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  • 02 - La détestation de l'Unique.

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    Epoque modérée, jeunesse agitée. Entre les normatifs de la droite régnante et les conformistes de la gauche triomphante, Alain est, de son propre aveu, « trop idéaliste, trop enthousiaste pour envisager, ne fût-ce qu'un instant, d'adhérer à un parti modéré. » Il est vrai que la jeunesse, l'Histoire l'a montré et les engagements de certains au Da'ech le montre encore, est naturellement fasciste. Mais à cet esprit bouillonnant et brillant, qui a déjà tout lu, ou presque, à seize ans, il faut une troisième voie singulière et innovante. Non pas tant « vieille France » (le maurrassisme lui a toujours semblé superficiel et neuneu) que « nouvelle France ».

    De la droite, il a l'amour des origines ; la conscience des réalités primitives (notamment en psychologie où il raisonne un peu comme le Montherlant des Jeunes filles et même, c'est moi qui le rajoute, le Otto Weininger de Sexe et caractère, affirmant savoir distinguer, comme pas un, psychologie masculine et féminine) ; l'instinct nietzschéen (la religion lui apparaît clairement comme le produit de l'esprit de vengeance, l'action politique comme celui du ressentiment - c'est à Nietzsche, avoue-t-il, qu'il doit de n'avoir pas sombré dans l'extrême gauche) ; la sensibilité aux mythes (d'où son intérêt pour Jung).

    De la gauche, il a l'intellectualité profonde et la croyance que tout est fondamentalement « idéologique » (un mot non péjoratif sous sa plume) : le réel n'est jamais un pur donné mais au contraire « quelque chose qui ne peut accéder à l'entendement humain qu'au travers du sens qu'on lui attribue ». Le réel devient alors une question d'interprétation, d'herméneutique, de phénoménologie. Ce n'est pas qu'il soit « faux » en soi (comme chez Platon) mais c'est notre perception, brute, immédiate, sensible qui l'est et qu'il faut changer. Le réel n'est jamais « tel quel » mais tel que nous le comprenons (définition élémentaire de la phénoménologie et qui fait que je ne suis pas phénoménologue pour un sou... Impossible pour moi de croire que le réel ne soit que ma représentation. Impossible de penser avec Nietzsche qu'il n'y a pas de faits mais que des interprétations. Impossible de ne pas sentir la douleur physique ou l'orgasme. De ce point de vue, je suis comme Monsieur Jourdain qui a mal aux pieds dans ses nouvelles chaussures et qui se voit répondre par son phénoménologue de Maître Tailleur : "vous vous imaginez qu'elles vous font mal." Non, il y a une objectivité du réel. Une réalité objective du vrai, du bon, du beau.

    Mais son grand truc, c'est la détestation de l'Unique, l'Etre unique, la « pensée unique », la société uniforme, l'Etat immobile - et qui va de pair avec sa détestation du monothéisme, responsable, selon lui, de cet état des choses. Là-dessus, je m'inscris définitivement en faux. Le divers n'est rien sans l'unique. Le devenir n'a aucun sens sans être. Le mouvement n'est pas perceptible sans l'immobile. Chaque chose a sa généalogie, son histoire, son procès, mais chaque chose est ce qu'elle est - ne serait-ce que pour la définir ou la dépasser. Sinon, c'est le chaos et le chaos n'est pas tenable mentalement, physiologiquement, nerveusement. C'est manquer cruellement d'orthodoxie que de soutenir le contraire. Mais Alain de Benoist ne serait-il pas tout simplement, comme Deleuze et tant d'autres,.... un hérétique ?

    « La philosophie de l'être [qu'il confond à cette époque avec la philosophie chrétienne], me paraissait ennuyeuse. Elle se rapportait à ce qui ne change jamais, ce qui est toujours pareil, immuable, identique, figé. Elle signifiait le Même, alors que dans l'évolution des formes vivantes se donnait à voir le chatoiement des différences. Ma terreur de l'ennui, mon exécration de l'uniformité alimentaient mon hostilité envers la philosophie de l'être. »

    D'où son attirance pour la théorie de l'évolution qui lui apparaît d'emblée comme une « évidence scientifique ». D'ailleurs, il virera scientiste un temps. Et scientiste, lui-même le reconnaîtra un peu plus tard, ça veut dire raciste.....

     

    A PROPOS DE L'AFFAIRE VALLS / ONFRAY / DE BENOIST :

    - Michel Onfray sur Manuel Valls : "dans le dictionnaire, ça s'appelle un crétin", sur Europe 1.

    - L'interview d'Alain de Benoist dans Le Point.

    - "Michel Onfray et les idées justes d'Alain de Benoist", par Renaud Dély dans L'Obs.

    - Interview de Michel Onfray par Léa Salamé sur France Inter

    - "Alain de Benoist n'a rien à voir avec le FN", par Stéphane François, dans Libération.

    - Onfray sur LCI.

     


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