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sade - Page 8

  • Que nous dit le Salò de Pasolini aujourd'hui ? par Jean-Kevin Baptiste.

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    Rédacteur dans de nombreux journaux parisiens et grand habitué des bals de la capitale, Jean-Kevin Baptiste, 28 ans, titulaire d'une maîtrise de sociologie  sur Judith Butler, intitulée "Homogynéphilie et  parentalitude", militant d'"Agis Debout" (act up), nous livre ici ses impressions de djeun et de citoyen devant un classique de la subversion.

    Je le dis tout de suite et au risque de faire grincer des dents : en 2007, il ne s'agit pas tant d'être classique et subversif que d'être moderne et progressiste. Le seul, c'est l'avenir. La vérité, c'est demain. Le bien, c'est l'antiracisme. Le mal, c'est le passé - en tous cas, une grande partie. L'histoire nous montre en effet que plus l'on avance dans le progrès, plus l'on se rend compte du mal qu'ont pu faire nos parents et arrières grands-parents (la colonisation, l'esclavage, les guerres de religions, la littérature du XIX ème siècle et ce salaud illisible de Céline). N'étant pas du genre à me pâmer devant les vieilleries, ne comptez pas sur moi pour encenser un film même s'il "dénonce" le fascisme. D'autant que le fascisme dans ce "film"... Mais n'allons pas trop vite. De toutes façons, les productions du passé ont tendance à me faire au mieux rire, au pire gerber. Moi, je suis dans la vie, et pas chez pépé.

    Alors, qu'est-ce que c'est encore que ce truc qu'on nous présente comme le film posthume et soit-disant "culte" de Pier-Paolo Pasolini ? « Le film le plus dérangeant » clame Nova, « un brûlot qui vingt cinq ans après, nous parle toujours, une bombe ! » surenchérit Marianne, « La cruauté humaine poussée à son paroxysme » analyse Le Figaro. Je ne sais pas vous, mais moi, l'opinion majoritaire, je n'aime pas trop ça. Et ces intellos, dès qu'ils évoquent  Salò, n'en peuvent plus de superlatifs grandiloquents, d'adjectifs prometteurs ou menaçants qui doivent les faire jouir ! On tient là le truc ultimate pour eux ! entre "achtung les yeux" et "vous allez voir ce que vous allez voir !" Et bien j'ai vu, nous avons vu même avec toute ma tribu, et franchement, on a un peu honte pour vous, les "pasoliniens".

    Alors oui, pour ce qui est d'être inoubliable, il est inoubliable votre navet subversif, et comme le dit ce nazi de Gaspard Noé dans les bonus du DVD, c'est sûr qu'on n'a pas besoin de le voir deux fois pour comprendre ! Un film aussi laid, aussi stupide, aussi scandaleusement gerbant, puritain, homophobe, raciste quant à l'humanité, oui, pas la peine de se branler dix fois sur lui pour en saisir le message ! Impossible pour autant de comprendre pourquoi tout le monde célèbre cet étron cinématographique (c'est le cas de le dire vu ce qu'on y bouffe) et quant à son aspect « dérangeant », « scandaleux », « terrifiant », je voudrais bien que l'on m'explique.

    Que nous dit en effet le Salo de Pasolini ? Que le fascisme était abominable ? Bien sûr. Mais si ce n’était que ça, le film ne mériterait pas sa réputation. Encore que le fascisme… Comment nous apparaît-il dans Salo ? « Nous autres fascistes sommes les seuls véritables anarchistes » déclare l’un des quatre libertins. Tiens donc ? Le fascisme serait de l'anarchie ? Ca, c'est le raisonnement typique réac des ganaches de droite. La preuve, moi je suis un anti-fasciste notoire et même si je respecte la loi, j'ai eu ma période anarchique. Normal, la vraie jeunesse est toujours anarchique et la vieillesse toujours fascisante, voilà la vérité. Il ne faut pas tout mélanger. Mais voyons la suite. Que penser de ce règlement des quatre libertins qui prévoit que  « les plus petits actes religieux seront punis par la mort» ? Bon sang mais c'est bien sûr, le fascisme, pour ce monsieur Pasolini, c'est l’anarchisme plus l’athéisme ! En voilà une idée qu'elle est bonne ! Sérieusement, moi, rien que là, j'avais envie d'arrêter. Car il n'y a que les ennemis de la liberté de penser, de la fraternité entre les communautés et du Vivre Ensemble pour sortir des conneries pareilles ! Comme si, en plus, c'était la religion qui était persécutée, je rêve ! Le voilà donc le message "humaniste" de ce cinéaste italien qu'on aurait pu penser plus ouvert d'esprit vu sa sexualité et paraît-il son "marxisme" ?

    medium_salo_mariage.jpgCa veut dire quoi tout ça ? Le cercle des manies ? de   la merde ?  et du sang ?  Que la sexualité libre entre adultes consentants est forcément quelque chose de répugnant et de violent ?  Que cette liberté individuelle chérie pour laquelle se sont battus nos grands frères et nos grandes sœurs des années soixante ne serait plus telle ? Mais alors, ce serait un vrai réac ce Pasolini ou quoi ? Qu'a-t-il à filmer ces spectacles érotiques avec autant de tristesse d'abord ? Et ça veut dire quoi ces gens qui bouffent de la merde ? On n’a plus le droit d’avoir la sexualité qu’on veut maintenant ?  C'est ça la subversion pasolinienne ? Un répressif qui trouve à redire de notre idéal queer ? Un contempteur de la jouissance sans entraves ? Car que caricaturent ces corps nus et froids sinon une jouissance sans entraves ? Non, ça pue la morale judéo-chrétienne tout ça. Et je passe sur le concours du plus beau cul  comme s'il voulait se moquer de la Starac ! Ce n'est pas un crime de vouloir être le plus beau ou la plus belle que je sache ?  La belle affaire que de se moquer de la jeunesse et de la beauté ? Monsieur Pasolini, si vous avez un problème avec la modernité, il faut le dire !

    Enfin, le pire, les mariages homosexuels que monsieur l’artiste filme de la manière la plus grotesque qui soit. Un mariage entre gens qui s'aiment, ça doit avoir l'air si dégueulasse, si ? Attendez, il était homophobe en plus ce mec ? Ca devient grave, là. Quant au final immonde, je préfère ne pas en parler. Car ces tortures qui font rire et se masturber les quatre types et qu’on dirait que les quatre types c’est nous, moi, je n’accepte pas. Je n'accepte pas qu'un prétendu artiste me fasse des clins d'oeil aussi pervers, je n'accepte pas qu'on dise que le salaud, c'est moi (comme cet ordure de Stanley Kubrick l'a fait aussi dans son Orange infecte), je n'accepte pas qu'on se plaise à montrer de l'humanité ce qu'elle a de pire, je n'accepte pas enfin qu'on fasse d'une communauté gay un camp de concentration !  Moi, j’ai mon boulot à la télé, mon copain, mon autre copain, mon autre autre copain, mes entrées au Queen, ma tribu, ma sexualité à moi, mes vacances à Ibiza, mes chroniques de Steevy chez Ruquier, mon Delanoé, ma Ségolène, mon Gérard Lefort, et je refuse de toutes mes forces citoyennes qu’on dise que le fascisme est athée, hédoniste, anarchiste et gay !!! Putain, ça non alors !

    Alors oui, au risque de faire grincer des dents, j'espère que ce film répugnant disparaîtra bientôt des ventes et des écrans et son auteur mis au dernier rayon. Lisez un peu ce que ce monsieur Pasolini osait déclarer sur les jeunes et la sexualité dans une vieille interview de 1975 qu’on trouve dans le livret du DVD :

    « Nous vivons dans ce qui arrive aujourd’hui, la répression du pouvoir tolérant (putain, j’hallucine !) qui, de toutes les répressions, est la plus atroce (non, mais vraiment n'importe quoi !) Il n’y a plus rien de gai dans le sexe (si, moi, et je t'emmerde !!!). Les jeunes gens sont laids ou désespérés, méchants ou vaincus. »

    Non, mais il m’insulte là, l'artiste. C’est hyper dangereux de dire des choses comme ça. C’est pire qu’une incitation à la haine. C'est un délit de sale gueule. On savait que tu n'aimais pas les jeunes, Piero, et qu'en 68, tu osas prendre parti pour les CRS en affirmant que les vrais prolétaires, c'étaient eux et pas ceux qui lançaient des pavés. Faut-il avoir une haine de la vie pour préférer un flic à un djeun ? Mais là tu dépasses les bornes. En même temps, tu lèves le masque.

    "Le sexe, dis-tu encore, est aujourd’hui la satisfaction d’une obligation sociale, non un plaisir contre les obligations sociales » !!!

    Parle pour toi vieux cochon frustré ! Mais je vois ce que tu veux dire dans ton refoulement : il s'agit encore de cette foutaise intellectuelle qui veut que l'on accepte les homosexuels qu'à la condition qu'ils s'appellent Marcel Proust, Jean Genet, Fassbinder ou... Pasolini ? L'homosexualité ne serait alors qu'une singularité d'esthète raffiné destiné à provoquer les conventions sociales ? Eh bien non l'artiste, d'abord l'homosexualité N'EST PAS UNE SINGULARITE, et ensuite il ne s'agit pas de provoquer la société mais d'en être de la société. Les homos sont comme les hétéros, point barre, et par conséquent doivent avoir les mêmes droits. Oscar Wide, c'est terminé ! Alors, tu peux toujours t'exciter contre nous, l'artiste ! Tu peux encore parler du « sexe comme obligation et laideur », tu ne nous impressionnes pas. Comme il y a des juifs antisémites, il y des homosexuels homophobes, tu en fais partie, c'est bien dommage. Ton film, nos comités de vigilance finiront par l'interdire.  Je comprends qu'il soit scandaleux maintenant ! Ignoble, même ! Anti-jeune, anti-gay, anti-sexe, anti-libertaire, anti-festif, anti-tout ce que nous aimons et ce pour quoi nous militons ! Non, tu n'es qu'un facho, Paso. Tu veux détruire notre bonheur. Mais tu n'y arriveras pas. Car heureux, oui nous le sommes.

     

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