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Pierre Cormary - Page 345

  • Pour saluer Jean-François Mattéi I - L'ordre du monde

     

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    POUR SALUER JEAN-FRANCOIS MATTEI

    (9 mars 1941, Oran - 24 mars 2014, Marseille),

    ce grand métaphysicien qui fut mon professeur à Nice,

    et sur lequel j'avais commis ce texte le 21 mai 2005 lors de l'ouverture de mon blog.

     

     

    "L'ordre est le premier besoin de l'âme"

    Simone Weil.

     

    jean-françois mattéi,l'ordre du monde,philosophie,platon,orthodoxieCe qu'il y a parfois d'amusant et de consternant avec ceux qui s'intéressent à la philosophie, c'est qu'ils croient rendre hommage à celle-ci en disant qu'elle n'est rien d'autre que de la poésie.

    Il y a quelques semaines, alors que sur un autre forum, j'expliquais à mon ami Scythe que c'était se tromper du tout au tout sur Nietzsche que de le considérer seulement comme un poète, voici qu'une des plus nobles (é)lectric(i)e(nne)s de la toile se crut bon de (me ?) rétorquer sur son orgasmatique blog que lorsqu'un philosophe est poète, eh bien cela suffit, car le philosophe n'est grand que lorsqu'il outrepasse la philosophie et que c'est avoir un petit anus comme le mien que d'en douter, et que voilà zut crotte et mince, le poète n'est rien d'autre que celui qui outrepasse aussi la poésie et le philosophe qui poétise la philopoésie de la poésophie de la femme qui erre dans son corps et dans son âme dans la nuit du jour de l'homme et de la mort et du cri de la jouissance extatique de la forêt profonde qui monte vers le ciel en un spasme et elle avait toujours aimé ce genre d'hôtel et que c'est par le regard que passent les yeux et que cet homme l'attendait elle et pas une autre elle et que son désir tendu autour de son flux de fantasmes où la pisse des ombres qui se rejoignent avec la caca des effluves dans une étreinte lumineuse en un spasme dans ce bel hôtel où elle allait vivre ces jouissances de femmes que seules les femmes connaissent entre femmes car la femme n'est que l'homme de la féminité et le phallus, cet autre vagin, n'est que la fente verticale qui se distort en un spasme, car l'amour vrai n'est qu'une bouche ouverte de la nature en un spasme et que Dieu qui est une femme nous donne son foutre vespéral dans nos sexes éclairés en un spasme et que l'amour n'est qu'une femme en un spasme et de l'homme qui l'attend lui aussi dans le bel hôtel de la lumière de foutre de chier de cul de merde de poétique philosophale en un spasme. [Neuf ans après, je ne me souviens plus du tout qui était cette madame Spasme (note de mars 2014.)]

    Las ! Non contente de ne pas être de la poésie, et même si elle peut fortement flirter avec elle, la philosophie se définit en premier et dernier lieu comme ce qui rend raison de chaque chose. La philosophie n'est ni sagesse, ni esprit critique, ni art de vivre, ni consolation à mourir, ni morale supérieure, ou plutôt elle est tout ceci mais de manière secondaire (car toutes les autres matières, sport compris, sont autant de sagesses et de morales), elle est avant tout principe de raison - et elle est la seule à l'être. Contrairement à ce que croient les rebelles, les puceaux et les imbéciles, on ne fait pas de philosophie pour se libérer des principes premiers de l'existence, ces fameux ARCHE (prononcé "arqué") qui marquent "ce qui commence" et "ce qui commande", on fait de la philosophie pour les trouver, pour les imposer, car c'est par eux que l'on fondera la cité et que les gens seront moins cons. La philosophie, même celle de Nietzsche, est ce qui permet de poser l'ordre du monde.

    Est-ce déprimant ? Pas du tout, c'est formidable ! Jouir, ce n'est pas sentir, jouir, c'est comprendre. Alors comprenons. Partouzons dans le concept.

    L'ordre du monde, selon le beau livre éponyme de Jean-François Mattéi, le plus grand métaphysicien français et que j'ai eu la chance de croiser en licence à Nice, c'est le souci philosophique par excellence, qui va de Platon à Heidegger en passant par Nietzsche et Hannah Arendt, et qui n'a rien à voir avec "le meurtre intentionnel" que voulait absolument voir en lui Roland Barthes.

    Sauf que c'est lui et sa bande qui ont fini par l'emporter : contre la verticalité de l'être et les racines du ciel si chères à Platon, les modernes (tous frenchies, Deleuze, Derrida, Blanchot) ont imposé, grâce à l'époque qui ne demandait que ça, soyons honnêtes, une neutralité de l'être. En se débarrassant des arrières-mondes, ils se sont débarrassés du monde. En brouillant le ciel, la terre s'est obscurcie. Meurtre du père. Viol de la mère. Règne de l'enfant-roi. A la fois capricieux au dernier degré et culpabilisé comme aucun de ses père et mère ne l'ont été. Ne comprenant plus rien au monde sauf le pire. Hitler. Le voyant partout sauf là où il est : dans l'athéisme conséquent, le paganisme à la mode, l'instinct triomphant (et auquel toutes les pubs nous disent de se laisser aller : "écoutez-vous", "lâchez-vous", "suivez vos pulsions"), le clonage, le rationnel exclusif - persuadé qu'il est que la source du mal est toujours irrationnelle, alors que tous les totalitarismes du siècle passé ont prouvé le contraire : le mal suprême est organisé, administré, industrialisé, calculé, rationalisé. Et en revanche, incapable d'admirer la beauté du monde.

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    Tel s'impose l'homme moderne, sartrien et marcusien sans le savoir, ne comprenant plus, selon le beau mot de Malraux dans Les chênes qu'on abat que "le frémissement d'une branche sur le ciel est plus important que Hitler." René Char disait aussi ce genre de choses : ce que l'on est en droit de reprocher à Hitler, c'est de nous avoir forcé à réduire notre champ de conscience, à ne plus voir que notre bien contre son mal, à nous avoir abusivement simplifié la vie. A cause du nazisme, il a fallu se faire manichéen, primaire, défensif, efficace - anti-poétique au possible. Le comble, c'est qu'après la Libération, nombre d'intellectuels et de quidams (car les connards sont autant de la Sorbonne que de la rue) se garderont bien de renouer avec la complexité de l'existence, se féliciteront même de la dualité for ever des deux camps, et se persuaderont qu'ils sont toujours en résistance, et que quiconque n'est pas d'accord avec eux est un dangereux facho. Le nazisme aura nazifié leurs vertu et nous aura donné Sartre. L'anticommuniste sera un chien, le poète un félon et la branche qui frémit dans le vent une bourgeoise.

    Mais reprenons. Chêne à abattre. Etre à neutraliser. Monde à brouiller. Le credo tempestif.

    Donc, neutraliser l'être - et non le nier franchement, car la négation rendrait compte "négativement" de sa présence et de sa puissance. Non, ce qu'il faut faire, c'est déjà ne pas dire non, ne pas dire oui, et s'arranger pour effacer l'être et en même temps effacer son effacement.

    "Car le neutre ne nie pas ce qui est, en un simple refus qui exclut une présence au profit d'une autre présence, ce qui revient au même, entendons à l'identité ; il redouble la négation et nie... nie..., c'est-à-dire dénie la pure possibilité d'une présence (...) Le neutre brouille les cartes maîtresses de jeu du monde à l'aide d'une "opération non opérante", une opération blanche si l'on veut, (...) qui se creuse sans celle elle-même pour évacuer les derniers résidus d'identité et d'unité. (...) Dès lors, en un curieux effet de brouillage, le neutre n'est, ni plus ni moins, ni ceci ni cela, ni oui ni non, ni peut-être ni sans doute, ni chèvre ni choux, ni chair ni poisson." (p 120-121)

    Raturer l'être mais sans en avoir l'air. Et ce faisant, le faire subrepticement passer du lieu à l'errance. Le glisser dans un infini-ni où il "sera" sans être. Bref, commencer à annuler l'initialité onto-théologique du principe de raison, et par conséquent, comme le dit Mattéi lui-même, mettre un terme au "destin singulier de toute pensée occidentale, laquelle de Platon à Heidegger, situe dans la Parole du Même le lieu naturel de l'être et le recueil de la vérité." (p 122). C'est le fameux "effet sophistique".

    Telle que Platon l'avait composée, la symphonie de l'être se déployait selon cinq mouvements : le mouvement, le repos, le même, l'autre, l'être. Ces cinq instances étaient dans Le sophiste (le dialogue le plus important de Platon et, je crois, de toute la pensée occidentale) incarnées par cinq personnages : Théétète (mouvement), Théodore (repos), Socrate l'homonyme (même), l'Etranger (autre), Socrate (être), on pourrait dire quatre physiciens et un métaphysicien. Pourquoi ce dernier ? parce que si les quatre premiers correspondent aux quatre réalités physiques de la vie, encore faut-il leur donner la présence et le statut qui permettra de les penser, et c'est ce dernier, ce cinquième, qui donne de l'être aux quatre genres. Au mouvement, il ajoute un être du mouvement, au repos, un être du repos, au même, un être du même, à l'autre, un être de l'autre. Il est ce qui permet aux choses d'être ce qu'elles sont, d'apparaître comme ce qu'elles sont, mais sans se mélanger à elles. Il est ce qui identifie sans être "même" et ce qui distingue sans être "autre". Platon a d'ailleurs du mal à le définir précisément puisque c'est lui qui donne toutes les définitions. Aussi parlera-t-il dans son dialogue de "tiers à eux surajouté" (250b8), ou de "quelque chose d'autre qu'eux" (250c4) ou encore d' "extérieur à leur alternative" (250d3). L'être est donc cet indiscernable par lequel s'organisent les formes et se constitue la communauté des existants. L'être est puissance de communauté.

    On comprend alors pourquoi il se révèle toujours comme un tiers ou un cinquième, dans les deux cas, un IMPAIR. Apparemment séduisante pour la pensée, la parité n'en est pas moins ce qui menace toujours de faire tomber dans la mise en abîme - souvent stimulante sur le plan artistique, toujours consternante sur le plan philosophique. Le miroir a beau être une fête pour l'oeil, il est la ruine de l'âme. En vérité, le pair n'est jamais rien d'autre qu'un redoublement du même, un reflet multipliable à l'infini mais qui n'est jamais qu'une répétition stérile, un clonage, un Monsieur Smith.

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    Au contraire, c'est dans l'imparité que se situe le singulier, le différent et d'une certaine manière la beauté - tout le monde sait que la moitié droite du visage n'est pas exactement la même que la gauche, et que c'est dans cette dissymétrie que réside le charme d'un être. De "même", la vie n'est pas une affaire entre deux "même" ni entre deux "autres", mais bien quelque chose qui se passe entre un "même" et un "autre". C'est là le jeu sexuel - hétérosexuel de l'être.

    L'impair, c'est donc ce qui empêche l'être de se confondre avec sa copie. Mais pour cela, il faut qu'il ait en lui une parcelle de non-être, une sorte de sérum de néant qui lui apprendra à reconnaître le néant et à lui résister quand il le rencontrera. Et c'est pourquoi, contre Parménide pour qui l'être était simplement ce qui est et le non-être simplement ce qui n'est pas, Platon a dû mettre du non-être dans l'être, de manière à ce que celui-ci repère celui-là sans se confondre avec lui. L'impair est ce qui permet de sortir du monisme parménidien et de distinguer enfin ce qui est de ce qui n'est pas. L'univers devient alors visible, le monde peut se mettre en ordre. Tout cela n'est pas simple - et je remercie les courageux qui viennent de lire jusqu'à là.

    Précisons avec Mattéi que cet avènement de l'être s'effectue toujours comme une irruption subite, une instantanéité génératrice, on allait dire une éjaculation. Dans l'ensemble des oeuvres de Platon, Mattéi ne découvre d'ailleurs pas moins de vingt-huit occurrences de ce genre que le philosophe utilise dont, entre autres : "Soudain, d'un seul coup" (République, VIII, 553a11), "sur le champ au premier abord" (Cratyle, 396a1), "impulsion immédiate" (Lois, IX, 866e1), "mouvement soudain et forcé, rupture, arrachement" (République, VII, 515c7), "irruption, interruption" (Banquet, 212c6 et 223b2), "révélation" (Banquet, 210e4), "vision directe, regard qui met l'âme à nu" (Gorgias, 523e4), "l'instantané" (Parménide, 156c3), etc...

    Bref, l'être est ce jaillissement par lequel l'homme revient à lui, sort de la caverne, accède à la connaissance, se découvre une âme et commence sa conversion à l'ontologie.

    Fulgurance de la pensée, éclair de l'âme, origine de la dialectique, l'être n'en demeure pas moins "neutre" en lui-"même". Mais c'est un neutre qui n'est pas un neutralisant - et l'on commence à comprendre le glissement de sens que vont lui faire subir les modernes. Faire de l'être neutre non plus ce qui donne du sens et de la présence aux existants mais ce qui neutralise, embrouille, dissout, indifférencie. Comble d'infortune, le neutre est légion chez les sophistes français : on l'appelle dehors, désastre, inconnu, obscur, anonyme, surplus, inidentifiable, exode, désœuvrement chez Maurice Blanchot, mais aussi pharmakon, supplément, hymen, gramme, entame, espacement, différance, dissémination chez Jacques Derrida, et encore devenir flou, effet de surface, simulacre, prolifération indéfinie, occupant sans place, synthèse disjonctive, rhizome, plateau, déterritorialisation chez Gilles Deleuze.

    Les modernes ou la revanche des Sith. Le langage signifie ce que l'on veut qu'il signifie, la beauté n'est plus reconnue comme telle mais comme l'affaire de chacun, le monde a cédé la place à l'univers - le plein a cédé la place au vide.

    "L'homme moderne, écrit Mattéi page 161, n'a pas seulement exilé la beauté et oublié le visage d'Hélène, il a renié la terre et déserté le monde ; à l'image du dernier homme de Nietzsche, il est proprement im-monde dans son désir d'universalité vide qui oscille du "changer la vie" de Rimbaud au "changer le monde" de Marx."

    Tristesse de l'immonde : la mortalité ne convient plus au mortel. L'être devient ce qui entrave l'existence. Même s'il n'en peut mais, il faut pour l'homme se révolter contre sa propre condition. Tuer Dieu le père et violer la terre-mère. L'homme moderne n'est pas même un matérialiste enchanté qui trouve refuge dans la nature nourricière. Le Christ n'a pas ressuscité, et le grand Pan est mort pour de bon. "Libéré" de son assise onto-théologique, il ne peut plus que se replier sur sa seule fonction sociale - le travail - qui n'est rien d'autre que sa structure biologique - l'instinct de survie. Au fond, Marx a gagné. La seule vie dont on a cru qu'elle était celle qui allait nous libérer du ciel et de la terre et que l'on est obligé maintenant d'accepter est la vie marxiste, la vie transindividuelle, collective, la vie de l'insecte qui ne reconnaît même plus la fleur tant il vit au ras des pâquerettes. "Nous ne sommes plus capables de comprendre, c'est-à-dire de penser et d'exprimer les choses que nous sommes cependant capables de faire." écrit Hannah Arendt dans La condition de l'homme moderne.

    medium_homer_travaille.jpgVie marxiste mais non communiste, car en même temps cet insecte vit tout seul, dans son individualisme cyrénaïque, persuadé de l'innocence de ses instincts et du bien fondé de l'absence de fondement à sa vie. Fourmi à l'est, cloporte à l'ouest. Paradoxe de la modernité : nous avoir réduit au travail et faire tout pour nous libérer du travail. Arendt encore : "Nous avons devant nous la perspective d'une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire."

    L'avenir de l'homme moderne se situe alors dans ce qu'elle appelle une "double retraite" ou "double fuite" : la première en direction de l'objet qui pousse l'homme à fuir la terre pour l'univers, la seconde en direction du sujet qui pousse l'homme à fuir le monde pour le moi. Et Mattéi d'expliquer :

    "Le cadre du monde se disloque : la Terre-Mère est reniée au profit d'un univers étranger qui se construit sans l'homme, dans le réseau anonyme de l'écriture scientifique ; le Monde-Père est sacrifié sur l'autel d'un moi tout aussi étranger à l'homme, puisqu'il se ramène à un nœud inconscient de désirs (...) L'homme moderne n'existe plus à la mesure du monde ; il vit à la démesure de l'univers." (page 165)

    Il est bien cet "être" déraciné qui a l'impression d'être heureux et donc l'est d'une certaine façon, qui ne veut surtout plus se prendre la tête dans le ciel et les pieds dans la terre, qui renonce sans complexe à la vita contemplativa qui fut des siècles le sommet de l'idéal humain, et qui enfin se laisse gaiement aller à sa longue dissolution. "Il seront heureux et ne sauront rien de leur déchéance." disait déjà Witkiewicz dans L'adieu à l'automne.

    Comment nous en sortirons-nous ? Le philosophe qui s'est le plus compromis dans l'histoire et dans l'immonde sera-t-il celui qui nous fera retrouver le sens de l'histoire et l'ordre du monde ? La renaissance de l'Europe sera-t-elle heideggerienne ?

    Ce qui est certain, c'est que l'auteur d' Etre et temps est le seul qui ait tenté de réhabiliter la pentade antique - l'être au centre du carré que tracent les deux couples Ciel/Terre et Divins/Mortels. En ce sens, on pourra dire d'Heidegger qu'il est notre Platon. Mais un Platon qui se serait débarrassé de la dialectique - la dialectique dont le mot d'ordre n'aura jamais été que "meurs et deviens" et qui aura passé le "temps" à l'empoisonner. Au contraire, aux yeux du "druide nazi" comme l'appelait Deleuze, il s'agit de refonder l'être à travers le seul mythe, d'atteindre par la seule pensée la naissance originelle des choses.

    "La pensée ne commencera que lorsque nous aurons appris que cette chose tant magnifiée depuis des siècles, la raison, est la contradiction la plus acharnée de la pensée." écrit-il dans les Chemins qui ne mènent nulle part.

    Renouer avec le matinal - tel serait notre salut.

    L'Etre est donc bien sans raison (Ab-grund), ou si l'on préfère, sans raison d'être, son abîme n'est pas le néant où les choses se perdent, mais le lieu où elles viennent au monde.

    "L'Anneau de l'Etre, conclut Mattéi page 202, enlace Terre et Ciel, Divins et Mortels, en un singulier quadrille autour du point d'émanation, la croisée, que Heidegger nomme "le Sacré" (das Heilige), "le Milieu" (die Mitte), ou "le Destin" (das Geschick), qui donne à l'histoire de l'être son coup d'envoi. Il obéit donc au Cinq, ce nombre périodique qui, pour les pythagoriciens et Platon, était le nombre du Tout, c'est-à-dire le chiffre du monde."

    En ce sens, oui, la dame aux spasmes avait peut-être raison, la philosophie de Heidegger est celle, et peut-être la seule, qui outrepasse la philosophie puisqu'elle nous incite à passer de la raison à la pensée, du logos au muthos, de la métaphysique à une certaine forme de sacré. Homme du crépuscule et de l'éclaircie, le soupçonnable Souabe nous invite à la sérénité qui consiste, comme il le dit dans L'expérience de la pensée à "marcher vers une étoile, rien d'autre."



    L'ordre du monde, Jean-François Mattéi, PUF 1989.

     

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    Un article de Jean-François Mattéi sur l'aberrant mariage gay - et qui n'est rien d'autre qu'un premier aboutissement de cette neutralisation de l'être.

    Une belle conférence de Jean-François Mattéi sur l'innocence du devenir donnée en septembre 2010.

    Un bouleversant discours de Jean-François Mattéi fait le 5 juillet 2012 à Perpignan, merveilleux hommage rendu aux victimes des massacres du 5 juillet 1962 à Oran et plus généralement à toutes les victimes Pieds-Noirs et Harkis de la guerre d'Algérie. 

    Car JFM était aussi un grand Pied Noir.

    Lien permanent Catégories : In memoriam Jean-François Mattéi (1941 - 2014) Pin it! Imprimer