réussi à ces pauvres Bayrou et Ségolène) pour masquer le désert que représentent les forces de proposition de son camp.

    Il serait temps que vous réalisiez que les temps ont changé, pas seulement parce que Sarkozy incarne une rupture avec le chiraco-mitterandisme, mais aussi et surtout parce que désormais LA GAUCHE FAIT PLUS BAILLER QUE RÊVER, c'est une tendance qu'on peut observer partout en Europe, et que même la crise économique n'a pas réussi à inverser !

  • D'autant plus qu'en période de crise économique, l'on a plutôt tendance à préférer le parti de l'ordre que celui du désordre, mais passons....

    La vraie France de droite, la France des riches ?, dites-vous encore Rémy. Si c'était vrai, cela voudrait dire que la grosse majorité des français sont riches et je ne vois pas en quoi cela serait inquiétant. Mais cela n'est pas le cas, donc... D'ailleurs, ultra-libéral, le Maggyar ? A d'autres ! Interventionniste, bonapartiste, libéral ordonné, ni plus ni moins. Maintenant je ne dis pas que toutes les décisions sont bonnes ni que toutes les bonnes décisions sont prises, mais cette image d'un Sarko ultra-libéral, ultra-américain a fait long feu. Pragmatique, l'homme cherche les meilleurs solutions quitte à aller de droite à gauche ou de gauche à droite. Enfin, bref, vous croyez, comme beaucoup d'observateurs candides, que c'est le cynisme qui mène les choses. Vous croyez sans doute qu'il n'y a que de la comm. Vous croyez qu'on vous dit rien et qu'on vous cache tout. Repassons....

    Le terrorisme anti-intellectuel, je l'exècre autant que vous mais je ne le vois pas aux mêmes endroits que vous. Je le vois moins à l'Elysée ou à Matignon que dans ces comités de salut public que sont les associations anti-racistes ou l'inévitable Halde.

    Frédéric Mitterrand célébrant Michael Jackson ? Bon, il faut bien complaire au grand public non ? Il faut bien célébrer la culture populaire ? Et MJ reste indéniablement un des grands noms de la pop à ce que j'ai entendu dire ? (Je dis ça au hasard, je n'ai aucune culture pop sauf Beatles, Pink Floyd, et la sainte trinité Bowie-Reed-Pop).

    Un monde sans délit d'opinion, "mon monde idéal à moi", comme je disais, est évidemment impossible stricto sensu. Je sais que la vérité est fragile, que le savoir ne confond pas toujours l'ignorance, et que la bêtise et le racisme sont précisément vaccinés contre tout ce qui pourrait leur donner tort. Donc, parfois, il faut interdire. On ne peut pas totalement faire confiance aux gens. "Suicide mode d'emploi" a été interdit et ma foi, c'est une bonne chose. Je m'inquiète simplement des ravages des censures idéologiques - et d'ailleurs nous semblons être sur la même ligne, là, puisque vous aussi vous dites que la loi Gayssot peut bloquer la recherche historique

    Pour le reste, n'est-ce pas la diabolisation des thèses négationnistes qui a fait que celles-ci puissent séduire des gens qui n'en auraient jamais entendu parler sinon ? N'est-ce pas la pression anti-lepéniste qui a fait que Le Pen a fini par arriver au deuxième tour ? Croyez-vous que si les pamphlets de Céline, interdits, on le sait, par Lucette, étaient dans le domaine public, on assisterait à un regain d'antisémitisme ? D'ailleurs, l'antisémitisme... Ce n'est plus tant chez les vieilles ganaches à la Le Pen qu'on le trouve, mais bien chez les beurs, chez les islamistes, chez les intellos d'extrême gauche, chez les sceptiques du onze septembre (dont le dernier, Kassovitz). Un antisémitisme frais, nouveau, plein d'énergie anticapitaliste, anti-libérale, anti-américain... Je me demande même si l'on ne le retrouve pas derrière la hargne anti-Pape. Les deux états les plus détestés au monde ? Mais Israël et le Vatican, ma bonne dame !

    A part ça, un rien vous choque, mon cher Rémy. La phrase de Nabe, ah mon Dieu ! Je suis toujours fasciné par des gens qui n'ont pas une goutte de sang consanguin dans les veines ! Qui sont physiologiquement républicains. Et qui ne comprennent pas ce que l'on veut dire derrière le langage grossier. Dénués de préjugés à ce point ! Non, chapeau, vraiment !
    Nabe - vous savez que je suis persona non grata chez lui ? Que des tonnes d'ordure m'ont été déversé sur son site ? Et que je suis même cité dans la préface de ses Morceaux choisis comme un de ses contempteurs, renégats, ennemis, je ne sais plus ! Tout ça parce qu'un jour j'ai écrit un article dans lequel je disais que je l'aimais bcp mais que je n'arrivais plus à le suivre depuis qu'il s'était fourvoyé dans la haine anti-occidentale pro-islamophile. Vous avez tout là :

    http://pierrecormary.hautetfort.com/archive/2005/04/05/nabe-l-%C3%A2ge-de-judas.html

    Pour en revenir à cette phrase "essentialiste", ce qu'elle veut dire, si l'on pense un peu grossièrement, primitivement, façon extrême droite, façon Emile Zola (ça fait du bien je vous assure de revenir parfois aux fondamentaux) c'est "les prolo préfèrent les arabes, les intellos préfèrent les juifs". Nabe parle comme le peuple et comme le peuple, il raisonne race et sexe. Il raisonne comme s'il était dans la survie, ou en prison. L'égalité des hommes devant Dieu, le social structurant, la citoyenneté, la civilisation ont leur langage fleuri et il faut évidemment apprendre à parler celui-ci, mais le corps aussi a son langage, les blessures aussi ont le leur. "Enculé, c'est la même idée que volupté", disait encore Nabe.
    En fait, il ne faut jamais oublier les origines sanglantes de la culture. La scatologie ontologique, j'y tiens. Mon côté puéril comme vous diriez. "Chier dans son lit, il n'y a que ça de vrai", comme dirait Luther.

    Avez-vous Un prophète de Jacques Audiard ?

  • Enorme lacune argumentaire dans le texte d'E. Levy, une fois de plus.

    Madââme explique que la phrase du Baron Harkonnen de la Place Beauvau relève du "second degré". On serait déjà autorisé à voire dans ce "second degré" l'expression de la beauferie réac la plus incomestible, surtout à ce niveau de l'état.

    Puis Madââme s'interroge : et si c'était du premier degré ? Si la phrase était révélatrice d'une pensée, d'une théorie, d'une inclination ? Et... aucune conclusion, aucune déduction, rien sur cette deuxième hypothèse : Madââme s'empresse d'expliquer dans le même paragraphe que l'hypothèse ne tient pas debout, car elle sait, elle, que les habitants des quartiers défavorisés, que l'on qualifie de ghettos, ne veulent rien tant qu'en sortir. Ce qui prouverait ensuite, admirez l'audace du raisonnement, que la France n'est plus ni raciste ni xénophobe. Donc.

    Croustillant. Des copies comme ça sont saquées dans n'importe quelle filière, l'élève Levy a encore des choses à apprendre. Sur la syché de ses contemporains, déjà.

    Autre erreur classique, Madaââme finit son petit gerbis tapuscrit en expliquant que de tous temps, les impétrants doivent se couler dans le moule de la zone géographique et culturelle qui les "accueille".

    Sauf que cette truffe n'a toujours pas compris un fait très simple. Les gens dont elle parle, les Arabes, n'arrivent pas. Ils sont nés ici. Ils sont ici. Ils sont français. Ils font la France, comme les autres. Leur culture fait partie de la culture française. Que ça plaise ou non.

    Un texte bien foireux, donc. Once again. Il faut sauver le soldat Hortefeux, et les propos les plus grotesques ou les plus décomplexés peuvent servir. Tout est bon, dans l'cochon.

    (On nous excusera de n'avoir pas lu tous les commentaires, le mot "Zemmour" nous provoquant très régulièrement de grands accès de nausée).

  • Notre ami Fabien, comme l'ensemble de ce qui reste de la droite, se concentre sur la pipolisation que par ailleurs il dénonce, et le sarkozysme primaire (on a vu à quel point cela a réussi à ces pauvres Dati et Yade) pour masquer le désert que représentent les forces de proposition de son camp.

    Tiens, c'est marrant, ça marche à peu près bien dans l'autre sens.

  • Pour que ça marche vraiment dans les deux sens, il faudrait que je passe mon temps à traquer et à dénoncer les moindres faits et gestes de Aubry, Royal, Mélenchon et cie, or je m'en fous complètement, et tout cela m'ennuie profondément plus qu'autre chose :(

    Ah, et on peut toujours compter sur le plus-très-drôle Frère Consanguin pour accourir au galop dès qu'il renifle l'odeur de la plus petite manifestation de "multiculturalismo-scepticisme", et venir nous faire la leçon pour être de bons citoyens dans la meilleure des diversités possible.

  • Détendez-vous, Fabien, vous voyez des instituteurs de gauche partout. Un problème à l'école ?

  • NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

  • Sur Sarkosy, on ne tombera jamais d'accord mais l'idéalisation (du type de celle de Fabien: "Lui, il a des idées") ou la diabolisation de sa politique prêtent à sourire.

    Hormis en matière fiscale, il n'y a plus guère de différence entre une politique de droite et une politique de gauche.

    Face à la crise Zappatero et Sarko ont fait la même chose que tous les autres, c'est à dire pas grand chose d'autre que de renflouer les spéculateurs et les multi-nationales qui sont les vrais détenteurs du pouvoir aujourd'hui (rappelez vous du bras d'honneur de Bouton à Sarko lui demandant de démissionner).

    Raison de plus pour attacher de l'importance à l'habitus, à l'image, au modèle donné par nos gouvernants car ils ne servent pas à grand chose d'autre que çà (et ça peut déjà être beaucoup). Et de ce point de vue, je demeure atterré par l'image donnée par Sarko et sa bande de rapaces.

    Sur Nabe, rarement lu quelque chose d'aussi bête et haineux que le texte du taré qui vous a pris pour cible. Je serais Nabe, j'aurais peur, avec un fan pareil, de finir comme Lennon abattu par Chapmann.

    "les prolo préfèrent les arabes, les intellos préfèrent les juifs"
    Dialogue de sourds; je ne comprends même pas. Votre façon d'insister sur les origines hongroises de Sarkosy démontre, à mon sens, l'importance délirante que vous accordez à cette question du sang et des origines (franchement qu'a-t-il de hongrois en lui ?).

    Le nombre invraisemblable de juifs antisionistes, voire antisémites, devrait vous inciter à nuancer votre position.


    J'ai vu "Un prophète": impressionné par ce mélange de naturalisme cru (le struggle for life dans une prison ordinaire) et de fantastique, par les rapports de transmission et de corruption entre les personnages, par l'équipe de jeunes comédiens d'un réalisme fabuleux (à comparer avec les jeunes bobos navrants du film d'Honoré).

    Evidemment, si vous en parlez ici, je suppose que c'est pour la vision communautariste de la société (carcérale mais peut être pas seulement) du film.

    L'avant dernière scène, celle de l'arabe, qui a tout fait pour se franciser et même se "corciser" mais qui en définitive est contraint de revenir parmi "les siens", est tout particulièrement déprimante.

    Une question: avez vous compris le sens à donner aux prophéties et à la religion dans le film ? Le titre semble dire qu'il s'agit de quelque chose de capital mais ces éléments m'ont paru presque plaqués artificiellement si bien que je n'ai pas vu où Audiard voulait en venir.

  • le biorythme de la cultue française... Elisabeth Levy, je t'aime vraiment bien. Mais la "culture française", qui n'est autre qu'un ensemble de moeurs et de pensées, doit sa vie à des mouvements, à des voyages, à des apports extérieurs. Je ne parle pas de métissage, ce concept mou du PS des années 80, mais de capacité à voir en l'Arabe un apport extérieur de pensée, comme tous les mouvements centripètes et centrifuges en ont généré. "Ceux qui arrivent doivent s’adapter à elle" ; mais elle ? Au lieu de que sa partie gauchiste s'enthousiasme béatement de tout ce qui paraît exotique, si on pensait, nous aussi, à être adaptés, ouverts, disponibles à ce qui nous vient d'ailleurs ? Il ne s'agit pas de tolérance mais d'acceptation.

    Pour Hortefeux, et pour E. Levy pour le coup, il ne s'agit pas de trouver que les Arabes c'est trop top et ça n'est jamais des dégâts, mais il s'agit juste de s'ouvrir, d'entendre ce qui se passe en chacun, et de considérer que l'intérieur d'une tête arabe vaut la peine qu'on s'y penche.
    Hortefeux au 1er ou au 2nd degré ?
    Le fait est qu'il blaguait à propos des Arabes, devant un Arabe militant à l'UMP, façon de le soumettre d'autant plus violemment que dans cette affirmation, il y a l'idée que lui, au moins, cet Arabe UMPiste, doit faire un choix : si il en rit, c'est que c'est un bon Arabe qui ne veut pas faire de dégâts, et il doit pour ça cesser de s'identiier aux autres et s'aliéner à l'UMP. Si ne rit pas, il montre devant tous qu'il est solidaire des Arabes dont parle Hortefeux, et il doit quitter le cercle du maître.

    Hortefeux a fait ici un petit exercice de pouvoir, habile et vicieux, en testant la fidélité de son "bon Arabe".
    C'est encore le signe que, pour Horteux, il ne s'agit pas de les accepter mais de les tolérer, dans le sens le plus raciste du terme : faire preuve de condescendance.
    Un sortie comme ça, c'est rien, c'est juste un peu insultant ; c'est pour ses choix politiques qu'il faut virer Hortefeux...

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