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williamson

  • Pour Sarkozy, avec ferveur II

     

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    C'est drôle, je continue à l'aimer, moi, notre président. Je lui pardonne tout : sa vulgarité, son inculture, son hystérie permanente, et par dessus tout sa croyance intégriste en l'action, quelle qu'elle soit. Agir, agir, faire n'importe quoi, mais agir !  Evidemment, lui, c'est son boulot d'agir - en tous cas d'en donner l'impression, surtout en période de crise, même si l'on sait par empirisme qu'entre l'action et son résultat il y a un abîme. Qui n'a jamais cru que l'action marchait comme un principe de causalité ? Ce n'est pas parce que je fais ça que ça va se faire, ou mieux, que ça va le faire. Quelle plaie que l'action ! Les hommes d'actions sont souvent des hommes d'échecs, et moi je vais boire un coup.  Et buvant, je me dis ce que je me suis toujours dit, à savoir que devant un problème, la meilleure chose à faire est de ne rien faire. Le rien faire me semble le comble de la sagesse. Ne faites rien et tout s'arrangera ; faites quelque chose et tout s'aggravera, si, si, si, je vous promets. A la limite, on peut toujours défaire ce qui a été fait afin de diminuer l'action. Le truc, c'est qu'il y en a toujours qui s'agitent, qui agissent, qui font, et qui, ce faisant, empêchent les autres de ne rien faire, les forcent à réagir, et font que la merde continue. C'est pour ça qu'il y a des inégalités, des guerres, du sida. Si les gens pouvaient s'abstenir, ma bonne dame, mais le monde serait en paix. Souffrir et s'abstenir, sustine et abstine - ça, c'est la classe. Le Pape ne manque jamais de classe, lui, même s'il manque plutôt de sens mondain ces derniers temps. Plus théologien que politique,  plus intempestif que prudent, plus maladroit que la septième compagnie à lui tout seul, il a cru bon de désexcommunier les pires brebis galeuses de son clan - et de faire hurler les loups de l'empire du bien.

    bûcher de hier et d'aujourd'hui.gif

    D'abord, il est assez cocasse de voir des laïcards priapiques défendre un concept aussi médiéval que l'excommunication. Peut-être vont-ils se prononcer également pour la réhabilitation  du mea culpa public et de l'autodafé. En tous cas, et ils le prouvent tous les jours, ils sont pour tous les bûchers du monde - brûlez les méchants, brûlez ceux qui dialoguent avec les méchants, brûlez ceux qui  ont été à douze ans du côté des méchants,  brûlez quiconque ose accorder le pardon aux méchants, et envoyez en enfer  tous ceux qui prient pour les damnés qui sont des méchants définitifs, et après vous ferez partie de notre congrégation à nous, les Gentils, les Parfaits, les Purs, les Méga-Mignons, les Anté-satans. Ensuite, tout se discute, même le révisionnisme, ou plutôt, depuis qu'on a révisé le mot, le négationnisme - sauf si l'on considère qu'il y a des choses que l'on ne discute pas, en d'autres termes, des choses sacrées.  Et entre le salut d'une âme ou sa damnation, qu'est-ce qui  est le plus sacré ? Un ancien, conscient que chacun est pécheur, répondrait son salut, mais un contemporain répondra, avec toute la cruauté de la croyance en sa pureté, sa damnation. Notre époque,  experte en ethique mais impitoyable en humanité (le contraire de l'Eglise, donc...), a décidé une fois pour toutes que le mal ne ferait plus partie de cette humanité.   Alors, qu'un pape, sous prétexte d'unification ecclésiale, tournicote avec ce que le siècle considère comme le pire,  voilà qui est insupportable, et, rajouteront les plus indulgents,  voilà qui n'est guère malin.  L'Eglise Catholique, accusée en permanence de tous les maux du monde, n'avait vraiment pas besoin de ça ! Mais l'Eglise doit-elle être maligne ? Après tout, c'est très catholique de réintégrer le diable en son sein, ça permet de le surveiller et, pourquoi pas, de le sauver. Mais dans un monde qui ne croit plus en la miséricorde et qui n'a jamais autant cru au diable, forcément, ça pose de petits problèmes de communication. Le Christianisme - scandale et folie for ever ? La preuve avec ce Williamson. Et ne croyez pas que je m'égare...

    Comprenons que la négation de la Shoah va de pair avec la sacralité de celle-ci. La Shoah, c'est le Golgotha de l'histoire contemporaine.  L'horreur la plus signifiante de notre temps et autour de laquelle nous avons organisé tout notre credo moderne : droits de l'homme, antiracisme, altérité sacrée. Le problème est que dès qu'il y a du sacré, il y a du blasphème. Dès qu'il y a du visage (et du visage de juif !), il y a du crachat. Mais faire du blasphémateur, ce qu'est fondamentalement le  négationniste, un criminel idéologique,  un monstre  qu'on aurait le droit d'abattre au coin de la rue, c'est lui faire trop d'honneur. Au lieu de perdre son temps à diaboliser les faussaires de l'histoire, on devrait plutôt les réfuter une bonne fois pour toutes, puis les traiter par dessous la jambe - un peu comme on traiterait un imposteur qui viendrait nous expliquer que Marignan ce n'est pas 1515 ou que le Christ n'est pas ressuscité. Mais non, il faut agir, exclure, diaboliser - c'est-à-dire sanctifier à l'envers.  Dans cette affaire, tout le monde a tort selon l'angle où l'on se place. Sur le plan moral et historique, Williamson est un enfoiré ; sur le plan civil,  Benoît XVI est un clerc bien mal avisé (mais c'est aussi par là que réside sa grandeur - après tout, le Christ passait aussi son temps avec des infréquentables) ; sur le plan métaphysique, l'époque est une folle du logis.

     

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    Donc le consul s'agite. En même temps, il est bien obligé de montrer qu'il fait quelque chose - et d'après Marianne, mon hebdo préféré depuis que j'ai été trois heures dans son forum, il a même pris des mesures que la gauche n'aurait pas reniées. Interventionniste, étatiste,  colbertiste, le Nicolas Ier ! Même le Libération d'aujourd'hui parle de "pincée sociale" après son intervention à la télévision, hier soir. En fait, on se demande, depuis bientôt deux ans, ce qu'il n'a pas fait à la place de la gauche. Ouverture au PS, ouverture aux minorités visibles, et grâce à celle-ci, nouvelle perception de l'immigré.  On est passé de l'ère Djamel Debouze, soit le petit beur plein de morgue victimaire et qui passe son temps à faire la leçon à la France, à l'ère Rachida Dati, qui la ramène peut-être  trop avec  sa réussite éclatante et sa rengaine qu'on ne lui a jamais rien donné (et même si on lui a tout repris depuis), mais qui au moins dépasse la complainte antiraciste  et ultrapunitive dans lequel le premier voudrait enfermer tout le monde. Rien que pour en avoir fini avec la dictature de l'antiracisme, ou disons avec l'une de ses formes, car l'antiracisme est une hydre à douze têtes, je ne regrette pas avoir voté Sarkozy.

    En fait, c'est sa propension à brouiller les pistes qui me ravit.  Droitiser la gauche, gauchiser la droite, faire cohabiter un Brice Hortefeux (le type le plus intelligent du lot, me semble-t-il, quoique obligé de faire jusqu'à ces dernières semaines le plus sale boulot) et une Rama Yade, jamais à court de gaffes, mais qui apprend, apprend, repart, revient, ne relève pas d'un simple grand écart  idéologique. Il faut apprendre aux grandes blacks et aux petites beurettes a priori de gauche qu'être à droite n'est pas une honte.  La réconciliation nationale commencera quand les frontières ethniques et sociales seront abolies et quand les minorités s'embourgeoiseront.  L'égalité, c'est faire de l'exclu un petit bourgeois. Le reste, la haute culture, le luxe, l'excellence, pourront venir en leur temps. Comme dans La flûte enchantée, il faut sécu(la)riser le monde de Papageno et  préserver celui de Sarastro.

    Sarkozy, c'est la nouvelle droite qui emmerde la gauche et l'ancienne droite. C'est la droite multiforme,  mais non plurielle, et encore moins mitterrandienne, dont le premier souci n'est plus d'être "la vraie droite". Aux chiottes, la "vraie droite" ! Cette dernière qui n'intégrait  jamais l'adversaire, qui se contentait d'affirmer ses "valeurs" dans l'inconscience de sa ringardise, cette droite antidialectique au possible qui ne comprenait strictement  rien au monde (rappelez-vous, Chirac face aux "jeunes" dans le débat sur l'Europe), c'est fini, et je bois à sa disparition.  Sarko, jamais là où on l'attend, énerve les intransigeants, donne des coups de sang aux consanguins, et fait chier les gauchistes. Trahir les intégristes et énerver les désintégrés - ça me fait kiffer grave, ça.

    On dit alors que c'est un Chirac bis, qu'il serait comme lui un opportuniste sans conviction, influençable,  persuadé  que c'est le dernier qui a parlé qui a raison. Eh non, justement. Chirac, c'était la dernière roue du carrosse de la France et de l'Europe, toujours en retard sur l'événément et toujours en avance sur une imbécillité, alors que Sarkozy, sous influence ou non, surfe toujours le premier. Il a indéniablement ce sens de la modernité, sinon de l'avenir, qui faisait tant défaut à son prédécesseur, et qui a fait, selon moi, la raison principale de son élection. Comme le dit Marcel Gauchet dans un dialogue avec Michel Winock dans le numéro  151 du Débat d'octobre 2008 et qui inspire ce post,

    "nous sommes [avec Sarkozy] devant un phénomène politique déconcertant, très difficile à circonscrire.Sarkozy est en train de mettre en place une autre manière de gouverner, dont on a le sentiment qu'elle représente une sorte de changement de modèle qui s'imposera d'une façon ou d'une autre à ses successeurs, quels qu'ils soient. De ce point de vue, il marque en effet, une rupture, par sa simple manière de faire, quoi qu'il doive advenir par ailleurs de son action."

    C'est clair, avec Sarkozy, quelque chose change, et pas forcément en mal. Le "Casse-toi, pauvre con" était mérité et somme toute assez rigolo, comme du reste le "Viens le dire là si t'es un homme" au pêcheur insulteur -  il est bon, parfois, de traiter les cons comme ils vous traitent, une façon de bâtonner la plèble et qui ne choque que les bobos.  Quant au "bling-bling", il n'est pas pire que celui qui sévissait sous le règne de Mitterrand (Bernard Tapie ne s'y est pas trompé) même s'il devrait  paraître en toute logique moins scandaleux que ce dernier - puisque Sarko c'est la droite et Mitterrand, c'était la gauche (enfin, la gauche, on se comprend). En fait, ce que ce diable de hongrois a révélé, c'est notre répugnance cocardière à la transparence, notre goût consommé de l'hypocrisie, notre puritanisme infini en matière d'argent. Ce n'est pas tant que le président  triple son salaire qui choque l'opinion que le fait qu'il le dise, l'assume et aille faire la fête sur un bateau de milliardaire -  d'autant que, les spécialistes sont formels, Sarkozy touche officiellement ce que ses prédécesseurs touchaient officieusement. Et puis quoi ? Depuis François Ier, depuis Versailles, les chefs d'Etat font dans le bling bling.

    Non, plus sérieusement, c'est surtout l'esprit des institutions qui change ou qui renaît avec lui.

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    Et d'abord, la sacro-sainte laïcité qu'il serait censé mettre à mal - comme si celle-ci  existait encore. En vérité, la laïcité n'existe plus en France depuis la première affaire de voile en 1989, et lors de laquelle on donna raison à des "pétasses" d'entre les murs au lieu de donner raison au proviseur d'origine martiniquaise,  Ernest Chénière, qui voulait les exclure. Sarkozy communautariserait-il la France ? Peut-être, mais puisque la France ne sait plus imposer son modèle républicain aux enfants d'immigrés (elle serait taxée de racisme si elle elle le faisait), autant changer de modèle.

    - C'est odieux ce que vous dites !

    - Non, c'est très simple. Soit on redevient républicain de choc, on arrache le voile aux putes et soumises qui le portent, on bastonne ceux qui ne parlent pas français, on interdit violemment toute manifestation ethnique, on fait bouffer du Voltaire et du porc à tous les élèves d'origine maghrébine, on exclut sans sommation celui qui ose dire qu'il est "touché" dans sa religion, on martyrise avec une mauvaise joie militante et une bonne conscience impitoyable toute sensibilité qui a du mal à "accepter" les règles et les valeurs de la République, bref, on fait tout ce que faisaient sous la Troisième République  les instituteurs aux Bretons et aux autres ploucs régionaux, soit.... on admet que le monde a changé, que 1905 est un peu dépassé, et qu'il faut peut-être passer du modèle républicain à un modèle communautariste plus adapté.

    Que le monde ait changé, c'est précisément ce que Sarkozy a compris et c'est ce que j'estime en lui. Tant pis s'il a "souffert"  avec  La princesse de Clèves ! La princesse de Clèves, c'est pour moi, pas pour lui. A chacun sa place, moi je dis, ma bonne dame ! Et il y aura toujours quelques lettrés autour de lui pour lui éviter les bourdes antilittéraires. Il y aura toujours le  très  remarquable Henry Guaino, le seul qui ait fait ses humanités dans la bande, pour lui parler de Barrès, de Maurras et de Madame de La Fayette. Mais c'est encore la preuve qu'il est avisé, ce cosaque, en s'entourant  d'intellectuels, même si lui ne l'est pas.

    Pour le reste, nous sommes enfin sortis du post-gaullisme, nous sommes enfin sortis des années Giscard-Mitterrand-Chirac, et là aussi, je kiffe. Celles-ci, je ne sais pourquoi, m'ont toujours fait horreur. Les sinistres années 90. Les dégueulasses années 80. Les pêteuses années 70. Sarkozy est le premier vote "positif" que j'ai fait dans ma vie, admettez que ça compte. Pour aggraver mon cas, j'avouerais même que je le trouve sympathique, ce mec. Sa transparence infantile (mais qui le rend redoutable dans les débats), ses affects grossiers et néanmoins si humains, sa parole faite de mauvais français et de rhétorique imparable, sa façon de convaincre, d'aller droit aux problèmes, de ne jamais reculer, ni par prudence, ni par pudeur, sa maîtrise parfaite des médias, oui, tout cela donne un coup de jeune à notre pays qui en avait bien besoin et des claques aux jeunes qui ne méritent que ça.  D'ailleurs, au lieu de la virer à Bruxelles, il aurait dû mettre Rachida Dati à l'Education nationale, avec  comme premier décret le rétablissement des châtiments corporels dans les écoles, les collèges, les lycées, et par dessous tout, les facs ! Car je ne pense pas qu'il y ait pire qu'un djeun aujourd'hui.  Le fascisme djeun, j'en parlerai pendant des heures...

    Sarkozy, c'est le premier politicien, jeune mais pas djeun, qui ait ridiculisé les humoristes  et les grandes gueules, le premier qui ne s'en soit pas laissé conter par un Le Pen ou un Karl Zéro. D'ailleurs, c'est grâce à lui qu'on n'a plus Le Pen aujourd'hui. Vous imaginez, Le Pen, en pleine période de crise économique ? L'écho qu'il aurait ? Le score qu'il ferait ? Ben voilà. La droite sarkozienne nous a quand même débarrassés de l'extrême droite lepéniste - et a mis l'extrême gauche besancenienne dans les pattes du PS, ils vont s'amuser. Non, il connaît mieux que personne les noeuds de vipères idéologico-médiatiques, Sarko. Il sait comment fonctionne le Loft hexagonal. Dans notre société du spectacle, il est le spectacle qui ringardise les autres spectacles, et ma foi, ce n'est pas si mal. Même le détester, c'est encore le servir. Comme le dit Gauchet, mieux qu'un chercheur d'adhésion, il est un "capteur d'intentions" :

    "Les télespectateurs ne zappent pas en voyant Sarkozy arriver à l'image : au contraire, il continue de susciter l'intérêt et d'occuper le centre du jeu, ne serait-ce qu'au titre du refus. Sarkozy divise, mais ne laisse personne indifférent en dépit de sa surexposition, de sa manière de tout endosser, de répondre à tout, de se multiplier sur tous les fronts. Le phénomène Sarkozy se caractérise par cette capacité exceptionnelle d'occuper le terrain et de focaliser l'attention publique. On peut même parler d'une hystérisation de l'opinion devant le flot de littérature dont le personnage fait l'objet. Ce n'est pas donné à tout le monde, et il faut lui reconnaître là au moins un talent hors norme."

    Voilà. Sarkozy sidère, méduse, consterne, excite,  hystérise tout ce qu'il touche, et ridiculise tout ce qui voudrait l'atteindre.  Ca nous change des trente dernières années.

    - Oui, en gros, ce que vous aimez chez lui, c'est son côté romanesque, son côté Bel-Ami, Rastignac, Mosca ! Que de l'esthétique, et entre nous, que de l'esthétique vulgaire. En fait, vous êtes vulgaire. Il avait raison, le Stalker, vous êtes un vrai beauf !

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    Disons qu'avec lui, je règle mes comptes avec une certaine France. Cette France de ma "jeunesse", miterrando-chiraquienne, jeuniste, cathare, inculte, anti-happy few, défaitiste de la pensée, pas assez catholique et trop chrétienne, le coeur à côté de la plaque,  totalitairement anti-raciste ("nous, on est contre Le Pen, c'est tout" -  LA phrase de ma génération et la plus inepte de toutes les générations), atteinte de sida mental comme disait l'autre, puis immobile, inopportune, fin de race. Cette France où c'est l'humoriste qui fait la loi (le clown inquisiteur, il faudrait faire vingt pages là-dessus), où c'est le mou salaud, pour reprendre une typologie nabienne, qui donne le ton, où c'est la presse qui censure bien plus que le "pouvoir" (Chesterton), où c'est le djeun qui...

    - Oui, d'accord, d'accord, mais là, c'est aussi la France d'aujourd'hui que vous décrivez.

    En partie, c'est vrai. Mais Sarkozy fissure, me semble-t-il, ce granit politico-médiatique. Regardez la panique autour de la nouvelle loi audiovisuelle (comme si les présidents de chaîne n'avaient pas toujours été nommés par les présidents de la République), ou pire, la ridicule Marseillaise chantée par les députés de gauche parce que l'on adopte un décret purgatif qui empêchera que l'on pose dix mille amendements inutiles et qui réduira des débats qui durent toujours trop longtemps. Certains crient à la dictature du pouvoir, alors que la vraie dictature, aujourd'hui, c'est celle de l'individu, des lobbies, des réseaux. On se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'au coude quand on croit qu'il y a encore des mass media. En vérité, tout passe par le multimédia, Internet, n'importe quel petit blog à la con comme le mien.  On est sur Marianne, chez Léo Scheer, les Inrockuptibes, on fait le coup de poing derrière son écran, on s'amuse comme des fous, et si on ne pulvérise pas le système, au moins, on ne regarde pas la télé. Sarko est le cousin par alliance du PDG de TF1, et alors ? Le journal de Pernaud peut rassurer les vieux et la province ; en termes d'impact médiatique, une minute des Guignols a mille fois plus d'influence que lui. Dans la presse, pour un journal de droite, vous en avez trois de gauche, et pour trois magazines culturels de gauche, vous n'en avez aucun de droite. Ah oui, Le spectacle du monde, c'est vrai...

    Dans tous les cas, impossible aujourd'hui de cacher quoi que ce soit.  Rappelez-vous Cécilia n'allant pas voter pour son mari au deuxième tour de la présidentielle de 2007 : lundi soir, l'Elysée "interdisait" au Parisien de révéler l'information, le mardi, on pouvait lire dans toute la presse "Le Parisien censuré", "l'affaire de Cécilia révélée", etc. L'infâme censure d'Etat aura duré six heures ! Et je ne parle même pas d'internet où c'est quasiment en direct qu'on apprend que tel ou tel ministre a cru qu'il avait un secret-défense. L'information "interdite", elle est en live. Il suffit pour un journaliste d'avoir eu deux minutes de pression politique pour que deux jours plus tard il publie un livre de deux cents pages intitulé  Vous subissez des pressions ? Quant à Marianne, mon hebdmodaire détesté depuis que je ne suis plus en tête de leur forum, il a fait vocation de propagande anti-sarkozyste permanente depuis maintenant deux ans. De quoi Sarkozy est-il le nom ?  se demandait le ratonneur d'extrême gauche, Alain Badiou, dans son best-seller. Les mariannistes ont répondu avec lui. Du fou, de l'hystérique,  de l'instable,  du dictateur en puissance, du salopard, de l'hygiéniste, de l'homme aux rats,  de l'atlantiste (ça oui, et alors ?), du pire-que-Bush, et par dessus tout, du nain, du nabot - que fait La Halde d'ailleurs ? Car s'il y en a bien un en France dont tout le monde raille ouvertement la "différence" physique, c'est bien notre président...

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    Au fond, media, politiques, et, je crois, presque toute l'opinion, réalisent à la lettre la fameuse injonction de 68 selon laquelle il est interdit d'interdire.  L'interdiction, d'ailleurs, c'est ce qui fait vendre. "Ces informations qu'on nous cache", il n'y a plus que ça dans les journaux d'information.  "Ce qu'il n'a jamais dit", "le livre qu'on a voulu censurer", "ce que vous n'auriez pas dû savoir", "ce que l'on ne pourra bientôt plus écrire" - à part Mignonne, allons voir si la rose, tout est permis.... Qu'elles traitent des politiques, des acteurs ou des sportifs, les biographies "non autorisées" pullulent. Dans notre monde démocratiste, on a le droit de tout dire, Les blogs se déchaînent, les diffamations sont en rut, les délires rivalisent - et c'est peut-être très bien ainsi.  Même un de mes braves syndicalistes, l'autre jour, à l'assemblée générale, compara sans rire Sarkozy à Pétain, car il avait osé dire qu'il voulait en finir avec mai 68 comme l'autre avait dit qu'il voulait en finir avec le Front Populaire.  Bravo, camarade !

    - Mais la société de surveillance, vous ne la niez pas quand même ? Les caméras partout ? Le fichier Edvige ? On a raison de s'insurger, non ?

    Vous parlez de ceux qui sont inscrits sur Facebook, qui mettent toute la journée mille photos d'eux et de leurs proches, qui racontent toute leur vie, leur première expérience homosexuelle, ou la fois où ils ont chouravé un numéro de Hot video, et qui créent un groupe qui s'appellerait "Non au fichier Edwige" ? Un peu de sérieux, par pitié.  Quant aux caméras de surveillance, oui, elles sont partout, c'est pour ça qu'on a assisté au "casse-toi pauvre con", ou qu'on sait que Sarko utilise des talonnettes. En vérité, ce sont les politiques qui sont le plus surveillés, et ce sont les individus qui sont le plus surveillants. Au XXI ème siècle, tout passe à la télé ou sur les écrans de PC - même les exécutions publiques (Saddam Hussein). Et les gens regardent, regardent, en redemandent, veulent tout voir et tout savoir les uns des autres. Big Brother, c'est le pékin moyen.

    Alors, en effet, je trouve pas mal que le pouvoir pense un peu à lui et se redonne quelques  mini-moyens de gouverner. Dans un pays aussi capricieux que la France, où la chienlit veut toujours se substituer au pouvoir, où le pouvoir est toujours soupçonné d'être le mal en soi, où l'extrême gauche révolutionnaire peut crier "mort aux juifs" sans complexes et un Julien Dray dire fièrement qu'il est toujours un "bolchévik", une tentative de restauration autoritaire et républicaine me semble salubre - et extrêmement drôle quand on voit la tête des insurgés. Sarkozy relèverait-il de cette droite bonapartiste décrite par René Rémond et si décriée partout ? C'est ce dont des types comme moi se réjouissent. Hélas ! Pourquoi avoir alors fait voter une loi qui renforcerait le Parlement ? En voilà un vrai point de désaccord que je pourrais avoir avec ce gouvernement. Donner plus de pouvoir au Parlement, quelle erreur ! Quelle aberration démocratiste ! Quelle incohérence institutionnelle !

    D'ailleurs, tant que j'y suis, j'en profite pour dire que tout ce qui chez lui relève de l'influence néo-conservatrice protestante qui lui fait croire au déterminisme génétique (en gros, à l'existence de foetus pédophiles !) et lui fait faire des aberrations juridiques (les enfants en prison, les fous au tribunal) relève de la pire démagogie et me sort par les yeux. Le déterminisme génétique, c'est une idée plébéienne. De même sa propension à vouloir réformer la justice et le système pénal avec des parents de victimes ! Un de ces jours, on va nous refoutre la peine de mort, sous prétexte que des mères en deuil seront pour. C'est cela le vrai danger des révolutions conservatrices, elles sont des triomphes absolus de la démocratie. Et si Sarkozy est le nom de quelque chose, c'est bien de ce démocratisme grouillant, pullulant et puant. Enfin, je compte sur sa versatilité de Verseau pour changer d'avis quand il sera temps.

    -  Sans doute, mais après tout ça, on se demande alors où se cache votre "ferveur" sarkozyste. Car à part dire qu'il est une bête de scène politique,  un stratège habile ayant su en effet manier l'alliage des contraires, ce dont personne n'a jamais douté, et un homme qui vous "venge" de votre  jeunesse,  pauvre petit  bourgeois stressé que vous êtes, bref, en dehors de ce que fait jouir en vous (et l'on se demande bien quoi) ce Bonaparte de bas étage, et en reconnaissant en même temps qu'il est un sale réac sous influence néo-conne (car comme ça vous avez l'impression de gagner sur les deux plans), on a bien du mal à saisir la cohérence de votre "engagement".

    - La suite au prochain numéro, comme on dit.

    - Ah vous n'avez pas fini de vous faire plaisir ?

    - Oh, ça, jamais !

    - Mais de quoi allez-vous encore nous parler ? De votre pénis ?

    - Non, pire, de mes accointances avec l'extrême droite...

    - Frimeur !

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