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"Plus près de toi, mon préservatif", par Patrick Besson

 

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Encore Patrick Besson ! Encore sur la sainte capote !

 

 

Publié le 09/04/2009 N°1908 Le Point

Plus près de toi, mon préservatif

Patrick Besson

 

Il n'est désormais plus autorisé de dire un mot contre le préservatif. Le pape Benoît XVI vient d'en faire, au Cameroun, l'expérience. La capote est devenue vache sacrée. Un objet de culte. Au nom du Père, du Fils et du Préservatif. Le préservatif est l'âme du XXIe siècle. Je me demande pourquoi on ne lui construit pas des églises. Des temples. Des tours. Jean Nouvel ferait ça super bien. On viendra honorer le préservatif dans sa demeure en fin de semaine, juste avant de sortir en boîte. On adaptera le « Notre-Père », qui s'appellera le Notre-Préservatif. Notre-Préservatif qui êtes dans les pharmacies, donnez-nous aujourd'hui notre plaisir sexuel de chaque jour, protégez-nous du mal qu'on a à vous mettre et délivrez-nous de la tentation de vous laisser dans la poche du pantalon. Pour retrouver un tel engouement de masse en faveur d'un objet, on doit remonter à l'invention du téléphone portable, si ce n'est à celle de l'automobile. Ou du cinéma.

Quel triste spectacle, de voir le charmant Benoît XVI aux prises avec les thuriféraires du préservatif dans les journaux, sur les chaînes de radio et de télévision. On a l'impression de regarder Jeanne d'Arc se tortiller sur son bûcher. Ou les époux Rosenberg griller sur leur chaise électrique. L'Allemand a mis le doigt dans un engrenage infernal. Les grands prêtres de la capote ne le lâcheront plus car il a osé critiquer leur religion dont ils tirent leur puissance médiatique. Se proclamer amant du latex en 2009, c'est montrer au monde entier qu'on se protège, donc qu'on protège l'autre, et par conséquent qu'on est bon, humain, et qu'on mérite l'attention, la sollicitude, les suffrages et le pouvoir d'achat de la population du globe. Certes, le pape n'est pas allé jusqu'à déclarer qu'il a parfois fait l'amour sans préservatif. Il faudrait être insensé pour se risquer aujourd'hui à un pareil aveu, que l'on soit une personne privée ou publique. Malheur à celui par qui l'absence scandaleuse de capote arrive, comme le dit la Bible dans sa nouvelle édition proposée par Act Up. Le comique Dieudonné, pourtant habitué aux déclarations fracassantes, s'est abstenu de se moquer du divin préservatif. Même le parrain de sa fille, le député européen Jean-Marie Le Pen, n'est pas près de déclarer que la capote est un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Je me sens obligé de défendre le pape car il est le sosie de mon ami l'écrivain Christian Giudicelli ( voir Le Point n°1880 ). Christian et moi, on déjeune chaque samedi ensemble à L'Insouciant , rue Brancion : une adresse rare du 15e arrondissement de Paris. C'est notre messe pas assez basse au goût de nos voisins de table. Qu'a voulu dire Benoît XVI qui a été mal compris par les Européens et, bizarrement, bien par les Africains ? Que le moyen le plus sûr d'éviter le sida, c'est d'arriver vierge au mariage avec quelqu'un qui est vierge aussi et de rester toute notre vie fidèle l'un à l'autre. Ce qui n'exclut en aucune façon le mariage gay. Bien sûr, c'est de l'idéalisme. Mais croire en Dieu, qu'est-ce que c'est ? Je devine que les innombrables chantres de la capote vont me faire payer cher cette remise en question du culte préservatique. Je vais finir par croire que j'aime souffrir.

 

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