De cette pièce que l'on a souvent défini comme une aventure de la préciosité, une féérie de l'absurde, un roman théâtral de chevalerie, sans doute difficile à lire et à suivre en français mais dont la BBC a fait, encore une fois, une merveille de mise en scène (Shaun Sutton / Don Taylor, 1983), je retiens particulièrement une scène - celle où Julia, première femme "forte" de Shakespeare et qui annonce les Portia, Viola et autre Juliette à venir, résiste à l'envie folle qu'elle a de lire la missive de son amoureux Protée (un drôle de zouave, celui-là), décrivant avec une finesse touchante et drolatique cette expérience universelle de la jeune fille vierge (mais cela pourrait être tout aussi bien un puceau) qui, dépassé(e) par son propre désir, ne sait comment le contenir, y résiste d'abord par pudeur ou orgueil, avant d'y céder dans la honte du premier émoi.