A Mawitournelle
Richard Johnson (Cymbeline), direction Elijah Moshinsky, BBC 1983
Tout va mal en ce premier siècle chrétien. Au royaume de Bretagne où règne Cymbeline, roi chagrin et saturnien, « on ne rencontre personne qui ne fronce les sourcils ». Dans cette pièce-monde, et qui comme Périclès, tient plus du roman que du théâtre, les soucis sont conjugaux, filiaux, politiques, géostratégiques – et l’enjeu moins psychologique que métaphysique. Au sommet de son art, Shakespeare préfère privilégier le cosmos plutôt que la psyché – et par l’archaïsme relationnel nous raconter le désordre, puis la miséricorde, du monde. Passer par le mythe pour arriver au salut. Pulvériser les vraisemblances au nom de la vérité. Substituer à la tragédie l'eschatologie. S’il y a une pièce qui fait la synthèse entre paganisme et christianisme, c’est bien celle-ci.