Julien Pacaud - Rendez-vous
01 - Auteuil
Ce que j'aime le plus dans l'écriture et notamment la facebookienne comme naguère la bloggeuse : partir d'un texte, ici L'Amour fou d’André Breton, et le réécrire à ma manière. Mieux (ou pire) : noter tout ce qui me passe par la tête en le lisant et qui, à la fin, parfois, n'a presque plus de rapport avec lui. Autrement dit, le suivre sans le suivre. Prendre sa route pour partir sur la mienne. Lui être fidèle et adultère (une définition de l'interprétation, tiens.) L'interpréter pour m'interpréter. Comme si lui aussi me lisait et que nous faisions un enfant ensemble – un bâtard improbable auquel je serai très attaché parce que mien et conçu à partir d'une œuvre aimée, c'est-à-dire mienne aussi. Et avec quelques allusions incompréhensibles.
Alors, je ne sais pas du tout si cela relève de l'écriture automatique. A priori, non, mais a posteriori, un peu quand même. Disons de la pensée automatique. De l'association d’idées, de l’analogie, de la correspondance. La correspondance est l'automatisme par excellence. Ça me fait penser à ci. D'une idée l'autre. D'un mot l'autre. D'un prélude une fugue. Je ne connais rien de plus jouissif – car de plus libre – pour l'esprit. Et c'est là mon idée de la liberté chérie. La liberté non pas arbitre, cette misérable illusion, mais subconsciente, imprévisible, miraculeuse, par laquelle s'accomplit mon être. Écrire comme vous aimez, c'est cela la vraie liberté, la vraie joie. Connexion des choses et des idées, des désirs et des plaisirs. Adéquation de Dieu et de la Nature, du réel et de la perfection. Spinozisme accompli.
Le 14 mars 2023, en revenant de chez Nefertiti à Auteuil.