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Pierre Cormary - Page 266

  • 7 - Benjamin Constant et le libéralisme d'opposition.

     

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    Exécution de Louis XVI, par Charles Benazech, Musée du Carnavalet

     

     

    LE LIBERALISME APRES LA REVOLUTION.

     

     « Le libéralisme du XIX ème siècle, il faut commencer par-là, accepte et approuve la Révolution française, non seulement ses résultats mais son acte même, si je puis dire, sinon tous ses actes. (...) Certes ils font des distinctions à l'intérieur de la Révolution, ils réprouvent bien sûr sa phase terroriste, mais fondamentalement ils sont, intellectuellement et aussi émotionnellement, avec les révolutionnaires contre l'Ancien Régime (...) Comment partager leur enthousiasme révolutionnaire, qui n'est guère partagé, semble-t-il, par les libéraux d'aujourd'hui ? »

    Tout simplement par le fait qu'avec la Révolution, les libéraux estiment que l'individu autonome, soit ce qu'ils prônaient depuis le XV ème siècle, est enfin entré dans l'Histoire. Le libéralisme qui, répétons-le une fois de plus, se définit avant tout comme affranchissement des anciennes entités politico-théologiques, trouve dans la Révolution l'événement fondateur et historique de cet affranchissement - et cela même si celui-ci ne fut pas libéral en soi.

    « L'acte révolutionnaire, dans sa durée, rend visibles de façon éclatante une situation et un rôle humains que le libéralisme supposait sans les dévoiler. »

    Qu'on le veuille ou non, la Révolution entérine donc bien le libéralisme. Malgré Rousseau et Robespierre, c'est le libéralisme qui l'emporte en elle - et avec lui, l'avènement du « nouvel homme » (qui n'est certes pas un « homme nouveau » au sens rousso-marxiste, égalitaire, transversal, communiste), mais qui est au contraire mélange de citoyen et de propriétaire, de législateur et de jouisseur et par dessus tout d'agent de l'Histoire. La Révolution comme ce qui a créé cette condition historique dont Marcel Gauchet saura se souvenir.

    Ce sera la différence entre Montesquieu et Benjamin Constant : le premier anticipait la condition historique de ce « troisième homme », le second y vit. Plus que l'égalitarisme ou le communisme, la Révolution a fait surgir la société civile telle que nous la connaissons - et qui désormais peut être de droite comme de gauche selon nos opinions du moment. Qui, en tous cas, s'impose au début, et notamment à des gens comme Chateaubriand et Tocqueville, comme religieuse et chrétienne. La nouvelle égalité des droits civils et politiques est comprise par eux et d'autres comme une sorte d'accomplissement de l'Evangile. Le religieux n'a donc pas perdu la manche, loin de là, même s'il a été totalement sécularisé. Le libéral a beau être athée (au sens où il refuse désormais la transcendance), son idéal reste chrétien. Le libéral sera donc à la fois anti-réactionnaire et anti-post-révolutionnaire - s'opposant à la fois à tous ceux qui veulent revenir à l'Ancien Régime (ce qui est mentalement impossible, on le verra avec Constant) et tous ceux qui veulent continuer ou approfondir la Révolution.

    Le libéralisme, contre la réaction, contre la conjuration.

    Le libéralisme comme conservation des acquis.

    Le libéralisme naturellement... conservateur.

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