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  • Benoît XVI, l'exorciste

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    [Texte publié une première fois le 24 mars 2009, relu et corrigé.]


    Dans le mythe (c'est-à-dire le paganisme), le divin, c'est la foule. Dans le christianisme (c'est-à-dire la religion civilisée), le divin, c'est la personne. Dans le mythe, la foule (ou le chœur, ou la meute) a raison contre la personne - celle-ci d'ailleurs sacrifiée à la plus grande joie dionysiaque de tous. Dans le christianisme, la foule l'emporte toujours contre la personne, mais cette fois-ci dans la honte et l'amertume. C'est qu'avec le christianisme la violence n'est plus cathartique mais horrible et scandaleuse.  De même au cinéma. Lorsque  dans un film la violence est filmée de façon rigolote, excitante (série des Saw, des Hostel) ou vengeresse (Django unchained) on est dans le païen, alors que lorsqu'elle est filmée de manière problématique, voire insoutenable (chez Kubrick, Pasolini, Scorsese, Haneke), on est dans le chrétien - vous pourrez remplacer, si cela vous chante, « païen » par  « barbare » et « chrétien » par « humain », c'est la même chose. Dans le christianisme, ou l'humanité réalisée, l'unanimité mimétique ne fait plus recette. Et c'est pourquoi les hommes adultères se résolvent, bien à contre-coeur, à ne pas lapider la femme adultère. C'est là l'un des rares succès sociaux du Christ, sinon le seul, pendant son ministère. A la fin, la violence mimétique et païenne reprendra le dessus et la foule ordonnera sa mise à mort.

    Toute l'histoire du monde est une lutte entre la révélation chrétienne de l'horreur païenne et la résolution païenne du conflit chrétien dans le sang et la mort. Evidemment, il a pu arriver aux chrétiens d'être eux-mêmes très païens dans leurs réactions (comme par exemple pendant la saint Barthélémy ou lors de l'Affaire Dreyfus – car ils étaient bien païens, les antidreyfusards, cathos ou non, comme ils étaient bien chrétiens, les dreyfusards, laïcs ou non). De même, il a pu arriver à certains païens d'être très chrétiens dans les leurs, à commencer par le centurion romain face à Jésus. En vérité, on fait usage du christianisme comme l'on fait usage de notre cerveau - à trois ou quatre pour cent de ses potentialités, selon les scientifiques.  Force est de constater  que nous sommes  la plupart du temps païens dans nos vies : comme l’a montré le vote d’une loi récente allant contre toutes les lois anthropologiques, le désir est mon droit, mon droit est ma force, ma force est mon désir. Quant au bouc émissaire, il reste notre première envie, même si on a été obligé d’admettre, et cela grâce au christianisme, que le sacrifice d'autrui était une méthode particulièrement abjecte de paix sociale. Qu’à cela ne tienne, nos boucs émissaires seront désormais d’affreux criminels afin que personne ne vienne trouver à redire de nos choix sacrificiels. Avec tel nazi ou tel pédophile, ou les deux, notre bonne conscience sera en paix et même se félicitera d’être aussi morale. Et si l’on peut ensuite faire porter le soupçon de pédophilie ou de nazisme, cela sera encore mieux. L’important est de pouvoir lyncher en paix.Tous les efforts qu’on a mis à tenter de prouver que Benoît XVI pouvait être les deux. Tous les efforts pour faire croire que ce pape était le diable alors qu’il n’était qu’un exorciste.

    Tel le Christ-Roi, Benoît XVI est aujourd'hui le bouc émissaire idéal du monde. Le nouveau grand méchant loup que notre très nauséeuse époque s'est trouvé. L'enfoiré pontife qui flirte avec le pire (Williamson) et abandonne le mieux (la capote) pour le bien (l'amour  spirituel). Pour autant, on peut retourner le problème et  voir alors en lui l'exorciste dont notre monde insensé, imbécile et irresponsable avait besoin. Enfin, "notre monde"... Le monde occidental, païen, cathare et bling-bling, le monde d'Homo Festivus et de ses bobos-lilis, le monde des Guignols de la désinfo comme celui du Marais,  le monde de Anal Plus comme celui de Golias - cette revue hérétique  soi-disant catholique qui passe son temps à plaider pour l'esprit du monde qui souffle là où on le lui demande plutôt que pour l'Esprit Saint qui souffle là où il veut.  Car ailleurs, et notamment dans le Tiers-Monde, le pape ne passe pas du tout pour un "assassin criminel super salaud sans coeur" mais plutôt  pour un héros qui apporte l'amour et l'espérance.

     

    BENOIT EN AFRIQUE


    pape en Afrique.jpgAu fond, c'est notre souveraineté hédoniste, teintée de racisme sanitaire, qui a refusé de voir que la visite en Afrique de ce saint qu'on appelle Benoît XVI représentait pour les communautés catholiques du Cameroun ou de l'Angola un incomparable moment de joie spirituelle, un immense espoir de fraternité et de compréhension, et par-dessus tout, une prise en compte adéquate de la sensibilité africaine. 

    En vérité, nous offensions les Africains quand nous répétions, plein de bave et de rage mimétiques, que le pape leur apportait la mort et la misère. Outre  le mépris extrême envers ceux qui osent vivre sans nos capotes ni nos pin's, c’est la preuve que nous ne comprenions  rien à la conception de la vie et de la mort telle que les sociétés traditionnelles les ont toujours conçues – à savoir que l’individu est sacrifié à la vie. Pour nous qui, en Occident, sacrifions plutôt la vie à l’individu, c’est assez insoutenable.  Rappeler aux ouailles déshumanisées que nous sommes que l’humanité s’est toujours donnée des valeurs qui allaient bien au-delà de son bien-être et de sa survie, et que l'existence n'avait de sens qu'en fonction de quelque chose qui la dépassait, et parfois la remettait en question, est un crime chez nous.

    A vrai dire, il n’y a guère que “chez nous”, dans notre Meilleur des Mondes immanent et individualiste (et l'individualisme n'est pas forcément un mal en soi), que l’on a renoncé à la transcendance et à la condition humaine. Et puis quelle arrogance que la nôtre de s'en prendre à l'innocence sexuelle, c'est-à-dire à l'instinct vital, qui est souvent la seule chose qui reste aux pays pauvres ! La maîtrise malthusienne de la vie, c’est, comme la boulimie ou la dépression, notre affaire à nous, les riches, les nantis, les petits blancs et les gros du bide. Et cela nous rend méchants, sinon racistes envers ceux qui pensent que la vie est sacrée, même neuf mois. "Ils sont inéduqués, incultes, ils ne savent pas ce qui est bon pour eux, comme la capote ou le coca", raisonnons-nous. Eh toi, homme  noir, toi y en as mettre le préservatif, comme ça, toi y en seras aussi malin qu'homme blanc.

    Le vice fondateur de la pensée immanente, "moderne", et qui à bien des égards reste marxiste, est qu'elle ne pense la vie qu'en fonction de la survie. Le dialecticien matérialiste refuse de toutes ses forces le fait réel, c'est-à-dire métaphysique, que l’homme se pense non selon sa survie mais selon sa vie - et peut-être encore plus selon sa mort. Comme le dit Pascal, être humain, ce n'est pas craindre la mort simplement dans le péril, c'est la craindre hors du péril. Or l'Homo Festivus se fout du silence éternel des espaces infinis comme d'une guigne. Lui ne croit qu’au « concret » sans se rendre compte que le « concret » ne fut toujours que le degré zéro de la réalité. Toute l’histoire du monde montre que l’humanité a toujours été plus sensible au symbolique, au moral et au métaphysique qu’au matérialisme dialectique. Toute l’histoire du monde montre que c’est la condition historique et religieuse qui définit l’homme et non pas sa condition « gastrique ». L'immanent croit que l’homme veut avant tout contenter ses besoins primitifs avant de contenter ses besoins spirituels. « La bouffe d’abord, la morale après ! », hurlait un personnage de Bertolt Brecht. Mais en Inde, on est prêt à mourir de faim plutôt que de tuer une vache. Et en Afrique, l’on laisse de côté tous les sacs de « bouffe » occidentale que l’on ne sait pas cuisiner. C’est que l’homme se définit moins selon son estomac que selon ses papilles. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas la bouffe, c’est la cuisine. Sa cuisine. Ses rituels. Sa  façon de saler et de poivrer. L’homme, c’est là sa grandeur et sa singularité, est prêt à mourir si on le réduit simplement à sa survie – ce que fait l'immanent. L'immanent voit en l’homme un tube digestif. Or, l’homme est d’abord un tube métaphysique et qui se définit comme tel.

    Trêve de métaphysique, revenons à ce qui nous occupe. Quand le pape dit des préservatifs qu'  "ils aggravent le problème” (et même si ce n’est pas exactement la phrase, mais l’on n’en est pas à trois désinformations près), il veut dire en substance qu’en Afrique, le préservatif est plus un facteur de désordre sexuel que de prévention, plus un accroissement de la soumission des femmes par les hommes qu'un progrès de l'égalité des sexes, sans compter que la capote sert souvent à tous les hommes du village et à l'envers comme à l'endroit.

    medium_gandhi.jpgPour autant qu'ils aient été lapidaires et sans explication, il faut quand même rappeler que ces propos du pape sur le préservatif ont été faits dans l'avion qui le menait  au Cameroun et  à des journalistes qui lui posaient les habituelles questions idiotes - et non à une foule en délire pour qui la parole du pape est, paraît-il, d'évangile. Et d’ailleurs, même si elle l’était, où serait le problème ? Le credo du pape sur ces questions reste avant tout la fidélité et l’abstinence.  Sustine et abstine. Cela peut paraître dur, cela n’est en aucun cas irresponsable. Et c'est même sacrément pragmatique dans  des pays où  le quart de la population est contaminé. Certes, abstinence et fidélité ne soigneront  pas les sidéens (qui est l'affaire de la médecine), mais ils seront au moins pour les autres la garantie d'une prévention contre le sida bien plus efficace que  la capote  qui, elle, contient toujours un pourcentage de risque. Que des connards de la rive gauche arguent que  prôner l'abstinence n'est pas humain, sinon "normal", serait risible si la situation en Afrique n'était tragique. D'abord, l'idéal ascétique est l'un des plus vieux idéaux de l'humanité et celui qui nous a donné tous les grands saints et tous les grands penseurs ; ensuite, dans un environnement où le sida fait des ravages, la meilleure chose à faire, au lieu de penser humainement à baiser, serait plutôt de penser humainement à protéger sa vie en ne baisant pas. Mais non ! Pour Dechavanne et tous les sidactionnaires, il semble que l'abstinence soit plus horrifiante que le sida lui-même. La fidélité les offusque plus que la souffrance d'être malade ! En fait, ils pensent que le préservatif protège du sida exactement comme les Américains  du NRA pensent que les armes à feu protègent des méchants. Or le préservatif incite plus à la baise qu'à la préservation. La capote suscite le vagabondage sexuel. La capote, c'est pour aller voir les putes, ou pire, pour obliger les femmes et leurs filles à devenir telles. Mets ta capote et tais-toi.

    Les Africains, les cons, préfèrent écouter le pape plutôt que Dechavanne.


     

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    Comme le disent deux africaines interviewées dans La Croix,

    « Évidemment, le pape a raison de critiquer le préservatif, explique Irène Monique Ekoutr, dans la vie : civile animatrice de développement communautaire. « Le préservatif, c’est le grand prétexte que les hommes ont trouvé pour encourager la prostitution : ici, on prostitue les filles, dès douze ans ». Berthe Elisa Mitsake, à ses côtés, appuie du chef : « Le préservatif est entré dans la tête du mâle africain, et il en profite pour nous transformer en esclaves ». Pour autant, ces deux solides mères de famille ne sont pas « contre » le préservatif, par principe : « Quand on est marié, il y a des avantages, cela permet d’éviter les grossesses non désirées, et les maladies », confirme encore Irène Ekoutr : « Il faut que chacun discute, voie les aspects négatifs et positifs. Mais l’inconvénient majeur, répète-t-elle, quand on en distribue comme ça, c’est que cela encourage la prostitution ».

    De toutes façons, et comme le déclare dans le même article le père Serge Julien, de Bafoussan, l’un des responsables camerounais de cette venue historique,

    « le pape n’est pas venu nous voir pour résoudre le problème du sida, encore moins du préservatif : comme d’habitude, vous, Occidentaux, ne tenez pas compte de notre sensibilité ! »

    - phrase très significative et qui rappelle l’admirable sentence de Claudel :

    « Le Christ n’est pas venir abolir la souffrance, mais l’emplir de sa présence ».

    Oui, le pape n'est pas venu apporter des médicaments, mais bénir les blessés de la vie, sanctifier leurs plaies. Devant un geste si beau, seuls les ploucs anti-métaphysiques rigolent. La force du symbolique, c'est bien ce que notre monde sans forces a évacué. Je le sais, moi qui suis si faible, si moderne, si dépressif, et qui essaye au moins, et en partie grâce au pape, de ne pas être trop à côté de la plaque, de garder un reste de bon sens. Dans ce déchaînement de haine contre Benoît XVI (et qui révèlent les faces de bouc de  la société festive), je vois surtout la haine du monde pour la charité, la compassion, l'espérance, la liberté, et peut-être même le sexe. Tous ces gens qui dénoncent le "matérialisme" de notre société sans voir que ce morceau de latex est bien le triomphe de la matière sur l'âme... et sur le corps. Préservez-nous du contact, sainte capote, préservez-nous de la chair, de la pensée de la chair, préservez-nous de l'amour surtout.  L'amour encore plus compliqué que l'Orient. L'amour beaucoup trop monstre pour nous. En Occident, dès que l'on entend le mot "amour", on sort nos capotes ! "Les kapos de la capote", c'était mon premier titre - je le laisse à qui le veut. Et leur injonction à mettre le ruban rouge du Sidaction à toutes les émissions, y compris au Jour du Seigneur et à Présences protestantes, bande de sous-crétins fluorescents. C'est plutôt le sigle de l'année saint Paul qu'il aurait fallu mettre. Mais saint Paul, ce n'est pas pour eux ! Tout ce qui a fait le génie du christianisme n'est plus pour eux ! Tous protégés dans un monde super fun sans négatif ni transcendance, ni risque ni rien ! Ou plutôt que du rien marrant. Positive attitude. Néant cool. Sida mental.

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    Avec tout ça, on en a oublié ce que Benoît XVI était vraiment venu dire en Afrique. Et avant tout,  parler de cette identité africaine menacée par le village-monde. Comme d'habitude, les discours furent remarquables de clarté et de cohérence - et contre ceux qui diront que parler d "identité africaine" est un déni raciste de tous les pays qui composent l'Afrique, on répondra que l'idée d'une "identité africaine"  est  aussi forte que l'idée d'une "identité européenne", et comme lui en parla si bien dans son sublime discours au Collège des Bernardins l'automne dernier.

    Enfin, l'amour conjugal et familial célébré à travers la personne de Joseph. Qui a lu cette magnifique homélie faite au stade de Yaoundé ? Cette ode à Joseph (qui est aussi le prénom du pape et auquel il a fait personnellement allusion) comme ode à la paternité et  à l'abnégation et dont voici l'extrait le plus significatif :

    "L’Évangile vient de nous le rappeler. L’Ange lui avait dit : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20) et c’est exactement ce qu’il a fait : « Il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Pourquoi saint Matthieu a-t-il tenu à noter cette fidélité aux paroles reçues du messager de Dieu, sinon pour nous inviter à imiter cette fidélité pleine d’amour ?

    La première lecture que nous venons d’entendre ne parle pas explicitement de saint Joseph, mais elle nous apprend beaucoup de choses sur lui. Le prophète Nathan va dire à David, sur l'ordre de Dieu lui-même : « Je te donnerai un successeur dans ta descendance » (2 S 7, 12). David doit accepter de mourir sans voir la réalisation de cette promesse, qui s’accomplira « quand [sa] vie sera achevée » et qu’il reposera « auprès de [ses] pères ». Ainsi, nous voyons qu’un des vœux les plus chers de l’homme, celui d'être le témoin de la fécondité de son action, n’est pas toujours exaucé par Dieu. Je pense à ceux parmi vous qui sont pères et mères de famille : ils ont très légitimement le désir de donner le meilleur d’eux-mêmes à leurs enfants et ils veulent les voir parvenir à une véritable réussite. Pourtant, il ne faut pas se tromper sur cette réussite : ce que Dieu demande à David, c’est de Lui faire confiance. David ne verra pas lui-même son successeur, celui qui aura un trône « stable pour toujours » (2 S 7, 16), car ce successeur annoncé sous le voile de la prophétie, c’est Jésus.  David fait confiance à Dieu. De même, Joseph fait confiance à Dieu, quand il écoute son messager, son Ange, lui dire : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20). Joseph est, dans l’histoire, l’homme qui a donné à Dieu la plus grande preuve de confiance, même devant une annonce aussi stupéfiante.

    Chers frères et sœurs, je vous le dis à nouveau de tout cœur : comme Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, c’est-à-dire ne craignez pas d’aimer l’Église (...)"

    On voit à quel niveau se situe le débat hors capote. Joseph, c'est l'homme humble qui accepte de recevoir Marie et d'être le père humain de leur enfant. C'est celui qui n'a pas besoin d'être le géniteur pour être le père, qui adopte le fils de sa femme, qui aime  au-delà des liens  biologiques, et qui en ce sens est peut-être la figure de la paternité la plus pure, la plus absolue. C'est enfin la créature qui s'en remet absolument à  son créateur - et non pas tant par obéissance aveugle (comme Abraham avec Isaac)  que par confiance. Et dans la confiance, il y a toujours de la béatitude. Dans notre monde où l'on nous incite à la révolte permanente, tout en nous surveillant comme aucune société ne l'a faite, l'appel à l'abnégation est le péché moderne par excellence. Alors que l'abnégation, cela peut aussi signifier le bonheur.

    Cher Benoît qui nous exorcisez de nos démons, pape punk qui mettez les pieds dans le plat de nos moeurs saloïennes, qui faites en sorte que nous nous nourrissions d'autre chose que de notre merde habituelle, vicaire du Christ qui provoquez, comme le dit Alina Reyes sur son  site, un beau remue-ménage en ce monde, exhortant les gens à repenser leur catholicisme, ventilateur de l'Esprit Saint, vous êtes étonnamment au coeur du dispositif mortifère qui constitue notre matrice et celui qui peut l'enrayer. Vous êtes le clinamen du monde moderne,  Saint Père, et rien que pour ça (mais aussi pour tout le reste), je baise votre anneau.

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    PS : à propos de la petite "Carmen", cette fillette brésilienne violée et mise enceinte par son beau-père, et dont la mère et les médecins qui pratiquèrent l'avortement furent excommuniés par un archevêque fou, il faut préciser, outre que cette histoire soulève le coeur, que le Vatican désavoua tout de suite cette excommunication et précisa même, par la voix du président de l’autorité pontificale, Mgr Rino Fisichella, que si l’avortement était  toujours prohibé par le droit canon, il pouvait être envisagé en cas de danger de mort pour la femme enceinte, ce qui était le cas pour la fillette - bref, il pouvait alors apparaître non plus comme un crime mais comme "un acte de miséricorde qui, tout en maintenant fermement le principe, est capable de regarder au delà de la sphère juridique",  ajoutant en outre que dans cette affaire, "ce sont d’autres personnes qui méritaient l’excommunication” - l’archevêque de choc en l’occurrence. Alors, on pourra toujours discuter de l’avortement, on pourra continuer à être en désaccord avec l'Eglise sur ce point, mais l’on ne pourra dire que celle-ci a condamné l’enfant et ceux qui l’ont aidé. Et encore moins douter, contrairement à une mauvaise écoute d'un mot du pape, qu'elle est contre l'avortement thérapeutique.

    Quant à moi, je reste sur ma position. Ce n'est pas parce que l'avortement  est légal qu'il n'est pas un péché (car il l'est assurément), mais inversement, ce n'est pas parce que l'avortement est un péché qu'il faut le criminaliser. Le véritable don de Dieu étant moins la vie que la liberté, et Dieu lui-même étant plus amour que vie, c'est à chacun, femme et homme d'ailleurs, d'agir selon sa conscience, et donc, d'en avoir la possibilité. Et c'est ainsi que la loi Veil participe à la casuistique.


     

     

     

     

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