Cocktail "Alchimiste" à L'Alchimiste (photos de moi pendant mon séjour malouin du 03 au 10 janvier 2023).
Les livres qui vous sont tombés des mains et qui ont été des années plus tard une révélation.
Mémoires d'outre-tombe en 2013, Nadja en 2023 – tous les deux redécouverts à Saint-Malo, ville qui ressource, réinitialise, réaccouche comme Aurora Cornu (grâce à laquelle, d’ailleurs, je l’ai découvert il y aura dix ans en novembre prochain). En attendant, séjour historique en ce début de mois de janvier, premier de ma nouvelle vie de sleevé publié lors duquel je retrouve amis et contacts (Thierry et Réjane, Sandrine, Faustine, Elfic, Paul Edel) sans oublier la voiture musicale jaune de T. et A. qui exaspère certains malouins et en égaye d'autres, ni Sarah « Lune noire » et Ben « Bruit et fureur » à l’Alchimiste et selon cette loi des rencontres inopinées tant prisée par Breton. Rencontre, rencontres, rencontres… Même si on sait qu'on ne se reverra pas, qu'on ne s'écrira pas, on est heureux de le croire.
Mercredi 10 janvier 2023, Alchimiste
Pourquoi Breton ? Parce que Bataille dont il est le miroir (et que j'avais repris juste avant et sur lequel je reviendrai) – un peu comme Lewis Carroll était celui d'Antonin Artaud. D'un côté, le jeu, le rêve, la mise en abyme, de l'autre l'abîme véritable, l’asile, les électro-chocs. Pas étonnant qu’Artaud ait fini par mépriser Carroll comme Bataille l’avait fait avec Breton (encore que Bataille ait pu aussi paraître comme un benêt aux yeux d’Artaud – Acéphale, c'était du bluff). Pour les premiers, les seconds étaient des fantoches, des imposteurs, des joueurs – des Sollers ?
Cependant, quel charme ! quelle aurore ! quelle espérance ! Je comprends que Nadja soit devenue culte, clef, cloud comme on dirait dire aujourd'hui.
L'autre raison de mon retour à Breton, inavouable (donc littéraire), est qu'il paraît, d'après l'avis de plusieurs personnes qui comptent (Ludovic, Jacques-Pierre), que ma propre Aurora Cornu a une dimension surréaliste. Je n'y aurais pas pensé mais puisqu'on me le dit. La réalité délirée. La rencontre improbable. Les collages de textes. Le vrai qui fait faux. Le faux qui est vrai. Les illustrations à la fin, photos de photos, imago, masques de vie et de mémoire. Il m'en faut moins pour me convertir à un mouvement que comme tout le monde je connaissais de loin, le jugeant vieillot, alambiqué, ayant donné des oeuvres pas toujours au point ou trop évidentes quand elles n'étaient pas lourdingues (Magritte.)
Mais puisqu'il paraît qu'Aurora a quelque chose de surréaliste, alors vive le surréalisme, Breton, Desnos et les autres !
Déjà, j'aime bien la préface de Nadja, « l'avant-dire » pour « mieux dire », comme il dit.
« Feuille de charmille de Lequier, à toi, toujours ! »
L'impératif un peu casse-gueule, et pour le coup bien surfait, de « l'impératif anti-littéraire » (merde ! Edouard Louis !) alors que Nadja pue la littérature.
L'idée très hérétique, anti-chrétienne, anti-judaïque, anti-platonicienne, de l'image qui remplace le verbe, de la photo qui élimine la description.
Enfin, la guerre que toute sa vie, l'on mène entre objectivité et subjectivité. Ça, c'est pour moi, bordel !
Donc, voilà, Nadja en une douzaine de posts. Parfait pour ma rentrée blogueuse (et qui n’est pas sans écho au challenge d'Etienne Ruhaud de se faire un classique qu'on ne connaissait pas par mois. Etienne, spécialiste du surréalisme, lui, et qui vient de recevoir le prix SARANE ALEXANDRIAN 2022 à la Société des Gens de Lettres, Hôtel de Massa, bravo Etienne !)