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Gouffres de Molière

molière, jacques Guicharnaud, malade imginaire, argan, louison« Si Molière se fût replié sur ses gouffres, Pascal – avec le sien – eût fait figure de journaliste », écrivait Cioran dans Syllogismes de l’amertume. Le silence éternel des espaces infinis moins inquiétant que les hurlements d’Harpagon ayant perdu sa cassette ? Sans aucun doute.

 

Molière, c’est la folie et la tyrannie qui menacent de triompher et qu’il faudra tourner en bourrique ou aliéner à elles-mêmes pour arriver à ce que les amants s’unissent. Mais qu’importent les amants ! Ce ne sont pas eux, trop heureux, trop innocents, trop improbables, qui s’inscrivent dans la mémoire du spectateur, mais Georges Dandin, atrocement trompé par sa femme et obligé de lui demander pardon, qui parle de « s’aller jeter dans l’eau la tête première » ou Scapin qui demande « qu’on [le] porte au bout de la table en attendant qu’ [il] meure ».Deux répliques finales de deux pièces qui n’annoncent rien moins qu’un suicide et qu’une agonie. Mais Dandin va traditionnellement se saouler pour oublier sa méchante femme, et Scapin, mon dieu, Scapin a dû s’inventer cette blessure… La même qui a tué Cyrano, s’en souvient-on ?

En vérité, la mort est partout dans le théâtre de Molière et principalement à travers sa satire des médecins – bien incapable de l’éviter. « Allez. Si elle meurt, ne manquez pas de la faire enterrer du mieux que vous pourrez »,dira Sganarelle aux deux paysans venus le consulter à propos de leur épouse et mère dans Le médecin malgré lui. Se moquer des médecins, c’était se moquer de l’espérance ni plus ni moins. Plus que ses provocations féministes, anticléricales ou nihilistes, c’est son jeu permanent avec la mort que l’on ne pardonna pas à l’auteur du Malade imaginaire.« Ah ! mon papa, vous m’avez blessée. Attendez : je suis morte », dira Louison à Argan (....)


LA SUITE SUR LE SALON LITTERAIRE.

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