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  • Contre l'enfer VII - S'il n'y avait pas les femmes (ou le devoir d'espérer pour tous).

     

    hans urs von balthasar,edith stein,catherine de sienne,thérèse d'avila

    Anonyme, Vierge à l'Enfant, peinture qui fut attribuée tour à tour au Caravage et à Orazio Gentileschi, fin XVIe-début XVIIe siècle (Galleria nazionale d'arte antica, Rome).

     

    Faisons le point. Ecriture et Tradition contiennent assurément la menace de l'enfer. Pour autant, «  à supposer que ces menaces et ces images aient un sens, alors, c'est tout d'abord celui de me mettre sous les yeux la responsabilité qui m'est donnée par ma liberté. » Qu'il existe ou non, l'enfer est donc bien une menace, une méthode, un moyen. Mais ce n'est pas parce que l'Ecriture et la Tradition me parlent d'un enfer où vont les méchants que je suis autorisé à penser qu'il y en ait pour de bon. Si l'enfer est une possibilité, cette possibilité concerne moins les autres que moi-même. La possibilité de l'enfer n'est en fait que pour moi. A moi de voir si je veux y aller ou non (et même si je doute qu'on trouve des gens qui veulent y aller). Mais que je me garde bien de croire que c'est pour les autres et qu'il y en a qui y sont. Là-dessus, Balthasar, si affable et prudent d'habitude, ne mâche pas ses mots :

    « ... quiconque envisage la possibilité ne fût-ce que d'un seul réprouvé en dehors de lui-même, celui-là sera difficilement capable d'aimer sans réserve. »

    Si tu veux être le gardien de ton frère, alors commence par avoir confiance en lui comme tu as confiance en Dieu et ne désespère jamais de son salut. Ne te fais pas commandeur des autres - ce qui est toujours du plus détestable effet et provoque les effets inverses que tu cherchais. Sois patient. 

    Donc, ça s'éclaire. La possibilité de l'enfer est peut-être réelle, mais moins que l'espérance pour le salut pour tous - et qui, comme le dit un certain Karl Rahner cité par Balthasar, est le devoir du chrétien. En bref, il s'agit de n'envisager l'enfer que pour soi tout en espérant le paradis pour tous. « Il faut maintenir à hauteur égale » risque de la damnation et risque du salut (si j'ose dire.)

    Cette espérance totale pour tous était justement l'espérance paulinienne. Et comme le dit l'exégète Joachim Gnilka :

    « Je ne puis me défendre de l'impression que Paul était habité, du moins par moments, de l'espérance ardente que tous les hommes seraient sauvés ; plus tard, cette idée s'est répandue sous le nom d'apocatastase, et comme doctrine, elle a été condamnée. Mais aujourd'hui encore, il est permis de nourrir cette espérance, à condition de présupposer que la solidarité avec tous les hommes exprimée par cette espérance soit objet d'efforts, de lutte, de passions, comme elle l'a été dans l'existence de l'Apôtre. »

    Cette passion salvatrice semble être plus le fait de la femme que l'homme. Mais peut-être parce que la femme connaît mieux l'homme que lui-même. 

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    Lien permanent Catégories : 2020 APOCATASTASE Pin it! Imprimer